La bataille fut terrible et sanglante. Les cris et les cadavres n’ont pas quitté mes rêves depuis ce fameux jour. Le jour où mon pays est tombé. Le jour où Shimo a perdu. Alors que depuis toutes ses années ma conviction et ma loyauté envers Kumo avaient été sans faille, je doutais aujourd’hui du choix que j’avais fait. Défendais-je vraiment la justice ? Kumo était un village violent, je le savais depuis le début, mais ses dirigeants s’avéraient relativement modéré, sauf exceptions. Le pire fut un dénommé Seki Zennosuke, le Godaime raikage. Kadoria Manzo, l’actuel chef du village me semblait plus respectueux de la vie et de la justice mais….  Tous ces morts… Notre attaque était justifiée, notre casus belli parfaitement légitime. Nous étions intervenus sur la demande des rebelles afin de destituer le règne tyrannique de leur daimyo. J’avais su contenir les envies meurtrières du groupe que je dirigeai, mais il n’en était pas de même pour les autres. Des soldats, des loyalistes, mais aussi des civils, des nobles… une vraie boucherie. Et j’étais justement convié par l’un des instigateurs de cette boucherie. Un dénommé Seki Hasaki, Général du Satoru et chef du clan Seki. Une figure forte du village, un soldat loyal à Kumo et à son Raikage. Mais un homme dénué de toute empathie et de tout sens moral, la victoire à n’importe quel prix.
 
Je ne m’étais pas encore totalement remis de mes blessures. Mes jambes, mon torse et mes bras portaient encore les cicatrices du combat. Mais celles-ci étaient refermées, contrairement aux blessures de mon esprit. Je n’avais pas le temps de me remettre des derniers événements que je devais me préparer à partir pour Hai no Kuni, où se trouvait la base du Shukai. Organisation criminelle, ils étaient nos alliés dans le combat contre l’empire. Contrairement à ce qu’on aurait pu penser de moi, je ne trahissais pas mes convictions. Les actes des villages cachés n’était pas bien plus glorieux que ceux de cet organisation. Les cadavres sur le pas de nos portes étaient bien plus nombreux que les leurs. En la rejoignant, j’espérais parvenir à lier de nouveau contact, agir plus efficacement pour Kumo et mes valeurs et enfin gagner en puissance. Mais je doutais maintenant du bien fondé de mon action envers le village et je pensais au Kyomu comme d’un plan de secours.
 
Mes pas me dirigèrent vers l’un des bâtiments du Satoru. Secouant la tête pour effacer ces doutes qui ne faisaient qu’obscurcir mon jugement, je m’enfonçais à l’intérieur et fut interpellé par une main du Satoru. Celui-ci me salua brièvement – salut que je lui rendis – et m’invita à le suivre jusqu’au sous-sol. Il me conduisit jusqu’à une immense salle qui semblait se poursuivit sur plus d’une centaine de mètre. Le terrain avait été creusé à même la roche, les murs et le sol n’était que de la pierre brute. Des râteliers étaient disposé autour de cercles, qui devaient servir d’arènes de combat. Le soldat me conduisit jusqu’à un cercle où se trouvait le fameux Seki. Il s’inclina respectueusement puis fit volteface et retourna à son poste. Le silence se poursuivit quelques secondes pendant lesquelles je jaugeai ce qui allait probablement être mon adversaire du jour. Un homme puissant à n’en pas douter. Hasaki basait ses techniques sur des invocations chakratique, talent dont il pouvait user grâce à son Kekkei Genkai. Il me faudrait donc m’en débarrasser au plus vite au risque de devoir gaspiller mon chakra contre de simple pantins. Mais nous n’en étions pas encore là et j’inclinai la tête pour saluer le Général Kumojin.
 

« Bonjour Général. Que me vaut l’honneur de cette invitation ? »

Mon clan, mon peuple, mon sang. Peu de personnes savaient qui j’étais réellement à Kumo. Un réfugié du clan Kinzoku, un maître du métal de premier ordre. Enfant, mes talents pour ma maîtrise ne s’était déclaré que tardivement, me valant d’être traité comme un paria et un raté. Mais aujourd’hui, je comprenais bien la différence entre nous, et ceux ayant appris la maîtrise du métal autrement. Chez nous, sentir le métal était inné. Nous possédons une affinité naturelle à cet élément. J’irai même jusqu’à dire que dans un environnement totalement dépourvu de métal, nous pourrions nous sentir mal à l’aise, avoir la désagréable sensation que nous ne sommes pas à notre place.

Le Seki ne laissa pas la situation s’envenimer et l’apaisa sans attendre. Il m’expliqua que nous n’allons pas réellement nous battre mais qu’il voulait plutôt tester ma force. Les récits de mes exploits lors de la conquête lui étaient-ils parvenus jusqu’à son oreille ? Je me souviens encore de cet instant où j’ai vu voler son cadavre dans la salle du trône, cadavre qui atterrit à nos pieds dans un fracas d’os et de chair. A cet instant je ne pensais pas que le Seki serait capable de s’en sortir et plus encore de récupérer si rapidement. Hasaki n’avait pas pu nous voir dans la salle du trône battre le dernier obstacle qui barrait encore notre route, mais le résultat était là. Law, Yuji, Sumasu et moi-même étions les seuls parvenu jusqu’au bout. Nous étions les vainqueurs de la conquête de Shimo. Un sentiment de culpabilité m’envahit au souvenir de cette victoire, de que j’avais ressenti dans la salle du trône et de ce que je ressentais depuis ce jour en y repensant. Fierté, joie, tristesse, colère. Je m’en voulais de ressentir de la fierté d’avoir vaincu à Shimo. D’avoir vaincu ceux qui autrefois m’avait traité tel un moins que rien. D’avoir vaincu ce qui fut pendant de très nombreuses années mon pire cauchemars. Mais encore une fois, l’heure n’était pas à la réflexion mais à l’action.

Quelques secondes étaient passés depuis la fin des explications du Seki et je me tenais toujours là, immobile. Je me souvins alors des derniers propos du Général, il voulait que je lui envoie une technique de Ninjutsu pour qu’il puisse tester ma force. Si ma démonstration lui plaisait, alors seulement il m’expliquerait la raison de ma venue. Hasaki se tenait fermement positionné sur ses appuis, les bras positionnés pour encaisser mon attaque. Pensait-il pouvoir m’arrêter avec la seule force de son corps ? Plus qu’un défi, c’était un affront que le Général me lançait. Affront auquel je ne tardai pas à répondre avec la plus grande fermeté. J’étais un Kinzoku, un Kinzoku de Shimo no Kuni.

Je reculai légèrement, puis m’abaissai légèrement pour consolider à mon tour mes appuis. Ma main droite vint au niveau de mon pied gauche, remontant ma jambe, ma jambe jusqu’à mon autre main, puis je recommençai à nouveau de l’autre côté. Mon corps se chargea peu à peu en électricité ? Energie que je concentrai dans mes membres et qui traversait mon torse pour gagner en puissance en se nourrissant du Raiton créé dans mon torse et dans mes bras. La technique ne laissait aucune place à l’erreur et se devait d’être parfaite. A la moindre faute, toute l’énergie emmagasiné se déchargerait dans mon cœur et me tuerait sur le coup, des arcs électriques jaillissait sur ton mon corps et retombait vers la main directrice. La danse se poursuivit pendant 5 secondes puis, je tendis mon bras en direction de mon ennemi et toute la puissance et la férocité de mon attaque se déchaina. Une rayon laser d’une puissance inouïe jaillit de ma main et vint pour pourfendre mon ennemi. S’il voulait une démonstration de force, le Seki n’allait pas être déçu. Toute la salle fut plongée dans une lueur immaculée. Le bruit assourdissant provoqué par l’arc électrique s’amplifiait en rebondissant sur les murs et eut tôt fait d’alerter toute personne présente dans la bâtiment de la puissance de l’attaque.

Spoiler:

Ma technique fondait sur mon ennemi et nul doute que celle-ci ne serait pas sans conséquence. Pourtant, le Seki ne bougea pas même le petit doigt et attendit qu'elle ne vienne à lui. Toute la puissance de mon Raiton se déchaina alors, mais aussi surprenant que cela puisse paraître la technique ne le carbonisa pas sur l’instant. Les mains du Seki qui étaient rentrées en contact avec ma technique l’absorbèrent, puis il visa une cible à sa droite et la foudre jaillit de son corps – avec la même intensité qu’au départ – et vint pourfendre la cible ainsi que tout ce qu’il se trouvait derrière. La puissance de l’attaque fit exploser les murs fait de rochers et des débris filèrent dans tous les sens. La paroi alors fragilisée s’écroula légèrement pour combler le trou à peine créer et le silence s’installa. Hasaki suait à grosses gouttes et enleva son haut laissant entrapercevoir les tatouages des sceaux apposés sur son corps. Il s’assit en s’écroulant maladroite sur le sol, puis prit quelques secondes pour reprendre sa respiration avant de m’adresser la parole.

J’étais parvenu à surprendre le chef de nos armées – qui me donnait l’impression d’avoir un peu près le même niveau que moi – qui selon ses dires avait failli y passer. Lors des présentations, le Général avait insisté sur le fait que ma technique devait lui plaire pour qu’il m’explique la raison de ma convocation et j’avais agis en ce sens. Mais quelle ne fut pas ma surprise en voyant ainsi ma plus puissante technique de Raiton dévié comme un vulgaire éclair. Interloqué, j’étais resté immobile dans cette position jusqu’à ce que le Seki ne passe aux explications de ma présence. La surprise qui pouvait se lire sur mon visage laissa place à un air sérieux lorsque Hasaki me proposa de m’enseigner l’un des arts du clan Seki en échange d’un entrainement visant à tester ses autres capacités. Je n’avais aucune idée du pouvoir dont il venait d’user et jamais de ma vie de Shinobi je n’avais entendu ou lu pareille histoire. Mais avant de passer aux questions, mon interlocuteur attendait une réponse et je ne pouvais décemment faire attendre un général.

« Je serai ravi de recevoir un enseignement de votre part et de pouvoir vous être utile en retour, général. »

Disais-je en en baissant légèrement la tête en signe de respect. Les mains dans mon dos, adoptant une posture plus solennelle je pris alors quelques instants pour réfléchir plus intensément à sa proposition. Ma maîtrise du Kinton était à l’époque médiocre et donc grandement perfectible. De nombreux arts m’étaient encore inconnus et il fallait en trouver un qui était à la fois réalisable grâce au pouvoir des Sekis et des Kinzokus. Mon esprit vagabonda quelques secondes, explorant les possibilités et s’arrêta sur une rumeur que j’avais entendu sur le guerrier. Selon ce qu’il se racontait, le général était capable de matérialiser son chakra pour lui donner la forme de bêtes et de leur insuffler la vie. Des « golems » de chakra que je pensais pouvoir réaliser en métal si j’avais la connaissance nécessaire. Seul il me faudrait des années pour pouvoir espérer découvrir le moyen de le faire et perfectionner cet art mais avec l’aide du Seki, ce qui prendrait normalement autant de temps était réalisable en une journée.

« J’ai entendu dire que vous maîtrisez l’art de faire des créatures de chakra et je pense qu’il serait possible que je reproduise la même chose avec mon métal. Accepteriez-vous de me l’enseigner ? »

Je marquai alors une courte pause afin d’être bien certain de l’attitude à entreprendre puis continuai.

« Mon général, sans vouloir paraître irrespectueux, pourriez-vous m’expliquer comment vous avez réalisé un tel prodige ? Cette technique est la plus puissante de mes techniques de Raiton, voire même le plus puissant de mes ninjutsu. »

Plus qu’une simple surprise, je ressentais de la crainte voire de la peur. Posséder le pouvoir d’absorber et de renvoyer n’importe qu’elle technique physique, sans l’aide de Fuinjutsu ou d’autre subterfuge, dépassait tout ce que j’avais pu imaginer. Mais l’étonnement passé, je me reconcentrai et m’assit en tailleur pour écouter les explications de mon professeur du jour concernant les créatures de chakra. Le Général m’expliqua qu’il m’était tout à fait possible de créer ces créatures avec ma maîtrise du métal comme il le faisait avec son chakra pur. Maîtrise qu’il me serait impossible d’acquérir avec mon Raiton puisque contrairement au métal, il était très difficile de maintenir une forme et impossible de la rendre solide avec de l’électricité. Le Seki tendit le bras et fit apparaître un lapin noir qui aussitôt éveilla galopa et sautilla autour de nous comme s’il s’agissait d’un vrai lapin, puis s’immobilisa une fois devant moi. Cette petite créature si simple dépassait largement mes connaissances et je n’avais aucune idée de la manière dont il s’y était pris pour créer ainsi une créature solide et vivante. Le Kekkei Genkai du clan Seki, la capacité de matérialiser le chakra sous toutes ses formes, m’impressionnait par sa faculté à rendre l’impossible possible. Petit je me rappelle bien l’étonnement donc j’avais fait part en apprenant l’existence d’un tel pouvoir. Et bien que plus âgé, une partie infime de cet étonnement ressortait toujours à chaque fois que j’avais la chance de l’observer.

Mon professeur commença par exposer les bases en soulignant l’infinie malléabilité du chakra et c’est en dépassant les limites que je m’imposais et en laissant parler mon imagination que je parviendrai à exprimer toutes les possibilités de ce dernier. J’entrevoyais déjà les possibilités et le travail qui m’attendait pour y parvenir mais je restais ancré sur l’idée qu’il me fallait plus que cela pour y parvenir. Le premier exercice de mon entrainement consistait à créer le lapin que j’avais devant moi, tout d’abord en lui donnant forme puis en lui donnant la capacité de se mouvoir. Je fermai donc les yeux et dessinai le lapin dans mon esprit, puis tendit les bras et commençai à lui donner forme. « Mouler » un lapin n’était pas compliqué puisque cela faisait déjà quelques temps que je m’exerçai à créer des armes et d’autres objets grâce à ma maîtrise. Il ne me fallut donc moins d’une dizaine de minute pour parvenir à une copie quasiment parfaite de celui de mon supérieur. Je me rendis alors compte que mon chakra avait étrangement diminué – bien plus qu’il ne l’aurait dû avec ma première attaque – et releva la tête pour observer le coupable.

Le général arborait un sourire malsain et m’avoua sans attendre qu’il s’agît là de la seconde capacité interdite qu’il souhaitait exercer. La capacité d’absorber le chakra de son adversaire, au prix d’une certaine quantité de sa propre énergie. Il m’expliqua que tout être vivant possédait du chakra et que grâce à ses expérimentations et au savoir qu’il avait acquis, il était parvenu à ressentir le chakra environnant et à l’absorber. Tel était donc le défi qu’il me lançait, si je parvenais à permettre à mon lapin de se mouvoir je gagnais et si mon chakra s’épuisait avant je perdais. Un défi intéressant qui raviva ma flamme de compétiteur sans toutefois totalement éteindre celle de ma peur.

« Je n’ai aucune autre question. »

Répondis-je simplement avant de me concentrer pleinement. Le piège était de ne pas se focaliser sur mes réserves d’énergies qui ne feraient que me déconcentrer de mon véritable objectif, sans toutefois totalement l’ignorer au risque de me retrouver à plat avant d’être parvenu à mon objectif. Je fermai à nouveau les yeux et imaginait mon lapin ne train de galoper et de sautiller, mais ma création restait toujours aussi immobile. Figer sur son piédestal de métal, mon lapin restait aussi froid et impassible que l’acier. Les idées s’enchainaient dans mon esprit mais je ne parvenais pas à déterminer le moyen qui me permettrait de parvenir au résultat tant espéré. Je partis du donc du principe qu’il fallait expérimenter – ce que j’avais l’habitude de faire pour m’entraîner à maîtriser mon métal – pour y parvenir. Tout d’abord, je ne devais probablement pas seulement donner forme à mon lapin, mais également lui donner l’énergie ou la capacité de pouvoir se déplacer. Je lui insufflai donc une partie de mon chakra. Je tentai ensuite par divers moyens de lui ordonner de bouger dans un sens ou dans l’autre et le lapin se déplaça, mais pas de la façon attendue. Ce fut tout le bloc de métal qui se déplaça tel quel comme s’il s’agissait d’une vulgaire statue. Plus que de simplement le déplacer mentalement, je devais donc l’imaginer se dresser sur ses pattes arrières, renifler son environnement, tourner la tête et bouger ses pates comme le ferait un véritable être vivant. Ma statue en métal n’était faite que d’un bloc et je corrigeai donc cette erreur en le refaçonnant et en détachant ses pattes de son corps. De même je diminuai la concentration du métal afin d’alléger la structure et lui permettre plus facilement de changer de forme.

L’exercice étant fatiguant autant mentalement que physiquement et je sentais mes réserves se vider peu à peu. Le temps jouait contre moi et je ressentis une pointe de stress que j’apaisai aussitôt. Me reconcentrant, je m’imaginai à nouveau le lapin bouger et lui ordonnai de se déplacer vers la gauche. Pendant plusieurs minutes je répétai l’opération sans succès. Mais après maintes tentatives infructueuses, mon lapin se dressa péniblement et commença lentement à se déplacer. Ses mouvements étaient grossiers et imprécis, mais le résultat était là. J’étais parvenu à le faire bouger. Fier de mon succès, je cachai néanmoins ma joie et attrapai le regard de mon professeur, dans l'attente d'une réaction de sa part.