Malgré toute sa bonne volonté à vouloir oublier cette journée, il n’y avait rien à faire. Il y repensait chaque soir dans sa douche, ou chaque matin dans son lit. Il avait beau se répéter que ce n’était pas grave, cette pensée obnubilait son esprit. Dans sa tête, repassaient en boucle ces images du tournoi de Konoha. Il voyait défiler sable, cendres et insectes, dans un somptueux spectacle de couleur, se terminant sur une note cependant moins heureuse : la défaite des Sunajins. Après de longues heures passées à décortiquer ses souvenirs, un premier élément important parut de son analyse : aucun des quatre combattants ne s’était battu à fond et cela pour une raison toute simple, le combat se voulait amical. Par conséquent, en dépit de toute la férocité dont ils pouvaient faire preuve dans leur technique, aucun shinobi n’avait lancé de jutsu mortel. Et quoiqu’on puisse en dire, cela avait faussé le combat. La victoire, Hayato n’aurait pu l’obtenir à moins de tuer ses adversaires, car contrairement aux autres, il n’avait aucun moyen non létal de faire pression sur son adversaire. Après tout, le principe du Kugutsu était de donner la mort de la manière la plus efficace possible…

Bah, de toute façon, ce tournoi n’était plus que de l’histoire ancienne. Mais après tous les combats qu’il avait mené, Hayato avait pu poser un constat intéressant. Aussi efficace était-il, le Kugutsu possédait deux grandes faiblesses : les experts en Taijutsu et les jutsu à particule. Les premiers pouvaient se montrer particulièrement pénible en se déjouant des marionnettes grâce à leur vitesse, pour ensuite venir acculer le marionnettiste au corps à corps. Les seconds étaient encore plus dangereux. Généralement axés sur le Ninjutsu à distance, leurs techniques offensives étaient impossibles à contrer pour un marionnettiste. Imaginons qu’un Kawaguchi, utilisateur du Sunaton, décide de projeter une puissante rafale de sable vers un marionnettiste. Pour se protéger de l’attaque, ce dernier va naturellement se protéger, permettant alors aux particules de sable de s’immiscer dans le corps de son pantin, ce qui la rendrait inutilisable. Contre ce genre d’attaque, même la plus efficace des carapaces devenait complètement obsolète. Pourtant, impossible pour le jeune homme de trouver un moyen d’y faire face.

De toute façon, avant de réfléchir à un moyen plus efficace de se défendre, il fallait déjà posséder un moyen de défense… Autrefois, Hayato possédait une marionnette axée sur la défense, mais elle avait été détruite. Mais il pensait sérieusement à en construire une nouvelle, car aujourd’hui, il se sentait apte à manipuler trois marionnettes avec dix fils. D’ailleurs, tout le matériel nécessaire à son élaboration était prêt depuis plusieurs mois… Il ne lui manquait qu’une seule chose pour commencer à construire sa nouvelle œuvre : l’inspiration ! Et quoi de mieux qu’une petite balade dans le désert pour la trouver ? Après tout, c’était dans cette vaste étendue de sable que ses premières créations avaient vu le jour.

Être chunin avait ses avantages. Hayato pouvait par exemple quitter le village sans problème maintenant à condition de ne pas trop s’éloigner ni de trop tarder. Il avait juste à prévenir les gardes qu’il serait de retour dans peu de temps et les portes de la Voie Illusionnée lui furent ouvertes. Quelques minutes plus tard, Suna n’était déjà plus qu’une ombre à l’horizon. Loin de l’habituel brouhaha du village, il pouvait à présent réfléchir au calme. Il se coucha au sommet d’une dune, le visage tourné vers le soleil qui terminait sa course effrénée dans le ciel. L’astre éblouissant le forçait à fermer les yeux, mais il ne s’endormit pas pour autant. Il pratiquait l’une de ses activités préférées : la construction. En gros, il se représentait dans sa tête les différentes possibilités d’élaboration. Grâce à son imagination, il n’avait aucune limite et pouvait pousser le degré de complexification aussi loin que son esprit le pouvait.

* L’inconvénient majeur de Mido, c’était sa taille. Impossible de la transporter sans parchemin… Puis, même si elle me protégeait bien, la déplacer efficacement était vraiment compliqué… Oui, ma prochaine marionnette défensive sera pus mobile !*

Il continuait de s’imaginer l’apparence de sa future création lorsqu’il sentit soudain une vive douleur au niveau de ses fesses… un scorpion venait de sortir ses pinces du sable, pour dégager le gêneur. Hayato sursauta. Sous ses fesses venait d’apparaître un scorpion rougeâtre qui le menaça de son dard empoisonné, tandis que ses petites pinces claquaient dans les airs. Connaissant le danger que pouvait représenter un animal possédant une telle couleur vive, le jeune homme s’en éloigna d’un bond, tout en shootant dans le sable à ses pieds, par réflexe. Du coup, il fit tomber l’animal au pied de la dune, sur une sorte de grande dalle rocailleuse. Le scorpion venait d’atterrir sur l’aire de repos d’un autre animal. En plissant les yeux, le marionnettiste reconnut un tatou, qui se reposait tranquillement sur cette rocher plat. Cependant, l’animal écarlate avait lui aussi, repéré cette présence et il ne semblait pas voir d’un très bon œil ce mammifère qui se prélassait au soleil devant lui. Deux créatures poilues en seulement quelques secondes, il devait se sentir assaillit !

Hayato saisit souain l’énorme Chance qu’il avait. Il était en effet sur le point d’assister à un rare spectacle de la nature une confrontation entre deux animaux. D’un côté, il y avait ce scorpion rouge, au corps plutôt frêle, mais protégé d’un exosquelette rigide et au redoutable poison dans son dard. De l’autre côté, c’était ce tatou, muni de son museau, de ses griffes et de sa carapace. Hayato donnait la victoire au scorpion, auquel il s’identifiait parfaitement. Ce scorpion était comme l’une de ses marionnettes, disposant d’armes tranchantes, par forcément puissantes, mais rendues beaucoup plus efficace grâce à un poison qui ne pardonnait pas en cas de blessure. Bien que le tatou était plus grand, le scorpion n’aurait qu’à le toucher une fois pour le terminer. Les deux animaux semblaient d’ailleurs savoir que leur combat pourraient être court, il se jaugeaient du regard, sans bouger sur la dalle de pierre, attendant que l’autre fasse le premier mouvement….

Le jeune homme s’approcha lentement pour observer la scène, s’efforçant d’effacer sa présence, comme il avait appris à le faire au cours d’une précédente mission. Soudain, avec une vitesse fulgurante, la queue du scorpion s’allongea pour aller se planter dans le cou du tatou ! Tout semblait finit, mais avec un réflexe incroyable, le mammifère se mit en boule, déviant ainsi le dard empoisonné qui ricocha sur sa carapace. Le scorpion n’abandonna pas pour autant et entra en frénésie, commencent à ruer son adversaire de coup de pinces et de dard, mais le tatou ne bronchait pas. Toujours roulé en boule, il ne subissait aucun dommage. A l’échelle humaine, la confrontation fut brève et rapide, mais à plus petite échelle, cela avait duré une éternité… Au final, à la surprise du spectateur, le scorpion s’étala au sol, mort de fatigue et le tatou lui administra le coup final, avant de balancer sa dépouille plus loin sur le sable, il avait gagné…

* Cette défense,… c’est incroyable… Ce tatou ne laissait aucune possibilité d’attaque à son adversaire… Je me souviens de la technique défensive de Yorisu Aibu, elle était déjà excellente, mais présentait une faiblesse conséquente : le sol. En tout cas, tout ça me donne des idées !*

Une heure plus tard, Hayato, de retour à Suna, est attelé à la construction de son nouveau pantin, dans un atelier prévu à cet effet. Assit devant son bureau, il tentait tant bien que mal de dessiner le plan de sa marionnette d’après sa nouvelle idée : le Tatou ! Certes, une telle création n’allait pas le protéger efficacement face à des adversaires comme les Aburame de Konoha, les Kawaguchi de Suna ou tous les autres utilisateurs de particule, mais elle pourrait lui offrir une protection convenable. L’idée de base était simple, il suffisait d’intégrer un système permettant à la marionnette de s’enrouler autour du marionnettiste pour que sa carapace le protège complètement en cas d’attaque. Après trois heures entières passées à tracer, corriger, gommer et recommencer, Hayato avait terminé le plan. Il quitta alors sa place assise pour s’allonger par terre. Se replongeant à nouveau dans son esprit, il utilisa son imagination pour faire prendre vie à son nouveau pantin. Voilà qu’ présent il était là, devant lui, le corps constitué de bois mais surtout de métal. Alors qu’il pianotait avec grâce, l’œuvre se déplaçait tout autour de lui. Il fallait également testé le système de protection. A cette fin, d’un mouvement sec, il referma sa main et le tatou mécanique vint s’enrouler autour de lui, formant une boule de défense totale.

Ainsi enserré par sa marionnette dans cette constriction, il ne pouvait pas bouger à l’intérieur de la sphère... C’était un défaut majeur car, contrairement à la situation observée avec les animaux quelques heures plus tôt, dans la vie réelle, ses adversaires seraient probablement munis de techniques plus violentes, qui secoueront la marionnette avec plus de force. Il fallait donc prévoir un moyen de réduire l’impact de ces chocs… Le deuxième problème était la marionnette en elle-même. Elle était terriblement lourde et donc très lente.
Alors qu’il était toujours allongé au sol, Hayato soupira, il n’avait toujours pas trouvé sa troisième marionnette idéale ! Il eut toutefois une révélation en imaginant le Tatou en train de s’enrouler en boule autour de lui… Et si… Et si ce Tatou mécanique pouvait s’enrouler autour de l’ennemi pour l’empêcher de bouger par exemple ? Une simple constriction ne pourrait pas immobiliser quelqu’un efficacement…

* Cette marionnette doit seulement avoir l’allure d’un tatou, il ne s’agit pas de reproduire un tatou mécanique plus grand, ce n’est pas du Kugutsu ça… Mais bien sûr !! La voilà la solution ! Je peux m’affranchir de l’aspect animal ! Il me suffit de créer quelque chose qui ressemble à un tatou !*

L’idée était simple : créer une marionnette capable de se transformer en sphère creuse ! En effet, à l’intérieur de la sphère, il y aura un espace, une cavité, pouvant accueillir une personne. Hayato y serait bien plus confortable que si sa marionnette devait l’enserrer. De plus, cette espace faisait une prison parfaite ! Non transformée, la marionnette ressemblait à un pantin de bois lambda. Une fois transformée, c’était une carapace sphérique, creuse. Soudain, un autre éclair de génie illumina le jeune marionnettiste ! Lorsqu’il était ainsi placé à l’intérieur de la sphère, cela le faisait penser à un tour de magie qu’il avait l’habitude de pratiquer avec son frère Sakyo, il y a longtemps. Le principe était simple, lui était enfermé dans une boite tandis que l’autre y enfonçait des lames un peu partout. Usant alors de son incroyable souplesse, il se contorsionnait, confiné dans ce petit espace, pour éviter les différentes lames. Le clou du spectacle arrivait au moment où, après avoir découpé la boite en deux, le public se rendait compte qu’elle était vide… L’astuce résidait dans une cavité cachée où Hayato se faufilait, recroquevillé sur lui-même dans une position quasi-inhumaine…

*Et voilà comment transformer cette marionnette défensive en technique offensive imparable ! Il me suffit de rajouter de petits orifices prévus pour laisser passer les lames d’une autre marionnette… Et le tour est joué !*

Mais la satisfaction sur son visage se changea rapidement en inquiétude. Car cela posait un nouveau problème. Ces fentes prévues pour pouvoir transpercer le prisonnier, pouvaient permettre à ce dernier d’utiliser un jutsu pour le sauver… Il fallait trouver un moyen d’entraver le prisonnier une fois capturé à l’intérieur. Mais là, Hayato n’avait aucune idée miracle. De toute façon, il avait assez de données maintenant pour entamer la construction proprement dite.
Première étape, rassembler le matériel. Il avait du bois de qualité qu’il avait obtenu à bon prix, six mois auparavant, et pour l’acier, il pourrait toujours s’en procurer avec le salaire de ses dernières missions.

- Allez, au boulot !

La tâche fut éreintante, mais il acheva la construction après une nuit entière passée à créer les différents membres, avant de les assembler correctement les uns après les autres. Il était fier de lui, car il venait de créer une marionnette nettement supérieure à ses précédentes créations en terme de qualité. Au final, si l’inspiration de la marionnette et les idées de son fonctionnement lui étaient venues d’un tatou, le pantin n’en n’avait pas vraiment l’apparence… Deux bras, deux jambes, une petite tête et un buste plus large que la moyenne, destiné à capturer une personne. Mais un problème de taille se révéla soudain au marionnettiste comme une évidence, comment une marionnette si lourde pouvait espérer se déplacer rapidement faire sa cible pour la capturer ?

- Mince ! Tout est à refaire ! cria-t-il en tapant du poing, extenué…

Son regard tomba alors sur une petite marionnette aux cheveux rouge. C’était Akagami, l’une de ses premières créations. Ou plutôt, sa première réussite en matière de marionnette destinées au combat. Car à ses débuts, Hayato se concentrait uniquement sur la scène. Sa conversion s’était faite naturellement, le plus dure avait été d’accepter l’idée de devoir se servir d’une œuvre d’art comme une arme. Ce fut après long processus qu’Hayato avait réussit à créer Akagami. Il y en avait eu plusieurs autres après, mais celle qui s’était vraiment imposée comme son deuxième chef-d’œuvre, c’était Kuroru, le pantin reptilien. Son style, sa grâce, son équipement, … Tant d’éléments qui rendaient cette marionnette indispensable. Il s’attarda plus longuement sur le corps de la marionnette, allongé sur une étagère dans le coin de la pièce. A l’époque de sa création, il avait imaginé lui incorporer un système de forage, qui permettrait au pantin de se déplacer sous le sol, mais le plan avait du être abandonné car Hayato n’avait pas la force nécessaire pour manipuler Kuroru ainsi enfouit sous la terre…

Mais peut-être qu’il en serait capable aujourd’hui ! Peut-être qu’à l’époque, il s’y était pris d’une mauvaise manière ! Peut-être même qu’il pourrait se servir de ça pour régler son nouveau problème ! Tout allait très vite, les idées défilaient dans sa tête, lui faisant subitement oublier toute trace de fatigue ! Hayato venait de retrouver une sorte de second souffle… C’était … L’inspiration ! Il fallait en profiter tant qu’elle était là. Le jeune homme sortit un carnet et y nota ses différentes idées, car c’était bien d’avoir l’inspiration, mais encore fallait-il pouvoir tenir debout. En effet, l’atelier était trop éloigné de sa chambre, du coup, il y avait emmené tout le nécessaire pour une bonne nuit de sommeil.


[…]

Le lendemain, nous retrouvons Hayato à l’extérieur cette fois-ci. Il avait passé sa matinée à munir sa marionnette reptilienne d’une nouvelle tête et de nouveaux membres, qui lui permettrait de se mouvoir plus facilement sous terre. Lorsqu’il tenta à nouveau de faire rentrer sa marionnette dans le sol, il échoua sans surprises. Le problème ne venait ni de la marionnette ni du sol, il venait de lui. Il essaya à maintes reprises, mais sans succès. Il avait pourtant eut l’astucieuse idée d’émettre du chakra depuis sa marionnette, pour la renforcer, mais ça ne marchait pas. A force, il finit par s’épuiser et décida de faire une pause pour manger. Il n’avala que le strict nécessaire et reprit bien vite l’entraînement. Au moins toutes ces heures passées à manipuler Kuroru faisaient progresser sa maîtrise.

La performance dans la manipulation d’un marionnettiste, ne reposait pas sur le nombre de pantins qu’il pouvait contrôler en même temps, mais plutôt sur le nombre de fil de chakra dont il avait besoin pour contrôler une marionnette. Ainsi, lors de la création de Suna, Hayato avait besoin de quatre fils au minimum pour faire correctement bouger une marionnette. Pourtant, malgré cela il était déjà capable de maîtriser trois marionnettes à l’époque, grâce à sa propre technique : Aohigi Kaze no Mai. Bref, actuellement, il n’avait besoin que de trois fils pour contrôler un pantin, ce qui voulait dire qu’il pouvait en contrôler trois en même temps. C’état bien, mais il savait qu’il pouvait faire mieux.

Revenons à sa technique. Le marionnettiste commençait réellement à désespérer, dans un accès de rage, il déploya une important quantité de chakra dans sa marionnette qui perfora littéralement le sol et s’enfuit sous terre... Il avait finalement réussi, sans comprendre pourquoi, mais il avait réussi à enfuir son pantin sous le sol.

*Il doit y avoir un lien avec mon affinité… Je trouve le chakra élémentaire disgracieux, mais il faut reconnaître que ça peut avoir son utilité… *

A l’époque où il vivait encore dans le désert, Sakyo, grand frère adoptif d’Hayato lui avait indiqué qu’on pouvait renforcer le Kugutsu en le combinant avec du chakra élémentaire. C’était comme cela qu’Hayato découvrit qu’il était naturellement doué pour le Futon, mais il avait délibérément décidé de ne pas l’employer. Encore aujourd’hui, même si son opinion sur la question n’avait pas changé, il était plus enclin à l’utiliser exceptionnellement pour quelques technique ; la remise en question était une condition nécessaire à toute personne voulant évoluer. En tous les cas, il ne le savait pas encore, mais le jeune homme venait de découvrir sa seconde affinité : le Doton.

[…]

Pourquoi recherchait-il soudain cette puissance ? Quel était l’intérêt de cet entraînement intense ? Son orgueil… Tant qu’il ne serait pas le meilleur, il ne pourrait pas s’arrêter. Et après plusieurs mois de travail, il était finalement parvenu à passer au niveau supérieur. C’était en tout cas la sensation qu’il avait alors qu’il venait de fixer les membres sur le buste de son dernier pantin. Une création qui s’était montrée assez laborieuse. La plus difficile avait été de faire tenir dans un corps si petit une invention si complexe et si encombrante. Mais ça avait fini par marché ! Hayato avait fini par créer la prison ultime, munie d’une redoutable pompe. Concrètement, une fois activée, la pompe vidait progressivement sa victime de son chakra. Mais il y avait encore mieux, la prison était construite de manière à ce que le marionnettiste puisse supprimer son ennemi très facilement. En fragmentant Akagami, il pouvait transpercer son prisonnier de toute part, sans aucune possibilité de fuite pour celui-ci…

Une nouvelle marionnette, accompagnée de plusieurs nouveaux jutsu… Une nouvelle étape venait d’être franchie. Mais Hayato avait besoin d’autre chose, il le savait…