Rin soupira calmement, assis sur le rebord de la fenêtre de son bureau à l’hôpital du village. Un mouvement. Il suffisait d’un mouvement quelque peu élancé pour finir au sol, quelques mètres plus bas – il esquissa un sourire à ce calcul. Compte tenu de l’épaisseur du panicule adipeux, de sa densité osseuse et de la masse musculaire de son corps, c’est tout juste s’il réussirait à se faire une fracture. Les Akimichi étaient naturellement résistants, le temps le lui a bien prouvé, et combiné à ses capacités médicales… Parfois, il lui arrivait de craindre l’immortalité. Vivre sans crainte, vivre sans pouvoir achever sa vie. Vivre en voyant tout le monde autour de nous mourir… Non. Il n’aspirait guère à ce genre de vie. Le choix de la médecine, d’ailleurs, n’était nullement motivé par des envies égoïstes. Il voulait combattre la mort, celle des autres. C’est probablement pour ça qu’il connaissait ce petit frisson d’extase presque lorsqu’il s’approchait si périlleusement d’un danger même vulgaire – la sensation de pouvoir finir blessé, potentiellement mort… C’était la preuve que la vie était quelque chose d’éphémère et de fragile, une fleur qu’il est nécessaire de protéger et préserver.

S’étirant langoureusement – une habitude qu’il avait emprunté à Kimimaro – le médecin bascula le poids de son corps vers l’intérieur de la pièce, se relevant péniblement devant l’échec de sa roulade. Il lui restait des rapports à écrire, d’autres à lire, quelques sujets de recherches et articles de la communauté médicale également qu’il serait bon d’explorer. Mais plus encore, il devait se préparer psychologiquement. Hyuuga Hugh avait demandé à ce qu’ils se voient pour parler de leurs expériences mutuelles, et il n’allait guère tarder à arriver. Un soupir de plus. Rin n’aimait pas ce genre de rencontres. S’il y avait une part confraternelle indéniable à ce genre de rendez-vous, il y avait aussi une part de vantardise qui lui était étrangère. Son nom n’était plus à faire, certes, mais Dame Miko y était pour beaucoup, l’ayant choisi pour l’accompagner pendant ce laps de temps. A l’international, son long voyage le nourrissait de connaissances humaines comme scientifiques – mais le peu d’amitiés et gloires qu’il avait cessaient d’exister au fil du temps. Il restait seul.

Ce n’était pas le plus grand des médecins. Il était… Tout juste moyen s’il devait se décrire. Des gens sont déjà mort entre ses mains. Des amis qu’il n’a pas pu sauver. Des frères d’armes qui, dans leur dernier souffle, n’avaient que son visage souriant. Oui, il souriait aux mourants – cela ne servait à rien de les contaminer par sa propre inquiétude, bien rangée au fond de son cerveau, ou de ses remords, bien pesant au niveau de son cœur. Un sourire, un adieu, quelques mots de soulagement. C’était, pour Rin, le meilleur souvenir qu’il pouvait leur donner pour l’au-delà. Soupirant une fois de plus, il se replongea dans cette thèse traitant de l’intérêt de l’exploration approfondie des mécanismes homéostatiques dans la confection de drogues de combat – de vagues recherches mal conduites qui concluaient à quelque chose d’évident. Seules quelques parties ou expériences méritaient d’être relevées, et il s’empressait de les recopier avec son doigt, apposé sur une feuille à se droite. Soudain, quelques frappes sur la porte retentirent, l’arrachant à sa lecture. D’un geste décidé, il reposa l’étude sur son bureau et se leva pour aller accueillir son invité.

« Bonjour Hugh, j’espère que vous allez bien ? Entrez et mettez-vous à l’aise, je vous en prie. »