Comme à mon habitude lorsque la pensée de créer une équipe me traversait l’esprit, j’allais toujours voir mon mentor Han. Que ce soit pour ma première ou ma deuxième équipe, j’ai toujours été le consulter pour savoir si je prenais la bonne décision. Pour tout vous avouer, je ne suis pas forcément pour prendre des genins sous mon aile. J’ai déjà bien assez de travail comme ça, alors m’en rajouter volontairement… Oui, sauf que là, on pouvait oublier le volontariat. Le projet du Rokudaime et de son élève est de favoriser les équipes et de ce fait, les obliger. Au final, je n’avais que le choix de mes élèves qui était miens.

Lorsque je passais le sentier perdu, mon choix était déjà fait. Je n’avais ni besoin de son approbation, ni de ses conseils. Je voulais simplement, l’alerter et lui exposer les faits. Après tout, même si ce n’était pas explicite, le fait de lui rendre visite était devenu un rituel. En théorie, je devais emmener avec moi de la viande « pur », mais en ce moment, je ne chassais plus. Un manque de temps et d’envie aussi. Puis même, le terrain de jeu que j’avais établi commencé doucement à être dangereux. Enfin, connaissant Han, il m’accueillera avec un morceau qu’il aura cuisiné personnellement donc tout va bien. Pour compenser, j’ai avec moi une bouteille de son vin préféré. Cela devrait bien se passer.

Habitant dans les montagnes de Kaminari, je devais faire un bout de route avant de rejoindre mon mentor. J’étais partis assez tôt ce matin-là afin d’arriver pour le déjeuner et peut-être rester aussi pour le diner. Après tout, cela fait longtemps que mes démons intérieurs n’ont pas été nourris. C’était l’occasion rêvé. Traversant les plaines de fer à vive allure, je rejoignis la maison isolé de mon maître rapidement. Personne ne semblait à l’intérieur. Han devait sûrement être en train de chasser le connaissant. Je tentai alors de le pister, quand j’entendis une explosion. Sans attendre, je me dirigeai vers celle-ci.

Après quelques minutes de courses, je tombai sur mon mentor combattant un homme ayant un bras en moins. Je pouvais facilement reconnaitre la précision et la propreté de la coupure d’Han. Cependant, la cible s’est réveillée et cela n’était sûrement pas prévu. Le Monjara était de plus en plus vieux et je voyais bien qu’il avait quelques difficultés. Voulant rapidement en finir, je claquais des doigts et l’homme en question s’immobilisa. Je le pris sur mes épaules et releva mon maître qui me remercia. Nous rentrions tous les deux chez lui afin qu’il termine de préparer le repas. Une fois à table, je lui expliquai un peu tout ce qu’il se passait à Kumo, lui qui avait pris sa retraite il y a longtemps maintenant. J’ajoutai que j’allais de nouveau reformer une équipe et que cette fois-ci, je prenais deux Monjara sous mon aile afin de les guider plus ou moins comme mon mentor m’avait guidé. Ce dernier était assez content et une nouvelle fois, fier de moi. L’après-midi et la soirée passèrent bien vite et il était temps de rentrer chez moi. Une fois de retour à Kumo, j’écrivais le message que je transmettrais demain à mes nouveaux élèves.

Le lendemain arriva et comme tous les matins, je me rendis au Palais du Raïkage afin de m’installer dans mon bureau et y travailler. Entre temps, j’avais transmis les messages à Azumi et cette dernière devait déjà les avoir confiés à différents messagers. Dans quelques heures, mes élèves auront reçu ceci :

Mes hommages

Si vous recevez cette lettre, c'est que vous venez d'être sélectionné pour intégrer l'équipe Uka. Je vous donne, donc, rendez-vous demain au terrain d'entraînement n°1 à quatorze heures.

Cordialement, votre nouveau sensei.

Monjara Shinji.

Un message simple, mais il n'en fallait pas plus à mon goût. Le lendemain, je me rendais sur le terrain désigné. Il était presque quatorze heures et j'attendais de pieds fermes mes élèves.

Il arriva assez en retard sur le terrain d’entraînement. D’une, il avait mis un certain temps à comprendre le fonctionnement d’un courrier – ouvrir l’enveloppe, lire la lettre et appliquer l’ordre donnée – et encore un autre temps pour retrouver tout simplement le terrain d’entrainement. Kumo avait tellement changé en dix ans, sérieusement. Il y avait plus de monde, plusieurs nouveaux bâtiments et tout simplement plus aucun visage connu. Tout le monde avait vieilli !

- Monjara Reimei. A votre service, finit-il par dire.

Il se disait bien, à la présence des trois, qu’il était trop en retard. En ces circonstances, on s’excusait, n’est-ce pas ? Des capacités sociales basiques, mais qu’il avait perdu avec ces multiples emprisonnements et solitudes. Au bout d’un moment, après toutes ces expériences, un bout de papier n’avait plus grand intérêt comme le lieu où il se trouvait. Tel le vent, il se laissait voguer à des rythmes inconnus, vers des décisions mystères.

- Je me suis perdu, se contenta-t-il de dire.

Il espérait – sincèrement – que Shinji comprendrait. A l’heure actuelle, c’était l’un des rares au courant de ses difficultés mais également l’un des rares à avoir un sacré aperçu de son talent. A l’époque, il n’avait pas grimpé à une vitesse folle des échelons entiers sur des compétences fictives. Il avait un sacré talent, et une grande capacité à obéir docilement et à exécuter la mission efficacement. Cependant, il était nécessaire d’affiner à nouveau tout cela, de l’entrainer, en somme enlever l’épaisse couche de rouilles qui entravait ses mouvements ou sa capacité réflective. Certains parlaient de le renvoyer à l’Académie temporairement, pour avoir les bases de la situation géopolitique du monde, reprendre les bases des arts Shinobis et apprendre à renouer contact avec tout le monde. Il était connu, faire ami-ami avec des enfants étaient plus aisés que faire ami-ami avec des Shinobis obnubilés par les promotions qui pouvaient voir en lui un potentiel concurrent à quelque poste prestigieux.

- Je suis un Monjara. Du coup, je maîtrise les fils, s’introduisit-il auprès des autres. J’aime bien le corps-à-corps.

Voilà, la description était donnée. Il se taisait, et il attendait la suite. On pouvait lui hurler dessus, ou l’insulter ou se moquer, qu’il ne réagirait pas. Limite, le vol d’un papillon était plus intéressant que les remontrances. Par contre, cette nonchalance se révélera bien vite un atout pour celui qui savait en faire usage : redonnez sa force d’antan, et donnez-lui des ordres, et il sera littéralement le chien humain, le type à tout faire sans poser la moindre petite question. Quant à une éventuelle capture, au vu de son expérience dans ce domaine, il ne risquait nullement de dévoiler la moindre information. Oui, en un seul et unique mot : il n’avait peur de rien. Strictement rien. Tout n’était plus qu’un instant, ou un moment, pour lui.

Quant à être Shinobi, il optait à cette voie car c’était la seule chose bien qu’il avait su faire dans sa vie. Personne ne l’attendait à la maison, des parents à nourrir, un monde qui avait changé … s’adapter était déjà trop tard. Mais en devenir l’instrument, c’était toujours possible, une chose immuable dans le temps : on avait toujours besoin d’outils.

J'étais arrivé dix minutes avant l'heure que j'avais indiquée. Après tout, je ne voulais pas être un homme qui arrivait après ces élèves. Même si certain pense qu'un sensei, ça doit se faire attendre, histoire de faire une entrée un peu théâtrale et saugrenue. Comme on peut s’en douter, ce n’était réellement mon genre. Je me tenais droit, les bras croisés dans le dos, prêt à accueillir mes élèves. Je prenais ces quelques minutes de battement pour me remémorer mes anciennes équipes. Des frères Kadoria qui, après un échec à l’examen de Chûnin organisé par et pour Kumo, avaient plus ou moins disparue. Je me souviens aussi e Seki Hattan et Dentô Kongoh, deux hommes particulier dont un qui est maintenant Chûnin. Même si nos expériences en tant qu’équipe étaient courtes, j’ai essayé de transmettre un idéale et une vision à mes élèves. Seul l’avenir nous dira si cela payera.

En attendant, j’allais me retrouver avec une équipe plus qu’originale. Il n’y a sûrement pas de mots pour les décrire. J’en connais principalement deux d’entre eux. Hakushi Jio, je lui avais enseigné une technique de mon répertoire afin d’entraîner les genins en temps de crises. Même s’il était turbulent, j’avais vu en lui du potentiel et ce n’était dans ma nature de gâcher un potentiel talent. L’autre personnage était Monjara Reimei. Il fait partie de mon clan depuis maintenant très longtemps, mais lors d’une mission qui a mal tourné, cet homme a été enfermé et torturé, lui provoquant une fragilité mentale et physique complexe. Lui qui était un illustre combattant, j’ai pris la décision de le prendre sous mon aile pour reforger cet homme brisé. Le dernier homme de cette équipe se nomme Monjara Densha. Un jeune pouce de mon clan que j’ai trouvé en feuilletant les dossiers des genins du village. Il semblait assez solitaire et sans équipe alors le choix était facile.

Chacun arrivait à sa façon. Dans le silence pour Densha, dans les cris pour Jio et dans la confusion pour Reimei. Je n’avais pas encore dit un mot et tout était déjà explosif. D’habitude, je me serais sûrement énervé, imaginant plusieurs scénarios pour cuisiner tout ce petit beau monde, mais depuis Suna, je laissais de côtés mes principes afin de me concentrer sur Kumo et sur l’avenir.

« Je vois que tout le monde est là. Même si vous me connaissez, je me dois de me présenter convenablement. Je me nomme Monjara Shinji. Bras Droit du Raïkage, Ministre de la diplomatie et de l’économie, membre du conseil de Kumo et chef du clan Monjara. Ensemble, nous formerons l’équipe Uka. Cela signifie « Emergence ». De par nos capacités et nos pouvoirs, nous sommes tous particuliers et différents des uns et des autres, mais telle la chenille, nous allons émerger ensemble pour devenir plus fort. Cependant, à l’heure actuelle, vous devez vous concentrer sur votre apprentissage et je suis là pour vous aider. Avant d’aller plus loin dans notre rencontre, j’aimerais que chacun se présente. Vous connaissez déjà Reimei qui m’a devancé, mais sachez la connaissance de son équipe est un véritable levier dans les actions de groupes. Nous devons connaître les faiblesses et les forces de chacun pour travailler efficacement ensemble. Me concernant, je maîtrise, comme homologues Monjara, les fils, mais aussi le son. Je suis spécialisé dans l’immobilisation, mais je reste très efficace à courte comme à longue distance. Mes points faibles sont mon manque de connaissances dans l’art des sceaux et de la sensorialité. A vous maintenant. »

Alors que je m’arrêtais, je repris presque immédiatement.

« J’oubliais. J’aimerais savoir ce que vous attendez d’une équipe et comment vous vous voyez dans cinq ans. »