Ordre de Mission:

Aujourd’hui était un grand jour pour le jeune Mamoru qui n’avait quitté son nid familial que pour s’installer dans un autre arbre de la forêt. En effet, pour la première fois depuis qu’il avait rejoint l’armée impériale, le jeune Higeki allait enfin accomplir une mission dans un autre pays que le sien. Et pour cause, l’empire avait décidé d’envoyer le jeune homme à la chevelure émeraude sur les terres d’origines de la plupart des clans importants de l’empire : le pays de l’eau, anciennement terres du village du brouillard. Après, on pouvait se poser la question : pourquoi envoyer un soldat aussi éloigné du lieu de mission pour accomplir ce genre d’opération mineur ? Et bien cette question, notre protagoniste se la posait aussi. Sa logique primaire ne comprenait tout simplement pas l’intérêt. Mais bon, c’était des ordres de l’empire, et son idolâtrie de cette institution si prestigieuse pouvait l’éloigner de cet état d’incohérence.

Cependant, la nouvelle de son départ semblait avoir atterri dans les oreilles des hautes sphères de Taki no Kuni, puisque le seigneur du pays en personne lui envoya un courrier par la même occasion, afin d’accomplir une mission tant qu’il était sur place. Le dénommé Van semblait être intéressé par la topographie de Mizu no Kuni, décidant de profiter du fait que le jeune Higeki se rendait sur place afin de faire lui-même les relevés nécessaires sur des cartes qui lui seraient fournies pour réussir ces opérations. Cela allait prendre du temps, mais qu’à cela ne tienne, si c’était pour accomplir ses devoirs pour l’empire ou alors aider son clan, il bravera les déserts des 1001 nuits pour arriver à ses fins.

La mission, cependant, ne lui serait pas confiées à lui seul cependant. En effet, le jeune homme serait accompagné de deux autres membres de l’empire : un Heishi comme lui, venant du pays de la neige et étant du même clan que celui de l’empereur (même s’il semblait y avoir une histoire d’exil ou quelque chose du genre qu’il n’a pas cherché à pousser), et un Natif du pays de l’Eau qui serait leur supérieur hiérarchique. Enfin un peu de logique ! Normal que pour traiter d’un problème se trouvant à un pays particulier, il faille envoyer un Natif de ce pays ! Le Mamoru était enfin content d’avoir un peu de bon sens dans toute cette organisation. Les Navires n’étant pas partants du même port (Yuki no Kuni étant une île, et le pays le plus proche de l’archipel de l’eau du continent se trouvant à Yu no Kuni), il découvrirait qui étaient ses futurs coéquipiers directement sur place.

Plusieurs jours de voyages plus tard (sérieusement, le développement de la technologie du transport instantané serait des plus utile), et voilà que le jeune Heishi était arrivé à destination. C’était pour lui une véritable aventure, il n’était jamais allé aussi loin de chez lui. Et rien que de faire tant de traversée l’avait, comment dire… Bien extasié. Il affichait son sourire habituel (vous savez, celui qui ferait flipper les esprits les plus sensibles) alors qu’il regardait autour de lui, imprimant en mémoire tout ce qui allait arriver. Après quelques minutes de contemplation, il se dépêcha d’arriver au point de rendez-vous, il serait très certainement le dernier arrivé, mais il n’en avait que faire. Plusieurs minutes de vagabondage, et le voilà arrivé à un bâtiment ressemblant à un lieu de rassemblement pour l’empire. Resserrant son sac dans son dos, remettant en place sa casquette et mettant bien en évidence le bandeau du Shûkai à sa ceinture, il entra à l’intérieur et chercha du regard les deux individus correspondant aux photos qu’il a pu voir. S’extasiant une nouvelle fois, il souria à nouveau en s’avançant vers eux.

« - Aaaaaaaaaaye. Je suppose que vous êtes Fuka-Taichou et Ketsuen-san ? Je suis Higeki, enchanté ! »

Un moment de pause, comme à son habitude, toujours avec un enthousiasme presque enfantin, on aurait du mal à croire que derrière cette tête « joviale » se cache un esprit des plus calculateurs. Mais bon, ils le comprendront bien assez tôt… D’ici maintenant en fait.

« - Maintenant que les présentations sont faites, quand est-ce que nous partons ? Les indésirables ne nous attendrons pas je suppose ! »

Le voyage n’avait pas mis été très long. Ou en tout cas le Taisa ne l’avait pas ressenti comme tel. Retourner sur sa terre natale lui procurait à la fois du plaisir, mais aussi une très grande crainte. La promesse de retrouver les terres de son village d’où il avait fui. Cette proximité avec son paternel l’ayant renié. Autant d’éléments qui le taraudèrent sur le bateau et qui l’empêchèrent ainsi de profiter du paysage ou de ressentir les effets négatifs de cette longue traversée. L’embarcation n’allait pas tarder à accoster lorsqu’il reprit ses moyens.

Sa démarche était posée, comme s’il s’attendait à un piège derrière chaque buisson. Il se montrait plus attentif qu’ailleurs. Cela faisait déjà quelques temps pourtant. Mais il n’était pas rassuré pour autant. Ce décor si familier le renvoyait à l’insécurité qu’il avait pu ressentir pendant ses premiers mois de fuite. Il ne s’était pas tracassé plus que ça suite à son intégration des forces impériales. Sa quête de puissance et de vérité lui avaient suffi à se concentrer sur autre chose. Même s’il était là aujourd’hui pour une bonne raison, les environs brumeux de l’archipel déposaient un voile de doutes dans leur sillage.

Un avant-poste shukajin avait été établi non loin de la ville nécessitant l’intervention des forces impériales. Une mission de rang B dans laquelle le bretteur devrait endosser la veste de chef d’équipe. Un rôle qu’il n’appréciait guères mais qu’il respecterait par principe. Sa droiture militaire lui imposait de ne pas flancher face à cette difficulté. Il allait avoir pour compagnons et subalternes deux jeunes hommes tous deux originaires de clans sous la protection de l’Empire. Un Samui et un Mamoru. En comptant Fuka qui était Sabreur, il y avait de quoi former un beau trio. Il faudra repasser niveau discrétion pour la première partie de cette mission, mais au moins la phase de destruction serait une partie de plaisir.

A peine arrivé sur les lieux qu’il repéra le premier de ses accompagnants. Il allait le saluer lorsqu’une tierce personne le coupa dans son élan. Il s’agissait donc de Higeki, le Mamoru. Son air presque enfantin lui rappelait son « senseï ». Hiko s’entendrait bien avec lui. C’était une toute autre affaire en ce qui concernait le Samui. L’air aigri, son cache-œil n’en faisait pas un personnage sympathique au premier abord, comme essayait de le faire le manipulateur d’esprits. Cela ne faisait pas quelques secondes qu’ils étaient sur place et déjà le dénommé Ketsuen se permettait une remarque envers son équipier. Même si c’était justifié, il fallait recadrer tout ce beau monde pour une coopération optimale.

Désignant une table libre un peu plus loin dans un coin de la pièce, ce fut dans le silence qu’il invita les deux Heishi à le suivre. Ils prirent tous place et enfin le Taisa daigna s’exprimer après s’être enfermé dans son mutisme depuis qu’il avait fait son entrée ici :

- Vous l’aurez donc compris je suis Taisa Fuka chargé de mener cette expédition. Pour commencer je tiens à vous mettre en garde. Nous sommes peut-être en territoire conquis mais quelques dernières poches de résistance nous font barrage malheureusement. Si nous souhaitons réussir notre mission, il faut donc rester discret.

Cette dernière phrase avait été ponctuée d’un geste de la main en direction du bandeau qu’arborait Higeki. Là-dessus, le manipulateur de glace avait raison. Un tel signe ostentatoire pouvait porter préjudice à leur mission. Déjà que le Sabreur souhaitait se montrer irréprochable dans ses états de service, il avait entendu parler du Gouverneur de l’archipel qui n’était autre que celui l’ayant aidé, en compagnie de Van, à maîtriser une partie des pouvoirs de Samehada. Cette dernière ne s’était montré que peu bavarde. Ils étaient pourtant sur ses terres de prédilection.

- Ce qui ne veut pas dire pour autant que je suis obligée de l’ouvrir tout le temps, répliqua l’épée qui lisait en Fuka comme dans un livre.

- Ce qui veut surtout dire que nous allons devoir redoubler de vigilance tous les deux. Les chasseurs de prime du temple sont sûrement dans le coin et s’ils entendent parler d’une épée étrange maniée par un jeune homme correspondant au signalement qui leur a été fait, ce ne sont pas ces deux Heishi qui nous sauverons.

Le dialogue mental n’avait duré qu’une demi-seconde à peine. De l’extérieur, c’était comme si le Taisa enchaînait sur ses précédents dires :

- Je pense qu’il est inutile de vous rappeler ce que nous sommes censé faire ici, par conséquent j’en viendrais à la démarche à adopter. Kaiyou est une ville qui a son importance. Autrefois très développée, elle est assez vaste, ce qui n’arrange pas le périmètre des recherches. Néanmoins on ne peut pas se permettre de ratisser le moindre mètre carré à tâtons. Il faut procéder intelligemment. Aussi je souhaite que nous divisions la tâche.

Il venait de sortir une carte de l’archipel sur laquelle il superposa un nouveau rouleau qu’il déplia. Les archives du Shûkai lui avaient confié ce plan de la ville qui lui serait utile. Il désigna donc les éléments importants du doigt :

- On peut voir qu’il y a trois parties que nous pouvons nous départager de manière équitable. L’un de nous prendra la partie supérieure de la ville tandis qu’un autre se charge de la part inférieure. Le dernier devra traîner du côté des docks sur la côté pour glaner des informations. Les marins sont toujours les plus bavards. Au niveau de la démarche donc nous allons évoluer séparément dans un premier temps. Aucune action en solo stupide. Vous observez, vous écoutez, vous enregistrez et vous retranscrirez une fois de retour ici, ok ? Traînez dans les coins mal famés. On cherche des trafiquants alors tout ce qui est grande place de marché et compagnie, on oublie. Focalisez-vous sur les tavernes un peu décrépies, les ruelles sombres et tout ça. Toujours sans prendre de risque. Présentez-vous sans armement excessif et tout devrait bien se passer.

Il portait son discours calmement en fixant alternativement ses deux interlocuteurs. Il allait des yeux de l’un à celui de l’autre pour bien capter leur attention. La tâche qu’il leur confiait était périlleuse car une fois sur le terrain, ils devraient se débrouiller par leurs propres moyens. Aucune cavalerie pour venir à leur secours. Il faudrait trouver l’équilibre parfait entre approche discrète et information de grande ampleur. Leurs premiers pas allaient être déterminants et Fuka tenait à ce qu’ils le réalisent :

- Autant vous dire qu’une fois sur place, vous êtes seuls. On ne peut se permettre d’attirer tout de suite l’attention en groupe ou d’intervenir à plusieurs pour aller secourir l’un ou l’autre. Une fois là-bas c’est vous contre eux. Vous échouez, vous perdez plus que votre prime de mission. Alors faites vraiment attention.

Ils avaient assez débriefés au goût du Taisa qui se releva avant d’enfiler un large manteau à capuche recouvrant Peau-de-Requin qui reposait dans son dos. Il appliquait ses propres conseils pour donner l’exemple. De sa hauteur, il leur dispensa un dernier ordre :

- Vous avez jusqu’à ce soir pour récupérer le plus de renseignements possibles. Lorsque vous estimez que c’est chose faite, je veux qu’on se retrouve ici pour un récapitulatif. Pour ma part je pense m’occuper du port. Il s’agit d’une partie plus importante de la ville et les badauds y sont plus…bourrus que dans la ville.

Spoiler:

« - Heeeeey ? Mais comment le monde saurait la puissance de l’empire dans ce cas ? Rien de tel pour montrer la force irréprochable du Shûkai qu’en montrant que nous sommes capables d’éradiquer les moindres minables qui montrent une résistance ! »

Curieux était le jeune Heishi. Pour lui, bien que la mission se dût d’être effectuée de manière discrète, il fallait surtout que l’on retienne que c’est grâce à l’empire que la moindre menace se trouvant sur les terres de l’eau ait disparu. Pour lui, il n’y avait aucune raison de prendre tant de prudence, vu que le résultat serait le même. Il trouverait le groupe d’individus et les mettrait hors d’état de nuire face à l’empire pour les craindre, fin de l’histoire. Mais bon, cela ne semblait pas convenir au reste de l’unité. Se pliant donc au choix de la majorité, le Mamoru fit un pseudo-salut militaire pour confirmer qu’il allait suivre les ordres, et précéda en changeant la bouche de sa ceinture pour une plus classique qui se trouvait dans son sac. Oui, il avait prévu cette éventualité, tout le monde ne partageait pas sa fierté à faire partie de l’empire après tout.

Une fois l’incident résolu, il était temps de passer à un briefing des opérations. Redressant sa casquette pour libérer sa vue, le Mamoru se posta à la gauche de son chef afin d’écouter et lire le plan des opérations. De par la grande superficie de la ville, afin de pouvoir accomplir leur travail d’investigation, ils allaient devoir se séparer. En effet, ce n’était pas la meilleure des situations, et cela, même Higeki pouvait l’assimiler. Le taux de réussite d’une mission était en générale étroitement lié à la taille de l’équipe. Si jamais on venait à dispatcher ses membres, on augmentait les risques. Mais bon, cela nous permettrait d’inspecter les lieux plus rapidement. Le Capitaine indiqua ainsi qu’il leur faudrait plutôt favoriser les lieux isolés, à l’abri des regards, plutôt que les grandes places, avant de rappeler une nouvelle fois les risques auxquels les deux Heishi étaient exposés. Il termina ainsi en disant qu’il se réservait le port, disant qu’il y avait sans doute plus de personnes prêtes à communiquer. Ne voulant pas laisser sa chance au Samui, Higeki posa une main sur sa hanche et se pointa avec le pouce de l’autre main.

« - Dans ce cas, je prendrais la partie supérieure de la ville ! De manière générale, c’est ces des endroits moins fréquentés, car plus chers socialement. Qui dit moins de monde dit moins de dangers de tomber sur les autorités, donc plus simple pour organiser des rendez-vous illégaux. »

Une fois sa direction donnée, et d’autres paroles rajoutées par les autres membres du groupe, les trois se séparèrent pour aller chacun dans leur direction. À la démarche d’un simple enfant allant à l’école, le plat des mains orienté vers le sol en trottinant, il prit sa propre carte afin de se rendre à l’endroit qui lui été indiqué. La marche fut assez longue, mais en aucun cas ennuyeuse. Comme dit plus tôt, c’était la première fois qu’il avait l’occasion de partir en dehors de Taki no Kuni, il profitait donc de l’occasion pour étudier son entourage, et voir quelles étaient les différences tant au niveau de l’apparence que culturel entre sa culture connue de toujours et celle qu’il a appris à connaître de l’empire. Il fallait dire que ce n’était pas tous les jours que l’on pouvait étudier une population vivant sur une île, le système économique devait bien être différent de celui d’un pays en milieu de terres.

Enfin, nous allons passer ce passage ennuyeux pour vous pour aller à la partie intéressante. Higeki était enfin arrivé au niveau de la partie supérieure de la ville, il était temps de passer à l’enquête. Se baladant un peu partout, il essayait de chercher les endroits placés à l’ombre. Les bars, pour le moment, il allait éviter. Sa carrure et sa gueule d’enfant n’allaient pas faire sérieux, plus tâche qu’autre chose, et donc, serait suspect. Il faisait la moue face à ce genre de pensée, mais le raisonnement restait logique hélas. Explorant ainsi les « arrière-boutiques », les sorties de bar, il éliminait un à un les potentielles rencontres possibles. Il commençait peu à peu à perdre patience, à force de ne tomber que sur des échecs, et ça se voyait. Le caractère lunatique du jeune homme s’exprimait par un grincement de dents plus que visible, il était à deux doigts de hurler et passer sa colère contre dieu sait qui. Quand alors.

« - Quand se passera la prochaine transaction ? »

Cette phrase ne tomba pas dans l’oreille d’un sourd. Alors que le jeune homme à la longue chevelure émeraude arrivait au bout de sa patience, le son de cette voix rauque l’interpella, l’obligeant à se rapprocher de l’angle de la rue, pour se coller contre le mur et écouter la suite de la conversation. Apparemment, il pouvait distinguer trois voix différentes, dont deux semblants être ensembles. Les trois personnes discutèrent quelques minutes, mais les infos qu’il avait glané venait de lui faire gagner pas mal d’heure. En effet, le groupuscule était en train de parler d’un trafic d’armes, puisqu’ils énonçaient des épées, des bombes artisanales et autres mousquets. Les détails quant au lieu et l’heure de rendez-vous restaient inconnus, hélas, car ils ponctuaient ce genre d’information par un « comme d’habitude ». Après ce court échange, les trois personnes se séparèrent, les deux qu’il pensa être un duo de base partant du même côté. Observant si jamais le dernier larron ne décidait de les rejoindre, le Mamoru décida qu’il était favorable pour lui de continuer la traque en suivant les deux hommes.

Profitant de sa figure frêle par rapport à d’autres shinobis, Higeki n’eut aucun mal à se fondre dans la masse populaire pour suivre les deux inconnus, qui avaient choisi de se rendre dans une taverne du coin. Bien qu’il était retissant à l’idée de s’exposer, s’il voulait continuer à avoir plus d’informations, il allait avoir besoin de rester prêt d’eux. Remettant sa casquette en place, de sorte à ne pas montrer grand-chose de son visage, Higeki rentra, mains dans le dos, à l’intérieur du bâtiment. Scannant la pièce, il put non seulement trouver le duo d’hommes qu’il filait, mais aussi une table prêt d’eux à l’abri des regards. Se précipitant vers cette dernière, quel problème fut-il alors qu’il se rendit compte que la table était déjà occupée. Décidant de paraître naturel et sympathique, il décida de refaire un grand sourire pour saluer la dame. Vous savez, celui qu’il a utilisé pour dire bonjour à Ketsuen et Fuka. Inutile de vous dire que la personne a préféré s’en aller plutôt que de rester en sa compagnie. Il fit une certaine moue pour le refus froid, il voulait être gentil après tout, mais s’installa ainsi pour écouter la conversation.

Commandant un thé (aussi étrange que cela puisse paraître, oui, ils servaient autre chose que de la bière dans l’établissement), il écoutait avec patience et attention l’échange entre les deux hommes. Ils semblaient appartenir à un groupe du nom de « Shin’em », une sorte de force résistante réfutant l’appartenance du pays de l’eau au sein de l’empire. Higeki comprenait à leur manière de parler que le groupe n’était pas mineur, puisqu’ils énonçaient à eux deux plus d’une dizaine de noms différents. Après, quitte à savoir si tous faisaient partie du groupe, difficile à dire, mais vu comment ils en parlaient, les probabilités que ce soit le cas sont fortes. Un nom attira cependant son attention, un certain « Miyabi ». Ils en parlaient comme s’ils avaient à la fois peur de lui, mais en même temps, le respectaient. Selon les bouquins en relation sociale qu’il a lue, cela voulait dire qu’ils le considéraient comme un supérieur. Et plus, la conversation n’était finie. Ils étaient en train de partir pour Higeki ne savait où.

Deux choix s’exposaient à lui, soit il continuait de les suivre, et prenait le risque de se faire repérer, soit il abandonnait la filature. Cependant, à cause de l’heure et de la teinte que laissait montrer le soleil, il allait devoir laisser tomber la chose pour retrouver ses coéquipiers. Payant ainsi ses nombreuses boissons (c’est qu’ils ont parlé ces rebelles), il s’en alla afin de repartir en trottinant sur le lieu de rendez-vous. La route fut plus courte, Higeki connaissant le chemin, mais il restait néanmoins le dernier arrivé. Repérant les deux sabreurs au loin, il fit un grand signe de la main pour les saluer, mais se rétracta rapidement, se rappelant des consignes. Souriant donc avec des grands yeux, il se contenta juste d’attendre patiemment l’autorisation de parler pour pouvoir faire son rapport.

« - Ok ! Bon, pour ma part, je n’ai pas réussi à rassembler grand-chose, j’en ai bien peur. J’ai juste après quelques informations concernant le groupe auquel nous serons opposés. Ils semblent se faire appeler « Shin’em », et seraient, selon toutes vraisemblances, dirigés par un dénommé Miyabi. Ils semblent avoir pour habitude de faire plusieurs réunions entre eux, et surtout, avec quelqu’un qui serait capable de les fournir en armement et explosifs. Ils prévoient de faire une transaction bientôt, mais pour l’heure et le lieu, je n’ai rien trouvé. »

Croisant les bras l’air de réfléchir, et surtout désappointé, Higeki commença à faire la moue en regardant ailleurs.

« - Si j’avais eu l’occasion, j’aurais demandé à mes amis de leur faire une sacrée frousse pour les faire avouer. Mais bon, à deux contre un, et toujours exposés… »

Il savait bien que les fantômes locaux et les esprits qui les accompagnaient seraient heureux de l’aider à partager un moment de terreur, ce qui était plus que dommage pour lui. Mais bon, oubliant rapidement ce problème, il se tourna vers ses deux collègues, toujours un sourire extatique aux lèvres, en l’attente de leurs rapports respectifs.

« - Quant à vous ? Vous avez trouvé quelque chose qui nous permettrait de nous débarrasser de la vermine ? »

- Même quand tu es censé être responsable d’une équipe, tu joues au baby-sitter… s’indigna Samehada.

L’arme faisait naturellement référence au « senseï » de Fuka représenté en la personne de Sairyo Hiko. Il est vrai que le duo formait un étrange spectacle où le Taisa était confondu comme étant l’Onshi de l’équipe. Pourtant il suffisait d’un senseur pour découvrir le poteau rose. Peau-de-Requin avait du mal à contenir son impatience. Malgré le fait que peu d’années séparaient les membres du trio de cette mission, elle confondait grade et âge.

Mais ses grommellements mentaux n’arrachèrent pas Fuka à sa tâche. Il arpentait les caisses des docks à la recherche de conversations en discret ou de quelques marins un peu trop chauds de leur périple en mer qui gafferaient sur un élément intéressant. Tant et si bien que le Shukajin se posta sur un banc en bordure de quai pour observer tout le beau monde qui s’agitait. Il notait les allers-venues des marchandises et des navigateurs de ses yeux gris sans en perdre une trace. Ce qui ne l’empêcha pas de remarquer l’ombre mouvante qui se faufilait à sa droite. Il pivota la tête pour faire face à un gars encapuchonné. Il distingua ses traits anguleux comme il se trouvait légèrement en contrebas. Même le crâne couvert, il n’était pas difficile de savoir où son regard traînait. Fuka pouvait presque sentir la gourmandise transpirant de ses yeux à la vue de Samehada. Même bandée, les proportions de l’arme la faisaient difficilement passée inaperçue. Ce qui avait suffi à attirer le poisson au Taisa.

Une voix suave et profonde s’échappa des tréfonds de la pièce de toile pour venir aborder directement le Taichou sans cérémonie :

- Tu as une bien jolie amie ici. Si tu souhaites t’en séparer, je connais quelques gars qui en donneraient un bon prix.

Une chose était certaine, ces fameux gars pouvaient y mettre un prix exorbitant pour concurrencer la puissance de Peau-de-Requin. Le revendeur ne pensait pas si bien dire. Il n’avait juste pas idée de ce à quoi il s’exposait. Mais c’était grâce à cette astuce que le Taisa avait espéré approcher un membre de ce cartel. Chose faite. Ne manquait plus qu’à négocier :

- J’y songeais oui. On m’avait indiqué que quelqu’un pourrait m’aider ici et qu’il serait prêt à y mettre les moyens.

- Tu as été bien renseigné.

- Faudrait-il encore que je sache qui aller rencontrer, souligna subtilement Fuka.

- Il saura se manifester crois-moi. Sur ce même quai. Un peu plus tard…

L’information ne pouvait se montrer plus explicite. Le Shukajin se leva en empoignant sa fidèle compagne avant d’éluder la conversation d’un simple :

- Je repasserais alors…

Il avait eu ce qu’il souhaitait. Il avait trouvé bien plus dans cette courte entrevue que dans son après-midi à arpenter les dépôts et les caisses rongées par l’écume de mer. Il prit donc la direction du lieu de regroupement où il retrouva le Mamoru. Le Samui n’était pas là. Un des collègues du Shûkai leur déposa alors une note qu’il avait retrouvée à leur table suite à leur départ. S’ensuivait donc une chasse aux trésors pour retrouver le troisième larron. C’était peut-être un geste inconsidéré que d’agir ainsi. Fuka espérait seulement qu’il ne s’était pas fourré dans de sales affaires. Ils n’avaient pas encore assez d’éléments pour se permettre d’agir. Par conséquent, il ne faudrait pas qu’ils se fassent remarquer avant ça.

Prenant en compte les données d’Higeki, Fuka en profita pour répondre à ses interrogations alors qu’il prenait la route pour la taverne indiquée dans la note du manipulateur de glace :

- J’ai été approché par un gars qui me semble lié à notre affaire. Il souhaitait racheter mon arme, dit-il en pointant Samehada. Ce qui me pousse à croire qu’il saurait nous mettre en relation avec ce réseau. Ou en tout cas à nous renseigner bien plus en amont sur ce trafic. Tâchons déjà de voir si nous retrouvons ton compagnon. Bon travail en tout cas.

Une sorte de mémo avait circulé parmi l’administration Shukajine il y a quelques mois alors que Fuka était un jeune Taichou fraîchement promu. Parmi les différentes règles et procédures présentées, on leur avait demandé de gratifier le travail des troupes pour renforcer la cohésion de l’armée ainsi que leur fidélité à l’Empire. Encore des considérations politiques qui échappaient au Taisa mais qu’il contentait d’appliquer en bon soldat qu’il était.

Très vite le duo parvint à retrouver la première taverne. Il y en avait en effet une deuxième qui les attendait puisqu’une note collée sous une table indiqua le nom d’un autre établissement. Ils retrouvèrent alors dans ce dernier une note concluant leur jeu de piste. Le jeune Samui semblait se trouver à leur point de chute final. Le navire les attendant sur les docks devrait être le lieu de dénouement. Si tout se passait bien. Les Shukajins ne perdirent pas plus de temps et ils enchainèrent la route pour rejoindre la côte portuaire. Sur le chemin, Fuka se saisit d’une veste à capuche trainant sur la chaise d’une terrasse qu’il tendit au Mamoru :

- Enfile ça. Sans vouloir t’offenser, tu n’as pas tout à fait l’allure et le look des gars qui se promènent habituellement là-bas. Si on veut te faire passer pour mon garde du corps, mieux vaut que ton visage soit à découvert. Et cette fois si ça se gâte, tu as libre cours d’agir. Ketsuen sera également sur place alors tâche de le repérer visuellement pour qu’il n’y ait pas de dommages collatéraux.

Il eut tout juste le temps de terminer de donner ses instructions qu’ils arrivaient au niveau des docks. La nuit avait recouvert l’endroit d’un voile qui faisait passer chaque ombre pour suspecte. Les sens aux aguets, Fuka ne pouvait se permettre d’être pris par surprise. Deux jeunes recrues dépendaient de lui et l’une manquait à l’appel. En plus de devoir réussir la mission, il devait s’assurer que tout le monde rentrerait à bon port. Un soupir traversa ses lèvres. C’était pour ça qu’il avait toujours préféré agir en solo.

Du mouvement en bord de quai leur indiqua leur destination. Quelques hommes qui s’affairaient à quelques obscures besognes. Le Taichou prépara chaque muscle à une attaque imminente. Lorsqu’ils arrivèrent dans le champ de vision des forbans, il leva les mains en guise de bonne grâce :

- Avec qui doit-on traiter ici pour un achat exceptionnel ?

Les regards convergèrent vers lui. Fuka ne se laissa pas intimider pour autant, préférant zieuter la foule à la recherche du Samui. Commençant à être encerclé, le Taisa était prêt à en découdre en cas de besoin.

Le jeune Mamoru fut surpris de voir qu’il n’y avait que lui qui avait répondu à l’appel du rendez-vous donné par son capitaine. En effet, bien qu’il regardât tout autour pendant quelques minutes, il ne voyait pas la présence du Samui qui devait les retrouver. Étrange, s’était-il fait capturer ? Était-il en danger de mort ? Ce n’était pas que ça inquiétait réellement le jeune homme, il n’est après tout enclin à aucune forme d’affection ou d’empathie envers les autres personnes de son clan. Ce qui l’inquiétait réellement était surtout les problèmes que pourraient engendrer une telle capture. Si le Samui à la langue bien pendue (selon Higeki) se mettait à parler sur leur initiative, il aurait compromis au plan bien plus que n’aurait pu le faire. Cependant, bien vite, il se rappela de ce qu’avait indiqué le jeune Samui, qu’il prendrait sans doute l’initiative de faire de l’exploration en solo (alors qu’on leur a bien signalé de ne pas faire d’initiative trop risquée) et qu’il faudrait le retrouver dans un coin. Comprenant qu’il ne restait plus grand-chose à faire sur ce sujet, Higeki se résigna à suivre seulement les ordres de son supérieur et de voir la suite des évènements.

Son supérieur lui permit ainsi de compléter ses propres informations récoltées sur le fameux groupe de rebelles qui aimerait se fournir en armes. Alors que les deux se dirigeaient donc à l’endroit auquel ils étaient censés retrouver le Samui, Fuka annonça ainsi qu’il n’avait pas trouvé les acheteurs d’armes, mais directement les vendeurs. C’était sans doute mieux que cela soit ainsi, pensa le jeune homme, car dans ce cas, ils pourraient sans doute réussir à stopper les deux groupes d’un coup, plutôt que de faire cracher le morceau aux rebelles sur la source de leur armement. Suite au remerciement du soldat, le Soldat ne put s’empêcher de faire un pseudo salut militaire tout en continuant de marcher pour indiquer qu’il ne faisait que son devoir. Cependant, il ne pouvait s’empêcher de trouver le jeu de piste que leur imposait Ketsuen plus qu’irritant, le gars se permettait déjà de se croire tout permis, comme s’il était capable de s’en sortir tout seul. C’était de l’insubordination pure et simple, et ce genre de cas, Higeki se ferait un plaisir de les corriger.

Un peu de temps plus tard, le duo arriva enfin à la conclusion qu’ils allaient retrouver le dernier de leur trio à leur lieu de rendez-vous final. Cela valait bien la peine de perdre du temps dessus. Se retenant de piquer une de ses fameuses crises de nerfs, vu qu’il était en territoire ennemi, Higeki se tourna vers Fuka qui lui demanda d’enfiler un déguisement, sous prétexte qu’il n’avait pas vraiment l’allure d’une personne à trainer dans ce genre d’affaire.

« - Ne vous inquiétez pas, il n’y a aucune raison pour laquelle je serais offensé d’être considéré différent que ces chiens qui se croient meilleurs que notre bien aimé empire ! »

Après avoir donné son explication, qui même si paraissait innocente aux yeux du Mamoru était emplie d’égo et accompagné d’un air malsain, le jeune homme retira sa casquette afin de l’accrocher à sa ceinture, et d’enfiler le long manteau qui recouvrait son corps, avant de cacher son visage avec la capuche. Une fois son déguisement mis en place, le duo reprit sa marche en direction du lieu de rendez-vous. Une fois sur place, Higeki fit la même chose qu’il supposait était en train de faire son supérieur, à savoir, trouver où était caché Ketsuen. Ce n’était pas forcément bon signe de le trouver rapidement, car si tel était le cas, les habitués de la pièce l’auraient que trop facilement repéré. C’est alors que le supérieur leur attira toute l’attention de la pièce, en faisant un simple appel pour une transaction. Tous se tournèrent ainsi vers le duo, en attente d’avoir des réponses supplémentaires. L’un d’eux s’approcha ainsi d’eux pour leur demander la raison de leur venue ici. Sachant qu’en tant que Garde du corps, il devait essayer de rester silencieux et ne pas parler pour eux deux, il laissa ainsi Fuka faire la discussion… Jusqu’à ce que l’homme se tournât vers lui.

« - T’es pas un peu un gringalet pour être garde du corps ? »

Remarque pertinente, à laquelle Higeki n’y avait même pas pensé. En effet, déjà qu’il était difficile pour convaincre des gens qu’Higeki était soldat impérial, alors garde du corps pour un domaine dans l’illégalité, ce n’était pas forcément plus crédible. Cependant, le jeune Mamoru ne perdit pas sa contenance, et répliqua avec son usuel sourire glauque habituel.

« - Ooooh, mais c’est bien le but de donner cette impression. Voyant que l’homme attendait plus d’élaboration, il continua. Si les gens me considèrent vraiment inoffensif, ils n’hésiteront pas à attaquer mon employeur, et ce moment venu… Ils seront à ma merci pour que je puisse les envoyer en outre-tombe, héhéhéhéhé… »

Déjà qu’usuellement, Higeki était une personne qui avait du mal à se faire passer pour agréable et conviviale, une fois qu’il décidait d’affirmer sa nature de quelqu’un d’effrayant, la plupart du temps, ça permettait aisément d’effrayer son entourage usuellement. Mais bien que le rire et l’explication paraissaient des plus glauque, cela ne semblait point affecter plus que ça leur interlocuteur, mais heureusement, il décida de les laisser passer, non sans garder un regard sur le jeune Mamoru durant tout son trajet pour revenir à sa place. Comprenant qu’ils étaient enfin autorisés à rejoindre la vente, le duo s’avança afin de prendre place. Cependant, profitant du fait que le long manteau d’Higeki cachait l’entièreté de son corps, le jeune Heishi en profita pour faire rapidement une poignée de müdras et invoqua un esprit qui était censé transmettre un message à Fuka, de sorte à ce qu’il ne soit perçu que par lui. Ce dernier entendrait alors une voix rauque et résonnante lui dire.

« - Maître Higeki m’envoie vous faire parvenir ce messaaaaaage. Il dit que l’homme qui vous a parlé se méfiait de l’homme de tout à l’heeeeure. Il dit également ne pas avoir repéré Ketsueeeeen… »

Une fois le message transmis, il disparut, même si aux yeux de tous, il n’a jamais été là. Higeki se contenta alors de rester dans son coin à écouter l’homme qui se trouvait en face d’eux, pour enregistrer la moindre information utile qui permettrait de donner la sentence la plus lourde possible à ces rebelles.

HRP:

Ce qui se passait à l'intérieur du navire semblait important, pour que l'on demande à ce qu'un garde reste aux aguets en avant de celui-ci. Cela faisait déjà près d'une heure que je m'étais positionné sur le pont qui reliait l'embarcation aux docks du port et que je tentais de tendre l'oreille pour discerner quelques bribes de conversations émanant de l'intérieur de la cale, mais sans succès. Une fois, j'avais tenté de me rapprocher de la fin du pont, mais un des gars qui travaillait sur le bateau eut le temps de d'intercepter et me faire savoir qu'il valait mieux pas que je quitte mon poste et que l'on s'en rende compte. Décidément, ces crapules semblaient bien agressive dans leurs démarches, ainsi je préférai rester sur le pont et attendre de voir l'évolution des événements avant de me plonger encore plus dans les risques que je prenais déjà.

Après un moment, un homme de grande taille et au crâne rasé sortit de la cale, accompagné de deux colosses qui le suivait de près. De grosses bagues ornaient chacun de ses doigts, signe de sa richesse personnelles, tout comme la canne qu'il s'amusait à brandir et pointer pour désigner les gens à qui il donnait des ordre. Au bout de sa canne, une main était sculptée dans le fer de celle-ci et au creux de sa paume, une pierre rouge qui me semblait être un rubis d'une bonne taille. Il n'y avait plus aucun doute...cet homme devait être le boss de la place. Était-il un Shinobi? Je ne pouvais le dire, mais ses hommes l'étaient assurément. Les deux portaient à leurs hanches de petits parchemins et sur ceux-ci, un sceau avait été gravé. Il n'y avait donc nul doute qu'ils savaient les utiliser, mais je ne pouvais en déterminer les effets.

Passant près de moi, ils me regardèrent un instant, jaugeant ma personne en vitesse. Leurs yeux rencontrèrent d'abord mon oeil, puis mon patch pour ensuite regarder mon allure générale et enfin remonter vers la paume de mon sabre. Sans même me demander quoique ce soit ou m'avertir de son intention, le plus grand des deux costaux me poussa l'épaule avec la sienne, comme pour me faire basculer, mais je résistai en cramponnant mon pied gauche au sol, derrière ma jambe droite, afin de m'assurer une bonne prise. Voyant que j'avais du répondant, il me fixa plus intensément dans les yeux en gonflant légèrement son torse. Sa posture se fit alors menaçante alors que son coéquipier, accompagné du Caïd, me regardaient tous deux avec un sourire moqueur. Leurs sourires, bien qu'ils incitaient au mépris, me fit reprendre mes sens alors que je m'apprêtais à décocher un violent coup de poing au malfrat; ils me testaient simplement et cela les amusaient. Ainsi je n'ouvrai que ma main, desserrant le poing que j'avais préparé, et je repoussai le gars à mon tour en lui offrant un sourire narquois à mon tour. Ces hommes étaient des brutes, et il fallait leurs répondre par la brusquerie si l'on ne voulait pas finir par être des proies à leurs yeux. Mon geste me valu ensuite une réponse plus que satisfaisante.

"On m'avait pas mentit à ton sujet...t'as bien le profil de l'emploi. Alors écoute...on a une transaction mineur à aller faire et ce ne sera pas long. Tu nous suis...et on verra pour le reste. Si les choses tournent mal, tu le défend au péril de ta vie. Si on est content de ton travail...tu verra la couleur de l'or mon gars!"


Compris...

C'est donc sans attendre que nous prîmes direction vers les dock où, semblait-il, une petite transaction allait avoir lieu. Je commençai alors à sentir le stresse s'installer tranquillement. Mes alliés ne s'étaient pas encore présentés et j'espérais sincèrement qu'ils ne seraient pas bien loin lors de cette transaction et que s'ils y étaient, ils sauraient comprendre mon plan sans que j'aille à leur dire quoique ce soit. J'avais réussis à me positionné dans un cadre favorable pour la suite des événements...il ne fallait pas gâcher cet avantage.

Une fois arrivé à plus d'une centaine de mètre de l'embarcation luxueuse du boss, je pu enfin voir deux individus que je pouvais bien reconnaître, pour l'un d'eux du moins. Encerclés par un petit groupe de malfrats qui devaient être en fait les recruteurs et autres hommes de secondes mains du réseau, le Taisa était accompagné de ce qui me semblait être Higeki enveloppé dans un grand imperméable large. Je devinais donc leur plan; ils s'étaient fait passés par des vendeurs et venaient rencontrer le responsable de ce réseau...qui lui s'approchait avec moi et les deux autres gaillards. Une fois à quelques mètres de mes anciens compagnons, je les regardai de mon oeil bleu qui ne reflétait rien d'autre qu'une expression totalement neutre, les prenants pour de simples inconnus. La seule chose qui changea dans mon attitude, fut l'attention précise que je portai au moindre de leurs mouvement. Ce qui pouvait être pris pour de la méfiance à leur égard pour les criminels pouvait aussi être vu par mes frères Shukaijin comme un signe que je n'attendais plus que leur signal pour agir. La tension montait...

...qui allait attaquer en premier.

Hasard:

La vente débuta sous tension. Les gardes redoublaient d’attention et ne mettaient pas forcément à l’aise. Mais ce n’était pas de vulgaires bandits comme eux qui allaient impressionner le Taichou. Il se plia aux règles de sécurité et il prit rapidement place avec son accolyte. Le regard fuyant un peu partout autour de lui, il tâcha de repérer le Samui. Une voix sépulcrale vint alors lui susurrer à l’oreille quelques informations de dernière minute. Le Mamoru avait un talent utile.

Prenant bien note des renseignements, le Taisa ne s’était pas laissé impressionner par l’intervention fantomatique et il avait poursuivi son tour d’horizon. Imprimer chaque visage pourrait être utile une fois le rapport rendu pour les signaler aux autorités. Cette vente illégale devait permettre à bon nombre de groupes indépendants de s’armer massivement sans que la chose ne soit contrôlée par quelque convention que ce soit. Tout autant d’ennemis potentiels pour l’Empire à l’avenir. Si ça ne tenait qu’à lui, Fuka aurait déjà lancé les hostilités. Si les Heishis n’étaient pas sous sa responsabilité il n’aurait pas hésité. Pour le plus grand malheur de Samehada qui bouillait d’impatience.

- Ils me débectent avec leurs soit disantes armes. Montrons leur ce que c’est réellement, répliqua la concernée mentalement.

Même si le bretteur avait la capacité de répondre silencieusement en esprit, il n’en fit rien. Il était trop concentré sur la situation présente. Il faisait le compte des hommes de main de ce trafic, leur armement et les échappatoires en cas de roussi. L’homme se présentant comme contremaître de la « cérémonie » se mit à lancer la vente. La première partie consistait à vendre des lots conséquents destinés à des groupes importants. Chacun était muni d’une pancarte pour signaler la surenchère par rapport à ses concurrents. Selon les résultats, les vociférations l’emportaient sur les exultations silencieuses. Les Shukajins assistaient à ce ballet incessant avec circonspection. Ici, difficile de savoir dans quelles mains seraient laissés les outils de guerre. Pour des querelles futiles entre gangs ou contre l’Empire ? Alors que cette question aurait pu susciter un débat intéressant, l’évènement passa à sa deuxième phase.

- Passons maintenant aux lots uniques !

Alors que le maître de cérémonie avait annoncé la chose, Fuka fut encadré de part et d’autre de sa chaise. Le pas balourd des deux énergumènes lui avaient permis de les sentir arriver sans être surpris. Il pivota légèrement la tête de côté pour revoir le fameux encapuchonné de la journée. Malgré son couvre-chef, l’ombre d’un sourire se distinguait sous la capuche. Sa voix parvint aux oreilles du Shukajin qui avait déposé une main sur la garde de son arme tant convoitée :

- Je vois que vous avez apporté votre bien. Il est temps de le placer aux enchères…

- Si vous permettez, ce n’est pas le genre de biens qu’on vend ici à la sauvette. C’est une arme au-delà de tout ce que vous pourrez trouver ici. Aussi je souhaiterais d’abord m’entretenir avec le responsable direct de tout ceci.

La conversation avait été menée à voix basse alors que les enchères se poursuivaient sur quelques menus lots qui n’avaient rien à voir avec Samehada. Le ton catégorique du Taisa ne laissait pas d’autres choix au négociant. Vu sa légère hésitation, il n’était pas la tête pensante du réseau. Il fallait qu’il prenne la décision difficile de mettre en contact ce parfait inconnu avec son chef. Son regard se porta sur l’épée du Shukajin. Son supérieur comprendrait cette petite infraction…

***

La cabine du capitaine offrait un environnement chaleureux renforcé par la lumière orangé des lampes à huile accrochées un peu partout. Un léger manteau brumeux étouffait l’endroit et apportait son lot de vapeurs de tabac. Quelques hommes aux teints balafrés se tenaient sur quelques sièges rembourrés de coussins et observaient le convoi. Fuka, Higeki et leurs hôtes avançaient dans la large pièce pour arriver au niveau de la fenêtre donnant sur l’extérieur, à l’arrière du navire. Derrière un bureau, dans un large siège où trônaient deux magnifiques femmes sur les accoudoirs, un homme observa l’avancée silencieuse de cette compagnie pour le moins étrange. Un petit détachement de ses propres hommes se rapprocha de sa position alors que les deux demoiselles laissèrent les hommes à leurs affaires peu reluisantes. Ce petit groupe contenait un visage connu du Taisa, Ketsuen. C’était au moins ça de gagner.

Sans qu’aucun des nouveaux arrivants ne prenne la parole, celui qui avait tout du grand manitou de ce beau monde s’exprima d’une voix suave :

- Que me vaut le désagrément de cette visite tardive ?

- Monsieur, nous avons ici un client souhaitant directement traiter avec vous pour le prix de son arme.

Sans qu’il ne l’y invite, Fuka dégaina Peau-de-Requin pour la présenter à la lumière des lampes. L’œil acéré et expert de celui derrière le bureau capta vite l’imposante masse, inspectant de loin chaque couture. Une lueur s’alluma alors, différente de celle provoquée par les éclairages les entourant. Le regard se porta alors dans celui du Taichou qui ne pipait mot :

- Je vous écoute.

- Aussi impressionnante puisse-t-elle paraître, cette arme ne fait pas gagner de guerres. Et c’est ce que mon employeur s’apprête à mener. Nous avons besoin d’un stock important.

- Vous aviez ce qu’il vous faut dehors si je ne…

- Rien à voir avec ces lots de pacotille, répliqua sèchement Fuka. La quantité que nous exigeons est…pharamineuse.

La lueur devint brasier dans le regard du trafiquant qui s’imaginait déjà en train de conclure la transaction de sa vie. Il tenta néanmoins de feindre une certaine appréhension.

- Et qui me dit que ce ne sont pas là des salades que vous me racontez ?

- Je vous propose donc d’essayer de me déloger d’ici, juste pour voir si je suis véritablement un guerrier. Mon âme est toute entière dévouée à mon maître. Et il souhaite ardemment conclure une transaction avec vous. Si cela ne vous intéresse pas, il s’en ira quémander l’aide d’un autre. Et vous n’aurez que vos yeux et vos chères prostituées pour vous consoler.

La pique allait peut-être un peu loin mais c’était encore le meilleur moyen de s’affirmer dans cette cabine saturée de testostérone. Tous étaient debout, attendant l’ordre du maître des lieux qui réfléchissait à son tour. Un duel de regard s’était engagé entre le Taisa et lui. Une minute au moins s’écoula avant que l’homme ne se lève et décrive un mouvement de main vers l’entrée de la pièce :

- Sortons je vous prie.

Son sourire en disait long sur la suite. Une fois dehors, le groupe devenu plus important qu’à son entrée quitta le navire pour prendre la direction des entrepôts. Leur prochaine destination les menait à un dépôt d’armes plus important. Peut-être même le fameux quartier du trafic.

Le mensonge du jeune Higeki ne semblait pas avoir réussi à faire l’effet escompté. Alors qu’il s’attendait à ce que l’homme soit au moins impressionné, au mieux effrayé par son histoire glauque, il se rendit compte que les personnes qui étaient en charge de garder les lieux étaient de bien meilleure capacité que ce qu’il aurait cru. En même temps, c’était dans les habitudes d’Higeki de sous-estimer quiconque se voulait être opposé à l’empire, les prenant pour des imbéciles plus qu’autre chose. Alors qu’il était revenu à sa place, Higeki avait fait ainsi en sorte de rester bien tranquille, tant qu’il savait qu’il serait sous son regard. Naturellement, cela le rendait un peu plus inutile dans l’heure, mais au moins, il pouvait se concentrer sur autre chose que d’essayer de les neutraliser sans se faire repérer.

Ainsi, il observait tout simplement la situation, arrivant rapidement aux mêmes conclusions que celui qui était son supérieur, sans le savoir : ce n’était pas ce qui les intéressait. Certes, la vente était dans ce qu’il avait imaginé, mais cela manquait cruellement de qualité comparée à ce qu’il attendait. Ce ne fut que lorsque son chef, et lui par extension, furent invités dans une autre pièce qu’il comprit qu’ils allaient passer aux choses sérieuses. Une nouvelle discussion se fit à propos de l’objet d’intérêt du groupe ennemi, à savoir, l’arme de Fûka. Higeki en profita quant à lui pour essayer de trouver toutes informations qui pourraient leur être utiles dans cette pièce, mais point grand-chose lui venait à l’esprit. Il remarqua en même temps la présence de Ketsuen sur les lieux, voilà de quoi aider dans l’élaboration d’un plan.

Suite à une discussion, Fuka réussi enfin à la convaincre dans l’endroit qui les intéressait, le véritable dépôt des armes. Le groupe opposant été composé d’une petite dizaine d’hommes, tous armés fortement, en comptant également Ketsuen. Le mieux pour le plan serait de mener une attaque éclaire pour les éliminer, mais pour ça, la meilleure opportunité serait uniquement au moment où ils seraient dos au mur, et à l’écart. Sans quoi, ils pourraient s’enfuir et appeler du monde pour les renforts. Le mieux donc fut de ne rien faire, le temps du moins qu’ils arrivent dans un lieu clos. Cependant, un problème persistait : l’homme qui avait encore des doutes sur Higeki était venu avec eux. S’il voulait agir, il allait devoir être le premier à être éliminé.

La marche fut de courte durée, et ils arrivèrent ainsi enfin au lieu dans lequel étaient entreposées les fameuses armes. Alors qu’ils ouvrirent les portes, le jeune Mamoru put voir en effet qu’ils ne mentaient pas sur la quantité, il y avait effectivement de quoi alimenter une armée. Un nombre qui avait de quoi en effrayer plus d’un, s’il puit dire. Alors que tout le groupe se trouva à l’intérieur, le chef de la transaction reprit la parole. Il présenta ainsi l’entrepôt, le type d’arme qu’il pouvait fournir, ne se retenant pas de vanter les mérites de la plupart d’entre elles, avant d’enchaîner à la suivante. Il annonça également qu’il voulait établir ce réseau depuis la montée du Shûkai, dans le but de profiter de toute cette agitation pour alimenter le nerf de la guerre. Le voir se moquer de l’empereur avait de quoi faire bouillir le sang de fanatique qu’était Higeki. Mais il se retint, attendant plutôt la bonne occasion pour frapper.

Décidant de commencer à agir, le jeune homme fit un signe de tête à Fuka et commença à partir dans une autre direction que le groupe principal. Remarquant ses actions, l’homme qui semblait le surveiller de près le suivi, pour essayer de le ramener à l’ordre. C’était le but d’Higeki de jouer dessus. Il savait que la moindre action suspecte le ferait sortir de ses gongs, de ce fait, il allait utiliser ça à son avantage. Au moment où ils furent tous les deux isolés du groupe, hors d’atteinte de leurs oreilles, Higeki retira sa capuche pour regarder le garde droit dans les yeux, après l’exécution d’un Müdra. Avant que ce dernier n’ait le temps d’élever la voix, son illusion était en place. Un de ses esprits était donc en train de lui serrer la gorge, lui donnant l’impression qu’il était incapable de respirer. Bien évidemment, ce n’était point le cas, il avait juste l’impression que l’air n’arrivait plus à ses poumons, voilà tout. Ce ne fut que l’affaire de seconde avant que le corps ne s’effondre au sol, inconscient, ou mort ? Il l’ignorait et s’en fichait. L’heure était venue de revenir voir son groupe donc. Invoquant un autre jutsu, il contacta ainsi ses deux collègues de la même manière qu’il fit précédemment, pour leur transmettre le message suivant.

« - Maître Higeki s’est déééébarassé du géneeeeeur… Vous pouvez commencer à attaqueeeeeeeer, ils ne pourront plus fuuiiiiiiiiir… »

Sa capuche étant refilée, il revient vers le groupe, se postant en observateur afin de voir la suite des opérations. Hélas, il semblerait que l’adrénaline ayant commencé à monter en lui fit qu’il ne put s’empêcher de faire un rire faible et léger, perceptible de seulement Fuka sans doute. Son sourire était grand, ses yeux ronds, il n’attendait que ça pour éliminer les cibles devant elle, l’occasion et l’ordre. Restait à savoir si le capitaine allait lui donner satisfaction ou non…

HRP:

Une grande salle pleines de support pour les centaines d'armes qui y reposaient, n'attendant qu'une main habile ne les empoignent pour les faire jouter contre quelques gouttes de sangs et de sueur. Tel était probablement le but de ces contrebandiers et criminels qui s'étaient installés dans les terres de Mizu depuis des lunes déjà et qui avait vu leur influence s'agrandir au rythme des vilenies qu'ils effectuaient dans l'ombre. Cependant, l'ombre du Shukai était vaste et ne servait pas qu'aux bandits et assassins sans scrupules. Les forces de l'empire marchaient autant de jour que de nuit, autant dans l'ombre que dans la lumière, autant à la vue de tous que dans le dos de ceux qui s'en croyaient à l'abris et ce n'était qu'une question de temps avant que ce groupe ne finisse par tomber sous le joug du marteau impérial. Et tel était venu l'heure et l'endroit de ce jugement.

Sortant de l'ombres, trois comparses qui avaient été choisis par le gouverneure de l'archipel s'étaient présentés d'abord comme de simple malfrats qui y trouvaient, dans les actions de cette bande, une possibilité d'enrichissement. Cependant, l'heure était venu de laisser tomber les masques et d'enfin afficher les couleurs de notre appartenance militaire et idéologique à ceux qui s'étaient vu être dans la mire d'un puissant nécromancien doté d'un grand projet. Avant de faire renaître un village de ses ruines, il fallait en éliminer la vermine.

Lorsqu'une voix sans-vie vient me susurrer à l'oreille que le temps était venu de faire valoir mes talents, je ne perdis pas à seule seconde. Profitant de ma position de force et de l'effet de surprise que produirait mon action, je fis un léger signe de tête vers celui qui maniait une arme semblable à la mienne afin d'attirer son attention sur mes mouvements. Feignant de simplement surveiller les arrières des deux gardes du corps, qui eux s'occupaient des côtés et du devant du maître de la vente, je me retournai dans la direction de la porte d'entrée afin de m'assurer que le Mamoru s'était bien assuré de l'avoir refermée derrière lui. Aussitôt que la chose fut vérifiée, je l'entrouvrit et la refermai par la suite en me retournant vers les deux chiens qui s'étaient de nouveau retourner vers moi suite au bruit de la porte. Gardant tout mon sérieux, je me retournai vers eux et pris la parole brièvement.

Si on est pour conclure la vente ici et maintenant, j'ai demandé à l'autre de rester derrière la porte et de nous prévenir si quelque chose de louche se trame. Ça m'semble être un beau morceau pour vot' collection M'sieur...j'en sais quelque chose.

Dis-je en pointant du pouce ma large épée qui siégeait à même mon dos.

Enfin, les deux hommes reportèrent leurs regards sur le duo que formait Higeki et Taisa alors que leur maître sortaient quelques liasses de sa valise et aussitôt, mon sabre sortie de son support. Bien qu'enrouler dans des bandages blancs, l'attaque qui visait l'un des deux costauds n'avait rien de léthal, mais allait profiter à l'autre sabreur qui tenait déjà son arme dans les mains. Portant ma lame haute dans les airs, je lui fis faire un mouvement similaire à un frappé de golf avant d'en faire écraser le plat de son fer dans le dos d'un des colosses. Accentuant le coup d'une poussée de chakra, l'homme pu se sentir levé de terre et se faire projeter vers peau-de-requin. Nul doute que la surprise de l'action venait de nous donner l'avantage de l'initiative sur le combat, mais aussi de la confusion que devait ressentir le groupuscule en voyant "l'un des leurs" se rebeller de la sorte. Ainsi, le Mamoru pouvait aussi agir avant biens d'autres et utiliser ses tours de passes-passes alors que je décidai de pointer le bout de mon arme vers deux simples hommes de mains qui avaient commencer à accourir dans notre direction. Sourire aux lèvres, une seconde petite décharge de chakra passa au travers des pansements de mon arme, mais cette fois-ci trois grandes aiguilles de fer en sortirent de la pointe. Deux se logèrent dans chacune des épaules des petits bandits alors que le dernier frappa la cuisse du deuxième. Enfin, alors que le maître tentait de fuir en passant près du jeune à la chevelure verte (celui qui lui semblait le plus inoffensif) et que le chef de notre petite escouade devait s'occuper du musclé que je lui avais poussé, l'autre baraqué décida de me charger.

La rumba était commencé.

Résumé:

A peine entrés dans l’entrepôt d’armes que déjà ses hommes se distribuaient les tâches. Higeki s’était chargé d’un garde dans son coin pour libérer une fenêtre d’action aux Impériaux. Une opportunité que le Samui ne manqua pas de prendre. Avec beaucoup trop de hâte au goût du Taisa d’ailleurs. Il fallait d’abord s’assurer que les brigands étaient bien tous présents. Si l’un d’eux s’échappait en plus, cela risquait de fortement compliquer la tâche. Le bretteur n’avait pas songé à ça et il y avait des chances que ça leur soit nuisible pour la suite. Mais maintenant que le mal était fait…

Samehada vint cueillir sa malheureuse victime projetée par les soins de Ketsuen. Une gueule béante ornée de dents tranchantes attrapa le crâne du pauvre bougre qui hurlait maintenant à la mort. Sa faible quantité de chakra ne fut qu’un maigre butin pour Peau-de-Requin qui recrachait déjà la tête de sa victime qui n’était plus qu’une coquille vide. Déjà les autres sous-fifres s’activaient autour du trio pour tenter de se débarasser des gêneurs. Profitant de la cohue, le chef de ce beau monde en profita pour se carapater dans les méandres de l’entrepôt. Couvrant alors le bruit du fer se croisant, Fuka beugla après ses subalternes :

- Récupérez le chef, vivant de préférence. Il pourrait détenir des infos cruciales. Allez-y et ramenez le moi, je me charge de ces clowns.

Ne leur laissant pas le temps de répliquer, Fuka s’attira l’attention de derniers récalcitrants qui allaient prendre le duo d’Heishis en chasse. Un petit coup par ci et un coup d’estoc par-là suffirent à les ramener vers la bonne voie. Maintenant encerclé, le Sabreur contrôlait son rythme respiratoire pour ne pas être dépassé physiquement par les évènements. Un point de côté serait la dernière chose souhaitée et surtout une erreur fatale. Quelle mort misérable pour lui. Samehada aurait de quoi rire pour encore des années. Elle n’était pas importunée par la vie et la mort elle. Juste se préoccupant de celle des adversaires. L’esprit combattif des deux êtres ne faisait plus qu’un. L’arme et le militaire en pleine symbiose dans le plus primaire des arts. Mais c’était encore dans ce genre de moments qu’ils s’exprimaient le mieux.

Une première charge apporta son lot d’ennemis. Quelques rares audacieux qui s’imaginaient favorisés par le nombre. Ce ne fut pourtant pas ça qui les sauva d’un large coup circulaire qui les faucha tous un par un à la poitrine. La lame si particulière de Samehada provoquait des dégâts monstrueux au lieu d’une simple éraflure. La chair se déchiquetait immédiatement, exposant les chairs et les os bien en vue. Un des idiots encore proche du Taisa fut intercepté d’un grand coup de pied dans sa poitrine. Un éclat blanc laissait deviner sa cage thoracique. Un spectacle hideux et un son encore plus horrible à l’impact du pied dans la zone dégagée. Le craquement eut raison du pauvre homme qui s’effondra en arrière.

Les autres rampaient à l’extérieur du cercle pour tenter de s’enfuir. Ils n’avaient juste pas compris qu’aucun d’eux ne sortirait d’ici vivant. Renforçant sa poigne, il afficha alors un large sourire lorsque les derniers aventuriers se risquèrent à approcher à portée. Lorsque le Samui et le Mamoru refirent leur apparition, ils purent contempler le spectacle morbide de l’épée du Taisa. Plusieurs corps agonisants, déchiquetés par la lame Peau-de-Requin. Tous inertes, certains vidés de leur sang tandis que d’autres n’avaient plus une once de chakra en eux. Soufflant à pleins poumons, Fuka reprenait paisiblement son souffle. Une expiration plus prolongée s’éternisa avant qu’il ne reprenne la parole :

- Nous allons faire sécuriser cet endroit. Je suis sûr que l’Empereur sera ravi de bénéficier de ce stock d’armes à sa convenance.

Les ordres demandaient de détruire l’entrepôt. Cependant le Taisa s’était fait la remarque que c’était une prérogative peu judicieuse lorsqu’on connaissait la situation délicate de l’Empire jusque-là. Quitte à assumer les conséquences de ce choix, il serait prêt à faire face aux foudres de l’administration pour ne pas avoir respecté les ordres à la lettre. Mais c’était aussi ce que lui avait expliqué le Seigneur de Kusa. La loyauté était une qualité qui aveuglément pouvait devenir le pire des défauts. Une leçon qu’il avait su appliquer finalement.

Quelques minutes plus tard, les soldats impériaux en faction non loin de la ville avaient débarqués dans l’entrepôt pour confisquer l’intégralité des armes et « nettoyer » le bazar provoqué par le trio déjà attendu au Shozaichi pour effectuer leur rapport qui serait directement envoyé au Gouverneur de Mizu. De ces trois hommes, l’un d’entre eux aura attiré l’attention du dirigeant du Mizu qui avait d’autres projets en vue pour lui…

L’action d’Higeki fut comme une simple poussée qui avait entraîné une déferlante de conséquences. Après, il fallait se rassurer, ce n’était en rien des actions négatives non plus, bien au contraire. Les affrontements et combats s’étaient enchaînés rapidement. En effet, Higeki était surtout celui qui couvrait les arrières des deux combattants du coup, et bien qu’il ne soit pas un expert dans l’application de douleur physique, il serait prêt à utiliser ses pouvoirs d’illusionniste afin de faire comprendre à ses ennemis que ce n’était pas la meilleure des idées d’essayer de s’enfuir, et surtout, que cela était inutile…

Le massacre commencé de l’autre côté, il se contentait donc d’observer avec émerveillement les actions de ses collègues. Il n’était en rien intéressé par le combat rapproché, les capacités de son clan faisant que leurs descendants étaient plus façonnés pour être des membres de soutien dans une équipe, ou alors plutôt des observateurs. Mais voir les talents des autres dans la manipulation de leurs armes les rendaient fascinants. Ils utilisaient des armes aux propriétés fascinantes, ce n’était pas de simples lames, c’était les armes qu’utilisaient l’équipe d’élite des épéistes de feu Kiri. Autant dire que c’était bien différent que le katana d’opérette des simples samouraïs.

Les hommes ici neutralisés, il leur fut ordonné par leur supérieur de partir à la poursuite du chef, qui avait profité de l’agitation pour s’enfuir comme le lâche qu’il était. Naturellement, sans discuter, Higeki obéit en fondant dans la direction qui lui était indiquée. Il n’était sans doute pas aussi physique que son collègue du clan des glaces, mais il restait un Ninja capable de rattraper un pauvre fou qui aurait cru pouvoir passer entre les mailles de son filet. Très vite, ils retrouvèrent l’homme face à un mur. Sans plus attendre, mais sans consommer son chakra en excès, Higeki s’avança lentement, commençant une nouvelle fois une de ses comptines macabres.

« - Alors, vous essayez de vous enfuir, tel le rat que vous êtes ? Hi hi hi… Dommaaaaage, mais vous êtes pris au piège avec nous… avec eux… »


« - Vous ne pourrez point vous en sortir vivants, ils vont vous dévorer, vous, et votre peur… Kukuku, ils raffolent les lamentations des lâches qui osent s’en prendre à notre bel empire. Mais le plus drôle, c’est qu’une fois mort, vous ne pourrez pas vous reposer. Ils garderont votre âme avec eux à jamais, vous torturant éternellement, hi hi hi… Alors, laissez-vous faire, d’accord ? »

Ceci suffit semble-t-il pour le paralyser quelques instants, alors qu'il était en train d'échanger son regard avec les illusions d'Higeki, et même le jeune Heishi lui-même qui affichait son visage le plus satisfait qu'il pouvait montrer. Le délice qu'il ressentait en voyant la peur dans cet homme le mettait dans un état d'extase, encore une personne qui avait su apprécier ses paroles à leur juste valeur. Très vite donc, après que Ketsuen en ait fini avec lui, ils rejoignirent leur Taichou qui n'avait pas fait dans l'effet de zèle apparemment. Il s'était lui-même amusé de son côté à tuer tout ceux restant ici. Ils pouvaient le dire, la mission était semble-t-il un succès. Pensant qu'il n'y avait donc plus de raison de se cacher, Higeki s'empressa de changer la boucle de ceinture de rechange qu'il avait mise par son bandeau, il se sentait presque nu sans ce dernier, ce serait dommage de ne pas afficher la victoire de l'empire. Écoutant la suite des paroles de Fuka, il fut encore plus heureux de cette réussite.

« - Ouiiii ! Nous pourrons ainsi utiliser ces armes contre les rats qui pensaient nous battre, une punition plus que méritée pour ces pourritures de traître, Hihihi… »

Il ne restait plus grand chose à faire mis à part attendre que des renforts viennent les retrouver afin de les aider à évacuer les stocks d'armes qui leur permettraient de ravitailler l'empire en équipement utile. Cependant, pour Higeki, son parcours à Mizu no Kuni n'était pas sur le point de se finir. En effet, il devait accomplir une autre mission, non pas directement pour le bonheur de l'empire, mais pour aider le gouverneur du pays de Taki. Il lui avait demandé de profiter de son séjour au pays de l'eau afin de faire une topographie de l'île, chose qu'Higeki allait s'empresser de faire après une bonne nuit de sommeil ! C'était donc la fin de leur périple ensemble, mais il ne fallait pas penser que ce serait la dernière fois qu'ils se verraient. Après tout, même si l'empire était vaste, ils étaient tous destinés à défendre leur Shûkai bien-aimé. Ils se retrouveraient un jour, Higeki en était certain. Peut-être qu'il pourrait même leur raconter une autre histoire de son cru ? Qui sait...

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