Depuis qu'Ether était devenue la Première de l'Ancien, le temps libre qu'était sa vie était à présent devenu un éternel apprentissage. A peine les premiers rayons de soleil pointaient le bout de leur nez, que la jeune femme se mettait au travail. Bien que la Gogyou connaissait déjà la quasi totalité de leur histoire, de leurs mythes et de leurs légendes, elle découvrait de nouveaux détails chaque minute. Elle découvrait certains écrits sous un jour nouveau, et c'est ce qu'elle préférait dans sa formation. L'Ancien Alecto était implacable. Pas implacable dans le sens méchant, mais plutôt dans son obstination à ce que son élève soit la plus instruite possible. Ether était comme son élément, libre comme l'air, distraite et vive. Sa joie de vivre excessive rendait néanmoins les leçons bien plus amusantes. Au départ, le vieux avait tenté d'être intransigeant et sérieux, mais la demoiselle commençait à peine à comprendre l'importance de ses futures responsabilités. Il devait lui laisser le temps de mûrir. Viendra un jour où l'élémentaire de vent serait parfaite pour le rôle. Il le savait, Ether était la plus à même de lui succéder, aucun doute là-dessus. Rien ne comptait davantage à ses yeux que le bien-être de sa tribu, n'hésitant pas à renoncer à ses propres envies pour protéger les siens. Mais il n'empêchait que la blonde restait toujours la même jeune fille incapable de rester en place, ce qui rendait les journées de l'Ancien assez épuisantes. Alors que la nomade étudiait bien sagement pour une fois dans la tente, Alecto fit irruption dans celle-ci. Il observa la Gogyou avec ses livres, puis balaya l'endroit du regard avant de lâcher un long soupir.

« Les enfants, sortez de vos cachettes. »

Des gémissements de déception se firent entendre et tous sortirent de dessous un drap, derrière un pot et même un dans le dos d'Ether.

« Vous savez qu'Ether doit un jour me succéder. Et pour cela, elle doit atteindre mon niveau de connaissances... », ils baissèrent tous piteusement la tête, y compris la blonde, « Allez. Allez jouer dehors, vous jouerez au Uno plus tard. »

Déçus, les enfants s'éclipsèrent, laisant l'élémentaire de terre et de vent ensemble.
Le vieux s'assied à côté de la demoiselle qui faisait mine de lire, un sourire amusé sur les lèvres.

« Ether... Tu devrais prendre tout ça plus au sérieux. »
« Mais j'prend ça très très au sérieux, Ancien ! C'juste qu'ils voulaient qu'on joue au Uno – j'leur ai mis la pâté hein, comme d'hab' – puis voilà ! Faut bien que quelqu'un leur apprenne. C'moi l'maîtresse des cartes, vous l'savez ! », dit-elle en riant avant de reprendre avec légèrement plus de sérieux, « Ancien... L'honneur qu'vous m'avez fait est immense. J'serais à la hauteur, j'vous l'promets ! Et puis... J'suis pas idiote. J'ai bien remarqué qu'vous m'donnez du travail juste pour pas qu'j'me mette en danger en quittant les montagnes. Je relis sans cesse les même écrits que j'connais déjà par cœur ! Le vieux, vous pensez encore à Suna ? »

Le vieux sourit doucement.
C'est vrai, elle n'était pas idiote. Non seulement elle faisait preuve d'un talent insolent aux cartes – tout comme la regrettée Tresha – d'une joie de vivre à toute épreuve comme le défunt Kreth, mais la nomade avait suivi Panthos durant toutes ces leçons lorsqu'il était encore en vie et son actuel Premier. Lui refaire passer tout le début de la formation était une excuse pour la garder le plus longtemps possible au sein du campement, évitant ainsi ses éternelles escapades. Car effectivement, Alecto avait été tout autant affecté que ses parents lorsqu'il avait appris que Suna avait fait l'objet d'une attaque lors de l'examen chûnin. Ether s'en était tiré indemne, mais malgré ça, il était terrorisé à l'idée de la voir disparaître pour ne plus jamais la revoir. Elle était la seule élémentaire de sa génération à l'heure actuelle de leur tribu. Hors de question de la perdre ! Mais la surcharger de travail n'était pas la solution. Après quelques instants de réflexion, le vieux soupira.

« Bon. Je t'accorde une permission aujourd'hui, fait ce qu'il te plaît. Mais ne t'éloigne pas trop ! », le visage de la demoiselle s'illumina, et alors qu'elle allait se jeter sur lui, il lui mit une tape à l'arrière du crâne, « Et arrête de m'appeler le Vieux ! Non mais ! Il est où le respect de ses aînés... Allez, file avant que je ne change d'avis. »

La Gogyou ria joyeusement et s'éclipsa aussi vite.
Mmmh, que ferait-elle aujourd'hui ? Et si elle allait embêter les moines, faire une petite frayeur à Salem ? Boh, elle avait déjà fait ça hier et avant-hier, et le jour encore avant, y'avait plus l'effet de surprise ! On allait le laisser tranquille aujourd'hui. Bon, et si elle allait se baigner à l'oasis en bas comme elle faisait toujours ? Ouaiiiis ! Y'avait jamais personne de toute façon à chaque fois qu'elle y allait, donc pourquoi ne pas y passer la journée ? Ether récupéra de quoi grignoter – même si elle n'avait pas réellement besoin de manger par sa condition d'élémentaire - son paquet de carte et déposa le tout dans son écharpe de hanche. Et maintenant, go à l'oasis ! Toute guillerette, la nomade dévala en sautillant la montagne, évoluant entre les rochers, jusqu'à avoir en vue depuis son perchoir, le petit havre de paix. Elle continua sa descente et vérifia tout autour que c'était désert. Une habitude dont la jeune femme n'arrivait pas à se débarrasser. Faut dire que son clan n'était toujours pas accepté par le monde donc bon... M'enfin. Sauf que cette fois-ci, y'avait quelqu'un dans l'eau.

Mais... D'où ?! Depuis quand ? … Mh ?
La demoiselle se cacha quelques secondes pour observer l'étranger. Peau bronzé comme elle, des cheveux blancs comme sa mère. Était-ce un Normaux (humain) ou un Autre (shinobi) ? A voir son corps – elle ne voyait alors que le torse, le reste était plongé dans l'eau – il était actif. En conclusion, il était plus probable que ce soit un Autre qu'un simple humain, un combattant quoi. Ou peut-être qu'il était nomade comme elle et qu'il avait l'habitude de l'effort ? Effectivement, le corps des nomades étaient sculptés et attestait de leur forme. Le mieux était de demander ! Puis elle vit qu'il possédait un objet ressemblant à une arme mais emballé dans des bandelettes. Un Autre. Ouais mais à voir la serviette qu'il avait sur la tête, il avait l'air de se détendre. Peut-être qu'il était sympa ? Oh et puis zut ! On ne sait jamais tant que l'on a pas demandé ! Décidant de laisser tomber ses appréhensions, Ether s'avança en silence. De par sa condition d'élémentaire de vent, son poids était relativement nul, même si elle pouvait l'alourdir. elle faisait preuve d'une discrétion sans trop s'en rendre compte. Au départ, elle s'assit sur un rocher juste à côté du jeune homme, l'observant accroupie sur son perchoir, son éternel sourire innocent sur le visage.
La Gogyou, n'étant pas réellement humaine, éprouvait toujours une réelle fascination pour les humains, et même si elle avait cessé de vouloir les imiter à tout pris, elle appréciait toujours autant de déceler leurs différences. Elle commença donc par regarder le nez qui n'était pas caché par la serviette, les rides autour de la bouche, les épaules, la clavicule puis le torse. Et alors qu'elle observait les détails des mains, elle remarqua à travers la clarté de l'eau le reste du corps. Oh, mais il a pas de vêtements ! … Alors ça veut dire que c'est pas interdit ? Elle pouvait faire pareil ! Pour comprendre son manque de réaction, il faut savoir que les parents d'Ether ont omis certains détails de son éducation. Étant nomade, donc pas d'amis stables, et membre du clan Gogyou – un clan rejeté et exterminé pour leur nature d'élémentaire - la demoiselle a quelques lacunes quant aux relations humaines et certaines conventions. A ses yeux, être complètement nu ne pose aucun problème, son père lui a simplement dit que les humains normaux s'habillaient car c'était tabou pour eux. Donc, à part son propre corps, elle n'a jamais rien vu d'autre sans rien. Et encore moins celui d'un gars. Ah. Bah pas pour lui ! Youpi ! Il y a quelques sentiments et mots qu'elle ne comprend pas non plus, mais ça, surprise !

Késséssé que ça ? Y'a un machin qui flotte un peu entre ses jambes là...
Mais... Mais c'est un serpent ?!! UN SERPEEEENT ! Muée par le soudain désir de protéger cet étranger d'un animal mortel, elle se jeta sur la chose flottante sous l'eau et l'attrapa à pleines mains, prête à la jeter au loin.

« UN SERPEEENT !!! »

Sauf que le truc resta accroché au reste du corps. Beuh... Bah pourquoi ça bouge pas ? C'est un serpent qui a fusionné avec lui ou quoi ? … Elle ne comprenait pas. Interloquée, elle lâcha l'engin, remarquant au passage qu'elle avait limite noyé le type.

« Oh, j'suis désolée ! … Pourquoi t'as ça qui reste sur toi ? », demanda-t-elle avec une franche innocence.

Voir le jeune homme se tortiller de douleur était... étrange.
Il s'égosillait comme un pitoyable goret que l'on égorgeait, même si, personnellement, la blonde ne s'était jamais adonné à une telle occupation barbare. Mais pourquoi avait-il mal ? En quoi tirer sur ce machin pendant faisait-il souffrir ? Peut-être que ça faisait réellement parti de lui. Oh, le pauvre ! Avoir une chose aussi « particulière » fixé à son corps pour la vie, ça devait être difficile à vivre. Un handicap comme un autre qui pouvait éventuellement s'arranger. Peut-être fallait-il le sectionner pour l'en libérer ! Ether était intriguée par ce comportement qu'elle n'avait jamais observé auparavant chez un humain. Faut dire que c'était la première fois qu'elle tirait sur une excroissance de ce genre. « Failli... mourir » ? En agrippant cette chose ? Bizarre. Il avait pas l'air aussi costaud que sa corpulence le laissait entendre. Hé, ça a rétréci en plus, comme une huître, ce coquillage visqueux ! Mais... MAIS C'EST VIVANT !!! Ew ! N'empêche, il avait l'air d'avoir sacrément mal le garçon. Ce dernier lui faisait presque de la peine... Que pouvait-elle faire pour le calmer ?

« Hé, franch'ment, j'suis désolée. J'savais pas qu'ça faisait aussi m... »

Mais l'étranger continua de gémir et de se contorsionner de douleur.
C'marrant quand même, il fait le ver de terre à se tordre dans tous les sens comme ça ! Ah ah, c'est plutôt bien imité ! « Putain », que signifiait ce mot ? Oh, avait-il si faim pour grignoter son arme ? Hé, elle avait de la nourriture dans ses vêtements ! En sautillant d'un pas léger, elle fouilla dans son écharpe de hanche qu'elle avait lâché au bord de l'oasis plus tôt, et en sortit cet éternel sachet avec les pâtes de fruits sèches enrobés de poudre blanche.

« Tu vas t'casser les dents sur ton manche. Mange plutôt ça ! C'bon ! »

Encore une fois, le basané ne semblait pas l'entendre.
Beuh, peut-être qu'il était sourd après tout. Encore une fois, le pauvre !
… Pourquoi la regardait-il avec des yeux globuleux comme ça ? On aurait dit qu'il s'apprêtait à pleurer comme les enfants du campement. Il est marrant ce garçon ! Toujours un grand sourire sur les lèvres, la jeune femme s'approcha de lui pour l'observer dans son spectacle. Celui-ci finit enfin par achever son cinéma et se retrouva face à elle. Il ouvrit la bouche – autrement que pour se lamenter – et lâcha un modeste « hé » avant de finalement s'arrêter en chemin. Oui ? Oh, c'est pour dire bonjour ! Et bien dans ce cas...

« Bonjouuuur ! Moi, c'est Ether ! », dit-elle joyeusement en saluant de la main.

« Oh, c'est toi ! », ah parce que l'on se connaît ? Ah bon.
Elle ne s'en souvenait pas tiens... Bon, tant pis ! Ne pas tirer sur son anguille ? Hé oh, faut pas la prendre pour une poire ! C'est pas une anguille ça !

« Hé, j'suis pas idiote, j'sais à quoi ressemble une anguille ! J'en ai déjà pêché ! Et ça... », rajouta-t-elle en pointant du doigt la chose, « … C'pas une anguille ! », puis elle se mit à sourire de nouveau, « 'Suis pas p'tite. On doit avoir l'même â... », reprit-elle avant de se faire couper par un hurlement de terreur.

Hé, hé, hééé !
Oh, faut se calmer, qu'est-ce qu'il se passe ? On nous attaque ?
La tribu est en danger ?! Alors qu'elle regardait tout autour d'elle frénétiquement, prête à disparaître pour retourner auprès des siens, elle remarqua qu'il n'y avait personne d'autre qu'eux. Peut-être qu'il avait vu un fantôme... En même temps, ça ne serait pas étonnant avec toute cette chaleur. Hé, pourquoi la pointait-il du doigt maintenant ? Sa mère disait que c'était pas poli, malpoli ! Le jeune homme semblait terrorisé à l’extrême, tant, que la demoiselle se demanda si elle ne s'était pas inconsciemment à moitié dématérialisée. Après une courte vérification, tout était correctement en place. Boh, qu'est-ce qui n'allait pas avec elle dans ce cas ? C'est alors qu'il se mit à brailler comme quoi elle aurait perdu quelque chose, un pénis semblerait-il. Un... pénis ? Et, c'était quoi un pénis ? Ether eut soudainement un instant de panique. Attendez... Est-ce que le « pénis » serait ce machin qui pendait tout à l'heure ?! Et si oui, elle aussi devait en avoir un ! Non, c'était pas possible ! Aux dernières nouvelles, son corps était parfaitement calqué sur celui des autres Normaux, sa mère avait même validé la chose lorsqu'elle était môme. Elle avait seulement choisi le sien qui serait sa forme principale en tant qu'humaine. C'était un trou, juste un trou ! Et quelques détails chiants en plus. Mais pas d'excroissance supplémentaire ! Lui aurait-on donc menti ?
Naaaan ! On ne lui mentirait pas à propos d'un élément physique qui pourrait soulever des soupçons auprès de la communauté des Normaux. Non. Alors c'était lui qui se trompait ? Donc garçon => machin qui pend et se tortille, filles => trou au design particulier. Ouais, logique ! Et c'est vrai qu'en y pensant, son père avait une sorte de bosse à l'entrejambe, tout comme l'ancien et tous les autres hommes. Papa, maman, faudrait que l'on discute quand même ! Y'a beaucoup de choses qu'elle découvrait chaque jour et qu'elle ne comprenait pas, ça commençait à être lassant ! Comme le mot « ko-pine » dont elle ignorait encore la signification, pourquoi des gens se tiennent la main comme s'ils allaient disparaître – avec la chaleur du désert, ça colle et ça sert à rien – et comment savoir si on est jolie ou pas, parce qu'elle n'arrive pas à saisir le concept. Mais tout d'abord, fallait calmer ce garçon. Doucement, et toujours un sourire sur le visage qui se voulait rassurant cette fois, Ether s'approcha de lui, les mains devant pour montrer qu'elle venait en paix. Tout doux, tout doux...

« Calm'toi, calm'toi... Tu dis qu'j'ai perdu c'que t'appelle un pénis. Sauf que, c'pas possible. Y'en a pas, y'en a jamais eu et y'en auras jamais... Normalement. Vous, vous avez c'machin qui bouge, et nous... », elle jeta un œil, « … J'crois qu'c'est une sorte de trou. Manque un bout quoi. C'pas grave ! Pas besoin d'avoir peur, tout va bien s'passer. », elle finit par s'asseoir en tailleur, toujours tout sourire, « Alors, c'quoi ton nom ? Qu'est-c'tu fais dans l'coin ? »

Le garçon à la peau basané comme elle finit par doucement se calmer.
Tout ça pour un trou et un pénis manquant ? Les humains pouvaient parfois être bizarres... C'était marrant ! Après quelques exercices de respiration, il reprit son souffle et gardant un œil ouvert sur Ether, il s'adonna à un truc que la demoiselle ne comprit pas tout à fait. Était-elle si particulière que ça pour déranger le regard ? Donc les gens ne la regardaient pas seulement à cause de ses vêtements usés par le sable, mais aussi parce qu'elle piquait la vue ? Devait-elle se sentir vexée ou pas ? Parce qu'étrangement, non. Finalement, après avoir fait des machins étranges, l'étranger arriva à décliner son identité. Bao Sharrkan, original comme prénom. Bao, Baaao, Baaaooooo ! Ça sonne un peu comme un son de chameau. Hé hé, j'aime bien ! Apparemment, le garçon était en visite chez ses parents qui vivaient à l'oasis, lui venait de derrière la « grande muraille ». Était-ce Suna qu'il décrivait ? Probablement, il n'y avait aucun village aux alentours répondant à ce critère. C'était donc un sunajin ! Ça faisait longtemps qu'elle n'y avait plus mit les pieds d'ailleurs. En même temps, après l'examen chûnin et l'attentat, elle n'avait plus rien à y faire. Nomade et nukenin de surcroît, la jeune femme n'y avait pas sa place. Mais attendez... Il venait souvent et habitait ici ? Comment cela se faisait-il qu'elle ne l'ait jamais vu alors ? Non parce qu'elle aussi venait souvent, et il n'y avait jamais personne ! Son sourire devint curieux et l'observa de plus près, comme pour vérifier qu'elle ne l'avait effectivement jamais vu. Mh... Non, jamais ! Après l'avoir suffisamment analysé, elle se rassit sur ses fesses et réfléchit quelques secondes.

« Ouaip, j'suis du coin, et j't'ai jamais vu non plus. C'bizarre, parce que j'habite vraiment pas loin et j'descends souvent pour m'baigner. »

La blonde hésitait à lui dire qu'elle vivait juste au sommet de la montagne, voyant qu'il était armé. Et même si sa tribu était très ouverte aux étrangers, offrait le gîte comme le couvert aux voyageurs s'aventurant jusqu'à eux par hasard, elle restait prudente. Boh, d'un côté, s'il venait en haut avec de mauvaises intentions, il se ferait foudroyé par son père. Et ouais, c'est mon papaaaaaa ! Cependant, malgré sa prudence habituelle, la Gogyou semblait ne sentir aucune animosité de la part de Bao. Bon, allez, de toute façon, il se ferait intercepter dans la foulée s'il tentait quelque chose.

« 'Suis nomade, j'vis dans les montagnes. P'têtre qu'on descendait jamais au même moment ? Puis, j'suis pas trop v'nue ces derniers mois, trop d'travail. Ça expliqu'rait l'truc... Mais c'bizarre quand même. »

Après un temps de retard, Bao finit par comprendre qu'elle avait de quoi manger.
Ravie, l'élémentaire lui tendit le sachet.

« Spécialité d'ma mère ! », elle attendit patiemment qu'il en mange au moins un pour rajouter, « Pâte de fruits séchés. La poudre blanche, c'des insectes écrasés mélangés avec des plantes. C'très bon ! », elle sourit joyeusement avant d'avoir une idée, « Mais si t'as vraiment faim, tu peux v'nir manger au camp'ment ! Not' porte – même si on en a pas - est toujours ouverte ! Tant qu'tu viens en paix. »

ça serait un peu la première fois qu'Ether ramènerait un étranger dans sa tribu.

« Juste, question. », elle désigna le sabre, « T'es un ninja ? »

Oh, il n'habitait plus ici mais à Suna ?
C'était donc un sunajin ! Duh. Peut-être l'avait-elle croisée par inadvertance lorsqu'elle s'y trouvait il y a un peu plus d'un an. La jeune femme aimerait bien y retourner pour voir comment se portaient toutes les personnes qu'elle avait eu le plaisir de rencontrer ! Comment allait Ema, son ancienne « adversaire » de l'examen chûnin ? Si Ether se pointait aux portes du village, la laisserait-on entrer cette fois-ci ? Pas sûr.

Bao pointa du doigt l'horizon, indiquant que dans cette direction, elle pourrait y trouver une jolie petite maisonnée occupée par un vieux couple ; ses parents. Et la mamie aimait se faire de nouveaux amis. C'est vrai ?! Oh chouette alors, elle aussi ! Faudrait qu'elle s'y rende un jour ! Le garçon continua sur sa lancée et rajouta que son père était un ancien nomade, ce qui intéressa la demoiselle. Il était originaire d'un lieu où l'eau tombait constamment des cieux. Mmh, où était-ce qu'il pleuvait sans cesse déjà ? Ils avaient probablement dû y passer lors d'un de leurs voyages. Mizu no Kuni, le brouillard y régnait en maître. Peut-être Tori ou Shimo alors ? Aucune idée ! Mais le sabreur ne semblait pas plus au courant non plus donc bon... Lorsque le sunajin complimenta allègrement la cuisine de sa mère, Ether gagna en enthousiasme, encore plus lorsqu'il accepta de l'accompagner jusqu'à sa tribu. Bien qu'elle s'en doutait suite au physique et à l'arme toujours proche, Bao était bel et bien un ninja. Il appréciait se battre, mais pas particulièrement avec ses amis. Était-elle donc une amie ? Logiquement, lorsque l'on vient de se rencontrer, non, mais la Gogyou considérait toute personne rencontrée agréable comme un ami, même si elle ne comprenait pas parfaitement l'importance du mot. Oui, elle n'était pas franchement difficile en la matière, mais cela n'impliquait pas pour autant de faire réellement confiance à quiconque, autre que les membres de son clan. Elle appréciait certes tout le monde, mais peu pouvait se vanter d'avoir sa totale confiance. L'on peut considérer qu'elle croit pleinement en vous lorsqu'elle vous dévoile qui elle est en réalité, ce qui arrivait généralement par inadvertance. Ce fut ainsi pour Milly lorsqu'elle dû dématérialiser sa tête pour éviter de se prendre la barre du mât en pleine face, ou pour Ema lors de l'examen chûnin. La demoiselle ne l'avait pas encore fait de son plein gré. Les humains étaient fascinants, mais tellement changeants... Pouvait-on réellement leur faire confiance ?

Comprenant qu'il conserverait son arme, Ether ne s'inquiéta pas plus que ça.
Au moindre mouvement agressif visant à tuer quelqu'un, il serait neutralisé par le plus rapide. Le clan était bien trop habitué à être en danger, et même s'il vivait actuellement dans une relative harmonie, celle-ci était fragile. Après avoir accepté son invitation, il se rhabilla. Peut-être devrait-elle faire pareil ? Trottinant jusqu'au tas de vêtements en boule dans le sable, la jeune fille remit le tout, prête à rentrer. Alors qu'elle s’apprêtait à le mener jusqu'au camp, le sunajin lui demanda si elle savait se battre, car elle semblait « en forme » . Question étrange. Elle se retourna, toujours affublée de ce sourire infiniment joyeux.

« C'normal pour nous d'être en forme ! Nos corps sont habitués à la route, même si on n'marche plus trop sur les chemins pour l'instant. A force de monter les tentes, d'tirer les charrettes, on s'fait des bras ! Ça s'rait ennuyant de n'plus rien faire ! Puis toi aussi t'es en forme. », dit-elle en riant avant de rajouter, « Oui, j'sais m'battre ! Mais nous sommes pacifiques. On n'se bat qu'pour s'défendre ! »

Et il proposa de faire la course jusqu'au sommet.
L'élémentaire l'observa quelques secondes en silence, puis un immense sourire apparut sur son visage amusé. Être pacifique n'empêchait pas de faire de la compétition !

« OUAIS, avec plaisir ! Pour pas qu'tu t'perdes, le camp'ment est dans cette direction, puis faut tourner là, quitter le sentier tracé, suivre ces cailloux, passer derrière c'lui-là, prendre c'chemin détourné, faire quelques virages et tu verras un rocher avec un trou. C'est là ! On va dire qu'l'arrivée sera l'rocher d'avant, celui en forme de dune, parce que l'guet va te voir et si t'arrive en courant, ça pourrait l'inquiéter… J'vais t'laisser un peu d'avance ! J'connais l'chemin par cœur. »

Ether observa le garçon partir, et lorsqu'il disparut de son champ de vision, elle jeta un œil autour d'elle pour vérifier que personne ne pourrait la voir, avant de finalement se dématérialiser intégralement en vent, disparaissant de tous les regards. Circulant entre les rochers tout en prenant son temps pour de l'air, elle croisa le garçon qui l'impressionna par son actuelle rapidité. Effectivement, c'était un ninja et plutôt un bon on dirait ! Mais elle arriverait la première, c'était certain. Une fois au rocher en forme de dune, elle réapparut derrière celui-ci pour qu'il ne la voit pas, puis sauta à son sommet pour l'attendre. Lorsqu'il arriva enfin peu de temps après la nomade, elle l'accueillit en souriant avec malice.

« Bah, j'ai failli attendre ! », elle sauta de son caillou et se rapprocha de lui, « Tu dois être rapide en combat, on t'bat pas souvent, nan ? »

Le temps de se remettre de la course et hop, elle l'emmènerait au campement.
Comment ses pairs allaient-ils réagir ? Oh, assurément bien ! La question était plutôt comment son père allait-il réagir ? Alors là...

Le garçon fut évidement surpris de la voir, ce qui accentua davantage le sourire malicieux de la jeune femme. Ne côtoyant que très peu d'humains de son âge, Ether n'avait que rarement l'occasion de s'amuser de cette façon. Hormis ses escapades aventureuses – voire presque dangereuses – la blonde ne jouait qu'avec les enfants de la tribu, non pas que ça la dérangeait, bien au contraire, mais elle ne serait pas contre des personnes plus âgées. Même si, au passage, ces derniers ne partageaient pas ses convictions pacifiques. Bao s'inclina comme pour accepter sa victoire à leur petit jeu. Fort heureusement, il ne semblait pas déçu. Étrangement, il apparaissait même comme de très bonne humeur. Oh, c'est bien, il ne réagit pas comme la plupart des Normaux le ferait s'il se faisait battre ainsi. Ce comportement plus qu'appréciable fit plaisir à la jeune nomade, à présent – presque - certaine que sa visite se déroulerait sans problème. Modeste, le sunajin n'hésita pas à révéler qu'il s'était avoué vaincu plus d'une fois, en particulier contre son père qui, semblerait-il, serait capable de détruire un village avec une épée en bois. La comparaison sonna bizarrement aux oreilles de la demoiselle, se demandant bien pourquoi quelqu'un irait raser une pauvre bourgade sans défense avec un bâton. Peut-être une autre des innombrables façons qu'avait certains humains de se prouver quelque chose ? Cependant, lorsqu'il dit de manière enjouée qu'il ne s'était jamais battu avec sa vie en jeu, le sourire de la Gogyou perdit légèrement en intensité et son regard se fit vague.

« Ne soit pas pressé que cela arrive. », dit-elle distinctement avant de reprendre son sourire lumineux habituel, « C'vrai qu'elle est belle ton épée ! Mon trésor à moi, c'est ça ! »

Elle sortit son vieux paquet usé de Uno ayant jadis appartenu à son aîné feue Thresha.

« Nous, nomades, n'avons aucun attachement matériel. Mais... J'garde c'paquet depuis des années. J'le donn'rai pour rien au monde. », elle le rangea dans son écharpe de hanche, « Pour ton épée, c'ton trésor, j'te demand'rai pas d't'en séparer, laisse-la seul'ment au fourreau tant qu'on t'demande pas à la voir. »

Les armes n'étaient pas réellement prohibés au sein du campement, les nomades n'appréciaient seulement pas leur nature et ne s'en servaient qu'en cas d'extrême urgence, lors d'une attaque par exemple. Bao était très enthousiaste à l'idée de visiter le campement et commença à se diriger vers celui-ci. La demoiselle le rattrapa en sautillant et le dépassa de quelques foulées, avant de lui faire un geste de la main.

« J'vais prév'nir not' arrivée ! »

Ether s'éclipsa rapidement et rejoignit le guet qui avait depuis bien longtemps, remarqué les deux zigotos. Après avoir rapidement fait le résumé de la situation, « invité », bla bla bla, « miam miam », il lui répondit par un sourire amusé et partit annoncer le reste à l'Ancien plus loin. Elle revint ensuite vers le garçon et l'incita à la suivre. C'est ainsi qu'ils passèrent les rochers les séparant du lieu où vivait la tribu de la Gogyou. Pas une seule maison ou construction en vue, rien que des tentes. Il était évident qu'elles avaient toutes vécues, et la plupart d'entre elles étaient rafistolées à divers endroits par des étoffes de différentes nuances. Il suffisait de pencher la tête pour apercevoir l'intérieur et remarquer que le sol était généralement recouvert de tapis tissés à la main et de nattes tressées. Comme à l'image d'un village, les tentes étaient disposées de sorte à créer des allées, ainsi qu'une place centrale où tous se retrouvaient pour les repas, les fêtes ou les réunions en tous genre. Le campement était animé, ses habitants circulant ou s'attelant à diverses tâches. Certains raccommodaient des toiles, d'autres fabriquaient des bijoux traditionnels, les cuisinières préparaient le repas et les enfants jouaient entre eux. Lorsque ces derniers aperçurent Ether, ils coururent vers elle en criant.

- Ether, Ether ! On veut not' revanche au Uno !
Ouais, on va gagner cette fois !
Vrai de vrai, suis certaine !
C'est qui lui ? C'ton n'amoureux secret ?
Woah, il a une épée !
Nan, c'est un sabre d'abord !, firent des enfants surexcités mais pas étonnés de voir un étranger. Ils s'approchèrent de lui et l'encerclèrent pour l'observer avec de grands yeux, certains touchaient ses vêtements et une petite fille attrapa l'une de ses mains.

« Alors c'pas demain la veille qu'vous gagnerez ! Et... », ria-t-elle avant de froncer les sourcils d'incompréhension, « C'quoi un na-mou-reuh ? »

« ETHER ?! »

Aha... Papa.
L'élémentaire fit comprendre d'un geste à Bao de ne pas s'inquiéter, c'était tout à fait normal. Un homme élancé au visage fin et au corps travaillé, aux cheveux d'un blond plus ou moins vénitien et des yeux jaune-orangés, fit son apparition entre deux tentes. Il était suivi de près par une femme aux cheveux argentés et au regard transparent. Son visage était doux et amical, et lorsqu'elle aperçut l'étranger, elle sourit doucement. Tous les deux semblaient jeunes, le père plus que la mère étrangement. Quelques nomades s'étaient approchés par curiosité. Pour quelle raison Hélios haussait-il encore la voix ? Lorsque le prénommé Hélios en question aperçut le garçon, il se figea sur place, interdit. Qui... était... ce... type ? D'où sortait-il, pourquoi était-il avec SA fille ? Trop près d'ailleurs. Beaucoup trop près. Écartes-toi d'elle, pas touche ! Ksss, ksss !!! Le père fit de son mieux pour ne pas trahir sa nervosité et la main de sa femme sur le bras l'aida à se contenir. D'une voix qu'il voulut poli, il demanda délicatement ;

« Ether... Qui est ce garçon ? », dit-il avec la mâchoire crispée.
« J'te présente Bao ! Il vient du coin ! », dit-elle toute guillerette, « J'l'ai rencontré à l'oasis en bas, il s'lavait et donc... »
« Il se... lavait. », fit Hélios entre ses dents.
« C'est c'que j'viens d'dire. Mais j'pas fini. », dit-elle en faisant semblant de le réprimander.
« Mh. Elle n'a pas fini. Aha... Elle n'a pas... fini. », il eut un petit mouvement de tête sur le côté.

Sentant venir la crise que tous attendaient depuis des lustres, une petite foule s'attroupa derrière des tentes. Tous voulaient assister à ce fameux instant ; celui où Ether ramènerait quelqu'un et la réaction qu'aurait Hélios. Même s'ils savaient tous que leur élémentaire de vent était complètement hermétique aux relations dites « intimes », n'ayant pas été briefée sur le sujet, le plus drôle était de voir son père s'arracher les cheveux. Cependant, connaissant les tendances du Gogyou de foudre à se laisser aller à la colère, chacun préférait garder une certaine distance de sécurité. Ils avaient attendu cet instant toute leur vie, pas question de le louper ! Naïvement, la blonde continua sur sa lancée.

« T'vas rigoler. Quand j'l'ai vu, j'ai cru qu'il s'faisait attaquer par un serpent, mais pas du tout ! J'ai attrapé l'faux serpent et j'ai tiré ! J'ai failli l'noyer. Mais en fait, c'tait c'qu'il avait entre les jambes ! … T'savais qu'y avait un truc là ? »
« Tu as... entre les jambes. De ce garçon. Il était... D'acc-krrr. », fit-il d'une voix étranglée.
« Tu m'l'avais pas dit ! T'sais, faudrait qu'on parle. Parce qu'lui il a été surpris qu'j'ai pas d'pénis qu'il disait. J'ai failli croire que... »
« Krrr, pardon, QUOI ?!! Pén... Pén... Comment ça surpris que tu n'ai pas de... ?! Parce que... Tu ne portais rien ?!! », la coupa-t-il, abasourdi.
« Bah non ! Il portait rien, alors j'ai tout enlevé ! », dit-elle joyeusement.

Sur tous les visages, l'on pouvait voir un sourire grimpant jusqu'aux oreilles.
La scène était si épique... Si Hélios continuait de s'étrangler intérieurement, il allait finir par tomber raide ! Aura, sa femme, se mit à rire doucement, mais mit immédiatement sa main dans celle de son mari, ainsi, aucun éclair ne sortirait de ses mains. Effectivement, la mère d'Ether était peut-être la seule personne capable de contenir l'élémentaire de foudre, c'est pourquoi elle n'était jamais loin lorsqu'il passait un savon à leur enfant. Elle agissait un peu comme un catalyseur.

« Tu... Toi... J'vais te... », balbutiait le père, incapable de trouver ses mots.
« Mais maint'nant, j'sais c'qu'vous avez entre les jambes ! C't'un pénis ! Pénis ! C'marrant comme mot ! … Et moi, c'quoi l'trou ? »

Des rires parcoururent toute l'assemblée.
Hélios serrait les dents. La main d'Aura dans la sienne, il faisait de son mieux pour se contrôler. Sa main libre était parcouru de spasmes mais cessa immédiatement de trembler lorsqu'une voix puissante mais âgée résonna dans tout le campement.

« Allons, allons ! Quel est tout ce vacarme ? Un vieil homme ne peut-il pas roupiller honteusement lorsque son élève est de sortie ? »

La foule se scinda en deux pour laisser passer Alecto, dit l'Ancien.
Comme toujours, l'Ancien imposait de sa présence le silence et le respect. Il n'était pas à proprement dit le chef de la tribu, mais tous s'accordaient à le considérer comme tel. Il avait la prestance et malgré son âge, le temps ne semblait pas réellement avoir de prise sur lui. L'on savait qu'il était âgé, mais rien de plus. Le « Vieux » comme se plaisait à l'appeler Ether, ne se tenait pas courbé, mais bien droit. Et bien que ses cheveux étaient parsemés de gris, certains persistaient à conserver leur couleur brune comme la terre. Son sceptre taillé dans la roche semblait plus être là pour le style que pour le soutenir, bien qu'en vérité, il était un outil bien plus utile que cela. L'élémentaire de terre s'approcha doucement du duo de jeunes gens entourés d'enfants, et d'un ton serein, s'adressa à la demoiselle.

« Et bien, tout ce bruit pour toi encore. Qui est donc ce garçon ? », dit le Gogyou avec malice.
« Bao Sharrkan ! Il vient du coin mais vit à Suna ! »
« Alors... Bao, fils du désert, sois le bienvenu au sein de notre tribu. Je me prénomme Alecto, l'Ancien de ce clan. Tu arrives pile au bon moment. Il sera bientôt temps de se regrouper pour le repas. J'espère que tu nous fera le plaisir de te joindre à nous. »

Après s'être incliné en guise de salutation, il sourit une dernière fois et fit demi-tour.
Lorsqu'il parvint à la hauteur de l'élémentaire de foudre, il posa une main sur son épaule avant de lui lancer d'un air amusé ;

« Il serait peut-être nécessaire de discuter de toutes ces choses que tu as tant éludé jusqu'à présent avec ta fille, ne crois-tu pas ? »
« A ce propos... Vous ne pensez pas que... Vous... Enfin... Que vous seriez le mieux placé pour discuter de tout ça avec elle ? Je veux dire... C'est que je ne suis pas très doué pour... »

La fameuse claque à l'arrière du crâne comme l'Ancien savait si bien le faire fut son unique réponse.

« Ok... », fit un Hélios tout pataud.

Une fois la foule dispersée, non sans avoir salué chaleureusement le nouvel arrivant, Ether put enfin souffler. Elle se tourna joyeusement vers son camarade et l'attrapa par le bras pour l'emmener vers sa mère qui n'avait pas bougé.

« Bao, j'te présente ma maman ! M'man, il adore tes pâtes de fruits ! »
« Aura, enchanté Bao. », elle lui prit délicatement la main entre les siennes, « Je suis ravie de savoir que mes pâtisseries te plaisent. Et... Je tiens à m'excuser pour le comportement de mon mari. Il faut dire qu'il est très protecteur envers Ether et... Étant donné que tu es la première personne qu'elle ramène... Mais il n'est pas méchant ! Chéri ? Viens dire bonjour. »

Méfiant, le père s'approcha doucement du garçon, le regard fixé sur le visage de ce dernier.
Tous les nomades avaient remarqué son arme, mais si c'était Ether qui ramenait cet inconnu, alors le risque était moindre. Et puis, les enfants ne le quittait pas, ce qui voulait dire beaucoup. D'abord hésitant, le Gogyou de foudre tendit la main à Bao. Il était tenté de lui envoyer une bonne décharge en guise d'avertissement du style « tu touches à ma fille, je te grille les couilles avant de m'en faire un slip ». Mais cela pourrait également susciter des soupçons, alors il se contenterait de rendre sa poigne à ce sunajin.

« Hélios. Père d'Ether. »
« Et si tu lui faisais visiter les lieux ma chérie ? »
« Ouais ! Viens Bao, vais te montrer les tentes, tout ça ! »
« Mh. Les tentes. », s'étrangla-t-il à nouveau.

Et elle l'emmena toute guillerette faire un tour. Ah, que c'est beau d'être ignorante !

Heureux de la relation de confiance qui se construisait peu à peu entre lui et la nomade, Bao prit le temps de décortiquer le petit paquet de cartes. UNO ? Il n’y avait jamais joué pour être honnête, ce n’était pas quelque chose qu’il mettrait impérativement sur sa liste non plus, mais si c’était si important pour elle, il essayerait peut-être. Suivant cette petite présentation, elle lui expliqua qu’il était mieux de ne pas sortir Hebimuchi de son fourreau, ce qu’il comprenait, après tout, c’est normal, il ne connaissait rien d’eux !

- Ne t’en fais pas, bien que j’adore cette épée, il n’est intéressant de l’utiliser que dans quelques rares moments, elle restera donc ici bien en sécurité autant pour vous que pour moi.

Ensuite, le duo remonta encore un peu plus haut, passant les présentations, Bao était déjà subjugué par l’endroit, c’était incroyable de voir qu’encore tant de gens vivaient ici et ainsi, sans crainte… D’origine, tous les clans étaient ainsi de se qu’il savait, mais maintenant qu’il voyait ses gens si heureux, il se demandait bien comment on avait pu vouloir quitté tout ceci pour le confort de mur si grand, s’était comme s’enfermer dans une prison… Décidément, Bao n’était pas fait pour vivre en captivité.

- Ether, Ether ! On veut not' revanche au Uno !
-Ouais, on va gagner cette fois !
-Vrai de vrai, suis certaine !
-C'est qui lui ? C'ton n'amoureux secret ?
-Woah, il a une épée !
-Nan, c'est un sabre d'abord !

Certains des enfants s'approchèrent de lui et l'encerclèrent, le dévisageant comme s’il n’avait en face d’eux qu’un singe habillé, ou du moins c’était l’impression qu’il avait. Certains plus téméraires touchaient ses vêtements et une petite fille attrapa même l’une de ses mains, surpris, il se laissa faire et leur sourit gentiment, Bao aimait bien les enfants, tant qu’il n’était pas trop pleurnichard, mais ceux-ci semblait plein de vie en comparaison avec ceux du village, beaucoup plus docile et silencieux…

Ensuite, se qui semblait être le père d’Ether se présenta, ils discutèrent et l’épéiste jugea bon de ne pas les interrompre, il voyait bien que sa présence n’était pas la plus désirée par l’homme, mais d’un autre côté, comme dans sa propre demeure, la femme plus douce apparaissait et semblait pouvoir calmer un peu le mâle dominant.

Peu de temps après le début de la conversation qui laissait croire le pire, Bao aperçu un autre homme imposant, plus dur physiquement que le premier, celui-ci d’un air plus jovial l’invita à souper, s’était à n’y rien comprendre, mais lui de son côté, un peu gêner d’être au centre de l’attention ne désirait pas en rajouter pour l’instant, il acquiesça simplement en rajoutant :

- Oui cela me ferait plaisir, Ether m’a déjà fait gouter l’une de vos spécialités fruitées, j’ai bien hâte de voir la suite !

Bien évidemment, les présentations continuèrent, la jeune femme lui présenta sa mère, une dame admirable dont il prit bien le temps de venter un peu les talents.

- Oui, j’ai adoré votre préparation ! Ma mère fait quelque chose de semblable, mais la vôtre est bien plus sucrée ! C’est un plaisir de faire votre connaissance !

Finalement vient le tour du père, il vit en lui le regard qu’il voyait dans le sien, choses qui le fit sourire de toutes ses dents, puis alors qu’Ether le tirait doucement vers les tentes, Bao s’exclama :

- Ho attend regarde, je vais faire plaisir aux enfants !

D’un geste rapide, Bao porta ça main sur la garde de son arme et aussitôt, une tonne de bandelettes d’environ deux mètres de long s’enroulèrent autour des enfants afin de leur confectionner divers sièges, à la manière d’une pieuvre, ils supportaient chacun d’eux grâce à sa plus fidèle amie, il ne restait plus qu’à espérer que l’élémentaire de foudre ne veuille pas l’électrocuter vif pour se geste qui aurait pue être mal interpréter, mais bon, d’un autre côté, les enfants semblaient bien s’amuser sur cette espèce de manège inventé à la va-vite.

- héhé, je ne savais pas que les enfants de ta tribu étaient aussi joyeux c’est plaisant ! À Suna ils adorent que je fasse la pieuvre avec Hebimuchi ! Jusqu’ici tout le monde à l’air super sympa Ether !

Hélios regarda partir les deux jeunes gens à travers le dédale de tentes, l'air sévère et inquiet à la fois. Il ne saurait dire si tout cela était une bonne idée ou non. Bien sûr que sa fille devait se faire des amis, il n'était pas contre ça, c'était juste que... Il aurait préféré que ce soit des Normaux et non des Autres. Bien que dans les deux cas, c'étaient des humains, elle risquait moins en compagnie d'un être dépourvu de capacités ninjas que le contraire. Aura le rassura en passant doucement son bras autour du sien.

« Ne t'inquiètes pas. Ils sont jeunes, laisse-les s'amuser ! Et puis, notre Ether sait se défendre. c'est ta fille après tout ! », dit-elle avec un clin d’œil.

C'est vrai.
Il s'inquiétait probablement pour rien.
Et puis, elle avait l'air si joyeuse de montrer l'endroit où elle vivait pour la première fois à un potentiel ami. Puis un geste du garçon l'interpella et Hélios se figea sur place, la main ouverte, près à réagir. Malgré son éloignement dans le campement, l'Ancien restait sur ses gardes. Maîtrisant la terre, il pouvait modifier l'environnement selon ses désirs dès que cela s'avérait nécessaire. Même Ether, malgré sa naïveté, se montrait prudente. Alors lorsque Bao porta la main à son arme, la jeune femme craignit durant quelques secondes que sa plus grande bêtise avait été de l'amener au sein du campement. Mais elle comprit plus vite que son père que son geste n'avait rien d'agressif. Profitant du fait que le sunajin était occupé sur son arme, la Gogyou de vent se déplaça d'un bond pour atterrir auprès de son père, et lui attraper la main. Une légère décharge parcourut son corps, mais rien de plus. De l'extérieur, l'on pouvait seulement voir une fille tenir fortement la main de son père. Au final, la blonde avait eu raison ; le garçon n'avait porté à son arme seulement pour jouer avec les enfants. Une fois assurée que son paternel n'électrocuterait personne, Ether lâcha sa main et revint vers Bao. Avec des bandelettes, il avait crée une sorte de machin tournant que les gamins semblaient apprécier. Qu'était-ce cette chose ? Curieuse, elle observa le manège avec grand intérêt.

« Les enfants sont les sourires de not' tribu. », dit-elle joyeusement.
« Oui. Il est important qu'ils continuent de rire malgré la dureté et les dangers de la vie. », rajouta Hélios entre ses dents, essayant vainement de se détendre.
« Aussi loin qu'nos écrits r'montent, nous avons toujours été pacifiques. Et nous continuons de l'être. C'peut-être pour ça qu'nous sommes souriants »
« Mais la plus joyeuse ici, c'est sans conteste notre petite Ether ! », soupira affectueusement Aura, « Ils essaient tous de l'imiter. Même si ce n'est pas toujours une bonne idée... Allez, faites un tour et rejoignez-nous à la place de la réunion. »

Un petit bisou à ses parents, et puis Ether emmena Bao avec elle.
La jeune fille lui fit visiter plusieurs tentes, lui indiqua celle où elle dormait avec sa famille, puis lui montra également quelques membres du clan en train de fabriquer des étoffes ou des bijoux. A chaque fois qu'ils circulaient entre les tentes, ils croisaient des nomades qui les saluaient. Elle l'emmena même à la tente sous laquelle la plupart de la nourriture était préparé. Ainsi, il put observer en temps réel, comment les mets pour le repas qui arrivait, étaient faits. Du poisson, du riz, des légumes, des fruits, le tout avec des insectes grillés ou réduits en poudre, mais aussi des scorpions, scarabées et autres petites bestioles. Mais pas de viande.

« T'vas voir, ça va être super bon ! »

Il était temps de se mettre à table.
Ether emmena le sunajin avec elle à la « place centrale » ;
Autour d'un foyer où les braises étaient froides, des dizaines et des dizaines de nattes et autres tapis étaient rassemblés de sorte à ce que tous aient les fesses sur de la matière autre que la terre. Au début, tous s'assirent en un grand cercle. Au centre, tous les bols en terre cuite remplis de nourriture. Chacun avait une gamelle dans laquelle manger et il suffisait de se servir en se levant ou en se faisant passer le bol demandé. Pas de couverts, on mange avec les doigts. L'Ancien prononça quelques mots comme à chaque repas, remerciant le désert, la nature et Gaïa pour leur offrir ces mets, et souhaita à nouveau la bienvenue au sunajin parmi eux. Si au départ tout le monde était en un cercle bien ordonné, petit à petit, il se déforma pour se rétrécir, de sorte à ce que tous puissent communiquer avec tout un chacun. Bao avait été placé entre Ether et l'Ancien. Les parents de la demoiselle se trouvaient à 2-3 personnes plus loin, le père toujours le regard inquisiteur. Les discussions battaient leur plein, saupoudrées de rires et autres sons. Alecto, l'Ancien de la tribu, se tourna vers le garçon.

« Alors mon garçon, le repas te plaît-il ? », puis son regard glissa doucement vers l'arme toujours à ses côtés, « Dis-moi, Hebimuchi, ce nom m'est familier. Ce n'est pas un sabre ordinaire que tu as là, n'est-ce pas ? », dit-il en souriant doucement, « J'espère que tu en fais bon usage. Ce n'est pas une arme à mettre entre toutes les mains. », il porta la coupelle de terre servant à boire à ses lèvres, « … Mais je sens que tu as les épaules pour la tenir. Qu'attends-tu du futur ? »

Alecto ne laissait absolument rien transparaître.
Toujours pourvu de ce calme olympien, il se contentait de sourire doucement au jeune Bao, tout en l'observant plus en profondeur. Oui, il ressemblait bien à celui auquel il pensait, tout en ayant quelques traits caractéristiques d'un visage bien connu. Aux paroles du garçon quant à la cuisine de sa mère ressemblant étrangement à la leur, l'Ancien eut un sourire énigmatique, alors que plus loin Hélios se contenta d'un méprisant « peuh ! ».

« Peut-être a-t-elle apprit de quelqu'un qui nous ressemble, qui sait ? », dit-il sur un ton sibyllin.

Et il continua de manger tranquillement. Ether ne faisait pas réellement attention à tout ça. Hebimuchi ne lui disait absolument rien, l'Ancien faisait des allusions bizarres et son père avait toujours ce regard noir en direction de Bao, et parfois un air médusé vers Alecto. L'élémentaire de foudre qu'était le père d'Ether avait toujours su que le vieux avait donné sa bénédiction à la fuite de vous-savez-qui, et c'était justement ça qui l'hallucinait. Comment avait-il pu la laisser partir avec un... Avec un type pareil ?! Contrarié, il termina son bol d'une traite et se resservit dans la foulée pour noyer sa frustration dans la nourriture. L'élémentaire de vent, quant à elle, écoutait à présent attentivement les dires du sunajin à propos de son sabre. Apparemment, son tranchant ne se révélait que face à l'ennemi. Ah bah j'espère qu'elle marchait hein, ça serait con de ne pouvoir que taper avec comme un bâton ! Même si de toute façon, Ether n'aimait pas les armes.

« Je comprends, ne t'inquiète pas. Je ne te demanderais pas de t'en débarrasser. Nous avons tous nos petits trésors. », dit-il d'un air compréhensif.

Lorsque le sunajin cita plus ou moins les paroles de celle qui était probablement – assurément - sa mère, Alecto eut un petit rire, Aura sourit doucement et Hélios cessa de manger, l'appétit coupé, et le visage boudeur. Puis une chose étrange se passa. Ether s'arrêta net, ainsi que son père et certains membres de la tribu. Ils sentaient quelque chose. Quelqu'un approchait. La Gogyou de vent ne maîtrisait pas encore tout à fait cette technique, n'ayant pas assez pratiqué auprès de son maître, mais parvenait néanmoins à ressentir leur présence. Ils étaient deux, même si c'était assez flou, et se déplaçaient à une immense vitesse. Dans quelques secondes, ils seraient là. Ne sachant trop s'ils étaient agressifs ou pas, le peu qui purent les détecter se mirent en position pour les accueillir. Hélios était debout devant sa femme, les poings serrés. Ether se tenait aux cotés de quelques enfants et les autres s'étaient éparpillés auprès des membres incapables de se battre. Bao ne devait sûrement pas trop comprendre ce que cela signifiait. Étrangement, l'Ancien n'avait pas bougé d'un pouce. Toujours assis en tailleur en train de siroter son thé vert et de grappiller dans son bol, il patientait bien sagement, comme si rien autour de lui n'avait changé. Et sans crier gare, un duo d'inconnus pas si inconnus atterrirent au centre des nattes et autres tapis. N'attaquant jamais tant qu'ils n'étaient pas certains des intentions des autres à leur encontre, Ether se contenta seulement de se mettre en position, souriant toujours malgré elle. Sur le couple fraîchement arrivé, tous les regards étaient posés. Certains plissèrent les yeux, comme si ces étrangers leur semblaient familiers. Bao brisa le silence et c'est ainsi qu'ils apprirent que ces importuns étaient ses parents.
Quoi, ses parents ? Ah bah ça pour une surprise ! Ether ne comprenait pas tout à fait ce qu'il se passait. Donc ces gens ne leur voulaient aucun mal, c'est ça ? L'on aurait dit que personne n'était réellement sûr en fait. La femme assura qu'ils les connaissaient déjà très bien, mais la nomade du vent n'en avait aucun souvenir. Puis l'homme attrapa l'une des friandises de sa mère des mains de celui qui était apparemment son fils, et complimenta Aura, comme quoi cela lui avait manqué, avant d'envoyer un clin d’œil à Hélios. Un éclair parcourut l'intégralité du bras droit de l'élémentaire de foudre, trahissant sa colère, et il eut un mouvement de tête un peu reptilien pour s'en débarrasser. Houlà, il se passe quoi là ? Complètement perdue, la Gogyou d'air ne savait trop comment réagir. Ces gens connaissaient sa tribu ? Finalement, Alecto demanda d'un signe de la main à ce que tout le monde reste calme et se leva doucement. Lentement, il se dirigea vers le couple, le visage neutre et les mains liées entre elles. Il se planta devant eux et les observa en silence.

« Un vol n'en est pas un lorsqu'il est approuvé. », dit-il avec grand sérieux.

Puis enfin, un sourire apparut sur son visage et il donna une tapette à l'arrière du crâne de l'homme, comme il le faisait avec tout le monde.

« On ne parle pas comme ça à un homme de mon âge, malappris. », plaisanta Alecto, « Il vous en aura fallu du temps. »

Puis il se tourna vers la femme aux côtés de Tetsuken, un sourire affectueux sur les lèvres, et déposa ses deux mains sur les épaules de celle-ci.

« Safaia. Je me demandais quand est-ce que tu aurais le courage de venir seulement nous saluer. Je suis heureux que ce jour soit enfin arrivé. »

Effectivement, l'élémentaire de terre avait toujours su que le couple se trouvait non loin de leur campement. Pendant des années, il avait attendu qu'ils daignent pointer leur bout de nez, ne serait-ce que pour un modeste bonjour. Car oui, ce n'était pas au clan de faire un geste vers eux, mais au couple. L'Ancien n'avait jamais tenu rigueur à Tetsuken pour avoir emmené Safaia avec lui, après tout, un choix de ce genre se fait à deux. En revanche, il était certain que ces deux-là connaissaient leur position depuis des années, et le fait qu'ils n'aient jamais tentés de les contacter le rendait triste. Surtout que les membres de la tribu descendaient souvent à l'oasis. Enfin, surtout Ether au final. Et c'était d'ailleurs grâce à son escapade que ces retrouvailles se faisaient enfin ! Mais si le Gogyou de terre n'avait aucune animosité à leur égard, ce n'était pas le cas d'Hélios. Ce dernier leur en voulait terriblement. A l'époque, Safaia était comme sa grande sœur à ses yeux, et Tetsuken, un simple abruti notoire du coin, jouant de son épée mythique pour la charmer. Et ça avait marché. Au fond, il ne détestait pas seulement ce type pour la façon dont il le voyait, mais pour avoir emmené au loin celle qu'il considérait comme sa famille la plus proche, étant orphelin de mère à la naissance et de père bien avant celle-ci. Il lui avait arraché l'une des personnes à laquelle il tenait le plus au monde avec Aura, et Ether à présent. En quittant la tribu, Hélios s'était comme senti abandonné par sa sœur, comme si leur lien n'avait jamais eu d'importance pour elle. Pas de nouvelles, rien, que dalle ! Il avait fini par la considérer comme morte, même s'il savait que ce n'était pas le cas. Plutôt la renier que de l'imaginer avec ce gonze. Et maintenant, voilà que sa propre fille ramenait le fils de cet imbécile ?! Il voulait quoi, la lui prendre aussi ?!! Non, elle n'irait nulle part ! La mâchoire crispée, il s’avança légèrement. Aura préféra ne pas bouger.

« AH, tu fais le fier, hein ? Quelque chose qui n'a pas changé à ce que je vois... Si c'est pour ton fils que t'es venu, prends-le et va-t-en. »,dit-il entre ses dents,
« DEGAGE !!! », finit-il par hurler, des éclairs au bout des poings.
« Hélios, calme-toi, c'est ta rancune qui parle. Je sais ce qu'elle représentait pour toi, mais c'était son ch... »
« Son choix, vous dites ?! SON CHOIX ?!! J'en ai rien à foutre que c'était son choix ! Elle nous a abandonné ! Elle M'A abandonné ! », il se tourna vers Safaia, « Notre promesse, tu l'a sacrément suivi, hein ?!! Ensemble quoiqu'il arrive, mon cul ouais ! Tu n'as pensé qu'à toi, jamais aux autres, à ce que l'on aurait pu ressentir après ton départ. Tu es presque partie comme une voleuse !!! Pas un au revoir digne de ce nom, RIEN !!! Pour que tu restes auprès de nous, j'aurais même accepté que cet imbécile que tu as choisi comme mari nous rejoigne ! Alors qu'il se balade avec une arme de mort et que le mot pacifisme lui est limite inconnu. Avec toi auprès de nous, peut-être que l'on aurait pu surmonter toutes les épreuves qui ont suivis ton départ. En même temps, je pourrais être heureux, tu es en vie, contrairement à certains des nôtres. », il était à la limite de pleurer de rage, mais aux souvenirs de ce passage atroce, son regard devint douloureux, remplis d'une tristesse désespérée.
« Tu remarqueras que des visages que tu as connus ne sont plus parmi nous. Oui. Beaucoup ont été tués depuis. Les derniers en date sont des gens que tu connaissais très bien d'ailleurs. Les seuls élémentaires qu'ils restaient au sein de notre tribu hormis nous sont morts lorsque l'on a voulu traverser Hi no Kuni. Je parle bien de Thresha, Panthos et le jeune Kreth que vous n'avez pas connu, le frère de Panthos. Tu te souviens d'eux...? Et bah j'espère bien, car il ne se passe pas un seul jour où je repense à cette nuit ! Ma fille que tu vois là, », il eut un regard triste pour Ether, qui ne comprenait toujours pas ce qu'il se passait. Ces gens connaissaient donc leur nature ? Ça expliquerait pourquoi son père ne se cachait pas, « ...n'avait pas plus de 6 ans lorsque c'est arrivé. Comme d'habitude, nous élémentaires voyagions séparément du reste du groupe pour leur éviter tout danger, car Konoha était connue à l'époque pour nous haïr tout particulièrement, si tu te rappelle. Mais on s'est fait repérer... On a tout fait pour les semer, mais rien à faire. C'est là que... Que Thresha s'est donné en appât pour nous permettre de fuir. Elle est en morte en vain car ils nous ont retrouvés. J'ai été touché et j'ai perdu Ether dans ma chute. Kreth a volé à son secours. Ce n'est que plus tard que l'on a remarqué que Kreth avait été transpercé de part en part en la sauvant... Il est mort de ses blessures un peu plus tard, non loin de la frontière avec Ta no Kuni où l'on allait se réfugier et rejoindre la caravane. », il réprima un sanglot dans sa voix, « Il était si jeune... Il ne méritait pas de mourir ainsi. Panthos n'a pas supporté de perdre celle qu'il aimait et son frère en si peu de temps. Il... Il s'est fait explosé en décimant les derniers poursuivants. Lui qui était conscient du pouvoir destructeur que possédait son élément, qui ne s'en était jamais servi, a succombé. La rage et la souffrance l'ont consumé dans les flammes. Et si tu avais été là, peut-être que tu aurais pu nous aider ! PEUT-ÊTRE QU'ILS NE SERAIENT PAS MORTS !!! Peut-être qu'Ether n'aurait pas eu à assister à ces morts atroces, peut-être que... », il reprit sa respiration, [color=goldenrod]« Et après toutes ces années sans un mot... Te voilà pour ton fils. », il regarda Bao d'un air las, « Y'a pas à dire, il te ressemble vachement Tetsuken. Je l'ai su dès que je l'ai vu. Est-ce qu'il est comme toi, à voler les filles des autres ?! », maintenant des éclairs parcouraient l'intégralité de son corps.

« PAPA ?! »

Ether avait senti que son père était à bout, et elle se dématérialisa immédiatement pour se téléporter dans la seconde face à lui. Les éclairs cessèrent instantanément. La jeune fille ne souriait plus, ce qui n'arrivait quasiment jamais. Toute la tribu ne bougeait pas, impuissante face à la situation. C'était une histoire entre Tetsuken, Safaia et Hélios. Ils n'avaient pas à s'en mêler. L'Ancien le savait très bien, c'est pourquoi il ne réagit aucunement. Le Gogyou de foudre avait besoin de se libérer un peu de toute la frustration qu'il avait accumulé durant toutes ces années.

« Ether, tu ne comprends pas... »
« SI ! J'comprends très bien ! J'sais qu't'es en colère, que tu as mal et qu't'es triste... Mais Safaia, c'est ça ? N'est pas responsable de tout ça ! Elle n'a fait qu'suivre quelqu'un qu'elle aimait bien. », Ether ne connaissait pas l'amour et ne comprenait pas ce sentiment, alors pour elle, l'ancien membre de leur tribu était seulement partie avec un ami sympa, « Tu l'accuses de tous les maux, mais ça n'a pas d'sens ! Qu'elle aurait été là ou pas, ça n'aurait rien changé à la mort de Thresha, Panthos et Kreth. Pire, p'têtre qu'elle serait morte elle aussi ! C'est ça qu't'aurais voulu ? Qu'elle retourne à Gaïa ?! C'est égoïste ! Et nous n'sommes pas égoïstes. »
« Non, bien sûr que non... C'est juste que... »
« Alors arrête ! La colère t'consume comme elle a brûlé Panthos. Tu n'peux pas, t'as pas l'droit ! Tu devrais être content d'la r'voir, elle est vivante, heureuse. Tu veux quoi d'plus ? Puis laisse Bao en dehors d'ça, il a rien fait. C'moi qui l'ai amené ici, c'mon invité ! Il partira pas si j'veux pas. Et j'veux pas ! D'ailleurs... On n'vole pas les gens. Ça s'vole pas une personne. Surtout si c'est d'accord des deux côtés. Donc m'sieur Tetsuken n'a rien fait d'mal non plus. Donc tu sers la main, tu fais un câlin et puis voilà. C'fini et on va manger l'dessert ! »

Le père ne savait pas trop quoi dire.
Mh, il se faisait faire la morale par sa fille. Certes, elle faisait ça de manière très maladroite, mais elle venait de le faire. Ça craint. Il l'avait bien élevé en fait. Il pouvait être fier ! Respirant un grand coup, il ébouriffa le crâne de sa progéniture.

« Tu as raison. Je me laisse envahir par la rancune. Je... j'aurais dû plutôt être heureux de revoir celle qui est un peu comme ma sœur. Décidément, me demande qui c'est qui est le plus intelligent entre nous deux. »
« Bah c'moi, c't'évident ! », plaisanta-t-elle.
« Ouuuh, la saleté ! Viens ici toi... »

La tension électrique qui parcourait le campement depuis l'arrivée des étrangers disparaissait lentement. Hélios déposa un baiser sur le front de sa fille, puis rassura sa femme, avant de se diriger vers Safaia. Hésitant tout d'abord, il finit par l'enlacer avec force.

« Je suis désolée, j'aurais dû comprendre ce que tu ressentais. Je... Je suis heureux de te revoir. Et... Je suis de mauvaise foi. Ton fils, même s'il ressemble physiquement à ton idi... idéal époux, il te ressemble tout autant. »

Puis il se tourna vers Tetsuken et avec beaucoup de mal, il lui serra la main, les dents serrés. Malgré tout, on ne perds pas les bonnes habitudes, et il lui lança une bonne décharge de bonjour à travers le bras, un petit sourire amusé sur les lèvres. Que tu me la rende ou pas, je l'absorbe, na. Ouais, chien et chat un jour, chien et chat toujours.

« Je ne vais pas mentir. Même si tu reste un véritable con, et le mot est faible, t'as fait le bonheur de Safaia pendant toutes ces années. Ça a intérêt à continuer. Sinon, j'viendrais électrocuter ton bain. »
« Hélios ! Non mais où as-tu appris à parler comme ça ? Franchement. », fit d'une voix faussement outrée Aura qui le rejoint pour saluer le couple, « Contrairement à mon goujat de mari, oui chéri, c'est de toi que je parle mon amour, je suis heureuse de vous revoir. »
« Et moi j'suis contente d'rencontrer des amis à papa et maman, et les parents d'Bao ! », dit-elle toute joyeuse.
« Ouais, amis, on va pas déconner non plus... »
« Hélios !»
« Aaah, ça va, ça va ! … Grmblr. »
« Si vous êtes tous d'accord, j'apprécierais de terminer mon thé dans la joie et la bonne humeur. Tetsuken, Safaia, vous nous feriez le plaisir de nous rejoindre pour le dessert bien sûr ? Vous nous raconterez comment ce qui s'est passé toutes ces années loin de nous. Et puis, peut-être qu'après, quelques petites danses pour clore le repas ? Safaia, danses-tu toujours ? Car notre petite Ether s'avère également être une très bonne danseuse ! »

Ether, un catalyseur ? Peut-être bien ! Après tout, il serait capable d'accomplir n'importe quelle folie pour la maintenir en vie. Un peu boudeur, il réagit à la remarque de Tetsuken.

« Elle tient probablement de sa mère. », il se tourna vers sa fille, « Je ferais tout pour continuer à la voir sourire. », puis il grommela entre ses dents, un peu ronchon, « … Et j'suis pas ton frère. »
« Oh, Hélios ! », dit-elle en le frappant à l'arrière du crâne, sur la pointe des pieds.
« Raaah oui, ça va, ça vaaa ! Si on peut plus rigoler. »

Et c'est dans une étreinte joyeuse – et surtout aqueuse – que cette altercation se termina. Après une petite danse entre Safaia et Ether, tous repartirent s'installer pour terminer le repas. Les nouveaux venus découvrirent de nouveaux visages, furent mis au courant des nouveautés des dernières années et des projets futurs. Alors que les parents de Bao apprenaient à ce dernier ses véritables origines, la Gogyou de vent ne pouvait s'empêcher d'observer le trio. La nouvelle devait sûrement être délicate à avaler, mais fort heureusement, il ne semblait pas de ceux qui ne sont fait que de préjugés. La jeune fille était heureuse de rencontrer une personne de son âge et de plus, issue de la même tribu ! Mais le plus étonnant restait encore à venir... Durant la petite fête, la blonde se déplaça aux côtés de Bao, toute guillerette.

« C'génial, on est d'la même tribu ! Ça m'fait plaisir d'avoir un ami d'mon âge au sein d'mon clan ! »

Elle allait apprendre bien vite que, niveau âge, ils n'étaient pas tout à fait si proches en fait. Le couple fugueur accompagné de leur fils, prièrent à l'Ancien, Ether et ses parents de les suivre, loin des rires et des chants. Alecto leur indiqua un amas de rochers plus loin et tous s'installèrent en cercle. Apparemment, leurs invités avaient une histoire à leur raconter, un secret qu'ils n'avaient jamais révélé à qui que ce soit. Une aubaine pour l'élémentaire d'air, étant donné qu'elle ne connaissait que la face extérieure de l'iceberg. Le duo demanda d'abord à leur fils de dire son âge qui était la majorité. Oh, un poil plus jeune en années humaines qu'elle ! Mais ce n'était pas fini. Ils lui demandèrent ensuite d'avouer son véritable âge, e il s'avéra être de 39 ans. Sur le moment, tous écarquillèrent les yeux de surprise, témoignant d'une profonde incrédulité. 39 ans ?! Le garçon était plus ou moins né une année après leur départ, mais ne sortant pas, il en prit finalement 2 et ne naquit qu'avec l'aide d'un douteux spécialiste. Déjà, le simple fait d'avoir passé 2 ans en gestation était étrange, mais alors le fait qu'il arbore des traits juvéniles vis-à-vis de son âge humain, alors oui, il ne pouvait que posséder des facultés d'élémentaires, ou tout du moins, il en avait hérité la jeunesse. La preuve, Hélios était encore jeune physiquement alors qu'il était plus âgé que Bao. Non, non, il ne vous dira pas son âge, question de respect pour sa femme, oh ! Il aurait deux affinités, ce qui ferait qu'elles entreraient en conflit et empêcherait sa nature de se libérer. L'Ancien semblait réfléchir.

« Je vous avouerais que c'est la première fois que nous sommes confrontés à un tel... phénomène. Néanmoins, il est fort possible que sa nature ne se révèle jamais intégralement. S'il s'avère que Bao ait réellement hérité d'un corps aquatique, alors évidement que sa maîtrise de la foudre l'empêchera d'exercer pleinement ses capacités aqueuses et alors, il ne pourra en utiliser qu'une partie. Devenir pur élément pour lui ne sera probablement... Qu'un simple rêve. Ou encore, peut-être devra-t-il choisir entre les deux. Rien n'est certain, mais ne fondez pas trop d'espoirs de le voir un jour se liquéfier complètement. », il voulut les rassurer, « Toutefois, peut-être qu'en le stimulant un peu, son corps finira par réagir. Qui sait ? Seul le temps nous le dira. », il ajouta quelques mots, « Vous n'y êtes pour rien. Nous comprenons la décision qui vous a mené à partir. Grâce à celle-ci, votre garçon est en vie et en parfaite santé ! C'est un grand gaillard que vous avez là ! » 

« Je suis désolé de vous avoir jugé aussi vite. Malgré le fait que j'aurais encore du mal à te pardonner pour ton départ, tu avais des raisons. Pardonne-moi une nouvelle fois. », rajouta Hélios.

Ether ne comprenait pas exactement tout ce dont il était question, mais elle avait comprit que Bao était probablement élémentaire. Et après les avoir observé en silence, elle finit par exploser de joie. Qu'il ne le soit qu'à moitié ou qu'il ne le devienne jamais, la nomade s'en tamponnait royalement les scorpions, il partageait la même nature qu'elle, et cela suffisait à la rendre heureuse. Un ami - certes pas du même âge, mais pour un élémentaire, l'âge est une notion bien superficielle – mais un Gogyou, un autre ! ENFIN ! Intenable, la jeune femme se mit à apparaître et disparaître un peu partout autour d'eux, laissant exprimer l'excitation qu'elle ressentait à l'idée d'avoir trouvé, par hasard, un nouvel être issu de leur clan. Ether s'amusa à tourner autour de Bao en étant air, puis réapparu juste un peu au-dessus de lui avant de se jeter autour de son cou.

« T'es comme moiiiiii ! Un autre Gogyou, un auuuutre ! », toujours accrcochée au garçon, elle se mit à frotter sa joue contre la sienne, « J'suis tellement contente ! Tu r'tournes pas tout d'suite à Suna, hein ?? Faut qu'on t'raconte not' histoire, ton histoire ! »
« Ah, ils ont l'air de si bien s'entendre ! », ria Aura, ravie de voir sa fille ainsi.
« Ouais... Trop. Ether, viens ici. », grommela un peu le père en attrapant sa fille par son écharpe de hanches.

« Mon garçon. », s'adressa l'Ancien à Bao, « Tu as beaucoup à apprendre à notre sujet, sur tes origines. Si tu as des questions bien précises, n'hésite pas à les poser, je suis là pour ça. Et puis, cela fera un bon entraînement à notre Ether. Après tout, si quelque chose venait à m'arriver, elle prendrait ma succession. », il jeta un regard entendu à l'élémentaire d'air, « Vous avez dû traverser de nombreuses épreuves, tout comme nous tous. J'espère néanmoins que votre vie a été moins mouvementée que la nôtre avant notre venue en ces lieux. Sachez une chose ; les moines du temple du vent sont les seuls à être au courant de notre véritable nature. Vous pouvez leur faire confiance. Oui Bao, tu dois savoir, peut-être l'as-tu... appris au sein de l'Académie, mais nous sommes considérés par les humains comme des monstres, encore plus depuis l'épisode Makka. C'est pourquoi, même si tu dois être fier de tes origines, ne t'amuses pas à répéter à tous qui tu es et encore moins qui nous sommes. Cela pourrait mettre en péril la quiétude et l'existence même de notre tribu. Nous ne pouvons pas savoir comment ils réagirons... Tous n'embrassent pas la même opinion mais la prudence nous a maintenu en vie jusqu'à aujourd'hui. J'espère que tu comprends ce que j'essaie de te dire. », il lui sourit affectueusement.