Il était vivant, oui mais à quel prix ? En un seul morceau ou presque physiquement, Amano avait une boule dans son cœur qui refusait de partir depuis un moment maintenant. Combien de temps était-il resté ainsi, seul ?
Ses pensées s'égarèrent sur son dernier rêve, un face à face avec son père.

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C'était une pièce chaleureuse, où les fenêtres donnaient sur l'immensité du désert. Amano était grand, ça ne pouvait être qu'un rêve. Son père est bien mort, sa statue repose dans les ruines, fièrement.
Leurs regards se croisèrent et une question fusa :

- Si tu devais choisir entre ta femme et ton maître, qui choisirais-tu ?
- Je ne peux pas choisir entre l'un ou l'autre...
- Si tu n'avais pas d'autre alternative, si tu ne pouvais en sauver qu'un, qui serait-ce ?
- Je...

Dans son doute, la pièce où ils se trouvaient changea et présenta l'impossible à Amano. Son maître et sa femme au bord de la mort, prêts à être tué.

- Tu ne peux sauver les deux, sinon tu mourras et eux avec toi. Tu dois faire un choix, tu dois choisir ton avenir, choisit le bien, et ne l'oublie pas.
- Père... je...
- Ou peut-être préfères-tu en sauver aucun des deux et dessiner ton avenir d'une toute autre manière, seul à jamais.

Amano serra ses poings et les images de la rencontre avec chacun arrivèrent devant ses yeux. Il l'aimait, et même si elle lui apporterait la vie, le bonheur et l'avenir qu'il rêvait, son corps plongea vers son maître, bras tendu et ses lèvres bougèrent.

- Il est celui que je veux sauver. Elle n'a pas besoin de moi pour vivre comme elle l'entend.
- Ainsi, ton clan, ton maître, plutôt que l'amour d'une vie.
- Oui, c'est mon choix.

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Passant une main sur son visage, un long frisson le glaça au moment où ses doigts touchèrent le bandage à son œil droit. Il se rappela de la sensation, il se rappela de la peur, il se rappela de leur chance.
Saisissant les draps du lit de l'hôpital, un jeune homme en blouse blanche entra, vérifia deux ou trois chose, lui demanda comment il se sentait et s'il n'avait pas trop mal à l'oeil. Lorsque son check-up fut accomplit, il sortit de la chambre et laissa de nouveau Amano seul dans sa petite chambre.
Cherchant à se lever, c'est les jambes tremblantes qu'il s'appuya contre le mur le plus proche en manquant de tomber de tout son long. Forçant ses muscles à lui répondre, il se doutait que ça devait faire un sacré bout de temps qu'il se trouvait allongé dans cette chambre.
Le Kawaguchi avait presque perdu la notion du temps, et il n'avait pas eu de nouvelle de sa femme, pas plus que de son maître. Mais après tout, il était tout juste rentré, alors, pas de quoi alarmer tout le joli monde. Il aurait le temps de faire savoir qu'il était enfin là.
Ouvrant la fenêtre, le jour était tout juste levé et il pu profiter d'un peu de fraîcheur, et du calme avant l'effervescence de la ville.
Ses jambes tremblèrent encore et c'est sagement qu'il retourna s'asseoir dans le lit, venant les masser frénétiquement. Aucune douleur, aucune gène, était-ce de la peur ? Cette boule dans son cœur, il fallait qu'il l'évacue. Son rêve, son choix, il faudrait qu'il en parle, il avait besoin, plus que d'une femme et d'un maître, d'un ami ou d'une amie sur qui compter, avec qui rire et pleurer. Son esprit se tourna vers Kuzushi, qu'il serait bon de le revoir, puis rapidement sur Ruri. Comment allait-elle ? Des bruits de pas de nouveau derrière la porte, il tourna son visage vers cette dernière, laissant la silhouette se dévoiler lorsqu'elle jugerait bon d'entrer dans la chambre de l'hôpital de Suna.

Tournant son visage vers la porte, Amano laissa entendre sa voix :

- Entrez.

Claire, sans déformation aucune malgré l'incertitude qui le rongeait petit à petit. Qui allait venir après le médecin ? Une infirmière pour lui donner d'autre drogue et l'obliger à se reposer car il n'y parvenait pas de lui-même ? Ou alors son maître, pour venir rire de lui, l'engueuler un bon coup, le rabaisser et lui donner un coup dans le ventre pour le faire réagir ? Peut-être sa femme, si inquiète qu'elle serait venue le plus vite possible à sa rencontre...
Aucune voix ne se fit entendre alors que la porte grinça pour l'ouverture et pour la fermeture, dans l'angle, la silhouette se dessina petit à petit. Elle ne pouvait pas laisser entendre sa voix, c'était Ruri !
C'est un franc sourire qui se posta sur son visage alors qu'une de ses mains vint se poser brièvement contre son cœur, un soupir de soulagement quitta ses lèvres. Ils n'avaient pas parler, ils avaient marchés, il avait eu besoin de réfléchir et ne pas exprimer sa douleur, sans quoi il se serait effondré. Il avait eu le besoin de paraître fort, mais maintenant ? Se forçant à se lever, c'est hésitant qu'il s'avança vers elle.
Une bonne odeur se dégageait discrètement de ce qu'elle avait amené avec elle. Amano aurait presque faim à sentir tout cela. Depuis combien de temps n'avait-il pas mangé par plaisir ? Il ne se souvenait pas, même avec Kira il ne mangeait que pour subvenir à ses besoins vitaux et il se contentait de peu.

Son sourire disparu légèrement et pourtant son visage rayonnait. C'était comme un fin filament de Soleil qui se faufilerait au travers d'épais nuages un jour d'orage pour donner du courage. Hésitant légèrement, il recula d'un pas, puis d'un deuxième et se laissa aller contre le lit. Ses jambes avaient du mal à le porter mais de la voir, il sentait une partie de son angoisse se dissiper.

- Ruri... c'est pour moi une joie et un soulagement que de te voir ici. Tu es... ma première visite, tu sais ? J'ai eu...

Il marqua une seconde d'hésitation et son œil se dirigea vers le sol, comme pour montrer son inquiétude profonde et sa maladresse dans ses mots.

- Peur pour toi... J'ai eu peur que ça t'affecte et que tu n'ose pas venir... je...

Sa gorge se serra mais il secoua son visage et reprit, un peu plus confiant malgré une voix chevrotante.

- Désolé... désolé d'avoir été si distant sur le retour. Je ne voulais surtout pas m'effondrer.

Relevant son regard vers la ninja, il secoua la tête vivement une nouvelle fois puis montra légèrement de la main ce qu'elle transportait.

- Ca sent drôlement bon.

C'était comme s'il venait de balayer ses inquiétudes, et pourtant, une énorme part d'elles se trouvaient encore bloqué dans son cœur. Et si elle avait choisit l'autre option, et s'ils avaient été tué, par sa faiblesse ? De quel droit avait-il été assez fou pour se prétendre apte à partir dans une mission si dangereuse ?
Mais voilà, ils étaient là, tous les deux,tout ce qu'il pouvait espérer était qu'elle ne s'en voulait pas. Elle n'avait aucune raison de culpabilisé, il était tombé par sa faiblesse, il aurait du ne rien avoir sur lui, il aurait du résister bien plus, se battre et faire en sorte de déjouer ce piège mental. Mais voilà, il manquait cruellement d'expérience et voilà le résultat. Et encore, il s'en été tiré plutôt à bon compte quand il y repensait.
Tapotant la place à ses côtés sur le lit où il était assit pour reposer son corps, Amano aimerait bien savoir ce qui passait dans la tête de la belle brune. Elle et ses marionnettes, elle avait été impressionnante, elle ne s'était pas démonté à leur contact, mais, qu'en était-il réellement ?

Elle ne semblait pas comprendre les sentiments qui l'animait en cet instant, comme si elle s'était préparé à un tout autre scénario, chose qui fut confirmé lorsqu'elle lui tendit ses mots après avoir déposé le panier repas à ses côtés.
Il appréciait la bonne odeur, il appréciait sa présence, mais ce qu'il lu le fit frémir. La détester ? Savait-elle que son choix les avait mené dans le bon chemin ? Savait-elle qu'il avait apprécié sa confiance ? Car au delà du sacrifice que ça aurait pu engendré, c'était bien une confiance qu'elle avait laissé voler jusqu'à lui, celle de savoir qu'il s'en sortirait vivant.

Saisissant la lettre écrite par Ruri, Amano ne pu s'empêcher de lui adresser quelques mots.

- Merci pour la nourriture et... d'être là.

Pouvait-il la considérer comme une amie, peut-être, certainement, ils avaient partagé une aventure un peu particulière et maintenant, le temps était au repos, à l'avenir, aux obligations nouvelles. Dépliant le papier il commença la lecture et à mesure que les lettres s'enchevêtraient, son visage changea, laissant un voile de tristesse le peindre.
Elle s'en voulait réellement, comme il l'avait craint, elle se reprochait sa décision tout en assurant la refaire si ça devait se reproduire, pour finalement avouer qu'elle lui avait fait confiance. Repliant soigneusement la lettre, relevant son œil sur la marionnettiste, le manieur de sable posa son index et son majeur droit contre son œil perdu.

- Ca... je finirais par m'y habituer et arriverais à reprendre mes repères. Pour le reste et bien... regarde... tu as bien fait, on est là, entier ou presque, et le plus important, on est rentré vivant. Je ne peux pas t'en vouloir, j'aurais fais la même chose, croire en l'autre c'est une forme de courage et... croire en l'autre c'est lui donner la force de se dépasser, c'est ce que je crois. D'un sens, c'est ta force qui m'a permis de réaliser cette prouesse physique. Même si j'y ai laissé mon œil, même si la douleur ne partira pas comme ça... je m'estime heureux d'être vivant, de pouvoir revoir mon cher pays et mes amis.

Saisissant le petit panier repas, il se délecta de l'odeur tout en le posant sur ses genoux et changea de sujet.

- De ton côté, tu as pu récupérer suffisamment, tu as pu revoir ceux qui ton sont chers ? Sais-tu quelles sont les nouvelles pour la guerre ?

Vrai qu'en étant enfermé ici, il ne savait pas les changements qui avaient bouleversés Suna, il ne savait pas ce qui s'était passé au sein du clan non plus. Amano en venait presque à espérer que Kira débarque pour lui décocher une droite et le remette à la page, mais il aurait l'occasion de le revoir bien vite, dès qu'il tiendrait sur ses jambes. Encore une petite semaine, c'était ce qu'avait dit les docteurs.
Son maître et sa femme... Son maître ou sa femme... Il ne reviendrait pas sur sa décision, mais elle lui troublait encore ses pensées.

Reportant son attention sur Ruri, le Kawaguchi espérait qu'elle reste un moment à ses côtés, peut-être arriverait-il a la déculpabiliser et si ce n'était pas le cas, il espérait au moins pouvoir alléger sa peine.
Finalement, il cru bon de lui laisser entendre quelques mots.

- Ruri... ne change pas tu veux ? Tu es une personne entière et formidable. J'ai pris plaisir à te découvrir un peu. Et je te promet que la prochaine fois que je serais à tes côtés, je te serais réellement utile.

Son sourire dissipa toute trace de culpabilité. Il le pensait vraiment, qu'il avait été un poids plus qu'une aide, mais c'est ce qui lui donnait la force de se relever pour continuer à progresser. Il aurait besoin plus que jamais de l'aide de son maître pour avancer sur la voie de la puissance et devenir quelqu'un sur qui on peut compter, et non quelqu'un qui doit compter sur les autres.
Un jour prochain, il aimerait pour la protéger, elle et tous les autres, elle et même son maître, contre n'importe qui leur voulant du mal.
Ouvrant enfin le repas tout chaud, il laissa les parfums le transporter et laissa son imagination deviner les saveurs qu'il prendrait plaisir à déguster, chose qu'il commença sous le bruit d'un estomac affamé.

Quand elle lui répondit pour leur situation, d'apprendre que deux de leur camarade, qu'il ne devait sans doute pas connaître, étaient aux mains du pays du Feu le faisait bouillir intérieurement. Il y retournerait bien, s'il se savait plus puissant, pour aller les délivrer, quitte à y laisser sa propre vie. Après tout, sa femme pourrait s'en remettre, son maître trouverait un bien meilleur élève que lui, il en était certain.
Cette pensée le fit serrer les dents et il se trouva complètement idiot de penser des choses si absurde. Pourtant, il serra ses poings avant d'inspirer lentement et lorsqu'il remarqua la rougeur qui s'installa lentement et discrètement sur les joues de la douce brune, son corps et son esprit se détendit.
Il n'était pas un coureur de jupon, loin de là, mais savoir faire plaisir par moment, et surtout donner ou redonner le sourire à une femme, était une chose très particulière et très importante pour lui.

Le mot qui s'en suivit aurait du lui donner un peu de baume au cœur, mais ça ne fit que renforcer son sentiment d'incapacité. Oui, il l'avait atteint, en profitant de la diversion des marionnettes, en faisant fi de tout ce qui l'entourait à ce moment là alors que son esprit avait hurlé de terreur pour il ne savait quelle raison, alors que plus tard son corps avait été incapable de répondre à son appel. Se mordant la langue pour ne rien laisser paraître, le second mot lui tira un nouveau sourire et le fit doucement hocher la tête alors qu'il remarquait à l'expression de sa partenaire qu'elle aussi, cette idée là l'avait faite rire.

C'était étrange, de ne rien pouvoir entendre, de devoir se fier à sa vue qui était légèrement réduite, de devoir prêter attention aux gestes, aux mimiques de la personne en face de soit pour comprendre. Mais ce n'était pas déplaisant. Il y porterait un plus grand intérêt sans doute grâce à Elle.
Ruri avait, comme Kuzushi, cette patience naturelle qui émanait d'elle et qui laissait Amano se sentir comme en paix à leurs côtés et c'était ce qu'il recherchait de la part des personnes qu'il voulait considérer comme ses amis.
Alors que l'enfant du désert aller pour manger, il attrapa le mot de la brune qui le conforta dans son geste. Elle voulait poser des questions, aucun soucis, ça lui viderait peut-être un peu la tête. Mais, ce fut tout le contraire. Elle revenait sur leur journée, sur leur affrontement.

Soufflant sur la nourriture encore chaude, il se perdit dedans avant de répondre.

- Ca ne me dérange pas si tu pose des questions même si, c'est pas toujours évident d'avoir l'esprit clair après tout ça.

Mangeant un morceau, il réfléchit à la manière dont il allait présenter la chose.

- Je ne saurais pas dire si c'était le fait de l'homme kangourou ou encore d'un individu extérieur, mais, j'ai eu une étrange sensation tout du long et lorsque mon corps a refusé de m'obéir, lorsque des mots sont sortit de ma bouche que je ne contrôlais plus, je ne savais pas alors ce qui se passait. C'était la première fois que ça m'arrivait, et si ça devait se reproduire, je ne me laisserais plus faire. Je te promet que je me battrais contre.

Reprenant un bout, sur lequel il souffla un peu avant de le déguster, Amano se tourna légèrement, posant son regard au travers de la petite fenêtre de la chambre d'hôpital.

- Tu sais... plus j'y réfléchit plus je me dis qu'il devait y avoir une autre personne, que l'homme kangourou ne pouvait pas et t'affronter comme ça et me faire ça en même temps, à moins d'être proche d'une divinité... ça me paraît peu probable.

Amano était calme, pour le moment. Il ne devait en aucun cas craquer devant Ruri, il était un homme après tout.

A mesure que ses souvenirs proche de leur petite confrontation revenaient dans sa mémoire, sa colère contre lui même grandissait. Et pourtant il devait encore se contenir un peu, se laisser soigner avant de repartir, donner des nouvelles à sa femme et son maître peut-être même. Arpenter un peu les rues avant de donner des signes de lui, essayer de passer outre tout seul et ne pas ennuyer ses amis ou ses proches.
Appréciant à sa juste valeur le panier repas qu'elle lui avait apporté, il lisait avec la plus grande des attentions les mots qu'elle lui faisait parvenir. Ruri était du même avis que le fils du sable sur la présence probable d'un second individu caché, agissant avec la plus grande discrétion.

Il eu un vide pendant lequel les deux camarades songèrent, mais rapidement la marionnettiste griffonna sur son petit bloc et tendit le résultat de ses recherches. Elle n'était pas restée les bras croisés, il devait avouer apprécier le tempérament de la brune. Son caractère posé et son professionnalisme, il ne pouvait s'agir d'autre chose.
Lisant comme s'il écoutait, son visage s'inclina naturellement pour signifier un oui qui fut confirmé par ses propos.

- Ca me paraîtrait plus que logique. Si tu me dis qu'ils peuvent avoir un contrôle implacable sur l'esprit des autres et le soumettre au leur, cette hypothèse me semble parfaite.

Alors que ce douloureux souvenir revint dans sa mémoire une fois encore, comme si son sommeil ne le lui faisait pas suffisamment revivre, Amano se rappela qu'il leur faudra aller faire leur rapport quand il irait mieux, à moins qu'elle l'ai déjà fait. Mais c'était une chose qu'il verrait plus tard, pour le moment, il avait des questions auxquelles répondre, et après, il espérait, pouvoir discuter d'autres choses avec elle, et pourquoi pas, apprendre un peu à la connaître en dehors de ses talents de shinobi.
Ses mots d'après, cette révélation sur la situation, le fit lever sa main sur son œil bandé pendant une infime seconde, puis il se leva, bien qu'encore faible sur ses jambes et vint saisir avec douceur l'une des mains de Ruri dans les deux siennes, comme un vœu de protection.

- S'il t'étais resté du chakra, quand bien même j'étais au plus mal, je suis sûr que j'aurais pu survivre, trouver la force d'esquiver et me rapprocher de toi pour te faire entendre raison, quitte à ce que chacun de mes os soient brisés. Je ne t'aurais pas laissé rentrer toute seule tu es une personne que j'apprécie Ruri, et j'espère pouvoir dire qu'on est ou qu'on sera amis.

Un sourire se planta sur son visage avant qu'il ne sente ses jambes encore un peu faible. Il avait plutôt intérêt à reprendre un entraînement intensif, et le plus tôt serait le mieux. Mais il ne bougerait pas, à moins qu'elle recule et ne reprenne sa main vivement.

De son œil, il l'observait, différemment de lors de leur première rencontre. Il était calme et détendu, même s'il se trouvait idiot de laisser son cœur parler pour lui. Plus tard sans doute il le regretterait, dire ouvertement aimer quelqu'un, d'une manière ou d'une autre, c'est le mettre en danger lorsqu'une personne cherche à vous atteindre. Et ça, il le refusait.

Il mentira, il apprendra à mentir à sa femme, il apprendra à mentir à son maître. Il apprendra à cacher ceux qu'il aime, il apprendra à faire souffrir pour protéger. Il apprendra à laisser la haine l'envahir pour ne plus penser et oublier. Amano changera parce qu'il le veut et courbera l'échine sans broncher pour arriver à ses fins et devenir celui sur qui on pourra compter. Pour Ruri, pour Kuzushi, pour Kei, pour Kira et pour les Kawaguchi.

Elle ne l'avait pas repoussé, même, elle l'avait laissé faire et le temps qu'il parle, sa main était toujours entre les deux siennes. C'était un geste qu'il apprécia plus que de raison, comme une promesse faite, une confiance donnée et partagée.
Amano la laissa reprendre sa main lorsqu'elle le désira, sans la retenir, il n'était pas là pour la forcer, surtout pas. D'avoir apprit son mutisme, d'avoir partagé ce combat et tout ce qui l'entourait, d'avoir eu envie de la guérir de son incapacité à parler, il ne pouvait et ne pourrait jamais l'obliger.
Reculant de quelques pas, sans s'asseoir, juste pour pouvoir s'assurer de ne pas en être trop loin pour reposer ses jambes. Il voulait se battre, il voulait sortir de là, sentir la chaleur infernale du désert, sentir le sable sous ses pieds, laisser sa peau brûler sous le soleil et entendre les reproches des siens.

Elle lui assura pouvoir aller faire le rapport sans lui. Etait-il donc un tel fardeau ? Etait-il à ce point faible qu'elle préférait y aller seule pour ne pas qu'il se sente blessé et qu'il ne s'affaiblisse davantage ? N'avait-elle pas confiance en lui ?
Sa main serra le papier une brève seconde, mais il ne rajouta qu'un sourire.

- Je te le demande bien. Je ne suis pas sûr de pouvoir marcher jusqu'à un quelconque bureau pour faire le rapport, et tu dois savoir bien plus de choses que moi. Néanmoins, si tu me cherche, je serais certainement dans la maison de Kawaguchi Kei. Elle se trouve à la limite du quartier Kawaguchi et du centre.

Le second papier qu'elle lui remit le fit frémir. Rejoindre le Kakumeigun, c'était un post prestigieux, avec les responsabilités qui incomberait, mais il ne pourrait pas prendre cette décision seul si jamais il souhaitait en faire partit. Il avait besoin de l'aval de son maître, si ça pouvait leur rendre service, il le ferait, si ça lui déplaisait, il attendrait.

Mais, il fallait une réponse, aussi minime soit-elle. Sa voix hésita alors qu'il en vint à regarder le sol à ses pieds.

- Je... merci. Je dois y réfléchir. Mais, je te le ferais savoir assez rapidement.

Redressant son visage sur elle, c'est d'un sourire qu'il prit soin de lui dire :

- Surtout prend soin de toi, et repose-toi. Après tout, on l'a mérité un peu.

Dans sa tête, il avait encore plein de choses à lui dire, mais il attendrait de sortir d'ici, d'être à l'air libre et en pleine possession de ses moyens pour la revoir, pourquoi pas autour d'une petite collation ou en compagnie de sa femme si elle insistait.

Il la salua d'un sourire sincère avant de se tourner vers la fenêtre et d'observer le ciel. Pouvait-il sortir ? Non, les médecins ne le voudraient pas pour son œil, mais il en avait besoin. A défaut, il allait faire quelques exercices pour renforcer son corps et le remettre en route. Commencer par ce qui va, le haut du corps, puis lentement, les jambes, jusqu'à pouvoir sortir avec l'autorisation des docteurs. Sortir et se faire savoir vivant, sortir et oublier, sortir et se rendre compte de tout ce qui s'était passé.