Encore.

Fit-elle insensible à la jeune femme qui lui faisait face, une mèche rouge lui tombant devant le visage. Elle avait demandé à devenir plus forte. Et pour cela malgré ses chutes, il fallait qu’elle se relève. Encore. Encore. Encore … La laissant se relever, Miko reprit sa position, prête à répéter une nouvelle fois son assaut, tous les muscles de son corps tendus, attentifs, prêts à réagir. Une nouvelle fois elle s’élança, son élève esquivant ses premiers coups, avant de se retrouver en difficulté et de devoir parer la suite pour finir par se faire toucher à nouveau, la jambe droite de la Daimyô finissant de balayer sa défense et de lui faire perdre ses appuis.

Tu dois anticiper mes coups. Les esquiver. Pas les parer. La plupart des combattants essaieront de t’achever à l’aide d’une seule attaque et tu le sais. Tu ne dois pas leur laisser l’opportunité d’agir.

Se dirigeant vers le banc du terrain d’entraînement, elle sortit d’un sac une petite pochette qu’elle lança en direction de la rouquine… pochette qu’avaient déjà reçu d’autres Konohajins à qui elle avait appris ces mêmes techniques.

Prends-en une seule. Comme le reste de ma cuisine, tu n’apprécieras pas le goût, mais ça devrait réveiller tes muscles … et tes instincts. Je te laisserai mon carnet de drogues et pilules dopantes si tu le souhaites, mais … mieux vaudrait que tu les confectionnes toi-même. Je n’ai jamais réussi à rendre le tout très sain. Mais une chose est sûre, une seule ne te tuera pas.

Son entraînement avec son élève avançait à un rythme plus que soutenu. Au sommet du Mont Hokage, les deux femmes s’entraînaient sans relâche. Mizuki après avoir terminé son travail d’Hokage, et l’un des clones de Miko, qui avait cette fois était envoyé avec des boulettes énergisantes qui feraient monter le taux d’adrénaline de la jeune femme. L’Aburame utilisait directement des injections par le passé, mais ce procédé était plus dilué … moins nocif. Et une chose était sûre : elle ne voulait pas que Mizuki suive ses pas.

Dis-moi quand tu es prête.

Bien sûr la pilule ne faisait pas tout, mais il fallait que son corps s’adapte à ce gain, qu’elle comprenne par elle-même ce qu’elle devait faire. Mais d’ici là, leur danse pouvait continuer.

J’avais entraînement, aujourd’hui. Miko avait la bonté de me donner encore quelques leçons avant de fuir du pays. Oui parce que Miko fuit. Selon les premières enquêtes, c’est parce qu’elle aurait un trou quelque part. Alors où, j’ai ma petite idée, mais je n’en suis pas sûre à 100%. Bref. J’avais encore quelques affaires à régler, dont les petites requêtes que certains me soumettaient, comme cette charmante dame que l’on appellera Madame X et qui se demande à juste titre si elle a le droit de brûler ces petits malotrus qui viennent saccager son potager.

Peut-on brûler des gens ? Alors non, malheureusement, la loi Hijine ne le permet pas. L’occasion pour moi de rappeler ce qu’on peut brûler, hein, merci Madame X de me permettre cette tribune : on peut brûler des bâtonnets d’encens, des calories (ça c’est conseillé, sauf si on est mannequin là il est conseillé de manger, merci madame), on peut… brûler la chandelle par les deux bouts, de la même manière on peut manger la banane par les deux bouts, de la même manière on peut chanter Jean-Jacques Debout ou même encore assoir Gekei Notsuu (ça n’a rien à voir mais on fait ce qu’on veut) mais on ne peut pas brûler un individu, aussi nauséabond soit-il. Alors vous allez me dire qu’il est parfois difficile de faire le distinguo entre un bâtonnet d’encens et un être humain : et bien je vais vous donner un petit moyen de faire la différence. Si ça sent bon quand on crame le bout, c’est un bâtonnent d’encens, si ça ne sent pas bon (et parfois même avant qu’on crame le bout) c’est que c’est sans doute un individu qu’on ne peut pas brûler.

Un autre dossier me permettait de lire les résultats d’un philosophe qui avait décidé de se rendre dans les écoles civiles pour interroger les petits sur les grandes questions de société, comme par exemple cette question qu’il pose à Sakura, 7 ans : « que penses-tu du monde d’aujourd’hui, Sakura ? », et Sakura répond (trop mignon) : « Je crois qu’aujourd’hui le monde s’engouffre dans une guerre de civilisation qui n’est pas celle des peuples mais celle des puissances économiques et qu’elle en sert les intérêts communs. Ce foyer de violence suscite l’immigration massive et pose un problème d’accueil et de fraternité ». Ahaha… petit bout de chou. Bisous Sakura, n’oublie pas ton goûter.

L’heure de l’entraînement venue, je commençais à subir les coups, puis à les donner. Les progrès avaient été faramineux depuis la première session dans les jardins du Daimyô, mais c’était toujours insuffisant pour une Ombre. Attachant mes cheveux, je frappai, frappai, esquivai, frappai, parai, parai et parai, mes bras endoloris, tombant sur la dernière offensive de Miko qui me fit tomber en arrière.

Tu dois anticiper mes coups. Les esquiver. Pas les parer. La plupart des combattants essaieront de t’achever à l’aide d’une seule attaque et tu le sais. Tu ne dois pas leur laisser l’opportunité d’agir.
- Oh bah oui, c’est pas du tout ce que j’essaie déjà de faire…

Me relevant, un peu abattue, je la regardai s’en aller vers une sacoche. Même si mes progrès avaient été conséquents, j’avais l’impression de stagner depuis quelques séances et ça m’agaçait au plus haut point. Elle m’envoya une pilule en m’en expliquant les effets. De la drogue militaire, ni plus ni moins. Génial… Mais si c’était la façon la plus efficace de s’améliorer… Je la mis dans ma bouche, en ressentant les effets à peine quelques secondes plus tard. Tout semblait… Accru, intensifiait. Je sentais aussi bien les pas de Miko vers moi avant qu’elle n’arrive que les battements d’ailes des oiseaux qui volaient juste au-dessus. Mes réflexes étaient plus intenses, mais mes mouvements moins précis. Tout semblait se faire en accélérer, et il allait me falloir un petit moment avant de maîtriser cette nouvelle perception. Léger signe de tête en direction de Miko, qui lança l’assaut une nouvelle fois.

Comme je m’y attendais, ses coups me parurent plus lisibles, plus faciles à esquiver. L’assaut fut bien plus long que ceux d’avant, mais je n’arrivais pas encore à maîtriser mon corps, si bien que mes coups sous drogue militaire étaient imprécis, grossiers, presque grotesques. Je me sentais plus légère, plus souple, et cette nouvelle physique, cette nouvelle gravité qui régissait mon corps.

- Attends pause. Comment tu gères toutes ces informations qui se cumulent à la nouvelle… façon d’utiliser ton corps quand t’es sous drogue ?

Tu t’y habitues.

Fit l’Aburame à son élève de nouveau à terre avec un sourire en constatant ses pupilles dilatées. À coup sûr, le fœtus n’allait pas apprécier l’ingestion de la boulette… Pauvre petit, comment Mizuki te traitait-elle depuis tous ces mois… Ou pauvre petite ? Hmmm tant de questions encore sans réponses.

Mais ton seul soucis ne vient pas de ça. Ta maîtrise des arts martiaux est incomplète. Essaie de te trouver un professeur. L’un de tes élèves est Hyûga non ? Ce serait parfait. Un style de combat basé sur l’esquive, la redirection des coups de l’adversaire, et le simple touché. Tu n’as pas besoin de puissance. Avec tes connaissances médicales il te suffirait de toucher les bonnes articulations … ou alors de toucher pour déposer tes insectes que ce soit les tiens … ou des insectes nanoscopiques. Mais nous y reviendrons.

Levant les mains, elle libéra une bonne partie de ses insectes, les regroupant en une centaine de balles de cinq centimètres de diamètres tout autour d’elles, à distance respectable de Mizuki.

Pour le moment, concentre-toi seulement sur l’esquive. Pour ce qui est de la contre-attaque, on pourra revenir dessus quand tu te seras améliorée.

La première balle fusait déjà devant elle au niveau de ses jambes. Puis la deuxième sur le côté, puis la troisième.

Concentre-toi.

Chaque lancer était suffisamment espacé pour qu’elle s’y prépare, la cadence se compliquant légèrement, tout comme les zones visées.

Ces kuchiyoses avancent sinon ?

Elle aurait bien posé d’autres questions, comme des questions sur Ema ou Kibo mais niveau temporalité elle avait encore du mal à se situer. Mizuki les avait situé avant son départ… Mais elle disait n’importe quoi car elle était partie le lendemain de son annonce à elle. Et Mizuki ne combattait qu’un clone, c’était dit tout au début pour laisser la temporalité du rp floue et ne pas lui faire apprendre une nouvelle spécialité en trois jours. Ah les jeunes … trop pressés …

Avant toute chose, je tiens à signaler à mon partenaire que j’ai eu le créateur d’un monde parallèle où les Nara sont à Kumo et les Hyûga à Iwa au téléphone, et qu’il t’embrasse. Pardon : qu’il t’emmerde. Au temps pour moi j’ai… confondu. J’ai envie de commencer également par vous apprendre une triste nouvelle, une nouvelle… Horrible, une nouvelle qui va faire trembler le monde du Yuukan tel qu’on le connaît aujourd’hui. On a appris avec effroi que lundi matin, l’empereur, sa femme et le petit prince sont venus chez moi pour me serrer la pince, mais comme j’étais partie, le petit prince a dit : « Puisque c’est ainsi nous reviendrons mardi ». Et puis, mardi matin, l’empereur, sa femme et le petit prince sont revenus chez moi pour me serrer la pince mais comme j’étais partie, le petit prince a dit : « Puisque c’est ainsi nous reviendrons mercredi ». Et puis on l’apprend à l’instant, l’empereur, sa femme et le petit prince sont re-revenus chez moi pour me serrer la pince, mais comme j’étais partie, le petit prince a fini par se suicider. Une sordide histoire de calendrier, donc. Nos pensées vont donc à toute la famille de la victime.

Alors pour tout ceux qui me lisent – des gens que j’ai envie d’appeler sobrement « mes parents » – vous n’ignorez pas, malgré mes quelques retards à répondre à certaines choses, je suis en plein apprentissage d’arts martiaux, puisqu’on ne peut visiblement pas survivre plus de trois heures dans le monde actuel sans avoir besoin de faire des clés de bras, des esquives et autres bandé tollyo tchagui, qu’on appelle aussi momtollyo tchagui selon les coutumes – et si comme moi vous n’avez aucune idée de ce que c’est, et bien tant pis pour vous. Enfin, je dis ça, mais ce monde en changeant, il suffit d’un rien pour que dans quelques mois, ces fameux coups de pied circulaires (oh bah tiens en fait je savais ce que c’était) ne deviennent has-been et que faire des illusions sera le nouveau sport à la mode, mais comme la mode est au Taijutsu, et bien je me plie aux exigences de mon continent. D’ailleurs c’est bien connu, selon un récent sondage, si la mode était à la plume dans le cul, les poules se cailleraient le cul. D’où je sors ce sondage ? Du même endroit que ta plume. Vous n’ignorez pas non plus que j’ai un professeur du tonnerre – mais que je ne finirais pas marier avec malgré ma haute position dans l’état et son âge plus avancé, d’une part parce que non, et d’autre part parce que contrairement à ce monde onirique dans mes rêves, aucun gros bonhomme aux allures très sympathiques et plein de bonhommie n’est venu dire que le mariage entre personne du même sexe était légal, ce qui est bien dommage parce que ça nous prive de tout un tas de trucs cools comme Nuit Debout, La Manif pour Tous ou Frigide Barjot, tout un tas de trucs sympas sur lesquels on peut faire des tas de trucs cools comme jeter des cailloux). Ce professeur disais-je, qui est claire, concise et complète et qui répond à mes questions avec parcimonie. « Je m’y habituerais », dit-elle sur un ton guilleret et empli d’une compassion insoutenable. Ah, la drogue, quelle riche idée de l’homme.

Le nouvel assaut allait arriver. Me concentrant davantage encore, je la laissai approcher, esquivant son premier coup, son deuxième, son troisième, et ainsi de suite. Ne plus me concentrer sur la contre-attaque m’aider à rester concentrée pour éviter ses coups. Je m’en pris tout de même un au bout de quelques secondes de coups répétés, mais je la soupçonnais d’intensifier ses coups à chaque nouvelle tentative. Mordant de nouveau la poussière, je me relevai rapidement, m’époussetant le haut, écoutant sa question.

- Ca avance. J’ai signé le premier, me reste à m’entraîner avec. Je n’ai pas encore pris le temps de m’occuper du second, et ça va être une autre paire de manche. Et je n’ai pas trop le temps actuellement.

Subissant une nouvelle salve de coups que j’esquivais, de plus en plus rapidement et de plus en plus longtemps, je sentais que la drogue qu’elle m’avait donné faisait de plus en plus effet sur mon cerveau.

- Et toi, la vie d’itinérante chasseresse, c’est comment ?