Le temps défilait et la nuit ne tarda pas à succéder au jour. Une à une, les innombrables lumières de la mégalopole s'allumaient pour chasser les ténèbres nous plongeant à tous dans un monde dont la constance était faite d'or et d'ombres. La ville ne semblait jamais à se réveiller. Dehors, entre ces rues malfamées, criminels et bons samaritains déambulaient en vaquant à leurs occupations. Tous vivaient enfermés dans un quotidien dérangé sans même s'en rendre compte. L'ironie étant que je réalisai en faire à présent parti.

Difficile de croire qu'il y avait quelques mois de cela je vivais dans un loft confortable au sein d'un village lui-même situé au milieu du désert. J'avais troqué le tout contre un appartement miteux d'une trentaine de mètres carré. Les suites princières n'étaient plus à mon goût, où plutôt ne convenaient-elles pas à mon nouveau cadre de vie. La discrétion était quelque chose de primordial pour le travail que je souhaitai effectuer. Inutile donc de faire'étalage d'ébauches luxuriantes si s'était pour me faire repérer à la première occasion.

Jetant un coup d’œil à ma montre, je décrochai de ma lecture pour rejoindre l'extérieur de mon immeuble à passant par le toit. Je rabattais mon capuchon sur ma tête et vissai mes lunettes de soleil sur mon nez malgré la semi pénombre ambiante. A partir de là je m'élançai agilement entre les immeubles en prenant soin de dissimuler ma présence à l'égard des plus indiscrets. Dès lors je n'étais plus qu'une silhouette se détachant à peine de ces immenses parois de béton qui définissaient les murs de la cité. Je pouvais sentir l'énergie des innombrables vies grouiller en bas, aucune n'échappait à ma vigilance. A cette altitude les sons me paraissaient étouffés où plutôt comme les lointains échos provenant d'existence égarées qui se cherchaient sans cesse pour, immuablement, ne jamais parvenir à se retrouver. J'arrivais au point de rendez-vous près d'une demi-heure à l'avance. Dès lors je m'adossai contre la porte de service du toit d'un des plus haut building de la mégalopole.

J'attendis ainsi les bras croisés, me donnant un air désintéressé par mon environnement alors qu'il n'en était rien. Bien au contraire absolument rien n'échappait à ma vigilance et je n'eus aucun mal à sentir la présence de trois shinobis venir dans ma direction. Il ne m'en fallait pas davantage pour comprendre qu'il s'agissait de mes nouvelles recrues. Par ailleurs le chakra de Tenbatsu Kurasa était reconnaissable parmi eux. Avec agilité les nukenin retombèrent en face de moi. Je reconnu sans mal Milly, la Kaguya avec qui j'avais partagé un repas et prodigué des enseignements il y avait bien des mois de cela avant que je ne débute l'examen chuunin. Elle ne semblait pas avoir changé contrairement à moi. Il était par ailleurs peu probable qu'elle parvienne à me reconnaître.

-Ravis de vous revoir Sir.Kurasa. Dis-je avec un sourire en coin. Il semblerait qu'une personne manque à l'appel. Vous deviez être quatre n'est-ce pas ? Je présume que vous devez être Milly et vous... Ozaï ? Caché dernière mes lunettes de soleil mon regard s'était porté sur le deuxième qui, à mon sens, n'avait pas du tout une tête à s'appeler Aedran.

Je m'avançai vers eux avec une certaine nonchalance, écartant les bras en toute transparence comme si je cherchai à les accueillir. Seulement mon air affable se révélait en totale contradiction avec les nombreuses armes à feu que je transportai sous mon long manteau.

-Si vous êtes ici en cet instant cela signifie que nous partageons un but commun. Cette finalité qui n'est autre que l’anéantissement du Shukaï. Dans ce cas je vous dirais exactement la même chose qu'à votre compatriote. Je compte effectivement former un groupuscule placé sous l’égide de l'anonymat. L'objectif étant d'attaquer les points sensibles de l'Empire afin que ce dernier s'effondre sur lui-même. Les dissidents sont nombreux parmi leurs rangs. En somme nous seront l'étincelle qui mettra le feu aux poudres...

Tandis que je m'exclamai, je tournais auteur d'eux avant de m'arrêter à hauteur du dénommé Ozaï. Le temps d'une seconde nous nous toisâmes du regard. Je lui adressai mon sourire le plus malicieux.
-Avant que ces flammes ne se transforment en gigantesque brasier qui brûlera tous nos ennemis...

Lentement je tournais la tête en direction de Kaguya Milly, chef du clan du même nom.

-Et sans cette influence néfaste, le clan Kaguya ainsi que tout Mizu pourra jouir d'une liberté retrouvée.

Je leur donnai la possibilité d'agir dans un intérêts commun. Plus qu'une simple collaboration, je leur offrais la possibilité de se battre pour leur idéaux. Aussi me retournais-je brusquement, toujours aussi théâtrale, pour mieux cueillir l’audience de cette petite assemblée.

-Alors qu'en dites-vous ? Cela ne vous engages à rien. Vous ne serez pas les premiers à refuser, ni à accepter. Mais sachez qu'ensemble nous avons la possibilité d'accomplir de grandes choses, autrement dit ce que personne n'a jamais fait avant nous. A savoir anéantir un empire.

Je laissai retomber les bras le long de mon corps, tandis que le vent venait siffler dans les pans de mon manteau, mettant ainsi à jour les nombreuses armes à ma disposions. La tête légèrement penchée sur le côté j'avisais tour à tour des réactions de chacun.

-Ho ! J'oublais... Saibogu Red. Enchantée de faire votre connaissance...

Quelque heures plus tôt,
Dans un sombre repaire de la Mégalopole…


Kurasa allait profiter de cet instant de répit que connaissait le petit groupe de Nukenins avec lequel il avait voyagé depuis le village caché du sable. Cela faisait maintenant quelques jours, voir plus d’une semaine, que le déserteur côtoyait ce rassemblement de personnes qui se présentaient pour certains comme des « collaborateurs », tandis que d’autres étaient clairement de vieilles connaissances. Alors qu’il était parvenu à tous les réunir au beau milieu d’un après-midi couvert en nuages sombres, l’ancien shinobi du village de la Brume s’apprêtait à leur faire part de sa rencontre de la veille et du grand projet dans lequel il comptait se lancer. Celui de mettre un terme à l’existence du Shukai ! Étant donné le contenu de cette entreprise, qu’il comptait mener à bien avec celle qui pouvait devenir sa nouvelle alliée, il attendit sans surprise que Sana Kiseki se montre absent le temps de cette discussion. La raison étant simplement que, d’après les informations dévoilées par la Grande Grue, le jeune médecin avait récemment rejoint les rangs de l’Empire. Une information aussi confidentielle ne pouvait pas être divulguée sans faire preuve de prudence !

Ainsi, le Tenbatsu faisait voguer ses yeux, arborant une couleur rouge sang, sur les visages de ses camarades. Aedran était la première des têtes qu’il daigna fixer avant d’entreprendre son discours. Le Samui avait le dos nonchalamment posé contre le mur et arborait comme toujours un sourire de démon qui lui sciait si bien, depuis son changement de personnalité. Puis, son regard tomba sur Milly. La cheffe du clan Kaguya était de loin celle qui était dans l’état le plus grave depuis leur combat qui les avait opposés à de redoutables Konohajin. Ses organes internes étant brûlés, elle était condamnée à rester au lit et abandonner toute activité physique pendant encore quelques semaines. C’était déjà une chance qu’elle n’ait pas perdu la vie ! Enfin, le visage d’Ozaï fut le dernier sur lequel Kurasa posa son regard. Celui-ci se tenait droit, dans une position exprimant de la fierté et une pointe de noblesse comme à son habitude. Tous savaient que le Nukenin aux sombres ambitions ne faisait pas en sorte de les rassembler pour des broutilles. Ce qu’il avait à dire était sérieux. Finalement, le silence fut brisé…

« Bien.

Tout le monde ici à dû entendre parler de l’attaque subit par le Shukai, au cœur du Shozaichi, pendant que se déroulait à l’autre bout du continent l’examen Chuunin.

J’ai participé à cette attaque.

Mais je n’étais pas seul. Aedran était présent, ainsi qu’un autre shinobi, qui était le principal instigateur de cet assaut et qui est mort. Les dégâts ont été considérables pour la capitale. Le centre-ville s’est fait éventrer et le Palais, qui fait tant la fierté de l’Empereur, s’est écroulé. En une nuit, tout l’Empire à payé son irresponsabilité et a mit un genou à terre !

Seulement, le Shozaichi est déjà en train d’être reconstruit et l’Empire reprendra peu à peu ses forces. Mais une nouvelle fois, une ombre s’est levée depuis la Mégalopole et projette de mettre un terme à l’existence de ce parasite !

Cette ombre se nomme Saibogu Red et veut collaborer avec nous.

Vous serez tous capables de comprendre en quoi la chute de Samui Kakeshuou et du Shukai pourrait être bénéfique à chacun d’entre nous. Que cela soit pour satisfaire une soif de violence, pour poursuivre une quête idéologique, pour perpétuer un choix de vie ou pour libérer son pays ! »

Ses paroles venaient d’être prononcées avec force ! Sa détermination à participer à ce projet se transmettait uniquement grâce au regard qu’il lançait, tandis que ses bras étaient légèrement ouverts vers l’avant, comme pour inviter les Nukenins présents à le rejoindre. L’objectif était grand et mettrait sûrement en péril la vie de chaque membre du groupe, mais Kurasa leur avait bien fait comprendre que chacun y trouverait leur compte en cas de succès ! Ne laissant le temps à personne de le couper ou de lui poser une question, il se retourna et s’apprêtait à quitter la pièce. Le visage du déserteur se retourna une dernière fois et adressa un sombre regard à ses interlocuteurs. Son discours allait trouver un point final.

« Nous nous retrouverons ce soir pour rencontrer cette fameuse ombre. Vous aurez le loisir de lui poser les questions que vous voulez et alors seulement, vous déciderez si vous êtes prêts à être les auteurs de la chute de la plus grande puissance militaire de ce monde ! »

En pleine nuit,
Au cœur de la dangereuse cité de Kawa…


Les épais nuages envahissaient le ciel de la Mégalopole et apportaient avec eux un flot d’averses incessant, masquant la pleine lune qui peinait à faire entrevoir sa lumière. La pluie battait le toit des immeubles et le sol puissamment, étouffant alors les bruits de l’ivresse habituelle qui bondaient les lieux de débauche. Rare étaient ces moments où la cité voyait ses rues désertées par les habituels mafieux, courtisanes et ninjas bannis ou ayant quitté leur village. Seul un groupe de shinobi bondissait à travers l’environnement urbain. Son but ? Atteindre le sommet de l’une des plus hautes tours de la ville. Tenbatsu Kurasa profitait de sa connaissance du lieu de rendez-vous pour briguer la tête du peloton. Derrière lui, suivait le ninja aux allures de noble, Ozaï. Puis la cheffe du clan Kaguya, Milly, qui arrivait à bien mieux se déplacer que lors de la fuite de Suna.
Un seul être manquait à l’appel. Samui Aedran. Ce dernier avait fait part à l’ancien shinobi de la Brume son souhait de ne pas participer au projet qui les attendait afin de se concentrer sur une toute autre tâche. Celui de remonter la trace de l’Inconnu, connu maintenant sous le nom de Jiseyama…

Les voilà arrivés en l’espace de quelques minutes. Perçant l’obscurité ambiante, leurs silhouettes se dévoilaient aux yeux de la Saibogu déjà sur place. Tous étaient enveloppés dans un long manteau à capuche noir, ne laissant apparaître que leurs visages, parsemé de petites gouttelettes de pluie. L’homme aux yeux rouges ne dit pas un mot et laissa Red ouvrir la discussion. Comme lors de leur première rencontre, elle tentait de se montrer diplomate, voir flatteuse en s’adressant à Kurasa. Cependant, cela ne l’empêcha pas de remarquer qu’une personne manquait à l’appel. Sa question un brin rhétorique fut suivie d’un petit discours, qui n’avait que pour but de rendre sa proposition un peu plus alléchante. Pour cela, elle s’appuyait sur les informations que lui avait laissées le Tenbatsu la veille. Le regard sévère de Kurasa continua à suivre les mouvements de la jeune femme…

« Oui. Aedran ne fera pas partie du projet. Il a décidé de se consacrer à une autre tâche. »

Il ne poursuivit pas plus loin, laissant le soin à ses camarades d’agir en premier. Milly, comme Ozai, allait avoir ses propres interrogations et sa propre façon de réagir, avant que Kurasa n’intervienne de nouveau…

Pouah c’est dégueulasse, ah punaise. Vous savez, ces boissons que quand vous les buvez vous en avez des frissons de dégout. Bah c’est la même chose avec ce que Kiseki m’avait prescrit pour me soigner, soit disant. Tss, c’est juste horrible à avaler. Que des herbes, et elles ne sont même pas toutes broyées ! Ça fait des copeaux, sérieusement je boufferais des orties que ce serait pareil ! Vraiment, je ne souhaite à personne de se faire bruler de l’intérieur. C’est sans doute parce que je suis solide de base, que j’ai pu m’en sortir, mais bon sang qu’est-ce que c’est affreux ! A chaque gorgée je suis obligée de tousser, tout mon corps me hurle d’arrêter ça, que ce n’est pas bon pour ce que j’ai. Et pourtant, n’ayant aucune connaissance dans le domaine de la médecine, je suis bien obligée de croire la seule personne qui a des compétences là-dedans …

Bon, du coup hop, une autre gorgée, on serre les dents et ça continue. De toute manière, la vie c’est comme le vomi, c’est en serrant les dents qu’on garde les meilleurs morceaux.
Héhéhé, elle est dégueulasse cette phrase aussi, hein ? Et pourtant elle illustre bien ce qu’on vit en ce moment, planqués dans la mégalopole de Kawa no Kuni. Mais trêve de bavardage, j’ai toujours pas fini les soldats de mon échiquier et le temps passe ! Encore trois et je pourrais passer à la peinture. Hey mine de rien, c’est vachement pointilleux comme exercice. Si j’y mets trop d’os, ça va m’obliger à limer le surplus, et si y en a pas assez ce sera trop fragile. Mais pourtant il faut que les formes soient correctes, que le bouclier ressemble à un bouclier, pareil pour l’épée et plus globalement pour la position du personnage. Ça faisait bien une semaine que j’avais commencée ce projet, plus ou moins, et le plus long … bah ça a été de peindre les cases sur le plateau, si si ! Faire des cases bien droites, toutes de la même taille, sans que le noir de la peinture ne bave sur le côté.

Enfin je m’immobilisai dans mon activité quand Kurasa débarqua soudainement, son bras brulé toujours aussi inutilisable. Rapidement suivit par Ozaï et Aedran, et à voir leur tête ça semblait sérieux. Ah oui c’est vrai qu’il avait dit qu’il voulait nous parler. Je reposai mes petites figurines, croisa les jambes et attendis que l’estropié commence. Kiseki n’était pas convié à cette petite réunion, ce qui amplifiait encore ma curiosité sur le contenu.
Il ne fallut pas attendre beaucoup plus longtemps pour qu’il commence, et le sujet se trouva être l’attaque qu’avait subit le Shukaï durant les premières parties de l’examen chûnin de Suna. Ah ? Ils se sont fait attaquer ? Préférant ne pas passer pour une idiote, j’hochai simplement la tête. De toute manière les explications venaient toutes seules ensuite. Ainsi Kurasa et Aedran, en compagnie d’un autre ninja depuis mort, avaient frappé la capitale de l’Empire de plein fouet, y causant des dégâts considérables. Très bien ça ! Avec un peu de chance, une partie de soldat à Mizu sera rapatriée sur le continent pour défendre et reconstruire, ce qui laisserait plus d’opportunité à mes Kaguya pour agir.

« Seulement, le Shozaichi est déjà en train d’être reconstruit et l’Empire reprendra peu à peu ses forces. » Continua-t-il. « Mais une nouvelle fois, une ombre s’est levée depuis la Mégalopole et projette de mettre un terme à l’existence de ce parasite ! Cette ombre se nomme Saibogu Red et veut collaborer avec nous. Vous serez tous capables de comprendre en quoi la chute de Samui Kakeshuou et du Shukai pourrait être bénéfique à chacun d’entre nous. Que cela soit pour satisfaire une soif de violence, pour poursuivre une quête idéologique, pour perpétuer un choix de vie ou pour libérer son pays ! »

La dernière notification était clairement pour moi. Saibogu Red, donc ? Une amie d’Oniri peut-être, ou un membre de sa famille, qui sait. Espérons qu’elle sera un peu plus ouverte et moins parano que sa collègue.
Kurasa termina en nous donnant rendez-vous ce soir, pour rencontrer cette mystérieuse ombre. J’acquiesçai d’un mouvement de tête avant de boire une nouvelle gorgée de ma boisson écœurante et tousser quelques secondes. Puis chacun repartirent comme ils étaient venus, et nous retournâmes à nos occupations en attendant la nuit. Cette dernière promettait d’ailleurs d’être très nuageuse, vu ce qui arrivait depuis la mer. Cumulus, stratus et ces énormes cumulonimbus, manquerait plus qu’un air chaud arrive depuis les terres et là ce sera sûr, on aura de l’orage pour la nuit.

Les heures passèrent, j’avais enfin fini tous mes petits soldats et je terminai de peindre le premier des rangs noirs, quand Kurasa passa par l’entrebâillement de la porte. C’était l’heure. Vite, un passage au lavabo pour retirer les quelques taches, ou du moins la majorité, un long manteau noir avec capuche et nous partîmes. J’avais transvasé ma boisson dans une gourde, attachée à la ceinture, pour continuer mon traitement malgré les déplacements. Mine de rien, le temps d’atteindre le sommet de la plus haute tour de la ville, je sentais bien que je n’étais pas encore rétablie. Je m’essoufflais vite, et chaque respiration était plus douloureuse que la précédente. Tss, on n’aurait pas pu la rencontre dans un bar cette Saibogu ? Au moins ça aurait été plus convivial. Oh mais il manque Aedran plus, pourquoi ? C’est étrange, est-ce qu’il aurait décidé de faire bande à part cet esquimau ? Mouais, à choisir j’aurais quand même préféré que ce soit Ozaï qui parte, plutôt que lui.
Mais bon, tant pis. Nous voilà enfin devant une femme encapuchonnée, légèrement plus petite que moi, des lunettes de soleil sur le nez. Ouais des lunettes en pleine nuit, tout à fait. Que voulez-vous, y en a qui ont pas toutes les cases au bon endroit dans leur tête.

« Ravis de vous revoir Sir Kurasa. » Fit-elle aussitôt. « Il semblerait qu'une personne manque à l'appel. Vous deviez être quatre n'est-ce pas ? Je présume que vous devez être Milly et vous … Ozaï ? »

Sir Kurasa ? Sir ? Ohoh, sérieusement ? Ahah, intéressant ça il va plus se sentir le pauvre, si on l’appelle tous comme ça. J’esquissai un sourire, et bue une gorgée pour interrompre le léger rire moqueur qui allait suivre. Une grimace fut par contre inévitable ensuite, m’enfin bon, j’approuvai tout de même de la tête au moment des présentations. Notre « Sir » du moment en profita pour expliquer très simplement qu’Aedran ne participerait pas, préférant tout bêtement faire autre chose. Mouais …
La dénommée Red s’avança de quelques pas, ouvrant sa large cape d’un mouvement de bras et laissant apercevoir les armes à feu qu’elle cachait dessous. Une Saibogu en effet, comme Oniri. Le discours presque théâtral commença et le sujet était ouvertement donné, l’anéantissement du Shukaï. Ahah, voilà un truc qui me plait ! La jeune femme dont quelques mèches rousses dépassaient par moment de sa capuche expliqua vouloir créer un groupe, une équipe dans ce but. Plus exactement il était non pas question d’attaquer l’Empire de front, mais briser quelques points sensibles pour qu’il s’effondre de lui-même. Parfait ça, c’était déjà bien plus à notre portée, parce qu’autrement il nous aurait fallu une armée, et les Kaguya ne bougeront pas de l’archipel.
La suite du monologue montrait que cette femme nous connaissait déjà sur quelques points, comme le fait que Mizu était occupé malgré les résistances des membres de mon clan et leur envie de liberté. Mmh, pas excellent ça par contre. On ne sait rien sur elle, mais elle si … Ce n’est pas franchement réglo.

« Alors qu'en dites-vous ? » Termina-t-elle en tournant sur elle-même comme pour annoncer le final du spectacle. « Cela ne vous engage à rien. Vous ne serez pas les premiers à refuser, ni à accepter. Mais sachez qu'ensemble nous avons la possibilité d'accomplir de grandes choses, autrement dit ce que personne n'a jamais fait avant nous. A savoir anéantir un empire. »

J’observai dans un premier temps les deux garçons qui m’accompagnaient, la gourde toujours dans la main, puis tournai les yeux vers celle qui se présentait un peu comme notre employeur. Ouh, dit comme ça, on passerait presque pour des mercenaires. Sauf que là, niveau paye c’est niet.

« Avant de donner une réponse, j’aimerais en savoir plus sur vous. Il y a quelques mois j’ai fais la rencontre d’une Saibogu que vous connaissez peut-être. Oniri ? Ça ne vous dit rien ? Elle était chef de la sécurité de Suna à l’époque, ou quelque chose dans le genre. Et en voyant vos armes, ça me fait penser à elle. » Je fis à mon tour le tour de la jeune femme, comme pour l’observer sous toutes les coutures. « Hors voyez-vous, elle est un peu parano sur les bords et même si la proposition est alléchante, je pense que je vais faire comme elle, vous questionner et juger ensuite si vous essayez de nous envoyer à la mort ou non. Ça marche ? »

Pas besoin de lui dire qu’Oniri ça datait de plus de trois ans maintenant, notre première rencontre, ça ne la regarde pas. Je retournai plutôt entre Kurasa et Ozaï, leur adressant un rapide regard au passage avant de refaire face à la Saibogu.

« Vous venez de Suna je suppose, sachant que votre clan y est principalement domicilié. Et le village du sable n’a quasiment aucune frontière, voir aucune tout court, avec les territoires de l’Empire. Qu’as donc fait le Shukaï pour mériter votre colère ? Ou plutôt, qu’est-ce que vous avez à gagner dans cette affaire ? »

Marquant une pause, j’observai les quelques traits de son visage qui apparaissaient dans la faible lueur de la lune, masquée par les nuages.

« Parce que bon tout cela est très joli, et vous avez raison, je souhaite pour ma part éliminer toute trace du Shukaï sur les terres de Mizu no Kuni. Mais vous pourriez tout aussi bien utiliser ce genre d’info, avec quelques tournures de phrase bien huilée pour nous embraquer dans un traquenard. Ah au fait Kurasa » enchainai-je en pivotant du regard vers le concerné « je suis activement recherchée par Konoha, et je suis interdite de passage comme de séjour sur chacun des pays rattachés à eux. C’était dans une lettre de Miko, faut croire que ta prestation à Suna a fait de l’effet … »

Ce n’était pas du tout un compliment, bien au contraire et il devrait le sentir dans le ton de ma voix. Oui je lui en voulais, on aurait pu tout régler par la discussion et peut-être quelques baffes mais non, il a fallut que ça dérape complètement. Et voilà le résultat. M’enfin le révéler à Red en même temps permettait aussi de voir sa réaction, et de juger si elle pouvait être un minimum fiable ou non.

Avant notre déplacement vers ce fameux rendez-vous avec une certaine Saibogu Red, Tenbatsu Kurasa nous avait fait part, Kaguya Milly, Aedran et moi de sa rencontre initiale avec cette femme du clan Saibogu. Kurasa nous expliqua qu’il souhaitait nous enrôler dans un projet pour le moins pharaonique car il ne s’agissait ni plus ni moins que de mettre à terre la puissance de l’Empire des pays neutres. Une entreprise osée et on ne peut plus risquée. J’évaluais déjà les sommes que je pourrais récolter de cette aventure tandis que Kurasa poursuivait son discours. Il affirmait avoir participé à l’assaut, fruit de la rumeur qui m’était parvenu : la capitale du Shukai attaquée et en partie détruite. Mon regard se fit plus sévère. Kurasa avait-il pu gagner autant de puissance pour participer à un assaut aussi suicidaire ? Il devait avoir beaucoup gagné en termes de puissance. A n’en pas douter. Son discours terminé, le ténébreux nukenin décida qu’il était temps de s’en aller. Très bien. Je le suivrai jusqu’à cette femme, j’écouterai ce qu’elle a à dire et je pèserai là-bas, le pour et le contre.

Très rapidement nous étions arrivés à hauteur de cette kunoichi. Cette fameuse Red, Saibogu de son état. Je l’observais de haut en bas. Je gardais tout en mémoire son visage, ses cheveux, son style vestimentaire, sa démarche. Silencieusement, je poursuivais mon observation tandis que l’intéressée commençait un petit numéro de séduction. Sa gestuelle était une invite à la collaboration, même si les armes qu’elle portait pouvaient faire croire le contraire. L’avait-elle fait exprès ? Était-ce une manière pour elle de montrer sa dangerosité ? Une forme pour elle de se protéger face aux rebus de la société que nous représentions ? Si tel était le cas, elle avait bien raison.

Elle s’approcha de moi, tandis qu’elle poursuivait son speech. Ses talents d’orateurs étaient appréciables. Sur ce domaine, elle se défendait bien. Seulement, ce n’est pas avec de belles tournures de phrases que l’on appâte un vieux briscard tel que moi. J’en ai vu d’autres ! Des beaux parleurs, des maîtres chanteurs et j’en passe. Je veux du concret, c’est tout ce qui me motive. Le regard que je lui lançais prouvait à suffisance que je n’étais guère subjugué. Ni subjugué, ni par ailleurs sur la défensive. Non, j’allais écouter jusqu’au bout, prendre l’information, lui poser des questions et in fine donner ma décision.

_ Bien vu Red. Je suis effectivement Ozaï.

Mes pupilles devinrent dorées. Je ne nommerai guère le clan auquel j’appartenais. J’en parle au passé car mes seuls liens avec les Jisetsu ne sont que des lien de sang et non plus des liens d’affection. De l’affection, je n’en éprouvais réellement que pour une personne. Deux autres progressivement prenaient cependant de plus en plus d’estime à mes yeux : par ordre d’importance Gekei Jaga et Tenbatsu Kurasa. Même si ce dernier était encore bien loin de l’affection que je pouvais porter à Jaga, mon bras droit. Car j’en avais un !

Regardant fixement la Saibogu je revis certaine instants de son passé. Un moment de discussion avec Kurasa. Une simple phrase : « Nous te retrouverons là-bas. » puis Kurasa s’en était allé. C’était probablement une phrase qui annonçait la rencontre d’aujourd’hui. Mes pupilles redevinrent normales. Il était temps de prendre la parole, maintenant que la Kaguya s’était prononcée.

_ Je n’ai pour ma part rien à faire de Mizu no Kuni et à vrai dire, le Shukai ne m’intéresse pas non plus. Qu'il s'étende ou pas, n'a aucun impact sur mes projets personnels. De ce fait, ma participation à votre projet, pour le moins risqué, est assujetti à une contrepartie Saibogu Red. Ou vous me remettez une forte somme d’argent… Et je doute que vous puissiez disposer des fonds dont j’aurai besoin, ou vous m’assurer de votre appui pour une entreprise qui sera mienne.

Et là je l’observais. Cartes sur table j’avais parlé. Elle était libre de refuser, auquel cas, je pourrais de mon côté m’en aller sereinement et aller mettre ma vie en jeu pour un projet qui me motive au plus haut point à l’heure qu’il est.

-Saibogu Oniri, je la connais uniquement de nom. A ce niveau là vous en savez certainement davantage à son sujet que moi.

Que ne fallait-il pas dire ? Pourtant c'était assez déroutant de voir la Kaguya faire preuve de méfiance. Disons que ce n'était guère son genre. Aurait-elle finit par mûrir ? Dans tous les cas il lui fallait bien cela si elle espérait pouvoir tenir les rennes de son clan. Et naturellement elle cherchait à en savoir davantage à mon sujet. Les bras le long du corps, je la toisai du regard avec un sourire en coin alors que la pluie ruisselait le long de nos visages.

-Le Shukai m'a, par le passé, causé du tort ainsi qu'à mes proches. Il est temps de lui faire payer ce qu'il m'a volé au centuple. Aussi, j'estime qu'un tel système n'a pas sa place dans ce monde.

A ces mots mon attention se porta tour à tour sur chacun des protagonistes présent sur le toit de l'immeuble.

-Dès lors cela nous confère un but en commun. Vous n'avez rien à craindre de moi. Si je prends tant de peine à recruter des Nukenin c'est précisément parce que j'en ai besoin. J'ignorai qui vous étiez avant de vous rencontrer ce faisant, je n'ai aucune raison de vous trahir. Je resterai honnête tant que vous le serez avec-moi. Le contraire ne sera pas faux non plus... Dis-je froidement.

Ce n'était pas une mise en garde, pas plus qu'une menace. Je me contentai de leur faire comprendre de façon implicite que je n'étais guère ici pour plaisanter. Que l'on tente de se jouer de moi et cette dite personne finirait avec une balle de sniper logée en pleine tête durant son sommeil. J'avais conscience de collaborer avec des criminels dont certain étaient de la pire espèce et m'attendais à me faire trahir à tout instant car le contraire m'étonnerait fortement. Par chance nous n'en étions pas encore là et il était parfaitement naturel qu'eux-mêmes éprouvent une certaine retenue à mon égard, ainsi qu'à celui de mon projet.

-Quand à vous Sir.Ozaï, je puis être à même de vous fournir une somme donnée, bien que je présume qu'elle ne puis effectivement correspondre à vos attentes. Auquel cas je suis prête à accepter de vous rendre ce service en retour dans la mesure où je saurais dans quoi je m'engage. Vous me ferez part de votre retour sur investissement et à partir de là je concéderai ou non à vous aider. Voyez-vous, je ne fais aucune promesse qu'il me soit impossible de tenir. Nous jouerons carte sur table dès le départ. Cela vous convient-il mon cher ?

Je lui adressai un nouveau sourire provocateur. Au-dessus de nous le ciel n'avait de cesse de s'obscurcir, chassant lune et étoiles, pour laisser place à un rideau d'ombres grondantes. Depuis notre refuge culminant nous étions les plus à même de contempler cette exultations naturelles, alors que les nuages ne cessaient de craquer, annonciateur de l'orage qui ne tarderaient pas à s'abattre sur la cité. La pluie fine qui s'échouait sur nous ne servait que de prémices à un futur déluge. Et sous ce sombre pressage se dressaient fièrement ces immenses tours de bétons qui cherchaient à défier les cieux éthérées et dont les innombrables lumières, d'un jaune plus éclatant que l'or, déchiraient la nuit. C'était à croire que l'atmosphère, ainsi que cette ville, s'imprégnaient naturellement de la corruption qui émanait de ses habitants. En résultait cette apogée sinistre qui nous trempait jusqu'à l'os. Dans un sens cela nous sied plutôt bien. Le souffle mesurée, je repris la parole tout en continuer de jouer sur la prestation ; sachant pertinent que j'avais toute l'attention de mon auditoire.

-Si cela vous convient alors sachez qu'aura bientôt lieux la première réunion. Nous sommes dors et déjà assez nombreux pour réaliser la première partie de notre projet. Vous en connaîtrez les détails le moment venu. Pour l'heure, je vous invites à attendre que s'écoulent deux semaines au sein de la mégalopole. Je vous recontacterai pour vous indiquer le lieu de rassemblement. Naturellement je comptes sur votre discrétion pour éviter que ne s'ébruite cet affaire. Nous allons nous en prendre à un Empire, inutile d'en rajouter davantage...

Concluant sur ces mots je fis craquer mes phalanges, attendant dès lors toute remarque où questions de la part de mes comparses. Je pensais être en partie parvenue à les convaincre en leur prouvant que je savais pertinemment ce que je faisais. La question était à présent de savoir s'ils seraient en mesure d'assumer l'étendue de ce projet. Sur ce point là, seul l'avenir nous le dirait...

La conversation poursuivait son cours tranquillement. Le vent qui se mettait maintenant à souffler, et que le groupe de ninjas déserteurs pouvait encore plus ressentir en étant perché en haut de cet immeuble dont ils occupaient le toit, ne semblait pas vouloir chasser les sombres et épais nuages. La forte pluie non plus ne cessait pas et masquait toujours autant les bruits d’ivresse des rues de la Mégalopole. L’ambiance, bien qu’un peu caricaturale, collait parfaitement à la teneur de la discussion à laquelle se livraient ces quatre personnages aux ambitions obscures. Il ne manquait plus que le ciel se déchire en coups de tonnerre pour compléter le tableau !
Comme souvent avec les Nukenins, dont le caractère était souvent prononcé, il y avait comme un soupçon de défi dans chacune des réactions. Que ce soit la Saibogu, la cheffe du clan Kaguya ou le mercenaire aux allures de nobles, ils semblaient tous vouloir montrer les muscles. Pendant ce temps-là, Tenbatsu Kurasa les observait toujours de ses yeux sanglants. Jusqu’à ce que la manieuse d’os lui adresse une remarque qui n’avait rien d’un compliment…

Selon elle, l’épisode de Suna avait apporté son lot de conséquences dont seul l’ancien ninja de Kiri devait porter la responsabilité. Le ton qu’elle utilisa et son reproche étaient bien culotté au vu des petits effets que leur affrontement contre des Konohajins avaient provoquée. Là voilà simplement « recherchée » et interdit de séjour sur tous les territoires occupés par les forces du village caché de la feuille. Au fond, qu’espérait-elle ? Qu’il allait être possible de simplement discuter autour d’un verre avec Rakuzan Satochi et Hebi alors que les deux Nukenins venaient de leur dire qu’ils recherchaient leur Hokage ? Avait-elle oublié que la seule proposition venue des ninjas opposants était de l’emmener jusqu’à Miko en la privant de son chakra ? Si elle avait réellement de l’amertume envers son ancienne camarade, voir un désir de vengeance, il fallait que la Kaguya se rende vite compte que cela n’allait pas se faire sans avoir recours à la violence !

Puis cette dernière ne devait pas oublier une chose, elle n’était pas le centre du monde. De par son poste, l’Aburame n’était pas uniquement son affaire, mais aussi celle du Tenbatsu. Lui désirait ôter sa tête et détruire dans le même temps le village qu’elle dirige, et ce, sans aucune discussion possible ! Alors une nouvelle fois, qu’espérait-elle ? Il ne désirait même pas connaître la réponse à sa question tant il craignait que celle-ci soit absurde. L’homme aux yeux rouges attendit que la Saibogu finisse son petit numéro de séduction pour enfin diriger son regard noir vers la blonde et lui apporter sa réponse…

« Recherchée ? Vraiment ?

Tu viens toi-même de dire que tu as reçu ces informations par une lettre signée de l’Hokage, Aburame Miko. Cela prouve une chose. Elle sait déjà où tu te trouves et il n’y a pas besoin d’être très intelligent pour savoir qu’elle dispose de suffisamment de force pour t’éliminer dès qu’elle en aura le cœur. Tu es à sa merci.

Puis, cela nous donne aussi une autre indication. La Nanadaime Hokage à un moyen pour facilement remonter ta trace et cela peut nous poser un problème à tous. Les choses ont changé Milly, tu n’es pas recherchée et Miko n’est même plus ta cible. Tu es devenue la sienne. »

Lui aussi venait d’utiliser un ton sévère. Ses mots paraissaient peut-être très cinglants, cependant, il espérait au moins que ça lui permettrait de faire passer son message. Il fallait que la cheffe du clan Kaguya en finisse avec cette attitude naïve ! Si elle voulait arriver à ses fins, personnelles ou au nom de son clan qui lui était si cher, il fallait que le sang coule ! Ce sera le sien ou celui de ses adversaires ! Mais peut-être que la blonde n’avait pas vécu une enfance assez cruelle pour s’en rendre compte à cet instant, contrairement à Kurasa. Quoi qu’il en soit, il n’en avait pas fini et allait maintenant répondre à Red. Certes, cette nouvelle rencontre avait surtout pour but d’introduire ses deux camarades dans la grande entreprise qui se tramait, néanmoins, il avait quand même son mot à dire. Ainsi, il se mit aussi à participer à cette espèce de danse à laquelle chacun des protagonistes s’étaient livrés. Il se déplaça de sorte à se retrouver face à tout le petit groupe, tandis qu’un premier grondement de tonnerre se fit entendre…

« Comme prévu, je t’ai amené des Nukenins prêts à rejoindre ce projet qui doit mener à la destruction de l’Empire. Maintenant que tout cela est clair et que tout le monde est d’accord, ou presque, sur les conditions, nous n’allons pas attendre une éternité avant de se mettre en mouvement.

Certes, nous sommes en sécurité dans la Mégalopole grâce à l’emprise qu’a la Grande Grue sur celle-ci, mais les forces de Shukai sont en ce moment même en train de réparer les dégâts subis dans la capitale. Cependant, ils ne vont certainement pas se contenter de cela et renforceront leur système de sécurité dans tous leurs territoires. Nous n’avons pas deux semaines. Ce n’est pas tout…

Nous n’allons pas accepter de rester dans l’ignorance pendant ce laps de temps. Red, les mystères doivent cesser. Toutes les informations que tu détiens doivent devenir nos informations. La dernière fois, tu m’as dit vouloir frapper les points faibles du Shukai et tu as également parlé d’un groupe de rebelles dont tu comptais te servir. Veux-tu bien nous en parler ? En détails. »

L’interrogation n’était là que pour respecter une certaine forme de courtoisie, même la Saibogu devait avoir compris que Kurasa ne lui laissait pas vraiment le choix. Grâce au ton qu’il venait d’utiliser envers la jeune femme aux cheveux rouges, mais aussi grâce à son choix de se positionner en face des trois Nukenins, il espérait faire passer un deuxième message. Bien qu’elle soit l’instigatrice de ce plan, les rapports devaient rester équilibrés. Le Tenbatsu ne comptait se plier à aucun maître ni à aucun ordre !

Spoiler:

Kurasa répéta ce que je venais de lui dire, et y apporta son grain de sel en annonçant que ça prouvait quelque chose. Que Miko savait maintenant où j’étais et que je me retrouvais avec une épée de Damocles au-dessus de la tête.

« Tu es à sa merci. » Termina-t-il.

Naaaaaaan tu crois ? Oh, mais c’est qu’il est intelligent dites donc ! Et rajouter que les rôles s’étaient inversés maintenant entre l’Hokage et moi, ce fut le mot de trop.

« TU TE FOUS MA GUEULE ?! Espèce de connard, c’est à cause de qui que je dois vivre avec ça maintenant ?! Hein ?! » Je l’attrapai par le col avec une certaine violence, la veine sur le front bien en évidence. « C’est TOI ! C’est à cause de toi tout ça !! A cause de toi que je dois me faire à l’idée que je ne serais plus jamais en sécurité ! Que tous ceux qui m’entourent pourront être tués juste pour m’atteindre plus facilement ! A cause de TOI ! »

L’envie de lui coller une bonne droite était importante, ça devait certainement se sentir aussi, tout ce chakra qui s’emmagasine dans mon poing. Si je ne lui arrache pas la mâchoire avec ça, c’est qu’il aura eu beaucoup de chance.
Et pourtant non, je le repoussai juste brutalement et tant pis s’il trébuche et tombe du toit.

« Déjà à Kiri je sentais que t’étais pas quelqu’un de fréquentable. Le genre à causer plus de problème qu’il n’en résous. Maintenant j’en ai la preuve. Et tu sais quoi ? Plus jamais je te demanderais le moindre coup de main, plus jamais. Comme à Suna, désormais tu te démerderas tout seul ! Tu feras tes conneries tout seul et t’accomplira tout seul tes désirs de détruire le monde. Rien à foutre qu’il t’arrive une couille, tu l’auras amplement mérité. »

Putain il faut que je lui en colle une, il le faut, sinon je vais exploser. Lui fracasser le crâne, lui faire comprendre au plus profond de ses neurones à quel point c’est injuste. Surtout que d’après ses mots, lui n’a pas se problème de traque. Non lui il fout la merde mais il s’en sort sans problème. Juste un petit bobo au bras. Tiens, en parlant de ça …
Le chapeau d’une des cheminées de l’immeuble vola soudainement à travers la ville, arraché à son socle par le poing qui était destiné au Tenbatsu. Piouf, ça fait du bien. Le petit morceau de brique disparu d’ailleurs si vite que transposer cela avec la tête de Kurasa laissait entrevoir certains scénarios assez sanglants et … mmmh, plaisant.
Mais inspirons profondément, c’est mauvais pour mon état de s’énerver comme ça. Oui respirons et buvons un coup. Je reportai ensuite mon regard sur Red et Ozaï, un haussement d’épaule et fis deux mudras en cachette. L’instant suivant, le ninja au large chapeau pouvait sentir que le bracelet osseux qu’il portait encore lui rentrait dans la peau. Des petits pics qui viennent se planter dans ses propres os et fusionner avec eux sur une bonne partie de son poignet. Le bracelet disparu ainsi dans le bras de Kurasa, ne faisant plus qu’un avec lui.

« Toi aussi maintenant tu vas devoir apprendre à vivre avec le risque de perdre quelque chose de précieux. » Lui lançai-je simplement sans lui adresser le moindre regard.

Et ce sera ainsi pour tous ceux qui auront le malheur de venir me chercher des poux. Y en a marre d’être sympa, y a toujours des enfoirés pour te poignarder dans le dos quand tu t’y attends le moins.
Mais bref, reprenons le sujet de cette rencontre. Red connaissait Oniri mais seulement de nom, et il semble que le Shukaï lui ait causé du tord, ce qui explique cette envie de vengeance. C’est louable. Pas besoin de demander plus d’info, ce sont ses oignons, ses problèmes. De plus elle posait clairement les bases d’une relation de confiance, c’était propre et respectable. Si on ne la trahit pas, elle n’en fera rien non plus. Parfait. Attention quand même, on a un énergumène là qui adore foutre tous les plans en l’air. Et l’autre avec ses cheveux lisses qui pourrait certainement retourner sa veste si le camp adverse lui offre plus d’argent que l’initiatrice de ce projet. Tss, les nukenins … Elle est vraiment loin l’époque du Shoraizen, avec une réelle cohésion entre les membres et un esprit de famille. Quoi que … Comme Miko l’avait dit dans sa lettre, il n’a pas fallu grand-chose pour que les liens disparaissent et que tout le monde ne pense plus qu’à sa pomme.

Quoi qu’il en soit, Red imposait le planning, avec la « première réunion » qui se réalisera très bientôt, et qu’à ce moment-ci nous auront tous les détails. Mouais, on était combien là-dessus en somme ? C’est ce qui m’intriguait le plus, le nombre et voir si jamais il y en a que je connais. Seulement, la façon de parler de la Saibogu m’intriguait de plus en plus. Cette façon d’employer des termes soutenus, ce style à la fois détaché et respectueux. Limite trop … Mmh, sans doute simplement un trait commun à tous les membres de son clan. Oniri parlait comme ça aussi.
Nous n’avions pas plus de deux semaines pour terminer tous les préparatifs et se mettre en route, comme le stipulait l’estropié au bras brulé. En effet, après l’attaque à leur capitale, le Shukaï devait être sur les nerfs, sécurité renforcée au maximum et reconstruction accrue. Donc plus on attendra, plus ils seront fort et cet attentat aura de moins en moins d’impact.

Un grondement de tonnerre retentit au loin. Les nuages sombres arrivaient rapidement alors que déjà la pluie commençait son œuvre. Une petite bruine qui ne tardera sans doute pas par se transformer en un véritable déluge dans les minutes qui vont suivre. Rester ici signifiera alors vouloir volontairement chopper la crève, et avec mon petit problème interne, rajouter un rhume à ça ce n’est pas conseillé.
J’approuvai simplement d’un mouvement de tête les infos partagées et fis non ensuite pour notifier ne pas avoir de question.

Je ne prêtais aucune forme d’attention à la petite discussion en aparté ayant lieu entre Tenbatsu Kurasa et la Kaguya. S’ils souhaitaient tant que ça se chamailler ou du moins placoter pour des broutilles, grand bien leur en fasse ! Je m’avançais vers la flingueuse. Devrais-je dire la Cow-girl ? Le surnom est probablement démodé, anachronique et pourtant, il sied si bien au personnage. Cette femme à la chevelure rouge sang m’avait servi une réponse qui m’intéressait bien plus que tout ce qui pouvait se passer dans les environs en cet instant précis. Telle était la raison pour laquelle je m’étais rapproché. Arrivé à sa hauteur, faisant dos au duo Kaguya et Tenbatsu, de côté par rapport à la girl aux allures de thug, je tournais la tête vers elle. Nos regards se croisaient, du moins je la cherchais furtivement du regard. Si elle décidait d’en faire de même, alors je soutiendrai son regard et lui dirait droit dans les yeux, le fond de ma pensée. Le cas contraire, je maintiendrai le visuel sur son visage, tentant d’y déceler la moindre émotion, le moindre signe qui me permettrait d’en savoir plus sur l’état d’esprit de cette kunoichi pour le moins intrigante. Autant dire que la chose était loin d’être gagnée à l’avance.

_ J’aime ton pragmatisme Red. Je ne ressens aucun chakra particulier émanant de toi, raison pour laquelle je conclue que tu dois être d’un certain niveau. Ne serait-ce qu’en sensorialité… Et c’est pour cela que je pense que tu pourrais être en mesure de tenir tes engagements vis-à-vis de moi. Du moins, si tu en as la volonté.

Une pause. Mon message était clair, comme presque toujours. Tout ce que j’espère c’est que la parole de cette femme a quelque valeur. Quoi qu’il en soit, il m’appartenait d’assurer un minimum mes arrières.

_ Voici ce que je te propose. Je m’engage dans ton projet pour l’équivalent d'un an de solde brute d’un Jonin sunajin ainsi que ta participation à mon projet. Il s’agit de quelque chose d’envergure à mener au pays de Ta no Kuni. Au pays du Patriarche… Mais je ne peux malheureusement t’en dire plus pour le moment. Je sais que tu me comprends…

Une pause. Une nouvelle. J’attendais évidemment d’être payé avant un quelconque départ vers les terres impériales. C’est le minimum, mais pour la mettre être à l’aise…

_ Je consens à te rembourser, si tu le souhaites, les 3 mois de solde, une fois que tu m’auras assuré de ta présence pour la mission de Ta no Kuni. Telle est mon offre et je crains qu’elle ne soit non négociable.

Me tournant légère vers l’arrière, il me sembla entendre des bruits assez particuliers. Ce que je remarquais me fit complètement tourner vers le duo Kaguya et Tenbatsu. Ils en venaient aux mains désormais à priori, dans la mesure où la Kaguya avait visiblement utilisé une technique contre le Kurasa. Je fronçais des sourcils. Un influx nerveux parcouru mes jambes et rapidement mon corps. Le guerrier que j’étais m’apprêtais à entrer dans la danse si elle devait avoir lieu. Que ce soit contre cette Kaguya et même contre cette Red au besoin. Un pas sur le côté, je mettais une légère distance entre la Saibogu et moi tout en maintenant le visuel avec la Kaguya. Pouvait-on être sot au point d’user de techniques offensives de manière aussi ostensible contre quelqu’un que l’on considère comme un allié ? Certains n’ont de ninja que le titre…

Je les observais ainsi se disputer avec un certain dépit et ce après avoir écouté les paroles récalcitrante de Kurasa a mon égard. Bien que prévisible, ce genre d'escarmouche avait le dont de m'exaspérer. Seulement il était difficile d'espérer davantage de la part de Nukenin qui plaçaient leur fierté personnel avant tout. A mon sens il s'agissait de la raison pour laquelle ils s'étaient retrouvés déserteur, mais aussi et surtout pourquoi ils ne parviendraient jamais à s'extirper des bas fonds de ce monde sans aide. Pourtant, au centre de ce toit transformé en cours de récréation le dénommé Ozaï semblait tirer son épingle du jeu. Où plutôt était-il le seul à ne pas s'abaisser autant bien que cela ne l'empêcha pas non plus de jouer les coqs, droit et fiers qu'il était. Seulement sa proposition me parut on ne peut plus honorable, d'autant plus vis-à-vis de sa requête concernant Ta qui me fit étirer un sourire ainsi qu'un regard à l'encontre du Tenbatsu. Visiblement tous deux étaient mêlés à une bien étrange affaire se révélant étroitement lié au Patriarche. Individu qui, en passant, ne m'inspirait absolument rien de particulier.

-Je suis prête à vous payer la somme du, mais présentons le marché sous cet angle. Disons trois-mois d'avance, puis un paiement mensuel à hauteur de solde d'un juunin le tout jusqu'à l'aboutissement du projet. A partir de là vous recevrez l'équivalent d'un an de solde en une seule fois. Et ce sans parler de tous les avantages que nos investigations pourrons vous rapporter. Dis-je tandis que mon regards se portait vers le sien comme il cherchait tant à le soutenir. Pour ce qui est de l'assurance, je puis dors et déjà vous garantir ma participation à votre entreprise. Naturellement le tout ce fera en temps et en heure. Cela vous convient-il Sir.Ozaï ?

Je me tins dès lors face à lui pour lui tendre la main de cette façon conventionnelle que deux partis utilisaient pour sceller un marché. A voir s'il accepterait de se laisser porter, ou non, par le geste. Témoignage de sa confiance ? De sa crainte ? Dans tous les cas l'initiative venait de moi, ce qui en disait long. Hors, après quelques secondes, notre échange fut brutalement perturbé par la dispute entre la Kaguya et le Tenbatsu qui sembla dégénérer. Je pus sentir le chakra de la demoiselle s'activer au niveau du poignet de l'homme avant de pénétrer dans son corps. Me retournant lentement pour voir ce dont il en retournait, je perçu que le noble mercenaire s'apprêtait également à intervenir.

La tension était subitement montée d'un cran sans que je n’eus à faire quoique ce soit pour y contribuer. L’atmosphère alourdi par l'orage n'aidait en rien à apaiser le climat conflictuel. Quelques représentant se toisaient du regard nerveusement. Il n'aurait fallut qu'une simple décharge pour que tout explose. Et la pluie continuaient de battre sur nos chairs glacées au sang galvanisé par l'intensité de l'instant. Je comprenais que si je n’intervenais pas rapidement, les choses pourraient dégénérer encore plus. Néanmoins la lutte n'était pas nécessairement la solution à tous les conflits. Ce fut pourquoi j'avançais de quelques pas lents, mais assurés de sorte à me placer en évidence aux yeux de ces bêtes effarouchées. Puis, d'un geste vif, j'allais claquer mes doigts sur la paume de ma main. à la manière d'une danseuse estivale. Le son sec claquant dans l'air, rapidement précédé par les grondements de l'orage qui s'échouèrent dans les profondeurs de la cités. Je laissai volontairement planer quelques secondes de flottement, comme pour implicitement souligner la fracture du conflit qui, dès cet instant, n'avait plus lieu d'être.

-Allons allons ! Ne gaspillez votre énergie. Chercher qui est à l'origine du problème est inutile contrairement au fait de résoudre ce dernier  Je parlais d'une voix modérément affable, laissant transparaître une pointe d'engouement affûté par un cynisme aussi meurtrier que peu apparent. Dame.Milly, je dois cependant reconnaître que votre compagnon à raison sur un point. Dis-je en me tournant vers elle.L'actuelle Hokage n'a pour ainsi dire aucune raison de vous laisser en vie à moins que vous puissiez lui apporter quelques choses en retour. Certainement des informations malgré-vous. Dès lors il vous incombe de savoir comment elle s'y prend pour remonter votre trace et de trouver une solution pour vous y soustraire.

C'était facile à deviner, d'autant plus que si j'avais été à sa place, j'aurais agis de la même façon. Aux yeux d'un village Shinobi, un bon nukenin était un nukenin mort ou enfermé. On ne les autorisait pas à continuer d'agir en toute impunité sans avoir de bonne raison de le faire. Voilà qui devenait agaçant. Isnajh était déjà au courant pour mon projet, autrement dit Suna finirait par l'être si ce n'était pas déjà le cas. A présent je risquai de devoir composer avec Konoha. Et tout ceci alors que j'achevai à peine de former mon groupuscule. En somme tout se passait exactement comme prévu bien qu'il me fallait admettre que la précocité des faits dépassaient de loin mes prévisions. Je me retournais alors pour de nouveau faire face à cette petite assemblée.

-Néanmoins soyez rassurés. La structure interne de notre groupe ne permettra pas que l'on remonte jusqu'à ses membres. Là encore tout sera expliqué au cours de notre première réunion qui aura lieu d'ici deux semaines et nous ne pourrons faire autrement. Se liguer contre un Empire ne se fait pas sans préparation et s'adonner à la précipitation ne ferait que nous conduire à notre perte.

Il fallait agir avec méthodisme et modération. Je n'allais certainement pas m'engouffrer dans la première faille qui m'était proposées pour risquée d'être accueillis par une rangée de pieux à l'arrivée.

-En ce qui concerne la prise d'informations je vous prierai de faire preuve d'encore un peu de patience. Il ne serait guère avisé que je vous dévoile de but en blanc les tenant et aboutissant de l'attaque car, si l'un de vous venait à se faire capturer dans les jours qui suive par un quelconque village caché, voir pis, l'empire lui-même. Je n'irais pas jusqu'à parier sur vos capacités à résister aux interrogatoires. Ainsi pour la sécurité de ce projet, mais également pour celle de nous tous réunis je me garderais d'évoquer les détails. Néanmoins je puis vous assurez que vous serez tenus aux courant des faits en temps venu et ce bien avant nos premières investigations.

Dans un sens ces précédents discours comportaient chacun leur lot de révélations qu'il était possible d’interpréter. En espérant que mes mots étaient parvenu à calmer les mœurs, seulement je ne comptai certainement pas à m'arrêter-là.

-Pour finir je vous prierai d'épargner ce genre de comportement en présence du rassemblement que nous formons. Les conflits et les coupables m'importent peu contrairement aux faits. Et les faits veulent que nous travaillons de concert pour mener le Shukai à sa perte. Si des troubles internes de ce genre venaient menacer nos investigations. Et bien...

Mes doigts demeuraient depuis lors plaqué contre la paume de mon autre main, situé juste à la hauteur de mon visage.

-J'en serais fortement agacée...

Toute la pluie de Kusa n'aurait put être comparée au ton devenue soudainement glaciale de ma voix, quand bien-même mes lèvres continuaient d'arborer ce sourire charmeur. Il était certain que je ne laisserai pas là fierté de l'un, ou encore la stupidité des autres, ruiner mes projets. Et ceux qui me connaissaient savaient à quel point je détestai perdre mon temps sur des choses inutiles. Pour le peu j'avais passé en présence de ces trois individus, j'étais déjà parvenue à estimer une part de leur potentiel combatif ainsi que leurs capacités propres. Dès lors si une éventuelle escarmouche devait éclater entre eux et moi, la question ne serait pas de savoir s'ils parviendraient à m'atteindre ou non. Mais plutôt de savoir qui s'en sortirait vivant après avoir tenté de le faire. Ainsi durant les secondes qui suivirent je laissai les grondements de l'orage s'exprimer à ma place avant de finalement écarter les bras en faisant preuve d'une certaine candeur.

-Mais nous savons que cela n'arrivera jamais, évidemment ! Vous êtes tous des Shinobi, des soldats ayant reçu une formation militaire. Vous êtes des professionnels dans vos domaines. Je ne doute pas un seul instant qu'il me sera possible de compter sur votre sérieux.

A ces mots je laissai mes bras retomber le long de mon corps, adoptant ainsi une posture plus sereine, plus réservée.

-Bien si vous le permettez, ce n'est guère que les intempéries joue en faveur de cette rencontre, j'estime seulement que tout à été dit. Il est à présent temps pour-moi de m'éclipser. Je demeure cependant à votre disposition Kurasa si vous auriez d'autres questionnements à me soumettre. Je ferais dès lors mon possible pour y répondre. Par ailleurs je suis à même de vous débarrasser de cette gêne qui vous couvre le poignet, tout du moins s'il vous en est gré. Milly veiller à garder votre objectif en vue. Ce n'est pas Hi votre foyer, mais bel et bien Mizu. Et vous ne pourrez le récupérer qu'aux prix de grands efforts et sacrifices. Quant-à vous Ozaï... Je vous ferais parvenir le premier paiement dans les jours qui vont suivre.

Sur ce je n'avais plus rien à ajouter. Encore fallait-il constater les réactions d’autrui.

Les mots que Kurasa avait tenus envers la cheffe du clan Kaguya étaient empreints d’un fond de vérité qu’il ne valait parfois mieux pas entendre et il semblerait que ceux-ci aient justement fait leur effet. Ainsi, il voyait la blonde qui le saisissait par le col l’instant d’après avec un sentiment de rage marqué sur son visage. Elle n’attendit pas une seconde de plus pour lui balancer à la figure tout ce qu’elle pensait et n’hésitait pas à incorporer de la violence dans ses paroles. Une fois de plus, la kunoichi laissait son véritable caractère, celui que l’on accorde à la plupart des membres de sa tribu barbare, prendre le dessus. Si seulement l’avis du Tenbatsu comptait à ce moment-là, il trouvait même que la réaction de sa « partenaire » était un tant soit peu excessive. Mais soit, cela ne faisait qu’appuyer un peu plus la véracité de ses propos tenus quelques secondes plus tôt…

Ses yeux rouge sang plongés dans ceux de Milly, il l’écouta beugler en adoptant un visage tout aussi neutre que d’habitude. Que pouvait-il faire d’autre ? Elle ne semblait pas vouloir s’arrêter et il avait de toute façon prévu une roue de secours si jamais il sentait que cette « confrontation » pouvait virer au drame. Peut-être ne le savait-elle toujours pas, mais l’ancien shinobi de Kiri était un manipulateur du Genjutsu, alors elle pouvait aller aussi vite qu’elle le voulait si elle souhaitait lui porter un coup, le simple fait de la regarder dans les yeux mettait la Kaguya en danger. Puis il avait un autre atout dans sa manche. Aussi surprenant que cela puisse paraitre, Kurasa considérait cette attitude puérile de Milly comme étant une bonne chose. Au moins, il savait exactement ce qui trottait dans la tête de la kunoichi, loin de la posture impénétrable de Saibogu Red. D’ailleurs, elle ne se montrait même pas aussi maligne. Loin d’être à bout de mots, le Nukenin n’allait pas se faire prier pour lui répondre alors que l’emprise sur son col se relâchait enfin.

« Aurais-tu oublié que tu ne te trouves pas à Mizu ici ? J’ai un allié à quelques mètres de toi qui ne t’aurais sûrement pas laissé me frapper.

Il est facile de prendre de grands airs, de te montrer menaçante et venir m’accuser de tous les maux. Tu es celle qui m’a proposé de t’accompagner pour mettre la main sur la Nanadaime Hokage. Tu savais déjà quel était mon objectif, quel genre de personnes je suis et donc à quoi t’attendre. Tu ne peux t’en prendre qu’à toi-même pour les conséquences qui en sont survenu.

Qu’espérais-tu exactement en te lançant à la chasse d’Aburame Miko ? Que tous les Konohajins allaient gentiment t’indiquer où elle se trouve et que tu pourrais accomplir ta vengeance sans que personne ne vienne t’embêter ? Tu as bien vu à quel point la proposition du Juunin de Konoha était inéquitable.

Je me fiche pas mal de ton passé, de l’expérience que tu as tiré du Shoraizen et quelle personne était Sabakyo Seito. J’ai ma propre conception du monde et mon propre objectif. Si tu ne veux pas me suivre, soit. Mais tu sais que tu t’écarterais d’un soutien de poids pour le futur Kiri.

Retiens bien ceci. Dans ce monde, tu n’arriveras à rien à coup de discussion et de tape dans le dos. Si tu veux quelque chose, il te faudra l’arracher ! »

Un claquement de doigts vint fendre l’air et cesser ce conflit. C’était l’œuvre de Red qui voulait reprendre les choses en main et elle avait bien raison de le faire maintenant avant que la Kaguya ne reparte dans une crise. Dès lors, elle se lança également dans un petit monologue, répondant notamment à la demande d’informations du Nukenin aux yeux rouges avant de réagir à l’étonnant spectacle qu’elle venait d’avoir sous les yeux. Sa pseudo menace ne valait rien aux yeux de Kurasa et il se doutait que le ressenti était similaire chez Ozai ainsi que chez la blonde. Même la Saibogu devait en avoir conscience, elle savait bien à qui elle s’adressait. Quoi qu’il en soit, la principale instigatrice de ce projet n’était pas prête à donner plus d’informations lors de ce soir orageux. Il n’aimait pas les mystères. Cela déplaisait au déserteur, cependant, il se gardait bien de le faire savoir cette fois-ci.

La pistolero intervint tout de même à propos de la "petite dispute" clos très récemment entre Kurasa et moi. Ne pas gaspiller son énergie, ne pas chercher l’origine du problème mais plutôt trouver comment le résoudre. C’est stupide, pour l’un il faut forcement l’autre. Et justement, comme elle dit ensuite, Miko aurait tout à fait pu m’envoyer tout une escadrille de ninja pour m’éliminer, ça n’aurait vraiment pas été difficile vu mon état. Donc oui, si je suis toujours en vie c’est pas uniquement pour avoir la joie de savoir qu’elle peut connaître ma position n’importe quand. Non c’est bien que je lui apporte quelque chose en retour. Mais comment est-ce qu’elle s’est démerdée pour que je lui serve de petit espion sans mon avis ? Ça c’est une question importante, à laquelle il va falloir trouver une réponse rapidement.
Quelle méthode emploierait-elle, franchement ? Et puis aussi, est-ce que ça ne fonctionne qu’en ce qui concerne ma position ? Ou bien c’est un truc beaucoup plus emmerdant, comme voir ce que je vois, ou entendre ce que j’entends. Hey c’est possible, y a bien des techniques qui permettent de faire revivre les morts, alors bon …

Red reprit ensuite son discours normal, aux airs de conclusion pour ce groupe qu’elle voulait former. Pour toute information complémentaire, il nous faudra tout de même attendre la prochaine vraie réunion. Celle faisait plutôt office de recrutement car en effet, attaquer un empire ça ne se fait pas sans préparation.
Je ne portai par contre aucune attention aux défenses de Kurasa suite à ma crise colérique. Ce n’était pas Mizu ici, évidement et rien à foutre qu’Ozaï pourrait intervenir. Au final c’est bien comme à Suna, t’as forcement besoin que quelqu’un protège tes fesses pour agir. Le regard froid, ampli de déception j’observai le nukenin sans ajouter le moindre mot. Ce n’était pas la peine. J’ai eu tord de penser ne serait-ce qu’une seconde qu’il pourrait être un allié fiable et honnête. Au final ça reste un exécutant, un pion, un assassin bercé par des illusions aussi floues que la paix dans le monde en le plongeant dans le chaos. Tss, naïve. Naïve que je suis, Oniri l’avait souligné aussi à l’époque, je faisais trop confiance, trop vite, trop facilement, à toujours espérer qu’il y ait un côté bon en chacun de nous …

« Si tu ne veux pas me suivre, soit. » Termina-t-il. « Mais tu sais que tu t’écarterais d’un soutien de poids pour la future Kiri. Retiens bien ceci. Dans ce monde, tu n’arriveras à rien à coup de discussion et de tape dans le dos. Si tu veux quelque chose, il te faudra l’arracher ! »

C’est ça, cause toujours. Ça ne vaut même pas la peine que j’ajoute quelque chose. De toute manière, et il devait sans doute s’en douter, je ferais ce qu’il me plaira peu importe les avis tiers.
La Saibogu demanda à ce que ce genre d’altercation ne se reproduise pas, au risque de la rendre "fortement agacée" comme elle dit. Mouais des menaces. C’est pas la meilleure méthode pour recruter du monde, m’enfin c’est compréhensible devant les tensions dont je suis quelque peu fautive et l’atmosphère électrique de la météo.
Il était à présent temps de mettre fin à tout ceci, de dire au revoir et à la prochaine. J’approuvai d’un nouveau mouvement de tête les derniers mot de la pistolero. Mizu no Kuni c’est chez moi, et mon chez moi est occupé par le Shukaï. Donc oui, je prendrais sur moi jusqu’à la fin de ce projet, jusqu’à ce que le Shukaï tombe et qu’enfin l’archipel soit rendu aux Kaguya.

« Par contre, pour le poignet je ne compte pas le lui retirer. Et de votre côté il va vous falloir des connaissances médicales bien spécifiques. Le bracelet ayant fusionné avec une bonne partie des os de son poignet, bon courage. » Je ne portai pas le moindre regard sur Kurasa, c’était la solution la plus simple pour garder mon calme. « Sur ce, la pluie c’est pas ce que je préfère le plus alors tchouss. »

Suite à quoi je sautai du toit du building, me laissai tomber en chute libre pendant quelques courtes secondes, avant de ralentir la descente en sautant sur les parois jusqu’au sol. Et hop direction le hangar, puis le lit.

Spoiler:

Des menaces par ci, des menaces par là. Même concentré sur les mouvements de la Kaguya, je restais sur mes gardes vis-à-vis de la Saibogu. Bien entendu, je le pressentais, mes chances seraient mince au combat face à elle. Mais il va s’en dire que si bataille générale il devait y avoir, en nous débrouillant bien Kurasa et moi, nous pouvions nous en sortir allègrement. Enfin, encore faudrait-il s’assurer que nos entraînements du temps où le Kurasa était membre du Youhei no Sekai nous permettent d’être relativement en synchronisation au combat. Bien entendu, il est très peu probable que notre duo puisse parvenir aux merveilles dont Hiro et moi étions capables, mais avec un peu de chance… Je restais vigilant par rapport à la suite des événements, à telle enseigne que je n'avais guère remarqué la main tendue de la Saibogu. Mais à mesure que la tension montait, je sentais que tout ceci allait se dégonfler aussi vite qu’un ballon empli d’air dont la sortie serait subitement relâchée. Peut-être le claquement de doigts de la Saibogu y était pour quelque chose. Peut-être avait-il permis à la Kaguya de se reprendre. Quoi qu’il en soit, je l’avais senti et les résultats se matérialisaient devant moi au fil des secondes et des minutes qui suivirent. Il n’y a eu aucune réelle suite après l’agression de la Kaguya. Dire qu’en moins de deux sa tête aurait pu rouler sur le sol. Il aurait fallu qu’une nouvelle agression de sa part. Une seule et elle aurait compris sa douleur.

J’ignorais les longs discours de la Saibogu et particulièrement le moment où elle joignit les mains en signe de demande le tout accentué par un ton plus que glacial proférant du coup des menaces à peine voilées. Je profitais de ce moment pour marcher vers Kurasa. Lentement, à petit pas. Nul autre ne m’intéressait à ce moment même. La Saibogu poursuivait son récital en faisant la morale aux nukes. Formation militaire… Ne sait-elle pas que l’essence d’un nukenin est justement son côté indiscipliné ? C’est à la fois son point fort, source d’imprévisibilité et son point faible, source de conflits parfois inutiles –tel que la Kaguya a pu nous en faire une démonstration. J’étais désormais parvenu aux côtés de Kurasa. Je me tournais alors vers la Saibogu qui recommençait à parler de choses plus intéressantes que la morale ou les menaces qu’elle pouvait proférer. Le fric me sera octroyé sous peu. Très bien.

Dès lors que je l’aurai, il ne me restera plus qu’à effectuer le trajet vers Ta no Kuni, là où de pressantes affaires m’attendent. Je devais revoir Jaga et fortifier le Youhei no Sekai dans ce pays. Et tout l’argent que j’avais gagné entre temps me permettrait de démarrer ce projet… Je dirai à la Saibogu ma volonté de faire un passage à Ta no Kuni histoire de sécuriser mes avoirs. Elle comprendrait forcément car un bon mercenaire ne peut se donner pleinement qu’en étant soulagé de toutes formes d’anxiété.

Alors que le Kaguya s’en allait, je tournais le dos à la Saibogu après lui avoir fait comprendre, d’un signe de tête que j’avais bien entendu ses derniers propos. Face à Tenbatsu Kurasa, je lui glissais tout en soutenant son regard :

_ Tu n’as pas pu trouver mieux comme allié Kurasa ? Je ne sais pas ce qui vous lie, mais elle n’est pas digne de confiance car trop instable. Je ne l’accepterai pas au Youhei no Sekai. Et tu ferais mieux de t’en séparer…

Cette Kaguya est un boulet. Nulle pitié possible avec elle. Il faudrait, selon les intérêts en jeu, la liquider un jour ou l’autre.

_ Il est temps pour nous de discuter dans un endroit plus calme une fois que tu auras retiré cette saleté de ton poignet. Je t’attendrais à la sortie de la ville, près de la falaise à l’ouest.

Une main sur l’épaule. Je ne sais pas comment il considérera ces mots. Après tout cela fait un bon moment que nous ne nous étions pas beaucoup parlés. J’avais perdu beaucoup de temps durant sa période de guérison à rechercher mon contact et à suivre ce tournoi à l’arène de la Mégalopole. Les affaires et la distraction… Il était désormais temps, pour peu que le nukenin ténébreux l’accepte, que nous discutions plus amplement.

Sur ce, je m’en allais à mon tour.

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