Mastuno Ema,
J'ai reçu votre lettre avec une certaine curiosité, je dois l'admettre. Il n'est pas commun d'être le destinataire de missives venant de l'étranger, et en découvrant qu'elle provenait non seulement de terres qui m'étaient inconnues, mais également d'une personne dont je ne savais rien, mon excitation a d'autant plus doublé. Pardonnez cet engouement certainement trop enfantin, mais voyez-y une preuve de mon intérêt à l'égard de votre projet plus qu'autre chose.
En effet, je ne peux que saluer votre initiative. Comme vous l'avez si bien deviné, je suis également un dévot de la connaissance. J'ai pour doctrine l'ouverture d'esprit, pour principe la tolérance. C'est dans cette optique de tolérance universelle qu'est né le projet de bibliothèque que vous évoquez dans votre lettre, et qui prend en ce moment vie dans ma ville de Taki no Kuni, Itabei. Forts de ce lien, je suis certain que nous arriverons à faire de la bonne besogne, ensemble. Comment pourrait-il en être autrement entre deux personnes qui se déclarent chercheurs de la connaissance et prêts à en explorer les moindres recoins ?
Pour répondre au premier mot de votre lettre, j'ai déjà fait parvenir à tous les dirigeants du Yuukan une missive qui, si j'en crois la fortune mais avant tout mes services de communication, sera déjà arrivée sur le bureau de votre époux. J'ose espérer qu'il en a d'ors et déjà pris connaissance, auquel cas je ne peux qu'en être flatté. Si vous désirez mettre votre patte dans ce projet, à votre guise. Sachez cependant que je ne compte pas dessus, considérant que mon entreprise n'est pas prioritaire et que cette bibliothèque devrait avoir de nombreuses années devant elle pour garnir ses rayons d'ouvrages des quatre coins du continent. Mais s'il vous prenait l'envie de parler de cela à votre époux, vous auriez bien évidemment mes remerciements les plus sincères. Pour l'instant, cependant, j'aimerais que vous n'intercédiez pas en ma faveur. Je pense que le Kazekage a des problèmes autrement plus important à résoudre avant de se tourner vers moi, et, comme je l'ai déjà dit, ma bibliothèque peut bien attendre un peu.
Venons-en maintenant au point qui vous intéresse particulièrement, je crois. Je peux vous dire avoir reçu l'appui des Seigneurs de Guerre et Gouverneurs du Shûkai, qui ont déjà fait transiter certains de leurs ouvrages éminents jusqu'à Itabei. Ma ville étant très pauvre de livres, je n'ai eu d'autre choix que de me tourner vers mes pairs de l'Empire pour trouver les premiers résidents de ma bibliothèque. J'ai également eu le privilège d'en consulter quelques-uns, dont un qui pourrait vous intéresser à ce sujet, je crois. Il s'agit d'un traité sur les différentes capacités propres aux clans, qui en fait une liste certes non exhaustive, mais tout de même assez complète, parmi laquelle figure le Shôton, dont vous parlez vous-même.
Laissez-moi également vous mettre au courant d'un fait d'une ampleur considérable à l'échelle du Shûkai, qui pourra certainement vous intéresser puisqu'il concerne de ces manipulateurs de Shôton regroupés en un clan à part entière, qui se font appeler les Suishô. Ils vivaient jusque-là dans les montagnes de Tsuchi no Kuni, avant qu'une catastrophe naturelle ne les en chasse, les forçant à migrer vers des terres plus peuplées. Une bonne partie d'entre eux s'est établie à Iwa no Kuni. Je pense qu'il serait intéressant pour vous de les rencontrer. Je pense qu'ils seront à même de vous renseigner au mieux, et très certainement mieux que moi, sur tout ce que vous pourrez leur demander.
Quoi qu'il en soit, je ne peux prendre le risque de vous faire parvenir le traité dont j'ai déjà parlé par les voies classiques de communication. J'ai trop peur qu'il ne s'abîme en chemin ou qu'il lui arrive quelque mésaventure fâcheuse. Vous comprendrez certainement mes angoisses. Cet ouvrage, comme des centaines d'autres, m'a été gracieusement offert par un Seigneur de Guerre du Shûkai, aussi me dois-je de le respecter à la juste mesure. Il ne vous reste alors plus qu'à vous déplacer jusqu'ici, à Itabei, pour le consulter tout à loisir, à moins que je ne fasse moi-même le voyage jusqu'à Suna, ce qui n'est pas exclu. Je pense bientôt entamer une expédition qui m'éloignera du Shûkai pendant quelques temps, un mois tout au plus, mais j'ai peur que cette période ne suffise pour que nous nous manquions, si jamais il vous prenait l'envie de venir à Taki. Laissez-moi plutôt vous rejoindre à Suna. J'ai moi aussi à faire par chez vous, et ce voyage sera l'occasion de conclure plusieurs affaires d'un même coup.
Je vous remercie pour votre sollicitation, madame, pour l'aide que vous me proposez et pour les espoirs que vous avez fondé en ma réponse. J'espère qu'ils ne seront pas déçus, et je pense que nous aurons très bientôt l'occasion de nous parler de vive voix.
Pour l'heure, je vous donne mon salut le plus respectueux.
Yôgan Seito,
Shuhan d'Itabei