Sur bien des points le Kyomu ressemblait au Shoraizen, quoi qu’on en dise. Et le point commun le plus flagrant est qu’il s’agisse là aussi d’une organisation Nukenin aux airs de terrorisme pour nombre d’avis extérieur. Pour beaucoup nous n’étions que des dangereux criminels, des déserteurs assassins sans foi ni loi. Du blabla, des affirmations sans fondement, la majorité étant colportée par la peur de l’inconnu. Certes nous avions comme avec Seito une force de frappe conséquente et la possibilité d’agir extrêmement vite sans se préoccuper des règlements diverses et variés. Mais comme autrefois, nous restions une mouche face aux grandes puissances de ce monde. Il nous fallait un point de repli, un siège décisionnel, afin de pouvoir s’imposer et de commencer à recruter. J’espère simplement que cette fois-ci nous auront le temps de faire quelque chose avant de se faire voler dans les plumes.
Ah si, une différence entre les deux organisations : Le Shoraizen avait sa base sous l’océan, dans une caverne sous plusieurs centaines de mètres cube d’eau, et accessible uniquement par un petit tunnel étroit. Le Kyomu par contre, s’installait sur l’un des versant des innombrables volcans qui recouvrait le pays de Haï no Kuni. Autant dire qu’un type comme Yusei ou Satoshi serait ici l’équivalent d’un dieu, avec toute cette lave partout.

Pour l’emplacement, je donnais le point au Shoraizen quand même. Parce que même si on était sous le niveau de la mer, il y régnait une température douce et le plafond cristallin baignait l’ensemble de la caverne d’une lumière bleutée très relaxante. Tandis qu’ici, il faisait terriblement chaud et on respirait plus le souffre que l’oxygène. Obliger de porter un masque de protection sur la bouche et le nez. Sans compter les risques qu’un écoulement de lave en fusion dévie de sa trajectoire et nous tombe dessus. Les équipes de constructions ont beau dire que c’est vérifier et sécurisé, je reste tout de même sceptique.
Au moins s’il y en a qui veulent venir nous attaquer, ils devront également faire face aux colères de cette nature si peu hospitalière.

Pour ce qui est des équipes d’ailleurs, des Kaguya avaient accepté de venir ici, chacun avec leurs raisons. Red avait fait venir ses semblables, ou du moins une partie, et enfin les Ketsueki. Punaise … Des véritables vampires, rameutés sur ces terres désolées par notre toubib en chef. Ils manipulent le sang, mais ça encore ce n’est pas le plus problématique. Non ils sont terriblement arrogeant. Comme mes manieurs d’os oui. Ce qui fait que les conflits ne sont jamais très loin sitôt que l’un des membres à un contact, même très négligeable comme un effleurement d’épaule, avec les autres. Je ne compte plus le nombre de fois que j’ai dû intervenir et retenir un jeune d’enfoncer son os dans la gorge d’un des "dents pointues". Ouais c’est comme ça qu’on les appelle entre nous mais chut, c’est un secret.
Et justement là c’est l’heure de la visite médicale. Vous savez, ce moment gênant mais obligatoire où vous devez parler de vous et vos problèmes à un inconnu. Bah là c’était encore pire car il s’agissait non seulement d’une Ketsueki qui jouait le rôle du toubib mais en plus c’était l’une des deux personnes qui s’étaient fait capturer lors de l’attaque contre le Shukai. Rappelez-vous, elle faisait équipe avec Hiriko et il l’avait lâchement abandonné, ce qui avait conduit à son arrestation.

Je vins frapper trois coups aux portes de l’infirmerie et entrai sans trop savoir comment il fallait se comporter. C’est toujours un peu angoissant ce moment où l’inconnu est total.

« Bonjour, je suis Kaguya Milly. Red m’a demandé de passer vous voir pour un check-up … » Fis-je en entrant, puis le ton changeant d’un coup quand je la reconnue. « Ah putain c’était vous ? »

Le choc ! Bah merde, si je m’y attendais, à ça ! La Ketsueki, la prisonnière, c’était la même personne que la rabat-joie rencontrée dans le restaurant atteint d’une invasion de rat, à Kawa no Kuni ! Punaise le monde est décidément tout petit … roh le truc de fou … Et c’est elle qui va m’ausculter ? Qu’elle apprenne à sourire déjà, nan mais oh !

J'étais en charge des examens médicaux et cliniques sur les membres appartenant au Kyomu dans le but de déceler une éventuelle anomalie susceptible de causer du tort à l'organisation comme un sceau déposé par une tierce personne ou par un traître cherchant à nous nuire. Non pas que cela était une tâche intéressante mais entre ça où les interrogatoires que j'exerçais en tant que membre puis Cheffe du Kakumeigun à Suna, il n'y avait qu'un pas... Cela me rappelait le bon vieux temps et les face à face houleux avec mes vic... mes prisonniers.

Oniri aka Red, avait souhaité que chacun des membres passent un check up mensuel pour faire des vérification régulière sans pour autant être contraignante et tous les quinze jours. Elle m'avait expliqué ne pas devoir bafouer l'intégrité physique – et moral – de mes patients nukenins bien que cette règle bridait mon enthousiaste de me mettre à la tâche... Si on ne peut même plus s'amuser...

J'enchaînais les visites depuis la matinée et m'affairais à remplir les dossiers médicaux dont je transmettrais les rapports à Oniri pour l'informer de la situation. Vêtue d'une blouse blanche, comme lorsque j'officiais à l'hôpital de Suna, j'étais méticuleuse sur mes relevés et prises de notes. Si l'habit ne fait pas le moine, il aide tout de même à l'assurance : aussi bien la mienne dans cette tenue que celle du patient ayant la certitude de tomber sur un véritable médecin même si j'aurais préféré rester habillée comme à l'accoutumé.

Trois coups portés à la porte de manière bourrin me tirèrent de mes dossiers, me faisant me détourner de mon bureau pour me lever et accueillir le suivant. La personne se présenta a moi sans vraiment me regarder, l'air hagard alors que je l'avais déjà reconnu et en levais les yeux au ciel. Quelqu'un comme elle se trouvait vraiment dans une organisation Nukenin ? Il faudrait que j'en touche deux mots à Oniri car ses méthodes de recrutement n'allaient vraiment pas ! Un allié tétanisé à la première occasion et cette couarde bourrue ?! Une vrai bande de bras cassés...

Eh voilà ! Tout de suite les grossièretés en me reconnaissant finalement. J'affichais une mine consternée tout en lui répondant :

« Que de vulgarité, cela commence bien. »

Je m'approchais d'elle en lui désignant la table d’auscultation.

« Asseyez-vous et retirez le haut, nous allons procéder. Plus vite cela sera fait et plus vite cela sera terminé, n'est-ce pas ? »

Pour une fois que nous serions d'accord sur une chose...
J'apposais mes mains froides sur sa peau mâtifiée et laissais mon chakra médical parcourir son corps dans un halo verdâtre. Je percevais chacun de ses tissus, de ses muscles et de ses os si particuliers de Kaguya. Il n'y avait visiblement rien d'anormal.

Mes mains descendirent quelque peu au dessus de sa poitrine camouflée mais protubérante. J'ignorais si elle serait gênée de ce contact mais ce n'était pas mon cas : il ne s'agissait là que de mon travail et rien de plus. Je m'y attardais quelque peu en exécutant le même procédé avant de descendre sur son ventre, concentrée dans ma tâche mais me laissant toutefois distraire par la bague que j'avais façonné avec l'aide du fugueur et qui permettait à son porteur de discuter avec les autres en possession de la même pierre. Elle était donc le numéro trois... Si elle observait ma main, elle pourrait également voir la mienne à mon index de la main droite et porteur le « un ». Mon annulaire gauche étant déjà occupé par une alliance dont la signification était aussi abstraite que symbolique. L'examen poursuivait son cours...

J’oscillai un sourcil face à son soudain commentaire vis-à-vis de mes injures. Mais pour qui elle se prend ? Je parle comme je veux punaise, c’est qui cette nana qui se la joue supérieure ?
Elle se leva de son bureau, habillée dans une blouse blanche de médecin et me présenta la table d’occultation d’un geste de la main :

« Asseyez-vous et retirez le haut, nous allons procéder. Plus vite cela sera fait et plus vite cela sera terminé, n'est-ce pas ?

- Exactement. » Répondis-je d’une voix quelque peu méfiante.

Sans une quelconque forme de malaise, j’ôtai mon haut, le plia succinctement et le fis pendre à au dossier d’une chaise qui trainait là. Pour autant je n’avais pas les seins à l’air, mes os sortait de chaque côté de mes cotes pour former un soutien-gorge naturel. Et c’est le même principe pour l’entrejambe, mais ça elle n’est pas forcement obligée de le savoir. Je me couchai sur la table prévue à cet effet et fixai le plafond.
Les mains froides de la Ketsueki vinrent se déposer sur mes épaules, ne manquant pas de me faire frissonner. Cette garce, elle aurait pu au moins se réchauffer un peu les doigts … Bref, je sentis son chakra s’infiltrer en moi, se mélanger au mien, glisser sur chacun de mes muscles et mes os. Quelque part c’était une véritable violation de vie privée, et j’aurais pu m’en offusquer mais à quoi ça aurait servi ? Absolument à rien, hormis poster plus de problème qu’autre chose. Et puis ce n’est pas comme si j’avais quelque chose à cacher, si elle voulait me voir nue, elle n’avait qu’à le demander. J’avais beau aimer les femmes, cette nana-là je n’éprouve absolument rien pour elle. Elle n’est pas non plus mon amie, nop notre relation est purement et strictement professionnelle.
Ses mains descendirent ensuite sur mes seins et se mirent à les masser. Les yeux maintenant fixés sur son visage, je vérifiai qu’elle ne faisait que son job, et rien de plus farfelu. Je retirai tout de même mes os pour lui laisser libre accès, même mon regard continuait de lui envoyer un message d’avertissement. Si je vois ne serait-ce qu’un sourire miss, je te fais bouffer tes dents.
Il n’en fut rien, ayant terminé de me palper la poitrine, elle descendit sur mes abdos.

« Ah c’est vous le numéro un de l’organisation ? D’accord, je me demandai à Kawa qui pouvait être la troisième femme du Kyomu. » Lui dis-je après avoir aperçu la bague à son index droit. « C’était également vous qui faisiez équipe avec Hiriko, lors des missions d’attaque contre le Shukaï, n’est-ce pas ? Je vous présente mes excuses à sa place pour sa désertion. Je ne le pensais pas capable de recommencer … Si j’avais sue, j’aurais conseillée Red de ne pas l’intégrer au groupe. » Je sentais ses mains descendre de plus en plus bas sur mon ventre mais ce n’était pas gênant. « Malheureusement il est très doué pour convaincre les gens … Il m’a convaincue que la dernière fois ce n’était pas ce qu’il semblait être, et hélas il a recommencé. Sauf que là c’est vous qui en avez fait les frais donc pour ça je vous présente des excuses. »

C’était véridique, elle n’avait pas à avoir à trinquer pour ce genre de problème. En un sens j’aurais dû être à sa place. Si Hiriko devait effectivement déserter sitôt que ça tournait au vinaigre, autant que ce soit moi qui en subisse les conséquences, après tout on avait fait partit de la même organisation avant celle-ci.

« Au fait, vous seriez capable de me retirer ça ? » Demandai-je en tapotant du doigt le tatouage sur mon sein gauche. « Vous avez dû entendre parler du Shoraizen à un moment, non ? C’était notre symbole, et ça fonctionnait comme la bague maintenant. Via ce tatouage, notre chef pouvait nous contacter, et je me dis que maintenant qu’Hiriko est dans la nature, il vaudrait mieux que je me débarrasse de ça. Faudrait pas risquer que des ninjas talentueux réussissent à remonter jusqu’à moi, donc jusqu’à ici, à cause de ça. »

Je l'écoutais parler sans même relever, poursuivant mon examen médical. Si j'aurais dû répondre à chacune de ses phrases je n'aurais pas fini... Quelle pipelette...

La voilà qui me faisait des excuses à présent concernant le Yamanaka m'ayant conduit aux portes des prisons Shukaijin de part son absence de réaction... J'arquais un sourcil, ne comprenant pas pourquoi elle agissait de la sorte.

« Vous n'êtes pas sa mère ni même une personne tutrice de ce Hiriko que je sache. Vous n'avez donc pas d'excuses à formuler de sa part. On ne parle de toute façon pas à la place des morts... »

Elle avait également dit qu'elle aurait sommé Red de ne pas recruter le Yamanaka en sachant son passif similaire.

« Si j'avais su, je me serais dispensée de sa présence dès le départ pour savoir à quoi m'en tenir où bien me serais-je alliée avec Red pour être certaine des valeurs de ma coéquipière. »

Lançais-je, acerbe. J'étais agacée et il y avait de quoi quand on voyait la situation que j'avais frôlé par la faute de cet individu ! Il était hors de question que je fasse de nouveau équipe avec le premier inconnu venu !

La Kaguya m'apprenait qu'apparemment ce Hiriko était doué pour manipuler les gens ce qui me faisait tout de suite réagir.

« Où bien êtes vous trop naïve pour ne pas l'avoir vu venir ! Vous le connaissiez plus que moi visiblement mais je ne me suis pas laissée endormir par ses belles paroles et suis restée méfiante à chaque occasion ce qui m'a permit de réagir à temps lorsqu'il à décider de faire preuve de lâcheté. Je n'en ai pas été vraiment surprise. A vrai dire je ne m'attendais à rien de sa part. »

Je ne m'attendais à rien de la part de ceux que je ne connaissais pas. A quoi bon faire confiance ? Seul les actes étaient des preuves tangibles et non pas des paroles.

Le sujet de conversation prenait un nouveau tournant lorsqu'elle me désigna le tatouage présent sur son sein en m'expliquant son origine et le fait qu'elle souhaitait l'ôter.

« Vu son fonctionnement il s'agit d'un fuinjutsu et je n'ai aucune habilité à le retirer. A moins bien sûr que vous vouliez que je le déforme suffisamment pour qu'il ne devienne qu'un simple motif ? »

Un rictus apparaissait sur mes lèvres en tenant ces propos peu rassurant. Je pouvais en effet lui brûler suffisamment la chair pour qu'il soit désormais inactif... Il ne s'agissait pas là de mon problème en soit et j'aurais feins l'indifférence en d'autres circonstances mais puisqu'il était possible que l'on remonte à elle jusqu'ici avec ce motif particulier et donc jusqu'à nous, je prenais cette requête au sérieux.

« Red est une experte dans le domaine du fuinjutsu. Vous devriez vous adressez directement à elle pour qu'elle vous le retire. Tournez vous sur le côté. »

Je poursuivais dans le même temps mon examen en passant mes mains dans son dos pour continuer l'inspection. Jusqu'ici, rien ne semblait à relever.

« Retirez votre bas je vous prie. »

J'attendais qu'elle s’exécute pour passer désormais mes mains sur ses cuisses sans perdre de ma concentration, imperturbable.

Hélas sa réponse n’offrait pas le moindre doute, elle ne pouvait rien pour ce tatouage appartenant maintenant au passé. Au passé oui, car enfin je faisais un trait sur ma précédente équipe. Ça avait mis le temps oui, et c’était en soi une bonne chose puisqu’ils avaient tous été comme une famille à mes yeux, mais cette fois c’était officiellement et pleinement terminé. Hiriko s’était d’ailleurs chargé de couper les derniers liens, avec sa nouvelle fuite.
Au passage Yami me reprochait les excuses que je lui offrais, disant que je n’étais pas sa mère et que je n’avais pas à parler à sa place. Certes mais j’étais quand même plus proche de lui qu’elle, ça me semble donc normal d’au moins montrer qu’on ressent quelque chose face à un tel acte, face à une désertion, surtout lorsqu’il s’agit d’un proche. Par contre quand elle sous-entendit que j’avais été et que j’étais trop naïve pour ne pas avoir vu le coup venir, alors que je le connaissais mieux qu’elle, je lui lançais un regard noir, soudainement bien moins coopérative qu’il y a quelques secondes pour mener à bien ce rapport médical.

« Ça vous plait tant que ça de rabaisser les autres ? Je vous montre de la sympathie et vous m’insulter. Je suis certainement naïve mais au moins j’aime faire confiance aux gens qui me semblent être de bonnes personnes. Et c’est très rare que ça se retourne contre moi. De ce fait je ne pense pas que ce soit une mauvaise chose … Vous devriez essayer vous aussi, faire confiance à quelqu’un sans nécessairement le connaitre sur le bout des doigts. Vous verrez, c’est presque reposant. »

Piouf, j’ai bien faillis lui gueuler dessus, ce n’est pas passé loin. Cette pouf a un talent certain pour m’exaspérer en très peu de mot, c’est dingue. Pourquoi diable Red a-t-elle recrutée quelqu’un d’aussi irascible et associable ? C’est forcément un poids dans le groupe, même si elle aurait des qualités non négligeables dans le domaine de la médecine. Quelqu’un qui ne s’entend avec personne, c’est forcément un danger pour l’ensemble.
Enfin quand je parle de qualité, elle énonçait elle-même qu’elle ne pouvait rien faire pour le problème posé précédemment et qu’il faudrait en parler à une personne plus compétente dans le fuinjutsu, quelqu’un comme Red en somme. Même si elle se proposait de le déformer suffisamment pour le rendre inutilisable.

« Non merci ça ira, ce genre de soin je peux le faire toute seule. » Répondis-je sèchement.

Sans être agressive non, il ne s’agissait là que d’être clair et précise.
Yami poursuivit son inspection, passant maintenant dans mon dos, et me demanda à ce que je retirai le bas. Mmh, encore le haut ça va mais là il s’agissait quand même de se mettre nue devant une inconnue, même si je ne l’apprécie pas ça reste tout de même quelqu’un de l’équipe. Bon, ce n’est rien de plus qu’un examen. Rien de plus oui. Je me courbai alors pour faire glisser et enlever le bas, puis donner un petit coup de pied dedans pour qu’il rejoigne son collègue sur le dossier de chaise. Par contre je ne retirai cette fois pas la partie osseuse entre mes cuisses qui faisait office de sous-vêtement. Ici c’est totalement privé, et puis elle n’a aucune raison d’aller y faire un tour.

« Vous avez bientôt fini ? Si vous me disiez ce que vous cherchez on irait sans doute plus vite. » Lui demandai-je alors que passait mes cuisses sous son scanner tactile. « Et puis tenez, pendant qu’on est dans l’intimité, vous avez connue Red comment ? »

Je ne prenais pas la peine de répondre à ses paroles si stupide évoquant la confiance et me contentais de rouler brièvement des yeux en signe d'exaspération tout en continuant mon office. Elle était là pour que je l’ausculte pas pour que j'écoute ses pseudo cours de moral pour lesquels je n'avais que faire.

Faire confiance aux gens qui semblent être de bonnes personnes et donc se fier aux apparences ? Que de sornettes. Ce n'était sûrement pas un nukenin qui pouvait se permettre de penser de cette manière... Il était clair qu'elle en révélerait bien trop sur nous tous un de ces jours à cause du soit disant l'air « sympathique » de la personne qui voudra lui tirer les vers du nez. Il n'était pas question que la faiblesse ou l'incompétence des autres membres du Kyomu me conduise une nouvelle fois dans des geôles ! La confiance... cela ne pouvait exister et encore moins envers des personnes dont on ignorait tout. Seules des personnes se comptant sur les doigts de l'une de mes mains pouvaient se vanter d'avoir la mienne et malgré encore quelques réserves de temps en temps.

Elle continuait de coopérer malgré tout, retirant son bas pour me laisser poursuivre.

« Ce n'est pas comme si ce que je cherche était véritablement défini. Je cherche tout ce qui sort de la normal et qui pourrait éventuellement être un moyen de contrôle par une tierce personne tel qu'un fuin jusqu'au parasite quel qu'il soit et autre mouchard. Tout ce qui prouvera une traîtrise en somme ou une manipulation externe. »

Voilà ce que je cherchais en sondant son corps, ses organes, ses veines. Pour la partie chakra il me faudrait demander comme toujours au plus avisé...

« Comment j'ai connu Red cela est une longue histoire. En revanche j'ai appris à la connaître dans son lit. »

Lui révélais-je en esquissant un fin sourire tout en continuant mon examen. Après quoi, je claquais des doigts et mon kuchiyose favori apparaissait à ses yeux. Dans la pièce depuis le début il s'était fait aussi discret qu'un félin puisse l'être en rajoutant des artifices de camouflage que lui permettait ses dons sensoriels.

Méphisto revêtait son plus beau sourire malgré son air famélique qui laissait pourtant penser que sa fin était proche et s'asseyait sur mon bureau de sa hauteur de chien moyen, nous avisant. Je me redressais face à ma patiente et lui expliquait la suite des opérations :

« Mon kuchiyose va poser sa patte sur votre bras pour sonder votre chakra et ainsi être certain qu'il n'est pas mêlé à un autre. Après quoi, l'examen sera terminé. »

Et elle pourrait partir. Ce qui devrait la soulager au moins tout autant que moi.
J'attendais donc sa réponse vis à vis de cela, lui ayant clairement laissé sous entendre qu'il s'agissait là du dernier test et l'un des plus important et auquel elle ne pourrait se soustraire, et Méphisto prenait place sur la table d'auscultation a ses côtés, l'observant de ses yeux ambrés à la pupille fendue à la verticale tout en conservant son air caractéristique.
Sa patte décharnée aux griffes rentrés et donc non visibles se posa sur l'épaule de la Kaguya où il commença sa manœuvre.

D'apparence, il n'avait l'air de rien faire du tout, arborant toujours ce sourire, sans une once de concentration mais je savais qu'il n'en était rien. Trois secondes plus tard, il retira sa patte pour déposer son diagnostic :

« Le phosphate de calcium tremble d'effroi sans pour autant perdre la tête... »

Une façon comme une autre de dire que tout allait bien et que même si ce tas d'os n'était pas des plus a l'aise rien n'était à signaler.
Je gratifiais mon félin d'une caresse sur la tête le faisant émettre un ronronnement caverneux.

« Vous pouvez vous rhabiller. »

J'allais vers mon bureau, suivi de mon kuchiyose, pour porter des annotations sur son dossier médical. Avait-elle des questions ? J'espérais qu'elle ferait vite.

Vous voyez, j’essaye d’être sympa là. Je fais des efforts alors qu’entre nous, cette femme ne les méritent pas le moins du monde. Au contraire ce serait une bonne gueulante dans les bronches qui lui fondrait, ça la ramènerait peut-être à la réalité. Mais ça n’aurait rien apporter de bon, et puis à part être aussi agréable qu’un mur de prison, elle n’a rien fait de mal.
L’écoutant en silence je ne la lâchai pas une seconde des yeux. Elle ne savait pas exactement ce qu’elle cherchait, hormis quelque chose contenant ne serait-ce que des brides de chakra et qui pourrait ressembler de près comme de loin à un mouchard. Cela afin de prévenir une future trahison ou une manipulation externe. Et bé, c’est poussé comme examen. Je devrais peut-être lui dire que Konoha a un moyen inconnu de me détecter sitôt que j’entre sur leur territoire, non ?

« Comment j'ai connu Red cela est une longue histoire. » Enchaina-t-elle. « En revanche j'ai appris à la connaître dans son lit.

- Pardon ? »

Mes yeux devinrent aussitôt ronds comme des citrons, soulignés par un haussement des sourcils. Dans son lit, c’est bien ce qu’elle a dit. Ainsi ces deux-là se connaitraient nettement mieux que tous les autres membres de l’organisation. Pouah ça put le piston tout ça ! Le favoritisme même ! Saloperie !
Une seconde, pourquoi je réagis comme ça ? Oh la boulette, ce ne serait quand même pas à cause du fait que j’apprenne ainsi que Red n’est pas sentimentalement disponible ? Non impossible, j’ai Tsubaki, et même si ça fait un sacré baille que je ne l’ai plus revue ça ne devrait pas être une raison pour aller voir ailleurs.
Un immonde chat soudainement invoqué par la médecin interrompirent mes pensées. Mon dieu mais qu’est-ce que c’est que ce truc ? Que c’est laid ! On dirait une race de Sphynx, sans aucun poil, très maigrelet, un anneau à une oreille mais avec un sourire mauvais, et de la taille d’un chien de moyen gabarit. Erk, vraiment moche … À tel point qu’au premier instant où je compris que cette créature devait me toucher, j’émis une petite rétissance en retirant mon bras de sa patte approchant. Yami m’expliqua alors qu’il allait sonder mon chakra et vérifier qu’aucun autre n’y soit mêlé, et qu’ensuite je pourrais partir. Mais pourtant c’est ce qu’elle faisait elle-même à l’instant non ? Ou bien est-ce que tous ces attouchements n’étaient là que pour son petit plaisir mal placé ? Là encore, poser la question n’apporterait rien de positif. Et voilà que l’animal vint déposer ses coussinets rugueux sur ma délicate peau mate.

Nous attendîmes ainsi en silence les résultats, bien que les sensations de l’inspection interne ne me soit pas franchement agréable. C’est de toute manière jamais agréable de se faire sonder jusqu’au plus profond de ses organes. Un soupire non dissimulé s’échappa de mes lèvres quand le verdict tomba. J’étais clean. Évidemment que j’étais clean oh ! Et oui le chat parle, tout à fait. Il a une fois très désagréable et malsaine, mais il parle.
Brr, une bonne douche sera nécessaire ensuite. Je me rhabillai en vitesse puis saluai d’un mouvement de tête la Ketsueki.

« Sur ce, bonne journée à vous et à votre monstre. Et bien du bonheur avec Red. »

Le dernier morceau de phrase n’était sans doute pas nécessaire mais c’était sorti tout seul. Préférant alors faire comme si de rien n’était, je passai la porte, la refermai en la claquant quelque peu, et rejoignis mes quartiers au pas de course. Une douche, vite une douche, je me sens sale là. Vite vite vite !

Spoiler:

La réaction de la Kaguya valait le détour tout comme le visage a la fois perplexe et décomposé qu'elle affichait. J'en venais presque à suspecter une pointe de jalousie qui me laissait de marbre. Je n'avais que faire de son avis sur la question ou de son ressenti. D'autant plus que s'il était vrai qu'elle m'avait initié à ces choses, je n'avais pas tant fréquenté sa couche que cela et ce n'était pas plus mal : les choses étaient plus savoureuses lorsqu'elles demeuraient occasionnelles...

Ma patiente fut quelque peu décontenancée et éprouvait un dégoût certains de part la présence de mon félidé : elle s'y habituerait et n'aurait de toute façon pas le loisir de se soustraire à son examen chakratique.

L'analyse ainsi terminée, la Kaguya ne se faisait pas prier pour se rhabiller comme je le lui avais demandé tout en m'adressant un au revoir pour le moins original en incluant « mon monstre » et mon bonheur avec Red... J'arquais un sourcil à l'entente de ses mots, prête a lui répondre que je n'avais pas mentionné de relation ancrée ni sérieuse mais je me gardais bien de le dire : il s'agissait de ma vie privée. Peut-être avait-elle remarquée l'alliance portée a mon annulaire en croyant y faire le lien avec mes propos concernant la fausse rouquine écarlate alors qu'il n'en était rien. C'était amusant...

J'étirais un sourire alors qu'elle s'en allait en bonne et due forme pour lui révéler un petit quelque chose.

« Au fait, se déshabiller n'était pas nécessaire. »

Glissais-je dans un rictus satisfait depuis mon bureau. Non pas que j'avais voulu observer son corps qui me désintéressait totalement mais j'avais trouvé ça amusant, en la reconnaissant à son arivée et en encaissant son ton, de la mettre à nue – ou presque – devant une personne qu'elle ne pouvait aucunement porter dans son cœur...

« Nous nous reverrons le mois prochain. Passez une bonne fin de journée. »

Ajoutais-je avec la même expression, quoi que un peu plus amusée encore par ma fourberie et l'agacement que je percevais en elle.

Spoiler: