La paperasse, toujours la même paperasse. Quoiqu’aujourd’hui, c’était déjà devenu plus particulier. En effet, j’avais reçu les premières lettres quant à ce qui s’était passé près du Pays du Feu. Les questions fusaient à propos de la bataille qui avait été déclarée. Deux villages qui s’affrontaient, c’était la première fois depuis la fin de la Grande Guerre. Malgré les vieux conflits qu’il y avait pu avoir entre Konoha et Kiri, c’était finalement contre Kumo qu’ils étaient passés à l’action. Ou plutôt, c’était moi qui avais été à l’origine de tout cela. Kitase Shinichi n’avait fait que répliquer à ce que j’avais moi-même décidé. Kumo devait changer de voie, et c’était chose faite à présent. Même si la bataille avait été interrompue surtout à cause du groupuscule qu’était nommé le An’tei, mon objectif était totalement accompli. Bien entendu, c’était pour un but bien précis autre que la gloire du village que j’avais déclenché cette guerre. Tout était minutieusement préparé, mon plan était parfait, et rien n’allait pouvoir l’empêcher de s’accomplir. Mais bref, voilà quelque chose dont il n’était pas la peine de parler. Il fallait juste laisser le temps faire ce qu’il avait faire. Et tout serait prêt, enfin.

On frappa soudain à ma porte. Les entrevues marchaient bien avec moi, j’avais ordonné quelque chose de simple : tant que je ne disais pas que j’étais occupé, on pouvait m’envoyer toutes les personnes qui le voulaient dans mon bureau quand j’y étais. C’était sûrement un de mes shinobis qui allait me formuler une requête. Ou une mission tiens, peut-être était-ce encore un Genin qui se plaignait des missions de rang D. Ce fut donc la surprise lorsque je vis une jeune femme aux cheveux bleus entrer dans la pièce. La vingtaine, mais ce qui m’intrigua c’était surtout qu’elle m’était totalement inconnue. Pas de bandeau, même si je pressentais qu’elle était ninja. Ce n’était pas une Kumojin, mais alors pourquoi voulait-elle me voir ? Rapidement, elle prit la parole d’une façon assez familière. Se fichait-elle de moi ou simplement du fait que j’étais Raïkage ? En tout cas elle se disait proche de Kazeshoshi, un Jônin du village. Si elle n’était pas Kumojin, c’était sûrement parce qu’elle ne pouvait pas supporter l’autorité, ou un truc du genre. Je décidais donc de ne pas trop tenir compte de son manque de politesse.

Mon regard ne quitta pas la jeune femme, alors qu’elle marquait un court temps d’arrêt avant de me poster une première question « conne ». Elle laissa supposer quelque chose qui, pour diverses raisons, ne la regardait pas. C’était une question qui ne concernait que Kumo, et elle n’en faisait pas partie. Et d’ailleurs, même en faisant partie du village, ces décisions venaient des hautes sphères, à savoir du Conseil et de moi-même. Il était donc même possible que si Kazeshoshi était lui-même venu, il n’aurait pas eu de réponse.

─ Je ne vois pas trop en quoi cela concerne Kazeshoshi. Et de toute façon, ça ne vous regarde pas.

J’aurais pu m’arrêter là, mais j’étais bien conscient que j’avais pas mal de choses à faire, notamment avec cette paperasse. Donc si jamais cette Tsumetaï n’avait que d’autres questions du genre, elle n’avait plus rien à faire. Autant clarifier les choses donc.

─ Autant vous prévenir. Si jamais vous n’avez que des questions qui ne vous regardent pas, vous pouvez disposer. J’ai du travail et je serais bien satisfait de le terminer le plus vite possible.

Les choses étaient claires.

Immédiatement, la jeune femme ricana. Elle faisait toujours preuve d’impolitesse, mais c’était quelque chose qui ne m’étonnait plus. J’avais cerné la grosse partie du caractère de mon interlocutrice, et le fait qu’elle n’appartienne pas à Kumo lui donnait le sentiment de pouvoir agir comme elle le souhaitait. Son long rire qu’elle faisait durer devenait presque ridicule. Elle sourit, avant de reprendre aussitôt. Elle m’assura que j’avais tout faux dans ce que j’avais dit. Pour elle, les intentions de Kumo concernaient Kazeshoshi et vu que la dénommée Tsumetaï s’était faite agent de liaison, elles la concernaient aussi. Raisonnement logique me direz-vous ? Pas vraiment, et pour plusieurs raisons. Ecoutant attentivement sa réponse, j’esquissai un sourire à la fin de ce dernier. Quelle idiote.

─ Vous êtes donc au courant de la bataille qui s’est déroulée entre Kumo et Kiri ?

Mon sourire continua d’être affiché sur mon visage. Je me reposais dans mon fauteuil, avant de regarder à nouveau la jeune femme. Je me levai, toujours avec un léger rictus, avant de me placer devant ma vitre. Tout en contemplant mon village, je repris la parole.

─ Les intentions de Kumo concernent bien entendu les Kumojins, et donc Kazeshoshi. Surtout que, comme vous l’avez dit, Kazeshoshi est parti combattre. Il est donc normal que, si son désir est de connaître les raisons qui ont poussé Kumo à attaquer Kiri, ce dernier soit exaucé.

C’était bien ce que je pensais, mais c’était assez contradictoire. En effet, j’avais dit plus tôt que la politique militaire du village ne concernait pas Kazeshoshi. Je me retournais, affichant toujours le même petit sourire à la probable kunoïchi.

─ Je sais ce que vous allez dire. Pourquoi avoir dit plus tôt que cela ne concernait pas votre ami Kazeshoshi ? Eh bien, tout simplement pour vérifier quelque chose.

Eh oui, je l’avais piégée, on pouvait dire ça comme ça. Elle se disait proche de son ami, c’était apparemment loin d’être le cas. Je fis quelques pas pour me rapprocher de mon interlocutrice, me tenant à présent droit et à trois mètres à peine d’elle.

─ Si Kazeshoshi est vraiment votre ami, alors je ne comprends pas pourquoi il ne vous a pas informé du discours que j’avais fait avant le départ pour cette bataille. Eh oui, lui comme presque tous mes shinobis y ont assisté et ont même eu le choix de partir au front ou non. Ils m’ont tous entendu et ont donc tous appris les raisons qui ont poussé le village à attaquer Kiri.

Pouvait-on réellement parler de piège ? C’était quelque chose qui ne m’intéressait que très peu. Ce qui comptait, c’était que la jeune femme avait retourné ses propres paroles contre elle.

─ J’ai donc vérifié, par ce léger mensonge, tout ce que vous saviez à propos de ce qui s’est passé contre Kiri. Sachez que c’est justement en dévoilant des informations à des personnes extérieures au village que l’on en devient à être trahi ou à être attaqué sans pouvoir faire grand chose. Et c’est lorsque l’on est sans cesse pris pour cible que l’on se doit de réagir. Ce sont des choses primaires qui sont logiques pour tout le monde, comme la politesse ou le respect.

Mon sourire se fit plus marquant lors de cette dernière phrase. J’aurais très bien pu la faire sortir ou même arrêter au vu de la manière dont elle me parlait, mais je ne l’avais pas fait. Pourquoi ? Je n’en savais trop rien, et puis ce n’était pas comme si elle m’avait envoyé des dizaines d’insultes au visage.

─ Vous ne saurez donc rien de plus, car comme vous l’avez dit, les intentions de Kumo ne concernent que les Kumojins. Et imaginons que j’aurais fait l’erreur de ne pas prévenir Kazeshoshi ou un autre de mes shinobis des raisons de cette attaque, lorsqu’on veut avoir des réponses, on vient soi-même les chercher.

Je retournai m’asseoir, joignant mes deux mains sur mon bureau. Mon sourire ne m’avait quasiment jamais quitté, mais il disparut cette fois, laissant le visage sérieux que j’avais lors de l’entrée de la dénommée Tsumetaï.