Finalement il était venu. Il avait accepté de m’accompagner dans cette quête qui était mienne. Nous étions sur le point de quitter Chin’sei no in’ja, lorsque je le vis arriver. Quittant ses appartements et se rapprochant de la petite troupe que j’avais constituée pour m’accompagner. Deux ninjas, et trois marchands. Nous étions tous à cheval et un autre destrier attendait là aux mains d’un de mes subalternes, prêt à être monté par Kai que j’attendais. Je le gratifiais d’un sourire tandis que tirant sur la bride de mon cheval, je tournoyais autour de ma troupe histoire de vérifier que tous étaient prêts. Nous disposions de très peu de bagages. Juste de quoi vivre entre deux haltes : du matériel pour camper sombrement, des couvertures, quelques victuailles, de l’eau dans nos gourdes ainsi qu’une bonne poignée de ryos. Une fois que je constatais que tous étaient prêts, après que Kaï nous ait rejoins, je donnais le signal de départ et prenais moi-même la tête du groupe le temps de traverser le pont qui mène au premier portail. Une fois cet espace franchi, il ne nous restait plus qu’à nous enfoncer dans la nuit à une vitesse modérée c’est-à-dire au trot.

Sans mot dire nous avions chevauché toute la nuit durant. Sans trop hâter la course des braves bêtes qui nous servaient de monture, nous avons parcouru une cinquantaine de km à travers les sentiers les plus sûrs et les mieux dessinés de cette chaîne de montagne sud que nous avions emprunté. Notre première halte se fit à la rivière Hanock. C’est là que nous avons passé la journée à récupérer de notre première avancée. Nous y sommes restés tout au plus 8 heures. Laissant les braves bêtes se restaurer et profiter d’un repos mérité. Ils avaient parcouru la moitié de la distance nécessaire à notre voyage ; une avancée plus qu’honorable par rapport à mes prévisions initiales. Et alors que le soleil commençait à terminer sa course dans le ciel, nous reprenions la route. Trouvant un moyen de travers la rivière à travers un pont construit non loin de notre halte, nous avions finalement accédé à l’autre rive ; celle nous permettant d’accéder aux premières rizières.

Nous aurions du retard, mais quoi qu’il en soit nous avions chevauché jusqu’à Oatan en logeant les grandes étendues de rizières. De nuit, je pus contempler tous ces domaines qui à mon sens demeuraient faiblement exploitées. Mon rendez-vous dans la plus grande des cités du mont ouest allaient certainement m’ouvrir les portes d’un empire financier encore plus vaste que celui encore balbutiant que j’avais créé à Sonumi via Chin’sei no In’ja. J’avais hâte de réaliser mes rêves et c’est probablement pour cette raison que je n’accordais aucun répit aux destriers que je faisais désormais avancer au galop. Sans pitié !

Finalement nous étions parvenus à Oatan. Il s’agissait d’une ville au nombre d’habitant sensiblement plus élevé qu’à Sonumi. Les artères y étaient plus grande et visiblement cette cité était mieux construite que celle que je fréquentais chaque semaine. Avec un peu d’intuition ou d’imagination l’idée qu’Oatan soit construite après Sonumi ne peut que s’imposer à l’esprit. Nous avions trouvé notre chemin en le demandant aux passants. Patiemment ruelle après ruelle jusqu’à nous retrouver aux portes de la somptueuse demeure d’un des producteurs les plus importants de la contrée : Ayaki Kahei. Il nous attendait au pas de la porte probablement renseigné par quelques informateurs cachés.

« J’ai bien reçu votre pigeon, merci de m’avoir averti à temps que vous alliez arriver plus tard. Soyez les bienvenus, je suis Ayaki Kahei »

Je descendais de mon cheval tel le maître arrivé devant son sous-fifre. Une mauvaise habitude de ma part de croire que tous m’étaient naturellement inférieurs. Pourtant je savais bien en mon for intérieur qu’il me faudrait probablement user de diplomatie et de courtoisie pour parvenir à convaincre mon interlocuteur quant à mes desseins. Quoi qu’il en soit j’abordais cette rencontre avec quelques atouts sous la manche dont une purement bestiale en la personne de Kai.

_ Kahei… Je suis Ozaï, Seigneur de Chin’sei no In’ja et voici mes hommes : Otori, Sylla. Mes conseillers financiers : Gin Kasuya et Ayato Hano et pour finir Kai, un partenaire qui m’est précieux.

En réalité personne ne m’était précieux en dehors de Gekei Jaga. Elle au moins avait déjà démontré à plusieurs reprises sa fidélité envers moi. Pour ce qui est de Kai, le temps allait nous fixer. Notre hôte nous invita à entrer dans sa demeure. Ses serviteurs s’occupèrent de nos chevaux tandis que d’autres nous aidaient à monter nos bagages dans les chambres qui nous étaient accordées. Nous devions passer ici au moins 24h. Nous étions à l’aube et après un repos de quelques heures, il était prévu une visite de terrain après le déjeuner avant de discuter business autour d’un diner que j’imaginais copieux. Un programme alléchant qui ne serait peut-être pas du goût de Kai mais qui sait ? Peut-être trouverait-il le moyen de trouver un peu d’intérêt à ce qui se déroulerait sous ses yeux.

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