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Je rêve ou bien ce travail est pour moi ? Est-ce que les instances compétentes de Kiri savent à qui ils donnent cette mission ? Est-ce que les hautes sphères du village ont un cerveau ? Il y a là tant de questions qui fluent refluent dans mon esprit à ma première lecture de la lettre. Non pas que la mission en elle-même ne corresponde pas à mes compétences, loin de là. Disons juste que je trouve l’ordre un tantinet incohérent. Pour exprimer le fond de ma pensée, je vais prendre un exemple simple. Si je suis à la lettre ce qui est écrit sur la missive, je vais devoir poser des parchemins explosifs à des endroits bien précis dans le but de faire sauter le territoire et donc détruire le temple. Bon, soit. Qu’à cela ne tienne, je veux bien. Mais pourquoi poser des explosifs ? Pourquoi perdre autant de temps en manipulations fastidieuses ? Pour une fois que mon Kekkai Genkai peut s’avérer utile, on m’interdit de l’utiliser ? Ah la la… La blague. Dommage. Cela aurait été si simple. Loin de moi l’idée de paraître prétentieux mais il se trouve que j’ai justement dans ma palette de technique, le jutsu parfait pour ce genre de situation. Concrètement, il me suffit de claquer un pied – et de dépenser une quantité colossale de chakra – pour faire jaillir des entrailles de la terre une faille et des colonnes de lave qui détruisent tout sur une bonne partie du territoire. M’enfin. Inutile de se plaindre, un ordre est un ordre et quoiqu’il arrive, ma condition de shinobi fait que je dois me résoudre à obéir. De ce fait, je vais procéder comme ils le suggèrent dans la lettre. En somme, je vais procéder comme une femme.

A noter que je dis « je » bien qu’en vérité, nous allons être deux sur cette affaire. Pour une raison qui m’échappe je pars en effet à Tsuchi en compagnie d’une Aburame. Une dénommé Miko. Pour la énième fois on me refile un membre du village de la feuille comme partenaire de mission. Après le moine transsexuel et Kenzaku, voici venir Miko, inconnue au bataillon mais vraisemblablement jonin de Konoha – en gros, son grade indique que cette fille n’est pas une néophyte. Si ça continu comme ça, je vais finir par connaître tous les membres de ce village ce qui, quand on y pense un peu, n’est peut-être pas une si mauvaise chose.

Dans le but de faciliter notre rencontre, nos deux villages nous ont donné un point de rendez-vous clair et précis. C’est à cet endroit-là que commencera officiellement cette mission. La ponctualité étant l’un de mes – seuls ? – points forts, je sors assez tôt de chez moi puis me rends directement au lieu indiqué sur la lettre que j’ai reçu. Pour ne pas changer, je suis en avance et patiente cinq à dix minutes le temps que ma partenaire de fortune – ou d’infortune au choix – pointe le bout de son nez.

« Miko je présume ? Moi c’est Shinichi, enchanté. »

Étant noble, je me dois d’être poli et courtois à l’égard de la kunoichi, question de principe vous voyez. En revanche, qu’on se le dise, si on ne m’avait pas donné son nom ni même son sexe, je n’aurais pas deviné qu’il s’agit d’une femme. Mais bref. Là encore, ce n’est peut-être pas plus mal ainsi. Ça me changera d’Inori et des autres filles en son genre. Dans tous les cas, je suis prêt à partir pour Tsuchi no Kuni. J’espère qu’il en est de même pour elle. Quoique … Non tout compte-fait, je ne suis pas prêt. Quitte à devoir nous infiltrer autant prendre les bonnes habitudes et nous transformer maintenant. Elle, elle peut garder ses traits normaux, moi en revanche, je suis assez connu sur tous les continents. De fait, je vais user du henge. Passer inaperçu sera plus simple si je prends le faciès d’un homme lambda.

Pouf ! Je compose un unique mudra et me transforme en homme brun aux yeux verts d’une trentaine d’années.

Citation :

Voilà plusieurs mois que la région de Ta no kuni est neutre et ne possède aucun passé militaire, respecté grâce à leurs moines, jusqu’à présent personne n’avait tenté de les soumettre. Nous avons appris récemment qu’un grand groupe de déserteur à prit possession du temple principal. Les autres plus petits temples ne résistent pas et tombent les uns après les autres, la plupart des moines se sont donc regroupés dans un monastère au sud de la région. Votre mission est de vous rendre dans ce monastère, de récolter des informations sur les forces adverses en place et de vous infiltrer à travers la région. Ne vous faites pas surprendre car ils sont très nombreux, la moindre erreur pourrait s’avérer fatale. Le second objectif est de placer des explosifs à des points stratégiques pour réveiller la faille qui sommeille sous terre. Celle-ci détruira le temple principal et donc fera fuir les déserteurs, vous pouvez en tuer quelques-uns mais ne vous faites surtout pas repérer…

Une mission simple s’il en était, en gros l’ordre de mission se résumait à faites tout péter sans vous occuper des civils. Car oui détruire le soit disant temple principal de Ta no Kuni dérangerait peut-être les brigands qui n’auraient alors plus de QG, mais réduirait à néant la vie de plusieurs des moines encore vivants, captifs, ou tout simple un patrimoine culturel non négligeable. Cela me refaisait penser à la destruction du Temple de Kyubi, figure spirituelle de Hi no Kuni jusqu’à … sa destruction récente qu’aucun Konohajin n’avait su décemment empêcher. Les shinobis envoyés pour la destruction du temple à l’époque avaient-ils reçu un ordre semblable, ciblé, ou avaient-ils eu le champ libre ? Une question à laquelle je ne pouvais correctement répondre… Hmm. Ta no Kuni. Territoire sur lequel régnaient les moines maîtres de l’Art de Maskine. Ils n’avaient pas été touchés jusqu’à présents par les désirs de conquête des grands pays, mais cela ne les avait pas empêché de se faire attaquer … et de subir à présent l’ingérence des deux grandes nations qu’étaient Konoha et Kiri… Kiri. Village toujours présent quand il s’agissait d’expansion, de carnage ou autre. La présence de Konohajins sur le terrain était légitime car nous partagions une frontière commune et les villages frontaliers étaient menacés par cette présence de brigands non loin. Laissant mon bandeau chez moi, je me munissais d’un faux que je glissais dans ma poche. Entreposant également une liasse épaisse de parchemins explosifs tous percés par un même fil dans mon sac avec mes affaires de mission habituelles, j’avais cette lourde impression d’être une sorte de kamikaze, de bombe humaine. J’avais beau être rassurée en sachant que seule une impulsion de mon chakra ferait exploser le tout, je n’en demeurais pas moins légèrement crispée.

Le rendez-vous avait été donné non loin de la frontière sud-est de Ta no Kuni de sorte que le Kirijin n’ait pas à passer par le territoire du Pays du Feu contrôlé par Konoha. Le Kirijin … Shinichi Kitase… Autrement dit, de nom, le Mizukage du village caché de la Brume. Une blague ? Etait-ce le vrai ? Je n’avais pas le souvenir que notre Yondaime Hokage partait en mission à l’étranger comme cela avec un parfait inconnu. Ce Shinichi n’avait-il pas peur des risques à faire confiance à une inconnue dans mon genre ? Quoique non, après tout à Kiri ils avaient un système étrange d’après ce que j’avais entendu dire… Deux Kages ou quelque chose dans ce genre… Arrivant au point de rendez-vous, emmitouflée comme à mon habitude, mes lunettes fumées sur le nez, je m’avançais vers le Kirijin qui se présenta. Apparemment lui aussi avait eu un minimum décent d’informations sur moi. Nom, prénom, manipulation des insectes à tout casser. Mais en étais-je bien sûre ?

« C’est cela, enchantée Shinichi... Pour reprendre une formule de politesse de votre pays, puissions-nous réussir à tout casser et à répandre le sang de nos ennemis.»

Je devais avouer que j’aimais jouer à la plus maligne quand il s’agissait de Kirijins, leur réputation de barbares sanguinaires les précédant. Et même si je me doutais que ces histoires n’étaient qu’en partie fondée, et que j’avais pu constater que certains Kirijins et d’autres étaient soit raffinés soit correspondant aux normes, je ne pouvais m’en empêcher. Serait-il susceptible face à mon humour peu fin ? Les Aburame n’étaient que peu connus pour leur sens de l’humour je devais l’admettre. Le regardant utiliser un henge pour ressembler à quelqu’un de plus ‘‘banal’’ et de plus âgé, j’approuvais silencieusement. Son identité pour m’être connue devait également l’être d’autres personnes à Ta no Kuni. Et même si j’étais bien plus quelconque que lui, je ne pouvais risquer que les moines apprennent que Konoha avait fait exploser l’un de ses temples … même si je devais avouer que pour ce qui était des brigands je ne me faisais pas réellement de soucis quand à mon identité. Nous devions tout d’abord nous rendre auprès des moines réfugiés… J’avais réfléchi à ce problème d’obtenir des informations sans créer de conflit diplomatique au vu de la suite de notre mission, et je pensais avoir trouvé … Quelque chose. Sortant un rouleau de ma poche je m’agenouillais par terre pour le dérouler.

« Je suis contente que vous compreniez l’enjeu de notre infiltration, cependant il n’en reste pas moins que des touristes aux airs louches interrogeant les moines avant l’explosion d’un de leurs temples attirera l’attention sur les grands villages shinobis. Kumo et Konoha seraient probablement plus soupçonnées que les autres nations mais si cela devait arriver je ferai en sorte que l’innocence de Kiri dans cette affaire soit également entachée ne vous en faites pas… Cependant réjouissez-vous, j’avais l’idée d’une couverture … crédible.»

Composant un mudra je faisais apparaître un palanquin muni de roues arrières, avec deux charnières avant en bois pour que celui-ci puisse être tiré. Un vulgaire pouce-pouce quelque peu stylisé pour certains sûrement, cependant nous étions deux, non trois, j’avais dû faire avec ce que j’avais dans ma précipitation. Quelques autres mudras et au lieu de revêtir mes traits habituels d’Aburame ne prenant pas soin d’elle, emmitouflée dans son manteau, j’arborai à présent l’apparence d’une de ces femmes nobles aux traits si fins. Qu’on ne vienne pas me dire que je ressemblais à une vulgaire Geisha … Même si mes traits étaient plus doux, je gardais encore les mêmes capacités au combat, Mizukage ou pas, je n’allais pas me terrer dans un coin, effrayée.

« Quoi de plus banal qu’une noble entreprenant un voyage spirituel à travers Ta no Kuni ? Accompagnée de son garde du corps et valet bien sûr.»

Regardant avec un petit sourire satisfait la personne qui avait remplacé l’apparence enfantine de ce Shinichi, j’attendais sa réponse, croisant les bras le temps qu’il se décide. Bien sûr qu’il avait le choix, le choix d’exploser la charrette en guise de protestation. Cette idée m’avait trotté dans la tête et m’avait semblé crédible, mais s’il se surestimait et pensait pouvoir berner toute une assemblée de moines guerriers je suivrais sa méthode … de loin bien entendu.