Souriant calmement, Rin se dirigea rapidement vers son restaurant préféré pour une faire une réservation. Si l’endroit ne payait guère mine, les gens l’appréciaient tout de même et devoir se retrouver debout n’était pas la chose la plus confortable au monde pour une discussion calme. S’il était médecin, il n’en demeurait guère moins un ninja gradé, et en tant que tel il était également de sa responsabilité de s’occuper de la formation des plus jeunes du village. Oh, bien loin de lui l’idée de convertir tout le monde à la médecine, mais dans une approche plus pragmatique, contribuer à de meilleurs shinobis permettait d’arriver à des shinobis plus simple à soigner car subissant moins de blessures, ou à défaut des blessures plus simples à soigner. Sans compter qu’une mission ou un entraînement, de temps en temps, lui ferait le plus grand bien pour se dégourdir les muscles et laisser se reposer son esprit trituré par les pathologies du village.

Debout calmement devant le restaurant, un sourire léger sur son visage marquant le contraste avec ses yeux presque vides, il réfléchissait encore à un cas compliqué récent qui méritait certainement des investigations supplémentaires pour arriver à établir une étiologie précise. C’était nécessaire pour la prise en charge du patient, permettant une adaptation plus juste du traitement qu’une simple prise en charge symptomatique large… Sarutobi Ennosuke et Nara Kodama. C’étaient les deux jeunes hommes qui lui avaient été attribués, et déjà l’envie de faire leur connaissance se faisait ressentir chez l’Akimichi. Rien que de penser à tout ce qu’il pouvait transmettre, tout ce qu’il pouvait dire, faire… Il soupira doucement, redescendant sur terre – il ne voulait pas les étouffer, mais trouver un juste équilibre entre l’encadrement et l’autonomie pour qu’ils puissent progresser dans un environnement sain.

Lorsqu’ils finirent par arriver et se présenter – l’Akimichi n’était, somme toute, pas compliqué à retrouver dans la foule et l’adresse clairement indiquée – il leur adressa un sourire quelque peu protecteur.

« Bonsoir ! Moi c’est Akimichi Rin, et je suis médecin à l’hôpital du village en plus d’être votre nouveau Sensei. Mais je vous propose d’en parler comme pour tout bon Akimichi il se doit : devant un copieux repas. »

D’un geste de la main, il les invita à entrer d’abord dans le restaurant qui s’était définitivement rempli pendant les divagations médicales du Jonin, leur indiquant d’un geste de la main leur table.

Jeunes, dynamiques, souriants – il ne lui en fallait pas beaucoup plus pour les apprécier d’office. L’énergie qui semblait émaner d’eux et de leur enthousiasme était calmement entraînante pour Rin, qui leur souri de plus belle alors qu’il s’installait également à la table qui était leur. D’un coup d’œil discret, il les détailla physiquement afin de s’approprier leurs morphologies et déjà, son cerveau pensait aux différentes façons d’optimiser l’agencement devant lui – c’était plus fort que lui. Rapidement, il reporta son attention sur Ennosuke.

« Hmmm… Je dirais certainement leurs Katsudon, mais prenez ce qui vous plait, j’invite ! »

Le ton enjoué de l’Akimichi contrastait avec l’inexpressivité relative de son visage, en dehors de ce sourire et de ses deux yeux, faisant de doux aller-retours entre les deux Genins. Après tout, l’objectif était qu’ils mangent à leur faim, et s’ils s’obligeaient à prendre quelque chose sous ses recommandations sans faire l’effort de découvrir d’eux-mêmes… Ce serait quelque peu un échec de pédagogie devant la volonté inexorable qu’il avait de les pousser à une autonomie maximale. Savoir prendre une décision par soi-même, outre l’importance que cela avait dans la vie – d’autant plus de Shinobi – était un excellent discriminant pour les troubles de la personnalité dépendante. Note à soi-même : rédiger une étude sur l’adaptation pratique et théorique des troubles de la personnalité vis-à-vis des situations de haut stress sur le terrain.

« Si j’ai eu l’idée de ce petit repas c’était surtout pour que l’on fasse connaissance et comme je n’aime pas les gens qui obligent les autres à faire en regardant passivement… Moi c’est Akimichi Rin comme vous le savez certainement. Je suis médecin à l’hôpital de Konoha ainsi que Jônin. Je suis revenu à Konoha il n’y a que quelques mois après avoir servi au chevet de Daimyo-sama, donc soyez tolérants avec moi au début s’il vous plait ! »

Il se permit un petit rire pour terminer son bref discours. L’objectif n’était nullement de faire une présentation exhaustive de sa vie, seulement quelques grandes lignes. Le reste se dévoilerait certainement au cours du repas dans le cours de la discussion.

« Allez, à vous ! »

Légèrement amusé mais toujours aussi attentionné, l’Akimichi écoutait soigneusement ses élèves se présenter. Chaque choix de mot, chaque sélection d’information donnée : tout comptait pour lui afin de cerner le caractère de ces jeunes gens bien qu’il soit loin de les juger. Il feint une délicate grimace à l’évocation du Shogi, ce n’était vraiment pas son jeu préféré, mais s’il fallait qu’il s’y mette pour eux… Il le ferait sans le moindre mal. Lors les deux eurent fini de se présenter, Rin porta son regard sur Ennosuke et sa demande concernant l’alcool. Etait-ce vraiment une bonne idée ? Il soupira calmement.

« Je suis plus un joueur de Go que de Shogi, mais attendez quelques jours que je me remette à niveau et on se fait ça quand vous voulez ! Et quant à l’alcool… »

Il hésita un léger instant entre la responsabilité adulte, la responsabilité médicale et la profonde envie de laisser ses élèves apprendre d’eux-mêmes sur leurs propres erreurs. Dire que c’est cette dernière qui a vaincu l’étonna sincèrement.

« Si tes parents n’ont rien contre et avec modération – et j’insiste sur ce point – je peux… Fermer les yeux disons. De toute façon, paraît-il qu’il y a un médecin dans la salle… Allez savoir. »

Il se permit un sourire de plus à sa boutade, bien qu’il ne sache qu’elle était loin d’être drôle – qu’importe, elle faisait espérait-il suffisamment passer le message qu’au moindre problème de santé, ses élèves peuvent compter sur lui. Après tout, il serait bien hypocrite de passer nombre de son temps à soigner les habitants du village et se retrouver incapable de soigner ses propres élèves, non ? D’un léger mouvement de la tête, il fit échapper ses pensées. Note à soi-même : Enseigner les bases des premiers soins et de la prise en charge initiale d’un traumatisme à son équipe.

« En attendant, je pense que c’est assez de présentations formelles, on aura tout le loisir d’apprendre à se connaître au fil des missions et entraînements ! Cependant il reste une question de taille à aborder avant que l’on ne commence enfin à manger : le nom de l’équipe. »

Avec aisance, il dégaina son petit carnet et le posa sur la table.

« Vous verrez bien rapidement, je ne suis pas un grand dictateur – je préfère faire participer tout le monde aux décisions, parce que c’est aussi de cette façon qu’on apprend. Du coup, si vous avez des idées de nom, n’hésitez pas. »