La brume épaisse permettait à peine de voir la surface de l'eau lorsque la Natsumi embarqua à bord d'un navire marchand partant de l'archipel de Mizu no Kuni pour Shûkai.

Depuis la reconstruction de Kirigakure no Satô et l'acharnement du Rokudaime Mizukage pour instaurer la sécurité dans le Pays de l'Eau qui était devenu le lieu d'attractions des bandits en tous genres après la destruction du Village Caché, le commence avait repris de l'ampleur avec les pays voisins mais surtout avec l'Empire auquel le grand archipel était rattaché. Tous les jours des nombreux bateaux marchands partaient ou revenaient dans les ports des îles qui formaient le Pays de l'Eau. Il était facile de négocier un passage à bord d'une de ces embarcations. De plus, le statut de la Natsumi lui avait même permis de bénéficier d'un transport entièrement gratuit à bord d'un navire en très bon état. Elle avait eu de la chance de tomber sur des hommes qui étaient reconnaissants envers ceux qui assuraient la sécurité de leur pays même si la jeune femme soupçonnait que son apparence avait joué à sa faveur. Les regards qu'elle surprenait souvent à lorgner discrètement son opulente poitrine ou ses cuisses et fessier étaient des preuves flagrantes sur la motivation de ceux qui l'avaient acceptés à bord. Ayant l'habitude des regards vicieux et loin d'être une prude, la samouraï ne s'offusqua pas cependant. Elle laissa les hommes se rincer l'œil à loisir sans se priver de leur accorder un sourire quand la situation s'y prêtait. Tant qu'ils se contentaient de la déshabiller du regard elle ne sortirait pas ses griffes ; surtout qu'ils se montraient bien gentils avec elle.

Le Shûkai n'était pas la portée à côté alors le trajet fut bien long. Lorsqu'ils atteignirent le port de destination, le soleil s'était déjà couché depuis un moment. La Natsumi dormit alors dans une auberge dans la ville portuaire avant de reprendre sa route tôt le lendemain. Sa destination était Iwagakure no Satô, la Capitale de l'Empire. Elle s'y rendait en tant que simple "touriste".

Profitant de quelques jours de repos, elle avait délaissé ses animaux de compagnie aux bons soins des vieux Kato qui la considérait à présent comme sa fille et avait accordé un répit à ses élèves pour s'offrir une petite escapade en solitaire. Des mois étaient passés depuis qu'elle avait décidé de suivre Shinda Michiki - l'homme dont elle était éprise - et le voyage en solitaire lui avait cruellement manqué au point qu'elle avait senti le besoin de s'évader un peu de Mizu no Kuni seule. Elle avait été si longtemps isolée avant de rejoindre Kiri que son être réclamait de temps en temps être esseulé. Chose qu'elle s'était accordée.

Joignant l'utile à l'agréable, la Natsumi avait décidé de visiter le Village Caché de l'Empire dans l'optique de connaître un peu la grande ville et ses habitants.

Elle atteignit sa destination au milieu de la matinée.

Arborant le bandeau du Village Caché du Pays de l'Eau qu'elle servait au niveau de la ceinture qui maintenait son daisho, on ne manquait pas de lui jeter des regards curieux. Il faut croire que rares étaient des kirijin qui trainaient dans le coin.

Certains shukajin devaient certainement prendre les kirijin comme des "rebelles" à l'encontre de l'Empire mais la Natsumi passait outre à ce préjugé. Elle ne brandirait pas son arme tant qu'on ne chercherait pas à l'agresser. Elle n'était pas venue pour déclencher une quelconque hostilité envers ceux qu'elle considérait comme ses propres camarades car après tout ils étaient sous le joug de la même personne …

Spoiler:

Une journée comme une autre, encore, et toujours. Une journée simple et tranquille où les habitants ne faisaient pas de vagues, ils agissaient en citoyen de l’Empire exemplaires. Pas de cambriolage, pas de disputes dans les rues, et pas la moindre trace de la rébellion dans les airs. Vous l’aurez compris, aujourd’hui, Higeki se faisait chier. Usuellement, depuis qu’il s’était installé à la capitale, il avait remarqué que les rues pouvaient très aisément s’activer dans tous les sens, les passants faisant beaucoup de bruits, les esprits errants prêts à raconter leur tracas d’avant mort. Il s’amusait même à vadrouiller autour de l’ancienne capitale devenu village caché pour se balader avec ses esprits à la recherche de brigands et autres vermines à éliminer pour la gloire de l’empire.

Mais ces jours-ci, rien, pas la moindre once de perturbations qui se profilait aux alentours de sa personne. Les gens semblaient se tenir de plus en plus à carreaux depuis l’investiture du nouveau chef de la police, l’organisation des forces de l’ordre au sein de la ville étant plus intransigeante. De ce fait, les criminels voulant sévir faisaient en sorte de ne pas être vu de jour, pour ne pas se faire attraper. Et même là, ils n’osaient plus trop sortir, par peur de se retrouver face à la nouvelle force qu’étaient les « Judicateurs », dont Higeki était le représentant gardien de Tsuchi. Le Taira semblait grandement porter d’espoirs pour confier le droit de courroux sur le pays phare de l’empire entre les mains du jeune Heishi, peut-être qu’il gagnera du galon à l’avenir. Mais bon, le contrecoup d’un tel honneur était qu’en journée, plus personne n’osait faire de bêtises dehors, de quoi pas mal embêter le vert dans sa quête de l’amusement.

Après, il arrivait toujours à trouver quelque chose pour l’occuper, en utilisant la belle compagnie qui l’accompagne à chaque fois. Ils trouvaient toujours le moyen de faire rire ses pays, en faisant des farces à l’encontre de certains passants, et ce sans même qu’ils ne s’en rendent compte ! Ils n’étaient pas capables d’interagir avec le monde physique sans l’aide d’Higeki, ou du moins pour des actions précisent, mais ils pouvaient faire en sorte d’orienter certaines actions. Une bousculade en frottant dans leur nuque, une chute accidentelle pour finir recouvert d’eau. Ce genre de petites influences sans grand plus qui pouvait donner des situations plus que distrayantes.

Mais alors qu’il se perdait à essayer de trouver de quoi s’occuper, l’un de ses compagnons d’infortune remarqua une présence pour le moins distrayante. Certains d’entre eux restaient avec une bouche ouverte ou à siffler comme des loups en suivant le regard du premier, et alors que le Heishi imita leur geste, il fut circonspect de les voir s’exciter pour ceci. Le centre de leur attention se trouvait être sous la forme d’une femme brune et aux yeux écarlates qui se baladait simplement. Mais là où les diablotins ne faisaient que ravir la tenue (pas du tout adaptée pour une saison automnale) ainsi que ses courbes que n’importe qui qualifieraient de généreuses, son regard fut surtout intrigué parce qui se trouvait à sa taille : un bandeau de Kirijin.

Instantanément, l’expression neutre d’incompréhension qui apparaissait laissa place à un visage de dégoût à son encontre. Pourquoi l’empereur avait-il accepté de laisser ces individus être représentants d’un village autre que celui du Shukai, c’était plus qu’insensé ! Il était rare que Higeki remette en cause la parole du Kamui, mais pour le coup, il s’en trouvait plus que circonspect. Mais il vit en cette vision un signe cependant : lui qui s’ennuyait tant dans son coin venait de trouver une personne à tourmenter sans gêne.

« - Mes amis… Nous avons trouvé notre prochaine cible. »

Toujours un sourire affiché, à l’égard des fantômes dans son dos, il savait bien que l’appel de la hantise et des farces saurait les remettre à la raison. Riant dans leur monde, sans être vu de personne, ils suivirent leur médium à la rencontre de la plantureuse brune, selon l’avis des esprits. Higeki restait de marbre à cela, n’ayant jamais porté d’attrait aux interactions romantiques ou autre. En même temps, rares étaient les personne qui pouvait supporter son aura oppressante dans le passé, mais depuis sa promotion en tant que Judicateur, il avait appris à mieux se contrôler, donc qui sait. Sa courte marche terminée, il se posta ainsi devant la route de la brune, une main sur le chapeau et l’autre sur la hanche, et commença le dialogue.

« - Et bien, et bien… Il est rare de voir un Shukaijin de Mizu no Kuni en ces lieux. »

Décidemment, toujours avec une absence de subtilité. Comme il n’en voyait pas l’utilité, comme pour les missions ou ses histoires, il avait choisi d’exprimer directement sa pensée avec cette appellation pour le moins provocante. Cependant, il semblait garder un sourire plastifié sur son visage alors que ses yeux restaient mi-clos, donnant l’impression qu’il passait juste un simple bonjour. Se replaçant afin d’être droit face à la guerrière, il garda sa main sur son couvre-chef et continua.

« - Pour quelle raison donc vous décideriez de quitter votre minuscule île et parcourir les terres de l’Empire ? »

La Natsumi ne s'était pas encore aventurée bien loin dans l'ancienne capitale devenue le Village Caché de l'Empire qu'un gamin dont la singularité de la couleur des cheveux et des yeux la revissa vint l'aborder. Il fallait si peu de chose pour l'enchanter maintenant qu'elle n'était plus cet être au cœur glacé.

Le comportement enfantin du jouvenceau ne gâcha point la jubilation de la samouraï qui fixa son interlocuteur d'un regard plutôt amusé. Ne s'attendant pas à être reçu avec le sourire, Mairu accueillit les propos provocateurs du jeune garçon sans s'offusquer. Un léger sourire finit même par s'esquisser sur son faciès aucunement troublé. Il fallait beaucoup plus que des simples mots pour ébranler son sang-froid qu'elle possédait bien en grand.

- En tant que shukaijin, je pense qu'il est de mon devoir de connaitre les autres terres de l'Empire … Ne crois-tu pas mon petit ? Fit la Natsumi d'une voix teintée de moquerie tout en continuant d'arborer un sourire qui devait rendre ses propos quelque peu cinglants.

Si le gamin avait décidé de se lancer des dans des affrontements verbaux avec la Natsumi, il allait comprendre assez rapidement qu'il n'avait pas affaire à une novice en la matière. En effet, Mairu avait l'habitude malsaine de titiller les autres afin de les pousser à bout car derrière son visage affable se cachait un être qui puisait un certain plaisir impur dans la rancœur de son "rival". En général, la jeune femme ne s'adonnait à cette puérilité qu'envers une personne qu'elle jugeait avoir besoin d'être remise à sa place comme ce jeune shukajin guidé par une certaine acrimonie à l'encontre des kirijin. Ne désirant pas cependant se livrer à une futilité alors qu'elle jugeait avoir mieux à faire, la samouraï chercha à couper court l'hostilité qu'elle pensait ne pas avoir sa place entre elle et le jeune garçon aux cheveux verts.

- Au lieu de chercher à provoquer une personne qui tu ne connais même pas, que dirais-tu plutôt de te comporter en bon garçon en me faisant visiter cette ville ? Ajouta la jeune femme d'une voix dénuée d'amertume et bien sereine. Si tu te montres bon guide, je te paierais un paquet de bonbons, ajouta-t-elle avec le sourire.

Les sucreries étaient le péché mignon d'un de ses élèves à qui elle ne manquait pas d'offrir une sucette géante pour gratifier un effort qu'elle jugeait mériter d'être alloué alors les bonbons étaient la première récompense qui avait effleuré l'esprit de la samouraï …

Il fallait croire que la rencontre qu’allait faire aujourd’hui le Mamoru n’était pas sous le signe de l’amitié, la compassion et la camaraderie. Le Heishi savait se montrer diplomate (à certaines mesures) auprès des autres membres de l’armée impériale, sachant que ce n’était que par l’unité que le Shukai pourrait atteindre cette forme de paix ultime qui écraserait quiconque oserait s’en prendre à ce gouvernement. Certains pouvaient le déplaire, voire l’énerver, mais il aurait toujours faire en sorte d’ignorer cette petite voix dans la tête qui disait de le balancer par-dessus bord pour ne plus en entendre parler. Dans le cas présent, ce n’était cependant pas un véritable Shukaijin, mais simplement une Kirijin qui n’avait pas sa place dans la vision de perfection de Higeki, et elle semblait s’en rendre compte.

La brune aux courbes aguicheuses (pour la plupart des hommes qui semblaient observer l’échange) répondit ainsi sur le même ton d’arrogance que le Mamoru avait utilisé pour s’adresser à elle. Elle avait accepté le terme de « Shukaijin » qu’il avait attribué avec un ton dédaigneux, sans doute pour éviter de l’offusquer (du moins, c’était son opinion). Tant mieux alors, si jamais elle acceptait bien qu’elle devrait se qualifier ainsi ! Mais le vert n’était pas si dupe que ça, il avait compris qu’elle ne prenait ceci qu’à la légère. Ne perdant pas son sourire cependant, décidant de plastifier cette expression mesquine ne pas perdre la face, il enchaîna les yeux presque clos.

« - Oui, vous avez bien raison de connaître le village d’Iwa. Après tout, les terres conquises se doivent de se souvenir qui sont ceux qui les ont sortis de la crasse. »

Cette remarque n’était pas forcément adressée qu’à Mizu no Kuni, même s’il fallait l’avouer, les infrastructures du village du Brouillard avaient été grandement remises en état grâce à l’argent du contribuable de l’Empire des pays neutres. Certains autres pensaient profiter de la chance que le Kamui a bien voulu leur accorder pour causer une rébellion, notamment à Tori no Kuni. Exécrables qu’ils étaient, selon l’opinion de la chevelure verte. Mais inutile de tergiverser dessus, le reste de la scène continuait. La plantureuse semblait avoir envie de visiter la ville, et se servir du jeune homme comme guide, avec comme payement des sucreries. La nouvelle aurait pu énerver beaucoup de gens, mais même Higeki pouvait admettre que la bave de ce crapaud en face de lui était bien tirée. C’est donc en lâchant son couvre-chef et plaçant ses mains dans ses poches qu’il répondit.

« - Il est vrai qu’il faut éduquer les petites gens sur la gloire de l’Empire, pour être sûr qu’ils comprennent l’importance de ce dernier pour eux… Et je vous remercie de l’offre, mais je ne suis pas très sucrerie… Mais si vous en êtes une amatrice, cela expliquerait pourquoi vous êtes… Lourde en haut. »

Ricanant légèrement, il lui tourna ainsi le dos afin de commencer une marche pour faire la visite. Obéissant ? Cela aurait pu être aux yeux de personnes extérieures, qu’il se portait volontaire et serviable sans protester. Mais il faut se rappeler de la raison qui l’avait obligé à intervenir de base : il s’ennuyait de sa routine, et avait trouvé en elle un divertissement. De ce fait, il allait bien profiter de ce faible moment à occuper son esprit à juste baratiner un peu, pendant que sa ribambelle de diablotins, invisible à la pauvre future victime, de trouver des choses à faire.

« - Admirez l’architecture, admirez la grandeur des lieux. Rien à voir avec les pâles bâtisses que l’on retrouve à Kirigakure, n’est-ce pas ? »

Se retournant brièvement, il la regarda un instant afin d’essayer de déterminer une veine apparaitre sur le visage de la femme. Cela ne semblerait pas être facile pour l’heure, car elle apparaissait comme étant une adversaire coriace. Et alors que les compagnons du médium s’amusaient à faire des grimaces autour de la bougresse, lui arrachant un faible rire caché derrière le dos de sa main, une question lui vint à l’esprit.

« - Mais j’y pense, non pas que je doutes de votre intelligence (du tout, ce n’est pas mon genre), mais une « balade » jusqu’à Tsuchi no Kuni, cela ne fait pas un peu loin ? »

Quelques jours s'étaient déjà écoulés depuis la mise en place de l'Inquisition Impériale et déjà, l'on murmurait dans les sombres ruelles du pays de la terre que les "masques de fer" guettaient les moindres mouvements des bandes criminelles locales déjà connues des forces de l'ordre local. Des histoires commenceraient probablement à naître bientôt tant l'apparence intimidante de ces "Judicateurs" marquait l'esprit au simple coup d'oeil car, avant même d'être une force oppressante servant les desseins les plus radicaux du régime actuel, cette nouvelle organisation se voulait être une image propagandiste d'une idéologie pro-impériale. Quiconque verrait le Saibankan de son pays, ressentirait cette étrange sensation qu'était un mélange de respect, de fierté et de peur à la fois. Du moins...c'est ce que j'espérais du moins.

Quittant donc les bureaux administratifs du palais impérial après y avoir envoyé les plans du Colisée qui allait être construit à Yuki no kuni, je m'enfonçai par la suite dans ces mêmes ruelles dont j'avais eus vent de leur quiétude afin d'en avoir le coeur net. Tranquillement, je quittai l'enceinte du palais, descendant la montagne sur laquelle il était perché afin de rejoindre le coeur des quartiers plus "nobles" qui siégeaient à son pied. Là, le parfum frais de l'automne mélangé à celui des dernières fleurs de l'année vint chatouiller mes narines qui, entre toutes ces odeurs, ne purent que dénicher la fragrance mémorable de la cuisine d'une mère qui s'échappait d'une fenêtre bien ouverte malgré la fraicheur extérieur.

Jetant un coup d'oeil rapide sur ma gauche, je remarquai une femme dans la trentaine qui, d'une main, brassait un chaudron dont la vapeur s'en échappant semblait être la source de cette senteur agréable et réconfortante. De l'autre main, elle tenait un livret bien ouvert, lisant les instruction avec attention en le déposant quelques fois sur son comptoir, histoire d'ajouter une ou deux pincées d'épices dans le ragout ou la soupe qu'elle préparait. Puis un sourire me vint au lèvres. Niais, quoique rempli de fierté. Dans le monde que nous vivions, c'était pour elle, pour ses enfants...pour toutes ces familles qui aspiraient à ce que ces petits moments de paix puissent perdurer...que je me battais. Que je suivais le rêve impérial et que j'espérais voir, un jour, toutes les nations unies sous notre bannière. Là, aucuns hommes et aucunes femmes ne mourraient au combat. Aucun enfant ne deviendrait orphelins suite à une guerre entre deux nations...puisqu'il n'y en aurait qu'une seule. Que la paix...et l'harmonie.

...et l'inquisition...pour ceux qui oseraient troubler cette paix si chèrement acquise.

Hochant donc la tête de gauche à droite, je remis un pied devant l'autre afin de reprendre ma marche jusque dans les quartiers les moins bien famés de la cité et, bien que le décors fut tout autre, le même calme y régnait en maître. Aucun cris, aucunes fripouilles...aucun bruit même si ce n'était que les miaulements d'un chat de gouttière qui, se promenant d'un balcon à un autre, quêtait à la fenêtre de qui voulait bien l'entendre quelques morceaux de viandes qu'on voudrait bien lui offrir...et peut-être pas un logis pourquoi pas?

Aucun bruits...sauf celui d'une voix que je reconnaissais bien pour l'avoir entendu durant notre réunion secrète. Celle de l'homme que j'avais promu au titre de Tsuchi no Saibakan...
Higeki Mamoru...

Et avec lui, une femme qui m'était inconnue, mais qui avait le don de se mettre en valeur et de se faire remarquer. Ses habits, révélateurs de sa personne, ne laissaient que très peu de place à l'imagination...ou plutôt juste assez pour que n'importe quel homme ne se meurt de désire à en découvrir un peu plus. Cependant, ce regard couleur rubis derrière ces lunettes qui attendrissaient quelque peu son image, était étrange. Ce qui l'était plus, c'était le symbole qu'elle portait sur un bandeau qui l'identifiait clairement comme étant une Kunoichi de la brume. À la vue des quatre vagues creusé dans la plaque d'acier, mon coeur se noua. Une certaine nostalgie m'emporta...et une douleur au crâne venue du passé me fit souvenir que j'étais borgne. Portant une main sur mon cache-oeil, je fermai celui qui était encore valide en me remémorant l'image des flammes qui léchaient les cieux de leurs langues orangées et ardentes alors que sous elles, mon village natal brûlait en enfer. Une vision qui, définitivement, semblait ne jamais vouloir me quitter.

Décidant d'aller à leur rencontre, portant plus ou moins attention aux échanges qui se faisaient entre eux deux, je sortis de la ruelle adjacente à leur position, laissant le claquement habituel des chaines contre mes cuisses les avertir de mon arrivée. Sabre au dos, les cheveux en bataille comme à mon habitudes et arborant mes éternels bijoux par dessus ces énormes gantelets de combats, mon allure scélérate ne trahissait jamais mon identité. Higeki me reconnu probablement même au simple son de mon attirail de chaines et d'argent.

Higeki...ça fait un bail. Moi qui croyait que tu te terrais au pays des cascades.

Et...en voilà une surprise. Une amie Kirijin...

- Je ne suis pas amatrice de sucrerie mais j'aime en offrir aux enfants pour leur récompenser de leur bonne action, fit la jeune accompagnée d'un grand sourire tout en plongeant son regard rubis dans celui du garçon aux cheveux verts.

La jeune femme ignora volontairement la remarque sur sa poitrine qui semblait être la chose qui retenait le plus l'attention d'autrui chez elle. Fait qui ne la dérangeait aucunement au passage car autrement elle aurait cherché à camoufler celle-ci au lieu de la mettre en valeur par un accoutrement qui paraissait manquer de tissu, surtout à ce niveau-là. Entendre des gens sortir des âneries sur cette partie de son corps lui arrachait toujours un sourire intérieur.

Alors qu'elle s'attendait à un refus, le jouvenceau accepta sa requête qui n'était pas pourtant sérieuse. En effet sa proposition n'avait eu pour simple objectif de chercher uniquement à "clouer le bec" de l'adolescent bien provocateur. La samouraï n'avait aucunement besoin d'un guide car en réalité elle ne s'intéressait pas réellement à la ville. Les bâtisses, les lieux historiques pas même le palais de l'Empereur ne l'attiraient. Elle était venue dans le simple but de se promener au sein de l'ancienne capitale, laissant ses pas avancer au gré de ses envies. Une promenade qu'elle espérait être tranquille tout en étant riche en rencontres car si la cité en elle-même ne suscitait pas son intérêt elle accordait cependant une certaine importance aux gens qui y vivaient. Depuis que son cœur avait dégelé, qu'elle n'était plus cet être qui n'accordait aucun intérêt à ses semblables, la Natsumi saisissait la moindre opportunité pour forger un lien même si celui-ci ne lui apporterait aucun intérêt. C'était comme si son être tentait de rattraper toutes ces années durant lesquelles elle s'était isolée de ceux qui lui ressemblaient. Cela faisait à peine quelques mois qu'elle avait intégré Kirigakure no Satô mais elle y avait déjà forgé des nombreuses relations et pas que professionnelles. Durant son court passage, la jeune femme espérait réussir à tisser quelques liens avec des habitants d'Iwagakure no Satô.

Mairu n'avait besoin de personne pour lui tenir la main dans son excursion mais elle suivit cependant le shukajin de bonne foi. Ce n'était pas plus mal au final et puis, elle ne tenait pas à revenir sur ses paroles en affirmant au provocateur que sa requête n'était pas sérieuse même si ça aurait été une bonne opportunité de se payer la tête du gamin de l'avoir cru.

Tout en suivant son guide, une main fermée sur le pommeau de son katana par habitude, la samouraï tentait de lui accorder des oreilles attentives bien que ce qu'il racontait ne l'intéressait guère.

- Hum … Lâcha Mairu tout en croisant les bras sous son opulente poitrine et faisant mine de s'intéresser à une imposante bâtisse face à laquelle ils s'arrêtèrent. Puisque tu compares votre architecture à celle de Kiri, je suppose que tu y as déjà mis les pieds mais personnellement je préfère nos bâtiments. Ils sont moins … arrogants. J'ai comme l'impression que celui-ci est clairement en train de me vilipender que j'ai envie de le détruire, poursuivit la jeune femme sur un ton de plus sérieux.

La destruction comme tous les restes n'étaient que des niaiseries lâchées pour honorer la joute verbale que son guide tenait à poursuivre. La Natsumi s'en fichait totalement des bâtisses ou du paysage qui l'entourait. Elle qui choisirait une grotte à la place d'un palais n'était certainement pas un bon juge pour trancher sur la beauté architecturale.

- Il est vrai que Mizu no Kuni n'est pas la porte à côté mais j'ai espoir de faire connaissance avec quelques-uns de mes camarades shinobi vivants dans cette ville … Tu en …

La jeune femme n'avait pas terminé sa tirade qu'un autre jouvenceau vint les accoster. Celui-ci semblait bien connaitre son guide de circonstance.

- Natsumi Mairu, samouraï au service du Rokudaime Mizukage, fit la jeune femme accompagnée d'une légère inclinaison de tête en guise de salutation à l'attention du nouvel arrivant.

Le nouveau paraissait plus sage que le premier ; du moins en apparence. Mairu avait assez vécu pour avoir assimilé que l'apparence était parfois bien trompeuse. Dans le monde impitoyable des shinobi - à son image - les agneaux étaient souvent des loups déguisés …

La discussion avec la Kirijin semblait être partie pour partir dans un échange plus ou moins hostile entre les deux protagonistes. Aucun des deux ne semblait vouloir montrer une once, un substrat d’infériorité envers l’autre, car pensant être dans le rôle de celui qui avait raison. Enfin, c’était en tout cas l’idée ancrée dans l’esprit du Mamoru, mais qui pouvait lui en vouloir, franchement ? Lui qui défendait avec tant de ferveur l’idéal d’une paix absolue passant par le contrôle totale de la population. Lui qui voulait un monde tranquille sans que personne ne puisse exprimer une opinion divergente, et risquer un conflit. Franchement, qui voudrait aller contre son envie de paix, et se sentir bien dans sa peau ?

« - Vous les appelez arrogants, je les appelle prestigieux. Mais je peux comprendre pourquoi ces bâtiments ont l’air si effrayant à votre personne, après tout, la fourmi a raison d’avoir peur de la botte. En revanche, je vous demanderai de refreiner vos ardeurs destructrices. Il serait « malheureux » de devoir vous enfermer pour destruction de bien publiques, sans compter l’infidélité à notre bien aimé Kamui-sama. »

Le ton bien sarcastique sur le terme du malheur était évident, aucun ne sens réellement caché dans sa phrase. Il se contentait juste de discuter avec elle pour bien montrer qu’il l’avait mise en garde au cas où elle déciderait de laisser sa nature de sauvage parler. Les jugements et autres procédures judiciaires étaient terriblement compliquée, même Higeki qui était un curieux de nature ne trouvait pas le temps de s’y intéresser en détail (le faisant encore plus apprécier sa position de Saibakan et la justice expéditif qu’il pouvait exécuter). Il savait juste que tout ce qui était dit pouvait être retenu contre soit, et donc faisait attention dans sa verve à ne pas être l’agressif du duo.

La discussion continuait, alors qu’il s’interrogeait sur la fameuse présence de la Kirijin en ces lieux. Elle semblait n’avoir pour réponse que l’envie de rencontrer d’autre semblable à elle dans l’enceinte d’Iwagakure. La chose aurait pu le faire éclater de rire s’il en avait le temps. Si d’autres Kirijin trainaient dans les parages, nuls doutes que ses Junsa l’en auraient informé. Mais comme dit, il fut interrompu dans son action par le bruit métallique d’une chaine résonnant dans le silence de la rue. Arquant un sourcil, intrigué, il se tourna vers la source sonore pour voir de quoi il en retournait, pour se rendre compte qu’il s’agissait d’un homme assez grand en taille (plus qu’Higeki en tout cas, malgré sa stature élancée) et d’une crinière ivoire. La tête ne lui revint pas directement, jusqu’au moment où il vu le sabre attaché à lui. Rares étaient ceux portant un objet d’une telle apparence, et un seul correspondait à cette description.

« - Ketsuen-Taïchou ! Cela fait bien longtemps en effet. »

Un enthousiasme à peine retenue, alors qu’un sourire moins malicieux se dessinait, et qu’il retirait son couvre-chef pour le saluer. Il se rappelait du caractère assez distant et détaché de l’ex-Heishi lors de leur mission qui date d’un peu plus de deux ans, mais il n’oublie pas qu’ils avaient agi pour le bien de l’empire. Ils l’avaient fait d’ailleurs avec la personne que devait contacter le Mamoru pour son rôle de Saibakan : Taisa Fuka. Le monde était vraiment petit, comme certains diraient. Remettant son chapeau en place, il continua ses salutations.

« - Oui, oui, en effet. Mais cela n’a changé que depuis peu, je l’admets. J’ai déménagé à Iwa suite à un… Changement d’accréditations. Mais il est vrai qu’à l’époque où nous nous étions rencontrés, j’étais encore à la capitale de Taki. Nous faisions une mission à Mizu d’ailleurs, si je me souviens bien. Une époque où ces pauvres habitants ne savaient pas se défendre seuls… Mais est-ce vraiment plus le cas aujourd’hui avec les personnes qu’ils ont mis à la défense du pays ? »

Un petit tacle glissé à nouveau porté à l’attention de la brune. Décidemment, le jeune homme était en forme rien qu’avec sa répartie. Peut-être que les esprits l’accompagnant n’auraient pas besoin de l’assister pour l’aider à se divertir. Comme s’ils lisaient dans ses pensées, la petite troupe de diablotins firent une mine grincheuse, en attendant les instructions. Roulant des yeux, son sourire moqueur à nouveau aux lèvres, il montra de sa main la brune en haussant les épaules pour accompagner ses propos.

« - Après tout, si les shinobis affectés à Mizu no Kuni n’ont rien de mieux à faire que se balader pour jouer à cache-cache les uns avec les autres, je plains cette pauvre population qui devrait accorder sa confiance à l’empire… »

À peine arrivé et à peine eus-je le temps de saluer mon ami que celle qui l'accompagnait s'empressa de me saluer en mentionnant nom et clan auquel elle appartenait, tout ça sous la forme d'un protocole respectueux de l'étiquette quoiqu'un tantinet trop droit pour une personne d'origine politique ou mondaine. Arquant un sourcil, l'on pu un instant voir ma pupille se rétracter pour une fraction de seconde, signalant à ceux qui avait vu mes paupières se rétrécir autour de ce cercle d'un bleu glacial qu'était mon seul iris visible. J'analysais cette femme sans la moindre gêne de le lui laissée savoir.

Malgré ses courbes généreuses aux hanches et à la poitrine, cette Natsumi possédait une silhouette un peu plus athlétique que l'on pouvait le voir d'un premier coup d'oeil. Des muscles solides qui, malgré qu'étant au repos, définissaient tout de même une mince ligne séparatrice en leur fin, entre le biceps et le triceps et entre la cheville et le mollet. Ce qui trahissait sa nature guerrière, cependant, fut sa paume creuse donnant l'impression d'une main possédant des doigts longs et minces, fins...mais raides. Tout comme les miens...d'ailleurs. Car tous deux faisions partie d'une caste de combattant bien particulière. Celle des sabreurs. Et si mon style se voulait totalement, indubitablement opposé au sien (et j'en était totalement persuadé), il n'en restait pas moins que je savais reconnaître mes semblables. Si elle avait des armes avec elle, elle savait s'en servir adéquatement et...qui sait...peut-être même mieux que moi-même.

Je ne tardai donc pas à effectuer un signe de tête très simple, mais très respectueux, vers la jeune femme qui venait prouver inconsciemment sa valeur...bien qu'elle n'eut rien à faire vraiment pour gagner ce respect de ma part. Seulement, une dévotion aux arts de la guerre au point de voir son corps être sculpté au maniement du sabre jusqu'à ce que même nos mains en viennent à épouser la forme de nos pommeaux se devait d'être respectée.

Suite à ces présentations soudaines, je me retournai néanmoins vers le Mamoru qui ne manquait pas de lancer quelques remarques cinglantes à propos de la visiteuse qui venait d'avouée être une Samurai, confirmant mon analyse. Il me fallu cependant retenir une grimace dédaigneuse en me rappelant comment ces combattants légendaires du pays du fer étaient généralement soumis à la suprématie de la foudre. Cependant, elle avouait ici être au service du...Mizukage? Tient...Shinda Michiki aurait donc décidé de revêtir ce manteau? Étrange...le Kamui approuvait-il? Pleins de questions et de théories politique commencèrent alors à naitre dans la brume de mes pensées, mais je les chassai aussitôt afin de mieux suivre la conversation qui continuait sois le rythme des piques d'Higeki envers la binoclarde aux yeux rubis. Des propos qui trouvèrent rapidement une défense de ma part.

Hm...dire qu'elle ne sait pas se défendre...c'est un peu rapide. Toi qui a combattu à mes côtés et ceux de Fuka-senpai, tu devrais pouvoir reconnaitre un épéiste maintenant.

Cependant...il y a une chose que je comprend pas...Mairu. Comment une samurai peut-elle être sous les services d'un homme se trouvant aussi loin du pays du fer. Au delà même d'une myriades d'îles et d'un océan? Pourquoi défendre Kiri...alors que dans son histoire elle fut et restera probablement l'arche ennemi...la némésis de la foudre pour qui vous vous êtes battus en maintes occasions? Car si je respecte votre art...je suis loin d'accorder ma confiance à ce genre de mariage pour le moins inusité...

- Alors comme ça, tu fais partie de ces héros qui ont aidé le Pays de L'eau ? Fit la Natsumi avec le sourire tout en passant sans gêne un bras par-dessus les épaules du jeune provocateur aux cheveux verts. Tu as toute ma reconnaissance mon petit … Higeki. Je suis venue ici justement dans l'espoir de pouvoir rencontrer ces grands hommes qui ont contribué à la sécurité de Mizu no Kuni. La Natsumi resserra son bras - qui avait déjà bisé tant de nuques et fracasser tant de têtes ennemies - forçant le jouvenceau à la coller dans une étreinte faussement amicale. Je compte sur toi pour continuer à nous aider car la fourmi que je suis ne ferais pas le poids face aux bottes des ennemis. Rien que de penser à l'idée de devoir me battre me fait mal au ventre tant cela m'effraye, poursuivit la jeune femme d'une voix bien sérieuse tout en gardant le jeune garçon aux cheveux verts sous l'enlacement forcé de son bras.

Âneries encore et toujours.

Une fois qu'elle était tombée dans cet enfantillage qui ne semblait jamais vouloir la déserter malgré ses trente ans très proches, la Natsumi pouvait aller très loin dans ses propos persiffleurs mais si subtilement déguisés que certains pouvaient prendre pour des véritables compliments, néanmoins dans ses plaisanteries subsistait un semblant de vérité. En effet, la Natsumi était réellement reconnaissante envers ceux qui ont contribué à la reconstruction de Kirigakure no Satô car si au départ elle ne servait le Village Caché du Pays de l'Eau que par amour pour celui-ci qui le dirigeait, aujourd'hui la samouraï considérait Mizu no Kuni comme sa véritable patrie. Cet endroit qu'elle avait tant cherché depuis qu'elle avait quitté sa maison familiale où elle avait fini par être seule après la mort de sa mère. Un lieu où elle pouvait enfin se sentir comme ayant sa place.

La jeune femme aurait pu pousser ses propos taquins bien plus loin mais les paroles plus que sensées du dénommé Ketsuen la força à cesser le jeu enfantin.

Mairu libéra le jeune Hikegi puis vola le couvre-chef de ce dernier comme pour lui signifier qu'elle n'en avait pas terminé avec lui alors qu'elle s'adressait au "Taïchou" du garçon aux cheveux verts.

- Je comprends votre méfiance. Le Rokudaime lui-même s'était beaucoup méfié de moi en apprenant d'où je venais mais il a compris que je n'ai aucune rancœur envers lui. Kumo était autrefois en effet l'ennemi de Kiri mais je n'ai jamais considéré les kirijin comme étant mes ennemis. J'ai dû tuer nombreux d'entre eux mais ce n'était pas par plaisir, ni pour la gloire du Village Caché que je servais à l'époque mais uniquement pour ma survie. C'était eux ou moi. Tout en parlant, comme pour adoucir le triste passé qu'elle évoquait, la samouraï regardait le chapeau noir qu'elle avait en main sur tous les angles avant de le reposer sur la tête de son propriétaire sans accorder le moindre regard à ce dernier. Mes sabres je les mets au service d'un homme et aujourd'hui j'ai préféré servir les causes du Mizukage actuel à ceux du Raïkage, conclut la samouraï d'une voix sereine tout en fermant une main sur le pommeau de son katana.

Elle était consciente que ceux qui l'écoutaient pouvaient ne pas la comprendre parce qu'elle n'avait pas dit toute la vérité mais Mairu ne désirait pas en dire plus. Michiki tenait à ce que leur véritable lien reste secret pour sa sécurité et même si ce n'était pas le cas, la jeune femme ne tenait pas à crier sur tous les toits qu'elle était l'amante du Rokudaime Mizukage. Shinda Michiki n'était donc pas en réalité un simple kage qu'elle servait mais surtout l'homme dont elle était éperdument éprise.

La samouraï aurait pu cependant révéler à ses interlocuteurs qu'elle avait servi Kumo non pas par conviction mais parce que - contrairement à aujourd'hui - elle ne savait pas quoi faire de sa misérable vie après la disparition de son grand frère Haru qui avait été sa raison d'être mais c'était une histoire bien trop longue à expliquer. De plus, les deux shukajin ne semblaient pas faire le lien entre elle et Haru bien qu'elle ait révélé son identité. Chose qui était souvent sujet de discorde à cause des actes de son défunt frère mais il semblerait que le Shisenshinku était sur le point de devenir une légende oubliée. Chose qui soulageait étrangement la petite sœur qui avait assez souffert des faits que beaucoup condamnaient de son grand frère. Mairu avait embrassé la voie du bushido parce qu'un rival survivant d'Haru avait scellé à tout jamais son chakra. C'était pour combler la perte d'une arme qui faisait d'elle une kunoïchi qu'elle avait décidé de devenir une samouraï. Elle n'était donc pas une samouraï issue du Pays du Fer mais elle avait forgé son art autre part, plus exactement à Taiyô no Kuni où elle s'était exilée pendant un an. Encore une chose qu'elle ne tenait pas à partager avec les deux jeunes hommes qui lui faisaient face bien que cela ait pu certainement les aider à mieux la comprendre. Et puis, ce n'était pas comme si elle désirait absolument acquérir leur confiance …

« She’s touching me, she’s touching me ! »

Higeki n’était pas forcément quelqu’un autorisant le contact humain en général, même s’il n’hésitait pas à se lancer dans une longue embrassade avec des fervents participants au bon fonctionnement de l’empire après une mission réussie, ou bien avec des membres familiaux du clan Mamoru. Mais dans le cas général, il aimait conserver ce que les gens appellent « l’espace vital », et ne laissait que peu de personnes approcher. Et vu qu’il considère les Kirijin comme des ordures, au sens littéral du terme… Vous pouvez imaginer dans sa tête à quel point il luttait contre l’idée de lui enfoncer un Kunai dans sa nuque pour la faire disparaître. La douleur ressentie par l’étreinte était mineur, mais aussi prenable comme argument pour le pousser à continuer… Puis vint le chapeau.

« Ça y est, je vais tuer cette catin ! »

Mais malheureusement pour lui, il ne put continuer dans sa lancée. La discussion qui s’écoulait entre le Mamoru à la chevelure émeraude et l’épéiste à la robe rubis fut vite interrompu par son supérieur aux yeux saphir. (Yup, je me suis fait ennuyé à écrire une phrase avec des références aux pierres précieuses, deal with it). Cela aurait pu normalement faire en sorte de diriger la conversation dans le sens que voulait Higeki, à savoir, opprimer la faible membre de Kiri. Cependant hélas, il n’avait pas voulu suivre la voix de la raison, selon Higeki, et abordait une approche beaucoup moins hostile envers la brune, voulant se la jouer plus pédagogue que son collègue. Soit, il fallait en effet se montrer civiliser avec les personnes incapables de se montrer éduquée, surtout avec la gestuelle qu’elle a imposé à notre protagoniste.

« - Différencier un épéiste d’un amateur est une chose que je sais faire, Ketsuen-Taichou. Cependant, je sais également reconnaître quand j’ai l’avantage dans une situation. »

La déclaration d’Higeki était sans doute présomptueuse, étant donné le fait que le jeune illusioniste n’avait aucune réelle arme pour se battre contre une experte d’un Genjutsu (sans compter le fait qu’elle était rang B avec beaucoup de techniques et lui un simple rang C sans beaucoup de PI), ils étaient cependant sur son territoire, et avec un allié à ses côtés. Il pouvait se comporter ainsi non-seulement parce qu’il avait la capacité, mais surtout, le droit. La discussion dériva ensuite sur le fait que Ketsuen ne comprenait point réellement pourquoi un Samourai traînerait à Kiri, puisqu’ils sont pour la plupart originaire du pays du Fer, affilé à la foudre. De quoi rajouter du dégoût pour Higeki envers elle quand cette dernière lui rendit son chapeau. Il allait devoir avoir besoin de se laver en retour. Mais la raison qu’elle donna le fit plus rire qu’autre chose.

« - Vous êtes en train de me dire que vous ne pensez qu’à votre survie personnelle au lieu d’une plus grande et honorable cause ? Si bien que vous avez vendu votre corps d’une Ombre à une autre ? Et bien, je n’ai fait que penser le mot catin, mais il faut croire que je n’étais pas loin de la vérité. »

Sans honte ni gène, l’arrière-pensée du Mamoru s’exprima avec la plus grande aisance du monde, alors qu’il se tenait légèrement les côtes de rire et avait reculé de quelques pas. Il était peut être provocant mais pas téméraire au point de rester à portée des bras de la brune. D’autant que si elle se mettait à attaquer, Ketsuen serait très certainement pour l’aider, n’est-ce pas ? N’est-ce pas ? Mais pour l’heure, ce n’était pas la fin de ses amusements, puisque sa langue semblait encore active.

« - Honnêtement, si vous deviez utiliser votre vie pour quelque chose, c’est pour essayer de faire grandir la nation que vous défendez. C’est pourquoi nous, nobles Shûkaijin, nous battons pour Kamui-sama, pour étendre son pouvoir vers tout le Yuukan, et atteindre une paix universelle ! »

Les bras étendus vers le ciel, un grand sourire à bouche ouverte, il riait fièrement de joie d’une telle déclaration. Il était fier de l’empire, et n’avait aucune honte de le montrer. A voir si les autres personnes de son groupes étaient ainsi.

La survie...elle nous repoussait dans nos retranchement et dévoilait notre vraie nature à la face du monde. Ainsi, cette Kumonin n'en était pas réellement une après...et ne l'avait peut-être même jamais été dans son coeur, sans quoi elle ne serait pas ici aujourd'hui sans avoir fait danser sa lame avec les boyaux de ses ennemis Shukaijins. Ce qui n'était définitivement pas le cas sinon elle ne tiendrait pas une conversation aussi calmement avec nous...quand bien même pouvais-je sentir une certaine animosité entre mes deux interlocuteurs. Heureusement pour elle, elle n'était pas l'instigatrice de ce mauvais parlé et les paroles qu'envoyait maintenant le Saibankan de Tsuchi me firent arquer le sourcil. Décidément, il n'avait pas la langue dans la poche et n'hésitait non seulement à louanger le Kamui et le Shukai, mais à insulter ouvertement la Samurai.

Prenant deux ou trois pas de recul, je ne fis qu'hausser les épaules tout en fixant Higeki de mon oeil "saphir". Mon air se voulait plus sérieux qu'à l'habitude et l'illusionniste aux cheveux vert, s'il avait un tant soit peu de jugeote, pouvait comprendre qu'il allait trop loin dans ses propos. Cette femme n'était certes pas une Shukaijin et ne méritait peut-être pas qu'on lui lance des fleurs...mais elle n'était plus une Kumojin. Pour avoir été aux côté de Shinda Michiki durant l'attaque des sans bannières sur Dhartsedo, je savais que s'il lui faisait confiance...nous le pourrions également. Du moins...en gardant un oeil sur ses actions.

Fait quand même attention à ce que tu dis ou fait Higeki. Elle reste membre du Shukai, mizu est l'une de nos province tout comme l'est Taki ou Yuki. Elle n'a aucun crime reconnu ici...jusqu'ici.

Bon. Bienvenue au Shukai Mairu Natsumi. Je te laisse aux "bons" soins de notre ami commun maintenant. Tâchez de ne pas trop rapprocher vos contactes. Je vois que vous vous aimez bien, mais ce serait bien que rien ne devienne trop intime.

Au plaisir de te revoir Higeki. J'ai du travail qui m'attends et une longue route vers Yuki no kuni.

Cette pointe de sarcasme restait néanmoins une affirmation claire quant à ce que j'espérais de la part du Mamoru. Bien entendu, une fois le dos tourné, rien ne me garantissait que la situation ne s'envenimerait pas entre la Kunoichi et lui, mais si la nouvelle arrivante était plus sage que mon comparse, elle comprendrait qu'il valait peut-être mieux ne pas trop se laisser influencer par le jeu d'insulte du spiritiste.

Faisant un dernier salut au duo, je fis volte-face en direction des portes de la ville. Les choses bougeraient bientôt à Yuki no kuni et j'en serais l'instigateur. Les pendules devaient être remises à l'heure juste dans le pays de la neige et du froid qui, sans mauvais jeu de mot, semblait être figé depuis maintenant bien trop longtemps. Les Samui se faisaient bien sédentaires...et leur réputation serait déjà prise à la légère si ce n'était que le Kamui faisait partie de notre clan. Il me fallait y remédier...car personne ne semblait mettre notre race de l'avant...

...pas même notre chef...

- Hihi … On dirait que tu viens de te faire réprimander mon petit Higeki, fit la Natsumi avec le sourire tout en fixant le jouvenceau dans les yeux et en se cambrant légèrement vers l'avant alors qu'elle avait les poings fermés au niveau de ses hanches. Tu as compris ? Tu dois te montrer gentil avec moi … MON AMI ou ton Taïchou va te fesser ! Ajouta la jeune femme d'une voie moqueuse. Ne t'en fais pas, il n'y a aucun moyen qu'il se passe quelque chose d'intime entre nous car tu vois, la catin que je suis n'aime que les vrais hommes. Les grands, beaux et puissants … Tout ce que tu n'es pas en sommes ! … Bon ! Si on poursuivait cette visite de ta ville adorée ? J'aimerais bien voir à quoi ressemble le palais de l'Empereur ! Reprit la samouraï sur un ton plus sérieux après un léger silence comme une transaction entre la plaisanterie et les choses sérieuses alors qu'elle levait la tête en direction du bâtiment qui s'élevait dans le ciel au loin.

Le regard de la jeune se baissa ensuite pour balayer la place où ils se trouvaient avant de se fixer sur un kiosque restaurant devant lequel faisait la queue de nombreuses personnes. Signe que ce qu'on y servait ne devrait pas être mauvais. Un tantinet affamée d'avoir tant marché, le regard de la jeune femme - qui était une vraie gourmande - s'illumina. Bavant presque à l'idée de déguster un bon plat chaud, elle empoigna son guide par le poignet pour l'entrainer dans son sillage sans lui demander son accord alors qu'elle se précipitait vers le kiosque.

- Hum … Tu me conseilles quoi ? Quémanda la jeune femme à son guide alors qu'elle examinait avec la plus grande attention, une main fermée sur son menton, les formules listées sur un panneau un peu bas qu'elle s'était baissée avec le visage presque collé sur l'affichage pour lire même si là n'était pas vraiment nécessaire.

Laissant sa personnalité immature prendre le dessus, la Natsumi avait tendance à se comporter comme un véritable enfant mais là était aussi signe qu'elle n'était pas sur la défensive mais se sentait plutôt à l'aise. En effet, elle ne prenait pas du tout au sérieux l'animosité qu'elle semblait susciter au jeune Mamoru qui en réalité, elle commençait à apprécier car il lui faisait passer des bons moments malgré lui. Par sa langue de vipère, le jeune garçon aux cheveux verts pensait certainement lui faire mal en lui crachant son venin mais en vérité il ne faisait que la chatouiller positivement.

La pose candide que la Natsumi avait adoptée pour lire les menus se révélait quelque peu tendancieux aux vues de ses accoutrements et ses formes plus que généreuses qu'elle attira les regards autour. Des voix s'élevèrent, d'abord pour complimenter sa beauté puis certains se demandèrent qui elle était et pourquoi elle était armée d'autant de sabres. Bientôt, l'atmosphère fut lourde de suspicion que la jeune femme finit par se redresser sentant les regards soupçonneux posés sur elle. Ne se laissant aucunement perturbée, la samouraï adressa un salut de la main droite accompagné d'un grand sourire aux hommes. Gestes qui effacèrent aussitôt la méfiance de quelques-uns qui se mirent à rougir. Certains se mirent même à répondre à son salut.

Pauvres idiots ! Pensa la jeune femme intérieurement tout en gardant le sourire et en continuant d'agiter la main …

Spoiler:

Il fallait croire qu’Higeki était le seul de la communauté Shukaijin présente à vouloir s’amuser un peu. Lui voulant profiter de la situation pour laisser parler sa verve de fidèle à l’empire, son collègue borgne ne semblait vouloir partager son idéal de patriotisme. Décevant, très très décevant, si bien qu’il s’en fut blasé. Pourquoi les gens le regardaient bizarrement quand il annonçait les bonne grâces de l’empire, même si parfois au détriment des autres nations ? C’en était incompréhensible, et il ne cherchait plus vraiment à interpréter cette étrangeté pour lui. Il faisait, agissait pour le bien du Shûkai, c’était tout ce qui lui comptait après tout.

Évidemment, la mesquinerie de la Shukaijin, qu’il avait deviné comme évidemment existante, ne put s’empêcher d’encore une fois s’exprimer. Le provocant en le regardant droit dans les yeux, le Natsumi lui annonça ainsi qu’il devait se conduire de manière moins « agressive » à son égard s’il ne voulait pas se faire punir. Les yeux mi-clos et le regard fermé, il répondit d’un faux sourire et un rire qui se voulait contenu. Il n’allait pas lui donner la satisfaction de lui montrer une quelconque émotion d’énervement qui pourrait le mettre en situation désavantageuse.

« - … Mais bien évidemment, je ferais en sorte de vous traiter comme vous le méritez… »

Comme une moins que rien qui ne mériterait qu’un revers de la main pour lui apprendre à respecter sa place dans la chaîne alimentaire. Mais bon, même Higeki comprenait qu’au niveau de la violence brute, il était des plus désavantagé, chose qu’il ne put s’empêcher de faire remarquer en rebondissant sur sa remarque qui suivi.

« - Oh, je vois ! Vous préférez donc les personnes qui vous ressemble : vulgaire, sales et ne sachant pas utiliser un gramme de leur matière grise ! C’était évident, comme ai-je pu ne pas y penser… »

Comme si le jeune Higeki pouvait s’intéresser à des choses aussi confuses et primaire que « l’amour ». Ha ! Il concevait bien le fait que les hommes et femmes devaient s’unir pour perpétrer l’espèce humaine, mais en qui cela serait utile d’éprouver le moindre attachement ? Oui, ses parents s’entendaient bien et étaient resté ensembles, après tout, pourquoi se séparer s’il n’y a pas de problème. Qu’elle puisse lui plaire… Hahahaha, la pauvre, cette idée le fit rire alors qu’il repensait à cette idée farfelue. Cependant, il n’eut pas le temps de se complaire dans cette blague qu’il fut à nouveau tiré comme un sac à patates pour aller ailleurs.

« Je le jure devant tous les Yôkai que je connaisse, si elle continue à ne pas respecter mon espace vital, je vais lui couper la main. »

Après quelques secondes de marche forcée, il fut stoppé net, manquant de tomber, alors que la brune s’arrêta brusquement pour se concentrer sur un panneau au sol. Évidemment, en abordant une posture ridicule, mais qui semblait aguicher les diablotins qui l’accompagnaient pour une raison obscure. Il faudra qu’il ait une sérieuse discussion avec eux sur le sens du mot « fidélité »…

« - Je n’en sais rien, prenez donc quelque chose qui puisse vous éviter de baver au sol comme un animal… Oubliez cependant l’idée que je vous paye. »

L’avait-il vu ? Non, pas réellement, il se doutait tout simplement que si elle s’était si brusquement précipitée auprès d’un restaurant avant toutes choses, c’était qu’elle était affamée. Ca, ou elle faisait partie de ces parodies de héros shônen qui ne pensent qu’avec leur estomac. Soupirant de son infortune, il se mit donc en ligne en attendant qu’elle daigne bien prendre quelque chose qui l’intéresse. A l’heure actuelle, il était plutôt en train de réfléchir à une manière de se venger sans pour autant que ça lui retombe dessus. La solution la plus simple serait d’exploiter ce qu’il y a devant lui, à savoir, le gros postérieur de la brune, mais donner un coup de pied dedans ne semblait pas être la plus subtile des solutions…

Ne trouvant pas de solutions alors que la file avançait, semblant se concentrer sur sa partenaire d’infortune qu’autre chose, le Mamoru l’ignora et alla s’assoir à une à table à deux chaises séparées. Une favorable attention ? Non. Il savait bien que s’assoir à une table à chaise unique serait impossible, car elle le trainerait ailleurs de force, et essayer de prendre une place qui permettrait à la brune de s’assoir à côté de lui était un non absolu. Attendant donc qu’elle daigne prendre place, il observa la place à la recherche d’une solution, alors que les diablotins qui l’accompagnaient s’amusaient comme ils pouvaient avec le reste des passants. Se préparant à commander un simple café, il reprit la parole alors qu’un détail important lui avait échappé.

« - Et bien, si vous tenez tant que ça à visiter le palais impérial, je peux commencer la visite par les cachots… Mais même pour ça, il me faut une raison pour vous laisser approcher d’un tel monument. »

Les bras et jambes croisés face à moi, après s’être dévêtit de son couvre-chef ET le tenant hors de portée de la sauvageonne, l’homme à la chevelure verte l’observa d’une mine plus sévère.

« - Vous ne m’avez toujours pas dit pourquoi vous veniez réellement pour observer le palais. »

La jeune femme se précipita en direction de la table où s'était installé son guide, sous les regards curieux du public alors qu'elle avait les bras chargés des nourritures qu'elle ne connaissait pas ; des spécialités locales paraient-ils.

Assise en face du jeune Higeki, de l'autre côté de la table, Mairu poussa une petite barquette devant le jouvenceau aux cheveux verts pour lui faire comprendre que c'était sa part puis sans le moindre un mot - pour une fois depuis un moment - la samouraï dégusta avec ferveur sa part qui était d'une quantité assez conséquente. N'aimant pas parler durant le repas, la Natsumi resta silencieuse, accordant ainsi un répit à son guide en mettant en pause leur joute verbale.

Lorsque son compagnon de table lui demanda pourquoi elle s'intéressait au Palais Impérial, la jeune femme prit le temps de mâcher correctement puis d'avaler ce qu'elle avait en bouche avant de prendre la parole.

- J'ai dit "voir à quoi ressemble". Je ne tiens pas vraiment à le visiter de fond en comble. Je ne suis pas une espionne qui veux découvrir les secrets cachés dans ce bâtiment, si c'est ce que tu insinues mon petit Higeki ! ... Il me semble t'avoir dit que je suis venue dans cette ville dans le but de faire connaissance avec mes camarades shinobi mais … puisque je suis tout près alors pourquoi ne pas en profiter aussi pour visiter le palais ? … Je pourrais me vanter d'avoir foulé le Palais Impérial au moins une fois comme ça, conclut la Natsumi avec une légèreté non dissimulée comme si on pouvait rentrer dans le domaine de l'homme le plus puissant de l'Empire comme dans un moulin.

En vérité, la jeune femme s'en fichait un peu du Palais Impérial même si elle n'était pas vraiment contre y entrer une fois même pour une simple visite " touristique ". Savoir comment était l'intérieur du grand bâtiment suscitait un peu sa curiosité mais elle n'allait pas en faire toute une histoire si on lui refusait cette opportunité. Elle n'était pas une gamine et encore moins une capricieuse.

- Enfin, si tu ne veux pas m'y amener, je ne vais pas te forcer ! … Je doute d'ailleurs de pouvoir te forcer à faire quoi que ce soit, ajouta la jeune femme avec toujours autant de frivolité avant de finir ses plats qu'elle avait délaissés bien trop longtemps.

La dernière bouchée avalée, la Natsumi accorda de nouveau sa totale attention au jeune Higeki qu'elle fixait à présent le menton posé sur le croisement de ses doigts entrelacés alors qu'elle avait les coudes reposés sur la table.

- Dis-moi mon petit Higeki, pourquoi tu haïs autant les kirijin ? Questionna la Natsumi d'une voix bien sérieuse cette fois-ci.

Elle était venue à Iwagakure no Satô dans l'espoir de rencontrer donc de connaitre certains shinobi vivants dans cette ville alors pourquoi ne pas commencer par celui qui se trouvait en face d'elle. Surtout que le jeune Higeki commençait sérieusement à l'intriguer par son comportement quelque peu agressif envers sa personne ...

Le café était une boisson qui pouvait paraître amer. Un arôme assez fort et difficile à supporter pour les non-aguerris, si bien qu’un peu de douceur sucrée se devait d’être ajoutée afin de boire le breuvage. Et Higeki ne faisait pas exception. La première fois qu’on lui a donné du café, il en a recraché le contenu avant de plonger le pauvre vendeur dans une illusion qui allait lui faire payer pour sa tentative d’empoisonnement. Puis il a commencé des expériences de goûts, des arômes et autres touches. Et au fil du temps, l’arôme d’un café noir lui sied enfin, son palais supportant certaines choses rustres. La femme devant lui, cependant, il ne pouvait en supporter le goût.

Se contentant de siroter donc le contenu de sa tasse, il observa les réactions de la brune pour le moins… puériles, oui, c’est le mot, alors qu’elle rassemblait sa nourriture devant elle, faisant barrage au cas où le vert souhaiterait y toucher. Roulant des yeux, il posa sa tasse pour observant la salle pour voir où étaient partis ses diablotins, écoutant d’une oreille discrète son interlocutrice. Encore cette excuse d’une visite guidée, comme si Iwagakure était un musée ou un parc. Un excuse assez bidon à ses yeux, mais soit. Alors qu’elle finissait son repas, elle posa une question qui intrigua le jeune homme, et en même temps, le rendait un peu plus calme. Il était rare quand il changeait de son extravagance usuelle, surtout pour parler aussi pensivement. Reposant sa tasse, sans poser le moindre regard à son interlocutrice, il répondit d’une voix calme.

« - Connaissez-vous la raison de la guerre entre Kumo et le Shûkai ? Et je ne parle pas de raisons extérieures comme « L’autre a frappé en premier »… C’est tout simplement parce qu’il existe deux camps, ni plus ni moins. »

Prenant une gorgée de son café, il se remémora la fois où sa cousine lui parla de la prise de pouvoir du clan Mamoru. Il n’entendit plus parler d’elle depuis, hélas. Mais qui sait, peut-être que ce fameux plan prendra jour ?

« - Chacun souhaitera se débarrasser de l’autre pour une raison diverse. L’envie d’avoir ce qu’il possède, la peur que ce dernier soit une menace… Alors je vous pose la question : que se passera-t-il si jamais il n’existait plus « qu’un seul camp » ? »

L’observant un brève instant pour poser la question, il se contenta de voir si son attention était captée, avant de regarder dehors, ailleurs.

« - Un seul drapeau pour les peuples unis, plus de dissension, de guerre et autres conflits… Une seule tête pensante pouvant tout rassembler. Cela n’arrangerait-il pas les problèmes ? Et à votre avis dans ce cas… Qu’est l’empire du coup ? »

Une nouvelle pause, le temps de voir si elle comprenait où il voulait en venir, alors qu’il pris une nouvelle gorgée de son café. La tasse posée sur la table, il ne la lâcha pas cependant, sa main semblant tremblante alors qu’il serait le contenant de plus en plus fort.

« - Maintenant, vous comprenez ainsi pourquoi votre existence m’insupporte. Vous vous prétendez l’empire, mais vous vous appelez « Kirijin ». Cela semble apparaître comme une rébellion à mes yeux, choses que j’exècre, car elle menace l’unicité qui mène à une paix. »

Un léger « crac » se fit entendre, alors qu’il remarqua une fêlure dans la poignet de la tasse, sans pour autant se briser. Soupirant, en laissant ainsi la porcelaine tranquille, il ramena une main dans sa chevelure pour se recoiffer un peu.

« - Et bien et bien, voilà encore une fois que je me retrouves dans une situation assez peu supportable. Voilà pourquoi je n’aime pas essayer de comprendre les autres, car au final, je n’y arrive pas… Que me réservez-vous encore aujourd’hui ? »

Désirant savoir la source de l’animosité de son guide de circonstance, ce fut avec la plus grande attention que la Natsumi l’écouta. Chose dont la jeune femme était autrefois incapable de faire preuve. En effet, durant les dix années qui avaient suivi la mort de son grand, incident qui l’avait plongé dans un état d’indifférence totale alors que son cœur s’était complètement refermé pour ne plus avoir à souffrir, la Natsumi n’avait cure de savoir l’état d’âme ou de connaître l’histoire de ses semblables. Mais voilà qu’aujourd’hui elle était la première à réclamer à un autrui de lui parler de lui. Chose que ceux – des kumojins pour la plupart – qui l’avaient connu durant la fameuse époque trouverait improbable.

Pas une seule fois la Natsumi n’interrompit le Mamoru qui se révélait être un fervent partisan de l’Empire. Une position que la Natsumi ne souhaitait point dénigrer ni débattre car, non seulement c’était un sujet qui ne l’intéressait guère, à l’heure actuelle la jeune femme ne prenait aucun parti entre l’Empereur et le Rokudaime Mizukage bien que si un conflit venait à éclater entre les deux personnages, sans la moindre hésitation, la samouraï se rangerait du côté du dernier.

Tant que l’Empereur ne se montrerait pas en véritable tyran en oppressant les habitants de Mizu no Kuni – sa patrie d’adoption - la samouraï ne désirait prendre aucune position vis-à-vis de l'homme qui était à la tête de l'Empire. N’étant pas du genre à juger un être par des rumeurs ou des faits dont elle n'était pas personnellement témoin Mairu gardait une opinion totalement neutre vis-à-vis de l'Empereur. Neutralité qui pourrait cependant très bien changer, en positif ou en négative, si elle venait à connaître en personne le Samui.

- Je vois, je vois ! Lâcha Mairu d’une voix bien sereine alors que son interlocuteur semblait être dans tous ses états. Tu désires donc un monde uni ? … Une espérance fort louable ma foi mais bien trop utopique que cela ressemble à un rêve d’enfant. Un enfant qui a encore beaucoup apprendre de ce monde … Tu sais mon petit Higeki, tant qu’il aura des hommes, il y aura des conflits et cela d’autant plus vrai si certains d’entre eux ont des subordonnés aussi loyaux que tu sembles l’être envers l’Empereur pour servir leurs intérêts. Et puis … sérieusement … penses-tu que c’est raisonnable de placer le pouvoir de gouverner le monde entre les mains d’un seul homme ? Même un être de plus sage pourrait sombrer dans la folie d’avoir autant de pouvoir ! Et la puissance attirera toujours la convoitise. Nombreux sont des enviés qui n’ont cure de la paix et feront tout pour obtenir ce qu’ils veulent quitte à détruire la sérénité en place.

La Natsumi guetta un instant la réaction du jouvenceau avant de poursuivre sur un ton calme et détaché.

- Tu dis que c’est l’envie qui pousse les Nations à rentrer en conflit mais les unifier ne fera pas disparaitre la convoitise qui hante le cœur des hommes … Tu sais, j’aimerais embrasser tes idéaux car moi-même j’aimerais voir la paix régner dans ce monde ou, n’est serait-ce qu’au sein de l’Empire mais je sais que c’est quelque chose d’impossible. Je pense qu’une paix véritable pourrait s’instaurer dans un pays mais elle ne durera jamais bien longtemps et encore moins dans une Empire où plusieurs hommes puissants sont placés à la tête des pays que l’Empereur ne peut pas surveiller lui-même. Cela démontre d’ailleurs qu’il est impossible à un seul homme de gouverner un si vaste territoire.

Les paroles de la Natsuni sonnaient comme une rébellion à l’encontre de l’Empire mais il n’en était rien. L’idée de comploter contre l’Empereur n’effleurait même pas l’esprit de la jeune femme ; du moins pas à l’heure actuelle car elle ne voyait pas une raison pour s’engager dans une telle voie. Chose que le jeune Mamoru ne pouvait pas pourtant devenir et même si la samouraï la lui confessait, la jeune femme doutait fort qu’il la croirait vu à quel point il était suspicieux à son égard.

Ayant dit tout ce qu’elle avait à dire sur le sujet plutôt épineux, Mairu se redressa.

- Devrais-je me trouver un autre guide ou voudrais-tu continuer à me faire visiter cette ville ? Peut-être as-tu assez de trainer avec une personne que tu n’apprécies guère … Préférais-tu sans doute aller fricoter avec une belle jeune fille ? Ajouta la Natsumi avec ironie désirant détendre un peu l’atmosphère …

Depuis peu de temps, le Mamoru avait appris qu’il était parfois plus utile de cacher ses émotions et l’expression de sa pensée pour éviter de s’attirer pas mal d’ennuis. Et vraiment, quand on est aussi bi-polaire et excentrique que lui, c’était plus que difficile. Cela lui a demandé beaucoup de lecture de livres et recueil, ainsi que de l’entraînement dans ses appartements, se retenir de pousser des rires sardoniques lorsque quelque chose lui complaît ou autre… Mais référer de ses ambitions devant une membre de la nation qui était source de tant de problèmes pour son idéal commençait à tirer sur sa corde sensible.

Heureusement pour lui, il semblait réussir à se contenir pour limiter les dommages qui pourraient en découler. Après tout, pour quelle raison il devrait faire ce genre de choses dans un endroit si bien entouré, alors qu’aucune offense n’avait été lâchée… Pour l’instant. La voilà qui répond ainsi à sa déclaration pure. Par de la moquerie. Il aurait dû s’y attendre, elle n’était vraisemblablement pas assez évoluée pour comprendre l’étendu de sa réflexion philosophique. Dommage, c’était le fardeau des illuminés après tout, de devoir guider ceux qui refusaient de se laisser envelopper par la lumière du savoir.

Pourtant, lorsqu’elle parla, il se rendit compte d’une erreur dans son jugement, qui était mis en doute par la façon dont il avait expliqué son histoire. Et de par la naïveté de ce qu’elle venait de dire, Higeki ne put s’empêcher de rire, vraiment et sincèrement. Comme s’il venait d’entendre une blague extrêmement drôle. Se calmant après ce fou-rire, soupirant en souriant, il retourna son attention vers la brune.

« - Voyons, voyons… Quand ai-je dit que nous leur laisserions l’occasion de se rebeller ? »

Ce petit moment de silence laissait apparaître un sourire sur le visage d’Higeki que lui seul pouvait sortir naturellement. Une aura bien sombre l’entourant alors que la malice se lisait sur son fasciés.

« - Je ne suis pas naïf au point de laisser aux hommes la liberté d’action qu’ils souhaitent pour se rebeller. Certes, ils pourront vivre leur vie tranquillement en respectant les principes de l’empire, mais pour la moindre personne qui s’éloignerait de cette doctrine, ne serait-ce qu’exprimer une envie négative… Et bien, je n’ai pas à vous apprendre que le meilleur moyen de se charger d’un problème et de s’en débarrasser… »

Tuer quiconque s’opposerait à la bonne parole de l’empire. Voilà la solution la plus simple qui puisse exister pour faire perdurer la paix. Pour ceux qui s’embarrassent d’un « code moral », cette solution pourrait paraître des plus extrêmes… Mais étant donné que le Mamoru ne se chargeait pas de tel futilité, il serait plus qu’aisé d’accomplir son espoir d’harmonie dans ce monde… Cette discussion l’avait mis finalement de bonne humeur, il la trouvait amusante dans son ignorance, cette Kirijin. Cela lui donnait même envie de répondre à sa requête. Posant quelques pièces sur la table et se levant à son tour, il se dirigea vers la porte, dos à elle, regardant par-dessus son épaule.

« - Vous m’avez convaincu pour vous rendre un petit service. Vous semblez assez distrayante pour occuper ma journée après tout, je ne saurais vous refuser quelque chose qui m’arrange par la même occasion… »

Son chapeau sur la tête, il sorti ainsi du restaurant pour se préparer à la suite de leur journée. Claquant des doigts pour convoquer ses diablotins, il leur demanda d’aller vadrouiller ailleurs, regarder les alentours pour lui, juste pour le tenir au courant de ce qui se passe autour. Après tout, il allait avoir du temps à faire passer avec cette brune. Ordres donnés, il se tourna vers la Kirijin avec son enthousiasme revenu et un sourire moins malicieux mais tout aussi moqueur qu’à l’accoutumé pour se préparer à la suite de cette ballade.

« - Bien bien, maintenant que vous semblez avoir rempli votre pense, à défaut de votre tête, où souhaiteriez-vous que vos pas vous mène à la suite ? Je peux toujours vous mener dans les geôles du palais, si vous insistez toujours… Ou bien peut être aller voir d’autres bâtiments qui pourraient vous servir dans le but de nos futures « associations »… »