Une flamme condensée brûle le papier à cigarette. Une fumée acre et malodorante, à la teinte grisâtre s’élève dans l’air saturé. L’orage s’préparerait presque. Les nuages gris sont bas dans l’horizon, comme s’il pourrait côtoyer les cieux du bout d’une montagne. D’une main experte il protège son bout d’mort fumante, de l’autre il tape la cadence : La pluie commence à descendre du ciel pour arroser les hommes. Dans ces quartiers les plus bas de Kumo, les flaques se rassemblent pour venir empiéter en marre de boue sur leur territoire. Du coup, les clapotis font comme de la musique. D’un pas leste et allègre, il quitte cette zone de combat entre eau et habitant. L’invasion de l’humidité les glacera jusqu’à l’os, mais les villageois ne se laisseront pas faire.
Finalement la pluie n’est pas si tenace, elle commence déjà à s’éparpiller en grosse gouttes espacées et temporaires. De toute manière rien n’aurait pu l’détourner de son échauffement matinal. Les vents, les éléments, les gens… Seul aspect routinier d’une vie épineuse, elle constitue une sorte de rituel rythmant jour et nuit, un repère important quand on connaît la vie des shinobis.

Délaissant les terrains les plus proches de la ville, Yoshi s’décide pour ceux qui longent le sentier perdu. Le calme, la sérénité, moins on l’emmerde et plus l’gamin est content. Il faut dire qu’il s’applique aux bases pour l’moment, et que la plupart des spectateurs ne sont pas compréhensifs. Ni très malins. Les bases peuvent sauver un homme, elles constituent un pilier qu’il faut répéter sans cesse pour l’avoir sur l’bout des doigts.

Quelques minutes de marche alerte, sans se presser ni prêter attention à son environnement. Sur son nuage, sa pensée divague : Elle va loin, elle remonte jusqu’à son arrivée ici, à ses premiers entrainements avec sa sœur. Il s’demande quand l’temps lui lâchera les basques pour qu’il aille voir son rejeton. Devenir tonton ? Les enfants sont pas plus bêtes que certaines personnes bien formées qu’il a d’ja pû croiser. Et puis donner la vie est un acte fantastique, même si leurs parents ne sont pas là, ils doivent être heureux.
Démarche tranquille quand un corps solide rencontre son torse. Schlak. Et une clope trempée, une. C’est bien sa veine quand on sait que son paquet est vide. Coup d’zyeux aux alentours : Quelques arbres emmaillent des monts et un terrain archi-plat. Comment ils ont pû s’rentrer dedans ? !

- Excusez m’zelle, pas fait attention qu’il dit quand même par savoir vivre à la p'tite brune qui s'en va.

Quelques pas plus tard, au centre de quelques arbres assez touffus, il s’dit quand même : ‘tin j’ai même plus d’feu !

Les nuages prenaient place dans le pays de la foudre, celle-ci n’allait pas tarder à s’abattre pour le malheur de tous. Dans le village de Kumo, un jeune ninja se moquait bien de la pluie car habitué d’être mouillé. Une cigarette à la bouche, il ne fumait que rarement et savourait pleinement ses journées calmes à marcher dans son village. Rare était les personnes dehors en ce temps orageux, Noy avait toujours adoré le calme et détestait fortement le bruit inutile. Quand les gens criaient ou combattaient d’une façon bruyante il n’hésitait pas à les renvoyer six pieds sous terre, le monde sous terrain est de loin le plus calme avec celui des fonds marins. N’ayant pas de but précis, vagabondant comme un déserteur, son seul but était de mettre un pas devant l’autre en profitant de sa cigarette. Il faisait bien attention à ne pas l’éteindre accidentellement car s’était sa dernière et la gâcher serait un sacrilège. La solitude faisait partie de sa vie, être seul ne le dérangeait absolument pas. Penser aux choses de la vie, s’entraîner et gagner en puissance, voilà le genre de chemin que suivait notre jeune ninja.

Voilà plusieurs heures qu’il marchait, mais le temps avait l’air de stagner, les nuages ne lâchèrent pas d’éclairs et la pluie restait bien calmement confiné prête à tomber. Le village y était habitué et plusieurs installations avaient été construites pour combattre les éléments, bien entendu aucun ninja ne peut réussir à résister à la force de la nature. Bien trop puissante pour nous, elle reste maîtresse de ce monde. Le terrain d’entraînement était à quelques minutes de là, une jolie brune passa à côté de lui en courant. Elle venait de sortir de la zone d’entraînement, pourtant elle n’avait rien d’un ninja ou bien elle cachait vraiment son jeu. Noy la voyait plus faire la tournée des bars le soir pour divertir d’honnête personne fatigué de leur travail. Curieux de savoir ce qui l’avait poussé à partir, il s’y rendit à son tour avec un œil très observateur. Au loin se tenait un garçon, plus il se rapprochait et plus il constatait son âge qui ne devait pas être loin du sien.

* Il fait quoi tout seul ici lui… il à l’air d’être embêté… *

Le jeune artiste arriva et l’aperçut avec une belle cigarette, qu’attendait-il pour la fumer ? Si il ne se dépêchait pas Noy lui piquerai d’un geste rapide et la fumerais bien calmement sous son nez. Dans un élan de sympathie il lui tendit une allumette et la boîte qui allait avec. Un petit jeu pour voir s’il était quelqu’un de joueur ou bien pas du tout.

« C’est la dernière que j’ai, si tu arrive pas à l’allumer je te prend ta cigarette. Si tu y arrive… je te fil mon briquet, ça te va ? »