Dans ce monde, la seule chose que l'on possède vraiment, c'est le corps que l'on se forge.

Il est massif et intimidant ; c'est la première chose que l'on se dit en croisant son regard noir et impassible. Musclé au pinacle de ce que peut atteindre un être humain avec une alimentation saine et un entrainement régulier, Ryoma est une force de la nature à la carrure démesurée et au corps strié et parcouru de veines.

Ses longs cheveux blonds platine sont coupés ras sur les côtés et ramenés en arrière sur le haut. Des traits faits au rasoirs ornent les flancs de son crâne et se rejoignent à l'arrière de celui-ci. Son visage imberbe n'en perd pas de sa virilité grâce à ses traits durs et à ses sourcils noirs épais et taillés en pointes. Il ne se départ jamais de son expression austère et fermée, sa façon de dire au monde qu'il n'a pas envie d'en savoir plus sur les parasites qui le parcourent.

L'expérience fit que ce garçon autrefois enjoué est devenu ce qu'il est maintenant: un homme solitaire et borné qui n'en a que faire de toute la misère du monde. Tant qu'on ne vient pas lui grappiller dans son assiette, Ryoma s'en contrebalance de la faim dans le monde. La même chose vaut pour la guerre, la mort et toutes ces choses qui font qu'il s'est habitué à les voir et n'y est plus du tout sensible.

Loin d'avoir du mal à s'exprimer ou à se faire entendre, il ne parle pas beaucoup. C'est un homme de peu de paroles, comme il le dit parfois. Ses relations sont très limitées et ne dépassent que très rarement le stade de connaissance. Pour lui, il faut être utile pour valoir quelque chose. Il a aussi une sainte horreur des personnes trop anxieuses ou émotives étant donné qu'elles le stressent, lui qui vit sans se poser trop de questions et sans se prendre la tête.

Il aime très peu de choses, cliché typique du ronchon reclus. La tranquillité en fait partie, avec la viande - il n'a pas l'occasion d'en manger beaucoup vu son budget - et surtout l'argent. C'est un peu son dieu à lui, matérialisé sous forme de billets et de pièces capables de détourner les hommes de leur vraie nature pour peu qu'on y mette l'appât du gain.

Réputation : Mis à part les pourritures qui jonchent les plus bas étages de la citadelle d'Iwa et quelques voisins, tout le monde s'en fout de Ryoma. Il n'est pas encore très intégré dans le village et n'a pas l'air très avenant, ce qui explique que son cercle de relations et d'influence soit si restreint. Il n'a toutefois pas très bonne réputation auprès des rares personnes qui le connaissent: il se dit qu'il est violent et peu commode, ce qui va très bien avec l'image qu'il renvoie.


Il fait beau sous les tropiques. Du moins, il a fait beau un moment. La génération de Ryoma ne s'en souvient pas puisque Nami no Kuni, son pays d'origine, avait sombré dans la décadence il y a de cela une quarantaine d'années.

Dans la pauvreté, il a cependant trouvé son bonheur. La vie était certes rude, mais chaque moment de réconfort en était d'autant plus fort. La solidarité était aussi quelque chose de courant dans les quartiers défavorisés de là-bas. Rythmée par le travail acharné des pères et les repas à la limite de la ration militaire concoctés par les mères, les journées passaient et se ressemblaient si bien que la routine s'installait et qu'on acceptait la pauvreté faute de trouver la faille qui permettrait d'en sortir. La faille, parce qu'un pauvre ne pouvait devenir riche qu'avec un véritable miracle à Nami.

Le soir, son père rentrait exténué du travail comme tous les hommes de son quartier. Au lieu d'offrir des jouets à Ryoma, il lui apprit à se battre et lui transmit tout ce qu'il savait. Il avait officié comme soldat de Nami lors des guerres précédant l'Empire. Il continua à ce rythme jusqu'à se tuer de fatigue. Devenu trop faible pour travailler, il dût céder sa place à son fils encore adolescent.

Les amis d'hier devinrent très vite les cibles de demain. Pourquoi ? Parce que Ryoma voulait plus d'argent qu'il ne pouvait en gagner honnêtement. Voir son père et sa mère ainsi réduits à une vie de pauvreté dans les rues puantes de Nami altéra peu à peu sa vision des choses. Il commença à se servir de ce qu'il avait appris pour piller et extorquer en rejoignant une bande de criminels qui sévissaient dans le pays.

Le seigneur Sumio mourut, et son fils lui succéda. Bien que très jeune, Obake était pire que son père. En voyant l'Empire décliner peu à peu et des foyers de révolte se former, il s'entoura de mercenaires puissants pour le protéger et s'assurer qu'il ne lui arriverait pas la même chose. Ryoma en fit partie. Ces richesses que le précédent seigneur avait prises à sa famille lui étaient rendues en guise de payement, ironiquement. Il officia trois années dans ce groupe de mercenaires. Cela suffit à anéantir en lui ce qu'il restait de compassion et de pitié. Les raids punitifs et les rapts étaient son quotidien, mais il en eut cependant marre du jour au lendemain.

Il avait entendu parler des villages de Suna, Konoha et Iwa. Son poste de mercenaire lui octroyant certaines facilités de déplacement dans l'archipel, il embarqua son père et sa mère dans une caravane de transport de marchandises avec lui et sortit du pays en traversant le Pont du bout du monde grâce à son accréditation ; Obake ne revit jamais ni Ryoma, ni sa caravane.

Il laissa ses parents avec les biens dans le Pays du Feu pour qu'ils puissent s'y établir dans la prospérité rassurante du pays assurée par le seigneur Chikamasa et son Hokage Shiaijin Suguato. Il reprit pour sa part son voyage sans se retourner jusqu'à Iwa, au Pays de la Terre. S'il fit tant de chemin, c'était pour deux raisons: la première étant que Konoha était bien trop proche de son pays natal et qu'il y était probablement déjà recensé parmi les mercenaires d'Obake, ce qui pourrait lui poser problème à l'avenir. La seconde, qu'il ne s'avouait pas, était qu'il voulait tout simplement s'éloigner de sa famille pour enfin vivre à son compte et sans attaches.

Lors du début de la quatrième année suivant la chute de l'Empire, il s'engagea dans les forces shinobi d'Iwa pour y exploiter la seule chose qu'il avait appris à faire: cogner fort. Il s'établit dans les plus bas niveaux de la citadelle et ne subit pas le dépaysement ni ne souffrit de son milieu pour le moins modeste. Le décor ne lui importe plus de toute façon puisqu'à l'instant présent, seule sa carrière à venir occupe ses songes. Même un homme comme lui se surprend parfois à rêver de grandeur... et comme son Nindo l'explique clairement, il n'a pas une seconde de plus à perdre.

« Si vous ne savez pas profiter de chaque seconde, alors vous n'en méritez pas une de plus. ».