Je ressentais en ce moment comme un vide, j'avais beaucoup de mal à déployer des structures Shôton solides. Elles n'étaient plus parfaite comme j'avais l'habitude d'en faire, pourtant je n'étais pas tant fatigué que ça et je me concentrais comme à mon habitude. Même jeune, mes jutsus n'étaient pas aussi imparfaits, c'était.. étrange. Je n'avais pas peur, je ne pouvais me le permettre. Cela empiéterait sur mon rôle au Kakumeigun et sur mes actions, je m'étais promis d'en finir avec cela. Quelle était la solution ? Qu'est-ce que je pouvais faire pour récupérer mes pouvoir et ce, entièrement. J'avais consulté quelques écrits ancien mais je n'avais trouvé de réponse à mes problèmes. Il était rare de trouver un ouvrage relatant des faits similaires aux miens surtout quand on parlait de Shôton, la discipline se faisait de plus en plus rare. À Suna nous étions quelques uns à maîtriser cette capacité et nous n'avions aucun lien de parenté.

Aujourd'hui donc, j'avais ôté les cadenas des portes d'une salle d'entraînement. Celle-ci n'était autre que la salle d'entraînement du Midorhato. Elle se trouvait au sous-sol et n'était plus entretenue suite à la dissolution de l'organisation.

Ça me rappelait quelques souvenirs, je m'étais entraîné plusieurs fois avec mon maître et Ema ici. Des entraînements qui me paraissaient difficiles mais aujourd'hui ne l'étaient plus. J'étais en Kimono noir et Azura était toujours à mes côtés, mon Katana qui avait maintenant une garde d'ailleurs. Une garde rouge, je l'avais comme qui dirait habillé. Avant je pensais à laisser cette arme au naturel, à lui laisser ce côté là mais j'avais changé d'avis. Il était temps de m'entraîner réellement, je fis quelques signes après avoir joint mes mains. De ces signes je créai une grosse colonne Shôton qui s'élève jusqu'au plafond. Elle était imposante et pourtant, je décelais des défauts. Je m'approchai doucement de ma création. Il y avait une fissure en son cœur, je la voyais grâce à la transparence de mon cristal bleuté.

Sans perdre de temps, je créai plusieurs colonnes Shôton d'affilé. Une dizaine avaient été crées et je commençai à essouffler. Une à une je les examinai et pour arriver à trouver de plus en plus de défaut. J'avais pensé à aller voir Ema pour savoir si elle avait déjà eu ce problème mais ce n'était pas ses affaires, ça devait rester les miennes. Yami n'était plus là aussi, peut-être lui aurais-je fait part de mes problèmes ? Peut-être pas finalement, je la laissai en dehors de ça.

Je posai mon dos pour me laisser glisser et finalement m’asseoir au sol. Je réfléchissais à plusieurs possibilités. Je pensais tout d'abord à l'attaque envers nous, mon ennemi disposait d'étranges pouvoirs, peut-être m'avait-il injecté quelque chose à mon insu ? Un virus ? C'était peu probable, je n'avais pas été en contact mais je ne pouvais écarter l'hypothèse d'un virus transmissible grâce à l'air. Les hypothèses s’enchaînèrent pendant de longues minutes dans ma tête.

Je fermai les yeux sans même m'en rendre compte et soudainement je me sentis comme transporté. De peur, j'ouvris les yeux et tout était noir autour de moi. Je connaissais cette sensation, elle avait été effrayante un temps. Le visage sérieux, je me relevai et je me tins droit. Je savais ce qui m'attendait, sans même attendre une grande pupille dorée s'ouvrit. C'était un œil reptilien que j'avais croisé à Yuki no Kuni. Cette même chose qui me possédait encore aujourd'hui, ce n'était nul autre que mon Henka Akuma.

«  Que fais-tu Chura ? Tu essayes d'avoir la main-mise sur moi ? C'est inutile. »
«  Tais-toi humain. »
«  Mhmm-.. qu'est-ce que je fais ici ? »
«  Tu es ici car inconsciemment tu l'as voulu, tu te poses des questions et je le sais. Je suis le seul à avoir des réponses. » Dit-il avec un rire démoniaque comme il pouvait le faire. « Seulement pour ça il faut m'accepter entièrement. Une fois fait, je t'apprendrai la raison pour laquelle tu es en train de perdre ton pouvoir. »

Je plissai les yeux quelques secondes avant de soupirer. Il voulait réellement jouer à ça ? Il avait eu le dessus pendant des mois et des mois mais ce n'était plus le cas aujourd'hui. Comme une barrière, j'ouvris dans mon esprit la porte me permettant de me transformer. Cette fois-ci j'étais revenu à moi et je sentais l'énergie noire prendre possession de mon corps. À quatre pattes, au sol, je me retins de crier de douleur. Des veines étaient visibles sur tout mon corps et mes points s'étaient enfoncés dans le sol tellement je forçai. Après quelques minutes, je me relevai, j'étais totalement changé en démon. Des ailes, des cornes, les vêtements déchirés, je n'avais plus rien d'un homme et je gardais pourtant le contrôle.

Je sentais comme une puissance bouillonnante en moi, c'était difficile de me contrôler.

« Tu me croyais vraiment ? »

J'avais pressenti un piège et pourtant...

« Si tu ne me réponds pas, je trouverai Oniri. Une fois fait, je lui imposerai de te faire souffrir, de te faire mettre à genoux devant Heyle, tu seras son esclave. »
« Es-tu toujours humain ? Tu me sembles bien moins faible pour un membre de cette saleté de race. La raison pour laquelle tu perds tes pouvoirs n'est autre que moi et j'en suis heureux. Dans quelques jours, quelques semaines au plus tard tu ne seras plus capable de créer une poussière de Shôton. Je vais te consumer. »

Je plaçai ma main droite aussitôt sur une corne pour la réduire en pièce, évidemment ça me faisait souffrir mais je voulais étouffer mon Henka Akuma. Je fis de même avec l'autre corne puis avec mes ailes, du sang noir coulait sur le sol. Le sang noir était formé de cellules qui permettaient à mon corps et à celui du démon de se régénérer mais j'avais encore peine à l'utiliser. Une quinzaine de minutes plus tard j'étais revenu à moi. J'étais toujours au sol, transpirant comme jamais quand je sentis en mon dos la colonne de Shôton se briser. Je me retournai aussitôt pour voir un morceau tranchant à quelques centimètres de ma tête, je me voyais déjà perdre un œil quand le projectile en question s'arrêta. Il était comme figé, j'avais réussi à le maîtriser ? Je m'écartai, l'air étonné avant de sentir du sang couler de mes yeux. Par réflexe, je relevai ma tête et je me vis dans mon Shôton, mes pupilles étaient dorées. Elles étaient dorées mais d'une façon ou d'une autre, je savais que ce n'était pas la cause directe de mon Henka Akuma.

Allongé dans mon lit, je réfléchissais à ce qu'il venait de m'arriver. Je perdais peu à peu le contrôle de mon Shôton et j'en connaissais dorénavant la cause, ce n'était rien d'autre que la faute de Chura. À côté de ça, quelque chose s'était éveillé en moi et la sensation était indescriptible. Sous le danger, j'avais fixé un projectile et il s'était presque arrêté selon mon souhait. Le projectile était un morceau de Shôton aiguisé qui aurait bien pu me transpercer. Suite à ça, j'avais ensuite regardé mon reflet dans le cristal et j'avais vu des pupilles dorées. La couleur de mes yeux n'avait plus été la même durant quelques secondes. De petites gouttes de sang avaient coulé le long de mon visage et j'avais été tout à coup fatigué. C'était le contre-coup de ce qu'il venait de se produire. Sur le moment je n'avais pas réfléchi à ce que pouvait bien être ce pouvoir inconnu.

Je rassemblais les informations dont je disposais. La couleur de ces pupilles était similaire à celles de Chura, ce n'était pas étonnant ; Mais j'avais tout de même senti une différence et j'avais même pu contrôler le temps. Naturellement j'avais penser aux capacités extraordinaires des manieurs de temps, j'en avais rencontré un à Ki no Kuni. Je perdais un pouvoir et j'en gagnais un comme si le précèdent prenait trop de place, ceci n'était pas une coïncidence. Je devais comprendre le pourquoi du comment mais tout ceci me dépassait à l'heure actuelle. Je ne m'étais pas très renseigné au sujet du clan Jisetsu mais le don était héréditaire et on ne m'avait jamais indiqué des racines étrangères. Je ne faisais pas parti des terres de l'Empire. La seule hypothèse probable était celle de ma mère, mon père ne m'avait jamais dit d'où elle venait et c'était même un sujet tabou. Ma mère était un sujet sensible, je n'avais que très peu pu l'aborder avec mon paternel.

Je m'interrogeais alors pendant une nuit entière et le lendemain matin, après m'être préparé, j'avais décidé de rejoindre la bibliothèque la plus proche. Ils disposaient de certains ouvrages sur des clans et celui qui m'intéressait n'était nul autre que le clan Jisetsu. Une fois dans l'établissement, je saluai avec respect une dame à l'accueil avant de parcourir les grandes allées de la bibliothèque. Je m'arrêtai finalement devant l'étagère souhaitée et pris quelques livres. Une fois fait, je m'assis à une table pour les feuilleter. Les heures se suivaient et j’emmagasinais des informations intéressantes. À l'heure actuelle une grande partie des Jisetsu se trouvaient à Kusa no Kuni. Un pays appartenant à l'Empire.

«  Vous avez trouvé ce que vous recherchiez monsieur Toshiro ? » Dit la vielle dame après s'être levée de son bureau pour venir me parler.
«  Oui, je crois bien. Dites-moi, tant que j'y pense, avez-vous un ouvrage sur les différents sceaux qu'on peut trouver ? Je cherche à savoir d'où peut provenir un sceau qui m'était inconnu jusqu'à peu. »

La vielle dame acquiesça et quelques minutes plus tard elle m'amena un livre qui parlait des sceaux, leurs utilisations, leurs possibilités-.. Je quittai la bibliothèque sans tarder pour rejoindre mon domicile. Chez moi, je ne faisais que penser au fait que ma mère était possiblement un étrangère et une membre du clan Jisetsu. Mon père ne m'en avait jamais parlé tout comme ma sœur, c'était le flou total. Jusqu'à aujourd'hui je n'avais jamais ressenti le besoin de connaître les origines de ma mère, on m'avait d'ailleurs tout caché. D'un côté, je commençai à comprendre. Si cette hypothèse était juste, le clan Toshiro n'aurait jamais accepté une étrangère. Le clan conservait des valeurs traditionnelles, archaïques alors je m'imaginais pas une personne venue d'ailleurs avec des capacités spéciales. La nuit tombée, il ne me restait qu'à faire remonter à la surface de vieux souvenirs. Je pris une cape à capuche et quittai mon domicile afin de rejoindre le quartier Toshiro et plus précisément mon ancienne maison.

J'avais fait attention à ne pas être remarqué, je ne voulais pas voir des membres de mon clan. J'aurais pu faire ça de manière officielle mais je souhaitais être tranquille. Je sautai par-dessus le mur et je vis dans quel état était le jardin, il n'avait pas été entretenu depuis des années et ça se voyait. C'était tout simplement désolant. La porté était scellée, je dégainai mon Katana et d'un trait j'ôtai l’entrave. J'ouvris les portes coulissantes et pus apercevoir à quel point l'endroit était entretenu comparé au jardin. C'était très propre, étrangement. Quelqu'un devait venir ici pour faire le ménage mais j'avais peine à comprendre la raison et à savoir qui. Enfin, je me dirigeai vers le salon. Ça me rappelait beaucoup de souvenirs, c'était assez spécial voir même éprouvant d'être ici. Je posai mes genoux sur le sol afin d'ouvrir un vieux tiroir. À l'intérieur, je ne pus trouver des informations. Il n'y avait que des dessins et photographies que j'avais déjà vu dans le passé. Je soupirai avant de poser mon dos sur cette même commode, j'observai la pièce quelques instants. J'avais tant de questions qui allaient rester sans réponses, c'était presque désespérant.

Cette pièce me rappelait de bons souvenirs tout de même, je souris presque bêtement en m'en remémorant certains. J'arrivais à imaginer mon père et ma sœur assis autour de la table centrale, les images étaient si réelles. Soudainement, je sentis comme un liquide couler le long de ma joue. Par réflexe, je passai ma main dessus et m’aperçus que ce n'était rien d'autre que du sang. Je relevai la tête pour voir des images défiler à une vitesse ahurissante. Je vis brièvement et pour la première fois ma mère vivante, j'avais du mal à contrôler ce qui était entrain de se passer mais je souhaitais de tout mon être arrêter le défilement des images. Celles-ci s'arrêtèrent et je pus voir ma mère enceinte parlant à mon père. Elle était aussi belle que sur les photographies, malgré une une puissante douleur au niveau de mes yeux je souris et étais même heureux de voir ça.

Je pus écouter des discussions, voir des larmes et des rires, en quelques secondes j'en appris bien plus sur ma mère que tout ce dont on m'avait conté à son sujet. Tout se passait très vite et sans même m'en rendre compte, les images disparurent instantanément.