« Tu t'en es très bien sortie. »
« Z'êtes sûr ? J'pas réussi à parler correct'ment tout l'temps... », soupira une Ether un peu dépitée.
« Nous ne pouvons pas renier ce que nous sommes. C'est ce qui fait que nous sommes nous, et que tu es toi. », répondit Alecto, avec affection.

Le duo de Gogyou descendait doucement les marches saluant par pure politesse les gardes qui les avaient laissés entrer à l’aller.

« Ouais mais même ! Vous parlez super bien ! »
« Des années de pratique ! »
« … Vous avez quel âge , Ancien ? », dit-elle d'un air suspicieux.

Elle se prit une tapette à l'arrière du crâne.

« On ne demande pas l'âge de ses aînés. Ça ne se fait pas. »
« Ahiiiiin ! », fit une Ether qui se frottait la tête à cause de la douleur avant de rajouter, tout sourire, « … Ouais, z'êtes vieux quoi ! *aie* »

Une nouvelle tapette à l’arrière du crâne, mais ponctuée de rires. L’Ancien avait beau être intemporel, la jeune femme aurait bien voulu savoir son véritable âge, car comparé au chambellan qu’était bien vieux et fatigué, Alecto en avait seulement l’air. Les traits tirés, mais pas de rides marquées, des cheveux gris mais pas tout à fait blancs, même ses mains étaient encore robustes, absolument pas celle d’un vieillard ! Ether savait qu’eux, Gogyou, vieillissaient à un rythme différent de celui des humains, mais elle n’avait pas la moindre idée du temps que pouvait bien durer leur existence, étant donné qu’ils pouvaient se faire tuer à n’importe quel instant. Un jour, elle découvrirait la vérité ! L’élémentaire prit soudainement un air pensif tout en continuant de marcher aux côtés de son mentor.

« Ancien, vous pensez qu’on a pris la bonne décision ? »
« Le temps nous le dira, Ether. », puis il déposa un regard affectif sur sa Première, « … Mais j’ai confiance. Cet homme, le chambellan, même si je n’ai jamais aimé les politiciens, m’a semblé sincère et réellement soucieux de son pays et de ses habitants. Beaucoup d’hommes devraient prendre exemple sur lui. »
« C’vrai. J’l’ai senti aussi. »
« C’est bien, tu apprends vite. », dit-il en souriant avec fierté.

Le duo marcha à travers les rues, profitant de l’air salin avant de préparer leur départ de la ville.

« Tu veux peut-être marcher encore un peu avant de rentrer au campement ? »
« Oh oui ! J’voudrais bien aller au port ! »
« Alors c’est parti ! »

Flânant sur les quais, ils en profitèrent pour faire quelques emplettes pour la tribu. Ce soir, poisson au feu de bois, et ses accompagnements habituels, petits légumes, riz, scorpions, etc… Ils finirent par observer pendant quelques instants la mer et l’horizon qu’elle traçait.

« On va r’prendre les routes ? »
« Nous allons d’abord voter, mais probablement oui. Enfin, toi, tu as autre chose à faire, n’oublies pas. », dit-il avec sérieux.
« J’suis contente qu’on puisse s’impliquer pour l’pays sans avoir à s’battre ! »
« Il est normal d’agir pour un pays qui est à présent le nôtre. Mais la violence n’est pas l’unique façon de le protéger. Et nous sommes sûrement les plus à même de véhiculer cette façon de penser. Les mentalités changent, mais pas suffisamment encore pour que le monde soit plus sûr pour chacun d’entre nous. Nous ne pouvons pas nous permettre de croire à un retour de l’utopie, ce serait pure stupidité. Mais nous pouvons faire notre possible pour le rendre moins dangereux. Pour tout le monde, et pas seulement nous. Et je sais que tu en es capable. »
« J’saurais m’en montrer digne ! », dit-elle joyeusement.
« Tu l’es déjà. », ajouta-t-il avec sincérité.

Ils reprirent leur promenade sur le port, repartant doucement vers l’intérieur de la ville.

Les deux Gogyou marchaient d’un pas mesuré, profitant de cette promenade loin de leurs futures responsabilités. Même si Alecto et Ether avaient toujours entretenus une relation privilégiée, ce n’était que depuis sa nomination au rang de Première, que leurs conversations étaient devenues nettement plus approfondies, poussées et parfois très sérieuse. L’élémentaire de terre n’en était que plus ravi, car s’il avait toujours su que la jeune fille cachait en elle une grande intelligence – très bien cachée alors – elle était pour autant très naïve et idéaliste. Comme eux tous, certes, mais plus encore que lui. Le fait que son père l’ait élevée dans l’ignorance de certaines choses acquises dans la culture naturelle des hommes, avaient certes contribués à la personne qu’elle était à présent, mais lui octroyait également de nombreux handicaps sociaux. L’emmener avec lui lors de cette entrevue avec le chambellan avait eu pour but non seulement de lui montrer ce qui risquait probablement de lui arriver, et également de l’entraîner à communiquer davantage. Et quoi de mieux qu’avec les grandes instances ? Malgré le dialecte, elle avait su se faire comprendre et surtout, avait gagné la sympathie du politicien. Comme quoi, malgré sa personnalité d’originale, ce que l’on appelait un « défaut social » s’avérait au contraire parfois très utile. Alecto était fière d’elle. Il l’observa quelques instants. Habillée de la sorte, elle paraissait moins « enfantine », elle faisait davantage jeune femme que jeune fille. Elle avait grandi. Pas physiquement, mais mentalement. Non physiquement parlant, elle avait exactement le même visage qu’il y a deux ans, hormis que sa peau avait encore brunit. Ether finit par remarquer le regard de l’Ancien et l’observa d’un air interrogateur.

« ça va pas, l’Ancien ? J’ai que’que chose sur l’visage ? »
« Non, ton visage est parfait tel qu’il est. C’est juste que… », soupira-t-il avec un brin de nostalgie dans la voix, « Même si ton corps n’a pas changé comme le mien depuis des années, tu as néanmoins grandi de l’intérieur. Ça ne me rajeunit pas tout ça… », il eut un petit rire triste, « Pour être tout à fait sincère, même si tu es vouée à me succéder, j’ai parfois peur de ce que l’av… »

Alecto ne put finir sa phrase, car une inconnue se heurta à la blonde, cette dernière étant bien trop occupée à écouter le vieux pour remarquer la personne en face. L’inconnue tomba au sol alors qu’Ether eut un geste instinctif pour la rattraper qu’elle n’exécuta pas assez tôt. Alors que la petite s’excusait de ne pas avoir regardé où elle mettait les pieds, la nomade répliqua tout aussi vite.

« Nan, c’moi, j’suis désolée. Trop’occupée à écouter l’vieux ! », dit-elle en riant et en relevant la jeune fille.

Alors qu’elle se prenait une énième tapette à l’arrière du crâne, et que la petite ouvrait de grands yeux ronds - ? – Ether sentit une odeur familière. Mais dès lors où elle voulut lui demander qui était-elle, la gamine avait déguerpit aussi vite qu’elle n’était apparue. Mh, étrange… Qu’était cette odeur de terre légèrement humide et poussiéreuse à la fois ? Comme de la terre séchant au soleil parmi les grains de sable ? Par réflexe, la blonde s’approcha de l’Ancien et prit une grande inspiration. Oui, ça ressemblait au vieux, sauf que lui, c’était plus de la terre bien sèche, de la terre qui avait vécue de nombreux siècles. Ces odeurs lui rappelaient Yell, la gogyou d’eau qui avait un parfum de terre tellement humide qu’elle avait plus eu l’impression que c’était l’eau de la rivière qui avait ramené de la terre sur son chemin. Alors que Strike, lui, sentait la terre brûlée, presque de la cendre. Grâce à son affinité naturelle, Ether avait un odorat naturellement développé, son élément véhiculant toutes les odeurs et sons environnants.

« Que se passe-t-il ? »
« J’ai senti… Une odeur que j’connais. Ça m’a rappelé la vôtre. »
« La mienne ? … Intéressant. », ajouta-t-il en jetant un regard derrière lui.
« J’voudrais bien vérifier, mais elle est partie. »
« En es-tu certaine ? », fit-il d’un air énigmatique, « Marchons. »

Et ils reprirent leur marche comme si de rien n’était. Doucement, ils marchaient et discutaient de tout et de rien. Parfois ils s’arrêtaient à une échoppe et achetait de quoi ramener des vivres ou quoi que ce soit de possiblement utile à la tribu, avant de finalement reprendre leur promenade vers la sortie du village.

« Concentre-toi, ça te fera un bon entraînement. Ressens-tu sa présence ? »
« … Oui. J’sens ses mouv’ments brasser l’air. Et son odeur de terre, de boue et d’poussière d’autant plus qu’le vent m’la rapporte. »
« Très bien. On va bifurquer par-là comme pour aller faire d’autres emplettes, pour ainsi échapper brièvement à son regard, tu en profiteras pour disparaître alors que je resterais dans la rue. Naturellement, si elle nous suit, elle va s’y engouffrer. Tu réapparaîtras ensuite derrière et on pourra peut-être satisfaire la curiosité de chacun. La sienne, comme la nôtre. La rue n’est pas fréquentée, ça devrait faire l’affaire. Prête ? »
« Ouais ! »

Ils agirent comme prévu, tourna dans la rue pour aller faire d’autres courses et Ether disparut dès l’instant où elle fut à l’abri de tout regard, alors que l’Ancien continuait de marcher avec la dignité qui lui était propre. Dès lors où il sentit la présence de l’étrangère suffisamment engagée dans la rue, il s’arrêta et se retourna. Lorsque son regard empli d’une sérénité sans égale croisa le regard de la petite, il sourit. La demi-seconde plus tard, Ether se matérialisait instantanément dans son dos, toujours cet éternel sourire sur le visage, prête à se dématérialiser à nouveau si l’inconnue donnait un coup par réflexe. L’Ancien se chargea immédiatement de la rassurer.

« Ne crains rien. Nous ne te voulons aucun mal. Il semblerait que toi comme nous attendons des réponses des uns comme des autres. Si tu le veux bien, nous allons nous rendre dans un coin plus tranquille, d’accord ? Ainsi, tu pourras satisfaire ta curiosité. Et la nôtre. », dit-il avec une naturelle bienveillance.

Si elle était d’accord, alors ils se déplaceraient en périphérie de la ville, dans un coin non loin de là, en bord de mer, un recoin avec des rochers permettant d’être à l’abri des curieux. Et si non ? Et bien… Alecto était l’expert des cages de terre. Ether les avait de nombreuses fois expérimenté, à son grand dam. Espérons donc qu’elle les suive sans opposer de résistance.

Tout se passa comme prévu.
L'étrangère s'engouffra dans la ruelle et ne rencontra que le vieillard. Bien évidemment, comme la situation ressemblait à un piège – parce que s'en était un - la jeune fille sortit une arme. L'Ancien ne réagit aucunement, conservant son attitude sereine et avenante, tout comme Ether son sourire. Son discours visant à la rassurer sembla fonctionner car la petite rangea son couteau et montra patte blanche. Pourquoi se baladerait-elle avec un tel engin ? A bien y réfléchir, elle pourrait être une shinobi de Suna. Mais était-elle ici de son propre chef ou avait-elle été envoyé pour les suivre. Cette seconde option était presque ridicule, car personne n'enverrait une débutante – car c'est ce qu'elle était – telle que cette enfant pour suivre deux nomades soupçonnés d'il-ne-savait-quoi. Décidément, cette journée était très enrichissante ! Si c'était sa volonté qui l'avait conduite jusqu'à eux, que désirait-elle savoir ? L'inconnue semblait à présent gênée par son propre comportement et se mit à rougir avant de finalement s'excuser et d'expliquer la raison de sa présence. Apparemment, elle était ici pour... Ether ? Cette dernière l'observait avec une grande curiosité. A présent qu'elle se trouvait aussi près de cette personne, l'odeur était plus qu'intense, et elle à présent quasiment certaine de ce qu'elle soupçonnait. Une petite lueur de joie traversa son regard. Pour autant, c'était à la fille de se livrer d'elle-même. Hors de question de la forcer à quoi que ce soit ! Naturellement sociable, la blonde attrapa les mains de la suiveuse et lui répondit d'un ton jovial ;

« Pas besoin de t'excuser ! C'marrant qu'tu m'connaisse, moi non ! », dit-elle en riant, « Mais on va changer ça, viens ! »

Ether emmena donc d'un pas dansant sa nouvelle camarade, suivie de près par un Ancien amusé. Ce dernier s'approcha de la petite et, les mains nonchalamment dans le dos, lui dit calmement, un sourire énigmatique sur les lèvres ;

« Ce n'est pas nécessaire. Lorsque je dis que tu ne crains rien avec nous, c'est le cas. », sous-entendant clairement qu'il avait parfaitement compris et ressentit son chakra. Il serait bête qu'elle s'épuise pour pas grand chose, mais il admirait la prudence dont elle faisait preuve.

Ils sortirent de la ville et se dirigèrent vers l'endroit prévu, sur la plage, vers le monceau de rochers éloignés et vide de toute présence humaine. Une fois assurés que personne ne viendrait les déranger, l'Ancien s'assit doucement sur un caillou invitant la jeune fille à faire de même sur celui d'en face. Quant à Ether, celle-ci s'installa légèrement sur l'un d'eux en hauteur, d'un saut précis et aérien. De son sac, l'élémentaire de terre sortit une gourde forgée et gravée, ainsi que trois coupelles de bois taillées. Il remplit chacune d'elle et les tendit aux deux filles. Il prit une gorgée.

« Du thé froid composé de divers plantes. Une autre des nombreuses spécialités de notre tribu. »

Il reprit une gorgée sans reprendre la parole, ajoutant un simple signe de tête à l'encontre d'Ether. Celle-ci s'empressa avec joie de poser des questions et amortit sa descente pour s'asseoir aux côtés d'Alecto.

« Qui es-tuuu ? Comment tu m'connais ? C'quoi c'que tu veux m'demander ? », puis elle ajouta en se voulant rassurante, « T'inquiète pas, on t'fera rien du tout ! Y'a pas plus pacifiques que nous ! Enfin... Sauf l'vieux, parfois il m'tape. », dit-elle en riant avant de recevoir une tapette et de se frotter la tête.

« Pardonne notre comportement. Nous manquons à tous nos devoirs de politesse. L'usage veut que nous nous présentions avant toute question. », fit-il avec douceur, « Je me prénomme Alecto, l'Ancien de la tribu Hashimoto. Et voici ma Première, Ether. »

« Enchantéééé ! », tout sourire.

« Je vais me répéter, mais tu n'as rien à craindre. Sois honnête et pose toutes les questions que tu voudras. Nous serons libres d'y répondre comme toi aux nôtres. Sache qu'il n'y a pas plus compréhensif et tolérant que nous. Sincèrement. »

Ah bah ça... C'était certain !
De toute manière, si elle mentait, ils le sauraient tous les deux. De plus, ils connaissaient déjà sa nature. Ou en tout cas, presque. Tant que rien n'est dit, rien ne peut être tout à fait affirmé.

La jeune fille restait malgré leur comportement pacifique et chaleureux, très méfiante. En même temps, si elle était une ninja élevée dans un village caché, pas étonnant qu'elle ait été élevée comme telle. C'était l'une des nombreuses choses qu'ils n'appréciaient pas trop dans la vie en société, et chez les humains en général. Ils étaient tous méfiants les uns envers les autres. Chaque geste était interprété comme éventuellement agressif. D'un côté, le duo la comprenait. Après tout, elle avait suivi deux parfaits inconnus dans un lieu éloigné de tout ! La petite semblait passer par toutes les émotions possibles. Ether l'observait avec un grand intérêt, examinant les traits de son visage pour y comprendre les émotions qui y circulaient. L'Ancien ne dit pas un mot. Il lui fallait le temps de comprendre qu'elle était réellement en sécurité avec eux. Il ne demandait pas à ce qu'elle leur fasse confiance dans la minute, elle restait une shinobi et c'était tout à son honneur. Après un temps d'hésitation, leur « invitée » finit par ouvrir la bouche.

Elle se prénommait Mikan, Doro Mikan. Si Doro ne signifiait rien pour l'Ancien, Mikan lui était familier, mais il conserva le silence et sirota son thé. D'elle-même, la sunajin avoua que ce n'était pas on vrai nom. Lorsque les présentations fut faites, les deux élémentaires inclinèrent légèrement la tête pour clore les salutations, puis continuèrent à écouter. Celle-ci avait connu Ether lors de sa participation à l'examen chûnin international, le même où elle s'était dévoilée. La gamine semblait hésiter, comme si elle appréhendait la suite de la conversation. Alecto lui lança un regard rassurant. Puis après avoir encore longuement hésité, Mikan ajouta le geste à la parole pour compléter la fin de sa phrase laissé en suspend. Le duo avait le regard fixé sur la main, attendant patiemment la suite des événements. Puis, enfin, le membre devint dégoulinante, pâteux et marronnasse ; de la boue. Elle y planta un couteau pour bien prouver que ce n'était pas qu'une simple illusion. Elle était donc bien une Gogyou de terre, comme l'Ancien !

« Hé on dirait l'vieux quand il est mouillé ! *aie* », s'exclama-t-elle avant de se prendre une tapette à l'arrière du crâne.
« Laisse-la finir. », dit Alecto, imperturbable.

Mikan était en proie au doute.
Elle ne savait pas ce qu'elle était, n'avait jamais rencontré de personne semblable à elle-même hormis Ether, et pensait, comme beaucoup d'êtres vivants, être une erreur de la nature, une abomination. Elle ignorait jusqu'à son lieu de naissance, le nom de son père et sa mère l'avait fait vivre – peut-être inconsciemment - dans la honte de sa propre nature. Ou en tout cas, c'était le résultat que cela avait donné. D'un autre côté, les paroles de sa mère n'étaient pas dénuées de sens, au contraire. La preuve ; ce Michiki avait bien clairement fait comprendre qu'ils se serviraient d'eux pour la guerre. Une fois assuré qu'elle avait bien finit, l'élémentaire de terre fit un signe de la tête à Ether, lui laissant le soin de parler si elle le souhaitait. La réaction ne se fit point attendre. Faut dire qu'elle rongeait son frein depuis un petit moment. Laissant libre cours à son excitation, la Gogyou disparut et réapparut plusieurs fois à plusieurs endroits avant d'arriver devant Mikan.

« J'le savais ! J't'ai senti dès qu't'as commencé à nous suivre ! T'as la même odeur qu'l'Ancien. T'es pas un monstre, c'pas joli com' mot en plus. t'es comme nous !  », riait-elle tout en essuyant les larmes de la jeune fille avant de lui faire un câlin réconfortant.

Le vieux continuait de boire son thé en silence.

« Tes questions trouveront réponses. »

L'Ancien finit par poser sa coupelle sur le rocher et leva les yeux vers Mikan.

« Tu te prénomme Gogyou Mikan, fille de Gogyou Hibari et de Gogyou Ignis. Ce nom, bien que nous le chérissons, nous ne nous en servons point en public car, comme tu le sais par le biais de ta mère - même si restreindre tes capacités n'était pas la meilleure façon de te laisser t'épanouir - ce nom est considéré par les humains comme synonyme de notre différence. Oui, nous sommes différents, mais ce n'est en rien une tare. C'est ainsi. Chaque être est différent et c'est ce qui fait la force de ce monde. Nous sommes des élémentaires. Nous pouvons prendre forme humaine, mais ce n'est pas ce que nous sommes. Nous les imitons seulement. Ether, comme tu as pu le voir, est une élémentaire de l'air. », elle lui sourit joyeusement, faisant disparaître certains membres, « Et moi... Et bien, nous pouvons dire que tu es bien tombée. », il se leva et se transforma en statue de pierre mouvante, « Je suis un élémentaire de terre, tel que toi. », un sourire fit craqueler le visage rocailleux du vieux.

Il reprit forme humaine et se rassit pour siroter à nouveau son thé, et surtout lui laisser le temps de digérer ces quelques informations. Il était toujours temps de lui dire plus tard la suite de tout ce qu'elle avait bien pu ignorer jusque-là. Alecto servit par ailleurs de la boisson aux deux filles également. Libre à elle de lui poser toutes les questions qu'elle désirait. Ensuite, il lui poserait lui-même des questions.

Le monceau d’informations que l’Ancien avait balancé en quelques minutes était difficile à digérer pour la jeune élémentaire de terre. C’est pourquoi il lui laissa le temps d’assimiler celles-ci. A en voir sa réaction, le vieux comprit qu’Hibari avait élevé sa fille dans une peur constante de soi-même et des autres. Résultat, elle semblait persuadée d’être jusqu’alors un monstre, une erreur de la nature. Alecto lâcha un soupir de lassitude en pensant à la mère de Mikan. Certes, elle avait échappé à la traversée de Hi no Kuni qui fut un véritable enfer, mais il semblait qu’elle ait développé un comportement assez… Paranoïaque. Pour en être sûr, il lui faudrait vérifier ça lui-même. Mais quelle idée d’aller s’installer dans un village caché pour « protéger » son enfant ? Cette éducation n’avait pas été le moins du monde épanouissante pour cette petite ! Il fallait remédier à ce problème. Cette dernière était subjuguée de voir à quel point il connaissait d’éléments à son sujet. Hé oh, on m’appelle pas l’Ancien pour rien, y’a pas que mes rides qui me confèrent ce titre ! Le vieux attendit quelques secondes, le temps qu’elle se calme un peu, et répondit à sa seconde question tout en répondant à la première.

« Mon titre n’est pas seulement pour faire joli, Mikan. », dit-il avec une pointe de malice dans la voix avant de reprendre plus sérieusement, « Tes parents sont originaires de notre tribu. Je les ai connus, Ether également, bien qu’elle était encore jeune. »

Une fissure apparut sur le front de la Gogyou de terre, et lorsqu’elle eut terminé sa coupelle, le vieux la remplit une nouvelle fois. Il était évident qu’avec son manque de confiance, elle ne maîtrisait pas parfaitement ses pouvoirs. Mikan voulut savoir ce qui était arrivé à son père, Ignis. Ether regarda l’Ancien d’un air calme, se souvenant autant que lui ce qui s’était passé. Toujours sa tasse entre les mains, il la déposa sur ses genoux.

« Oui, il a été tué. Mais tu es en droit de connaître comment. Après tout, tu n’es plus une enfant. », il eut un doux sourire avant de reprendre un visage légèrement fermé, « Tu sais que nous ne sommes pas aimés. Notre condition de nomades nous a permis de survivre jusqu’à aujourd’hui. Nous changions constamment d’endroit, cherchant un lieu où nous serions davantage acceptés qu’ailleurs. Même si nous ne dévoilions jamais qui nous étions réellement, il arrivait que parfois… Cela se sache. Même si les mentalités commencent à changer, à l’époque, ce n’était pas près d’arriver, surtout avec cette histoire de Makka. », il prit une gorgée, « Nous cherchions à nous rendre à Kaze, espérant que le désert serait suffisamment clément pour nous accorder survie et protection. Ce qu’il a d’ailleurs fait, mais c’est une autre histoire. », ajouta-t-il avant de reprendre, « Pour cela, nous avions planifié de traverser Hi no Kuni. Une caravane de nomades ne passe jamais inaperçue, et entre bandits et assassins, nous finissons toujours par avoir des pertes, surtout lorsque nous sommes personnellement visés. Nous ne sommes pas des guerriers, certains oui, mais nous restons pacifiques, nous nous défendons mais jamais nous tuons. Assommer ou mettre hors d’état de nuire est la seule chose que nous nous autorisons comme violence. Cela peut être perçu comme une faiblesse aux yeux du monde, mais nous croyons en cet idéal de paix. Malheureusement, la plupart des créatures vivantes, non. A notre arrivée au pays du feu, ton père a… Il a été l’une des victimes lors d’un des raids sur notre caravane. Ta mère ne l’a pas supporté, et craignant pour ta vie alors que tu n’étais qu’un tout petit tas de boue, a paniqué et nous a quitté. Je ne sais pas par où elle est passée, ce qu’elle a fait, mais te voilà maintenant à Suna. Genin peut-être ? », il marqua une pause, observant les réactions de la jeune fille, puis craignant l’une d’elle, il reprit calmement, « Hi no Kuni a beau avoir été l’une de nos pires expéditions, il ne sert à rien de laisser la colère et la haine nous envahir, ce sont des émotions destructrices. Il est important que tu le comprennes. »

Malgré tout, l’Ancien n’était absolument sûr de rien quant à ce que cette révélation allait déclencher chez cette enfant. Après tout, elle était une genin de Suna, élevée dans l’art shinobi et la peur de soi par sa mère, et non dans le pacifisme et la paix avec soi-même, qui sait comment elle pouvait grandir. Seul l’avenir lui dira le chemin qu’elle aura choisi d’emprunter. Mikan demanda ensuite à ce qu’il lui apprenne. Oui, mais lui apprendre quoi ? Il but tranquillement avant de l’observer avec neutralité et sérieux.

« Que désires -tu apprendre exactement ? Dans quel but ? »

Ces questions avaient pour objectif de cerner le caractère de la jeune fille.

« Nous pouvons t’enseigner la maîtrise de soi et comment contrôler tes pouvoirs, et t’en servir sans trop en dévoiler tout en assumant qui tu es. Mais est-ce seulement ce que tu souhaites ? »

Pendant ce temps, Ether écoutait attentivement tout en s’amusant à faire léviter une feuille.

Mikan avait le mérite d'être franche.
Effectivement, n'ayant pas été élevée parmi eux, bercée dans des rêves de paix et des idéaux pacifiques, ils ne pouvaient pas lui demander de vivre sa vie selon une doctrine dont elle ne connaissait même pas les bases. Alecto écouta attentivement la petite lui avouer qu'elle aurait souhaité en vouloir seulement à celui qui avait ôté la vie de son père, ce à quoi l'Ancien choisit de rester silencieux. Il écouta sans rien dire la fin de son intervention, comprenant qu'elle était une ninja avant tout. Hibari... Pourquoi diable avais-tu choisi un village caché ninja pour ton enfant ? Pensais-tu sérieusement qu'il serait l'endroit le plus intelligent pour le bon déroulement de l'épanouissement de ta fille ? Le vieux ne savait si c'était le fait d'avoir élevé Mikan dans une honte et une peur de soi-même, ou bien qu'une membre de leur tribu ait choisie volontairement de renier tous leurs préceptes idéalistes pour faire de sa fille, une ninja entraînée pour la guerre, qui l'attristait le plus. Probablement les deux. Ce n'était pas la première fois que cela arrivait, mais il espérait que ce soit la dernière. Il ne supportait plus de voir ses enfants se battre pour des raisons complètement stupides d'expansion de territoire ou par vengeance et haine de son prochain. En quoi était-il si difficile de faire preuve d'un peu de bonté et de tolérance ? Alecto ne pouvait pas forcer les gens à s'accepter, mais il pouvait néanmoins contribuer à ce que chacun vive en paix avec soi-même. Peut-être que la sérénité intérieure était un premier pas pour le vivre ensemble.

« Nous ne t'empêcherons pas de suivre la voie sur laquelle tu t'es engagée, car c'est ton choix et il t'appartient. J'espère cependant que la vérité n'instaurera pas une haine dévorante dans ton cœur. », dit-il calmement.

C'était donc le Taijutsu sa prédilection et le Ninjutsu sa faiblesse.
Il eut un bref sourire, jetant un regard à Ether, avant de reporter son attention sur la jeune Mikan. Si le Doton et le Taijutsu était une combinaison autant défensive qu'offensive, elle répondait néanmoins davantage aux caractéristiques des techniques offensives. La sunajin était donc taillé pour le combat rapproché et l'avait probablement volontairement choisi. Cette conclusion fut assez mitigée aux yeux de l'Ancien, car le Taijutsu était selon lui, mais il pouvait se tromper, l'apanage de ceux appréciant le combat, la force brute de l'ours. Alors que le Ninjutsu était la volonté de rester en retrait et de repousser son adversaire pour retarder le combat. Ou dans le cas échéant, être capable d'attaquer autant de loin que de près. Elle désirait donc être polyvalente pour mieux se battre. Alecto n'appréciait pas franchement cette volonté d'augmenter ses facultés combatives, mais il ne pouvait pas lui refuser de vouloir comprendre ce qu'elle était. C'est pourquoi il accepta néanmoins de lui enseigner ce qu'il lui serait nécessaire.

« Je comprends parfaitement ce que tu veux dire. Utiliser son environnement est justement ce qui te permets de ne pas directement affecter ton corps et donc, de ne pas te trahir aux yeux des autres, si je puis me le permettre. », il désigna Ether d'une inclinaison de la tête, « Ma Première est justement apte à te faire comprendre les rudiments du Ninjutsu, ayant préféré la distance au contact. Je resterais en arrière pour intervenir lorsque son élément posera problème pour la bonne compréhension des exercices. »

Puis, il observa les alentours, légèrement méfiant.

« Si tu désires que l'on t'apprenne tout cela, je te propose de se déplacer vers les montagnes. Nous sommes certes à l'abri des regards, mais encore trop proches de la ville. Il vaut mieux ne prendre aucun risque. Acceptes-tu de nous accompagner jusqu'au Mont Kaze ? Lorsque tu désireras rentrer, Ether pourra te raccompagner jusqu'à ta destination, ou jusqu'à l'arrêt de train le plus proche. »

Si elle acceptait, alors ils débuteraient la marche sans plus tarder.
Enfin... La « marche ». Disons plutôt que le vieux comptait faire une planche rocheuse suffisante pour trois et la blonde aurait ensuite fait avancer l'engin avec de l'air. Une sorte d'hoverboard des sables ! De un, ça va nettement plus vite, et de deux, ça faisait pratiquer les deux Gogyou.

Le trajet ne fut pas si long que ça jusqu'au Mont Kaze, mais suffisamment pour entamer une discussion pour passer le temps et continuer à en apprendre davantage sur la jeune Mikan. Ils découvrirent donc que la mère de la sunajin, Hibari, avait toujours refusé à ce que son enfant s'engage sur la voie des Ninja. Pas par pacifisme, non – ce qui fit soupirer le vieux, déçu de voir qu'elle avait probablement jeté tous leurs préceptes à la poubelle juste par paranoïa – mais par crainte que son origine soit découverte. La Gogyou de Terre avait néanmoins choisi de rejoindre l'académie, se sentant beaucoup trop isolée. Elle s'était ainsi faite une amie dit-elle. « Trouver sa place », un « but ». Toujours le visage tourné vers l'horizon, Alecto posa une question à la jeune fille.

« Est-ce toujours ton but ? Penses-t avoir enfin trouvé ta place ? »

Et il se mura à nouveau dans son silence, laissant la liberté à Mikan de se dévoiler davantage ou non. Libre à elle de se confier, ils n'étaient pas là pour la juger mais au contraire, à lui faire accepter sa véritable nature d'élémentaire, ne plus avoir honte de la personne qu'elle était. La honte est un frein à la liberté d'agir et de penser. Quant à Ether, malgré le fait qu'elle restait concentrée sur le « moteur » du surf de pierre, elle ne s'empêcha pas de poser un tas de questions à sa nouvelle camarade.

« ça v'dire que t'es allée à l'Académie alors ! C'comment ? On y fait quoi ? C'est bien ? Les gens sont sympas ? On s'fait des amis ? T'as dit qu'oui. Ça doit êt' trop bien ! Elle s'appelle comment ton amie ? Elle doit êt' gentille ! »
« Ether, laisse-la le temps de placer un mot voyons ! », dit-il en souriant légèrement, mais en n'oubliant pas lui asséner une tapette sur la tête, sans même tourner la tête.
« Aie ! Oui, oui, d'accord ! … », mais elle reprit aussitôt, « Tu vas rencontrer l'clan alors ! Tu vas voir, sont très sympas ! Puis, y'a ma maman qui fait d'super fruits séchés, Faroh, Syndra, Shiro et Ava sont d'très bons combattants ! Ils savent mettre hors d'état de nuire sans tuer ! P'têtre qu'ils pourront t'apprendre que'que chose ? Puis y'a les moines du vent dans le temple en bas, 'sont trop des potes ! Tous les enfants et puis... », elle vit les doigts de l'Ancien se tortiller et elle se tut, « … Ouais non mais tu verras ça en arrivant hein ! »

Le voyage se déroula sans encombre et ils arrivèrent au pied du mont alors que le soleil était encore haut dans le ciel. La planche s'arrêta tout en douceur et se désagrégea dès lors qu'ils quittèrent tous son bord. D'un léger signe de la tête et les mains dans le dos, Alecto fit signe à Mikan de les suivre. Il marchait sans se presser, profitant de la chaleur de la journée, alors qu'Ether sautait en toute légèreté, comme si elle volait, sur chaque rocher, s'amusant de rien. Ils grimpaient tranquillement, du bout du nez, le Vieux désigna un ancien temple que l'on pouvait apercevoir parmi les rochers.

« Les moines du vent. Si tu as un problème, n'hésite pas à aller quérir Salem. »
« Ouaiiiis, c'mon préférééé ! », chantonna Ether.

Se déplaçant à travers un dédale de pierres et de rochers, le tracé était si aléatoire qu'il était difficile d'en retenir le chemin. C'est pour cela qu'ils n'avaient que peu de visites. Généralement, c'était des curieux qui s'étaient perdus et étaient arrivés par hasard sur ce versant précis de la montagne. Pour autant, la tribu n'était jamais prise par surprise, les guets avaient toujours un sacré cran d'avance. Actuellement, ils savaient déjà qu'ils étaient parmi les cailloux, en route pour rentrer. Ils finirent par enfin arriver entre deux immenses rochers qui faisaient office d'entrée, et quelques pas plus tard, deux nomades sortirent lentement de derrière ces derniers, un sourire sur les lèvres. Ils les accueillirent chaleureusement, ne cachant pas leur impatience de connaître le résultat de l'entrevue avec le chambellan puis attendirent les explications vis-à-vis de la jeune fille les accompagnant. Il leur fit comprendre qu'il débrieferait la rencontre ce soir avant le repas, et attesta que Mikan était une invitée spéciale. Ensuite, il demanda à ce que la tribu se réunisse sur la place. D'un geste de la main, il désigna les armes de la Gogyou.

« En temps normal, les invités doivent laisser leurs armes à l'entrée du campement, mais si tu te sens plus en sécurité avec, nous ne t'imposerons pas de t'en séparer. », dit-il doucement avant de se diriger vers la place centrale recouverte de nattes et autres tapis. C'était généralement ici qu'ils se réunissaient tous pour les réunions et pour manger tous ensemble. A mesure qu'ils s'avançaient tous les trois par là bas, les membres de la tribu se réunissaient autour d'eux, intrigués par cette inconnue. Parmi eux, les parents d'Ether, Aura et Hélios, qui se dirigèrent vers leur fille, le père toujours avec son air faussement sérieux et la douceur légendaire de sa mère.[/i]

« Oh ma chérie, alors, comment s'est passée cette entrevue ? De bonnes nouvelles ? », fit-elle en embrassant son enfant sur le front.
« Ils veulent se servir de nous ouais, c'est ça ? », ajouta l'élémentaire de foudre, légèrement ronchon.
« Hélios ! »
« Oh, ça va ! D'accord... Peut-être qu'on peut leur faire confiance. »
« Et qui est cette adorable jeune fille que tu nous emmène, une de tes nouvelles amies ? »
« Tant que c'est pas un mec... », grommela le père dans sa barbe.
« Chéri, elle pourrait tout autant nous emmener une petite copine aussi tu sais ? », dit-elle en taquinant son mari qui ouvrit grand les yeux, désespéré.
« J'comprends rien à c'que vous dites, Mikan est pas si petite, mais c'est une copine ! », ria Ether naïvement, « L'Ancien va faire une annonce pour tout vous expliquer ! »

Bientôt, ils furent entourés de l'intégralité de la tribu.
Alecto rassura la sunajin, lui rappelant qu'elle n'avait absolument rien à craindre en leur compagnie, avant de finalement prendre la parole.

« Mes frères, mes sœurs et enfants. Vous souvenez vous du courageux Ignis et de son épouse Hibari ? », tous acquiescèrent en posant leur poing contre le torse en signe de respect pour la mémoire du défunt, « Hibari nous avait quitté avec son enfant élémentaire de terre, et nous n'avons dès lors plus eu aucune de ses nouvelles. Je tiens donc à vous présenter Mikan, leur fille. »

La surprise fut d'abord de mise, puis ensuite ce fut quelques effusions de joie, chacun se rappelant de cet adorable petit tas de boue qu'était la gamine, se souvenant de sa naissance et de ses petits gargouillis sous forme de bulles de terre. Tous tinrent à se présenter à elle, sachant pertinemment qu'elle n'avait pas le moindre souvenir d'eux, trop petite à cette époque. Ils demandèrent comment allait sa mère, ce qu'ils devenaient, comment avaient-ils réussir à rejoindre Suna, etc... Craignant que Mikan se sente étouffée par tant d'attention, l'Ancien coupa court aux interactions.

« Je sais que vous êtes tous heureux de retrouver l'une des nôtres, mais il faut comprendre que tout ça est encore nouveau pour elle. Allez-y doucement, je ne voudrais pas qu'elle s'enfuit, n'est-ce pas ? », dit-il en lui souriant doucement, « Nous en discuterons plus tard ce soir au cours du repas, ainsi, nous vous donnerons également davantage de détails sur la suite des évènements et l'avenir de notre tribu au sein de Kaze. Merci. »

Acquiesçant respectueusement, ils souhaitèrent à nouveau la bienvenue à Mikan et chacun reprit son activité, que ce soit la création de bijoux traditionnels, le repas de ce soir avec les emplettes ramenés par les deux Gogyou, l'élaboration de nouvelles étoffes ou une simple discussion.

« Tout le monde est content de te revoir Mikan. Tu n'étais qu'un tout petit tas de boue faisant de touuutes petites bulles pour t'exprimer, c'était adorable. Alors, que désires-tu faire ? Oh, et je manque à tout mes devoirs ! Nous ferez-tu l'honneur de rester pour le dîner ? Et même passer la nuit ici si tu le souhaites. Suna n'est pas si loin mais la nuit est sombre et peut s'avérer dangereuse. »
« Oh ouiiiii ! Reste manger avec nous ! »

Mikan paraissait être au fond toujours aussi perdue qu'à ses débuts.
À bien écouter ses réponses, observer sa gestuelle et écouter l'intonation de sa voix, elle ne semblait être certaine de rien. Elle cherchait encore et toujours la personne qu'elle était réellement, et Alecto espérait que son séjour auprès d'eux parviendrait à lui indiquer le chemin qui lui conviendrait le mieux, la voie sur laquelle elle découvrirait un sens à sa vie et à ses actes. L'élémentaire de terre avait beau conserver le silence la plupart du temps, il observait attentivement la jeune fille. Elle avait bien grandi. Bien sûr qu'il « déplorait » dans un sens son éducation ninja – même si déplorer n'était pas exactement le mot qu'il emploierait - mais celle-ci lui permettrait de savoir se défendre et de survivre dans ce monde encore déchiré par la peur de l'autre. Il mentirait s'il n'avait pas un maigre espoir dans son cœur de la voir réviser son jugement quant à une possible vengeance à l'encontre de Konoha, mais comme il le disait, il restait « maigre ». Au moins, si leur tribu pouvait lui apporter un semblant de paix qui contribuerait à la faire avancer et à la faire s'épanouir de la meilleure des façons, alors il serait un tant soit peu satisfait du travail accompli sur l'une des leurs.
À l'écoute de son histoire, l'Ancien conserva le silence, alors qu'Ether écoutait avec une véritable fascination les dires de la sunajin. Il eut un petit sourire en voyant la Gogyou de vent suivre avec autant d'intérêt les informations que sa camarade lui donnait. Sa Première avait toujours été avide d'apprendre, et tout ce qui lui avait été interdit de par sa condition de nomade avait d'autant plus amplifié sa fascination pour ces choses en question. Même si elle n'avait jamais éprouvé le moindre désir de devenir ninja, le simple fait d'apprendre de nouvelles choses l'intéressait. La curiosité, sa qualité qui pouvait devenir un défaut, ce à quoi il veillait au grain. Il comptait énormément sur la demoiselle pour prendre sa suite s'il venait à lui arriver quelque chose. Pour autant, il craignait de la voir elle aussi disparaître. L'ennui avec le fait de voir défiler les siècles et les siècles, était justement de voir d'autres plus jeune que soi, mourir prématurément. Il se mit à penser aux plus récents d'entre eux, puis à ceux antérieurs à la plus ancienne des naissances des membres aujourd'hui présents. C'est ça d'être un vieux rocher, on réfléchit trop.

L'élémentaire de vent était pendue aux lèvres de Mikan.
Apprendre à malaxer son chakra, les techniques de bases, la stratégie, le maniement des armes... Même si elle connaissait en partie tout ça et que le dernier point n'éveillait en elle pas le moindre intérêt, le savoir tout simplement lui faisait plaisir. Le plus intéressant était qu'ils apprenaient l'histoire du pays et celle des clans importants. Ensuite, respecter l'ordre et la hiérarchie, meh. En même temps, hormis l'Ancien, ils n'avaient pas réellement de chef au cœur de leur clan. Alecto était l'objet d'un immense respect et c'était naturellement que tous écoutaient ce qu'il avait à dire. Pour autant, il ne se sentait le supérieur de personne. Chacun avait sa voix au chapitre. Ce que disait Mikan intrigua Ether ; elle n'avait pas le sentiment d'avoir été formée dans l'objectif de devenir une arme. Mais alors... Qu'était le but réel d'un ninja si ce n'est la guerre ? La protection du peuple peut-être ? À l'entente du prénom de sa meilleure amie, la venteuse gloussa joyeusement.

« T'as d'la chaaaance ! Elle a l'air sympa ! », mais reprit un peu de contenance lorsque la Gogyou de boue ajouta qu'elle ne savait pas où elle était à l'heure actuelle, puis elle lui fit brusquement un câlin pour la rassurer, « Tout va bien s'passer. Si t'as b'soin d'quoi qu'ce soit, on est là ! »

Lors de leur montée jusqu'au campement, l'Ancien avait remarqué la tentative de leur invitée à reproduire leur technique combinée, ce qui le fit sourire. Cette enfant semblait être travailleuse et appliquée. À la question sur les moines, l'Ancien répondit très simplement ;

« C'est un sanctuaire. Comme tout moine, ils prient, étudient et vivent dans la plus humble des simplicités... Ils ont une très grande connaissance de leur pays et sont dotés d'une intelligence impressionnante. Ils ont d'ailleurs une collection de parchemins antiques à faire pâlir la plus connue des bibliothèques. Mais en leur qualité d'érudits, beaucoup ont tendance à les sous-estimer. Si tu as besoin d'une planque, ou de disparaître pour un temps, ils sauront t'aider. »
« Personne ne soupçonne les vieux décrépis ! », ajouta Ether en riant avant de se prendre une tapette derrière la tête, « Aïe ! »

L'accueil plus que chaleureux qu'avait reçu Mikan semblait avoir quelque peu perturbé cette dernière. Lorsque tous se dispersèrent, elle put enfin respirer. Tout ça devait être si différent pour la jeune fille. Il pouvait sentir les différentes émotions au sein du cœur de celle-ci, à travers sa gestuelle. Mais il y avait autre chose. Il attendit patiemment qu'elle prenne la parole, il ne fallait jamais forcer la main de qui que ce soit en terme de révélations. Tout d'abord, elle accepta de rester, ce à quoi Ether réagit en sautillant sur place, et le vieux par un hochement de tête silencieux. Puis vint la fameuse question qui semblait lui brûler les lèvres. Est-ce qu'ils étaient tous des élémentaires ? Il l'invita d'un signe de la tête à les suivre lui et Ether, histoire de marcher un peu et de lui faire faire un petit tour du campement.
Ils se déplacèrent à travers les dédales de tentes qui formaient comme des rues. C'était presque un petit hameau mais avec des maisons en toile ! Toutes étaient forcément ouvertes, la toile servant de porte fixée de sorte à ce qu'elle ne dérange pas, chacune avait la possibilité de retirer ce qui servait de toit – un simple voile d'étoffe solide - pour pouvoir voir le ciel à chaque minute de la nuit ou de la journée. À mesure qu'ils marchaient, ils croisaient des nomades qui les saluaient chaleureusement. Certains fabriquaient des outils avec des matériaux naturels comme la terre et la roche, d'autres créaient des bijoux traditionnels colorés mais rarement composés de produits précieux – étant un peuple très humble et simple – et puis leur spécialité, la création d'étoffes finement brodées avec lesquelles ils s'habillaient, construisaient ou réparaient leurs tentes, et bien entendu, qu'ils vendaient également sur divers marchés. Certains se contentaient de discuter ensemble, se déplaçant également pour voir si personne n'avait besoin d'un coup de main. Et si non, alors ils s'asseyaient auprès de certains d'entre eux et discutaient pour rendre le travail plus agréable. Le trio passèrent également devant ceux se chargeant de la nourriture. L'on pouvait voir entre autres du riz, des légumes et des fruits, ou encore du poisson et toute une flopée d'insectes, leur préféré, le scorpion bien sûr. À mesure qu'ils lui faisaient visiter les lieux, l'Ancien lui répondait.

« Même si nous ne pouvons jamais être certains de la nature de notre prochain, nous sommes capables de ressentir ceux qui nous ressemblent. Mais il peut arriver de nous tromper, bien entendu. »
« J'ai rencontré deux Gogyou lors d'l'examen quand j'étais à Suna ! Strike, il sentait la terre brûlée. Puis Yell, la terre humide. L'premier était feu et l'aut' eau, et ils venaient d'Konoha. C'pour ça que j'sentais un mélange de terre avec leur élément, c'tait leur pays d'origine ! »
« Exactement. Chacun à sa manière de ressentir les choses. Ether a le vent et l'air comme amis, ce qui fait qu'elle soit aussi attentive. Toi et moi Mikan, la terre. À travers le sol, je parviens à comprendre ce qui m'entoure. Quant à nos frères et sœurs autour de nous... », il désigna d'un vague signe de tête un membre au hasard, « Tu es dans le vrai et le faux à la fois. », fit-il avec un sourire énigmatique, « Beaucoup de nos purs élémentaires ont péris au fil de nos voyages, tu n'as malheureusement pas eu le temps de les connaître. Si tu le souhaites, Ether pourra te parler de certains d'entre eux. Ici, il y a encore Hélios, Ether et moi. Nous avons retrouvé une des nôtres dans une oasis non loin d'ici, élémentaire de l'eau dont le fils pourrait également démontrer tardivement une affiliation à l'élément de sa mère. Mais c'est une histoire compliquée. », ajouta le vieux d'un air légèrement fatigué, « En revanche, nous avons gardé le secret pour l'instant mais... Nous avons deux nouveaux élémentaires qui sont nés il y a quelques temps, et nous soupçonnons l'arrivée prochaine d'un nouvel élémentaire parmi nos futurs nouveaux nés. Nous nous reconstruisons enfin petit à petit. Et je suis bien content d'être encore en vie pour voir ça.  », dit-il en ne cachant pas sa joie, « Mais je m'égare ! La vieillesse hein. », il jeta un regard suspicieux à Ether qui fit mine de regarder un oiseau voler au loin en sifflotant, avant de poursuivre, « Bref. Ce que je veux dire, c'est que nous ne sommes que très peu à être de purs élémentaires. Pour autant, il semblerait que chacun d'entre nous, y compris ceux dépourvus d'affinité même la plus infime, possède un gène qui fait que nous pouvons donner la vie à un élément ou non. Même deux Normaux, si j'ose dire ce terme, peuvent donner vie à un enfant élémentaire. C'est dans notre adn, dans nos veines. Nous sommes tous du même clan, nous ne sommes pas différents, que nous soyons élémentaires, simple affinité ou humain. Athryshia que tu vois là-bas, maîtrise le feu par exemple, mais ne peut se changer en élément. Ça ne change rien au fait qu'elle soit un membre de notre clan Gogyou à part entière, tout autant que Vath qui ne possède rien. C'est en nous autant que c'est en toi. C'est ce que tu ressens en leur compagnie, et c'est normal. », conclut-il doucement.

Ils terminèrent leur marche au sein de la « place centrale », un espace recouvert de dizaine et de dizaine de nattes, et autres tapis, rassemblés de sorte à ce qu'il n'y est pas de terre dans les repas, avec au centre un foyer dont les braises étaient froides. Il s'arrêta ici avant de se tourner vers les deux jeunes filles.

« Le soleil est encore haut dans le ciel, nous avons encore plusieurs heures avant le repas de ce soir. Mikan, si tu as des questions, nous sommes là. Si tu as une envie quelconque, fais-le nous savoir. », dit-il avec calme.

Peut-être voulait apprendre des choses en rapport avec son pouvoir, s'entraîner avec Ether, parler avec des membres de la tribu... Qui sait ?