Rin soupira, indiquant qu’on fasse venir le Chûnin. D’autant plus de choses qu’il faudrait lui apprendre… Mais qu’importe. Il avait choisi de relever ce défi, ce n’était pas pour se défiler ou se cacher derrière ses responsabilités. Il n’avait aucun patient aujourd’hui, seulement de l’administratif à gérer et il lui serait possible de prendre sur sa nuit pour finir. A peine fut-il rentré dans son bureau que le Yamanaka commença d’office une tirade. Trois conditions. C’était beaucoup demander après la démonstration qu’il avait déjà exigée la veille, mais soit. C’était toujours mieux que rien – et à défaut, autant écouter pour trouver ce qu’il voulait. Le Jônin était tout à fait libre de refuser, même si ce n’était pas vraiment dans sa personnalité. Il soupira une fois de plus avant de se lever et se mettre à hauteur du Chûnin.

« Des conditions ? »

Il soupira une fois de plus.

« Vous êtes le plus haut gradé de mes trois élèves. Je ne vous laisserai pas rencontrer les deux autres tant que je n’aurai pas la certitude qu’ils ne risquent rien en votre présence. Après cette étape, ce sera à vous de diriger alors que je superviserai. Pas de morts inutiles. Pas de blessés inutiles. Pas de violence gratuite. C’est tout ce que je demande. »

L’Akimichi esquissa un sourire. Ce n’était pas vraiment des exigences exagérées selon lui, mais seraient-elles entendues de la même oreille par le dissident ?

« Pourquoi vous ? Non, vous vous trompez. J’ai déjà fait mes preuves, je n’ai plus à en faire. J’estime juste que vous avez du potentiel que vous bridez par votre attitude et comportement. Et comme personne ne semblait se battre pour vous, je me suis dit que peut-être… Peut-être tout ce dont vous avez besoin est que quelqu’un vous soutienne. Vous accompagne. Et si vous ne changez pas… Je crois vous avoir déjà prouvé hier que j’étais plus qu’en mesure de vous arrêter si cela s’avérait nécessaire, non ? »

Restait seulement le point de la technique qui semblait le plus avoir marqué le jeune homme en face de lui d’hier. A défaut, Rin s’y attendait quelque peu – il fallait être aveugle pour ne pas en voir l’utilité en combat pur et dur. Il adressa un sourire de plus au Chûnin.

« Oui, je peux vous l’enseigner. Je n’ai que des tâches administratives à faire aujourd’hui, et l’hôpital a moyen de toujours me joindre si le besoin se fait sentir. Rejoignez-moi donc au terrain d’entrainement d’hier, je vous montrerai comment faire… »

Sur ces quelques mots, la silhouette du médecin s’effaça et en l’espace d’une fraction de seconde, il arriva sur le terrain d’entraînement, moyennant un sceau qu’il avait laissé là lors de ses entrainements sur cette technique. Le terrain était encore dévasté, les réparations devant prendre plus de quelques heures certainement… Il y était peut-être allé fort hier ? Il soupira, allumant une cigarette pour faire passer le temps.

L’Akimichi soupira, terminant sa cigarette et l’éteignant calmement. Il y avait un avantage inouï à maîtriser le Katon, et c’était bien le fait de pouvoir les allumer et éteindre quand bon lui semblait. Toujours est-il que quelque part, il cherchait à se convaincre qu’il avait pris la bonne décision en choisissant d’accompagner le Chûnin. Il l’avait fait en grande partie par altruisme, et il espérait ce que dernier en tire un minimum de profit. Lorsqu’il arriva enfin, Rin lui adressa un léger sourire.

« Déjà pour répondre à votre question… Toutes les violences sont gratuites. Ou presque. Chercher à blesser dans le but de blesser ou obtenir quelque chose qu’il est possible d’avoir sans user de violence… Elle est là, la gratuité, mariée de prêt à son amie la facilité. Avez-vous d’autres questions concernant les conditions que je vous impose ? Je préfère ça à une incompréhension de votre part, et passé le délai d’aujourd’hui… Tout excès justifié par l’incompréhension de ces dernières sera considéré comme une rupture du contrat tacite entre nous. »

C’était des paroles sévères pour le Jônin, il le savait – voir se sentait même dépaysé en sa propre personne en les disant. Hélas, il semblerait que ce soit plus que nécessaire pour garder des frontières strictes entre ce qu’il était humain ou non de faire, et comme le Yamanaka semblait ne pas apprécier ce mot… Il se contenterait de synonymes ou demi-mesures. La fin justifiait le moyen en ce moment précis, et si Rin savait ne pas pouvoir contrôler ce que pensait son nouvel étudiant… Il se satisferait que les pensées restent à l’état de pensées.

« Vous avez déjà vu ma technique et son effet. Si vous voulez que je vous l’apprenne, vous devez donc user du Taijutsu n’est-ce pas ? Ce qui complète le tableau avec votre usage du Genjutsu, soigneusement démontré hier. Une technique terriblement efficace, si je puis me permettre. Quelle est votre affinité élémentaire ? Que je sache si l’on peut simplifier la technique par le biais de celle-ci, ne serait-ce qu’un peu… »

Il soupira calmement, attendant la réponse du Chûnin et lançant un regard simple à la destruction qu’il avait amenée hier lors de sa petite démonstration. Il était même presque étonnant de n’avoir reçu aucune plainte, mais l’argent ayant déjà été transféré pour combler les énormes cratères dans la terre et quelques arbres déracinés… Ce n’était qu’un détail.

« Dites-moi ce que vous avez compris de cette dernière. Ce sera peut-être plus simple de commencer comme suit. »

Rin soupira une fois de plus à la réponse du Chûnin. Décidément, ce dernier était on ne peut plus tête et avait décidé de camper sur ses positions au détriment de toute logique. Si tout disait au médecin qu’une réponse serait futile, il ne pouvait cependant pas s’en empêcher. Après tout, il était quelque part attaqué de lui-même dans cette histoire.

« Une fois de plus, vous vous trompez. Vous ne le voyez peut-être pas mais vous obtenez, tous les jours, une quantité affligeante de choses sans user de violence. Ne vous êtes-vous jamais demandé pourquoi les premières missions de Genin consistaient à aider des gens, régler de petits conflits ou désagréments de la vie de tous les jours où le combat n’était pas nécessaire ? C’est justement pour apprendre à respecter la vie et l’humain. Lorsque vous voulez quelque chose vous le demandez plutôt que de le prendre par la force. Nous sommes les armes du Pays – soit si vous voulez voir la chose ainsi. Mais une arme peut aussi bien être utilisée pour se défendre que pour attaquer, et le respect d’autrui… C’est seulement la façon que l’on a d’apprendre à manier l’arme pour éviter qu’elle ne vienne nous blesser. »

L’Akimichi fut craquer quelques-unes de ses phalanges, se demandant si la métaphore n’était pas trop subtile pour quelqu’un de plus jeune que lui.

« Et oui. J’ai usé de violence pour vous convaincre. Mais ne me faites pas croire que faire sans aurait fonctionné – vous m’avez mis au défi de votre propre chef. Je me suis retenu pour ne pas vous tuer et je vous ai soigné derrière, justement parce que ce n’était pas gratuit. Tout le long, je suis resté dans la frontière de mes capacités. »

Le Suiton ? En effet, ce ne serait aucune aide. Soupirant calmement, Rin adressa un léger sourire à l’explication donnée par le Yamanaka. Il n’avait pas tout à fait tort mais n’avait pas tout à fait raison non plus, notamment sur le fonctionnement de la technique. Qu’importe, cela avançait bien les choses.

« C’est presque ça. J’applique le bon degré de tension externe aux muscles pour qu’ils soient obligés de se contracter afin que votre corps ne soit pas broyé, et sur la brutalité du contact je provoque comme une crampe généralisée de toute la musculature. Mais vous… Il faudra faire différemment en effet. Connaissez-vous le commotio cordis ? C’est une technique de Médecine Offensive qui cherche à amener la mort par une simple frappe au niveau du sternum, afin de provoquer une désynchronisation des battements du cœur qui aboutit à un arrêt cardio-respiratoire. Ma technique s’inspire de ceci, avec la facilité de viser les muscles plutôt que le cœur et ne pas avoir à se soucier de l’endroit que je frappe. »

Il marqua une légère pause avant de poursuivre son explication.

« Vous avez raison. Il vous faudra frapper la moelle épinière, ou plutôt la colonne vertébrale, pour arriver à cet effet. Un choc au niveau spinal peut induire une sidération médullaire pendant un moment, ce qui est suffisant pour paralyser quelqu’un. Néanmoins. Un choc trop important abîmera cette dernière, un choc trop haut risque tout bonnement de tuer votre cible. Ce n’est pas ce qui est recherché ici, et j’espère que nous sommes clairs là-dessus. Des questions ? »

Rin préféra ignorer la dernière remarque du Yamanaka pour se concentrer sur les questions qu’il avait posé plus tôt. S’il n’avait aucune notion claire de la médecine, il n’en restait pas moins que ses capacités d’analyses étaient loin d’être mauvaises. Suffisantes du moins pour que le médecin accepte qu’il n’y avait guère trop de risque face au Chûnin et qu’il était légitime de faire valoir son savoir sur la technique. Il esquissa un léger sourire avant de se tourner, déboutonnant calmement sa chemise.

« Quitte à devoir vous rappeler vos bases de Ninjutsu, un clone n’est pas un être humain au sens propre du terme. C’est une structure plus animée par le Chakra qu’un réel système nerveux. »

Le sceau en forme de papillon ornait sa nuque dans cette position de presque vulnérabilité face au Yamanaka, mais il aimait se dire que cette fois-ci au moins, il avait plus à apporter au jeune homme que ne le ferait sa mort. Usant de sa main, Rin illustra ses propos au fur et à mesure qu’il les avançait.

« Ici, la moelle se termine. Elle commence déjà en partie dans la boite crânienne. Ce n’est pas qu’une question de force, l’endroit à frapper est tout aussi important. J’imagine que vous n’avez pas trop de notions d’anatomie ? Nous possédons deux parties du corps où notre moelle épinière est plus grosse, c’est les régions qui correspondent aux membres inférieurs ici, et aux membres supérieurs ici. »

Il arrêta sa main sur une zone en fin de nuque. Suffisamment haut pour persister dans le renforcement médullaire qui était plus sujet à une commotion devant un coup grâce à une moindre mobilité dans un canal rigide et inextensible, et suffisamment bas pour épargner les nerfs responsables de la respiration et s’assurer que la cible survivra. Certes, cela lui permettait encore d’user de sa tête de façon fixe et de son visage, mais privé de sceau même un expert en Genjutsu ne servait à rien… Et tout au plus, il serait interrogeable.

« Oubliez la notion de puissance de coup. Concentrez votre Chakra pour frapper une seule rapide fois. A l’instar de ce qui pourrait se passer en réception d’une mauvaise chute. »

Faisant revenir ses mains devant soi, Rin composa rapidement quelques Mudras et déjà le papillon de sa nuque grandissait, s’étendant et recouvrant progressivement tout son corps d’un enduit de Chakra matérialisé par une couleur rouge foncé virant sur le pourpre.

« Vous allez vous entrainer sur moi. Je ne risque pas de mourir, et je saurais quand vous aurez réussi. Quand vous voulez. »

Inspirant calmement, il ferma les yeux pour analyser son propre corps et laisser le Chûnin faire.

Calmement installé, Rin encaissa le coup de Shigo sans même vaciller. Etait-ce tout ? Quelque peu étonné presque de l’impact reçu, il se retourna rapidement pour fixer son élève afin de jauger son corps, puis secoua calmement la tête en lui adressant un sourire.

« Il faut y aller… Beaucoup plus fort. Essayez de comparer la force donnée à celle de ma technique, la différence n’est pas vraiment flagrante et si vous arrivez jusque-là c’est l’assurance que ce soit bon. A en juger par votre musculature et vos mouvements, je dirais que vous vous entraînez beaucoup en Taijutsu non ? Je suis sûr que vous pouvez développer la force nécessaire. »

Sur ces quelques mots, il se retourna une fois de plus et inspira calmement, se demandant pourquoi avait-il tant restreint son coup. Etait-ce parce qu’il était perturbé de pouvoir frapper Rin ? Ce n’était pas grand-chose pourtant pour lui, mais certainement que tout son discours sur le fait de tuer potentiellement sa cible… Il soupira lourdement. Quelque chose lui disait que le Yamanaka n’aurait eu le moindre scrupule à le tuer dans un autre contexte, mais qu’il n’était peut-être pas vraiment sage de tuer un supérieur hiérarchique pour le simple plaisir en, vertu des possibles répercussions du geste.

« N’ayez pas peur de me tuer. Je suis suffisamment prévenant pour avoir anticipé cette éventualité et être capable d’y résister. Et n’essayez pas trop d’imiter totalement ma technique dans votre force non plus. Un coup sec misant plus sur la vitesse et la brutalité de l’impact que la vraie force. »

Se taisant à nouveau, il ne restait qu’à attendre que le masqué se décide de frapper une fois de plus, en espérant que cette fois-ci l’impact serait bon. Il y avait une certaine finesse à la technique qu’il était difficile de comprendre sans les réels mouvements du corps, Rin épongeant soigneusement la force de la frappe. Pas de vertèbres se déplaçant légèrement dans son cou. Pas de léger craquement audible. Il était la seule référence que pouvait avoir le Chûnin – c’était déjà mieux que de prendre des personnes n’ayant rien à voir dans l’histoire, les brusquer en risquant de les tuer et devoir les soigner ultérieurement. Tellement de facilités qui étaient permises par des recherches de l’Akimichi, menée il y a pourtant tellement longtemps avec une femme… Quelle douce ironie que cette dernière soit d’ailleurs un membre du clan Yamanaka. Peut-être la connaissait-il ? Une question à poser certainement à la fin de l’entraînement – cette dernière ayant plus que clairement fait comprendre à Rin qu’elle ne voulait plus rien avoir à faire avec lui.

Rin soupira une fois de plus devant la remarque du Chûnin. La façon qu’il avait de manquer de confiance en ce qui lui était dit ou fait faisait penser à d’importants traumatismes passés, à la limite même d’une personnalité à tendances antisociale. Pourtant, le Jônin décida d’ignorer la chose avant de lui adresser un dernier sourire et l’inviter à frapper d’un simple geste de la main. Et cette fois-ci, il était estimable qu’il avait pris en compte la chose telle qu’elle devait être. Rapidement, l’Akimichi senti sa moelle produire l’impact qui était escompté dans la chose et son corps se tendre devant une paralysie s’installant brutalement et se rompant tout aussi vite. Il sentait la prise de son sceau, lessivant littéralement son Chakra pour reconstruire tout ce qui pouvait être lésé ou abîmé avec une simplicité déconcertante et rendant à Rin l’intégrité de son corps. Même le léger érythème associé à une sensation de chaleur laissé par les deux frappes successives au même endroit du Chûnin n’étaient plus, et souriant il décida de lui faire face, debout.

« La puissance était bonne, la vitesse également. Pas plus que ce que vous n’avez mis, c’était à la limite de l’acceptable même – mais suffisant cependant. Êtes-vous satisfait ? J’ai tenu ma part du marché en vous enseignant cette version altérée de ma Sidération musculaire. Mais ne pensez pas que le travail sur cette technique s’arrête ici. Il vous faudra savoir trouver le moment opportun pour attaquer l’adversaire durant un combat. Si mes mains sont peu prévisibles, un coup cherchant à atteindre la nuque… Peu de gens accepteraient de l’encaisser, et moins encore de vous laisser tenter à plus d’une reprise. »

Il lui adressa un sourire sévère avant de sortir une cigarette et l’allumer. S’il n’aimait guère fumer en présence d’autres personnes, le comportement du Yamanaka jusque-là semblait indiquer qu’il n’avait que peu faire de l’Akimichi, tant que ce dernier lui était profitable.

« Et vous remarquerez que j’ai survécu, au passage. »

Il souffla une bouffée de fumée dans l’air à l’opposé de son nouvel élève.

« Alors, quel est votre verdict ? Acceptez-vous ou non ? Je n’aime pas particulièrement faire de chantage, alors laissez-moi plutôt vous dire ceci. Je vous ai enseigné quelque chose qui pourra vous sauver la vie à bien des reprises si vous apprenez à manier la délicatesse de cette frappe, ainsi que son positionnement en plein combat. J’ignore si cela prouve… Non. Ces mots n’ont aucune valeur à vos yeux j’imagine. »

Soufflant une bouffée de plus, il avala bruyamment sa salive, signant le quelque peu de dédain qu’il avait à prononcer ses suivantes paroles. Pourtant, s’adapter à ses élèves était une partie essentielle de la chose et s’il fallait tuer la paix en lui pour calmer un psychopathe potentiel… Rin était prêt à prendre le risque.

« Je vous ai appris quelque chose qui vous permettra de tuer vos ennemis plus facilement. Pensez bien que je ne me limite pas à ça et que je saurais m’adapter pour subvenir à vos besoins pédagogiques particuliers. En échange, je ne vous demande que de respecter mes quelques règles. »