▬ Hngh... ahh !

Un étirement, alors que je retombais sur ce sol si vert. J'étais allongé dans l'herbe, tranquillement, sans aucun ennui à l'horizon. Oui, j'avais une après-midi à tuer, et je la passais à ne rien faire, au cœur de la forêt de notre grand et si beau pays. Est-ce un crime de ne vouloir rien faire le temps d'une seule et simple journée ? Oui je sais, un ninja doit s'entraîner, bla bla... mais je n'ai jamais signé pour ça moi, on l'oublie bien souvent. Alors, laissez moi glander au moins pour cet après-midi, je vous en serais plus que reconnaissant.

Effectivement, aucune ombre à l'horizon, si ce n'était celle de l'arbre auquel je siégeais à son pied. Qu'est-ce que j'étais bien ici. Et puis, je n'étais pas tout seul : il y avait, en ma compagnie, un petit écureuil tout mignon que je venais de rencontrer. Au début, il n'était pas tranquille lorsqu'il m'a vu arriver, et avait gardé ses distances. Seulement, à force de multiples tentatives pour m'en approcher sans le faire fuir, il avait finalement cessé de s'échapper, et restait à mes côtés. Pour combien de temps ? Boarf, c'est un écureuil, ce qui veut dire qu'à un moment ou un autre, il voudra partir je ne sais où. Cependant, c'était toujours agréable comme sensation.

Allongé sur le dos, le petit rongeur s'était installé sur mon ventre, comme s'il avait trouvé un coin douillet avec ma veste, retranché dans l'un de ses plis. Il était calé, et je ne bougeais plus, le laissant lui aussi profiter de ce moment. De temps en temps, je tentais une douce caresse, sans trop insister pour ne pas le refaire fuir. N'oublions pas qu'il était, malgré tout, à l'état sauvage.

À cet instant, je ne pensais pas à grand-chose. Je profitais seulement de l'instant présent, ne préférant pas penser à ce qu'il m'attendait. Par exemple, que dans quelques jours, un nouvel entraînement avec mon père allait avoir lieu, en sachant qu'il sera sans doute pire que les autres, vu que j'ai eu la chance d'y échapper la semaine dernière. Et... ah bah merde, j'y ai pensé.

Je soupirais grossièrement, tout en sentant l'écureuil sur mon ventre bouger suite à ça. J'avais peut-être perturbé son sommeil.

▬ Désolé, tu peux te rendormir.

Je lui souriais, avant d'observer le ciel. Je n'allais quand même pas raconter mes problèmes à ce pauvre écureuil qui n'avait rien demandé, hein... alors, j'allais me contenter de me taire, et d'essayer de penser à autre chose. D'ailleurs j'y pense, la vie de ces petits rongeurs étaient sans doute plus intéressante que la mienne. Pas d'obligation particulière, pas de problèmes familiaux, rien de tout ça. C'est vrai ça, je n'y avais jamais pensé. Peut-être que devenir un écureuil était la solution à tous mes problèmes ?

Ok, je pars un peu loin là. Intérieurement, je riais, alors que j'entendis un bruit... intimidant. Un hurlement, comme celui d'un animal, qui ne semblait visiblement pas très accueillant. En entendant ceci, le rongeur sur mon ventre pris ses pattes à son cou, et partit se réfugier dans l'arbre le plus proche. Qu'est-ce que c'était que ça au juste... ? Je ravalai ma salive, ne sachant pas trop quoi faire. Partir, ou chercher à trouver l'origine de ce cri ? Il y avait peut-être un danger, ou... ou un animal qui souffre. Non, il fallait que j'en sache un peu plus.

Je me relevais, alors que j'entendis un froissement de feuilles, venant de derrière moi. Il s'agissait d'un garçon qui venait d'arriver, un enfant visiblement. Il me semblait par ailleurs très jeune, est-ce que c'était prudent pour lui de se balader tout seul ici, avec ce qu'on venait d'entendre ?

Je lui souriais, bien qu'inquiet.

▬ Bonjour, tu es perdu ?

C'était possible après tout.

▬ Je viens d'entendre le hurlement d'un animal, qui ne me semble pas du coin. Tu l'as entendu toi aussi ? C'est peut-être dangereux, tu devrais retourner sur tes pas.

Me voilà dans une situation embarrassante. J'avais envie d'en savoir plus sur cet animal, voire lui venir en aide si le besoin en est. Seulement, il y avait maintenant aussi un enfant dans les parages, et je me voyais mal le laisser s'y aventurer, alors qu'il pourrait être en danger.

Que faire ? La situation était plutôt délicate. Il y avait tout d'abord ce hurlement animal que j'avais pu entendre au loin. Était-ce un animal dangereux, un animal qui souffrait, ou bien les deux à la fois ? J'avais peur, je ne le cachais pas, mais je refusais de laisser un des habitants de cette forêt dans la tourmente. Il y avait peut-être quelque chose que je pourrais y faire ? Le seul moyen de le savoir, c'était de me rendre sur place, ce qui ne me rassurait pas tant que ça. Seulement voilà, il y avait aussi cet enfant étrange qui se déplaçait à quatre pattes, et qui venait de surgir d'un buisson sans crier gare. Je ne pouvais pas le laisser seul ici, s'il y a vraiment un dangereux animal qui rôde ici, non ?

Il ne me laissa cependant pas le temps de l'en convaincre, qu'il était parti à la recherche de l'origine de ce cri. Visiblement, il l'avait aussi entendu, et voulait trouver cet animal. Il ne semblait pas préoccuper par le fait que cela puisse être dangereux. Était-il inconscient, ou un peu trop courageux à mon goût ? Toujours est-il que je ne pouvais pas laisser cet enfant tout seul, dans une situation comme celle-ci.

▬ Attends, tu... oh, et puis zut.

Il n'écoutera sans doute pas, alors autant le suivre. Je courais donc derrière lui, pouvant observer les traces de pas que l'on pouvait voir sur le sol. Elles menaient vers l'origine de ce hurlement. Je ravalai ma salive, anxieux. L'animal que nous cherchons avait d'aussi grosses... pattes ? Ce n'était pas du tout rassurant, mais après que pouvais-je bien m'attendre avec un son aussi bruyant et féroce ? Pas grand-chose.

Une nouvelle fois, le hurlement se fit entendre. On pouvait y ressentir une certaine colère et douleur, ce qui me confortait dans l'idée que même s'il était dangereux, cet animal cherchait sans doute à obtenir de l'aide. Et c'était en effet bien ça, cela se confirmait lorsqu'on se retrouva face à la bête, à l'autre extrémité de la rivière. Un grand ours noir, d'une taille imposante. Il se déplaçait difficilement, et semblait blessé à l'une de ses pattes, à cause d'une chose qui lui était plantée dedans. Super, et maintenant qu'est-ce qu'on pouvait faire pour lui ? Il ne faisait aucun doute que si on s'approchait, il allait nous tuer. Mais si on ne l'approchait pas, comment l'aider ?

Intérieurement, j'étais en colère. Qui avait bien pu blesser ce pauvre ours, qui n'avait sans doute rien demandé ? Quel humain assez stupide pouvait s'en remettre à de telles pratiques ? Et maintenant, on se retrouvait dans une situation délicate si on voulait l'aider.

▬ Baisse-toi.

On se baissait, pour se cacher à l'arrière du buisson derrière lequel nous étions. Il nous fallait un plan, un moyen de l'approcher. Il allait être très compliqué de se faire une idée de ses blessures, et de lui venir en aide, tant qu'il était dans cet état. Si on s'approchait, il allait certainement tenter de nous tuer. Et je préférais éviter ce cas de figure.

▬ Hm... je vais d'abord envoyer des insectes en éclaireur, afin de voir un peu mieux de qui a blessé cet ours. On avisera ensuite.

Pour l'instant, je ne voyais pas ce que je pourrais faire de mieux. Discrètement, j'ordonnais alors à quelques moustiques de se déplacer jusqu'à la patte arrière de cet ours, qui était de l'autre côté de la rivière. Le but de cette entreprise était bien de voir ce qui était la cause de cette douleur et de cette blessure. Après quelques instants d'observation, les moustiques revinrent jusqu'à moi, se posant sur mon index, devant mon visage. Ils partagèrent avec moi ce qu'ils avaient vus.

▬ Vraiment ?

Je jetais un coup d’œil rapide à cette patte, et j'étais trop loin pour confirmer cela, mais c'était tout à fait possible. Chuchotant à l'enfant, je lui expliquais les informations que je venais d'obtenir.

▬ Apparemment, il aurait un projectile plantée profondément dans sa patte. Ce serait une sorte de fléchette... en disant cela, je sentais mes moustiques frémir, non un carreau d'arbalète plutôt. Il y a donc quelqu'un dans les parages qui a attenté à la vie de cet ours, il ne s'est pas blessé tout seul.

Qui, et pourquoi ? Intérieurement, je bouillais de plus belle. J'ignorais qui était cet homme, mais si je tombais dessus, je n'allais pas le rater.

▬ Partez explorer les alentours, pour nous informer si un homme suspect armé d'une arbalète se trouve dans les alentours.

C'était le nouvel ordre que j'avais ordonné à mes insectes, toujours à voix basse. Ils étaient partis explorer les alentours, afin de répondre à mes attentes. En attendant, il nous fallait trouver une solution maintenant pour lui venir en aide.

▬ Comment on pourrait s'y prendre pour l'approcher sans qu'il nous attaque... ? Dis-moi, tu possèdes des capacités particulières ? Peut-être que l'une d'entre elles pourrait s'avérer nous être utile, dis-moi tout.

C'est en le connaissant un peu mieux que l'on pourra établir un plan qui tient la route. Il était certes jeune, mais de ce que j'ai vu il se déplaçait assez rapidement pour son âge. Je l'avais peut-être sous-estimé, il cachait peut-être une capacité qui pourrait nous venir en aide.

Spoiler:

Un carreaux d'arbalète, voila donc ça qui avait blessé l’animal et causait autant de rage. Compréhensible, Kenzo se serait sûrement sentie de la même façon. Il n’y avait qu’un braconnier pour oser s’attaquer à un gros nounours comme ça. Le genin n’en était pas sûr, mais il imaginait que la chasse n’était pas permise ici. Donc non seulement ils devaient aider le pauvre animal, mais en plus il fallait trouver qui lui avait fait ça. Heureusement, le garçon qui l’accompagnait était un ninja du clan Aburame. Il se servit de ses insectes pour rechercher les alentours et trouver le chasseur. C’était un pouvoir impressionnant, Kenzo aurait bien aimé être aussi près de la nature et pouvoir communiquer avec elle comme lui.

- Je pourrais faire pousser des racines autour de ses pattes pour le garder en place, mais je ne peux pas bouger pendant que j’utilise cette technique…

Kenzo leva lentement la tête pour jeter un coup d’oeil à l’ours, juste pour confirmer sa taille. L’animal continuait de tourner en rond, tentant désespérément d’atteindre le carreaux qui sortait de sa patte. Mais c’était comme un chien qui chassait sa queux. Le genin se rabaissa pour éviter d’être vu.

- ...et puis je ne sais pas combien de temps je vais pouvoir le retenir, il a l’air plutôt fort. Mais je crois que ca va marcher si tu cours vite.

Kenzo imaginait que si le garçon avait réussi à le suivre à la course, il était plutôt rapide. Avec un peu de chance, il n’aurait même pas besoin de courir, et les racines tiendraient le coup.

- Tu veux qu’on essaie?

Le ninja n’avait pas l’air de trop aimer la proposition. Kenzo se dit qu’il avait du mal à faire confiance à la compétence d’un complet inconnu.

- Ne t’inquiète pas, tout devrait bien aller.

Après un long moment de réflexion, le garçon accepta finalement et Kenzo commencait à malaxer son chakra. Il avala nerveusement sa salive et forma le signe du serpent. Des branches d’arbres sortirent du sol et s’enroulèrent autour du grizzly.

L’animal commença à se débattre tout de suite, tentant de mordre le bois et de se déplacer. Kenzo maintenait la technique temps bien que mal, alors que de la sueur perlait déjà sur son front. Pour l’instant, tout allait bien, mais combien de temps est-ce que ça allait durer?

- Vas-y, je tiens bon.

Quelle puissance… ça ne fait que quelques secondes et j’ai déjà du mal à le garder en place.

Il regarda l’Aburame s’approcher de l’animal blessé en retenant son souffle.