Rp suite à la lettre envoyée Ici

Les jours passent et se ressemblent. Peu à peu, nous nous installons dans une routine presque maladive. Des actions répétées potentiellement à l'infini pour notre plus grand plaisir. Chaque instant de la journée est millimétré. Telle action doit se passer à tel moment, sans avoir le pouvoir de changer les choses. Il était impossible de se dérober de cette fatalité qui faisait tressaillir même les plus robustes. Le Raïkage se rendait compte de cela, car il se trouvait, une nouvelle fois, sur le toit du palais, une cigarette entre les doigts. Tapotant lentement pour faire tomber l'amas de cendres, Manzo réfléchissait sur sa vie depuis qu'il était devenu l'Ombre de Kumo. Des journées et des nuits bien remplies, se ressemblant toutes. Bien sûr, la forme changée parfois, mais globalement, le fond restait le même. Il se sentait, peu à peu, comme dans des sables mouvants, prisonnier et s'enfonçant lentement sans rien pouvoir faire. C'était difficile pour un homme qui n'a fait que voyager pendant plus de 10 ans de forcer son esprit à reprendre une vie casanière. Clope sur clope, le Kadoria ne peut s'empêcher de vouloir s'extirper de ces sables. Il aimerait trouver un moyen de briser cette routine, mais cela ne dépend pas de lui. Malgré tout ce que l'on peut dire, le rôle de dirigeant se découpe en différentes phases. Des phases passives et actives et pour l'instant, le manipulateur de la gravité n'avait goûté qu'à la passivité.

Terminant son énième cigarette, le bougre décida de se rendre dans son laboratoire de fortune via l'Hiraishin. Ayant un peu de temps devant lui, il avait décidé de s'avancer sur son travail de nuit. Plusieurs cadavres en cours de travail étaient étalés sur les différentes tables. Anauma n'était pas présent, sûrement en train de manger un morceau quelque part. Sans perdre de temps, le Nanadaime retroussa ses manches pour commencer le renforcement du corps. Alliant différentes toxines nocives pour les vivants, il pouvait diminuer la décomposition des corps de façon prodigieuse, l'exterminant même quelques foi. La toxine était très complexe à créer et à manipuler. Le nécromant ajoutait à cela diverses substances qu'il faisait avaler au cadavre pour renforcer aussi l'intérieur de ce dernier. Une fois cela fait, le nécromancien devait apposer deux sceaux différents. L'un pour son déplacement instantané et l'autre, s'apparentant à une balise, servant à localiser les cadavres sur une carte spéciale. Le dernier sceau en question peut être déclenché afin qu'il soit repérable sur la dite carte par, notamment, un clignotement. Une dernière inspection du cadavre s'effectuait avant de lui rendre la vie avec l'ordre complexe de surveiller Kumo et d'activer le sceau s'il y avait un problème. Chaque cadavre pouvait réagir différemment à la notion de problème. Pour certain, des railleries amicales sont un problème, faisant ainsi intervenir le manipulateur de la gravité pour rien. Il n'avait pas encore trouvé d'ordre complexe universel pour fédérer tous les cadavres, ce qui rendait la tâche compliquée. La tête brune donna une tenue au cadavre pour qu'il l'enfile et qu'il parte en inspection dans Kumo. Il était temps pour le Raïkage de retourner au bureau.

Il arriva instantanément grâce à l’Hiraishin et vit qu’un membre du Satoru l’attendait.

« Raïkage-sama ! Nous avons un problème ! Nous venons de recevoir un message venant de Tetsu. Ce dernier indique le Seigneur de Guerre de Kusa no Kuni, Oterashi Yanosa est à la frontière du pays du fer. Le message ne dit rien de plus, mais je pense qu'il sera très vite pris en charge par les samouraïs. »

« Alors, cela a commencé. Très bien. Je veux que vous convoquiez immédiatement, Kamikaze, Senritsu Hak et Dôbutsu Otoke dans mon bureau. »

« Bien Raïkage-sama. »

Le shinobi des nuages quitta le lieu, alors que Manzo se leva pour observer l'horizon. Les forces du Shûkai auraient commencé les offensives ? Il ne sait pas vraiment, après tout, la lettre est assez floue, car les Tetsujins l'ont envoyé dans la panique. Il est simplement dit que l'Onshi est là-bas. Il n'y a pas d'armée ou autre de précisé. Quand bien même, si un membre de l'Empire se pointe à nos frontières pour des raisons obscures, alors nous ne pouvons laisser ça impuni. Les minutes défilèrent et le Raïkage attendait impatiemment ses Kumojins dans son bureau.

Kamikaze tel le vent, s’amusait à passer outre les limites défensives du village. Il voyageait ci et là passant à travers les mailles du filet de détection mis en place depuis l’époque du Godaime Raikage et actuellement en cours d’amélioration par le Nanadaime Raikage. Le dispositif sécuritaire était bon, mais encore perfectible. C’est bien pour cette raison qu’un ninja de la trempe du Jonin parvenait encore à travers ses dons naturels, à passer inaperçu. Seulement comme pour chaque chose et chaque domaine, à malin, malin et demi ; à tout homme puissant se trouve être un autre bien plus encore capable de venir à bout du premier. Il arrive par moments que le Jonin se fasse repérer. Mais dans ces cas, pour le moins rarissimes, sont bien souvent le fait d’individus particulièrement attentifs et puissant en ce qui concerne les arts sensoriels. L’un d’eux n’était autre que le redoutable Hakushi Shadis.

A repenser à lui, le corps fait d’ether, du Jonin fut parcouru d’une sorte de frisson. Un léger vent dans le sens contraire de sa course qui eut pour résultant une légère baisse de la température dans la zone où l’espiègle Jonin se mettait à souffler. De là où il se trouvait, du haut de la tour d’observation la plus importante du village, la vue était bonne. Si bonne qu’il n’eut aucun mal à voir cet homme qui se dirigeait au fil des pas, vers son humble demeure. Tournoyant sur lui-même, le Jonin fila en direction de chez lui. Le fait qu’il se retrouvait sous la forme éthérée lui permis de pouvoir avaler les distances bien plus vite encore que s’il était sous sa forme humaine et en un rien de temps, bien avant que ce ninja qu’il reconnut comme un Chuunin du village ne parvienne à sa maison, lui y était déjà. Lorsque la sonnerie retentit dans toute la maison, c’est un Jonin vêtu d’une serviette nouée aux hanches qui vint se présenter à la porte. Le corps encore mouillé, il entendit de la bouche du Chuunin la convocation du Raikage.

_ Wakata ! Fit-il visage éclairé sourire aimable. J’y serai dans quelques minutes Achiko San. Merci.

Quelques minutes, même pas une dizaine, lui suffirent pour enfiler son uniforme de Jonin avec l’arsenal au complet. Bien des choses dont il n’aurait probablement pas besoin au cas où on lui confierait une mission, mais qui sait ? Sortant de chez lui, après avoir pris le soin d’en verrouiller les issues, le bonhomme fila en direction du palais du Raikage. Une fois sur place, après s’être annoncé, il parvint aux portes du bureau du Nanadaime Raikage. Un homme qu’il n’avait connu que depuis peu, depuis sa nomination, même si son passé d’agent infiltré en mission pour le compte du Daimyo était plus que notoire. Seulement, les deux hommes n’avaient jamais eu l’opportunité d’échanger souvent. Le nombre de fois qu’ils s’étaient parlés se comptent sur les doigts d’une main. Un simple constat. Loin d’être un reproche, un Kage, un vrai, à autre chose à faire et à penser que de passer du temps à papoter avec ses ouailles. Une fois entré dans le bureau du Kage, le Jonin procéda à la salutation d’usage au supérieur hiérarchique avant de lâcher :

_ Vous m’avez fait appeler Raikage Sama ?

Puis il se tut en regardant autour de lui quels hommes étaient également présents. Il va s’en dire qu’ils allaient avoir une mission sur les bras. Les hostilités étaient-elles officiellement déclenchées avec le Shukai ? A en juger par le visage sévère affiché par Manzo…

Silencieuse et calme, je traverse les rues du village comme j’avais l’habitude de le faire, il y a bien longtemps déjà. Sereine, méconnaissable aux yeux de tous ceux qui me croisent pris dans les illusions de plus en plus conséquentes que je réalise pour me camoufler dans l’entourage. A quoi bon être capable de disparaitre si c’est pour en subir les conséquences ? Je suis capable de rester, bien présente, et toiser le regard sévère villageois après villageois, shinobi après shinobi, pour le faire tomber dans ma toile de mensonges. Si seulement la vie était si simple par ailleurs. Si seulement il m’était permis de rester, presque inexistante, dans ce village – sans même user de cet artifice. Les cadeaux que l’on m’a faits, entre la nouvelle réputation merdique de ce connard d’Otoke et le gène en moi… J’ai gagné en l’espace de quelques mois de quoi être reconnue de façon presque systématique, et les gens semblent particulièrement déterminés à ne pas me laisser disparaître. Putain quoi, moi une célébrité du village. Presque vénérée par une bande d’idiots incapables de voir plus loin que le bout de leur adoration sordide – si seulement je pouvais tous les tuer, d’un coup bien précis. Ce serait tellement simple. Tellement pratique. Je soupire calmement, profitant du léger bruit pour replonger une partie nouvelle de gens dans mon jeu. Je les méprise tant.

Brusquement, un frisson d’une intensité incomparable aux précédents – dès que l’on prononce mon nom – traverse mon corps, m’obligeant presque à m’arrêter pour ne pas que je me torde en deux devant la sensation, à l’approche de l’extase. Quelqu’un a parlé de moi. Quelqu’un de particulièrement déterminé. Quelqu’un qui sait certainement l’effet que ça me fait et pourtant a osé le faire. Dai et Shigeru sortent du lot immédiatement, mais je n’ai pas envie de croire que c’est eux. A force de mes remarques, ils ont compris ce que j’en pensais. Quelqu’un serait-il en train de me chercher ? Voilà qui risque d’être compliqué – qu’il cherche encore, à moins d’y mettre sa sensorialité et toute la volonté du monde, il ne me…

*Senritsu Hak, Dôbutsu Otoke et Kamikaze sont convoqués dans le bureau du Raikage. Immédiatement.*

Ah ! J’inspire profondément, profitant du vide à nouveau établi dans mon esprit. Le lien mental du village, extension directe et oh combien perverse de ma technique fétiche. Sommes-nous rendus jusque-là ? Il ne commence qu’à être déployé, et qu’il soit déjà utilisé pour me prévenir de ce genre d’événements… Manzo ne plaisante pas. Il doit avoir une bonne raison de nous appeler. Expirant d’un coup, je brise toutes les minimes que j’ai mises en place durant mon trajet et saute d’un geste simple sur le toit d’un bâtiment, avant de charger vers le palais, riant allègrement sur la route. Si c’est le noyau de notre équipe, récemment augmentée de l’effectif de l’autre gène du village, qui est appelé, c’est que quelque chose de bien sympathique doit se préparer. Nous sommes d’une efficacité à toute épreuve, après tout.

Remettant une mèche de cheveux en place, j’entre dans le palais et me fait guider – contre mon gré – bien vite devant le Kadoria et Kamikaze, déjà présent. Si ce dernier affiche des questions sur son visage, cherchant à comprendre… Je ne peux que lire la sévérité sur le visage concerné du Raikage, m’abstenant fortement de rire devant un tel spectacle et imaginer Otoke dnas cette mer sans la moindre forme. Affichant tout le sérieux et détaché d’un ninja convoqué par son supérieur, l’absence presque froide de la moindre émotion sur mon corps – je croise le regard de l’Ombre.

« Raikage-sama, Kamikaze… Je réponds présente à votre appel. »

- Il y a quelqu’un qui arrive dans notre direction.

Détournant mon regard de l’horizon, j’essayai de voir de qui il voulait parler, je ne ressentais aucun chakra qui s’approchait.

- Il vient de quitter le Palais du Raikage, ça doit être important.

- On va bien voir.

Chaque jour, j’arrivai à être surpris par les capacités naturelles de Karyuudo pour repérer ce genre de chose. Il avait bien raison, une vingtaine de secondes plus tard, un shinobi surgit sur le toit où je me trouvais pour m’annoncer que Kadoria Manzo me demandait en urgence. Je grimpai alors sur le dos de Karyuudo sans perdre de temps qui se dirigea directement au Palais. Je n’avais pas besoin de me préparer, je commençai à être habitué à ce genre de situation.

Une fois arrivé, je demandai à Karyuudo de m’attendre tandis que j’entrai dans le bâtiment, me rendant directement dans le bureau de celui qui m’avait fait venir. A l’intérieur, il y avait déjà Kamikaze et Hak, tout semblait indiquer que notre équipe allait enfin partir en mission sérieuse. Je me contentai d’un salut basique, mais respectueux. Chacun ici me connaissait, il était inutile de m’attardait sur les politesses.

Je me demandais alors quelle mission nous allions bien pouvoir effectuer ensemble, mais à peine cette réflexion commencée, je sentis une pression dans ma tête. Impassible, je ne voulais pas montrer le moindre signe d’un quelconque problème, mais j’en connaissais très bien la cause. Inexorablement, je recommençai à entendre sa voix dans ma tête.

*Alors, tu vas t’amuser aujourd’hui ? Tu vas continuer à obéir gentiment ? Tu es ridicule…*

La voix était encore calme, elle n’avait aucun moyen de pression, j’étais encore parfaitement détendu. Cependant, je savais bien que si nous partions pour une mission difficile, les choses n’allaient pas être aussi simple.

Ce n'était pas le toit de palais que Le Raïkage avait choisi, mais bien son bureau pour fumer une cigarette. Il avait ouvert une petite fenêtre pour ne pas enfumer son bureau, tout en restant à l'affût du moindre mouvement de porte. Faisant glisser cet outil d'apaisement entre ses doigts, le manipulateur de la gravité ne pouvait s'empêcher de se projeter dans l'avenir. Jusque-là, l'Empire et Kumo sont restés très passif en terme militaire. Cependant, avec ce Seigneur de guerre aux frontières de Tetsu, tout pourrait bien basculer. Tirant une bouffée, le nécromant bascula dans le passé, se rappelant les événements de la guerre entre Kiri et Kumo. Il avait participé plus qu'activement à la destruction et l'annihilation de plein de Kirijins. Des regrets ? Peut-être de ne pas en avoir tué assez pour éviter qu'un Empire se forme et que la brume sanglante renaisse. Peut-être oui… Ou peut-être pas, après tout, pour l'instant, nous ne savons rien de Kiri et il ne faut pas se précipiter dans des raisonnements erronés.

La tête brune n'avait pas le cœur de se lancer dans de la paperasse en attendant les shinobis qu'il avait convoqué. Il décidait d'enchaîner les clopes, quitte à se détruite un peu plus la santé. Cela lui permettait aussi de faire une pause de tout et de se concentrer sur ce qu'il voulait. Pour le coup, toute son attention se focalisait sur comment contre-attaquer suite à la réception de cette lettre. De loin, le nécromancien observait une carte du monde. Taki no Kuni était la cible la plus intéressante, mais aussi la plus surveillée. Étant le pays frontalier de Tetsu, l'Empire sait pertinemment que nous pourrions attaquer facilement ce pays. Non, il fallait surprendre l'Empereur et ses sbires. Tori serait une cible de choix, mais bien trop éloigné du pays de la foudre. Il ne reste plus qu'un seul choix. Kusa no Kuni. Même si le pays est assez loin et proche de Hi no Kuni, une attaque surprise ici pourrait faire de lourds dégâts. Qui plus est, nous pourrions rendre la monnaie de sa pièce à ce cher Seigneur de Guerre. La grandeur territoriale de l'Empire fait toute sa force, mais peut devenir facilement sa faiblesse.

Jetant avec violence sa cigarette, le Nanadaime avait fait son choix et les shinobis des nuages venaient juste d'arriver.

« Merci à vous trois d'avoir répondu à mon appel. Je serai franc et direct, car nous n'avons pas de temps à perdre. »

L’Ombre respira profondément avant de réellement commencer.

« Je viens de recevoir une lettre de Tetsu no Kuni nous indiquant que le Seigneur de Guerre de Kusa no Kuni, à savoir Oterashi Yanosa, a été aperçu à la frontière du pays du fer et a sûrement franchis cette dernière. Je ne sais rien de plus actuellement, mais ce que je sais, c'est que cette action implique une réaction de notre part. Aucun Shûkaijin ne peut s'introduire dans les territoires de Kumo ou ses alliés sans en subir les conséquences. Je fais donc appel à vous pour mener une mission périlleuse. Vos dons en sensorialité et vos capacités en général font de vous les meilleurs pour remplir la tâche que je vais vous confier. Vous devez vous infiltrer dans le pays de l'Herbe et détruire le palais de son Seigneur de Guerre. L'environnement du Kusa vous permettra d'utiliser ses jungles et forêts exotiques afin de mener à bien vos objectifs. Pour vous rendre là-bas, vous allez devoir voler pour éviter de vous faire repérer. Atteignez Tetsu no Kuni et mettez au point une stratégie pour vous rendres à Kusa. La maîtrise du vent de Kamikaze allié à l'aigle d'Otoke devrait vous permettre d'introduire le pays sans grande difficulté. Soyez prêt à combattre, car l'Otarashi Yanosa ne se laissera pas faire. »

Sans même attendre une réaction, le nécromant invoqua trois Paedophryne amauensis, à savoir trois petites grenouilles d’outre-tombe.

« Pour cette mission, je vous confie ces grenouilles réanimées. Elles vous accompagneront dans votre tâche et elles possèdent deux sceaux sur eux. L'un qu'elles activeront selon vos ordres ou si la situation est périlleuse et l'autre qui est un sceau classique d'Hirashin. Avec cela, si jamais la situation dérape, je pourrais rapidement intervenir pour vous épauler. Kamikaze, Otoke, je vous souhaite bon courage et bonne chance. Je compte sur vous. »

Le nécromant prit une bouffée d'air avant de reprendre.

« Hak, tu resteras ici avec moi pour une autre mission. J'aimerais que tu transmettes tout ce que je viens de dire à Daï pour qu'il accompagne Kamikaze et Otoke. Ton homologue étant en pleine réunion de clan, je ne voulais pas l'extraire de celle-ci. N'oublie pas de lui donner cet animal. Une fois que tu as finis, reviens à mon bureau et je t'expliquerai ta mission. »

Terminant sa tirade, les trois grenouilles sautèrent pour se loger, dans un premier temps, sur l'épaule de chaque shinobi. Le Raïkage reprit sa place sur son fauteuil. Il était temps que la contre-attaque commence.

Le visage du Kage n’avait guère changé. Toujours aussi sévère et froid, il laissait transparaître en partie son état d’esprit. Une sorte d’énervement latent allié à de l’inquiétude. Des données décelées par le Jonin bien plus qu’affichées ostensiblement par le leader du village de la Foudre. Disposer de capacités, pour ne pas parler de 6ème sens, permettant de déceler certaines choses est fort utile. C’est pour cette raison qu’avant même que le Raikage ne s’avance, Kamikaze comprit que la guerre entre l’Empire et la Foudre allait officiellement commencer. Et à en juger par l’inquiétude latente du Kage que le Jonin décelait, grandes étaient les chances que Kumo porte le premier coup.

Le Jonin accorda un regard à la Senritsu ainsi qu’au Dobutsu après leurs entrées en matières respectives. Le dernier nommé avait l’air lui aussi froid et pas mal renfrogné. Une attitude qu’il adopte souvent, il est vrai. Le bonhomme est un tueur dont sa réputation commence à prendre de l’ampleur. J’allais peut-être avoir l’occasion de voir de près ce dont il était capable au fond. Mon petit doigt me dit qu’il est très fort pour ce qui concerne la sensorialité. Peut-être même meilleur que moi ? Pour le reste, il me tarde d’en avoir le cœur net en situation réelle de combat. Il en va quasiment de même pour le troisième membre de notre trio. Senritsu Hak. Un kunoichi particulière. Que dire de plus dans l’immédiat ? Pas grand-chose de plus…

Le Raïkage, immédiatement entra dans le vif du sujet. Il expliqua les raisons pour lesquelles il avait fait convoquer tous les ninjas qui se tenaient actuellement devant lui. Le Seigneur de guerre du pays de Kusa se trouvait être au pays du Fer. Dans le contexte actuel, le fait qu’il pénètre en ces terres ne pouvait être que mal interprété : un acte de guerre purement et simplement. Un homme d’une aussi grande importance ne pose pas certains actes sans considérations. Il a forcément un objectif qui quelque part nuira au village de la Foudre, si ce n’est également aux alliés samouraïs. La suite des propos du Kage finit d’éclairer la lanterne du trio. Il souhaitait que Kumo riposte suite à l’acte posé par le Seigneur de Kusa. Une contre-attaque en bonne et due forme qui ne manquerait pas de déclencher pour de bon la guerre froide entre la Foudre et l’Empire.

Manzo remit des grenouilles qui serviraient à le rappeler via le procédé de l’Hiraishin ou à activer une réaction bien connue des kumojins. La mission pouvait démarrer. Une seule information finalement vint clore cet échange : Senritsu Hak ne serait pas de la partie. Elle serait remplacée par Dai.

*Excellente pioche !* Pensa presque immédiatement le Jonin avant de s’incliner respectueusement pour demander congés au Raïkage. Tous les trois pouvaient maintenant s’en aller. La suite s’avèrerait probablement sanglante…

Tandis que je me demandais vraiment la raison de notre présence dans le bureau du Raikage, j’écoutai ses explications. Il s’agissait donc d’une mission de haute importance consistant à profiter de l’absence du Seigneur de Guerre de Kusa no Kuni pour détruire son palais. Si je devais bien reconnaître que l’occasion était trop belle pour ne pas en profiter, je n’aimais pas vraiment la façon de faire. Cependant, ce n’était aucunement à moi de prendre cette décision, si on me demandait de le faire, je n’avais pas vraiment de raison de refuser. De plus, j’allais enfin pouvoir partir en mission avec Kamikaze, lui qui m’intriguait tant. Cela faisait un moment que nous étions officiellement dans la même équipe, mais l’occasion de travailler ensemble n’était encore jamais arrivée.

Depuis notre première rencontre dans ce bar de Daitoshi, j’avais toujours ce sentiment qu’il cachait quelque chose. À première vue, il semblait toujours être un jonin ordinaire avec un niveau correct, mais sans plus. Si je trouvais étrange que mes sens pouvaient me tromper à ce sujet, mon instinct me criait qu’il n’était pas aussi banal qu’il n’y paraissait. Enfin bref, j’allais probablement en avoir le coeur net durant cette mission.

Je fus alors surpris d’apprendre que Hak n’allait pas y participer. Remplacée par Dai, que j’avais déjà eu l’occasion de rencontrer lors de la mise en place des patrouilles aériennes. Il était évident qu’un Bakushô, senseur qui plus est, était bien plus indiqué pour mener à bien cette mission. Le départ en mission de l’équipe Maboroshi au complet allait encore être repoussé, mais bon qui sait, cela arrivera peut-être un jour.

Sans rien dire, j’hochai la tête, montrant ainsi mon obédience au Raikage. Il m’avait accordé sa confiance sans réellement me connaître et je lui devais bien cela.

J’adresse un petit sourire au Kage devant l’impact de la mission qu’il donne. Que ce ne soit pas moi qui y aille m’irrite quelque peu – après tout, les trois autres vont certainement s’amuser à l’excellence tandis que je resterai ici à pourrir… Cependant, je ne sais que trop bien que l’Ombre de la Foudre est une personne fiable. Il est l’une des rares personnes auxquelles j’ai révélé, de façon pure et brutale, ma capacité hors du commun à détecter les mensonges et comprendre les émotions des gens. C’est bien parce que, malgré la quantité conséquantes de petites chaines qui me relient à ce village, il a su en rajouter une autre, bien plus solide et consistante. Une chaîne qui n’a d’autre que faire que d’avoir ses règles mentales à l’heure actuelle, et dire qu’il ne cache même pas sa joie à l’idée que Daï me remplace… Retenant un soupir exaspéré, je hoche la tête d’un mouvement décidé et, prenant le crapaud avec moi, cours rejoindre Daï. Même notre relation n’a pas échappé à Manzo – combien même je soupçonne fortement le Bakushô de ne pas se cacher de me connaître. Qu’importe après tout.

A peine arrivée vers les quartiers des Bakushô, Daï vient à ma rencontre – certainement qu’il a ressenti mon Chakra ou s’est permis de placer une sentinelle. Toujours est-il que ça m’épargne l’effort de devoir le chercher. C’est déjà ça. Sans la moindre hésitation, je lui tends la petite grenouille qu’il regarde, dubitatif. Honnêtement, il s’imagine que je peux être une menace pour lui ? C’est à peine s’il se fou de moi avec cette approche : depuis plus d’un an que l’on collabore de façon stricte, rien n’est venu envenimer cette relation. Ce n’est pas le moment de commencer.

« C’est un cadeau du Raikage. Avec Kamikaze et Otoke, vous partez pour Kusa no Kuni. Objectif : le maximum de dégâts possible. Le seigneur de guerre de ce pays est en train de marcher sur Tetsu, c’est une contre-attaque. »

Il cligna des yeux deux fois avant de hocher la tête à son tour et poser une de ses mains sur mon épaule. A travers ses gants, je ne sentais même pas la particularité de son clan…

« Tu es sûre que cela te va ? C’est… Otoke après tout. Sans compter que Kamikaze est également dans ton équipe. Pourquoi moi ? »

Et le voilà à redevenir sentimental et parler d’Otoke comme si ma vie en dépendait. Secouant rapidement la tête, je me débarrasse des pensées qui envahissent mon esprit : lui fracasser le crâne juste avant ce genre de mission n’est certainement pas une bonne idée. Alors je calme l’accès de colère qui vient de me traverser, je croise son regard et lui adresse un sourire sincère.

« Ca ira. Le Raikage a besoin de moi pour autre chose. Vous vous retrouvez à Tetsu – la Grenouille possède un Fuin qui fait office d’alarme pour appeler le Hiraishin du Raikage. A ton ordre ou si le danger est trop grand…. Tu pourras enfin les libérer un peu, tes pulsions colériques. Pense juste à me ramener un petit cadeau de là-bas. Et Daï ! N’oublie pas de prendre un Bingo Book pour le chemin. »

Sur un dernier sourire que je lui adresse, il me tape trois fois sur l’épaule, comme pour m’assurer que tout ira bien. Comme si j’étais une pute conne qui avait le besoin maladif d’être rassurée – je ne sais vraiment pas ce qu’il s’imagine parfois. Nous sommes peut-être devenus trop proches, à trois avec Shigeru ? J’en parlerai avec lui lorsqu’il reviendra de Kusa. Toujours est-il qu’il va pouvoir bien s’amuser à exploser des petites putes Shukaijins à l’aide de ses explosifs, et ses capacités en sensorialités seront bien plus utiles que mes mensonges et genjutsus.

Rapidement après ce bref échange - la situation nécessitant une réactivité maximale, chose dont nous étions tous deux conscients, je retourne jusqu’au bureau du Raikage afin de lui transmettre l’exécution de la tâche et obtenir ses nouveaux ordres. Saibogu Red, la cheftaine de l’organisation Nukenin responsable de l’attaque du Shukai l’an dernier, souhaiterait le rencontrer. Quel renard rusé que de me garder avec lui pour que je lui serve de détecteur de mensonge dans une réunion de si haute importance. Si j’ai l’impression que je vais quelque peu m’ennuyer, il n’en reste pas moins que cela doit compter comme une sorte de putain de médaille pour moi : celle de la confiance qu’il me porte. Le jour où il fera quelque chose qui me libère, par contre… Jusqu’où irons-nous tous les deux ?

HRP: