Je percevais sa présence se rapprocher de plus en plus depuis quelques temps lors de ma vérification quotidienne des liens écarlates que j'avais avec mes protégés. Elle venait à moi, cela ne pouvait pas être dû au hasard. Percevait-elle aussi ce lien si particulier qui nous reliait où que nous étions désormais ? Il semblait bien que oui.

Je ne m'étais pas préparée à son retour. Pour tout dire, je n'avais pas pensé un seul instant qu'elle chercherait à me retrouver. En revanche, sa désertion de Suna ne m'étonnait guère étant donnée qu'elle en avait émis plusieurs fois l'hypothèse.
Comment devais-je réagir face à tout cela ? Je n'en avais pas la moindre idée et ne cherchais pas non plus à m'en faire une. J'attendais avec désinvolture sa venue, m'occupant de mes propres activités tout en guettant de temps à autre son avancement.

J'étais allée en informer Oniri. Non pas que je me sentais obligée de le lui rapporter car il s'agissait bel et bien de mes affaires mais davantage pour lui signifier qu'un potentiel problème se mêlait à l'équation... Je n'avais aucune idée de l'attitude qu'elle arborait aujourd'hui mais je connaissais suffisamment ma cadette, ou devrais-je plutôt dire mon aînée malgré les apparences, pour savoir que son comportement puéril et impulsif ne saurait rien nous attirer de bon.
Si je lui avais retiré la faculté du langage pour la punir de ses frasques, elle n'en avait pour autant pas vraiment changée avant mon départ du village et j'espérais que celui-ci avait su la faire progresser comme son absence de langue l'avait forcé à s'instruire pour communiquer par l'écriture. Un mal pour un bien.

Alors que je la sentais non loin, je remontais sur sa piste. Non pas que je souhaitais avancer les retrouvailles mais il n'était pas question que celles-ci aient lieu à proximité du repaire de l'organisation.
Je m'étais donc enfoncée sur les terres désolées de Hai no Kuni. Ironiquement, Oniri et moi avions quitté un désert pour tomber sur une terre bien moins hostile par son climat mais qui l'était bien plus par sa nature volcanique. L'herbe était presque inexistante et ne parvenait à survivre réellement qu'en bord de mer. Les broussailles qui tenaient bon tiraient dans un coloris plus ocre que le vert normalement attribuée à la végétation. L'air était vicié et quelque peu étouffant par les relents de fumées et de cendres virevoltante de part le vent, transportées et retombant comme autant de flocons obscurs.
Mes cheveux n'étaient pas noués comme j'avais pris l'habitude de le faire depuis quelques temps et mon capuchon trônait dans mon dos, laissant mon visage à découvert. Le changement n'était ainsi pas significatif hormis quelques tatouages visibles dans mon cou et descendant vers mes épaules couvertes mais il l'était bien plus intérieurement. Les épreuves que j'avais eu a traversé durant cette année d'errance m'avait endurcie, indéniablement. Si j'affectionnais toujours mon confort personnel, je m'étais accoutumée à cette vie précaire bien loin des richesses que je possédais autrefois a Suna. Pour autant, le Kyomu disposait de plus en plus de moyens pour nous octroyer un quartier général confortable grâce notamment aux prestations du Jouhokokan mais aussi par les richesses dont disposait cette terre d'apparence stérile.

Après quelques minutes supplémentaires de marche, La apparaissait devant moi, physiquement inchangée. Mon regard se porta aussitôt sur les trois présences situées un peu en retrait derrière elles et auxquelles je ne m'attendais pas à voir...
Alors comme ça, Carmilia était du voyage ? Tout comme cette Naga trempant dans des affaires obscures ? Même cette femme que j'avais engagé en tant que garde d'enfant pour accorder une présence à La lors de mes longues journées au Kakumeigun... ? J'arquais un sourcil en voyant celle-ci. Ma cadette possédait certainement une vision des choses qui me dépassait complètement pour l'avoir fait aussi quitter son village... Finalement, rien ne semblait avoir changé.

Face à face, nous nous toisions sans qu'aucune ne prononce un mot ni même un son. Je l'observais sans aucune affection dans le regard, je me contentais simplement de la regarder de manière taciturne alors qu'il n'existait pas le moindre sourire sur son minois non plus.
Néanmoins, après quelques instants passée dans cette ère glaciaire, La ferma les yeux pour se précipiter sur moi et m'enlacer. Je ne bronchais pas, m'attendant à une telle réaction ou son contraire. Elle me serrait avec force comme pour témoigner de sa joie de me retrouver alors que je me contentais de poser une main sur le sommet de sa tête brune.

« Que fais-tu ici ? »

Ce fut ma première interrogation bien que je craignais d'en connaître la réponse.
La vraie question n'était pas tant pourquoi elle se trouvait là mais plutôt pourquoi n'y était-elle pas déjà.
En effet, j'avais fait patienter les miens à Suna sous la tutelle de Seishurama avant de prendre contact avec ce dernier pour qu'il me rejoigne avec les nôtres : quelle ne fut pas ma surprise de constater que La n'y figurait pas, partie seule en toute impulsivité.

Mes mains se posèrent sur ses épaules pour l'écarter de moi alors que je la toisais, attendant une réponse dont la question insistait somme toute sur sa gravité.

« Pourquoi t'es-tu enfuie ? Pour me retrouver ?! Les autres l'ont fait bien avant toi. »

J'évoquais là le restant du clan vivant avec nous au manoir.

Une pointe d'agacement était notable dans le ton de ma voix alors que je réprimandais celle ayant cru bon de partir affronter les dangers du monde en solitaire. Cela n'était pas vraiment le cas puisqu'elle était accompagnée de membres de mon clan plus vieux que moi mais je n'accordais pas une once de confiance en ces dernières et n'appelais pas vraiment cela un « soutien » tant leur perfidie pouvait se montrer bien plus impitoyable que le monde lui même...

-Je suis passé te dire bonjour.

Elle parlait. Cela surprendrait certainement Yami. Et La en espérait pas moins, cette tentative ouvertement sotte de câlins n'était qu'une ouverture pour le véritable changement. La parlait, elle s'était d'ailleurs libérée des mains de Yami et avait reculé un instant sans réellement montrer les crocs mais sa posture avait changé. Elle se força néanmoins à se détendre, cela prit quelques secondes mais l'appel du sang fut contenu et elle s'alluma une cigarette en passant une main dans sa chevelure ébène. Puis massa ses tempes, elle sentait déjà que cette conversation allait être très rapide et se rapprochait encore une fois du drame. Mais le regard insistant de Yoko et Naga puis l'air satisfait de Carmilia la força à rester polie.

-Tu n'es pas le centre de ma vie Yami. Du moins tu ne l'es plus, je suis donc au regret de t'annoncer que tu ne faisais pas partie initialement de mes plans.

Elle mentait, mais elle n'allait pas admettre devant un blizzard qu'elle était venue dans le seul but de la retrouver et de se faire cajoler. On va arrêter deux secondes de se mentir, La avait drastiquement changé. Et si les caprices étaient encore pas loin, l'attitude nonchalante toujours là elle savait au moins comment ne plus passer pour une enfant gâtée bonne à rien. Il fallait un certain dress code et une attitude aussi distante que celle qu'avait Yami. Encore une fois le tableau faisait penser à une enfant imitant une adulte mais au fond il en était rien. La savait déjà paraître plus glaciale que ne pouvait l'être Yami. Si la cheffe de clan l'accueillait comme ça aucune raison de pas faire de même.

-Tu as remarqué que je parle, tu as sans doute remarqué que c'était une illusion. Ou alors tu n'es pas très douée pour ces choses là mais ce n'est pas à moi de le déterminer.

Elle hausse les épaules avant de ranger son mégot dans un paquet vide et de le jeter au loin. Son corps avait changé, elle avait et son corps d'enfant pré-pubère laissait place à celui d'une femme qui se dessinait avec des courbes ressemblant presque à celles de Yami. Il fallait reprendre la conversation si c'était une discussion. L'ambiance était électrique mais La l'ignorait complètement. Elle allait laisser Yami faire sa colère et son caca-nerveux sans broncher. Elle avait mûrit et elle comptait bien le prouver à cette imbécile têtue et du reste plus très gentille à son égard. La situation l'amusait d'un côté et l'agaçait ouvertement de l'autre. Il fallait néanmoins ne pas trop pencher du côté de la colère.

-Je vais être franche, je voulais m'assurer que tu étais encore en vie, on sait jamais le temps passe vite. Et ma conscience m'a donc poussé à te retrouver. Maintenant que c'est fait, et que plus rien me retient ici je vais donc disparaître ne t'inquiète pas. Toutes les bonnes choses ont une fin.

Elle reste froide. Toujours aucune raison de fondre en larmes devant des reproches, encore des reproches.

-Tu as convoquée le clan mais moi j'étais ailleurs, je n'ai pas attendu tes ordres pour partir. Car tu trouveras ça puéril mais ça m'est égale je suis libre. Je suis resté à Suna pour ne pas te faire honte, je ne reviendrais pas sur ta désertion mais quand tu es partie je n'avais plus rien à y faire. Tu m'as mise de côté, j'ai accepté ce fait après une ou deux colères je te cache pas mais j'ai comprit et suis partit faire ma propre vie. Tu m'as souvent blâmer de vouloir partir, et pourtant tu l'as fait aussi. Ironique n'est ce pas? Mais je m'égare, je suis donc ravie que tu ailles bien et que tu sembles si enjouée et que tu transpires la joie de vivre. Ceci étant dit comtesse je prend congé.

Elle recule en gardant une certaine attention sur ses arrières, jamais trop prudente c'est Yami qui lui a apprit. Une cigarette machinalement mise en bouche.

-Ah j'oubliais c'est Kibo le nouveau Kage. Depuis la désertion de ton amoureux, mais tu dois déjà le savoir je suppose. Cette année a été prolifique non? Salut le clan pour moi quoi que non en fait ne fait rien du tout.

Konoha lui manquait un peu à ce moment. Pourquoi diable avait-elle fait ce chemin pour se retrouver en face d'une armoire à glace pas foutu de dire un mot aimable? Elle cracha et commença à faire le chemin inverse. Elle devait se forcer à ne pas regarder en arrière et à prouver pour une fois qu'elle ne vivait plus aux crochets de Yami. En espérant que l'autre cruche comprenne au bout d'un moment et pas de travers, parce que si une autre remarque mal avisé fusait elle n'était pas sur de se contenir elle et celui qui écrivait ses aventures.

Ce n'était pas tant ses paroles qui me surprenaient sur le coup mais le fait qu'elle ait pu les prononcer. La venait de parler alors qu'elle était dépourvue de sa langue, je m'en étais assurée. Nous avait-elle plongé dans une illusion ? Sa maîtrise du genjutsu s'était affirmée : au moins n'avait-elle pas passé son temps s'adonner à sa dépendance, fumant toujours plus de substances étranges lui grillant son cerveau qui n'était pas de la première fraîcheur.

Je l'écoutais dire, évoquer son détachement de moi et ainsi laisser sous entendre qu'elle n'était pas ici pour moi ce qui, en un sens, m'étonnait. Elle avait sans doute perçue ma présence et s'était rapprochée de celle-ci malgré son beau discours. J'étirais un sourire avant de lui faire part de mes félicitations.

« Tu m'en vois ravie. »

Je n'étais pas le centre de sa vie ? Elle ne l'était pas non plus cela allait s'en dire. Elle était pourtant la seule personne de mon clan que j'estimais suffisamment pour la percevoir comme une réelle sœur sans pour autant lui accorder ma pleine confiance. La l'avait suffisamment bafoué.

« Pourquoi te tiens-tu devant moi dans ce cas ? »

Que me voulait-elle ? Par hasard ? Je n'y croirais pas.
Elle confirma l'illusion que j'avais déjà perçu et répondait à ma question en évoquant son désir de savoir si j'étais toujours en vie, promettant de disparaître de ma vue maintenant qu'elle s'en était assurée.

« Trop aimable de ta part d'avoir parcouru tout ce chemin pour simplement t'en assurer... »

Lui glissais-je dans un sourire. Malgré son air détaché, je soulignais l'incohérence de son comportement avec ses actes. Il aurait fallu être stupide pour suivre les traces de quelqu'un dont on avait que faire pour s'assurer de sa bonne santé et La n'était pas stupide et s'avérait donc être... une menteuse. Cela dit, cela ne m'offusquait pas, au contraire cela m'amusait. Elle n'était pas en mesure d'accepter ou d'afficher l'affection qu'elle me portait et qui, je le savais, existait. Quoi qu'elle puisse en dire.

« Oh mais ne t'en fais pas ! Je ne blâme pas ton départ ! »

Reprenais-je suite à ses mots sur sa désertion après la mienne.

« Je regrette simplement que tu ne saches pas t'entourer des bonnes personnes... »

Sifflais-je presque, acerbe tout en lançant un regard noir aux personnes qui l'accompagnait. Au moins n'était-elle pas partie seule mais parfois mieux valait-il l'être que mal accompagnée... Que leur avait-elle promis en échange de leur présence à ses côtés ? Je doutais qu'elles fassent ça par altruisme ou amitié...

Après quelques paroles avisées, elle commença a s'éloigner, sur le qui vif : ce que j'appréciais particulièrement, au moins aura-t-elle retenu quelque chose de mes enseignements. Elle ne m'apprenait cependant rien concernant Kibo et son ascension.
L'année avait été prolifique ? Beaucoup de choses avaient changé mais ce n'était là que le début : chaque pierres posées à l'édifice comptait. Il fallait une base solide pour être certain du bon équilibre de la structure...

L'éloignement se creusait entre nous alors qu'elle foulait la terre stérile en sens inverse, vers celles dont elle appréciait visiblement la compagnie. Je faisais quelques grandes foulées rapides pour la saisir par le bras et la stopper dans son avancée. Si elle s'était présentée à moi en solitaire, je l'aurais laissé poursuivre sa route comme elle l'entendait mais avec ces trois personnes aux convoitises étranges et floues... Il n'était qu'une question de temps avant qu'elle se fasse poignarder dans le dos par l'une d'entre elles.

« La vie d'errance ne te sied pas. Tu seras plus en sécurité avec moi et mes projets. »

Et l'envergure qu'ils prenaient rapidement avec les ressources dont disposait le Kyomu et dont bénéficiait le clan pour sa participation.

« Après tout, il serait stupide d'avoir fait tout ce chemin pour rien... »

Ajoutais-je, inflexible et presque dans un murmure.
La pourrait m'être utile. A moi comme a tout le clan et même se faire une place au sein de l'organisation. Son comportement ne serait pas un problème car elle saurait bien vite, une fois rattachée à l'organisation, qu'un seul faux pas pourrait la conduire à la mort.
Allait-elle refuser cette offre par fierté ou se plierait-elle au conseil de « celle dont elle n'avait plus que faire » ?

-Je vois, du coup tu es adepte du proverbe 'mieux vaut être seul que mal accompagné'? Logique, tu es belle et bien seule.

Elle s'avisait de juger les fréquentations de La. Comme à son habitude, sauf que cette fois ci une différence notable. La ne partait pas directement dans les cordes, elle restait calme un léger sourire sur son visage alors qu'elle se retournait. Son regard sombre et une main sur son front. Elle préférait largement cette sensation, les deux femmes se tournaient autour et se cherchaient mutuellement. Elles se testaient, Yami avait réagit comme l'espérait l'adolescente. Elle avait mordue à l'hameçon, elle se croyait surement en supériorité son discours transpirait la suffisance. La fit un pas vers Yami dévoilant ses crocs. Oui la tension, une ambiance électrique voilà pourquoi elle était revenue. Pour affronter ouvertement sur son terrain Yami, les mots remplaceraient les coups. Elle saurait s'élever et prouver sa valeur, qu'elle avait changé et qu'elle valait mieux que Yami à l'heure actuelle.

-Tu veux que je te suive? C'est une mauvaise blague, après ton froid accueil voici que tu t'inquiètes pour ma sécurité? Trop aimable de changer d'avis sur mon sujet.

A ce petit jeux, elles étaient deux à y voir clair dans les pensées de l'autre. Se fendre d'un semblant d'inquiétude après une réception glaciale non ce n'était pas Yami. Et ce n'était pas logique. Ah les projets de Yami, bien sur voilà qui était tout de suite plus honnête. Croyait-elle que tout ce temps, que cette relation deviendrait celle d'un pion avec son maître? Non, La se fendit d'un rire cristallin en observant le ciel et les cendres qui le traversaient. Encore et toujours, avancer en se servant des autres peu importe la relation qui nous relie à eux. C'était donc le credo de la comtesse, elle ne valait pas mieux que ses ancêtres. Et La pouvait témoigner, elle était là pour le premier et le second comte. Une autre époque et un autre temps, mais qu'est ce qui avait vraiment changé? Pas grand chose, le comportement des Ketsuekis s'était empirer avec le temps. De tous temps ils avaient voulu s'élever vers les cieux entraînant derrière eux un sillon de cadavres et un flot de sang. Autrefois cela aurait séduit l'ancienne suzeraine désormais elle aspirait à une vie sereine et calme. Mais Yami ne le tolérerait jamais, pas plus qu'elle tolérait les traîtres ou le manque de respect.

-Pourquoi devrais-je te rejoindre? Tu me parles de sécurité mais je risque plus ma vie avec toi que dans mon coin. Je suis plus apte à me protéger que tu ne le penses. Et quoi que tu songes vis à vis de ceux qui m'entourent ils sont plus digne de confiance que toi. Alors peut-être qu'un jour ils me trahiront mais après tout ce ne sera pas la première fois ni la dernière. Une fois la première traîtrise dévoilée le reste c'est toujours moins. La vie d'errance c'est la liberté, c'est la promesse de plus être enchaînés ni forcer d'accomplir quelque chose qui ne me plaît pas. Et te suivre ou rejoindre ta bande de comparses ne me sied pas. J'ai quitté Suna c'est pas pour me forcer à combattre aux côtés des criminelles les plus en vogues du moment. Ma vie est plus en danger avec toi que je le suis seule et tu le sais très bien.

C'était néanmoins alléchant comme offre, au moins elle aurait un endroit ou s'arrêter et crécher. Plus de lit de fortune ou d'errance, être nomade elle n'aimait pas ça. Mais combattre pour une cause qui n'était pas la sienne non plus, elle en avait déjà fait l'expérience avec Suna ce n'était pas pour recommencer avec une organisation criminelle qui serait surement une priorité pour les villages. L'attaque du shukaï si c'était eux lui mettrait à dos l'Empire. Elle gratta l'arrière de son crane et passa l'autre main dans une poche intérieure d'ou elle tira une pipe à opium qu'elle alluma avant de tirer dessus. Tout cela l'énervait, et la migraine revenait. Elle posa son derrière sur le sol rocheux et retira sa main de ses cheveux pour le poser sur le sol et se soulever en maniant la terre.

-Si je te suis, seras-tu la bonne personne qui m'entourera? Ou la comtesse garde-elle encore pour elle toutes ses émotions?

Un sourire franc, après tout merde elle était percée à jour. Yami avait gagnée, comme elle l'escomptait. La Ketsueki ne pouvait pas refuser cette proposition, elle était trop faible c'est ce que dira Carmilia. Yoko et Naga diront qu'elle a fait le bon choix. La n'en pensait pas grand chose, elle avait encore des doutes, et des réserves sur le comportement de Yami. Mais si Yami n'avouait pas l'arrière de ses pensées et sentiments, La acceptait le risque d'écouter les battements qui la maintenaient en vie. Foncer tête baissée pour sauver ses proches. Yell avait finalement peut être un peu raison. Saleté de Gogyou à croire que l'île était maudite.

-Tu as gagnée Yami, comme souvent.

Elle haussa les épaules avec nonchalance, et merde. Elle avait spontanément mit un collier autour de son cou pour pouvoir rester avec sa maîtresse? Bha c'était toujours mieux que d'être un chien errant. Elle descendit de son promontoire et passa devant la comtesse en tirant sur sa pipe. Quelque chose était apaisée en son être et elle sautillait un léger sourire, elle tira Yami par la main.

-Allez montre moi ce que tu as construit. Sinon je te libère pas de ce songe!

Et l'enfant rigola.

J'étais seule ? C'était donc ce qu'elle pensait ? Grand bien lui en fasse car je savais que ce n'était pas le cas. J'étais parvenue à m'attacher a certaines personnes qui me le rendaient bien. Des larmes couleraient si je venais à trépasser et cela suffisait à me rassurer bien que ce jour n'était pas prêt d'arriver : je ne le permettrais pas.

Je n'écoutais pas son discours puéril et sa démonstration sans fondement. Cherchait-elle à me tester ? Elle était tombée sur la mauvaise personne pour cela et elle aurait pourtant dû le savoir. Ma patience avait ses limites... Je ne laissais rien transparaître malgré tout, gardant un sang froid implacable malgré mon agacement sur son comportement stupide qui ne m'avait en rien manqué bien qu'il semblerait qu'elle avait quelque peu changé : elle tentait de s'affirmer plus encore. Je préférais la voir ainsi que se comportant comme une enfant mais mieux valait pour elle qu'elle ne gravisse pas cette pente ardue avec moi...

Ses paroles quant à la confiance qu'elle estimait plus présente en ces... accompagnants qu'en moi me faisaient doucement sourire. Si elle se sentait plus en sécurité sans moi elle se trompait sur toute la ligne. J'avais toujours été celle présente pour garantir sa sécurité depuis que je l'avais prise sous mon aile et cela malgré ses frasques répétées et ma patience atteinte plus d'une fois. Elle gagnerait bien plus en restant avec celle ayant suffisamment d'attache pour elle comme en attestait le lien écarlate qui nous liait. Quand elle était en danger avec cette « Naga » qui avait accouru pour venir la protéger ? Elle avait la mémoire courte.

« La vie avec moi te garantie un avenir et une reconnaissance. »

Que lui assurait la vie avec elles ? Si ce n'était une vie d'errance et d'oubli ? C'était donc ce à quoi aspirait la grande Ketsueki d'antan ? La faiblesse n'était en rien gage de liberté.

Je me surprenais a froncer les sourcils de stupéfaction en la voyant sortir une sorte de pipe a opium je suppose ? Non pas que j'étais une experte dans le domaine mais passé un mois entier avec Isnajh m'y avait habitué... c'était effroyablement nostalgique. Je restais de marbre une fois de plus. C'était sa vie pas la mienne. Si elle voulait la pourrir avec ce genre de désinhibiteur c'était son choix.
La question qui suivait avait néanmoins tendance à m'amuser...

« Je serais la personne juste, en fonction de la situation. »

Il n'y avait pas de bonne personne ou de Comtesse froide de manière défini. Elle n'avait qu'a faire en sorte de voir plus l'une que l'autre. Elle aurait a apprécié la compagnie de celle qu'elle ferait venir.
En répondant a cette question, je savais déjà qu'elle céderait. Elle se questionnait, s'interrogeait que la Yami qu'elle aurait à endurer puisqu'elle comptait bel et bien rester comme elle me le confirmait d'ailleurs ensuite. Attrapant ma main pour me la faire conduire à mes « constructions » elle jouait le chantage enfantin.

« Retournons à la réalité dans ce cas. Ce que j'ai bâti n'est pas illusoire... »

Je la guiderais alors jusqu'au nouveau domaine des Ketsueki encore en cours d'élaboration sur cette île cendreuse qui, bientôt, appartiendrait à l'organisation...