Sept, huit, neuf, dix … onze … et douze ! Punaise, après six séries, les dernières tractions on les sent passer. Les muscles qui vibrent sous l’effort, le corps luisant de sueur. Mmh so sexy ! Ahah, piouf. N’empêche ça fait du bien. Une bonne dépense calorique, au calme dans cette pseudo chambre de ce pseudo hôtel. La transformation du hangar en bâtiment d’hébergement n’était décidément pas franchement une réussite. Par endroit il n’y avait même pas de plafond ! Seulement les poutres de la charpente et les tuiles dessus. Boh, au moins ça me permettait de faire mon sport un peu n’importe où, et j’en avais bien besoin après les accrochages de la veille. Vraiment punaise, Kurasa … Il l’a cherché ! Me balancer des conclusions évidentes et sous-entendre limite que je n’avais que ce que je méritais. Jamais, punaise jamais je n’aurais dû lui demander d’aide. Sans lui j’aurais pu discuter avec Satochi, voir si mon problème vis-à-vis de Miko pouvait s’arranger. Mais nan ! Monsieur a préférer chercher les emmerdes, et forcement c’est bibi qui paye. Sérieux quoi, on dirait moi il y a quelques années ! A foncer dans le tas sans réfléchir et improviser ensuite ! Il faut qu’il grandisse, et vite !

Enfin je crois que ce qui me fait le plus chier, c’est surtout que lui ne soit pas traquer par Konoha. Non il n’y a que moi. C’est lui qui fout la merde et c’est moi qui prend, alors que j’ai fais de mon mieux pour limiter que tout ne dérape. Tu parles d’un allié … Rah ! Une, deux, trois, quatre … Les abdos c’est important, ça muscle aussi le dos et ça évite de rester bloquer après un mauvais mouvement, ou même simplement de se fatiguer trop vite. Pouvoir rester droite et fière, peu importe les circonstances, c’est nécessaire à tout chef de clan qui se respecte.
Voilà, quatre séries ce sera suffisant, faudrait pas risquer les crampes non plus. Donc hop, à la douche pendant que les mecs sont occupés ailleurs. Être la seule nana dans cette équipe, ce n’est vraiment pas un cadeau. Et oui je ne compte pas Red, d’une part parce qu’elle vient d’arriver seulement, et puis elle est étrange. Est-ce qu’on peut vraiment se fier à elle ? C’est vrai, elle a l’air d’en savoir très largement plus que ce qu’on a pu voir jusqu’à maintenant.

Bon, c’est pas tout de chercher qui complote contre qui, y a un estomac qui réclame son dû maintenant. Et pour ne pas ça, il faut quelque chose de nutritif, comme un poulet ouaip. Exactement ! Quelques étirements – très important hein – et je partis en quête d’un petit resto qui offrait une prestation relativement saine pour un prix abordable. Hélas la mayo sera à proscrire cette fois, sauf si … ah bah ils en font de la très légère ici. Bon bah alors un tout petit peu alors, juste pour le plaisir. Ainsi je m’arrêtai sur la terrasse de cet hôtel-restaurant, commandant mon repas dans mon coin à cette ravissante serveuse. Avant d’observer plus attentivement les alentours. La vie de civile doit être sympa quand même. T’es tranquille, dans ton coin. Personne te fait chier a te suivre à la trace …
D’ailleurs comment elle a fait, Miko ? On ne sait pas vu depuis un bon moment. Est-ce qu’un des Konohajins à Suna m’aurait collé un sceau faisant office de balise ? Franchement nan, pas possible je l’aurais vu depuis le temps et même si mes connaissances en fuinjutsu sont quasi-existantes, je doute qu’une telle capacité invisible existe. Mais alors comment cette hébergeuse d’insecte pourrait faire pour pister le moindre de mes mouvements ? Vous allez me dire, ça pourrait tout aussi bien être du bluff mais pourtant il y a bien eu deux ninjas de son village qui ont réussit à me retrouver dans une mégalopole de plusieurs millions d’habitant sans soucis. C’est bien qu’ils doivent avoir un traqueur, un truc qui détecte une personne en particulier en fonction de divers paramètres. Peut-être qu’Oniri aurait une idée, avec tous ses gadgets. Ah mais nan elle, elle est encore à Suna. Et puis c’est même pas sur qu’elle accepte de me parler avec tout le bordel qu’il doit y avoir là-bas.

La serveuse revint avec ma commande et un pichet d’eau, je la remerciai d’un sourire, ne pouvant m’empêcher d’observer sa chute de rein quand elle repart, avant de m’attaquer à la première cuisse de ce poulet bien rôti et dodu. Tsubaki, tu me manques tellement ma chérie. Oh et puis peut-être qu’elle aussi doit avoir une idée pour contrecarré ce problème épineux de traque. Quelque chose avec du chakra et de la médecine, bidouilles et trucs bizarres de toubib. Parce que, qu’est-ce qui pourrait me rendrait détectable pour Miko ? Moi et uniquement moi, c’est forcement quelque chose d’unique. Donc des cheveux, des os ou plus globalement du chakra. Bah ouais, parait qu’on a tous un type de chakra différent, une signature chakrastique, ou quelque chose dans le genre. Donc si c’est bien ça, soit je trouve comment … nan, nan j’allais dire une connerie. Dans tous les cas, si elle me détecte avec mon chakra il va falloir changer ça. Hiriko, faut que j’en parle à Hiriko. Lui il saura certainement quoi faire.
Mmh, il est vachement bon ce poulet !

Un homme vint alors s’assoir à ma table, sans me poser la question évidement hein, vêtu d’une cape sombre avec capuche dépliée sur son crâne, et d’un air sinistre. Punaise on dirait le type chelou d’un mauvais jeu de rôle qui t’accoste dans la rue pour te dire que tu as une quête hyper importante à faire ! Il a peut-être un truc pour moi. Une mission mystique et héroïque, loin de tout ce bordel et de ces emmerdes ! Mais faut pas rêver … Je me contentai ainsi simplement de le regarder en terminant le contenu de ma bouche. Les souvenirs de ma rencontre avec Isnajh me revinrent alors en mémoire. Ça s’était passé quasiment pareil, sauf que cette fois nous n’étions pas un restaurant prévu pour les célibataires souhaitant rencontrer l’amour. Nop, là c’est un resto tout ce qu’il y a de plus banal. Et puis en regardant bien, toutes les autres tables sont prises donc ça peut s’excuser.
Mmh son visage me dit quelque chose … Mais c’est très vague. Peut-être parmi les participants de ce tournoi bizarre qui se déroule dans la mégalopole ces derniers jours. Ou alors … nan je sais pas, zut. Et puis le fait qu’il le cache n’aide pas franchement non plus. Ah, par contre il lui manque un bras, à cet illustre inconnu. Ça c’est évident, dans la façon dont il se tient ou même dans le profil physique de son corps. On voit bien qu’il manque quelque centimètre d’un côté par rapport à l’autre.

« J’espère que ce poulet est aussi bon que la nourriture de Suna qui vous a accueillie aimablement … » Fit-il en s’installant. « Mais le repas est toujours plus savoureux chez le voisin où il y a encore un toit. »

J’haussai simplement les épaules et me servis un verre d’eau. Ouais c’est mal poli de parler la bouche pleine les enfants ! J’en profitai pour le servir lui aussi après une rapide interrogation du regard. Hop, cul sec. Aaah ! Ça fait du bien ! Quoi ? C’est pas féminin ? Mais je vous emmerde oh, je fais ce que je veux bon sang. Reposant le récipient avec une certaine force, je m’adossai plus convenablement au fond de ma chaise et me nettoyai les doigts avec l’une des serviettes offertes :

« Bof. J’ai jamais été super fan de la bouffe sunajin. Trop sèche à mon goût. Par contre une fois j’ai pu faire la connaissance d’une samouraï là-bas, magnifique jeune fille vraiment sympa, et on a manger … je sais pas trop d’où ça venait mais c’était pas originaire du village. Et c’était tellement bon ! Ahah, un menu pour six, on l’a fini à deux. »

Un petit grattage du bout du nez, réflexe de gêne. Je venais de me taper la honte devant un parfait inconnu … Bon, un autre verre d’eau et on interrompt ce silence embarrassant.

« Enchantée, moi c’est Milly. » Lui dis-je en inclinant de la tête. « Vous venez dans le coin pour une visite touristique ? Ou c’est personnel ? Professionnel peut-être ? Très franchement, ne rester pas ici. C’est malfamé, l’air est pollué et les gens sont bizarres. Surtout si vous allez dans les quartiers un peu plus au nord. Là-bas c’est le pire du pire. Et ce serait con que vous perdiez l’autre. » Dis-je à propos de son bras. « Sans vouloir paraitre désagréable bien sûr. »

Après quoi je me pris un autre bout de mon poulet pour le tremper dans le bol de mayo.

J’étais comment là ? Plutôt agréable non ? Ouais c’était pas mal, pas envie de piquer encore une colère sans raison. Nop aujourd’hui c’est la grosse flemme, donc on se repose, on bronze et on se soigne. Voilà, sympa le planning, n’est-ce pas ? En plus il ne fait pas trop moche donc ça va, c’est cool. Mon nouveau compagnon de table par contre, il semblait bien moins ouvert et détendu. Sa première remarque ressemblait vraiment à une pique gratuite, genre les endroits malfamés c’est ce qui me correspond le mieux, le côté souillon, malpropre, où la toilette est une option. Je pus tant que ça ? D’accord je suis franchement pas sexy dans ma façon de manger, mais quand même oh !

« Je suis un Yamada dont le nom n’a pas d’importance. » Fit-il.

D’accord, monsieur pète plus haut que tout le monde, c’est noté. Un Yamada, comme Yoshimitsu en fait. Dans le genre contrôler la chaleur, faire des illusions avec et tout le bazar. Un clan originaire du village du sable d’ailleurs. C’est bien mais je m’en cogne de son pouvoir ou de sa famille moi, le minimum de courtoisie dans une conversation c’est quand même de se présenter.
Il demanda ensuite où je lui conseillerais d’aller, et mon avis sur une comparaison entre Suna et ici, pour voir la quelle des deux villes était la plus craignos. J’haussai les épaules en terminant ma bouche, puis attrapai mon verre d’eau.

« Chai pas, dans un marché peut-être, parait que les carottes ça rend aimable vous devriez essayer. »

Hop là, on lance les hostilités ! Mais en douceur s’il vous plait, il ne s’agirait pas de provoquer un chaos sur une place aussi fréquentée, et à cette heure où tout le monde sort de chez soit pour aller chercher de quoi remplir son estomac.

« Et puis entre ici et votre village, Suna est quand même mieux. Même s’il fait trop chaud à mon goût, au moins il n’y a pas de prostituées à toutes les ruelles en pleine activité, ni de trafiquants de drogue qui tente de vous recruter … Par contre ça reste un village caché, avec des tas et des tas de règles et de lois. Et ça c’est chiant. Nécessaire mais chiant. »

Un nouveau haussement d’épaule, une gorgée d’eau fraiche et je me réinstallai au fond de ma chaise, un bras sur l’accoudoir pour tenir ma tête.

« Et du coup, que fait un sunajin ici ? Une mission peut-être, ou une traque. Les gens recherchés c’est pas ce qui manque dans cette ville … C’est quoi votre nom. Le clan je m’en contre-fou, mais c’est une question de politesse. On se présente quand on veut débuter une conversation. » Le ton était ferme et le regard ne plissait pas. Je ne voulais pas que ça recommence comme avec Isnajh. « Surtout que c’est vous qui venez me voir. Faire votre associable ensuite, autant repartir d’où vous venez. Vous ne perdrez pas votre temps, et vous ne me ferez pas perdre le mien. »

D’un mouvement souple du poignet je terminai mon verre et le reposai, avant de m’étirer. Quoi faire ensuite ? Faire un tour aux casinos ? Aller dormir ? Mmh, la deuxième option est quand même la mieux, sur un transat au sommet d’un des buildings de la ville.

« Par contre si vous êtes juste là pour chercher la petite bête, aller la chercher d’ailleurs, d’accord ? Ça vaudra mieux pour nous deux. Pas envie de m’énerver ou de me battre aujourd’hui … »

Le Yamada s’engagea sur la défensive, transformant soudainement vouvoiement en tutoiement. Ça va oui ? On n’a pas élevé les cochons ensemble à ce que je sache. Ça l’arrangeait que je ne souhaite pas me battre, et il me reprochait de n’avoir donné que mon nom et d’en vouloir plus ensuite.

« N’importe quoi, un prénom n’a pas la même valeur qu’un nom de famille. L’un permet simplement d’appeler une personne alors que l’autre donne en plus des infos importantes comme son pouvoir, ses éventuelles origines et tout le bazar. C’est complètement différent … »

Il sort d’où ? C’est pas possible, même moi qui ne suit ni maligne ni discrète, je suis au courant de ce genre de chose. Enfin, tant pis pour lui hein. Certes ce n’est qu’une conversation banale mais qui sait ce qui peut en découler ensuite.
D’après les mots qu’il employait, il ne semblait pas faire partit d’une traque. Ou en tout cas je n’en étais pas la cible, tant mieux. Avoir Konoha sur le dos c’est déjà bien assez encombrant, pas besoin d’un autre village caché en plus. Il retira sa capuche, libérant son visage de la pénombre et oh ! J’ai déjà vu cette tête quelque part, c’est certain ! Mais où ? A Suna certainement, vu qu’il ne nie pas quand je l’appelle sunajin. Réfléchissons, réfléchissons. Il était peut-être à l’examen, dans les participants. Mmh non, dans les organisateurs plutôt. Ou alors ailleurs … Bon c’est horrible comme impression, comme l’expression « avoir un mot sur la langue », là c’est exactement pareil. Je sais que j’ai déjà vu sa tronche quelque part et sans doute à un poste assez important.

« Tu as passé combien de temps à Suna ? » Demanda-t-il alors. « Une, deux semaines ? Nourrie, logée, tu as même pu te donner en spectacle devant un large public. Il est temps à présent de payer l’addition. Disons … un mois de service là-bas ? A moins que tu n’aies quelque chose de mieux à proposer ?

- Ohohoh, c’est une menace ? » Fis-je à mon tour en ricanant. « Je n’ai aucune dette envers Suna, essaye pas de m’accuser de quoi que ce soit. C’est pas moi qui ais imposer ma présence à l’administration. Nan c’est vous tous, qui avez ouvert vos portes aux participants de cet examen. Et d’ailleurs c’était un très chouette truc, il faut le reconnaitre, c’était sympa. Vicieux à la seconde épreuve, tout baser sur un choix c’est assez sale mais ça faisait partie du jeu … Dommage, j’aurais bien aimée participer aux combats dans l’arène. Là j’aurais réellement pu tester mes compétences, savoir ce qui me manque et connaitre quoi améliorer en priorité. Mais bon, tant pis ! » Une lumière s’éclaira soudainement au fin fond de ma matière grise, à tel point que je frappai sur la table en exprimant ma trouvaille. « C’est ça ! Je me souviens ! Tu es le … » Immédiatement je baissai le volume de ma voix au niveau des chuchotements. « Tu es le Kazekage. Roh bah, quelle surprise. Qu’est-ce que tu glandes ici, aussi loin de ta partie et … visiblement seul ? »

Un coup d’œil aux alentours permit de confirmer cela. Certes il pouvait y avoir des ninjas invisibles et tout un tas d’autres artifices pour se dissimuler et protéger le big boss du village. Mais ce n’était pas non plus très intelligent d’exposer une personne aussi importante. On ne se sert pas d’un roi pour faire l’appât, non. Même aux échecs on sait ça !
Reprenant un timbre naturel, j’interpellai la serveuse et lui demandai l’addition.

« Je t’offre quelque chose ? Un cornet de glace ? Ou un diabolo-fraise ? » Petit rire sarcastique. « Nan sérieusement, qu’est-ce que quelqu’un comme toi fait ici alors que son foyer est en proie au chaos le plus total ? En partant j’ai pu voir des trucs vraiment moches, et si je n’avais pas été au bord de la mort, j’aurais vraiment fais mon possible pour aider. »

Mes pensées allèrent à cet enfant en pleurs qui tirait le bras de sa mère dont seulement la partie haute du torse ressortait des amas de béton et de ferraille. Un spectacle très désagréable dont le Kaiho-Sha était le seul responsable. Vouloir supprimer la suprématie des villages cachés c’est une chose, mais n’allez pas me dire que cette petite famille à mériter son sort. C’est juste un massacre d’innocents pour une poignée de dirigeant, et c’est certainement ce qui est le plus révoltant dans tout ça.

Le Kazekage fit tout de même une petite remarque comme quoi je savais plus de truc sur lui, que lui sur moi maintenant, et que j’avais des informations importantes à dissimuler. Boarf, je m’inspire d’Oniri hein. Pour avoir la moindre info sur elle, c’était la croix et la bannière … par contre elle, elle pouvait avoir tout ce qu’elle voulait. Affreux. Du coup, à cette remarque du sunajin j’haussai simplement les épaules en prenant un air faussement innocent. Un léger sourire qui ne resta pas quand il sous-entendit ensuite, tout en remettant sa capuche sur son crâne, que je n’étais plus au bord de la mort et que je pouvais donc aider.

« Nop, c’est un refus catégorique. » Fis-je en agitant la tête de droite à gauche.

Chiant le garçon, à insister comme ça. Qu’est-ce qu’il lui prend ? Il n’est ni chez lui, ni en position de force. Et puis quand même, sa présence dans la mégalopole est très contradictoire avec ce qui venait de se passer dans son village. Un Kage n’est pas sensé aider et protéger sa population ? C’est pourtant ce que j’ai toujours compris sur ces dirigeants si prestigieux. Ou alors il y a des exceptions ? Naaaaaan, ce serait vachement moche pour le reste des ninjas concernés, pour la plèbe, pour les gueux ! Oh pardon, le dernier mot était peut-être un peu trop fort, ahah.
Bref, il était là pour aider, selon ses mots. Mouais ça peut autant tout vouloir dire que rien du tout. Sa place est tout de même auprès des gens de son village, pas au milieu de tous les forbans de cette ville malfamée.

« Ça n’était pas une menace. » Ajouta-t-il ensuite. « Si ça avait été le cas, ma lame serait déjà sous ta gorge. Après tout, il est plus sûr de menacer quelqu’un dont on tient déjà la vie. Cependant, si tu refuses ma … proposition, peut-être pourras-tu enfin tester les compétences que tu désirais tant mettre à l’épreuve dans l’arène ?

- Ah, ça c’est une menace par contre. » Répondis-je en le pointant du doigt, bien adossée au fond de ma chaise.

Je le toisai un peu du regard, aucune trace de peur ou d’inquiétude sur mon visage. Ce serait même plutôt l’inverse, à la limite de l’insolence. C’est un kage quand même, pas le premier pécore venu. Ni cet Isnajh de l’autrefois, qui avait tenté sa chance en me draguant sans vraiment le faire.
J’agitai à nouveau la tête de droite à gauche, portant mon verre d’eau préalablement à nouveau plein à mes lèvres.

« Non plus. Je t’ai dit, je n’ai pas envie de me battre aujourd’hui. Et ne te fais pas d’idée, tu ne me fais pas peur hein. Il y a quelques années j’aurais été comme une groupie de me retrouver devant qu’un d’aussi important, mais finalement c’est pas énorme … » Un énième haussement d’épaule suivit. « Par contre tu ne peux pas nier que ta présence ici alors que c’est le chaos là-bas, c’est extrêmement louche. Je n’y connais pas grand-chose en politique mais selon moi un dirigeant devrait plutôt faire son possible pour aider sa population, plutôt que jouer les touristes dans un autre pays … C’est en tout cas ce que je ferais moi, si un jour je deviens kage. Hey c’est pas interdit de rêver. »

Je lui tirai la langue et bus une gorgée avant de reposer le verre, observer les alentours et m’approcher ensuite, accoudée à la table pour chuchoter quelques mots au ninja.

« Donc soit tu as fait une connerie et tu as fuis comme un lâche, en abandonnant tous ceux qui comptaient sur toi. Soit … hum … J’allais dire que tu t’es trouvé une donzelle à poursuivre, vu la réputation qui circulait sur toi dans les rues de Suna, mais un adulte grand et mature comme toi ne s’abaisserait pas à ça quand même, si ? Donc ouaip, qu’est-ce que tu fiches ici ? Aider le village en buvant des cocktails dans la capitale d’un pays voisin. Qui plus est une ville de mauvaise réputation … Recruter des malfrats pour aider à reconstruire ton village, ça ne tiens pas debout non plus. Alors qu’est-ce que tu fais ici ? »

- Je suis là pour récupérer ce qui a été volé à Suna, voilà tout. »

Mouais … un mur serait plus bavard. Et puis c’est moi ou on dirait une pointe d’exaspération dans sa voix ? Qu’est-ce qui lui prend ? J’ai rien dis de mal oh. Ni de déplacé, enfin il me semble. Ou alors … ah c’est sans doute parce que je fais comme Oniri ! Héhé, effectivement j’avais pris la mouche très facilement aussi, et il semble que ça ait le même résultat maintenant avec lui. Excellent ! Faut vraiment que je la retrouve cette fille, malgré son air supérieur elle regorgeait d’astuces comme ça. Ou alors je peux demander à cette Red Saibogu, elle lui ressemble un peu, plus dans la façon de parler que physiquement mais elle lui ressemble.
Kioshi affirmait ne pas avoir le temps de se battre avec moi, et c’était tant mieux. Je ne suis pas encore pleinement rétablie, et puis après un tel repas c’est digestion obligée ! Doucement le matin, pas trop vite l’après-midi, à notre rythme quoi. Le Kage se leva finalement, déposa une pièce sur la table et fit mine de partir, ajoutant cette fois une vraie menace à mon encontre. Ahah, il est mignon. On est mignon quand on est ignorant en fait. Je ne pus cacher un petit rire sarcastique en le regardant partir.
Décidemment, lui non plus n’arrive pas à la cheville de Miko. Ça c’est triste, les Kage ne sont pas tous censés être du même niveau, avec la même prestance, pour garder un certain équilibre dans le rapport des forces ? C’est pourtant ce que j’avais lu il y a des années dans un parchemin quelconque.

Me levant à mon tour, je déposai les billets correspondant au repas, et ajoutai une pièce en plus avec un sourire et un clin d’œil à la serveuse qui venait tout récupérer peu après. Alors voyons voir, on s’étire, on baille et ensuite … mmmh où il est passé le leader estropié ? Ah, là-bas. Accélérant le pas sans pour autant courir ni ayant l’air louche, je le rejoignis avec ce même sourire moqueur aux lèvres.

« Alors voyons voir … comment il s’appelle le Kazekage ? Mmh, comment ils l’appelaient dans les rues de Suna déjà ? Ah oui, Kioshi le bourreau des cœurs. Hihi, c’est vrai ça ? Tu dormais vraiment dans une tente bon marché, et tu passais plus ton temps à chasser les donzelles qu’à faire ton taf ? » Rions les amis, rions ! « Ce serait plutôt cocasse. Mais je vois bien qu’il y a un truc qui te chiffonne … Je te tape sur les nerfs ça se comprend mais hey, c’est toi qui a commencer à abandonner le vouvoiement pour le tutoiement. Assume maintenant. »

Les mains derrière le dos, l’air insouciant d’une gosse heureuse en cette belle journée ensoleillée.

« Tes menaces n’ont aucun poids sur moi par contre. Ce que tu pourrais utiliser pour me faire chanter est malheureusement totalement hors de ta portée. En clair, tu n’as aucun pouvoir ici ! Ahah ! En plus t’as pas de chance, j’ai absolument rien à faire ces derniers temps donc je vais te coller encore un bon moment. » Je saluai d’un mouvement de tête un gosse qui semblait essayer de voler une baguette de pain. « À ton avis, quels sont les trucs indispensables pour faire un bon Kage ? Être populaire sans doute, être à l’écoute de la population mais c’est peut-être pas suffisant … »

Il demanda d’abord à ce que je parle moins fort, avant de notifier que je ne connaissais pas les Yamada. Bah si, ils manipulent la chaleur. Je le sais, Yoshi faisait ça aussi. Ce sont des radiateurs humains ces gens, le compagnon idéal pendant les froides nuits d’hiver. Grand, chaud et dur mais sachant garder une certaine souplesse pour faire plaisir … Han les idées perverses ! Vous n’êtes vraiment tous que des obsédés ! Surtout qu’il est pas si bien fichu que ça hein, vous seriez déçus.
Ahah, blague à part selon lui un Kage devait protéger les siens sans soucier de ce qu’on pourrait en penser.

« Ahun, tout l’inverse de ce que tu fais actuellement en étant là alors que tes habitants sont en proie au chaos. Pas très clean tout ça … » Rajoutai-je à demi-mot.

Il entra peu après dans une taverne et j’hésitai à le suivre un instant car cet établissement, hormis le côté miteux et ses habitués ripoux, n’était pas un de mes favoris. Vous allez comprendre pourquoi, sauf si le responsable ne se souvient pas. Oh ce serait tellement bien.
Hélas Kioshi allait directement au bar et déposai une petite bourse pleine de pièce sur le comptoir. Oh le saligot il essaye encore de me faire chanter ! C’est qu’il insiste punaise, obsessionnel le monsieur. Ses questions étaient simples, savoir si j’ai une prime sur ma tête, si j’étais recherchée et ce que j’avais commis. Oh boh ça va ! Je ne suis pas stupide au point de frimer sur ce genre de chose !

« Milly ? Cette garce … » Le regard du barman pivota dans ma direction. « Elle me doit trois repas de deux personnes, deux chaises, une table, un piano, le canapé qui allait avec, deux tonneau de bière, une grande partie de mon stock d’alcool, la vitrine et la porte.

- Aaaaah, c’est pour ça que c’est un peu plus chouette qu’avant ! » Rajoutai-je en observant les nouveaux aménagements.

« Joue pas à ça avec moi fillette, tu me dois …

- Justement regarde ! » Le coupai-je, avançant la bourse vers lui. « C’est un début hein, mais hey tu sais ce qui se passe quand on boit trop hein. Et puis entre nous, tu devrais plutôt me remercier, ton taudis est quand même bien mieux maintenant. » Voyant qu’il commençait à s’énerver, je levai les mains en l’air et pointai du doigt Kioshi. « Je te laisse avec mon banquier, il est pété de thunes. Et en plus il vient de Suna. Il a un poste super important là-bas, avec pleins de responsabilités et tout. »

À cette annonce le silence se fit dans l’établissement. Tous les yeux se tournèrent vers nous, et une atmosphère peu amicale s’installa. Certains venaient même se rapprocher avec l’air de ceux qui veulent en découdre avec les poings, les pieds de table et les barres de fer.

« Bienvenue à la mégalopole mon cher. Héhé. » Chuchotai-je au Yamada avant de sortir à coup de charge taïjutsu.

Une pour arriver dehors sans m’embarrasser des gêneurs, quitte à exploser à nouveau la porte. Et une autre pour voler littéralement au sommet d’un des plus proches buildings. Ah punaise ça faisait longtemps ! Je me sentais revivre ! Alors Kioshi ? Que vas-tu faire ? Ce ne sont pas que des civils, il y a aussi des petits déserteurs ninjas dans le lot. Rien de bien folichon mais ils sont plutôt nombreux. Vas-tu tous les affronter ?
Je m’installai au bord de l’immeuble, les pieds dans le vide et observai en contre-bas ce qui allait advenir de la taverne, un sourire aux lèvres. J’étais assez fière de ma connerie, et puis il a essayé de m’avoir, je ne fais que lui retourner l’ascenseur. C’est clean et réglo, non ?

J’observai en silence l’établissement depuis les dizaines de mètres qui me séparent du sol. Seulement il ne se passa rien. Absolument rien. Bizarre, à en juger l’attitude agressive des gens du coin et les airs supérieurs du Kazekage, j’aurais cru que justement le mix des deux donnerait quelque chose d’explosif, mais même au bout de quelques minutes il ne se passait toujours rien. Pourquoi donc ?

Exceptionnellement, quittons cette jeune femme, héroïne de notre histoire pour aller voir ce qu’il advenait de Kioshi et des habitants. Le Sunajin et le barman tapait la discute, l’un essayant de convaincre son interlocuteur qu’il était inutile de se battre et l’autre qui ne voulait rien entendre à part des pièces d’or bien clinquantes. Seulement le chef de village savait y faire pour manipuler les esprits, c’est un Yamada souvenez-vous. En utilisant les bons mots, il réussit sans mal à instiller le doute dans l’esprit de son adversaire, ainsi que dans celui de tous ses comparses. Un type un peu plus alcoolisé que les autres permit de définitivement poser l’autorité du ninja, en voulant l’attaquer avec une bouteille de verre et échouant lamentablement cela va de soi. Une esquive propre et sans bavure, une mise hors de combat indiscutable, il était clairement au-dessus du niveau de tous ceux qui l’entourait. Certes un pyromane aurait pu se dire que c’était le bon moment pour profiter du fait que les pieds nus – parce que oui depuis le début il est pieds nus – de l’inconnu, réclamant sa bourse, trempent dans l’alcool pur y mettre le feu. Mais de toute évidence il n’y avait personne répondant à ces critères dans l’assemblée de pochetrons.

« Qui es-tu ? » Demanda le barman, quelque peu impressionné.

« Un ami qui ne vous veut aucun mal, mais qui ne souhaite pas forcément se voir fracasser la tête. » Répondit le Kazekage, les yeux dans les yeux.

Il exploita les pensées du marchant, son souhait d’être remboursé pour obtenir ce qu’il voulait, à savoir des infos sur Milly. Que ce soit des avis de recherche, des annonces ou quoi que ce soit d’autre. L’homme derrière son bar recula d’un pas, comme s’il venait de voir une terrifiante créature, sitôt que Kioshi eut fini son spitch. Utiliser des techniques ninjas sur des civils, c’est sale monsieur le chef de village.
Quelques hommes quittèrent l’établissement pour se lancer à la poursuite de la Kaguya, mais la majorité resta sur place. Le barman reprit peu à peu contenance, frissonnant sur place malgré la température ambiance qui dépassait sans mal les vingt-cinq degrés.

« Hum, je vois bien que vous n’êtes pas n’importe qui. Je vous prie de m’excuser pour mon comportement. Tenez. » Il lui servit un verre de son meilleur alcool. « Il est très relevé mais cela devrait être à votre goût. Par contre je ne pourrais pas vous aider plus que ça, cette femme ne parle à personne. Enfin pas pour donner des infos. Par contre dire des conneries et provoquer la clientèle, ça elle sait faire. Ça ne m’étonnerait même pas qu’elle soit recherchée, mais c’est tout ce que je sais. Elle me doit un sacré paquet d’argent mais jusqu’à maintenant personne n’a réussi à lui mettre la main dessus. »

Il approuva d’un mouvement vif de la tête, et plusieurs hommes dans la foule ajoutèrent leur grain de sel, provoquant un brouhaha inaudible. Il fallut que le barman frappe sur son mobilier pour que le silence revienne.

« En somme, elle a des facultés de combat au corps à corps inhumaines, et un estomac sans fond. »

Il lorgnait toujours sur le sac plein de pièce du sunajin, mais avec un peu plus de discrétion.
Revenons maintenant à Milly, toujours au sommet de son building. Enfin des gens qui sortent de la taverne ! Mais ce ne sont pas des civils, nop. Parce que les civils ça ne sait pas courir sur les murs, alors qu’eux si. Ils ne tardèrent ainsi pas à arriver tout en haut et encercler leur cible, moi.

« Bah alors les mecs ? Je vous ai offert un gros pigeon plein aux as et vous trouvez quand même le moyen de venir me faire chier ?

- Ton banquier n’en est pas un, étrangère ! Paye ta dette ou il t’en coutera ! » Répondis l’un d’eux.

« C’est con, j’ai plus un sous en poche … »

Ils se mirent ainsi tous les trois à me foncer dessus, criant pour se donner du courage. Bon, voyons le bon côté des choses, ça va me permettre de voir si j’ai récupérée de mon combat à Suna après tout ce temps à rester au calme. Ainsi une petite remise en forme, en douceur ça ira bien. Je vous épargne les détails, il n’y a pas grand-chose à décrire. Je ne faisais que me défendre et dévier leurs coups pour qu’ils se frappent entre eux. Il fallut tout de même que j’empêche l’un d’eux de tomber dans le vide après un assaut échoué, tss. Aller flemme. On assomme, on assomme, et on assomme. Voilà ! Chiant à force. Ils sont pas mauvais hein, mais il n’y aucune synchronisation dans leurs mouvements, aucun esprit d’équipe. Du gaspillage d’énergie pur et simple. Des gosses sortants de l’académie et qui pensent déjà pouvoir gouverner le monde.
Je redescendis de mon perchoir après m’être assurée qu’ils ne tomberaient pas, et vint frapper à la porte du bar :

« C’est bon Kioshi ? T’as fait ton cinéma ? Nan parce que c’est chiant hein, laisses leur ta bourse et on sera quitte. »

- Quitte ? Je ne te dois rien à ce que je sache, Kaguya Milly. » Répondit-il après s’être enfiler un verre d’alcool.

Un haussement de sourcil, c’est la seule expression qui apparut sur mon visage à l’énonciation de mon nom. Ainsi il a fini par trouver à quel clan j’appartenais. Il faut avouer que mon comportement et mon physique ne passe pas énormément inaperçu, sans vouloir me venter bien entendu. Et puis mine de rien, la célébrité s’est étendue à force de voyager partout.
Il me fit alors face tandis que je croisai les bras, une épaule appuyée contre l’encadrement de la porte, et me présentai un bout de papier sur lequel était inscris mon nom et la mégalopole de Kawa no Kuni. Aaaaaah, il veut utiliser le chantage pour que je retourne à Suna ! Forcément, un rire sarcastique s’échappa de mes lèvres.

« Pouah, t’écris si mal que ça ? J’l’aurais pas imaginée ainsi, comme quoi être un souillon et un clodo n’empêche pas de devenir Kage … » J’agissais volontairement comme la fille qui s’en contre-fiche, quitte à aller jusqu’à me curer les ongles en parlant. « Je te l’ai dit pourtant, aucune de tes menaces ne peut m’atteindre. Les seules personnes qui pourraient avoir une dent contre moi savent déjà où je suis. Tu te fatigues pour rien ! »

Les civils autour de nous observaient sans trop savoir quel camp choisir. Le barman trancha en saisissant la bourse du sunajin qui trônait toujours sur le bar, sur son bar.

« Aller faire votre querelle de couple ailleurs maintenant. Sinon ce sera de double que vous me devrez. »

Il agita les mains pour nous faire signe de déguerpir, et ce qu’on pourrait appeler ses sbires ne tardèrent pas à former une espèce de barrage entre nous et le comptoir. Certains prenaient même leurs airs menaçants alors qu’ils devaient savoir au fond d’eux qu’ils n’avaient pas la moindre chance en cas de combat.
Du regard je toisai chacun d’eux, le barman inclus avant de m’arrêter sur Kioshi.

« Bon bah voilà ce qui arrive quand on fait le malin mon cher … Sur ce, moi je me tire, flemme de tabasser du menu fretin. Et tu devrais faire de même, quelqu’un de ta stature ne devrait pas faire de vague alors qu’il a déserté son propre village. »

Le mot était peut-être un peu trop fort mais comment vous appelleriez un dirigeant, un grand chef, qui se balade tout seul dans une ville de mercenaire alors que sa propre population à essuyer une violente attaque ? Je lui d’ailleurs déjà fais la remarque, alors que son peuple souffre lui il fait du tourisme à des kilomètres, c’est un acte de lâcheté.

« A défaut de m’y rendre, j’enverrais sans doute aussi un petit mot à Suna en précisant où tu es. Ça ne te gêne pas ? Après tout, c’est clean hein. T’es là pour une mission top-secrète, pour récupérer ce qui t’a été enlevé, ou un truc du genre pas vrai ? Donc ça ne devrait pas poser de problème si je les préviens que tu es ici, seul, à faire du tourisme et à te relaxer pendant que des familles sous ta responsabilité meurent et souffrent. »

D’un sourire je saluai tous les hommes dans la pièce et pris la route de la fauconnerie. Est-ce qu’il va me suivre ? Voyons voir sa réaction quand son idée de chantage se retourne contre lui. C’est ça, restons aux aguets.

Et bah ouais il me suit ! Ah quel pot de colle ! Finalement je n’aurais pas dû le poursuivre tout à l’heure. Si j’avais sue qu’il serait aussi lourd et barbant, jamais je ne serais restée en espérant récolter quelques conseils. Punaise je plains tellement ceux qui ont été obligé de se le coltiner inlassablement, jour après jour. Tss, et voilà qu’il veut se faire respecter maintenant, en me barrant la route et en gardant une main sur le pommeau de son sabre. Tiens donc, je n’avais même pas fait gaffe à ce détail mais ce genre d’arme, il doit certainement connaitre Yaeko.
Bref une bonne vieille menace comme on en fait lorsqu’on se croit meilleur que tout le monde. Le genre à dire que je perdrais ma langue si je continuais à palabrer des insanités sans en connaitre les tenants et les aboutissants.

« Oooouuuuuuh, j’ai touchée dans le mille hein, ahah. Ok ok, je ne dis plus rien. » Terminai-je en levant les bras, l’air toujours aussi faussement affectée.

Nous reprîmes la route et il en profita pour rajouter qu’il enverrait aussi ces bouts de papier gribouillés. J’haussai les épaules :

« Toi aussi tu devrais faire gaffe à ce que tu racontes. Tu ne sais rien de ma présence ici, ni de ce que je peux ressentir à être loin de ma famille. »

Tout ce que j’endurais depuis, tout ce que je faisais loin de Kiri, seule c’était pour mes Kaguya. C’était pour Mizu no Kuni, alors qu’un lâche capable de fuir ses responsabilités alors que son propre peuple vient tout juste de subir un attentat, viennent me faire des reproches, nop c’est inconcevable. Et oui seule, parce qu’on ne va pas compter Kurasa et les autres hein. Ils étaient tous capable de me poignarder dans le dos au moindre instant de faiblesse. Alors que putain je me sens seule ! Tellement seule ! Pas d’ami avec qui discuter, rigoler, se confier et de détendre, pas de Tsubaki à qui faire des câlins et des bisous partout, à se dire des mots doux et à cracher des insanités sur toutes les personnes qui nous entourent simplement parce que c’est drôle. Personne. Personne … punaise la solitude c’est vraiment le pire des dangers dans ce bas-monde.
Oh, nous voilà déjà à la fauconnerie, et bé le temps passe vite tout compte fait. Kioshi monta les marches le premier. Est-ce que je me barre maintenant ? C’est très tentant mais cet abruti est tout de même capable d’envoyer ses chiffons un peu partout, et même s’il n’y a aucune crainte à avoir vis-à-vis de ça, il ne serait tout de même pas prudent de le laisser agir à sa guise. Je montai donc moi aussi, au quatrième et dernier étage de cet immeuble pleins de trous juste assez grand pour ne laisser passer que les oiseaux. Et les petits enfants éventuellement …

Sur place, un vieil homme aux mains couvertes de griffures et de coups de bec nous accueillit, un sourire très poli aux lèvres. Le Kage lui tendit ses bouts de papier et m’interrogea du regard. J’haussai à nouveau les épaules en me grattant le menton, et lorsque le paquet passa d’une main à l’autre, à l’instant où aucune des deux mains ne le tenait fermement, je jetais cinq phalanges qui vinrent déchirer le tas de notes en plusieurs morceaux.
D’ailleurs le vieil homme, surprit, sursautai sur place et levai instantanément les mains en l’air en reculant d’un pas, comme s’il voulait prouver qu’il n’y était pour rien. L’ignorant totalement je pivotai le regard vers Kioshi :

« Le prend pas mal, mais même si j’en ai rien à foutre que tu balances à tout va ma position, il y a tout de même des gens qui compte sur moi. Tu sais, le genre que toi tu as abandonné à une mort très probable … » Une petite gratte sur le bout du nez, comme pour marquer là encore que je ne le craignais pas. « Je n’enverrais rien non plus à Suna, c’était du bluff. Je n’aurais rien à y gagner de toute manière, je vaux mieux que ça. Vendre mes collègues nukeninsce n’est pas franchement mon truc, le côté collabo et tout, nop sans façon. Et tu devrais faire de même si tu comptes faire carrière chez nous. Fini les douceurs, la protection et le confort d’un village, tu es seul et je doute que tu sois du genre à vouloir te faire des ennemis en plus. Si ? » Lui demandai-je en croisant son regard, après avoir détaillé les nombreux volatiles de la fauconnerie. « Un ancien dirigeant comme toi serait aussi stupide que ça ? Ah, et j’oubliais une dernière chose à propos des papiers … »

Bim coup de boule dans le pif, sans prévenir. Pas de charge, pas de chakra, une frappe classique de la part d’une femme pour qui le combat au corps à corps est toute sa vie. Le but n’étant pas de lui faire mal, mais simplement de ne pas se laisser marcher sur les pieds.
Après quoi je tournai les talons et m’arrêtai devant les escaliers, un coup d’œil toujours sur le déserteur.

« Réfléchit Kioshi, t’as beau être un foutu entêté qui saigne maintenant du nez, je ne suis pas ton ennemie. Alors fait en sorte que ça ne change pas. Tchouss. »

Puis je descendis et quittai l’établissement. Mmh, un bon smoothie ne serait pas de refus après toutes ces activités.

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