Je soupire doucement en me rendant au terrain d’entraînement. Encore une. C’est vraiment hallucinant la quantité de Genin qui viennent me trouver ou que l’on m’envoi pour que je les endurcisse dans le Taijutsu. A ce rythme-là, je vais être la pétasse qui reçoit une notification par courrier dès qu’un nouveau Genin décide de se spécialiser dans le domaine. Tout ça à cause de… Un frisson particulièrement désagréable parcours mon corps à cinq reprises. Quelqu’un parle de moi. Beaucoup. Putain bande de merdeux, vous ne voulez pas arrêter à un moment ? C’en devient maladif, surtout que j’ai l’impression que plus je l’utilise, plus il s’accorde avec mon corps et plus son effet me marque… Gène de merde.

Craquant une phalange, j’accélère mon mouvement pour y arriver un peu avant l’heure. Non mais sincèrement, pourquoi les gens ne contactent-ils pas Shirudo pour ce genre de choses ? Il est tout aussi connu et plus doué que moi dans ce domaine par ailleurs. Ma langue claque automatiquement contre mon palet. Je fais trop la petite pute gentille dernièrement. Ca doit être ça. Les gens se disent que la gentille Hak va les aider car elle garde toujours le sourire ou je ne sais quelle merde du genre. Ca et probablement le fait que les trois Genins sous ma responsabilité ont connu une ascension fulgurante depuis que je les ai pris en main. Ce village est vraiment constitué d’idiots.

Tapant fermement du pied dans le sol du terrain d’entraînement où je viens d’arriver, je toise la totalité de la zone avec un regard presque noir en attendant que cette petite pute se ramène. Je n’ai pas ma journée à perdre et elle ferait mieux de se presser. Je dois aller voir Shigeru pour une… Un frisson de plus. Si je trouve celui qui parle sur moi, je vais lui arracher les… Inspirant calmement pour me calmer, je repense à la consultation de contrôle que j’ai avec ce médecin de malheur. Je sais que c’est nécessaire pour s’assurer que tout aille bien mais elles commencent vraiment à être pesantes à force. Le seul avantage, c’est que Daï souhaite me parler derrière – il doit certainement avoir un nouveau projet ou que sais-je en tête, ce qui saura être une source de distraction. Mes os vont rouiller à force de ne pas pouvoir participer à la guerre tant qu’on n’est pas sûr ce qu’il adviendra de mon corps…

« C’est bien toi, Sayumi ? Enchantée, moi c’est Hak. Tu viens pour l’entraînement, c’est ça ? »

Je lui adresse un énorme sourire chaleureux dès son arrivée, camouflant soigneusement l’intégralité de mes pensées belliqueuses. Si elle veut apprendre, qu’elle apprenne. Cela lui fera le plus grand bien et sera profitable au village – voir les ennemis morts est tout de même bien plus drôle.

« N’hésite pas à me tutoyer, ce sera plus simple. Parle-moi un peu de toi maintenant, que je sache d’où l’on part exactement. »

Un sourire de plus, serein et invitant à participer à la discussion. Si je n’ai pas de temps à perdre, ce n’est pas pour autant que je ferai quelque chose de façon précipitée – et honnêtement, cela fait un petit moment que je n’ai pas cherché à taquiner un petit Genin qui tombe entre mes griffes. Tant pis pour elle.

Sayumi s’ennuyait. Les missions de rang D l’ennuyait. L’entrainement en petit groupe l’ennuyait, car soit elle était en avance en Taïjutsu, soit à des années lumières de retard dans environ tous les autres domaines. Et puis, bosser des trucs inutiles qu’elle n’utilisera jamais, c’était pas son truc. Et le pire, c’est que ça se voyait qu’elle se faisait chier. C’est pourquoi on lui proposa un entrainement personnel avec un shinobi confirmé du village afin de la remotiver un peu. En toute honnêteté, passer une journée avec un vieux barbu musculeux sentant la sueur la motivait moyennement, et préférait de loin ses petits entrainements quotidiens. Mais elle ne put pas vraiment refuser l’offre, déjà qu’elle n’avait pas forcément bonne réputation à cause de certains résultats, elle ne souhaitait pas qu’on lui rajoute le titre de tire-au-flanc sur la tronche.

Après une nuit comme toutes les autres, un petit dej’ banal, Sayumi enfila comme à son habitude un pantalon et un haut assez léger, car la journée s’annonçait ensoleillée. Et d’un pas nonchalant, elle se dirigea vers le terrain d’entrainement. Elle avait trainé au lit, elle serait donc pas sur place juste à l’heure, mais bon, ce n’était pas vraiment important, si ?

Après une petite trotte, elle arriva enfin au terrain d’entrainement. Il ne restait plus qu’à chercher une grosse silhouette musculeuse au loin… personne. Enfin, à part un… merde, c’est ça l’entraineur ? Sayumi était déçue de par l’apparence physique du shinobi qui devait l’entrainer : un gars maigrichon avec un visage efféminé, digne d’une boys-love story dont les autres jeunes filles raffolent tant. Sayumi n’avait jamais réellement compris l’intérêt de ces histoires, mais elle n’avait hélas pas pu échapper aux discussions sur le sujet. Peut-être à cause de son apparence d’ailleurs. Mais là, il y avait quelque chose qui clochait. Pourquoi apprendre le Taïjutsu auprès d’une personne aussi faiblarde ? En fait, on s’était plus débarrasser d’elle pour la journée pour eviter que son flegmatisme n’affecte les autres, en lui filant le seul shinobi du village disponible, même incompétent en la matière, pour l’occuper pour la journée? Et la silhouette s’approcha et prit la parole :

« C’est bien toi, Sayumi ? Enchantée, moi c’est Hak. Tu viens pour l’entraînement, c’est ça ? N’hésite pas à me tutoyer, ce sera plus simple. Parle-moi un peu de toi maintenant, que je sache d’où l’on part exactement. »

Cette personne était souriante et parlait d’une voix douce. Trop douce pour un homme, et un rapide regard sur le torse de celui, ou plutôt celle, qui se faisait appeler Hak confirmât ses soupçons : Une petite bosse, à peine visible, mais Sayumi en discernait une encore plus discrète à chaque fois qu’elle se regardait dans la glace, ce qui fit tilt tout de suite. Une femme. En fait, elle s’était peut-être trompée. Surement que la femme en face d’elle, vu son physique, n’avait pas de succès auprès des hommes, et donc, sa seule façon de ne pas finir vieille fille était de mettre une relation de « notice-me senpaï » au plus tôt chez les jeunes garçons musclés du village. Elle avait déjà lu ça dans tes livres, mais la jeune fille ne pensait pas un jour être confrontée à ce phénomène. C’était effrayant.

Elle déglutit difficilement puis prit la parole :

« Oui, je suis Sayumi… J’ai surtout appris le Taijutsu quand j’étais à Ame no Kuni, et ça reste ma spécialité même si je suis ici depuis quatre ans désormais. On m’a forcé à venir ici pour avoir enfin un entrainement convenable dans cet art. Sinon je pense être assez équilibrée dans la maitrise du taïjutsu, mes mouvements et esquives sont plutôt bonnes comparer à mes anciens camarades de classe. Voila. Ha, et juste pour être sur : tu es bien une femme ? »

C’était dit, comme ça elle n’aurait plus de doute, au risque de se fâcher avec son instructrice. De toute façon, vu son physique, ce n’était pas comme si elle pouvait lui faire payer quoi que ce soit …

Je me permets un petit éclat de rire presque enfantin, cristallin dans sa sonorité – tellement loin de ce que je ressens à ce moment précis et de toute le sarcasme que je mets dans ce dernier. Me calmant progressivement, je réalise un tour entier de la petite pute, cherchant à apprécier son physique. Elle me ressemble un peu, du moins lorsque j’étais jeune. Ce côté garçon manqué. Ce côté insolent – même si j’étais beaucoup plus intelligente, je n’ai jamais vraiment mal parlé à un supérieur. Au moins, ça me conforte dans une chose principale : je vais bien m’amuser, et ce à son détriment. Elle se pense équilibrée ? Très bien. Je vais lui montrer que l’équilibre n’existe pas, surtout quand n’on est qu’une petite garce incompétente qui se permet de croire beaucoup trop en soi. Je n’ai jamais eu beaucoup d’humilité, moi non plus, mais j’ai toujours su que mes capacités en combat me permettaient de ne pas en avoir. Après tout… Je suis capable de tenir tête sur un champ de combat à quelques hauts gradés du village en n’utilisant qu’un grand tiers de mes capacités. Ce n’est que de la réflexion et de l’adaptation rapide à ce qui arrive, n’est-ce pas ? Alors que je termine ma petite ronde et me replace devant la Genin, je la frappe droit dans le ventre avec un point chargé de son – pas assez pour la mettre hors d’état, mais normalement suffisamment pour qu’elle comprenne que je ne suis pas une pute de son espèce. Je suis bien plus vicieuse et déterminée.

« L’équilibre, ça ne sert à rien. C’est de la réactivité qu’il faut pour avancer dans ce monde. Et puis, tes anciens camarades de classe n’ont jamais cherché à te tuer. Ce ne sera pas le cas pendant la guerre. »

Je lui laisse quelques instants pour récupérer, même si les dégâts internes de ma technique doivent se faire allègrement ressentir au niveau de son abdomen. Vomira-t-elle ? Ce serait tellement bien de voir une petite conne vomir ses tripes : assez pour me remotiver et vivre la journée de façon convenable. Que ça m’avait manqué de remettre des débiles à leur place ! Allez, GERBE ! Je veux voir ce que tu as mangé au petit déjeuner.

« Et oui, je suis bien une femme. Seulement… »

Je soulève mon haut pour montrer les énormes bandeaux qui enserres ma poitrine, réduisant considérablement sa taille apparente – si elle s’imagine que je ne l’ai pas vue me reluquer, je ne peux rien pour elle. Je suis là pour lui apprendre du Taijutsu, pas à être moins stupide.

« Si tu me ressembles autant qu’il me le semble, tu comprendras un jour. En attendant, je vais t’apprendre à esquiver de façon convenable. Assez pour esquiver l’attaque que je viens de te mettre. »

M’arrêtant net, je réalise quelques petits mouvements qui constitue ma technique d’esquive. Pied levé, main contre le sol, j’enchaîne en l’espace d’une seconde quelque chose qui serait digne d’une grande chorégraphie – si seulement la vitesse était moindre et la finalité autre que survivre. Une fois le pas de presque danse fini, je la regarde droit dans les yeux.

« J’espère que tu as réussi à suivre, ne serait-ce qu’un peu. Tu n’es pas obligée de refaire pareil, tant que l’efficacité y reste. Une fois que tu seras d’avis que ton esquive est potable, j’attaquerai de nouveau… »

Et si tu n’esquives pas, tu finiras ta journée à l’hôpital. Subir cette attaque une fois est difficile, deux potentiellement suffisant à finir hors-jeu pendant une petite période. Shigeru m’en voudra encore…

Sayumi fut trompée par le rire d’Hak. Et alors qu’elle pensait être en face d’une frêle mais sympathique femme ninja, celle-ci lui prouva le contraire. Un coup fulgurant et fourbe, qu’elle n’arriva pas à esquiver, lui frappa l’abdomen, lui coupant le souffle. Mais ce n’était que le début de la douleur : des vibrations sonores lui parcouraient les entrailles, agressant tout ce qui s’y trouvait. Sous une telle contrainte, son estomac fut parcouru d’un spasme, suivit d’une rapide remontée acide. Les jambes de Sayumi flanchèrent, et elle tomba à genoux, et sera les dents pour limiter la honte : bien que le lait et le jus d’orange traversa ce simple barrage, ruisselant sur le sol, les restes de banane et la purée de ce qui fut autrefois une brioche furent stoppés. Elle se força à ré-ingurgité tout ça, malgré le gout et l’odeur immonde, et les sucs qui lui brulaient l’œsophage. Elle était secouée, elle avait recraché une partie du contenu de son estomac, mais elle avait réussi à garder sa contenance. Elle sentit un léger gout de fer au milieu de l’acidité dans sa bouche. Elle prit son temps pour respirer, ne prêtant pas oreille attentive aux paroles d’Hak. Elle regarda la concernée d’un œil mauvais, et ses pensées s’enchainèrent rapidement dans sa tête.

*Cette salope ! Elle est instable ou arriérée mentalement ? Tout ça parce que ma réponse ne lui convenait pas ? Tout ça car elle est plus âgée… Ne dit rien... Ne dit rien. Elle te le fera payer encore sinon. Reste calme. Apprend de ses techniques et d’elle. Tu te vengeras quand tu seras meilleure qu’elle. Tu lamineras cette vieille catin. Bientôt.*

Sayumi devait se contrôler. Elle sera ses poings fermement sur ses cuisses, souffla, et puis se leva difficilement. Elle tituba légèrement avant de se stabiliser sur ses deux jambes. Hak finissait son monologue.

« Si tu me ressembles autant qu’il me le semble, tu comprendras un jour. En attendant… »

*Comment ça je te ressemble connasse ? Oui, je te compris, tu es une sadique qui ne peut pas saquer d’être comme tout le monde, il faut que tu montres ta puissance et que tu rabaisses ceux que tu considères comme inférieur c’est ça ? Alors oui, je vais être comme toi. Je te pomperai tes techniques, et je t’utiliserai, et comme toi, quand je t’aurais dépassé et que je n’aurais pas besoin de ton aide, je te retournerai ta « gentillesse » passée. Plus les intérêts*

A l’intérieur d’elle-même, Sayumi bouillonnait. Elle n’avait jamais rencontré cette situation : d’habitude, ce genre de personne qui avaient son âge, elle pouvait les laminer par la force, et les remettaient à leur place. Là c’était différent. Elle ne s’imaginait pas qu’elle puisse avoir des sentiments aussi mauvais envers une personne. C’était une première, mais étrangement, elle se sentait dans son droit de ressentir de tels ressentiments envers la femme ninja.

Cette dernière exécuta sa technique d’esquive. Certes, elle n’aimait pas cette femme, mais la jeune fille devait reconnaitre qu’elle avait du talent. Elle n’avait jamais vu ce genre d’esquive. Elle doutait même de son efficacité : on aurait plutôt dit une de ces danses qui arrivent tous les étés : rapide, énergique, bien qu’un peu grossière, et « has been » l’année qui suivait. Comme le serait Hak, espéra la jeune fille. Mais peu importait ses espérances : elle devait s’accaparer cette technique, si elle pouvait se montrer utile, car pour le moment elle se sentait incapable d’esquiver la prochaine attaque de son entraineuse. Et son petit doigt lui disait qu’elle ne se retiendrai pas, malgré que ce soit un vulgaire entrainement.

Sayumi s’exécuta. Elle se propulsa sur sa jambe pour démarrer avec dynamisme, mais celle-ci était moins tonique que ce que la jeune fille espérait. Elle n’avait pas encore tout à fait récupéré du coup de poing. Ses abdominaux la tiraillaient également. Elle reprit un appui stable, et recommença, ce coup-ci en tentant d’ignorer la douleur, et commença à tenter d’imiter l’esquive vu précédemment. Ces mouvements lui rappelait ceux qu’elle avait vue à Ame no Kuni : un style surnommé « break-dancing », nécessitant une bonne musculation, et très acrobatique. Grace à son entrainement quotidien, Sayumi pu effectuer une petite série de mouvements, qui ressemblait à une ébauche de ce qu’elle avait vu plus tôt, mais en moins rapide et agile. De plus, les mouvements rapides et les pirouettes remuaient son estomac déjà maltraité, et elle dû faire une pause après sa technique pour éviter une nouvelle humiliation. Et ce gout de fer qui revenait encore. Ce n’était pas assez bien, elle le savait, mais elle n’avait pas assez bien vu la technique pour tout refaire facilement. Il lui fallait des conseils.

Se préparant à esquiver une autre attaque, elle s’adressa à Hak :

« Ce n’était pas assez rapide ni assez fluide. Des conseils sur comment m’y prendre ? Y-a-t ’il un enchainement particulier ? Ou un mouvement a éviter pour ne pas perdre de la vitesse ? »

Elle tenta de garder une voix neutre, ne souhaitant pas faire ressortir l’animosité qu’elle ressentait pour son instructrice. Et elle espérait que celle-ci se contenterai d’une réponse normale ce coup-ci.

Alors qu’elle libère enfin une partie de ses tripes, je ne peux m’empêcher de jubiler intérieurement ; Toute cette animosité qu’elle ressent à mon égard. Cette presque haine qui se dessine comme feu dans ses yeux. L’envie… Oui. J’imagine son envie de se lever et me frapper de toutes ses forces. De me rendre la monnaie de ma pièce – qu’elle vienne, si tant qu’à cela ne tienne. Elle tombera en l’espace d’un coup et n’aura pas même le loisir de se plaindre. Les morts ne parlent pas. Soupirant doucement, je continue ma tirade – l’écoute-t-elle seulement ?

Je l’observe réaliser sa technique, presque amusée dans le mélange d’amateurisme et d’efforts : que c’est laid. On dirait un petit animal de merde qui vient de naître et essaye de tituber, à moitié aveugle. Survivre à tout prix. Est-ce ce qu’elle s’imagine ? Qu’au prochain coup, elle y passera ? Je soupire un léger sourire en haussant les épaules. Cette situation a beau être ridicule, elle n’est que plus stimulante. Je lui tourne autour de nouveau, observant ses mouvements avec attention. Non, ce ne sera pas suffisant. Et ça non plus. Je secoue délicatement la tête et alors que je m’apprête à l’arrêter, elle s’interrompt d’elle-même et me demande que faire. S’imagine-t-elle être à la charité du coin ? Je penche ma tête sur le côté et en arrière, la regardant presque de haut sans réajuster ma taille, tandis qu’une de mes phalanges craque sous mon mouvement de doigts.

« Le seul enchaînement particulier qui soit, c’est celui où tu réussi. Si tu n’es pas confortable à l’idée d’une petite succession de mouvements, fais en un ample. Seul les résultats comptent, tu le comprendras… Un jour. »

Oui. Elle le comprendra. J’en suis sûre et certaine. Tadashi avait cette même hargne vis-à-vis moi – bah, il en garde même encore les stigmates ! Pourtant, grâce à mon entraînement et au fait de me fréquenté, il est l’un des Genins les plus doués du village, capable d’amplement tenir tête à un Chûnin – c’est tout aussi simple. Une relation amoureuse ou que sais-je, c’est bon à se foutre un kunai dans le cul et remuer bien fort. Je ne suis pas là pour l’amour. Je ne suis pas là pour l’envie d’enseigner. Je suis là par plaisir, et qu’il profite au village n’est qu’un corollaire bien gentil. Si mes méthodes ne lui conviennent pas, elle est libre de se casser. Ca ne fera qu’une petite pute en moins lorsqu’elle ira mourir sur le champ de bataille à la prochaine attaque sur le ou du Shukai. Si tant est donné que quelqu’un veuille d’une merde pareille dans son entourage. Soupirant délicatement avant qu’elle ne reprenne les tentatives avec sa technique, j’hésite un instant puis décide de céder. Si elle ne fait pas le moindre effort, ce ne sera même pas drôle de l’attaquer.

« Dis-toi que tous les coups – ou presque – suivent le même schéma. Les points à atteindre. Les points à ignorer. La position d’une lame, d’un pied ou d’un poing. C’est toujours le même stéréotype. Comprends ce qu’il en est dans mon esquive et établi la tienne, comme une grande. Je suis certaine que tu as toute la motivation qu’il te faut pour y arriver. »

Comme pour démontrer mes propos, j’exécute une fois de plus ma technique. Qu’elle l’enregistre bien, je ne compte aucunement donner un spectacle ou que sais-je. Putain, il ne manquerait que ça. Elle est tout juste trop conne pour comprendre l’intérêt de l’école de vie que je lui fais connaître, alors de là à comprendre des choses plus compliquées… L’éducation des aspirants à l’académie est vraiment la chose la plus merdique de ce village. Je vais en toucher deux mots à Shigeru. Un jour.

« Le seul enchaînement particulier qui soit, c’est celui où tu réussi. Si tu n’es pas confortable à l’idée d’une petite succession de mouvements, fais en un ample…. »

Elle en avait des bonnes cette connasse. Pour que le mouvement soit réussi, faut qu’il soit réussi. Bravo la pédagogie. C’est comme si on disait que pour respirer sous l’eau, il ne faut pas se noyer. Dans le genre utile…
Sayumi ruminait. Pourquoi avait-elle accepté cet entrainement à la con déjà ? Car elle était en avance sur les autres dans ce domaine ? Elle doutait du fit qu’elle allait le rester, à ce rythme…
Seuls les résultats comptaient… donc en gros, tant qu’elle arrivait à esquiver son attaque, la grognasse considérerait la technique acquise. S’il un ou deux mouvements amples lui suffisait, elle ferait ça au lieu de sa danse. Mais comment faire ? Elle manquait de vitesse sur ce coup-là.

« Dis-toi que tous les coups – ou presque – suivent le même schéma. Les points à atteindre. Les points à ignorer. La position d’une lame, d’un pied ou d’un poing. C’est toujours le même stéréotype. Comprends ce qu’il en est dans mon esquive et établi la tienne, comme une grande. Je suis certaine que tu as toute la motivation qu’il te faut pour y arriver. »


Tiens, étrange, sur ce coup elle aurait presque pu se faire passer pour une prof normale, presque gentille, avec de bon conseils. Dommage qu’elle avait révélé sa personnalité plus tôt. Sayumi n’était pas prête de changer son opinion sur Hak désormais. Et cette dernière fit une nouvelle démonstration de sa technique. Il n’y avait rien à dire, sinon que la technique ne collait pas à la personnalité de l’utilisatrice, et que Sayumi ne souhaitait pas maitriser la technique sous cette forme. Elle en prendrait les bases et le ferai à sa sauce.

Elle se concentra. Elle tentait d’imaginer une attaque imaginaire, celle de la connasse qui l’avait attaquée plus tôt. Rien à faire. Sur les trois premières esquives, elle se prenait l’attaque, même en privilégiant des mouvements amples, évitant la perte de vitesse suite à l’enchainement de mouvements fins. Elle manquait de vitesse brute. Mais comment remédier à ses limites physiques dues à son corps encore en croissance ? Putain, ce qu’elle était conne. La réponse était simple : utilise du chakra pour t’améliorer physiquement, ou de donner de la vitesse ! C’était le fondement même des shinobis. Mais sous quelle forme ? Un renforcement musculaire ? Non, trop lent et compliqué à réfléchir pour une technique qui devait devenir un réflexe. Gagner de la vitesse… en se propulsant hors du chemin de l’attaque ? Mais oui. Une putain de propulsion. Elle savait déjà le faire, mais dans le sens inverse. Une simple bulle fuuton sous la plante des pieds, pour permettre de gagner énormément à l’accélération, l’inverse de la technique qu’elle tentait de développer pour améliorer la force de ses attaques de taïjutsu.

Elle se remit au travail. Les quatre autres fois suivants, elle échoua à former cette bulle sous ses pieds, éclatant trop tôt, ou se formant trop lentement pour être utilisable. Elle l’avait déjà pratiqué, pourtant, mais l’objectif était différent ce coup-ci. Mais à l’essai suivant, elle battu ses records de vitesse d’exécution de l’esquive. Elle n’était pas forcément beaucoup plus rapide, mais elle ne perdait pas de temps à l’accélération, lui faisant gagner un temps précieux. Elle recommença encore une fois pour s’assurer qu’elle avait pigé le truc. Mais ça ne suffisait pas : son esquive était quasiment rectiligne, facile à prévoir, mais aussi l’éloignait trop pour lui permettre de contrattaquer. Or, son objectif n’était pas seulement d’esquiver la technique de Hak, mais surtout de lui rendre la monnaie de sa pièce avec un bon coup dans les côtes. Il lui fallait améliorer sa technique, pour lui permettre de tourner, de préférence autour d’Hak. Et encore une fois, la réponse était des plus simple : ne pas aller à la même vitesse entre le pied droit et le pied gauche, lui permettant une petite rotation, et donc de tourner autour de son adversaire, par exemple. Elle voulait essayer, mais elle avait peur qu’Hak puisse prévoir ce qu’elle avait prévu. Elle tenterait cette technique si la vieille peau mettait ses menaces à exécution et tentait réellement de la refrapper.

« Je pense que j’ai pigé le truc, et que je suis prête. »

Prête, elle ne l’était pas. Mais elle était fatigué de par son utilisation de chakra, et elle voulait s’assurer d’en avoir assez pour tenter l’esquive accompagnée d’une contre-attaque. De plus, elle avait de plus en plus mal au niveau de l’estomac. Il n’y avait rien a dire : sa technique était douloureuse, et elle espérait pouvoir rendre l’’équivalent à son examinateur. Aussi étrange que cela puisse paraitre, Sayumi était nerveuse. Peu importe les scénarios qui s’enchaînaient dans sa tête, elle avait du mal à imaginer son adversaire se faire avoir par sa stratégie. Mais elle n’avait pas de meilleurs plans pour le moment, et elle était trop fière et énervée pour reculer.

Plus amusée qu’agacée, je regarde la petite pute succéder les tentatives pour essayer de réussir – si elle prend en compte ma remarque, même de façon partielle, elle semble toujours avoir énormément de mal à obtenir ce qui est recherché et j’en connais la cause. Pour qui pense-t-elle se prendre avec toutes ces émotions belliqueuses et stupides ? Elle ne fait que me prouver qu’elle demeure aussi conne que le reste du village, tandis que j’espérais pouvoir en tirer quelque chose, me voilà déçue. Encore et encore, je l’observe essayer sans rien dire, consciente que cela ne ferait que la déconcentrer plus que nécessaire. Déjà qu’elle n’est pas aidée par son petit cerveau, si j’y rajoute mon grain de sel elle risque d’aller droit vers le mur. Alors qu’elle s’approche d’un effet à peu près correcte d’après ce que je vois de ses mouvements, quelque chose de particulier me marque dans sa posture et les expressions de son visage. Putain. Elle est vraiment la pire des pétasses, stupide comme on n’en fait plus, hein ? C’est tout bonnement désolant, mais je laisse faire pour voir où s’imagine-t-elle que ça la conduira. Franchement…

Lorsqu’elle me dit qu’elle est prête, je ressens l’intégralité du doute qui la traverse. Pire qu’un frisson ou autre chose qui vienne chatouiller mon corps, elle est presque là, à deux doigts de trembler. Petite créature faible – que cela me fait plaisir de lui faire cet effet. En l’espace d’un instant, je me mets en position de combat et elle aussi, prête à confronter son esquive à mon attaque – pourtant, plus que de l’attaque je choisis sagement de m’assoir au sol, jambes pliées au niveau des genoux pour pouvoir repartir rapidement. Je suis peut-être la pire des garces et cela m’amuserait de la blesser… Non. De la tuer à cause de ce qu’elle prépare, j’ai quelque part juré allégeance à ce village. Que je le veuille ou non, tuer un membre de ce dernier par pur plaisir n’est pas une solution acceptable, et je m’imagine déjà la quantité interminable de sermons de la part de Shigeru et Daï venait-elle finir à l’hôpital. Non. Non. Non. Non. Cela ne se fera pas comme elle l’entend. Sans l’ombre d’une hésitation, mon regard de feu croise le sien. Il est grand temps qu’elle comprenne.

« T’attends-tu vraiment à ce que je tombe dans ton piège ? Tu affiches une hostilité croissante et ta posture a changé durant ton entraînement. Pour qui me prends-tu, une débutante ? »

Je soupire délicatement sans me relever pour autant.

« Je t’ai déboussolée, n’est-ce pas ? Penses-tu vraiment que je suis arrivée jusque-là parce que j’ai laissé les gens faire ce que bon leur semble ? Il est temps de te réveiller. Tu n’es plus à l’académie. Tu n’as plus à lutter pour avoir les meilleures notes et les félicitations de tes enseignants. Tu m’en veux car je t’ai frappée ? Laisse-moi te dire une chose : j’ai retenu mon coup. Tu serais dans un état bien plus piètre si cela n’avait pas été le cas. »

Calmement, je me relève sans la quitter du regard. Il est grand temps que tous ses petits scénarios stupides s’arrêtent et qu’elle se donne réellement à cent pourcent. Je ne ferai pas le travail à sa place. Le ton posé et presque pédagogue que j’emplois me donne doucement envie de lui rire au visage, mais je m’abstiens. Si elle garde cette hargne, elle pourra avancer. Tant qu’elle apprend à la contrôler.

« Tu arrives à l’entraînement, sûre de toi et de tes capacités – Très bien. Soit. Mais nous sommes en guerre et tu as intérêt à ne pas l’oublier. Tu tomberas toujours… »

J’accentue particulièrement ce dernier mot.

« …sur quelqu’un de plus fort que toi à un moment précis. Si tu es incapable de le comprendre, ainsi que l’intérêt de cet entraînement qui vise à te permettre de survivre un peu plus longtemps au combat… Je ne peux rien pour toi. Je ne suis pas là à te dire qu’il faut m’apprécier, tu ne seras clairement pas la seule à vouloir me voir souffrir. Je te dis juste qu’il faut que tu utilises cette rage – à défaut d’être capable d’autre chose – pour essayer de progresser et dépasser tes propres limites plutôt que de chercher la vengeance. Maintenant, si tu es prête à jouer le jeu comme il le faut et vraiment apprendre, je vais t’attaquer. Sinon… Rentres chez toi. »

HRP: