Combattre… Ce n’était pas quelque chose que Rin appréciait particulièrement de faire, mais toujours est-il qu’il avait accepté de participer au petit tournoi. Il n’y avait pas de risque vital. Pas de folie. Pas de rancœur et pas de haine – plus qu’un réel affrontement, il voyait la chose comme un entraînement et un terrain parfait pour être le spectacle des capacités de chacun. Et de tous les adversaires potentiels, dire que c’était sur Sieur Kihran qu’il était tombé… Au moins, il avait la sensation que le combat serait rapidement terminé – même lui avait obtenu l’écho de l’utilisation redoutable et presque chirurgicalement précise du Genjutsu dont faisait office le Directeur de l’Académie. Souriant dans son coin, regard vide plaqué sur le visage comme à son habitude, l’Akimichi se releva et se dirigea vers le cœur de l’Arène, faisant face à son « ennemi ».

« Kihran-dono, c’est un honneur que d’être opposé à vous ! »

Il tendit la main au Hayashi, attendant que ce dernier la serre. Une chose était certaine, ce combat serait soit extrêmement rapide et il deviendrait la risée du village, soit long et riche en stratégies et techniques fougueuses afin d’impressionner maximalement le monde. Le médecin ne se cachait guère de penser que la deuxième option serait préférable, que ce soit pour les spectateurs qui s’attendaient à voir de réelles démonstrations de puissance ou pour son peu d’honneur. Ca et puis… Quelque part, il avait l’impression de porter les couleurs de son clan durant cet affrontement – il était rare que des Akimichi participent.

Le poids des regards de la foule se faisait doucement sentir sur sa nuque, et le nouveau sceau en forme de petit papillon qu’il avait sur cette dernière, s’il était peu visible, portait en lui la lourdeur de ses actes. Dire que c’était pour la femme de son opposant actuel qu’il était revenu au développement de cette technique… Il n’a d’ailleurs jamais eu l’occasion de féliciter le futur père, mais la question ne se posait pas actuellement – ce serait briser tous les secrets médicaux, et il aurait le loisir de le faire à la fin de l’affrontement, en face à face.

Rin inspira profondément et croisa le regard de son adversaire pour lui sourire avant de baisser les yeux. Il ne manquerait plus qu’il tombe dans une illusion d’office… S’étirant quelque peu, il commença déjà à réfléchir à la meilleure approche à avoir pour aborder la chose – même s’il savait que bien rapidement l’instinct de survie prendrait le dessus et son corps risquait de devenir seulement réaction immédiate aux événements de l’entourage plus que réelle réflexion.

Position défensive engagée face à lui, Rin n’attendit pas un instant même dès le départ du combat. La vitesse n’était pas son fort, loin de là – il en était on ne peut plus conscient, tout comme probablement la majorité du village. Son clan n’avait pas la morphologie ni l’usage de ce critère, préférant se baser sur force brute et simplicité d’usage. Une illusion et il avait perdu. Une seule suffirait. Secouant la tête calmement dans un léger rictus, il fit rapidement le nécessaire pour sentir la graisse de son corps prendre en solidité afin de prévenir de grands dégâts, admettant que même Genjutsu devrait-il y avoir, protéger son corps serait raison suffisante pour épuiser ne serait-ce qu’en partie le Chakra de son adversaire – et quand il s’agissait de se défendre, il pouvait se targuer d’être parmi les plus grandes défenses humaines du village.

Suivant sa logique de combat moins direct que d’habitude – la moindre menace trop exprimée étant un danger en soit, il soupira calmement avant de recomposer quelques signes et invoque Yumi. Pour la majorité du village, sinon tous, c’était une découverte que la sortie de son arc dans cette arène. La finesse du détail qui ornait son arme fétiche, la tension de sa corde, la décoration évoquant en nombreux point la légende de Kyuubi – tout signait une origine de Hi, et de tous les cadeaux qu’il avait obtenus pour avoir soigné et sauvé, c’était l’un des rares qu’il avait accepté, charmé devant la chose. Sans attendre de plus, il empoigna l’arc et, joignant ses deux mains, invoqua sa flèche liée à une longue corde pour la tirer immédiatement vers le Hayashi.

L’Akimichi n’était pas dupe, voudrait-il se déplacer vers son ennemi qu’il serait déstabilisé, emprisonné dans des lianes ou des illusions diverses. La solution d’astuce, combien même quelque peu moins évidente, était naturellement de l’obliger à venir au corps à corps par d’autres stratagème et celui-ci, bien que simple, avait déjà prouvé son efficacité. Dans le pire des cas, il se protégerait, et Rin pourrait utiliser la modification du terrain à son avantage à un moment ou un autre. Tandis que la flèche faisait sa route, il porta sa main à sa ceinture pour en décrocher l’un de ses Fumigènes et le propulsa contre le sol, réduisant efficacement la visibilité à sa hauteur – qu’importe, il pouvait passer outre. Il savait passer outre. Et cela épargnerait ses yeux des illusions visuelles. Il tira sur la corde, s'apprêtant à voir ce qui adviendrait, tout en se repositionnant dans la nouvelle brume.

HRP:

Rin tira sur sa flèche pour la récupérer, bredouille. Ainsi, le Directeur s’était protégé, rendant le combat légèrement plus long et arrachant un sourire à l’Akimichi. Il n’avait pas établi sa réputation sur du vent, c’était certain - et alors qu’il pensait déjà à son mouvement suivant il fût presque arrêté par une violente quinte de toux, révélant sa position à l’ennemi. Etait-ce le fumigène ? Non. Il le connaissait assez pour savoir qu’il n’y avait aucun effet surajouté à la chose, et il n’avait subi aucun dégât, aucune attaque, ce qui ne laissait comme position cohérente que… Sans réfléchir plus que ça, le médecin composa quelques Mudras et une bulle d’air enveloppa sa tête, lui permettant de limiter l’effet de diffusion aérien – du moins l’espérait-il – afin de gagner un peu de temps.

Et une fois la chose faite, il essaya de se repositionner, contenant tant bien que mal sa toux et révélant, par quintes, sa localisation – hélas, son pied fourcha et il manqua de tomber, se rattrapant de justesse par le biais de sa main qu’il posa à plat contre le sol. Quelque chose de gluant, collant et surtout glissant s’y était déposé, certainement une technique de son adversaire. Ainsi, les deux semblaient lutter pour le temps et n’osaient guère faire le premier pas, craignant le retour de bâton qui pourrait s’avérer fatal. Se relevant rapidement, Rin hésitait une fraction de seconde avant qu’une toux nouvelle ne le prenne, le forçant à se reloquer avec parcimonie pour ne pas subir d’un ralentissement excessif.

Etait-il déjà nécessaire d’en arriver à là ? Il n’avait pas envie de ravager la zone dans une efficacité simpliste, même si cela lui assurerait une victoire… Pour le moins rapide. Profitant d’avoir encore sa flèche en main après l’avoir récupérée grâce à la corde, il tenta une approche de plus sous le couvert de son fumigène, orientant sa flèche à l’aveugle non loin de l’endroit où se situait avant le Hayashi. Pour exécuter tant de techniques, il ne s’était peut-être pas déplacé sur un coup de chance, et s’il venait à louper une de plus, Rin composa quelques rapides Mudras pour tirer une flèche de plus, et finalement il lança un Kunai des plus simples sous un angle différent, espérant qu’au moins l’une des trois ferait mouche. Si ce n’était pas le cas… Il clôturerait le combat ultérieurement afin de ne pas rester dans une zone hostile qui… Ses pensées furent interrompues pas une quinte de toux alors qu'il tira sur sa corde de Tisse Approche.

HRP:

Alors que sa fumée couvrait encore le terrain de combat, Rin entendit successivement le fracas de sa première flèche contre quelque chose – inutile de tirer dessus donc, sinon pour récupérer une corde qu’il préféra laisser tomber au sol – puis le gémissement du Hayashi puis la lumière fut. Et voyant son ennemi composer des Mudras, l’Akimichi s’apprêtait naturellement à esquiver, hélas en combinaison vulgaire de sol glissant et de coup sous la ceinture, au sens large, il ne fit que glisser et senti quelque chose se briser contre son pied. Il adressa un sourire à son adversaire – la chose n’était clairement pas suffisante pour traverser son armure et d’un mouvement fluide le médecin se retira de l’écharde le chatouillant, la contemplant du regard. Ne pas lever les yeux. Il n’oubliait pas, surtout que la vision était revenue. Et alors qu’il hésita un instant sur quoi faire, un frisson important traversa Rin et il se sentit faillir. Etait-ce… Il soupira avant qu’une quinte de toux ne fasse interrompre cette partie également. Sa tête commençait à être légère et il lança son arc au sol.

« Kihran-dono… Vous êtes un adversaire redoutable avec vos pois…. Kof Kof Kof… poisons. »

Alors qu’il parlait, il commença à composer ses premiers mudras et posa une de ses mains sur ton cœur, léger sourire aux lèvres. Vite… Vite avant qu’il ne s’évanouisse et… Il secoua la tête très rapidement, tel un spasme ne parcourant que cette dernière. Ça allait déjà mieux.

« Vous êtes cependant tombé sur un adversaire à même de vous rejoindre sur ce domaine. »

Profitant de la libération de son corps du poison par le biais du sceau qui se dessinait sur son corps avant de s’effacer calmement, Rin composa quelques mudras de plus. Le clan Akimichi. Ne voulait-il pas voir de quoi ils étaient capables ? Ce serait l’occasion ou jamais, même si encore une fois, il se brida pour ne pas ravager la totalité de la zone dans un égard. Le respect du bien était une chose à laquelle on sensibilisait très tôt les enfants du clan déjà, compte-tenu du potentiel à… Ravager qu’ils avaient. Une éducation qui coulait encore dans les veines du Directeur de l’Hôpital, bien trop conscient des risques de ses techniques pour les utiliser de façon impromptue.

A une vitesse presque excessive, le médecin augmenta de volume, atteignant de sa tête déjà les tribunes. Maintenant, le combat prendrait une tournure différente. Une tournure bien plus complexe, et pas que pour lui… D’un geste brusque, il augmenta plus encore le volume de ses mains et les claqua de toutes ses forces sur le Hayashi.

HRP:

Voyant la volumineuse plante sortir du sol directement après la défense du Directeur de l’Académie, Rin comprit qu’il était trop tard. N’ayant guère de quoi esquiver la chose sous cette forme, il se contenta de serrer les dents et de l’encaisser de plein fouet, les dents acérées de la carnivore s’enfonçant en lui-même à travers son armure et créant des plaies béantes. Instinctivement, il porta ses mains à lui pour composer un sceau de soin mais déjà, quelque chose semblait bouger au sein de son corps. Doucement puis de plus en plus vivement, tellement un parasite se développant sans le moindre respect vis-à-vis de son hôte et déjà… Les premières racines et fleures commencèrent à sortirent de son corps, le privant de toute la mobilité qu’il aurait aimé avoir.

Le voilà devenant progressivement un être du monde végétal sans la moindre chance de s’en défaire. S’il voyait là l’intérêt d’un puissant Genjutsu, il était inespéré d’avoir le moindre temps de réaction suffisant pour faire quoi que ce soit. Soupirant calmement, le géant baissa ses yeux vers son adversaire avant de lui adresser un grand sourire.

« C’est une belle illusion que vous avez là. Effrayante au possible mais vraiment esthétique, vous l’a-t-on déjà dit ? »

Qu’importe la beauté intrinsèque de cet art, Rin n’arrivait guère à s’y faire. Les sensations semblaient tellement réelles que c’est seulement ses connaissances en médecine qui lui permettaient de garder le peu de cohérence faite pour distinguer le vrai du faux, et ce sans qu’il ne soit possible de lutter contre l’immobilisation ainsi produite. Si la cinétique de l’illusion était plus basse, il aurait au moins pu puiser dans les restes de son Chakra afin de rétablie une armure supplémentaire autour de son corps qui lui aurait assuré de ne pas tomber au combat, estimant que les deux Jônins avaient sensiblement la même force. La combinaison était hélas fatale et tirait, un peu trop peut-être, profit de sa taille.

« Quoi qu’il en soit, je m’avoue vaincu. »

Le doute. Il n’avait aucune hésitation à le blâmer une fois de plus : sorti de l’asepsie de son monde, il se retrouvait à devoir prendre des décisions plus immédiates que la réflexion devant un bilan et moins intuitives que son corps cherchant à soigner de lui-même presque les blessés les plus graves à sa portée. Toujours, quand l’absence de sentiments de son corps se confrontait à l’extérieur, il sentait la folie douce le gagner. Oui, il lui aurait été possible de gagner ce combat avant que même son opposant ne puisse agir. Pourtant, l’intérêt était tellement mitigé et le danger tellement grand à aller jusqu’à de tels extrêmes qu’il doutait croire même que cela lui soit nécessaire un jour. L’environnement était trop précieux pour se permettre de toute ravager à l’instar d’une bête sauvage. Soupirant lourdement, le médecin secoua la tête autant qu’il lui était possible avant d’adresser un sourire fade de plus à son adversaire.

« A gage de revanche ? »

HRP:

Aussitôt le combat terminé et l’illusion relâchée, l’Akimichi s’empressa de soigner ses blessures sans le moindre mal ou la moindre difficulté – il avait encore assez de ressource pour le faire aisément, même s’il accepta par la suite, à contrecœur, d’être emmené pour une évaluation médicale supplémentaire. Le regard vide, fixé dans le mur, il repensait brièvement à ce qu’il venait de se passer, se demandant s’il avait bien fait de ménager ainsi… Mais qu’importe, le retour arriverait certainement un jour. Ignorant totalement l’équipe médical qui s’afférait autour de lui comme s’il s’agissait de quelque chose de normal voire naturel – quoi de plus pour quelqu’un qui avait déjà donné sa vie à la médecine – il ne put s’empêcher d’esquisser un maigre sourire à entendre les protestations des infirmières devant le départ précipité du Directeur de l’Académie.

Soupirant une fois de plus, il adressa un sourire de plus à l’équipe médical lorsqu’elle conclut qu’il s’était intégralement soigné seul. Si Rin pouvait s’abstenir de cette évaluation, il ne savait que trop bien qu’il était plus prudent de rester sage lorsqu’il s’agissait de soins personnels en dehors de situation d’urgence, et qu’un avis extérieur pouvait toujours être d’une utilité non négligeable. D’un geste fluide, il se releva et expliqua aux infirmières qu’il irait raisonner le Hayashi, bien que son objectif était, somme toute, différent. Arrivant rapidement dans les tribunes, il échangea un regard complice avec le rouquin avant de s’installer aux côtés de ce dernier.

« Vous auriez pu vous faire soigner, vous savez… Même si je comprends que votre curiosité se montre plus forte – que diriez-vous que je vous soigne ici, sur place ? Il n’y a pas de grandes blessures, mais j’ai encore du Chakra. Assez pour le faire facilement. »

Refocalisant son attention sur le combat, le Jônin ne put s’empêcher d’esquisser un sourire. Leur spectacle était-il de la même qualité que l’actuel ? Il l’espérait sincèrement. Pris d’un léger rire effaçant le livide de son visage, il se baissa discrètement vers son homologue.

« Par ailleurs, il convient de vous féliciter – et je ne parle pas là de votre victoire au combat, mais plutôt… De votre victoire à la vie. Sincères félicitations, Kihran-dono. »