Ils y étaient. Grand sourire aux lèvres, Rin accueilli chaleureusement la jeune Inuzuka avec qui il avait déjà eu l’occasion de longuement échange, entrant dans sa chambre d’hôpital, son regard sévère contrastant avec l’expression de son visage. Ce n’était pas quelque chose d’évident, ni de fréquent à Konoha – le gène récupéré sur le corps de Yamada Tetsui allait trouver un nouveau propriétaire en la personne de la jeune femme. Etant devenu directeur de l’hôpital, l’Akimichi avait été mis au courant de nombre de choses qui dépassaient l’entendement qu’il se faisait de la médecine, mais lui le premier comprenait l’importance de la chose. C’était Konoha avant le reste, pour lui comme pour les autres. Depuis hier soir, elle était hospitalisée sur un lit réservé spécialement, et laissée à l’unique prise en charge du médecin, déjà passé hier pour l’examiner.

« Shizu-san, comment allez-vous aujourd’hui ? »

A l’heure qu’il était, les préparations devaient être terminées. La nouvelle branche, récemment ouverte, s’armerait d’un secret supplémentaire avec l’intervention à venir. Un avantage qui faisait rire jaune le médecin – en cas du moindre problème, ravager cette nouvelle annexe de l’hôpital devenait suffisant pour garder la majorité des secrets médicaux de Konoha à distance de l’ennemi. A se demander s’il ne serait pas sage de transporter son bureau directement sur place également, même si la vue était bien plus appréciable ici. Tournant son attention à nouveau sur la jeune femme, il lui adressa un sourire de plus pour la rassurer quelque peu.

« Ne vous inquiétez pas, tout ira pour le mieux. J’ai pris soigneusement connaissance des recherches menées par mon collègue concernant l’objet de notre rencontre aujourd’hui. Nous serons calmement installés, escortés par des ANBU au titre d’intervention particulière demandée par l’Hokage. Mais j’imagine que Hokage-sama vous a déjà tout expliqué concernant le déroulement technique de la procédure. De mon côté, je peux seulement vous dire que j’aurais supervision et action sur toute la procédure comme seule personne présente au bloc. »

Déverrouillant le frein du lit, il commença le doux trajet jusqu’à la salle réservée pour la jeune femme, au sein de l’aile réservée aux shinobis en mission. Au moindre problème, il y avait une armée capable d’intervenir et gérer toute complication possible, même s’il espérait sincèrement ne pas en avoir besoin. Aucune des informations à sa disposition ne laissait entendre quelques complications que ce soit concernant l’intervention, en dehors de résultats quelque peu aléatoires les premiers jours, notamment concernant l’adaptation du gène à l’organisme.

« Nous allons à la nouvelle aile de l’hôpital, dédiée aux Shinobis. Cette même inaugurée pour soigner les blessés de Nami, et vous resterez certainement en observation un jour ou deux après l’intervention, si tout se passe bien. Plus court aurait été appréciable j’imagine, mais je n’ai pas envie de prendre de risques inconsidérés. »

Qu’importe les paroles que le Jônin essayait de trouver, il savait qu’elles ne seraient jamais un baume suffisant pour l’esprit troublé de la jeune femme en face de lui. Et il s’en voulait – profondément – d’être le responsable de cet état. Il y avait quelque chose de soigneux, de précis et de délicat dans ce qui s’apprêtait à être fait. Une procédure qui n’était pas connue ni populaire. Le fruit de recherches bien plus incomplètes qu’il n’y semblait et qu’il ne voulait laisser le croire, malgré l’accent important qu’il avait choisi de mettre sur la chose. Pourtant, il n’y allait pas à l’aveugle. Il savait ce qu’il faisait. Ce qu’il fallait faire. Ce n’était qu’une greffe comme une autre, aussi spéciale soit-elle. Echangeant flot de paroles pour flot de paroles avec l’Inuzuka dans le souci de faire taire les inquiétudes de cette dernières – ainsi que les siennes combien même n’avait-il point le droit d’en avoir – c’est avec un léger sourire qu’il annonça qu’ils étaient arrivés et aida la jeune femme à passer du brancard de chambre au lit de bloc, ramenant bien vite le lit en dehors de la salle. Ce n’était plus qu’eux deux.

« Je sais que vous êtes inquiète. Vous avez toutes les raisons de l’être et pourtant… Je me dois de vous demander de me faire confiance. Je sais ce que je fais et la façon dont je le fais. Je sais exactement quels sont les résultats vers lesquels nous allons, ainsi que l’importance de ce changement pour v… Non. Cette dernière partie, vous êtes la seule à pouvoir réellement l’estimer, pardonnez-moi. Si vous avez la moindre question, n’hésitez pas. Je suis là pour vous et uniquement pour vous aujourd’hui. »

Il soupira calmement et alla se changer quelques courts instants, laissant la jeune femme seule avec ses pensées, puis il revint dans l’enceinte de l’endroit et commença à installer un peu de matériel, sortant le greffon du gène précieusement contenu dans un coffre chirurgical glacé qui affichait, dès son ouverture, ce qui ressemblait à une poche de sang particulièrement épais.

« Préférez-vous que je vous explique exactement le déroulement de l’intervention pour être sereine, ou préférez-vous au contraire ignorer tant que possible ? Il n’y a pas de bonne réponse à cette question, seulement la vôtre – et je m’y plierai, car votre bien être est la chose la plus importante pour moi. Au diable ce gène. Au diable tout ce secret, Shizu-san. Si votre vie venait à être mise directement en jeu, je n’aurai aucune hésitation à vous faire passer avant le reste. Un shinobi vivant est mieux qu’un shinobi aux pouvoirs uniques mort. »

Suna en faisait les frais, mais l’Akimichi parvint à s’abstenir de prononcer cette dernière phrase. La sentence qu’avait trouvé le précédent propriétaire était une juste récompense pour les crimes de son village – combien même une mort était toujours une mort de trop, qu’importe qui mourait. Rin… Rin en avait déjà trop fait les frais. Secouant brièvement la tête, il termina l’installation et se tourna vers la Chûnin, l’interrogeant du regard.

Le médecin adressa un petit sourire à la jeune femme, comprenant qu’elle puisse vouloir ne pas être au courant. C’était un choix après tout et parfois, la douce inconscience était plus grand baume au cœur que la froide intelligence. Seule la durée intéressait l’enfant et, heureusement pour elle, il était on ne peut plus capable de répondre à cette question qui lui arracha même un sourire quelque peu plus grand, plus rassurant.

« Combien de temps… 20 minutes ? Une demi-heure au maximum. »

Ce n’était pas une intervention longue et sur cette dernière réponse, il ferma calmement les yeux et se concentra, composant ses premiers mudras puis il apposa sa main sur la jambe de la jeune femme, anesthésiant totalement le membre concerné. L’intervention étant rapide et simple – du moins sur le plan de la pratique pure – il n’était guère nécessaire de recourir à une anesthésie générale, surtout étant donné la localisation choisie communément par le médecin et sa patiente de l’injection du greffon. De quelques habiles gestes, il étala un champ protégeant son intervention de la vue de la jeune femme : si elle ne voulait point savoir, il était prévisible qu’elle ne veuille point voir.

Menant une conversation somme toute banale avec la jeune fille sur ses projets futurs à nouveau, ou discutant du déroulement des interventions à Nami, il prépara son matériel et inspira calmement une fois de plus avant d’expirer calmement. Doucement, il incisa la peau au niveau de la malléole interne de la kunoichi, laissant l’os de cette dernière doucement saillir à travers l’incision. Attrapant le pochon contenant le gène conditionné, il l’aspira à l’aide d’une grande seringue puis enfonça un trocart dans l’os précédemment libéré, avant d’injecter la substance rouge et pâteuse par le biais de ce dernier. Ce n’était pas une sensation particulièrement agréable que de se voir injecter de la moelle osseuse – même s’il s’agit là d’un traitement de plus en plus développé dans les atteintes osseuses vasculaires afin de permettre à l’os de supporter le coup plus longtemps avant une prothèse. Les études sur le gène ont cependant prouvé une trophicité particulière de ce dernier pour les cellules de l’hématopoïèse, et une injection directe dans un os plat pouvait potentiellement entrainer une réaction trop vive du corps, jusqu’à une leucémie aigüe. Inutile de préciser que c’était un scénario à éviter.

De quelques mudras supplémentaires, il soigna la petite plaie laissée par l’intervention – trois centimètres tout au plus – puis apposa un nouveau sceau, bien plus puissant cette fois-ci, au même endroit. Un sceau voué à rester. D’un coup d’œil à l’horloge, il fit le calcul lui-même. Vingt-trois minutes exactement. Enlevant son masque, il adressa un nouveau sourire à la jeune fille.

« Et voilà, c’est terminé. J’ai placé un sceau contre le rejet sur votre cheville – il bloque totalement les effets de votre cadeau en inhibant le Chakra à cet endroit. Ça laissera votre corps s’habituer à la présence du gène avant que vous ne l’utilisiez pour éviter toute réaction qui puisse vous être nocive. Ce n’était pas si terrible que ça, n’est-ce pas ? »

Il adressa un grand sourire à la jeune femme une fois que tout était terminé. Visiblement, cela s’est avéré plus simple qu’il ne l’avait même espérer – le confortant dans l’idée que le sceau scellant l’effet du gène pendant un certain temps au moins était la solution adéquate au problème posé. Suite à cela, il ramena le brancard et aida la jeune femme à passer sur ce dernier, la prévenant que sa jambe risquait d’être un peu engourdie pour les quelques heures à venir suite à son sceau d’anesthésie. Le trajet jusqu’à la chambre n’avait, une fois de plus, rien de silencieux – les deux comparses profitaient de ce laps de temps pour échanger à nouveau, maintenant que l’atmosphère était bien plus détendue.

Quelque part, Rin savait que tout se passerait bien. Il croyait en ses capacités médicales suffisamment pour ça, même s’il n’aurait jamais l’orgueil d’accepter même ce genre d’idées dans son esprit. C’était en partant gagnant et assuré de pouvoir égaler les plus grands qu’on se retrouvait à faire les erreurs les plus stupides, trop convaincu de ne pouvoir les réaliser. Tout s’était bien passé, c’était l’essentiel – et à peine revenu dans la chambre de la demoiselle, il apposa un nouveau sceau sur sa cheville, à visée purement antalgique. Officiellement, elle n’était pas à l’hôpital. Cette intervention comme tout le reste n’existaient pas. Aucun traitement délivré, rien, sinon les soins chakratique de l’Akimichi – et c’était suffisant, compte tenu de l’ampleur de la chose. S’il s’agissait de plus… Probablement qu’il aurait trouvé une autre façon de faire.

L’observation se passa sans le moindre problème et avec une facilité presque déconcertante également – si le gène prenait son temps à s’intégrer et obligeait le sceau à demeurer plus longtemps que ce qui était initialement prévu, il n’en restait pas moins que le corps de la jeune femme avait supporté à merveille l’intervention. De quelques sceaux, le médecin nota l’intégralité de ses découvertes dans ses petits carnets pour reproduire l’expérience si cela était nécessaire, et très rapidement, l’Inuzuka fut libre de rentrer chez elle avec son nouveau don.

Puisse-t-elle s’habituer à ce gène avant qu’un éventuel événement désastreux emporte le médecin, annulant l’effet de ce dernier…

HRP: