Perché dans la ville de Kahin à se relayer avec Yohru, Rin s’attelait avec méticulosité religieuse à sa tâche. Il savait que ce n’était qu’une couverture. Qu’une façon comme une autre de le rendre facile à déployer lorsque le besoin se faisait ressentir – ce n’était que l’affaire d’un sceau, d’une technique. Les médecins, partout, géraient au mieux dont ils étaient capables la crise, assurant les soins. Il avait confiance. Il était serein. Combien même il avait la sensation que sa vraie place était au front, accompagné de ses frères d’arme, à donner le meilleur de lui-même en ce moment précis. On avait toujours besoin d’un médecin, et sa position parmi ses paris n’était plus à établir. Mais qu’importe. Il suivait les ordres et comprenait la nécessité d’avoir un soutien massif au repos si la situation devait empirer. C’était une stratégie sage et réfléchie, même si son esprit en faisait les frais. Toujours ces mêmes doutes. Ces mêmes interrogations. Ces mêmes psychoses s’il devait tirer plus long sur le terme. Tirant une fois de plus sur sa cigarette, pourtant, l’Akimichi trembla.

Le bruit… Le bruit n’avait rien de bon. Cet hurlement cruel et glaçant le sang qui provoqua que, pour une unique seconde, le temps se figea et son cœur cessa de battre. Ce qui n’était qu’un relais de surveillance et d’attente des pires nouvelles l’obligeant à fendre l’espace pour porter assistance sur les plus incongrus des fronts prenait, à ce moment précis, une tournure nouvelle. Une tournure qu’il n’avait en rien espéré. Une tournure dont il ne voulait pas. Etait-ce son propre égoïsme d’être au front, son propre orgueil qui faisaient s’abattre ce malheur sur ces innocents ? Il espérait que non. Laissant tomber le petit morceau de tabac à peine entamé au sol sous l’effet de la surprise, il secoua sa tête à deux reprises et s’infligea quatre gifles. Il n’avait plus le droit au doute. Il n’avait plus le droit à l’hésitation. Tandis que tout le monde se précipitait pour voir ce qui arrivait, il savait ce qu’il lui restait à faire. Inspirant un bon coup, il hurla autant que ses poumons l’autorisèrent.

« Evacuez ! Evacuez tous autant que vous le pouvez ! Le plus loin. Le plus en sécurité. Cachez-vous dans les forêts, les villages, qu’import. Fuyez ! Ne risquez pas votre vie… Ne risquez pas votre vie pour le plaisir de mourir. Je le ferai à votre place. »

Entende qui le voudra, mais étant assigné à la surveillance de la ville, l’Akimichi espérait sincèrement que les gens auraient la sagesse de l’écouter, de lui obéir et de sauver leurs vies. Il ne voulait pas avoir tant de mort sur la conscience. Tant de morts en trop. Tant de… Il soupira, empêchant les pensées obscures monter à son esprit, tandis qu’il retrouva Yohru dans l’agitation ambiante, prenant ce bref instant pour s’arrêter et le regarder droit dans les yeux en se baissant à sa hauteur, afin de pouvoir lui parler comme Konohajin à Konohajin. Comme égal à égal.

« Yohru… Fuis avec les autres s’il te plaît. C’est… C’est plus qu’un ennemi classique que nous devons combattre. C’est… Ne le répète à personne d’accord ? Mais même moi, je ne suis pas sûr de ce que je vais faire. Je ne pas sûr d’être à la hauteur. Alors ne risque pas ta vie inutilement. Tu es jeune et je m’en voudrais de te voir mourir ici. Fuis avec les autres. Ce n’est pas un ordre que je te donne. C’est… Seulement une demande, donc tu es libre de faire ce que tu veux mais... S’il te plaît… Survit. Survit et assure-toi que personne ne meurt ! »

Sur ces dernières paroles, Rin se releva et alla faire face à son adversaire pour ce – potentiellement – dernier combat de sa vie de Shinobi, prenant soigneusement le temps nécessaire pour analyser la créature en face de lui. Ce corps, cet aspect… Rokubi. Il s’agissait de Rokubi. Ses yeux ne pouvaient admettre le moindre doute et ce malgré les deux différences notables qu’il remarquait : la taille réduite et les cinq queues manquantes. Etait-il possible que… Soupirant une fois de plus, l’adulte porta son pouce à sa bouche et d’un mouvement de dent rapide, enfonça ses canines dans sa chaire, arrachant un petit bout de peau à côté de l’ongle – une vieille habitude d’enfant qu’il avait pourtant réussi à supprimer et qui revenait au galop comme si de rien n’était. Comme si toutes ces années… Etaient parties en l’espace d’un instant. Comme s’il était… A l’aube de sa vie. Ou plutôt au Crépuscule, étant donné le contexte.

HRP:

Levant les yeux en l'air, le jeune garçon pouvait ressentir comme une tension qui régnait dans l'atmosphère. Les environs de la ville paraissaient relativement calmes, pas un seul habitant ne se promenait dans les ruelles, seuls les membres envoyés par le village de la feuille ainsi que les médecins parcouraient les allées. Aucun mot n'était prononcé, chacun conservait sa peur au plus profond de soi-même, craignant de voir le pire se produire si jamais les mauvaises paroles étaient prononcées. Yohru n'était pas un fin observateur de son environnement pourtant, il comprenait que la menace était bien réelle, malgré cet air de nonchalance présent sur son visage. Il laissait croire à de l'insouciance, il paraissait calme et serein d'apparence, mais derrière ce visage innocent, il était inquiet. C'était la première fois qu'il voyait l'état d'alerte déclaré au sein de son village. Le vent paisible soufflait l'annonce d'une tragédie, la terre tremblait cette peur inavouée, le soleil s'empressait d'aller se cacher derrière les nuages. Le paysage même craignait sa venue.

Brusquement, il revint à lui en apercevant au loin la silhouette de son partenaire qui venait pour le relayer, afin de lui permettre de se reposer. Effaçant toute trace de quiétude, le jeune garçon afficha un large sourire en voyant ce dernier arriver. Après quelques mots de salutation, il prit le chemin vers l'intérieur de la ville chercher son repos. Marchant d'un pas tranquille les bras ballants, il passa sa main dans sa sacoche arrière pour attraper un morceau de bacon grillé et le coincer entre ses dents. Heureusement qu'il prit le soin d'emporter avec lui toute une réserve de nourriture, si jamais il se retrouvait à mourir de faim pour une raison quelconque. Il ne pouvait pas cacher sa déception d'être présent là, si loin des champs de bataille qu'il aurait aimé rejoindre. Songeant à ses nombreux camarades qui devaient sans doute rencontrer pleins d'adversaires puissants, pendant qu'il devait veiller sur les habitants sans danger présent à servir de renfort. Il n'allait pas se plaindre de la tranquillité, mais ce n'était qu'un mensonge. Il avait conscience que quelque part plus loin, des personnes se battaient avec acharnement. Si jamais ces dernières tombaient, alors il pourra se rendre utile et les remplacer, mais devait-il leurs souhaiter malheur ? Il n'avait qu'une seule envie, affronter ce démon que tout le monde disait effroyable. À quel point pouvait-il donc être fort ?

Esquissant un léger sourire, cette envie de connaître la réponse le faisait quelque peu trembler d'excitation et de peur. Soudain, un cri retentit sur les environs, faisant le sursauter en arrière. C'était le démon. Avalant son morceau de bacon, il se mit à courir en direction de la source de cette voix, reprenant son chemin en arrière pour rejoindre son coéquipier qui demeurait debout parmi la foule, donnant les indications à suivre. Fuir ? Demeurant immobile surpris, l'agitation et la panique déboussolaient le jeune garçon qui se retrouvait perdu. Ce cri était inhumain. Il pouvait sentir son sang bouillonner en lui, même si son esprit enfantin et stupide refusait de comprendre, son corps, ses muscles se crispèrent devant cette présence menaçante. Néanmoins, sa volonté ne flancha point. Le regard ébahi, il se rapprocha pour voir au loin la forme de la bête, ignorant les annonces adressées à la population. Puis, il tourna son regard en direction du jeune homme, la bouche béante, son visage demeurait calme et bien peu expressif contrairement à son habitude. Il n'arrivait pas à sourire devant le danger d'une telle créature qu'il rencontrait pour la première fois de sa vie. Sans savoir quoi dire, il laissa le médecin prendre la route du danger.

Ses paroles résonnaient en boucle dans la tête de Yohru. Il devait fuir, il devait survivre et se laisser sauver par la personne qui voulait sacrifier sa vie pour lui. N'était-ce pas quelque chose de semblable à ce qu'il avait déjà vécu une fois auparavant ? Incapable d'agir, c'était peut-être la dernière fois qu'il voyait ce dos le quitter, la prochaine fois, il ne sera peut-être plus qu'un cadavre. Serrant les deux poings dans un élan de rage, il enchaîna le pas derrière son chef d'équipe. Réfléchir ne lui ressemblait, il devait faire comme bon lui semblait, comme il l'avait toujours fait. Accélérant son rythme pour arriver à temps au dernier moment, d'un bond, il apparut pile entre le géant et la limace, le gosse entre dans la place avec un sourire rayonnant aux lèvres. Inspirant une grande bouffée d'air, il se mit à hurler à pleins poumons.

" J'SUIS LE GRAND YOHRU-SAMA ! Mouahahahaha ! C'est pourquoi, je ne fuirai pas, je ne mourrai pas et je vaincrai ! Si tu ne te sens pas de taille, si tu ne te sens pas à la hauteur, alors laisse-moi la place et continue d'hésiter dans ton coin ! Bas les pattes, le doute n'est pas permit.. Comme tu l'as dit, ce n'est pas un ordre, c'est donc de ma liberté que je viens ici, que je choisis de me battre, que je choisis d'être le héros qui vaincra ce démon. Mh, quoi ? Tu me crois pas ? Tu penses que je vais mourir ? Quelle confiance, pff.. Laisse moi te prouver le contraire : si tu ne me crois pas, reste donc debout jusqu'à fin du combat pour observer ma victoire, tu verras que je serai celui vaincra cette limace. "

Sortant de sa poche un dernier morceau de bacon qu'il engloutit en une seule bouchée, il se tenait prêt. Enfin, c'était ce qu'il pensait avant de bien regarder en face de lui pour se rendre compte que la créature n'était finalement, peut-être pas aussi grande que ce qu'il s'était imaginé. Il manqua de peu pour s'étouffer avec son morceau en bouche..

" Kof Kof, kof kof. Mais c'est quoi ça ?! Oui une limace, je vois bien, le démon, le six queues, mais pourquoi il est aussi petit ?! Enfin, il est toujours plus grand que moi en soit.. "

HRP:

Spoiler:

Quelque part, le médecin s’attendait à voir Yohru ne pas écouter sa requête – hélas il n’avait guère le cœur, malgré la sévérité des événements l’entourant, d’imposer sa volonté et ses ordres au jeune Genin. Une erreur de plus, certainement, et une erreur qui pourrait s’avérer bien amère si le jeune garçon devait mourir face au puissant Rokubi. Si la question de savoir pourquoi la limace qui s’opposait à eux paraissait sensiblement réduite persistait dans l’esprit du shinobi qui se demandait de plus en plus s’il ne s’agissait pas uniquement d’un morceau du démon qui se serait diviser - ce qui laisserai jusqu’à cinq autres avatars à travers le monde semant la même destruction, dont l’original. Et que devait-il advenir si une partie était détruite ? C’était une question légitime qui arrachait chez lui quelques souvenirs de son séjour chez Dame Miko et sa bibliothèque fournie, mais il fut arraché de ses pensées par les exaltations belliqueuses de son apprenti.

Affichant un léger sourire, Rin releva la tête pour croiser le regard de son élève. Le petit avait raison. La place n’était pas au doute – ne l’avait-il pas déjà conclu ? Alors pourquoi se laissait-il si facilement happer par ses obscures pensées ? Non. Il allait combattre. Du mieux qu’il pouvait. Du mieux qu’il savait. Et tandis qu’une nouvelle vague de courage et de détermination l’envahissait, le tentacule monstrueux écrasa sans la moindre retenue le pauvre garçon. Si l’inquiétude traversa brièvement le médecin, le monstre lui ne s’en soucia guère et continua sur une seconde attaque ravageuse en zone. Pas le temps de réfléchir, surtout que le jeune garçon avait allègrement de quoi se défendre – le fruit de leur travail commun se verrait aujourd’hui en ce moment précis… Ou jamais.

Joignant ses deux mains, l’Akimichi fit circuler son Chakra de façon suffisante à ce que la graisse de son corps se déculpe quelque peu, lui offrant une défense contre l’acide qui s’abattait sur lui. Ne tardant guère à faire plus, il empoigna un de ses Kunais et le lança avec véhémence sur le monstre auquel il faisait face, espérant voir quelle réserve défensive ce dernier possédait. La force de frappe, Rin savait qu’il l’avait. Ce qui lui manquait était de savoir à quel moment précis l’utiliser, car les conséquences des plus grandes forces qu’il possédait étaient désastreuses donc il important de les utiliser au bon moment.

« J’ignore ce que l’humanité t’as fait pour que tu cherches tant de violence et de sang, Rokubi… Mais nous la protégerons de ta rage. »

Courant du mieux qu’il pouvait, l’Akimichi s’approcha de son élève et vérifia son état de santé avant de lui adresser un léger sourire et chuchoter.

« Je vais essayer de trouver une ouverture. Profites-en pour l’attaquer à distance quand tu le pourras. Ne t’approche pas… Encore. »

Les options étaient limitées. Vivre ou mourir. Attaquer ou se défendre. La solution… Elle n’allait pas s’imposer à elle seule, non. Il fallait agir et avoir pour maître mot l’action et seulement l’action. Assemblant ses mains une fois la tempête d’acide passé, celui qui pouvait appeler géant commença à grandir jusqu’à surplomber son adversaire. Oui, le Rokubi en face d’eux était petit. Mais quelle garantie avaient-ils qu’il ne s’agisse là de l’original qui grandirait également. Terminant sa croissance, le Géant porta le premier coup sur la limace.

HRP:

Le jeune garçon n'était pas le plus intelligent pour provoquer ainsi un adversaire bien plus grand que lui-même, ce n'était sans doute pas la décision la plus sage. Il n'était ni même le plus fort parmi les siens, contrairement à ce qu'il laissait croire de lui et ce qu'il voulait croire. Cependant, il n'avait pas hésité un instant à courir vers la menace, criant de vives voix ses intentions absurdes et dénuées de sens, mais il s'agissait de sa volonté qu'il exprimait à travers ces mots. Une volonté bien plus remarquable que n'importe qui d'autre. Entêté, orgueilleux, têtu, il était défini comme un garçon peu réfléchi qui parfois pouvait faire les pires choix possibles, cet inconscience allait peut-être le mener à mort. Néanmoins, ces caractères qui le définissaient d'imbécile faisaient de lui ce qu'il était désormais. C'était de cette façon qu'il parvint à arriver face au monstre avec ce visage rayonnant et cette envie de prouver au monde entier sa véritable force. Peu importe ce que pouvait dire Rin, intérieurement, il savait que s'il prenait la fuite face à ce démon, il le regrettera toute sa vie. Combien de fois avait-il réclamé un adversaire puissant ? À présent qu'il se trouvait en face de lui, il était hors de question de rebrousser son chemin. Ce n'était pas cette limace qui se prétendait être la réincarnation de l'enfer qui allait lui faire peur ! Il n'allait pas le laisser l'insulter de la sorte sans répliquer, comment osait-il le comparer à un minuscule insecte ?

" Moi ? Vermisseau ?! Et c'est toi la limace qui le dit ? Espèce de.. ! "

Il avait choisi le mauvais adversaire pour répliquer ainsi. Le jeune garçon n'eut à peine le temps de terminer sa phrase ou même de ravaler ses paroles, que la créature en face de lui allongea son membre pour venir le frapper de plein fouet. S'il ne faisait pas rapidement un mouvement pour se défendre, il allait se faire écraser par son poids. Renforçant son corps, gonflant ses muscles, laissant son chakra circuler depuis la pointe de ses pieds jusqu'au haut de son crâne, presque instinctivement, il démultiplia sa force pour encaisser la violente attaque de l'adversaire. Le choc provoqua un léger tremblement de terre, soulevant poussières et débris du sol, mais derrière cet écran de fumée, le rouquin était toujours debout en un seul morceau. Le visage transpirant de sueur que ce soit par l'effort ou par la peur, il se sentait soulagé d'avoir échappé de justesse à une telle attaque. L'adversaire n'était peut-être pas à sous-estimer.. Serrant les poings, ce dernier reprit son calme pour retrouver sa concentration et mener sérieusement le combat qui allait s'ensuivre.

Les gouttes qui dégoulinaient le long du corps du démon paraissaient tout sauf agréables. D'un simple mouvement, le rouquin s'empara de son ombrelle accrochée dans son dos pour s'en servir tel un bouclier plutôt résistant. Cela faisait certes, un petit moment que l'enfant ne s'était pas pris une douche, il n'aimait vraiment pas ça, mais ce n'était pas une raison pour se laisser arroser par la bave ou même la sueur d'une telle limace. Puis, redressant son ombrelle, il vit le médecin armé de son armure s'approcher de lui. Il semblait avoir repris de sa détermination, cela se lisait dans son regard et dans ses mouvements. Redonnant par la même occasion un léger sourire au jeune garçon, ce dernier était plus excité que jamais pour ce combat qui n'allait pas être une simple partie de plaisir. Il écouta attentivement les du jeune homme consignes qui était bien plus doué qu'une certaine tête brûlée à foncer dans le tas.

" Je ne peux pas m'approcher ? Mh, c'est ok ! J'en fais mon affaire à distance.. " Murmurait-il tout en faufilant sa main dans sa sacoche arrière.

Il attrapa discrètement quelques shurikens qu'il avait emporté avec lui, puis jetant un vif coup d'œil à son entourage, il s'empara également des débris de bois qui avaient volé depuis le ponton brisé. Aussitôt que son partenaire prit sa forme de rocher et attaqua la limace, Yohru se servit de cette diversion pour lancer ses propres projectiles vers le visage de la créature.

HRP:

Spoiler:

Au moment précis où leurs poings s’entrechoquèrent, Rin grimaça rapidement – malgré la couche de graisse restante qui le protégeait, quelques minimes brulures marquèrent sa main tandis que le démon semblait ricaner de l’absence de quelconques dégâts faits. Et la suivante offensive du rouquin eut sensiblement le même résultat : nul. Tandis qu’il voulait réfléchir à une nouvelle approche, une nouvelle façon de combattre la bête, ses pensées furent tranchées par le nuage de brume qu’il lança afin de contrer le binôme. Laissant son corps parler plus vite que son esprit, Rin composa rapidement quelques mudras et d’une main solidifiée protégea son Genin, tandis que de l’autre il aspirait la partie d’acide se dirigeant sur lui. Oui, un Akimichi pouvait répandre une destruction massive sans le moindre problème – à l’instar de la créature qu’il fallait affronter ce jour. La seule différence entre leurs pouvoirs était l’utilisation qu’ils en faisaient. Rin était un protecteur né. Il était… Le rempart de Konoha.

S’apprêtant à attaquer une fois de plus, il s’arrêta net dans son mouvement pour observer la bête qui hurlait de façon bien moins cohérente tout à coup. Les suintements de son corps gagnaient de la place et quelque part… Pendant une minime fraction de seconde… Il sembla au médecin qu’elle souffrait elle-même de son corps. Une tachypnée qui était certainement un mécanisme compensateur de quelque chose – peut-être que toute cette acidité avait un effet néfaste sur le métabolisme de la créature, l’obligeant à hyperventiler ? Ce serait plus que curieux comme phénomène, mais l’heure n’était pas vraiment à la science et aux études. Quant au changement de voix et à ce liquide qui devait probablement gêner la vision à l’instar de savon durant un bain… C’était leur ouverture. Combien même tous ces phénomènes ne soient que la marque de préparation de quelque chose de plus puissant, de plus destructeur… Il secoua la tête.

« Yohru… Ouvre tes portes. Essaye de le contourner. Nous devons nous séparer assez pour que ses zones ne nous atteignent pas tous les deux – je ne pourrais te protéger indéfiniment. Regarde si derrière tu peux trouver une sorte de point faible, de… De faille dans cette peau acide. Et si c’est le cas… Fais-moi signe. »

Si ses hypothèses antérieures étaient vraies et qu’il ne s’agissait que d’un morceau du monstre, cela voulait dire que cinq autres groupes combattaient la créature aigre-douce. Cinq autres groupes qui… Avalant bruyamment sa salive, Rin chercha à se convaincre de ne guère vouloir avoir ces pensées noires une fois de plus. Pas aujourd’hui. Il fallait finir vite. Finir vite et trouver le moyen d’aider les autres.

Composant rapidement quelques mudras, il tenta une fois de plus de frapper le monstre, se contentant cette fois de trouver une façon d’empoisonner son Chakra. Si la littérature s’accordait sur le fait qu’il n’était qu’une manifestation de la destruction de ce dernier à l’état brute, la solution était peut-être moins radicale que quelques coups de poings. Et dans le pire des cas… Il n’aurait d’autre choix que de faire le cadeau empoisonné au jeune Yohru. Une alternative qu’il préférerait éviter, cela va sans dire. Pour terminer son offensive, enfin, le médecin tenta une dernière chose. Parce qu’il fallait tenter. Parce qu’il fallait réussir. Parce qu’il fallait gagner. Qu’importe combien de sa personne devrait-il sacrifier. Faisant grossir plus encore ses deux mains, il chercha à agripper le monstre en appliquant ses paumes sur les zones suintantes de ses flancs – si sa peau glabre provoquait brulure, c’était peut-être la solution pour ne rien subir, tandis que l'énorme de sa taille et l'augmentation rajoutée devaient théoriquement lui permettre d'enlacer un bon morceau de la chose. Haussant la voix, il s’adressa enfin à la créature immonde.

« De nous tous, Rokubi, tu es celui qui semble souffrir le plus. Dis-le-moi. Où sont les cinq autres parties de toi ? Tes cinq autres queues. »

HRP:

Aucune attaque portée par le duo ne semblait efficace contre la créature difforme, sortie des profondeurs des enfers. Malgré leur enchaînement, ils n'avaient pu infliger aucune égratignure, aucun dégât, aucune blessure. Ni les projectiles, ni les coups-de-poing n'arrivaient à l'atteindre. Pourtant, sa grosse taille ainsi que sa morphologie quelque peu encombrante l'empêchait d'esquiver, le forçant à demeurer immobile sur place sans pouvoir effectuer le moindre déplacement. Seulement sa peau de limace qui semblait couverte d'une couche lisse et graisseuse le rendait difficile à toucher. Chaque élément se frottait à elle et glissait le long de son corps, sans parvenir à passer au travers. Sans aucune armure, mais simplement grâce à ses attributs naturels, la créature était un adversaire redoutable. S'il s'agissait de sa seule capacité, peut-être qu'en enchaînant des attaques brutes après l'avoir immobilisé au sol pourrait permettre de la vaincre, mais ce corps répugnant était également couvert d'un liquide élastique aux effets corrosifs. Le médecin tenta de porter une première attaque avec son poing, mais aussitôt que celui-ci entra en contact avec la peau de la créature que des brûlures apparurent au niveau de ses mains. Bien que les dégâts fussent moindres, mais s'il continuait à porter des attaques de la sorte, il risquait de se blesser plus grièvement.

Serrant les dents avant de s'efforcer à étirer un sourire, le jeune garçon paraissait d'avantage sur les nerfs face à ces premiers résultats. Il refusait de l'avouer, mais leur adversaire était bien plus coriace que ce dont il ne l'aurait imaginé, ou plutôt, il correspondait à ce qu'il craignait de pire. Il existait bon nombres de rumeurs qui le décrivaient tel un monstre immortel, puissant et cruel. Même sans être une personne très cultivée, Yohru savait que le démon à six queues était réputé pour ces capacités inhumaines. Seulement, il ne voulait pas le croire, s'il commençait à perdre le peu d'espoir qu'il avait pu conserver jusqu'à présent, comment allait-il le vaincre ? Encore, pouvait-il le vaincre ? Ce sentiment de colère et d'impuissance le mettait hors de lui, il devait cesser de songer à ces choses négatives, il allait le vaincre. Il allait le vaincre, il n'avait pas le choix, désormais qu'il avait promis à Rin de montrer ce qu'il valait en mettant à terre cette créature immonde, il n'allait pas reculer, il ne se le permettrait jamais.

Soudain, il se fit tirer hors de ses pensées par une nouvelle vague de poison corrosif qui vint recouvrir tout le terrain. Il s'apprêtait à ouvrir une nouvelle fois son ombrelle pour se protéger de la déferlante qui s'abattait vers lui, mais il se fit bien vite devancer par son coéquipier. À peine eut-il le temps de dégainer son arme que ce dernier parvint à agrandir sa main pour se positionner devant lui, le protégeant du danger imminent. Cependant, plutôt que d'attaquer une nouvelle fois, la créature des basses calamités semblait avoir quelques difficultés à respirer. Son corps déjà répugnant transpirait comme jamais, mais les raisons derrière cet étrange changement demeuraient un mystère, tout comme cette apparence réduite. Le jeune garçon ne l'avait jamais rencontré, mais il crut entendre dire que cette créature avait six queues, d'où le nom de Rokubi qui lui avait été accordé. Cependant, la créature en face de lui n'en n'avait qu'une seule. Peut-être les avait-il faits tomber en chemin ? Cela arrivait bien souvent de perdre des objets en cours de route. Il était inutile de réfléchir autant à ces détails sans importance. Il avait sans doute rétréci au lavage avant d'atteindre le rivage, il ressortait de la mer après tout.

" Hmpf ! Yooooosh ! C'est parti ! " Murmurait-il à lui-même, tout en tapant son poing contre la paume de sa main.

Suivant les directives de son partenaire, le rouquin prit une position de départ d'une course et inspira une grande bouffée l'air. Puis en une fraction de seconde, il contracta tous les muscles de son corps, débloquant l'ouverture de la première porte, la porte initiale. Instantanément, il se mit à courir jusqu'à l'autre bout du terrain éloigné du danger en contournant la créature qui continuait à se débattre avec l'étrange liquide pâteux qui lui couvrait la vue. Cependant, arrivant derrière lui, une légère goutte de sueur tomba derrière son crâne du rouquin, qui ne voyait rien d'autre que la queue immense de la créature.. Ah, peut-être que Rin entendait par point faible son trou des fesses ? Se saisissant d'un projectile, il n'avait plus qu'à chercher le fameux point faible, bien qu'en apparence, il ne semblait avoir rien du tout à cet endroit-là. Comment faisait-il ses besoins..? Tenter d'attaquer là où aurait put se trouver son fessier, mais était-ce une bonne idée ? Même aux yeux du rouquin, celle-ci paraissait débile. Encore, en restant à l'avant, il aurait pu attaquer ses yeux..

" Rr.. Roooaaaaaaah ! C'est quoi ton point faible s'pèce de limace.. ?! S'égorgeait-il à prononcer dans sa barbe, jusqu'à ce que la question du médecin ne finisse par l'intriguer. Ses cinq autres queues qu'il aurait perdues en mer ? "

HRP:

Spoiler:

Il n’avait pas glissé. Ses mains, ferme étreinte, enlaçaient avec avidité l’infâme créature – profitant de façon allègre de la différence de taille colossale qu’il y avait entre les adversaires. Tandis que Yohru exécutait, comme demandé, sa course, Rin contemplait durant un bref instant la force qu’il arrivait à exercer sur la créature – et plus encore, le fait que grâce au liquide pâteux ses mains n’étaient pas tout bonnement condamnées à glisser de ce dernier. Ainsi, le mécanisme d’éviction auquel il avait pensé s’avérait réel, voire plus encore : utile. Pourtant, malgré la position dans laquelle il se trouvait le monstre ignora sa question. Etait-il dénué d’esprit et seulement un artéfact isolé envoyé semer le chaos et la destruction à un endroit précis ? Il avait pourtant semblé à même de répondre lorsque le rouquin l’avait provoqué – mais était-ce là la manifestation d’une haine sans précédent, répondant à violence par violence, aussi verbale fusse-t-elle ? Ou bien refusait-il tout simplement de répondre ?

Toujours est-il que le médecin fut bien rapidement arraché à ses pensées lorsqu’il senti ses mains brûler du contact avec la bête et alors qu’il observa cette dernière se tordre dans tous les sens… Il ne comprit qu’un peu tard son erreur.

« Yohru ! Protège-toi ! »

A peine ces paroles prononcées, une énorme explosion retentie, heurtant de plein fouet le corps de l’Akimichi et libérant le démon de sa prison de chair humaine. De trois pas fébriles, il recula observant d’un œil expert l’étendue des dégâts sur son corps. La combinaison de sa taille et de l’augmentation, par-dessus, de celle de ses mains, permit à ces dernières d’être le principal objet blessé dans l’action. Çà et là, chaire mise à nue, tendons visibles et cette douleur… Une douleur tellement sauvage et puissante qu’elle égalisait les pires des maux de l’esprits qui pouvaient gagner le médecin. Il devait faire vite – et par défaut, ne pouvait rien faire pour protéger son élève. Composant tant bien que mal ses mudras, se retenant de toutes ses forces de hurler la douleur qui rompait son corps pour éviter de n’attiser les joies du monstre, les larmes perlaient dans ses yeux. Il avait senti cet assaut arriver. Il avait espéré… Espéré le retenir pour protéger les autres, quitte à devoir en assumer les conséquences – c’était sans compter sur le monstre : le résultat n’était qu’un échec.

Tremblant, il appliqua le sceau de soin sur ses bras blessés et inspira calmement tandis qu’il se soignait alors que le démon attaquait, pour une deuxième fois, son protégé. Rin voulait faire quelque chose. Intervenir. Qu’importe. Mais cette souffrance qui traversait son corps l’empêchait des moindres gestes s’il désirait pouvoir continuer. Aussi vite que possible, son sceau termina de reformer sa chaire, résoudre les lacérations et diverses plaies, ne laissant que les stigmates de la brûlure initialement occasionnée qu’il s’empressa de guérir en joignant ses mains et usant d’un second sceau. Relevant son regard, il vit que Yohru était parvenu – en grand partie du moins – à se protéger. La séparation des deux était une bonne stratégie – une bonne stratégie accordée sur la variable de l’immobilisation réussite de la bête or ce n’était plus le cas. Usant de sa taille doublant celle du monstre, il se baissa légèrement et tendit sa main au Genin.

« Monte ! »

Il fallait attendre la prochaine opportunité pour attaquer. Et qui savait quand viendrait-elle…

HRP:

Le médecin avait réussi son emprise ! Il avait réussi à attraper la créature difforme entre ses mains, sans que celle-ci ne glisse entre ses doigts. Désormais, celui-ci était immobilisé dans l'étreinte du géant, sans pouvoir bouger le moindre pas, sans pouvoir effectuer le moindre mouvement. Malgré les tremblements de terre que provoquaient ses cordes vocales qui vibraient dans un puissant rugissement comme s'il cherchait à semer la terreur autour de lui, il était à présent en position de faiblesse et ses cris devenaient vains, impuissants face à l'immensité de l'homme rocher.

Un léger sourire vint se tracer sur les lèvres du jeune garçon qui crut pendant un instant avoir remporté le combat ou du moins, que la contre-attaque tant attendue allait débuter. Cependant, cet instant de joie ne tarda pas à prendre fin durant les instants qui suivirent. Cette colère n'était nullement l'annonce d'une bonne nouvelle, quand il s'agissait d'un démon qui rugissait de la sorte. C'était plutôt le signal de départ, tout ne faisait que commencer pour la bête furieuse qui n'avait plus qu'une seule envie, celle de tout détruire, celle de faire naître un enfer sur cette terre. La voix du médecin porta jusqu'aux oreilles du rouquin, le mettant sur ses gardes du danger, mais aussitôt, une grande explosion avala ses dernières paroles.

" Mamaaaaaaaaa ! "

À peine eut-il le temps de poser le pied en arrière qu'une grande bourrasque de vent vint l'emporter. En l'espace d'un instant, la peau qui recouvrait le corps de la créature immonde explosa dans une grande détonation qui résonna à travers tout le territoire. Le jeune garçon plaça instinctivement ses bras devant son visage afin de se protéger, tout en gardant ses yeux grands ouverts sur l'adversaire, pour admirer cette puissance dévastatrice qu'il découvrait pour l'une des premières fois. Il était légèrement plus éloigné de la créature ayant pris légèrement ses distances, ce qui lui laissa à peine une seconde pour entamer une défense, mais grâce à l'avertissement du médecin, c'était amplement suffisant. Il s'efforça à contracter tous les muscles de son corps d'un seul coup pour encaisser ces ondes qui se dirigeaient vers lui. Malgré le courant qui le propulsait vers l'arrière, il s'efforçait à avancer en direction du monstre, vers là où devait se situer Rin. La douloureux lui serrait ses muscles et sa chair, ses pieds décollaient presque du sol, effleurant un pas sur deux la terre et glissant en arrière, mais en serrant les dents, il parvint à résister.

Trempé de sueur de la tête aux pieds, la première porte s'était refermée malgré lui, mais il n'avait pas le temps de songer à ces détails sans importance. Il devait tout d'abord résister à ce qui venait vers lui ainsi que l'attaque qui se préparait derrière. Yohru pensait s'être suffisamment éloigné pour gagner un temps de répit et observer le combat des titans. Pour un enfant comme lui qui ne faisait à peine trois pommes de haut, les deux créatures étaient gigantesques. Il pouvait aimer jouer au plus vaillant, mais il ne pouvait pas nier cette réalité et encore, il avait déjà connu un Rin encore plus grand.. Cependant, la créature immonde ne semblait point l'avoir oublié, le jeune garçon ainsi que son affront au tout début de ce combat, sans doute. Il paraissait désormais de mauvaise humeur, mais Yohru l'était également. Cette limace avait réussi à blesser son coéquipier, ce simple fait suffisait à le mettre d'avantage hors de lui. Bien qu'avant de se préoccuper de son partenaire, il devait trouve une solution face à la brume qui lui arrivait dessus. Presque instantanément, il se saisit de son ombrelle et l'ouvrit une nouvelle fois, tout en se recroquevillant sur lui-même jusqu'à former une boule, réduisant ainsi son espace afin d'éviter de se faire toucher par la brume.

Lorsque la voix du médecin vint le sortir de son cocon, sans réfléchir d'avantage, il lui sauta dans sa main vers la source de cette voix. Rassuré de le revoir en si bonne forme, il regagna un sourire, avant de vite redevenir sérieux comme jamais face à la limace immense.

" Dis, Mama, tu penses qu'il est imbattable ? Il n'a aucune égratignure.. Tss ! Tu penses qu'il a un point faible ? "

HRP:

Spoiler:

Music:

Une fois de plus, le démon lança son râle d’agonie. Une fois de plus, le monde trembla. De son regard doux, Rin fixa Yohru. Le monstre était-il imbattable ? Avait-il seulement un point faible ? C’était bien trop de questions légitimes à se poser devant cette manifestation pure et dure de la rage qui semblait habiter la funeste créature. Pourtant, le médecin sentait ses forces le quitter. Il sentait les effluves de son propre Chakra le trahir. Il avait espéré. Espéré gagner du temps pour les autres. Avoir de quoi faire ne serait-ce qu’un peu de bon dans ce monde. Toute sa vie, il avait espéré. Toute sa vie, il avait recherché. Et maintenant, voyant les deux mains démoniaques grandir et le frapper de plein fouet, il savait. Oui. Il savait. La plus grande erreur de sa vie ? C’était de ne pas avoir agi. Pas assez. Pas autant qu’il l’aurait voulu. Quelque part, le temps semblait ralentir autour de lui. C’était comme s’il contemplait ses derniers instants. Il n’avait plus de quoi combattre la bête. Combien même il choisissait de déchaîner toute sa force sur cette dernière… Combien il décidait de… Cela ne servait plus à rien. Une larme coula le long de sa joue alors qu’il adressa un sourire au jeune garçon. Une larme qui n’avait rien de noble. Une larme qui n’avait rien de guerrier. Etait-il au mauvais endroit au mauvais moment ? Non. Il protégeait les siens. Il le savait. Mourir… Mourir dans cette configuration était ce qu’il pouvait trouver de plus noble. Car qu’importe ses faits et ses gestes – il serait tristement connu comme le médecin incapable de soigner son meilleur ami. Comme l’Akimichi qui fut incapable de protéger les siens. Comme le Shinobi qui aura céder au doute. Céder à la défaite. Déjà, en lui, tout semblait s’éteindre tandis que ces énormes mains s’approchaient. Il n’avait plus d’espoir. Se défendre – oui, mais pour combien de temps encore ? Il ne tiendrait pas les assauts du monstre. Il ne pouvait pas les tenir indéfiniment. A vouloir trop bien, il terminait par sacrifier tout ce qui lui était cher. Une fois de plus.

Elle était là, face à lui. Lui aussi. Ses deux plus chers. Ses deux amis. Ses alliés. Ses amours. Sa jeunesse. Sa vieillesse. Son erreur. Saiko avait raison, ce n’était qu’un lâche qui n’osait pas entreprendre les bons gestes. Aujourd’hui, il en payait le prix. C’était… Une juste récompense pour la faiblesse qu’il arborait avec tant de fierté. C’était… Une douce folie dans laquelle il acceptait de tomber. Lui, qui fut incapable de sauver son meilleur ami des griffes de la mort alors que sa femme l’en implorait. Lui, qui fut incapable d’aider cette dernière à porter son deuil à cause de leur relation passée. Lui qui s’était montrer digne seulement de soi-même. Partagé entre l’amour pour son frère d’arme et sa sœur de fer, il avait pris la décision de se retirer pour en rien ne gêner la relation qui naissait entre eux. Et à la mort du premier, il a été incapable de regarder cette dernière droit dans les yeux. Il n’a même pas été capable de lui annoncer le décès. Non. Il était faible. D’une faiblesse horrible. De celle qui pousse, un jour, à trahir pour son propre confort. Comment les gens le retiendraient-ils ? Comme un lâche ? Comme un monstre ? Il baissa doucement la tête et senti, avec une cruauté maladive presque qui lui transperça ce qui lui restait de cœur sans la moindre pitié, Yohru bouger sur son corps. Yohru l’appeler par le doux surnom qu’il lui avait donné. Etait-il tout ce qu’il montrait, ou savait-il être plus encore ? Pris d’un dernier élan de courage creux, comme porté par la stupidité du monde… Il ouvrit ses yeux larmoyants.

« Quand je le toucherai, saute lui-dessus et frappe le avec tout ton cœur. C’est le moment. La seule ouverture que l’on aura. La seule… Possibilité. »

Tremblante, sa voix ne rendait en rien honneur au géant de dix mètres qu’il était actuellement – trahissant bien trop facilement les vacillements de son esprit de combattant. C’était… Monstrueux. Pire encore que toutes les erreurs jamais faites. Pire encore que toutes les folies qu’il avait osé penser ne serait-ce qu’un jour. Pire que tout. Il ne voulait pas de sacrifice, mais était incapable de prévoir que l’absence de ce dernier serait possible. Les solutions se faisaient frêles. Il aurait aimé… Il aurait aimé ne pas en arriver là. Se reprenant brusquement, il composa le signe du quadruple gras, laissant l’avide armure de matières adipeuses envahir son corps et absorber sans grande finesse la double frappe du démon à six queues. Fixant ce dernier avec un regard sévère, il prit une grande inspiration et écarta les bras, avant de les refermer sur Rokubi d’un seul claquement sec de sidération, laissant le jeune enfant courir le long de son bras et enchaîner le monstre de tous les coups qu’il lui était possible de donner. Pendant ce temps, son visage brûlait de l’acide qu’il avait accepté de plein fouet. C’était… La seule solution à ses yeux. La seule possibilité pour que le désastre soit moindre. Sa seule et unique chance de réussite – bien qu’elle ne fût aussi porteuse d’un possible désastre absolu. Il n’y aurait plus rien. Plus personne. Une. Deux. Il peinait même à compter les frappes que donnait le petit être dans le monstre, à sa propre demande. C’était tout ce qu’il leur était possible d’espérer. C’était… Tout ce qu’il leur était possible d’obtenir.

Et les larmes. Les larmes coulaient le long de ce qu’il restait de ses joues. Ce n’était pas des larmes de douleur physique. Ce n’était pas des larmes de mal-être psychique. C’était des larmes de regret. Des larmes de la pire espèce. Celles ne nourrissant que les lâches. Celles ne nourrissant que les personnes trop en proie aux doutes pour agir. Celles qui ne pouvaient couler que des gens de son espèce. Rapidement, le peu de ce qu’il lui restait de pensées s’enchaînait dans son esprit. Dame Miko – quel magnifique monde auraient-ils pu créer ensemble si seulement cette dernière avait accepté ses avances. Dame Mizuki – combien se trompait-elle en blâmant l’ambition du médecin, et aujourd’hui était la preuve flagrante de l’absence de celle-ci. Kimimaro… Cher Kimimaro, comment réagirais-tu si tu savais quel lâche était réellement ton ami ? Tout ce qu’il n’a su te dire par manque de courage. Toutes ses craintes. Tous ses rêves. L’occasion risquait de ne plus se présenter à nouveau. Shigo – deviendrais-tu quelqu’un de bien un jour ? Tout ce temps passé à t’expliquer que ton raisonnement était erroné… Aujourd’hui s’avère-t-il que tu avais probablement raison. Plus que tous les autres. Shizu… Finalement, il s’avérait que le médecin n’était qu’une déception. Sauras-tu vivre ta vie comme tu l’entends ? Leika – Peu de choses t’auront été enseignées à cause d’emplois du temps discordants, à la fin des fins. Natsuki – Puissiez-vous trouver la paix intérieure dont vous avez tant rêver. Et enfin Yohru… Sauras-tu pardonner à ce vieil homme de t’avoir utilisé ainsi de la sorte pour espérer un monde meilleur ? D’avoir fait de toi l’offrande sacrée qu’il espérait ne jamais rencontrer ? D’avoir user de ta jeunesse, de ton énergie, de ta confiance même – uniquement dans le but de sauver autres que toi ? D’avoir été incapable d’agir aux moments opportuns et avoir pris les mauvais choix. D’avoir… Trahi. Il n’y avait pas d’autre terme à tout cela.

Et lorsque l’enfant porta son deuxième et dernier coup, le Jônin usant de sa main droite encore immense l’agrippa et l’écrasa contre le corps suintant de la limace, puis composant ce qu’il fallait de mudras avec la gauche… Les sceaux d’aspiration n’étaient guère faits pour l’usage qu’il réservait à ce dernier dans un espoir de sauver tant de vies. Ils n’étaient… Qu’importe. Puisant dans le plus profond de ses ressources, dans les plus grands fonds de ses connaissances importantes en Fuinjutsu, le médecin usa de son propre sang pour tenter un sceau nouveau sur le dos de la main droite avec les doigts de la gauche. Enfin, il plaqua celle-ci à nouveau sur l’enfant roux, empêchant la créature bafouée, frappée et immobilisée, de se décoller de ce dernier. S’il n’y avait qu’un seul espoir. Un seul dieu – et qu’importe l’absence de toute croyance chez le scientifique…

« Maman... Tu avais raison... »

Peu à peu, tout commença à le quitter. Il n’y avait plus de Chakra. Plus de force. Plus de… Son regard se brouilla, incapable de voir même le résultat de sa tentative désespérée. Le garçon, toujours, était perceptible au toucher dans sa paume et tandis que sa taille s’écroulait, le ramenant à nouveau à ce sombre statut d’humain craintif, chétif et faible qu’il était…Il ramena l’enfant contre sa poitrine et puisant dans ce qui pouvait bien être son dernier souffle, se fit basculer pour cacher ce dernier sous son corps afin de le protéger avec la dernière chose qu’il lui restait dans ce combat. Sa vie.

HRP:

" Hey, ça ne va pas, Mama ? Tes blessures ? Allez, ressaisis-toi, on va réussir à cogner cette grosse limace ! T'as déjà réussi à l'atteindre une fois, alors une fois de plus n'a rien d'infaisable, n'est-ce pas ? Non, elle ne peut pas être immortelle ! Même si elle n'a aucun point faible, on va réussir à lui en trouver un ! D'une façon ou d'une autre ! N'est-ce pas, hein ? Alors.. Ne me regarde pas comme ça.. Ne me regarde pas comme ça ! Ne.. me regarde pas comme ça ! S'il te plaît.. "

Baissant légèrement la tête vers ses pieds, le jeune garçon demeura debout immobile, les bras retombants le long de son corps ainsi que les poings serrés. Il resta dans cette position sans prononcer le moindre mot de plus, sans faire le moindre mouvement de plus, laissant ce silence inconfortable se mélanger à l'air sombre de l'atmosphère. Intérieurement, les questionnements se multipliaient dans son esprit, il ne savait plus ce qu'il devait faire, il ne savait plus comment réagir face à la situation, il ne comprenait pas la signification de ces larmes, il était perdu dans cette incompréhension menaçante. Ses yeux fixaient éperdument cette main de géant parsemée de blessures, de brûlures, de douleurs. Il n'arrivait plus à relever la tête et à faire face au visage larmoyant du jeune homme, il était incapable de le regarder droit dans les yeux, il était incapable de faire quoique ce soit pour lui venir en aide.

Où était passé cet homme si calme qui ne se laissait jamais perturber par le cours des évènements ? Où était passé ce géant qui mesurait plus haut qu'un rocher, plus haut qu'une colline, plus haute encore qu'une montagne ? Où était passé ce médecin au cœur doté d'une bonté et d'une générosité sans fin ? Où était passé ce professeur que Yohru admirait tant ? Où était-il ?! Pourquoi affichait-il une expression aussi lamentable ? Pourquoi semblait-il avoir déjà baissé les bras alors que tout n'était pas encore condamné ? Pourquoi le jeune garçon continuait-il à s'acharner alors que la réalité se présentait en face de lui ? Grinçant les dents pour calmer cette colère rugissante en lui, il releva doucement la tête en direction de son coéquipier avec un large sourire rayonnant. Aucune larme ne coulait, aucun mensonge ne se lisait sur son visage, seule la confiance et la volonté de gagner brillaient à travers ses deux pupilles.

" Oui ! On va l'avoir, Mama. Cette opportunité sera plus que suffisante, on va l'avoir. Après tout, on a pas le choix ! Puisque quoiqu'il advienne, on rentrera ensemble ! Tu m'entends, hein ? On va le buter et on rentrera à Konoha.. "

Serrant les bandages présents sur ses deux bras, la suite risquait d'être quelque peu douloureuse, mais ce n'était rien comparé à la douleur de voir une telle expression sur le visage du médecin. Inspirant calmement une nouvelle bouffée d'air, il relâcha doucement ses muscles et brusquement, son visage se durcit en une expression de colère. Il ne souriait plus, il était sérieux à présent, il le fallait s'il voulait battre cet ennemi cinq fois plus grand que lui, dix fois plus monstrueux que lui, vingt fois plus puissant que lui. Il attendit la bonne occasion pour entamer sa course à toute vitesse sans se retourner, en direction de la créature immonde qui s'étalait au sol sous la main du géant. Il avait confiance en Rin, il savait que cette brume n'aura jamais raison de lui, alors il devait se montrer tout aussi vaillant et frapper ce démon de toutes ses forces, de tout son cœur, de son être. Il allait le terrasser, il devait le terrasser. Peu importe le prix, ni même comment, il n'avait pas le choix s'il voulait se sauver lui-même ainsi que son partenaire. Il le savait que c'était absurde que de défier ce monstre de la sorte, mais si lui-même ne croyait plus en cet espoir, qui allait le faire ? Dans un élan de rage et de colère, son visage se déformait en une grimace indescriptible partagée entre le désespoir et cet espoir mensonger qu'il s'efforçait à croire, laissant dominer cette impressionnante volonté, il criait de pleins poumons.

"WOOOOOOOOOAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAHH !! AAAAAAAAAAAAAAH "

Portant un poing puis un deuxième contre la peau pâteuse et suintante de la créature répugnante, il criait, il hurlait, il se déchaînait. Intérieurement, il le savait bien que la victoire était impossible, ses propres forces le quittaient, ses muscles se relâchaient, son corps ne pouvait pas tenir indéfiniment. Pourtant, cette flamme qui brûlait en lui refusait de s'éteindre, elle continuait à lutter contre le vent et aussi longtemps qu'elle perdurera, il continuera avec cet acharnement entêté et inutile. Contrairement à Rin, il n'avait jamais un jeune garçon très réfléchi, ni même très intelligent, ni même aussi fort qu'il aimerait le laisser croire. Il était stupide, égoïste, inutile, bien plus lâche que n'importe qui d'autre, il se considérait parfois même comme une erreur de la nature. Il n'était qu'un simple animal errant qui s'était retrouvé par hasard dans ce village à saccager, à voler, à aboyer. Cependant, pour une raison inconnue, le destin l'avait épargné de la mort à plusieurs reprises et désormais, il était le genin de ce même village. C'était cette même raison qu'il allait tout donner pour atteindre cet avenir de tranquillité qu'il rêvait tant, cet avenir où il n'aurait rien à faire, si ce n'était que gambader dans le village sous le soleil rayonnant. Afin d'atteindre cet objectif de paix, il allait se battre de toutes ses forces.

"LAISSE MOI TE MONTRER LE VERMISSEAU QUE JE SUIS TE FOUTRE UNE RACLÉE, LIMACE DE MERDE ! "

Puis brusquement, une main immense vint s'aplatir sur Yohru, l'écrasant contre la créature blanche qui rampait au sol. Il n'eut aucun mal à reconnaître la taille de la main de l'homme rocher, mais que faisait-il ? Ne comprenant point ce qu'il essayait de faire, il tenta de se relever pour lui adresser un regard interrogateur pris dans la panique. Cependant, le peu qu'il pouvait voir fut ce visage qui tombait en lambeaux, brulé de toutes part et bientôt plus reconnaissable. Puis soudain, quelques caractères qui semblaient composés un étrange sceau d'absorption apparut sur le dos de cette main de géant. Sans même comprendre l'utilité de cet insigne, en cet instant précis, le jeune garçon eut un mauvais pressentiment. Cependant, sans pouvoir faire le moindre geste de plus, il se sentit emporter aux côtés du jeune homme qui regagnait peu à peu son apparence d'origine. Avait-il dépensé toutes ses forces ?

" Mama ?! Hey ! Mama ! Qu'as-tu fais ? Mama ! Hey ! Réveilles.. "

HRP:

Spoiler:

La fin. La fin était silencieuse. Calme. Tranquille. Alors qu’il respirait du peu de force qu’il lui restait, le médecin se contentait d’avoir préserver le jeune garçon d’une mort brutale. Il avait échoué. Sur toute la ligne, son entreprise entière était un échec – c’était aussi simple que… Aussi simple que l’ensemble des échecs de sa vie. Le bruit, quelque peu résonnant et heurtant le vide si délicieux qui se créait dans son esprit, le sorti cependant de sa torpeur. Il n’avait pas besoin de voir. Pas besoin de sentir. Pas besoin de goûter. Combien même le voudrait-il, il en était incapable. Dans un râle glaçant le sang, le monstre explosa libérant une épaisse brume qui déjà semblait ronger le corps de Rin. Il ne pouvait plus… Ne devais plus… La douleur réveilla cependant en lui les dernières approches de belliqueux, soigneusement cachées.

« F… Fuis… V… Vis… »

Il espérait que le jeune garçon comprendrait. Qu’il ferait, cette fois-ci spécifiquement, ce qui lui était demandé. Il avait la jeunesse. La possibilité de réparer ses erreurs tant que l’inévitable ne s’était pas produit. Il… Il devait vivre. Péniblement, tandis que l’acide dévorait sa chair avec une avidité digne d’un enfant Akimichi lors de ses premiers repas… L’adulte tenta de se relever ne serait-ce qu’un peu pour faciliter la tâche à son protéger. Si lui aussi venait à mourir… Tout ce qui aura été entrepris… Tout ce qui aura été essayé… Tout sera vain. Alors que dans sa respiration saccadée s’infiltrait déjà l’effluve toxique de la bête, arrachant de son corps les derniers stimuli nociceptifs disponible et le cambrant dans une bien laide position, les pensées de Rin voguaient loin déjà…

Plus jamais il ne se promènerait dans les forêts de Hi. Plus jamais il n’irait tremper ses pieds dans l’eau cristalline. Plus jamais il n’irait respirer l’air frais du Feu. Plus jamais il n’irait jouer avec le petit chiot qu’il avait jadis sauvé. Plus jamais il ne partagerait un repas avec un de ses amis. Plus jamais… Plus jamais il ne vivrait. Érodant son corps de l’intérieur comme de l’extérieur, la brume eu bien vite d’atteindre une telle surface interne qu’il ne lui était plus possible de respirer, la perforation de la plèvre frappant même son péricarde et atteignant son cœur sans la moindre difficulté. Boum. Boum. Boum. Boum.. Boum.. Boum… Boum. Regroupant ses bras contre son corps dans une position fœtale, Akimichi Rin expira – libérant par la même son dernier souffle. C’était la fin. C’était… Sa fin.

HRP:

Music:

Jetant un regard par dessus l'épaule de la silhouette du géant, qui désormais n'était pas si différent d'un simple humain, il put apercevoir la créature immonde qui rampait au sol se décomposer en une nouvelle brume dévastatrice. L'affrontement n'était pas terminé, il restait encore un acte à jouer. Tandis que le démon poussait un dernier rugissement de colère, cette brume qui s'échappait de son corps commençait doucement à envahir l'espace, faisant fondre le moindre élément qu'elle effleurait par le simple toucher. S'ils ne se dépêchaient pas de se mettre à l'abri, leurs efforts combinés allaient être vains, ils devaient fuir aussi loin que possible pour protéger leur pauvre vie. Une fois que tout cela sera terminé, ils pourront rentrer au village en paix retrouver leur paisible quotidien, ils leur suffisaient de faire un dernier effort pour mettre fin à tout ce cauchemar qui n'avait que trop duré, un dernier effort pour se reposer.

" Hé Hé.. La limace s'est bien pris mon coup, on dirait.. Elle est en train de se décomposer, tout ça grâce à moi ! Le grand Yohru-sama ! T'as vu, hein ? J'suis le meilleur, c'est ma victoire, je te l'avais dis ! Je te l'avais promis, hein ! Allez, réveilles-toi et admire.. On va rentrer à Konoha. Ne soit pas pressé, on va bientôt pouvoir se reposer, alors tien bon Mama. S'il te plaît. "

Alors que le jeune garçon s'apprêtait à porter le médecin deux fois plus grand que lui sur son dos, ses dernières paroles l'immobilisèrent sur place. Tendant silencieusement l'oreille pour entendre cette faible voix, il ne savait plus quoi répondre, ni quoi faire, une nouvelle fois, il se sentait déboussolé. Il avait envie de rire de vives voix comme s'il s'agissait d'une stupide blague qu'il pourra raconter au retour dans son village, il avait envie de lui donner des gifles dans le visage pour le réveiller de ces absurdités, il avait envie de se boucher les oreilles pour ne pas entendre cette vérité. Il ne savait plus quoi faire pour le sauver, il ne savait plus comment agir pour retourner la situation, il était un incapable. Il savait juste se vanter, mais lorsque la réalité bien plus cruelle que ses mensonges se présentait en face de lui, il perdait tous ses moyens comme un enfant qui ne connaissait encore rien de ce monde. Il était un ignorant, un insouciant, malgré tout ce que l'on lui avait enseigné. Stupide Miko, stupide Kimimaro, stupide Notsuu, stupide Shigo, stupide Megumi, à quoi cela lui servait-il que de savoir lire ou même écrire ? De savoir parler proprement avec politesse ou même les règles de la hiérarchie qui régissait la haute sphère ? De savoir se battre, si au final, il était incapable de protéger son propre professeur ? Quel sens avait ce bandeau qu'il portait sur son front ? Brusquement, un souvenir passé lui revint en mémoire.

" Stupide maître. Stupide Mama. À m'abandonner tous ainsi. Je ne vous le pardonnerai jamais. Puis, baissant la voix de façon presque imperceptible, il ne put retenir ces mots : Je suis désolé. "

Sur ces dernières paroles, il arracha son bandeau de son front qui était supposé représenter sa fierté et sa personne pour le déposer aux côtés de Rin. Ce n'était en réalité que des mensonges, cette plaque avec l'insigne du village ainsi que ce titre de genin n'étaient là que pour apaiser le cœur des naïfs, en leur faisant croire qu'ils étaient devenus de véritables shinobis capables de défendre la paix de leur village. En guise de souvenir heureux, Yohru laissa derrière lui en même temps que ce bandeau le jeune garçon naïf et stupide qu'il était, demeurer aux côtés de ce médecin chaleureux. Puis, il fit la même chose que cette époque où son maître mourut pour protéger ce disciple indigne. Il tourna le dos à la silhouette du géant qui se releva une dernière fois pour protéger son cher élève, vaillant et puissant, comme il avait toujours été aux yeux du rouquin. Serrant ces poings plus douloureux que jamais, le jeune garçon entama sa course afin de s'éloigner de ces lieux. Il devait s'enfuir et survivre, peu importait le prix tant qu'il parvenait à épargner sa misérable vie, ce qu'il restait de ce triste combat. Attrapant au passage son ombrelle qu'il ouvrit derrière lui pour couvrir son dos, il ne devait plus se retourner, il continua à courir de toutes ses forces pour échapper à la mort, malgré la brume qui commençait à effleurer doucement ses jambes ainsi que ses voies respiratoires, il continuait à courir avec cet esprit acharné.

Lorsqu'il fut suffisamment éloigné, il ne put s'empêcher de se retourner une dernière fois pour admirer le corps du médecin se décomposer de sa peau, de sa chair, de son sang, baigné dans cet air empoisonné et mortel. Il mourrait à petit feu, plongé dans le sombre cauchemar de cette bataille. Il pouvait lutter contre la douleur, mais sans doute avait-elle déjà eu raison de lui ? Immobile un instant devant ce spectacle inoubliable, le jeune garçon admirait la fin de ce médecin si généreux qu'il avait eu la chance de connaître et de l'avoir en tant que professeur. En cet instant précis, il grave ces images dans son esprit, afin de ne jamais oublier cette mort, cette souffrance, cette injustice et toute la cruauté de ce monde infâme pour avoir arraché la vie à cette personne. Son cœur se compressait, il n'arrivait plus à respirer à tel point que la douleur l'étouffait, il avait envie de crier et de courir vers lui, mais sa gorge s'égosiller à prononcer la moindre parole. Il souffrait, bien plus qu'une douleur physique, il souffrait de cette douleur du lâche qui prenait la fuite. Cependant, il n'avait point le choix, il devait s'en aller aussi loin que possible, loin du danger.

Puis lentement, le démon renaissait de ses cendres comme une terreur qui refusait de s'endormir, tandis que la petite vie s'accrochait désespérément à ce qui lui restait, en allant se cacher derrière des débris qui n'auraient pas été atteints par la brume. Yohru ne pourra pas renaître, ni lui, ni Rin, seul le mal savait persister. Rien de ce monde n'était comparable à ce conte qu'il avait lu avec Megumi, aucun Naruto n'existait dans ce monde. Il n'avait été que trop bercé dans ces mensonges.

HRP:

Il ne fallut pas longtemps au géant pour donner son dernier souffle de vie, l'empêchant de souffrir davantage des brûlures de l'ignoble démon, qui continuait sa funeste besogne. Quant à Yohru, il put fuir le démon qui ne lui accorda pas la moindre attention.

Akimichi Rin s'éteignit comme il s'était allumé : en prenant la défense des plus petits et des plus faibles.

Spoiler: