Gouttes à gouttes, l'humidité qui s'accumulait sur les murs et le plafond de la sinistre pièce tombaient ici et là, produisant un petit bruit bien singulier que l'on pouvait normalement reconnaître au fond des grottes. Seulement, les murs coupés droits, quoique rongés par l'érosion en plusieurs endroits, ainsi que les multiples chaînes accrochés à ceux-ci par de solide plaque rectangulaire et métalliques, rappelaient facilement aux prisonniers des geôles de Kirigakure no sato qu'ils n'étaient pas dans une caverne, mais bien dans les abysses de la brume.

Les barreaux rouillés, mais toujours solides, des prisons dans lesquels étaient enfermés quelques criminels notoires de l'archipel se dressaient tel une barrière incassable devant leur liberté si cruellement arrachée. Cependant, c'était là le prix à payer pour ces meurtriers, violeurs, voleurs et bandits en tout genre. Contrevenir aux règles avaient été un choix pour eux dont les conséquences les avaient menées dans cette situation regrettable et qui signerait la fin de leurs vies pour certains. Une dur leçon qu'ils apprenaient tous en passant leurs derniers jours dans des conditions exécrables.

Tous?

Non...pas tous. Car l'un d'eux, bien au fond de sa cellule, sifflait des airs marins inconnus de ses compagnons d'infortunes et, quelques fois, un ou deux mots dans une langue étrangère au reste de la "compagnie" lui échappaient, ayant comme résultat de soutirer quelques regards curieux en sa direction...voir même des insultes de la part de ceux qui se sentaient atteint dans leur égo...frustré de ne pas comprendre ce que l'étrange personnage radotait dans son coin. Des insultes? Ooooh très probablement. L'homme était bien loin d'avoir une gueule d'amour et ses grands yeux, dont les paupières se plissaient régulièrement, avaient la facheuse habitudes de scruter les moindres actions et réactions de ses "co-chambreur".

Néanmoins, ils restaient tous attachés au mur par des chaines mesurant au maximum trois mètres et il était impossible pour eux de se toucher, au plus grand plaisir du malin marin qui en profitait pour renvoyer quelques vulgaires grimaces à ceux qui le fusillaient du regard lorsqu'il osait élever un peu trop le ton. Suite à quoi il ricanait tout bonnement dans sa barbe en chantant encore plus fort et dans sa langue étrange, roulant les "R" avec insistance...tel l'arrogant personnage qu'il était.

S'il se permettait d'agir ainsi, du moins, c'est surtout parce qu'il se savait en contrôle de la situation. Contrairement à eux, il avait fait le choix d'être retenu dans les cages de Kiri. Il avait fait le choix de se retrouver là...parmi la pire racaille du pays et pour deux raisons. Deux raisons bien précises qui le servirait probablement plus lui que n'importe qui d'autre.

Et c'est au moment où l'incorrigible barbu avait décidé de s'amuser à passer un bout de sa chaine contre les barreaux de sa cellule, faisant résonner à répétition le bruit du fer contre le fer, que la grande porte renforcé au fond de la pièce s'ouvrit. Le borgne sourit alors à pleine dent, dévoilant un rictus non pas blanc...mais à mi-chemin entre le brun et le gris...en ricanant derrière sa barbe crotté. L'assurance de l'homme qui entrait dans les geôles, sa posture...

...tout lui indiquait qu'il était celui qu'il attendait.

Il attendit alors que le grand homme des Archipels daigne porter un bref regard vers lui avant de lui tirer une révérence sarcastique, empreinte à la fois de sérieux, mais de moquerie aussi, qui lui donna un air plus fou et ridicule que respectueux ou insultant vraiment. Puis enfin, sa voix raque, grave et cassée, un brin nasillarde aussi, retentit plus fort que le claquement des maillons de la chaine qu'il venait de faire tomber sur le sol mouillé de sa prison.

Howard-

AH! Vous voilà "Mooonsieur". Je vous attendais avec impatience! Hehehe...la compagnie ici est plus qu'agréable...mais ce n'est pas pour ces charmant invités que je suis venu visiter vos geôles...mais bien pour vous! Oui!...vous...


Et le criminel se redressa tout simplement en faisant mine d'enlever le chapeau (qu'il n'avait plus) de sa tête. Aussi, celui qui venait d'arriver pouvait remarquer que l'homme parlait sa langue...mais avec un fort accent...qu'il n'avait jamais entendu. Les mots ne coulaient pas de manière aussi fluide que n'importe quel Mizujin de sa bouche.

Un étranger?

Hmmm...quel drôle d'oiseau venait d'attérir dans cette cage?

Il le saurait bien assez tôt...

Les mains jointes dans le dos, Michiki s’avançait dans les allées exigües des geôles peuplées de quelques misérables ayant importunés la Brume. Le nécromancien accorde de temps à autre un regard à ses malfrats qui pour la plupart restent intimidés par ce personnage à la réputation peu reluisante. Mais il n’est là pour aucun d’entre eux. Un invité bien particulier l’attend. Un homme appréhendé aux portes par le maton en personne. Un ex taulard que le Shinda a recruté au vu de son comportement exemplaire. L’homme est un de ses fidèles et le Fossoyeur se réjouissait d’un tel allié à ses côtés. Il ne tarda pas à le retrouver près du bloc de confinement des invités « privilégiés ». Il entra dans l’immense pièce en compagnie de Bannin qui lui désigna la cellule où l’attendait le lascar.

De tout le beau monde réuni dans ce cachot, il était le seul qui ne semblait pas se soucier de son sort. Se montrant un poil irritant, voir même insolent, il reprit du poil de la bête en voyant le Shinda arriver. Il semblait ravi de le voir et il l’interpella sans plus de cérémonie. Michiki ne répondit absolument pas. Il observa l’homme de bas en haut. Puis il reprit la direction de la sortie. Bannin s’avança vers les barreaux qu’il écarta à mains nues. Il empoigna violemment le concerné et il le fit sortir de la cellule, en n’omettant pas de tordre les barreaux à nouveau. Puis le tandem précéda le Mizukage dans un dédale de couloirs menant à des pièces vides mais moins crasseuses que les cachots.

En choisissant une au hasard, Michiki fit signe à son gardien de faire entrer l’homme dans une des pièces. Il le fit s’asseoir sur une chaise prévue à cet effet. Une autre attendait le Rokudaime. Une fois que les deux hommes eurent pris place, Bannin menotta le Nukenin en le rattachant à une chaîne courte mais robuste, ancrée dans le sol par un anneau. Ceci étant fait, il observa son supérieur qui lui fit un signe de tête. Et le Ganseki abattit son lourd poing sur la joue du bonhomme à barbe. Puis sur un nouveau signe de tête, le geôlier laissa là les deux hommes en tête à tête. Les bras croisés sur la poitrine, ce fut Michiki qui entama les hostilités :

- C’était pour te rappeler les deux vies que tu as pris pour cet entretien. Estime toi heureux déjà que je sois venu. Il aurait été plus malin et cruel de te laisser croupir à jamais dans une cellule. Mais tu es chanceux car je suis curieux. Néanmoins je n’aime pas perdre mon temps. Alors explique-moi pourquoi je dois présenter mes excuses à deux veuves et j’espère que ça vaut le détour. Sinon je rappelle ton petit copain qui t’attend à l’entrée là.

Un pas, puis un autre. Un troisième...et un quatrième. L'homme marchait à cloche-pied au rythme qu'on lui imposait, malgré son mal de crâne persistant qu'il avait depuis son arrestation ainsi que sa blessure à la jambe qui, elle, devait probablement dater de bien des années. Fourrant d'abord son regard à gauche, puis à droite, il nargua une dernière fois ses anciens compagnons de cellules en leur affichant un grand sourire fendant. C'est donc entre deux rires complètement déjantés, gras et rauque...quoique très sincère...que le marin leur envoya ses adieux les plus formels. Un adieu employant tant d'énergie que le pirate en glissa sur place, se laissant simplement traîner, les genoux au sol et les bras biens étirés vers l'avant, par le colosse qui tenait les chaines qui l'empêchait de s'enfuir en courrant.

Howard-

CE FUT UN PLAISIR MESSIEURS. HEHEHEHE!! À la prochaine... peut-être...ou pas. HAHAHA!!!


Puis, tentant aussi bien que mal de se redresser, il continua sa longue, mais ô combien agréable, marche en compagnie du duo Kirijin. D'abord ils franchirent une porte de fer qui les firent quitter les cachots où il venait de passer plusieurs jours, puis ils prirent à gauche sur le couloir, longeant un mur où plusieurs torches brulaient grâce à de l'huile et un chiffon. Sur le chemin, ils croisèrent plusieurs autres cellules où semblaient être enfermés des criminels moins "dangereux" que pouvait l'être le barbu borgne. À ceux-ci, il son regard s'attarda plus longuement que les autres. Il tenta de retenir l'image de leur visage au fond de sa mémoire...car il se doutait bien que leur séjour ici serait de courte durée...et que les pauvres seraient cruellement en manque d'emploi et d'argent à leur sortie. Chose à laquelle il pourrait remédier si jamais les affaires se passaient bien.

Puis, vinrent les salles de tortures où le pirate préféra ne pas porter d'attention particulière sur ce que l'on y faisait. D'ailleurs, ce n'était que brièvement que le trio passa dans la zone, puisque la porte qu'ils avaient pris pour y accéder était à quelques mètres à peine de celle qu'ils prirent pour en ressortir. Et enfin...ils arrivèrent dans un passage donnant sur plusieurs pièces quasiment vide...si ce n'était que quelques chaises et une table qui en décoraient le centre. Les salles d'interrogatoires probablement.

Howard tourna d'abord la tête vers le geôlier qui lui remettait des menottes reliées au centre de la table par une courte chaîne. Tout sourire, le captif alla le remercier, mais la droite qu'il se mangea lui fit plutôt cracher quelques gouttes de sang, suite à quoi l'enchainé répondit d'une insulte dans sa langue maternelle. Un coup qui devait lui rappeler les raisons de sa présence ici...chose qui ne fit que lui soutirer un ricanement aux couleurs rougeoyantes, pendant qu'il essuyait un petit filet de bave ensanglanté sur ses lèvres craquelées.

Howard-

Hehehe...allons, ils se sont engagés en connaissant les risques de leur métier! Mais oui, c'est triste pour les enfants..mais...OH!! TIENS!! Faut voir le positif! Ils deviendront probablement des soldats plus tard aussi, histoire de remettre les crapules dans mon genre à leur place hehehehe! Tu vois...je t'ai rendu service!

D'ailleurs...parlant de service...je t'en dois un maintenant. VOILÀ POURQUOI JE SUIS ICI hehehe. Je t'en dois une mon ami! Et je ne repartirai pas tant que je ne t'aurai pas rendu ce que je te dois, ou l'équivalent. Parole de How...Hm Hm...Fukitsu!



Puis, sans attendre de réponse, l'homme s'avança sur le bout de sa chaise avant de courber le dos vers l'avant. Il écrasa son poids sur ses coudes, couchant presque le haut de son torse sur la table qui les séparaient afin d'approcher son visage du Shinda afin d'être assez proche pour qu'il entende ses murmures. Puis, en un souffle à semi coupé par la pression qu'exercait le bout de la table sur son ventre...il parla...chatouillant les narines du chef de la brume de son haleine fétide et pourrie.

Howard-

Je ne suis pas con, Mizukage! Nous savons très bien vous et moi que la valeur d'un homme ne se mesure pas par ses paroles, mais par ses actions et, malheureusement, je ne crois pas qu'il m'aurait été possible de piquer votre curiosité autrement qu'en vous dévoilant une partie de ce que j'sais faire.

Alors...j'ai eu la brillante idée que d'avoir une dette envers vous...et une bonne...serait le meilleur moyen de voir quel genre de partenariat nous pourrions avoir hehehe. À ce que je sais...Mizu a ses problème avec la piraterie...non?

Je pourrais...m'en occuper...si vous m'en donniez l'autorisation...hehehe. Je sais plus que quiconque comment...parlementer...avec les bandits des mers...

- Leur métier était tout autre que de crever pitoyablement devant leur foyer pour un simple vagabond de bas étage.

Michiki s’était montré assez acerbe vis-à-vis des premiers mots de son prisonnier. Le personnage ne lui inspirait guères de sympathie. Les récits de son arrestation lui ayant suffi. Non pas qu’il avait été choqué par la barbarie de ses actes. Il en faudrait plus pour ébouriffer le poil du nécromancien. Ce n’était pas le dégoût qui le rendait aussi agressif mais la colère de voir ce guignol se pointer devant le village pour impunément descendre deux de ses hommes comme s’ils n’étaient que de simples civils. Les gardes avaient été déjà bien gentils de le capturer. Le Shinda ne leur aurait pas tenu rigueur de le descendre sur le champ. Mais Bannin était quelque peu pointilleux, voire trop restreint, dans son interprétation des protocoles et règlements. Mais c’était aussi ce qui lui avait valu ce poste. Michiki pouvait avoir une confiance aveugle en cet homme.

Toujours est-il qu’il resta à l’écoute des dires de son invité. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il ne comprenait pas tout le charabia de cette énergumène. Michiki avait du mal à voir en quoi ce saltimbanque lui devait un service. Lorsqu’il entendit ce qui avait attiré cet homme jusqu’ici, le Shinda aurait pu éclater de rire s’il ne s’était pas interdit toute forme de courtoisie et de sympathie pendant l’entretien. Au lieu de ça, un visage fermé et un regard à glacer le sang toisait l’espèce d’alcoolique qui venait cracher son souffle putride au visage du Fossoyeur.

D’un simple doigt accusateur, Michiki le déposa sur l’épaule du Nukenin et le poussa à se remettre le plus loin possible de lui. Faisant mine d’essuyer son majeur par la suite, il finit par fendre le silence de sa voix acéré par sa fureur :

- Les actes en disent long comme tu dis. Les actes montrent que tu as massacré deux de mes soldats pour une simple histoire de « On dit ». La piraterie SEVISSAIT à Mizu avant que je ne prenne en main les choses pour purifier ses terres du Mal qui la rongeait. Si Kiri est de nouveau aujourd’hui, cela ne se serait pas fait sans le règlement du problème de la piraterie. Qui que soit ton informateur par conséquent, il était mauvais.

Se coupant brièvement dans son discours, Michiki en profita pour sortir une cigarette. Il prit le temps de l’allumer et d’en savourer la première taffe, soufflant le nuage de nicotine jusqu’au bout du nez du vagabond.

- Non vois-tu ce qui m’insupporte le plus aujourd’hui sur cet archipel ce sont les quelques Nukenins encore hardis qui s’imaginent que ce pays reste une terre d’accueil qui offre un bon moment de repos avant de s’en retourner à leurs méfaits divers. Et cela commence à très légèrement m’agacer. Donc quand l’un d’eux se présente de lui-même à mes portes, en se montrant clairement coupable d’un acte d’homicide sur la personne de Kirijins, je vois là une opportunité inespérée de me détendre. Aussi j’ai du mal à voir en quoi TU me dois un service. Là pour le coup tu viens de conclure une dette de sang. Je puis t’assurer que s’il y a bien une personne dans le Yuukan à qui tu préférerais ne rien devoir c’est bien moi. Alors voilà comment je vois les choses.

Un vaste geste de la main dissipa une partie de la fumée qu’il venait de recracher. La braise de sa cigarette rougeoya sur le moment pour apporter un bref point de lumière sur le verre de ses lunettes. Une étincelle dans l’immensité bleutée des yeux, tel l’espoir s’éloignant des rivages de la réalité.

- Je te tue en place publique. Je récupère ton corps afin de le ressusciter et le soumettre à ma volonté personnelle. Puis je m’en sers à mon bon plaisir pour régler toutes les petites affaires que tu cherches à accomplir pour moi. Je gagne de ce fait un esclave et une manière de régler mes petits problèmes de nuisibles. Ça me paraît plutôt honnête comme marché tu ne trouves pas ?

Bien sûr le vagabond ne risquait pas d’être de cet avis et le Shinda était d’emblée impatient de voir par quelle pirouette l’homme allait se tirer de ce mauvais pas. Car s’il n’avait pas plus juteux à lui proposer, c’était au bout d’une corde que se terminerait ses rêves de gloire.