Plusieurs mois que la jolie brune habitait chez le Ketsueki. Plusieurs mois qu'elle partageait le lit du beau Vampire. Plusieurs mois qu'il la dévorait de ses yeux de feu ; plusieurs mois qu'elle le repoussait à chacune de ses tentatives. Il avait essayé quelques fois de la convaincre de passer ce cap de leur relation, mais la marionnettiste ne se sentait tout simplement pas prête pour cela.
Et pourtant, elle était allongée à quelques centimètres de lui dans une tenue qui en dévoilait bien assez. Son corps était caché seulement de la poitrine au haut de ses cuisses. Ses fines jambes nues caressaient le drap et parfois quand elle dormait, sa nuisette se soulevait légèrement, dévoilant des dessous que Kazushi n'osait jamais regarder, par respect pour elle. Elle qui s'habillait si chastement en temps normal... Est-ce qu'elle essayait de lui faire perdre la raison ?
Bien que Ruri avait vingt ans passés, elle n'avait jamais connu d'autres hommes que Kazushi. Elle n'avait d'ailleurs qu'une vague idée de... "comment c'était", à ce niveau-là chez les personnes de sexe masculin. Il y avait bien une fois où elle était entrée par erreur dans la salle de bain alors qu'il s'apprêtait à se doucher, mais elle avait refermé la porte si vite que l'image ne s'était pas imprimée dans sa mémoire.
Mais Ruri était aussi très pudique, malgré la peau qu'elle dévoilait un peu plus chaque soir à son amoureux. Comment savoir si elle avait un corps de femme "normale" ? Elle n'avait pas de points de comparaison et les livres de biologie étaient assez évasifs. Elle savait déjà que sa poitrine - bien que dans la normale - n'était pas assez grosse pour être associée avec le fantasme masculin. Et s'il n'aimait pas son corps ? Et si elle le dégoûtait, avec tous ces sceaux sur sa peau ? Voilà les interrogations et peurs infondées qui empêchaient la marionnettiste d'aller plus loin.
Et c'était exactement ce qui passait dans la tête de la Chikamatsu en ce moment même, alors que les baisers du Ketsueki se faisaient plus pressants et qu'elle se trouvait coincé entre le mur et son corps. Elle avait toujours su lire en lui comme dans un livre ouvert, elle avait appris à reconnaître cet état d'esprit. D'habitude, il faisait toujours très attention dès qu'il la touchait, comme par peur de la briser. Mais dans ces moments-là il devenait plus... passionné. Ses lèvres ne se contentaient plus des chastes et très légers baisers. Ses caresses étaient plus appuyées. Il désirait plus que ça.
Elle prit son visage entre ses mains et l'éloigna délicatement d'elle, voulant capter son regard, lui adresser un maigre sourire. Non, elle ne lui donnerait pas ce qu'il attendait. Pas ce soir, pas encore.
We accept the love we think we deserve. [Ketsueki Kazushi]