Bon, faisons un récapitulatif de tout ce qu’on a déjà eu comme info. Mine de rien ça en fait un sacré paquet. En route pour les immenses portes du village de la feuille, les yeux un temps sur la route, un temps sur mes notes, je feuilletai mon petit carnet. Des informations sur Kioshi, son état d’esprit mais surtout ses actes, des détails sur Yusei – un jeune homme fort sympathique bien que souffrant d’une asociabilité certaine – et ses contacts avec la cheffe des Kaguya, d’ailleurs sur cette dernière il faudra régler quelques détails sitôt que cette dernière aura fini ses vacances. En imaginant que ce soit effectivement des vacances parce que, qui prend du temps libre de plusieurs mois juste après avoir mit sur pied une entreprise ? Ça n’a absolument aucun sens. Et c’est moi qui doit me coltiner son boulot, forcement hein, à quoi bon avoir du pouvoir si ce n’est pas pour déléguer … Rah mais quelle peste ! Attend un peu que je te mette à la main dessus, tu vas m’entendre.

Mais trêve de bavardage, revenons à nos affaires. Les portes étaient en vue, il était temps de clore ce chapitre et débuter le suivant. Une idée me vint d’ailleurs en approchant. Ce Natsuki mériterait lui aussi sa fiche de notes et d’observation. Le premier entrevu s’était certes bien déroulé, mais il était clair qu’il avait énormément d’expérience dans tout ce qui touche au relationnel. Que ce soit professionnel ou non d’ailleurs. Quelqu’un à garder à l’œil autant que possible donc, sans pour autant s’en faire un ennemi. Ses questions étaient ciblées, précises, comme s’il avait l’habitude de guider les conversations. Certes dans mon cas il s’agissait plus d’un interrogatoire diplomatique qu’une discussion entre copains, mais tout de même.
Le temps de noter les observations sur une nouvelle page, de ranger le carnet, et je me présentai au point de rendez-vous.

« Bonjour, Masami Emi, j’ai convenue d’un entretient avec Nara Natsuki. Un homme aux cheveux blancs et reflet bleus, un peu plus grand que moi. J’ai ce qu’il me fallait, nous pouvons clore ce rendez-vous. »

Plus qu’à attendre que le ninja se pointe. En espérant qu’il ait remplit sa part du contrat, c’est tellement plus plaisant quand les affaires se déroulent bien …
C’est mine de rien un village assez paisible, joli et agréable. Si on oublie la présence de ces énormes murs d’enceinte, et de cette porte devant très probablement peser plus d’une tonne, en somme tout ce qui donne à Konoha l’allure d’une prison, c’est un endroit sympa. Je pourrais bien y couler mes vieux jours, en imaginant que j’arrive à ce stade de croissance un jour héhé. Rien n’est moins sûr, le métier de chasseur de prime est un boulot dangereux.

Une fois qu'Emi l'eut quitté pour mener sa petite enquête en ville, Natsuki retourna à ses propres occupations, à savoir garder les Grandes Portes - un travail qu'il effectua d'ailleurs à merveille, puisqu'à la fin de la journée, elles étaient encore là. Il n'y eu pas d'autres visiteurs particuliers nécessitant un contrôle plus en détail de sa part, mais même s'il avait pu savoir cela suffisamment à l'avance, il n'aurait pas pu bouger de son poste. C'est pourquoi il avait fait dépêcher un coursier pour transmettre un message à l'adresse de l'hôpital de Konoha à sa place. Certains diraient qu'il était plus simple de créer un clone quand l'on en avait la possibilité, mais Natsuki s'accordait à dire que c'était ce genre de mentalité qui tuait les emplois. Le ninjutsu pouvait être employé pour un usage militaire ou assistance civile, mais lorsqu'il était possible de faire la même chose sans prendre forcément beaucoup plus de temps ou de risque, mieux valait préférer l'humain. Car un homme qui travail est un homme qui gagne sa vie, et contribue à entretenir l'économie de son pays en la développant à travers ses achats.

Et sur cette leçon de gestion économique, la journée se passa sans autre mouvement suffisamment intéressant pour être relevé. Jusqu'à ce que la chasseuse de prime repointe le bout de son nez en s'adressant au bastion.

« Vous pouvez aussi parler des tatouages dans votre description. » suggéra Natsuki alors qu'il se tenait à moins d'un mètre dans son dos. « Cela épurera un peu plus les critères de recherches. Mais si vous êtes à Konoha, vous pouvez simplement dire que vous faites allusion à l'Assistant du Hokage actuelle. Si mon nom ne parle pas à quelqu'un, le titre en revanche devrait lui permettre de me situer, tant que c'est ici. »

Offrant à Emi le grand sourire sympathique de celui qui a passé une bonne journée – pas spécialement, mais il savait faire croire que si - il invita la jeune femme à entrer dans le même endroit que là où il l'avait reçu la dernière fois.

« Votre séjour à Konoha s'est-il bien passé Masami ? Vous avez pu rencontrer tous ceux que vous vouliez voir et menez votre enquête comme vous l'entendiez ? »

Une introduction polie qui permettait de transiter vers le sujet principal.

« En ce qui concerne votre test d'aptitude, vous avez pu réunir tous les éléments pour concrétiser le dossier sur Kioshi Yamada ? De mon côté, je vous ai apporté la preuve dont vous avez besoin. »

Natsuki posa un grand bocal en verre sur la table, lequel contenait beaucoup de miel, ainsi que la tête de Yuseï.

« Je tiens cependant à rappeler que je ne participe à cette mascarade que parce qu'elle facilitera l'exécution du contrat sur Kioshi : à l'avenir, je ne solderai plus les primes d'autrui envers nos shinobi de la sorte. Essentiellement parce que je vous déconseille d'en avoir d'autres sans que nous en ayons connaissance. »

Menace voilée et sourire éclatant, Natsuki préférait donner des conseils et faire envisager des avenirs que de se montrer ouvertement hostile : ce n'était pas bon ni dans les affaires, ni dans les relations sociales.

« Bien, où en sommes-nous sur l'affaire maintenant ? » demanda-t-il avec le contrat vierge sous la main.

Une voix retentit dans mon dos, la voix du ninja recherché, signalant que j’aurais pu rajouter à la description les tatouages qu’il a effectivement sur le visage, ou encore le titre d’Assistant de l’Hokage. Oh, ça c’est une information qu’il n’avait pas précisé à la première rencontre. Intéressant, quelqu’un d’aussi important qui se mêle aux petites gens, l’Hokage ne doit pas être tant surbooké si elle permet à son binôme de vadrouiller de la sorte. Quand je vous disais que cet endroit reflète un sentiment de vacances en prison.

Sans relever les commentaires du jeune homme, je le suivis jusqu’à la petite pièce aux airs d’interrogatoire, la même qu’à mon arrivée. Et à nouveau je parcourrai les alentours du regard pendant que Natsuki reprenait la parole, demandant si tout s’était bien passer.

« Tout à fait. Un certain Kimimaro a pu répondre à plusieurs questions, et Monsieur Yogan Yusei s’est chargé de tous les détails complémentaires. Il était d’ailleurs particulièrement mal en point, malgré ce qu’il voulait laisser transparaitre. Un homme très intéressant. »

L’étudier de plus près et sur une plus longue période serait très certainement riche de bénéfice. Mais gardons cela pour une prochaine fois. L’heure est plutôt aux conclusions de ce voyage au pays du feu.
Le ninja déposa un imposant bocal remplit de miel, contenant la tête de Yusei justement. Une reproduction étonnamment fidèle, et écœurante. Je ne supportai d’ailleurs pas de regarder cette chose plus longtemps, fuyant l’objet et préférant fixer l’interlocuteur.

« J’ai tout ce qu’il me faut. Ainsi que les conclusions suite aux diverses explications, du point de vu de Konoha. Si je puis me permettre d’élargir les avis de deux personnalités à l’ensemble d’un village … Concernant donc l’exécution de ce contrat, il est nécessaire de préciser un point primordial. » J’ouvris sous mes yeux mon carnet de note, à plat sur la table métallique. « Suite aux avis et explications énoncés précédemment, Monsieur Yamada Kioshi ne pourra pas être exécuté. Vos propres forces militaires n’ont pas été capable d’énoncer le cas d’un meurtre, d’un assassinat commandité ou autre acte du genre, de la responsabilité de l’ancien Kazekage. Bien que l’homme en question dénote d’une instabilité psychologique flagrante, il n’a fait usage que de bluff et de chantage, le cas d’une exécution ne pourra donc pas être réalisé. Cependant … »

J’haussai légèrement le ton sur le dernier mot, car il n’y a aucun doute que mon verdict actuel ne plaise pas au Konohajin, mais il est important de lui prouver que je fais bien mon travail, et sous toutes les coutures.

« Monsieur Yamada Kioshi doit être mit aux arrêts et juger. Ses actes, bien que n’ayant pas commit de décès – selon vos propres hommes je le répète – ne sont cependant pas exemptés de jugement. Je vous l’ai dis à notre première rencontre, nous ne sommes pas des mercenaires. Nous ne sommes pas non plus des juges, c’est pourquoi je vous fais part de mes conclusions, et vous propose de retrouver Kioshi, puis de le ramener à Konoha afin qu’il puisse être jugé légalement et équitablement. »

Le regard franc et droit, j’attendis calmement la réponse du jeune homme tatoué. Sa réaction devrait normalement clore cette affaire, dans un sens ou dans l’autre.
Son commentaire aux airs de menace, concernant d’éventuels futures traques sur des membres de son village, devra être abordé, clarifié mais chaque chose en son temps.

« N'êtes-vous pas la preuve vivante que Kioshi a commandité un assassinat ? » demanda Natsuki en haussant un sourcil. « Rappelez-moi déjà pourquoi je vous remets la tête de Yuseï et pour quelle raison elle intéressera Kioshi ? »

Jusqu'alors, Natsuki se tenait le menton, mais il fut forcé de le lâcher pour désigner de l'index le pot de miel toutes fleurs présent sur la table. Ce fut toutefois le seul point que Natsuki jugea nécessaire de relever dans l'ensemble de la présentation d'Emi qui suivit : il la laissa donc terminer sans l'interrompre.

« Je me pose – et vous pose aussi, par la même occasion - une question purement hypothétique. Si je menaçais de détruire la totalité de vos locaux, le personnel de votre organisation, ainsi que tout ce qui se trouve dans les cinq kilomètres alentours avec des frappes continues et soutenues mais malheureusement imprécises, parce que vous ne voulez pas faire ce que je veux, que feriez-vous ? Vous le prendriez pour du bluff, du chantage, et me feriez simplement un procès ? J'insiste encore une fois sur la forme hypothétique de la situation : voyez'y uniquement de la curiosité, car je n'ai aucune intention proférer de telles menaces. Encore moins de les exécuter. »

Il ne se permettrait pas, il ne menaçait jamais.

« Vous savez Masami, je n'ai sur la forme rien contre le fait que l'on tue des soldats Konohajin. Je veux dire par là que c'est notre métier. Nous savons faire milles autres choses que la guerre, mais souvent nos missions induisent l'usage de la violence, que ce soit pour attaquer ou pour défendre. En ce sens, nous tuons et nous mourons parce que c'est un risque inhérent à notre profession, parce que nous sommes amenés à risquer nos vies pour les missions que nous accomplissons. Au même titre qu'une bataille, c'est notre situation professionnelle qui nous impose de nous battre. Je peux donc difficilement en vouloir à un adversaire de tuer mes alliés alors que je procède de même avec les siens. »

Rien de personnel, ce n'est que le travail.

« Ce qui me dérange davantage, ce sont que des gens comme Kioshi, qui en plus de n'appartenir à aucune armée, sont incapable de séparer le professionnel du personnel, et qu'ils s'en prennent de leur propre initiative à des civils sans défense pour corriger des conséquences militaires dont chacun avait tactiquement accepté l'éventualité. Qu'ils se permettent de poser des primes sur la tête de nos soldats alors que ces derniers n'ont rien fait de plus que leur métier – et convenablement, qui plus est. Alors peut-être qu'à l'avenir, vous serez amenée à nous apprendre des choses que nous ignorons sur nos shinobis, mais s'ils sont encore entre nos murs, ils relèveront de notre juridiction, et de notre sentence. »

Le contrat sous la main, Natsuki cessa de dessiner le portrait robot très réaliste de Kioshi dans la grande case vide avant de reprendre avec une voix légère.

« Mais je m'égare, je digresse. Kioshi donc. Ma foi, si vous préférez vous amuser à me le ramener vivant pour un procès juste et équitable qui prouvera que nous ne sommes pas des monstres, et vous une entreprise digne et fiable avec un code d'honneur respectable, je ne suis pas contre. J'accepte donc que nous procédions de la sorte. Alors alors... je remplis donc ici, ici, et ici. Commanditaire : Konoha. Motif : Il y a des menaces plus importantes que vous dans l'immédiat pour que l'on vous donne priorité. Et le reste, c'est à vous de le remplir il me semble, si j'en crois les petites astérisques. » dit-il en faisant pivoter la feuille pour la faire passer à Emi. « Rassurez-moi là où ce n'est pas nécessaire, quand vous ne déballez pas à vos cibles le nom de vos clients, vous cryptez toutes ces données, n'est-ce pas ? »

Plus Natsuki y songeait, et plus il voyait de défauts dans ce système de fonctionnement, mais peut-être que ces derniers se corrigeront d'eux-même, lorsque le Sikari aura assez d'influence pour ne plus aller débaucher des gitans du désert sans nation en guise de clients.

Son premier contre-argument fut Kioshi, et la raison de la présence de cette tête. Puis il enchaina en s’imaginant à ma place, si l’ex-Kazekage avait menacé les bâtiments du Sikari.

« Monsieur Nara, vous semblez oublier un détail dans votre vision du problème. Voir même plusieurs. Le premier, je ne suis justement pas concernée par les proliférations verbales du Yamada. Il est évidant que si cela aurait été le cas, j’aurais personnellement cherché un moyen de mettre l’adversaire incapable d’appliquer ses menaces. Hors ça ne l’est pas. Aussi je vous prierais de ne pas chercher à m’annexer à votre camp. Cette histoire ne me concerne pas, et je n’interviens qu’en tant que force extérieure. »

Pointant un instant de la main le bocal plein de miel, j’enchainai tout en prenant soin de ne pas regarder l’objet.

« Second point, quelle est la raison de ceci ? N’est-ce justement parce que Kioshi a demandé à mon entreprise un assassinat sur l’un des membres de votre village ? Tout ceci, l’ensemble de ce plan n’existe-t-il pas que pour contrecarrer cette réclamation, cette demande sanguinaire ? Il sera mit aux arrêts pour cela, mais ne sera pas assassiner en retour, justement parce que nul n’est encore mort dans cette histoire. Sauf erreur dans les explications données par vos Konohajins bien entendu. Cependant il vous sera livré, comme convenu lors de ce même entretient. »

Un sourire à la fois poli et purement commercial s’afficha sur mon visage, ravivé par moment alors qu’il expliquait les risques de décès et de meurtre dans le métier de ninja. Que s’imagine-t-il ? Je suis également concernée par tout ça. Le travail d’un chasseur de prime n’est pas simplement de récolter des informations, faire de la paperasse et de la politique.
J’acquiesçai d’un mouvement de tête, tandis qu’il expliquait clairement qu’en cas de pépin – pour rester polie – avec un konohajin, seul son village sera en droit et pouvoir d’agir et proférer une sanction. C’est compréhensible, leurs ninjas, leurs problèmes. Ils n’auront qu’à ne pas nous envoyer d’avis de recherche.
En même temps il remplissait le formulaire et acceptait officiellement le plan, à savoir ramener Kioshi au village de la feuille afin d’y être juger. Il me tendit ensuite le document, suivit d’une dernière question.

« Tout à fait, les informations ne sont accessibles que par le client concerné, les chasseurs de prime officiels ; à comprendre par là ceux qui ont réussi les épreuves d’entrée dans nos rangs ; et moi. Pour le reste de la population mondiale, tout ceci n’existe même pas. Et encore une fois, le cas de Kioshi ici présent est particulier, les raisons ont été expliquées. Vous êtes un homme intelligent, il n’est donc sans doute pas nécessaire que je me répète à nouveau sur ce là-dessus. »

J’abaissai ensuite les yeux sur la fiche, parcourant rapidement les notes inscrites au stylo noir.

« Cela suffira oui. En temps normal nous demandons au client de donner toutes les informations qu’il possède sur la cible, dans le but évident de réduire le temps nécessaire à la mise à exécution de la traque. Mais comme énoncé précédemment, nous sommes dans un cas particulier. Je me contenterais donc de ceci. » Me levant ensuite, je m’inclinai respectueusement. « Si vous n’avez pas d’autres questions, je retourne travailler. Vous souhaitant une bonne continuation monsieur Nara Natsuki. »

Le temps de ranger la fiche et je sortis, quittant Konoha pour une durée indéterminée, pour revenir si tout ce passe bien accompagnée de Kioshi.

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