Terres de Kaminari, terres de montagnes – j’inspire et expire profondément l’air rocheux de Kumo, calmement installée sur l’un des terrains d’entraînement du village. Le terrain numéro j’en ai rien à battre pour être exacte. S’il ne dépendait que de moi, j’irais mettre le feu à la moitié du village pour la simple raison que j’en ai envie. La violence, la même qui m’a toujours habité depuis tellement longtemps, remonte en surface. Les principes qui m’ont été enseignés me permettent de garder le contrôle, de ne pas céder à la folie ambiante qui remettrait en question ma position dans ce village. Tu te tairas et tu obéiras aux ordres. Encore et encore. Cette phrase, on me l’a gravée dans la peau au fer blanc. On m’a obligée à la répéter autant de fois qu’elle a perdu tout son sens, sinon celui de la consigne qu’elle porte avec lui. On m’a brisé chaque os de façon individualisée à chaque fois que j’osais la remettre en question, jusqu’à ce que je l’accepte. Le tout en illusions, bien sûr, mais c’était mon paradis illusoire dont mon père abusait – le principe de ce dernier est que les sensations restes réelles et ancrées dans la peau.

Un chien tenu en laisse, aboyant aux ordres et ne les remettant jamais en question, voilà ce que je suis. J’ai beau pensé qu’un ordre est stupide, mon corps agira de lui-même et agira pour accomplir l’ordre de la façon la plus optimale qui soit. J’entends le sol se fissurer délicatement sous moi, preuve que mon corps a commencé à relâcher une onde sonore profonde. J’inspire et expire une fois de plus pour me calmer. Il n’y a rien de mal à faire ceci lorsqu’on est ninja, et je suis pleinement consciente que la violence gratuite et profonde qui sommeille en moi a été clouée avec la force de cette conviction – je n’arrive seulement plus à la garder aussi faible qu’elle ne devrait l’être depuis le décès de ce connard. Un jour, le masque de ma consistance sera perdu et ils découvriront tous ce que je suis. Ce ne sera pas aujourd’hui.

« Tu comptes te cacher pendant longtemps ? Viens. »

Un intrus. Je n’ai beau pas être un ninja sensoriel, quand on ne fait aucun effort pour se cacher ce n’est pas compliqué d’être retrouvé. J’espère qu’il aura de bonnes raisons de m’observer de façon aussi stupide, sans quoi je serais fortement tentée de frapper dans son corps qui sera plus répondant que le sol que je comptais ravager.

Depuis quelques jours Sorolla avait retrouvé un rythme régulier dans ses entraînements physiques. Par exemple, elle courait chaque soir sauf exceptions, et c’était vraiment agréable de retrouver un planning précis après ces longs mois à faignanter dans son appartement. Elle voulait devenir plus forte et pour ça il fallait s’exercer, personne ne fait rien sans puissance. Enfin ça c’est plutôt ma vision des choses, comment pourrais-je jubiler de la souffrance des autres si elle n’est même pas capable de tuer une mouche ? Bref, comme tous les matins, elle remplissait son sac d’une grande bouteille d’eau et d’une serviette propre pour partir en direction des terrains d’entrainement.

Elle ne croisait absolument personne sur la route, et c’était ce qu’elle désirait. Si elle se levait aussi tôt c’était bien évidemment pour ne croiser personne sur son chemin. Les gens en général l’agaçaient, voilà enfin un point sur lequel on était d’accord ! Une vie qui consiste uniquement à faire les courses, préparer les repas et lire le journal vaut-elle vraiment la peine d’être vécu ? En plus de ça, elle était mal à l’aise en société et n’aimait pas vraiment s’intéresser aux aventures peu intéressantes d’autrui.

Les rues désertes étaient agréables à traverser, seule la fraicheur du vent matinal se faisait sentir, ce qui changeait de l’odeur qui se dégageait des nombreux stands et restaurants le midi. Bien que ces odeurs puissent tourner à l’obsession en étant affamé, elles pouvaient aussi rapidement devenir écœurantes et insupportables. A peine levé, ce n’était certainement pas ce qu’elle avait envie de sentir en partant s’entrainer. La simple marche lui faisait ressentir des courbatures de son entrainement d’hier, elle avait forcé un petit peu plus en se disant qu’elle ferait encore mieux chaque jour. Elle n’avait jamais eu d’entraineur ou de maître, ce qu’elle faisait était simplement de la pure intuition alors elle n’avait pas la moindre idée de si c’était adapté, ou même utile.

Arrivée au premier terrain d’entrainement, elle fut surprise d’y apercevoir quelqu’un. Une jeune fille avec des cheveux d’une couleur bleue foncée assez frappante. Elle s’avança discrètement pour ne pas la déranger en plein entraînement. Sorolla n’arrivait pas à voir ce qui permettait de faire fissurer le sol sous ses pieds, à première vue, ce n’était certainement pas son poids qui provoquait une telle chose alors cela devait être une puissance invisible. Intriguée, elle serait bien rester la regarder mais elle ne pouvait bien entendu pas faire ça ! De qu’elle droit se permettrait-elle d’assister à l’entrainement personnel d’une inconnue ? Peut-être qu’en plus de ça, elle n’était pas très sympa et même super-forte, ce n’était pas maintenant que Sorolla devait s’attirer des problèmes. Elle s’apprêtait à partir quand on l’interpella :

« Tu comptes te cacher pendant longtemps ? Viens. »

Merde. Elle lui demandait d’approcher. Sorolla stressa vivement à l’entente de cette phrase, que lui voulait-elle ? Elle n’avait rien laissé paraître dans sa voix alors il était impossible de savoir son ressentiment. Peut-être s’imaginait-elle que Soro comptait observer son entrainement ou même faire preuve de voyeurisme qui sait ? Elle prit une grande respiration et s’avança pour lui faire face, après tout elle n’avait rien du tout à se reprocher.

« Salut, je viens tout juste d’arriver et j’ai simplement était surprise de ta présence. C’est rare de voir du monde de si bonne heure, j’espère ne pas t’avoir dérangé ni offensé car ce n’était absolument pas le but. »

Une femme. Bien sûr que c’est une femme, non une fillette même. Qui d’autre pourrait, dans ce village d’orgueil et d’égo, se sentir assez faible pour venir s’entraîner de bon matin ? Quoique… Si je pense comme cela, qu’est-ce que ça fait donc de moi ? Son égale – plutôt vomir. Une semblable – plutôt me suicider. Elle ne voulait pas me déranger, ni m’offusquer – elle voulait quoi alors ? Si c’est seulement faire la pimbèche et regarder en se tortillant sur ses petites jambes comme une petite garce, autant qu’elle aille faire ça à certains coins de rue. Que j’ai envie de la frapper… Délicatement, je me relève et tourne mon visage vers elle, lui adressant un sourire charmant qui cherche à l’apaiser – les apparences sont importantes, je le sais – quitte à ce qu’elle glande ici, autant l’utiliser d’une façon plus ou moins productive.

« Oh non non, c’est juste que… J’avais peur que ce soit un homme mal intentionné qui me regarde… Il y en a tant tu sais. Mais comme tu es une fille, je suis rassurée. »

Sourire, rougir des joues, cligner des sourcils – je décompose chacun de ces mouvements pitoyable pour le réussir au mieux, et je sais d’office que l’effet est convaincant. Je m’entraîne trop pour, et si j’arrive à duper ma génitrice, alors j’arriverai à duper n’importe qui à terme. Je fais un pas dans sa direction, titubant délicatement pour me montrer quelque peu vulnérable. Dire que je ne cherche même pas à la piéger, seulement à la pousser un petit peu à se croire supérieure à moi pour ne pas qu’elle se limite. Quand les gens apprennent qu’il y a une relation de grade, ça change toujours tout. Ferme-là et obéit à tes supérieurs. Tes supérieurs savent mieux que toi. Obéit aux ordres, petite faiblarde. Les ordres te rendront fort. Des ordres, toujours des ordres, toujours des ordres. Je laisse échapper un petit rire pour cacher une expiration un peu forte. Je ne peux pas me troubler pour si peu de souvenirs.

« Moi c’est Senritsu Hak, Genin de Kumo, et toi ? »

Je lui tends la main à distance, me demandant si elle s’approchera de moi pour l’attraper. Genin ? Quelle douce blague – elle n’a pas besoin de savoir plus, et ça m’étonnerait qu’elle soit elle aussi. Si jamais elle se retrouve dans la supériorité hiérarchique, tant mieux pour elle – ça ne m’empêchera pas de la broyer s’il le faut. Toujours des ordres. Elle a intérêt à ne pas avoir à m’en donner, je ne suis pas d’humeur aujourd’hui. A qui j’essaye de mentir ? J’obéirai si elle m’en donne. Garce. C’est pour ça que tu es venue en réalité ? Je te hais. Sale faible. Meurs. Meurs. Meurs. Laisse-moi te dévorer. Non. Je ne peux pas te haïr. Pas encore. Pas encore. Viens, montre-moi ta force. Prouve-moi que tu n’es pas une faible. Prouve-moi que tu as du mérites, que tu n’es pas une coquille vide que l’on pourrait vendre pour son corps. VIENS.

« Comme on a l’air partie toutes les deux pour nous entraîner, que dirais-tu de le faire ensemble ? »

Je penche délicatement ma tête sur le côté, ce qui me permet de me ressaisir également. Je dois rester calme pour garder mon masque durant tout un entraînement, j’ai trop souvent la tendance de redevenir amorphe en plein milieu d’un combat ou lorsque mon attention est distraite. Pourquoi ne suis-je pas parfaite, papa ? Pourquoi ? Pourquoi ne m’aimes-tu pas ? Non. Je dois rester calme. Calme. Calme. Inspirant et expirant profondément, travaillant ma respiration profonde quelque peu même, je ferme les yeux calmement et lui adresse un énième sourire en attendant sa réponse – combien de temps puis-je jouer à la conne ?

« Si ça te dit, frappe moi avec toute ta force, n’aie pas peur. »

« Oh non non, c’est juste que… J’avais peur que ce soit un homme mal intentionné qui me regarde… Il y en a tant tu sais. Mais comme tu es une fille, je suis rassurée. »

Sorolla baissa les yeux à l’entente de ses paroles. Effectivement elle était persuadée de savoir mieux que personne l’existence de ces hommes ignobles. Dans son cas, elle se serait certainement positionnée sur la défensive de peur que l’inconnu décide de lui faire du mal, ou l’observer trop intensément. C’était une trouillarde, elle ne pouvait pas le nier et le simple fait d’imaginer un homme dégueulasse jeter un œil sur elle lui donnait une intense envie de fuir et e vomir. En bref, elle comprenait à la perfection la méfiance qu’a faite preuve la jeune fille en face d’elle.

« Oh oui je comprends parfaitement. »

Son air un peu dépité quand elle prononça cette phrase était facilement visible mais elle se reprit en main bien vite en voyant le sourire radieux de l’inconnue. Elle donnait l’impression d’être très gentille et sincère, ce qui mit Sorolla immédiatement en confiance. Ce n’était pas mon cas. Cette fille ne me disait rien qui vaille, et la naïveté de ma Soro me faisait vraiment pitié. Je n’avais aucune raison valable de penser du mal d’elle, mais je me suis toujours méfié de tout le monde et ce n’était pas aujourd’hui que ça allait changer. Puis d’abord, sa façon de l’aborder ne m’a pas vraiment plu, pour qui se prenait-elle pour appeler les gens de cette manière ? Et Sorolla qui était à la limite de s’excuser, qu’est-ce qu’elle pouvait être pathétique parfois ! L’étrangère se présenta et tendit une main qui ne demandait qu’à être serré. Senritsu Hak... Alors elle était genin elle aussi ? Elle se faisait peut-être un petit trop confiance à ce niveau la demoiselle. Elle n’était pas tombée sur quelqu’un de bien méchant et dangereux, mais ça aurait pu se passer autrement.

« Je m’appelle Kinzoku Sorolla, Genin de Kumo également. »

Elle s’était vivement avancée pour lui serrer la main. Un sourire aux lèvres, elle tâchait de paraître agréable et sociable même si une salope dans mon genre s’amusait à faire des monologues dans sa tête. Bah quoi ? Elle voudrait bien être normale, se faire de nombreux amis et prendre des décisions soi-même, mais elle était bien trop faible pour ça. Elle avait besoin de moi encore et encore, m’éjecter serait bien trop difficile, voire impensable. Je suis ce qui te maintient en vie, ne l’oublie jamais. Mon rire résonnait dans son crâne, elle secoua la tête de droite à gauche en vain, je ne te laisserai pas tomber ma belle. Sa camarade qui lui proposait un entraînement en commun la regardait interloquée face au manque de réponse de sa part, mais bien vite Sorolla revenait à la réalité avec un sourire bête et gêné puis accepta avec plaisir. Elle n’avait pas souvent l’occasion de s’entraîner avec une autre fille et côtoyer un garçon lui était encore bien trop dur, c’était un bon plan qu’elle ne pouvait pas refuser.

La proposition suivante l’étonna quelque peu, elle voulait que Sorolla la frappe. Pourtant il était évident qu’un entraînement était avant tout utile en se battant. Elle n’avait jamais frappé personne mise à part d’inutiles tentatives sur Zaoh, mais ce n’était pas pareil. Elle la regarda intriguée mais elle se devait de réagir, de toute façon la jeune Senritsu Hak avait l’air sûr d’elle et le manque de maîtrise de Sorolla ne risquait pas de lui faire beaucoup de mal. En signe d’approbation, elle recula le plus rapidement possible et créa huit petits shurikens en or qu’elle lança adroitement sur sa cible, suivit immédiatement d’un senbon téléguidé visant sa poitrine. Cette idiote n’avait même pas pris la peine de se renseigner sur les points vitaux des humains, comme si elle s’attendait à faire du jardinage en devenant kunoïchi.

Kinzoku Sorolla. Un nom parfait pour une idiote parfaite, n’est-ce pas ? Je m’abstiens de réagir et la laisse attaquer en premier, comme je l’ai annoncé – elle crèvera plus tard. A moins qu’elle me prouve qu’elle serve à quelque chose. C’est ce que je me suis dit non ? Je ne sais plus. De toute façon, ça ne fait pas de différence. Elle est Genin également. Enfin, également – je commence à croire à mes propres mensonges, c’est horrible. Un. Deux. Huit. Ils sont huit shurikens dorés lancés sur moi – elle peut donc créer du métal cette garce ? Je me disais que ce nom me disait quelque chose de vague. Je les esquive sans bouger plus que nécessaire, laissant deux d’entre eux m’effleurer pour qu’elle gagne en confiance puis j’arrête le senbon qu’elle m’a envoyé dessus d’un geste de ma main gauche, le coinçant calmement entre trois doigts. Tellement classique, lancer une attaque dans une autre pour faire diversion et espérer que l’une touche au moins. Tellement… Enfantin. J’aime bien la couleur dorée du senbon que je garde dans ma main. J’ai envie de le prendre et de l’enfoncer dans ma tempe jusqu’à ce qu’il transperce le cerveau et me délecter de la sensation, convulser peut-être en me lançant sur le sol et révulsant la totalité de mes nerfs. Ou alors…

Je vais l’enfoncer en elle. Elle n’a que ça à faire, non ? MOURIR. Je pourrais, délicatement, l’enfoncer encore et encore dans son œil, voir le liquide de ce dernier couler sur mes mains et le lécher dans mon extase, avant de terminer brusquement le geste et la finir. Je pourrais… Je peux lui montrer… Non. Si je la tue, elle restera conne dans l’autre monde également, non ? La pitié est une affaire de faible. Les forts sont ceux qui acceptent de se faire battre. De se faire manger. De sentir les dents des autres s’enfoncer dans leur corps. De sentir la mort souffler sur leur nuque. C’est ceux qui n’abandonnent pas, même quand on les laisse pour mort. Les forts sont forts. Les faibles sont cons. Les forts sont… Tu n’étais pas fort, père. Tu es mort. J’aurais aimé être là pour voir ton sourire en coin tomber. Te taillader les joues de sorte à ce que tu ne puisses que sourire en permanence. Je vais… Non.

Je ferme les yeux, les ouvre à nouveau puis me jette sur elle sans aucune retenue après lui avoir adressé un petit sourire chaleureux. Je m’oblige à rester souriante, innocente, féminine – ça m’en donne la nausée à chaque mouvement. Je veux lui vomir dans la bouche. L’intoxiqué avec mon poison. La… En l’espace d’un instant, j’arrive prêt d’elle et, sans réfléchir plus que nécessaire, j’enfonce le senbon toujours dans ma main à travers le plancher de sa gueule. Une par une, je sens les couches céder, la peau, le muscle, la langue, le palais, jusqu’à ce que mes doigts ne puisses aller plus profondément. J’aurais loupé le cerveau, dommage.

« Si tu lances des armes, assures-toi que l’ennemi ne puisse pas les utiliser contre toi. Sinon... »

Sans me soucier plus que ça, je kai l’illusion dans laquelle est depuis les premiers mots que je lui ai adressé. Le son, c’est tellement traître. Il m’a trahit tellement de fois, à donner son pouvoir à père. Encore et toujours. Entendre ses hurlements. L’entendre battre ma mère. L’entendre dire à quelle point je ne sers à rien car je ne suis pas née un garçon. Toujours l’entendre. J’ai essayé de me percer les tympans, mais le son revenait toujours à moi. Encore et encore. Pourquoi m’a-t-il trahit ? Non. Ce n’est pas moi qui suis trahie aujourd’hui, mais cette jeune fille. La situation est semblable à celle qui était là au début – nous nous faisons face, moi lui souriant la tête courbée sur le côté. Seul son esprit se rappel de ce qu’elle a enduré, son corps ne portant aucune marque. Allez, montre-moi que tu résistes à si peu. Que je peux m’amuser avec toi. Encore. Encore. Je veux te tuer encore une fois. Peut-être deux. Pourquoi pas cinquante ?! Je suis morte tellement de fois dans les illusions que je faisais pour cet homme… Accompagne-moi dans cette mort, vu que tu es comme la moi de l’époque – une pauvre bécasse.

« On recommence ? »

Mon sourire le plus angélique lui est adressé, tandis que le mur des illusions s’abat une nouvelle fois sur nous. Elle n’a pas à s’en rendre compte, mais si elle le devine… Elle aura peut-être le courage de gagner en audace.

Elle n’avait presque pas bougé pour esquiver les shurikens en or qui était arrivés droits sur elle. Ses facilités en étaient presque choquantes, comme si les pathétiques attaques de Sorolla ne valaient même pas la peine de déplacer un pouce. Deux projectiles réussirent à effleurer leur cible, faisant couler trois ou quatre goûtes de sang par terre. C’était rassurant, voilà ce qu’on gagne à trop vouloir faire la maligne devant les autres ! La joie fut de courte durée quand Hak intercepta le senbon à l’aide de trois doigts comme si de rien était. A quelques mètres en face d’elle, Sorolla regardait la scène tout d’abord confiante suite aux deux shurikens puis incroyablement déçue et méfiante de la suite. Elle misait gros sur son senbon téléguidé pourtant stoppé avec une facilité déconcertante par celle qui était maintenant devenue son adversaire. Etait-ce si facile d’arrêter un projectile de ce genre ? Elles étaient toutes les deux genins et pourtant Hak donnait l’impression d’être mille fois plus forte que Sorolla.

La jeune fille sourirait expressivement avec le senbon entre ses doigts, elle avait l’air plongée dans ses pensées. Bien vite pourtant, elle se jeta sur Sorolla qui prit bien trop de temps pour réagir. C’était trop tard, en une fraction de seconde elle se trouvait collée à elle, un sourire toujours accroché à ses lèvres. Pourquoi as-tu été si longue à t'apercevoir qu'elle allait te tomber dessus, c'était pourtant flagrant... Je commençais sérieusement à douter de ses capacités et de ses chances de devenir un jour une grande kunoichi. Ba ouais, qui attaquerait quelqu'un en croyant qu'il n'allait pas passer à l'offensif à son tour? Attendez, mais qu'est-ce qu'elle est en train de foutre là cette attardée? Sans aucune retenue, elle enfonça le senbon doré dans la gorge de son propriétaire. Les yeux de Sorolla vacillèrent pendant que l’arme retournée contre elle transperçait chaque partie de sa bouche, puis s’éteignirent complètement. Elle a tué ma Soro... ? Mes hurlements de haine et de désespoirs raisonnaient maintenant dans son corps inerte. Comment a-t-elle pu oser lui ôter la vie comme ça, en lui faisait croire à un simple entrainement amical ? Je la déteste, je la déteste ! Elle est tellement immonde et dégoutante, et dire que bien du monde étaient capables comme elle d’un tel acte de cruauté, ce monde est terrifiant. Je risquais de m’éteindre à mon tour de m’éteindre dans quelques secondes, et à vrai dire, ma mort m’emmerdait bien plus que celle de Sorolla.

Soudain, le passé était revenu comme il y a deux minutes, nous laissant avec Soro en vie, choquées et abasourdies. Le décor n’avait pas changé sur le terrain d’entraînement, tout était comme avant qu’elle ne lui plante une arme pour la tuer. Sorolla restait figée là à dévisager Hak, je crois que cette idiote n’avait toujours pas compris ce qu’il lui était arrivé. Je lui rappelais l’existence des genjutsus et tout lui apparaissait plus clairement à l’esprit après cela.

« Si tu lances des armes, assures-toi que l’ennemi ne puisse pas les utiliser contre toi. Sinon... »

Sur le moment elle ne pensait pas vraiment aux représailles que ça pouvait entraîner. Elle utilisera forcément à nouveau différentes armes ou projectiles contre quelqu’un à l’avenir, alors comment pouvait-elle savoir que son adversaire l’arrêterait aussi facilement ? Le combat était un art qu’elle devrait apprendre à manier, sans quoi elle se fera toujours marcher dessus comme aujourd’hui. Qu’avait-elle fait de mal pour que soit si facile d’intercepter et de contrer son senbon ? Hak avait certainement reçu un entraînement particulièrement difficile de la part de quelqu’un pour être aussi performante aujourd’hui, elle l’enviait beaucoup. Elle espérait beaucoup de ses futurs entretiens avec son senseï et son équipe. Cela lui permettra enfin d’être encadré par quelqu’un de compétent avec des connaissances, qui sait pertinemment ce qu’il fait, enfin je l’espère pour elle. De toute façon il était temps qu’elle suit enfin un entraînement logique et utile, au lieu de continuer en freestyle comme ce qu’elle fait depuis sa sortie de l’hôpital, de toute façon on voit bien que les résultats ne sont pas présents. La jeune fille aux cheveux bleus proposa de recommencer, au moins il y en avait une des deux qui prenaient son pied. Tant mieux, je la voyais comme une chose utile pour l’apprentissage de Sorolla, et chaque chose utile était bonne à prendre.
Recommencer... C’était terrifiant, terrifiant et tellement réel. Bah ouais, pour que je me fasse avoir de la sorte fallait bien que ça paraisse vraiment réaliste ! La douleur avait bien été présente, et extrêmement intense du fait que rien ne laissait penser à une simple illusion. Réfléchir à sa proposition l’amenait juste à fuir le plus vite possible et ne plus jamais revenir, or ce n’était pas la bonne solution. En devenant kunoïchi, elle savait très bien que la vie serait difficiles, que les entrainements seraient difficile et qu’elle allait devoir s’accrocher. Ses parents ont toujours voulu la protéger de ce monde impitoyable et cruel en lui cachant du mieux qu’ils le pouvaient, et elle n’en a tout de même fait qu’à sa tête. Elle se pensait capable d’assumer son choix et de se battre jusqu’au bout, en mettant sa vie en jeu s’il le fallait, elle doit assumer maintenant.

« Explique-moi ensuite pourquoi était-ce si simple pour toi d’esquiver et d’intercepter mes projectiles, s’il te plaît. On apprend le mieux de ses erreurs après tout. »

Elle se positionna ensuite de façon à attaquer à nouveau. Elle était genin tout comme Sorolla et malgré l’incertitude qu’elle portait à ce sujet, elle imagina par déduction que Senritsu Hak ne maitrisait alors qu’une seule spécialité, qu’elle nous a montré comme étant le genjutsu. Une nouvelle illusion était alors certainement lancée, mais peu importe, ça ne changeait rien. Après tout cela permettait de ne garder aucune séquelle physique de cet affrontement, même si elle ne permettrait jamais de sous-estimer ce puissant domaine de l’art ninja. Elle connaissait un moyen de s’en sortir, c’était de se blesser de manière à ressentir de la douleur réelle tellement forte que l’illusion s’en allait d’elle-même. Or ce n’était qu’un entraînement, et le genjutsu de Hak ne la mettait pas encore dans une situation assez critique pour commettre un tel acte. Elle courut dans une autre direction, toujours en gardant son adversaire à l’œil et concentra la nature de son chakra dans sa main jusqu’à lui donner une puissance suffisante et nécessaire. Un hibou de feu s’envola rapidement dans sa direction, provoquant un bruit presque insupportable d’une espèce de crépitement sans fin. Le son de sa technique apprise par Hakushi Yui, qui elle-même l’avait apprise de Monjara Shinji n’avait jamais fait un tel son, peut-être n’avait-elle jamais réussi à lui procurer autant de puissance et d’équilibre, les diverses émotions ressenties par Soro à ce moment précis étaient en fait devenues une aide précieuse. Regardant attentivement sa technique partir, elle prépara en même temps dans sa tête un mur ou un petit bouclier en or qu’elle fera apparaître selon le danger avec cette fois-ci plus de réactivité.

Ensuite ? C’est définitivement une petite conne qui n’y connaissait rien. Elle veut apprendre de ses erreurs ? Qu’elle les voit toute seule, si je lui offre tout sur un plateau d’argent la seule chose qu’elle en gagnera c’est du poids supplémentaire – déjà qu’elle doit avoir du mal à bouger. Je hais les gens de ce genre. A toujours demander. A toujours supplier. A toujours espérer plus. Ce sont trois choses que je ne recherche que dans un cas particulier – la torture – et j’ai l’impression qu’elle sera incapable de tenir ne serait-ce qu’un peu dans cette dernière si je devais m’y adonner. Que ce se serait beau, pourtant, de la voir à genou, pleurant, me supplier de l’achever devant le surplus de souffrance absolument non nécessaire que je lui ferai vivre si volontiers… Ses petites aiguilles dorées, je pourrais en décorer l’intégralité de son corps. Bloquer chaque muscle, chaque mouvement, piquer chaque nerf et la voir se transformer en hérisson humain doré, pièce d’art sublime de la torture universelle – à quoi bon avoir une vierge de fer si je peux trouver une vierge avec de l’or ? C’est tellement plus précieux. A l’intérieur de ma bouche, ma langue lèche avidement mes dents à l’idée de la voir dans cet état – nue, exposée, blessée. Je me demande si elle serait capable d’apprendre dans cette condition-là ? Pourquoi donc ? Tu as bien appris toi, connasse ! Si une merde comme toi peut faire quelque chose, dis-toi que tout le monde peut le faire. En mieux. Inutile. Tu es inutile Hak. Si au moins tu fournissais le moindre effort. Si au moins tu montrais que tu méritais de vivre. Je ne serais pas obligé de faire ça. Souffre. Souffre. SOUFFRE. Sent la douleur se répandre en toi. EPOUSE-LA. Elle ne te quittera pas, contrairement à tes émotions de petite idiote. Pourquoi ?! Pourquoi es-tu ma fille ! CREVE !! Je me ressaisi immédiatement, mon corps toujours imperturbé.

Elle bouge enfin son gros cul, je vais avoir l’occasion de la voir faire quelque chose. C’est pas trop tôt, j’ai presque l’impression de perdre le mien depuis qu’elle est là. Elle court. Comme une petite souris. Comme un petit insecte qui a vu un prédateur et qui espère s’en sortir avant qu’on ne lui ôte la vie. Aurait-elle peur ? Serait-elle troublée ? Oui. Oui. Qu’elle se trouble ? Je veux voir son corps geindre devant ma force. Un hibou de feu sort de sa main d’un coup et se dirige vers moi, créant une cacophonie horrible. On voit qu’elle n’a aucune maîtrise du son, alors qui est-elle pour le bafouer comme ça ? Petite conne, tu te crois tout permise avec ton piaf à deux balles ? J’aimerai le voir te rentrer dans la bouche et t’enfumer de l’intérieur, ne laissant qu’une vulgaire grillade que même Karyuudo refuserait certainement de manger. T’as pas envie de le faire toute seule ? Laisse-moi t’aider. J’esquive monsieur l’oiseau avec le plus beau mouvement que mon Taijutsu m'a appris à faire - histoire de lui montrer que je ne suis pas qu'une illusionniste simple car elle ne comprendra jamais sinon, esquissant un sourire en le voyant s’écraser misérablement contre le sol. Il ne mérite même pas mon intérêt – et la petite idiote n’a toujours pas compris ce qu’il se passe. On est un village de ninja ou une garderie, à la fin ? Personne lui a enseigné à la vie et ça me tombe dessus…

« Echec. »

Devant ses yeux, j’exécute quelques mudras et un énorme dragon métallique doré s’élève dans les cieux avant de fendre sur elle, uniquement pour devenir plus fin et plus long en s’approchant et, perforant la défense qu’elle s’efforce d’élever, entre dans sa bouche et descend le long de ses voies digestives, entaillant profondément l’intégralité de son corps. Aimes-tu ? Ressens-tu la douleur telle que j’aimerai que tu la ressentes ? Petite garce – tu as tellement faire de la merde que ton pouvoir doré, tu vas le chier. Il suffirait que je force un peu plus, juste un petit peu, et il ressortirait par l’extrémité opposée de son entrée. Non. Ce serait trop simple de se montrer de ce côté-là d’office. Je Kai cette nouvelle illusion créée par un simple mot dans ses oreilles – douce hérésie de mon hérédité – et je Kai de nouveau la chambre illusoire que j’avais remise en place en recommençant. Nous sommes à nouveau face à face, sans avoir bougé d’un seul pouce depuis le début de notre entraînement. Je la fixe. Ses yeux me dégoutent. Tellement jeunes. Tellement féminin. Tellement différents de mes orbes vides. J’ai envie d’en arracher un. Calmement. Tranquillement. Avec mon doigt ! Oui ! Puis le dévorer calmement, me délectant de voir le globe passer le long de mon œsophage tandis que l’autre regarde. Impuissant. Sachant qu’il est le suivant. C’est comme une exécution, seulement organe par organe. Jusqu’à ce qu’elle préfère se donner la mort plutôt que souffrir. Oui. Oui. Voilà une idée. Je pourrais là… Non. Ce n’est qu’un entraînement amical entre deux « Genin ». Qu’elle est stupide.

« Si tu n’es pas capable de combattre avec l’intention de tuer, même si tu dois t’arrêter avant le moment final, ne combat pas. Si tu n’y arrives pas, fui. Je ne fais que te montrer des illusions, mais les gens savent être pires que moi. Si tu sais que tu n’arriveras pas à fuir et que tu es dans une défaite d’office, déteste-toi de ne pas essayer – puis par tous les moyens possibles montre que tu mérites que l’on te garde en vie. »

Il faut tout lui expliquer, hein ? Je replace ma chambre.

« Ne te limite pas. Nous sommes dans mon illusion, rien n’arrive à nos corps. Nous ne bougeons même pas à vrai dire. Tu ne peux savoir ce qui est réel ou non, alors je te le dis. Ca ne l’est pas. Maintenant, agis en conséquence ! Nous sommes des shinobis de Kumo, n’est-ce pas ? Je n’ai pas spécialement envie d’assister à tes funérailles. »

Si elle devait mourir, de toute façon, je n’en saurais rien. Si on m’en informait, je feindrais de ne pas la connaître. Ce n’est qu’une femme faible dans un monde d’homme. Ce n’est qu’une inutile parmi les déchets, mais je vois qu’elle essaye. Qu’elle continue – ce sera toujours moins ennuyant que d’essayer de me calmer. Peu importe combien je perturbe son esprit ou la blesse dans mes illusions, elle n’aura rien – tant que son esprit est capable d’encaisser.

Son oiseau s’était lamentablement écrasé par terre, créant un pincement dans le ventre de Sorolla. Rien ne fonctionnait, la Senritsu esquivait tout ce qu’elle tentait de lui envoyer avec une facilité écœurante. Il y avait de quoi désespérer et baisser les bras. Elle était genin elle aussi et était censé être au même niveau que ma Soro, pourquoi est-ce qu’elle lui éclatait la gueule dans ce cas-là ? Putain je deviens vulgaire maintenant, on marche sur la tête ! Ah mais nan en fait je suis toujours vulgaire... Cette gamine aux cheveux bleus commençait vraiment à m’énerver, ses intentions étaient certainement bonnes étant donné qu’elle ne gagnait rien de cet entraînement, seulement Sorolla risquait de progresser ici. Ses différentes ripostes ressemblaient pourtant à de purs actes de cruauté, comme si elle cherchait les façons les plus douloureuses possible de lui ôter la vie. C’était peut-être une façon de montrer que la vie de kunoïchi était difficile et qu’elle allait faire que ça de souffrir. Ouais bah elle était au courant de ça, depuis son arrivée en tant que genin de Kumo, tout le monde lui faisait la morale là-dessus et elle avait entendu de forte rumeur qui indiquait que son espéré futur senseï Hashiru faisait souffrir un maximum ses élèves pour les renforcer. Pourtant elle détestait souffrir, enfin comme tout le monde généralement, mais elle était encore prête à endurer bien des choses pour arriver à ses fins. Enfin bon, peut-être que tout ça n’était pas vrai et que Senritsu Hak jubilait simplement de la voir souffrir de la sorte.

Sorolla sortit de ses pensées quand son adversaire composa des mudras qui indiquaient à nouveau une technique qui allait lui tomber dessus. Un immense dragon en or se jeta sur elle qui essayait désespérément de monter un mur doré pour se protéger sans succès, le dragon transperça le mur et se réfugia immédiatement dans la bouche de Sorolla pour transpercer tout l’intérieur de son corps. La douleur était plus qu’insupportable, elle voulait hurlait mais quelque chose d’imposant lui en empêchait catégoriquement. Elle a toujours pensé que les agressions sexuelles étaient les pires choses qui pouvaient arriver dans une vie. Cette sensation de faiblesse, d’impuissance pendant qu’un ‘’inconnu’’ fait ce que bon lui semble d’un corps dont il n’a aucun droit. La peur, la tristesse mélangée à la haine et la douleur durant de longues minutes de supplices qui paraissent une éternité lui revenait à l’esprit, comme si c’était le moment. Une larme s’échappa de ses yeux accompagnés de beaucoup de sang qui jaillissait de sa bouche. Quelle idiote, comme si c’était le moment de pleurer. La douleur était épouvantable, et pourtant ce n’était pas tout à fait elle qui avait déclenché cette soudaine onde de tristesse. Cela n’arrivera plus jamais, pourquoi est-ce qu’elle y pense encore ? La mémoire humaine est bien pitoyable, comme si elle ne pouvait pas se contenter de garder uniquement les bons souvenirs. Oublie sombre idiote, oublie, ça n’a pas l’air si compliqué ! J’espérais de tout cœur que son adversaire n’est pas aperçu ses pleurs, en plus d’être nulle elle passerait pour une pauvre gamine pathétique trop intolérante à la souffrance, si ce n’était pas déjà le cas d’ailleurs.

Soudain l’illusion s’en alla laissant place à la scène de base, toujours la même, laissant les deux genins l’une en face de l’autre sans bouger. Cette situation commençait vraiment à être agaçante, tout revenait au même point de départ comme si rien ne se passait pendant ses cours moments de combat. Pourtant même si tout n’était qu’illusion, cela s’est quand même passé et c’était toujours éprouvant physiquement et psychologiquement. Comment en une fraction de seconde on pouvait passer à autre chose, tirer un trait sur des douleurs qui avaient l’air plus que réel... C’était frustrant de ne pas vraiment se rendre compte de la différence entre l’illusion et la réalité et encore dans cette situation Hak tenait Sorolla au courant. Mon Dieu qu’est-ce qu’elle détestait le genjutsu, et moi encore bien pire ! Cette sensation d’impuissance revenait à cause de ça, parce qu’elle ne pouvait pas gérer, parce qu’elle ne pouvait pas avancer et qu’elle était dépendante de la personne en face d’elle. Elle soupira un grand coup de soulagement, sachant pourtant pertinemment que cela n’allait pas s’arrêter là et que ça allait recommencer à nouveau. Non, non, non c’est trop douloureux, pourquoi doit-on encore souffrir, pourquoi sommes-nous condamnés à toujours ressentir de la douleur ? Un kunaï en or dans sa main, elle s’ouvrit très légèrement l’arrière de la cuisse, ressentait un pincement qui lui permettait de se calmer. C’est fou comme la douleur est meilleure quand elle vient de nous-même, quand elle est choisie et voulue. De nouveau concentrée, elle buvait les paroles et conseils de sa partenaire d’entraînement et les prit en compte pour la suite de son parcours. Chaque enseignement était bon à prendre, chaque leçon devait être acceptée pour un jour toucher l’excellence.

Elle s’arrêta tout particulièrement sur une phrase qui la faisait beaucoup réfléchir : ‘’puis par tous les moyens possibles montres que tu mérites que l’on te garde en vie.’’ Méritait-elle réellement de vivre ? Cette imbécile n’était même pas capable de se gérer seule, ne représentait-elle pas plutôt une gêne pour les personnes qui l’entoure ? La question se posait réellement, sans moi elle ne serait même plus en vie aujourd’hui, j’aimerais partir seulement pour la voir s’effondrer sur son sort puis revenir lui tendre la main en lui expliquant que nous nous battrions à nouveau ensemble jusqu’à la fin des temps. Comment pouvait-on bien convaincre quelqu’un de nous laisser la vie sauve ? C’était une énigme, fallait-il le supplier, le satisfaire ? Peut-être le saura-t-elle quand le moment sera venue, pour l’instant elle ne devait pas vraiment s’en soucier. C’était certainement quelque chose qui venait par instinct de survie, de façon à ce qu’on est prêt à tout faire pour espérer encore respirait l’air frais de cette terre. Sa vie est précieuse, la mienne aussi, elle ne peut pas se permettre de nous tuer toutes les deux, à un moment comme ça, je la pousserai à faire n’importe quoi pour survivre. La fin des paroles de Hak annonçait une nouvelle confrontation qui démarrait et cette fois elle était vraiment décidée à réussir quelque chose, même si elle n’était pas sûre d’en être vraiment capable. L’entraînement dans sa future équipe s’imposait grandement, car ses exercices en solitaires ne s’avéraient finalement pas très efficaces.

Sans perdre de temps, elle fit apparaitre un mur pour séparer visuellement les deux kunoïchis. Ce n’avait pas l’air bien utile à première vue, mais elle voulait tenter quelque chose qui changerait un peu des attaques frontales qu’elle avait eu l’habitude de faire depuis le début de cet entrainement. Oh, je crois qu’elle avait enfin décidé à utiliser le cerveau qui se trouvait dans sa petite tête. La Kinzoku créa ensuite un clone statique juste à côté du mur qui fit semblant de reproduire une série de mudras. Souhaitant attirer l’attention de son adversaire sur le clone, elle en profita pour faire apparaitre des fils d’or le plus discrètement possible aux pieds de la Senritsu afin de l’immobiliser. Dans la foulée, elle sortit de derrière son mur et se jeta sur la jeune fille en créant dans sa main le même hibou de feu que tous à l’heure, le même bruit ignoble n’ayant pas disparu directement destiné à sa petite poitrine toute frêle.

Froidement, je la regarde essayer du mieux qu’elle peut. Elle se blesse seule ? Voilà qui est intéressant – même si c’est totalement stupide, elle doit pouvoir se recadrer sur ses propres échelles de la douleur de cette façon. Je lui adresse un grand sourire en la voyant faire ça, plus un signe d’approbation personnel que de réelles estimations stratégiques de son combat. Elle pourrait très bien se trancher la gorge toute seule et ce serait plus tranquille, mais dans ce cas j’irais rompre l’illusion avant qu’elle ne fasse – seulement pour voir la surprise dans ses yeux en train de s’éteindre. Je ne suis pas médecin. Je la laisserai crever sur place avec joie, puis irait raconter je ne sais quel mensonge devant le village. Bah, cette petite idiote est inutile après tout, non ? D’un coup, je la vois placer un mur doré entre nous – elle compte se déshabiller pour me rendre la tâche plus facile pendant qu’on y est ? Je claque des dents sans agressivité, seulement à me demander ce qu’elle veut bien faire. Tout s’enchaine extrêmement vite – elle sort du mur d’un côté, attirant mon regard alors que je choisi de rester immobile. De toute façon, c’est sans intérêt pour moi, je le sais déjà. Des fils d’or enlacent mes pieds, bloquant mes mouvements : elle va passer à l’attaque, c’est clairement la seule raison qu’elle a de limiter mes mouvements. Je lui adresse un sourire de plus avant de la voir surgir de l’autre côté du mur, son putain de piaf de feu en avant. Elle ne connait que ça comme technique ? Je soupir délicatement.

Je pourrais créer une barrière de Doton qui viendrait me protéger malgré le fait que je sois immobile. Je pourrais altérer sa vision pour lui faire louper son attaque. Les solutions s’enchainent calmement dans ma tête, et cette chose est une pure hérésie aux sons qui me demandent de la finir. Oui. Connasse. Souiller ainsi, polluer ainsi, nous utiliser ainsi. J’ai envie d’enfoncer mes doigts dans tes côtes. Les arracher l’une après l’autre jusqu’à ce qu’il ne reste que tes poumons, puis fondre mon crâne en eux, comprimant son cœur jusqu’à un point de non-retour. La souffrance. C’est la seule chose que tu mérites pour nous souiller ainsi. Je croise son regard et lui adresse un sourire de plus – en étant honnête, bien que bancal, cette stratégie pouvait marcher, à un moment ou à un autre elle trouvera bien quelqu’un d’assez con pour être vraiment incapable de réagir. Le feu me frappe en plein torse, emportant mes vêtements et dénudant mon corps couvert de ses brûlures devant elle. J’ai beau savoir que la douleur est artificielle, elle reste tellement délicieuse que je n’en peux plus et bouge de façon demie-agresse, demie-sensuelle sur place, passant mes bras sur mon corps pour appuyer encore et encore sur les zones brûlées. D’un coup, me rendant compte qu’elle doit peut-être me regarder malgré ma nudité apparente, je brise la chambre illusoire. Je n’ai rien contre le fait d’exposer mon corps, mais c’est un fruit qui se mérite, or elle est loin de l’avoir fait.

« C’est un bon début. J’ai bien aimé l’astuce du clone – j’imagine que c’était ça – mais tu peux aller plus loin encore. Où est ta limite ? La connais-tu seulement ? J’ai été un petit peu méchante dans mes illusions, j’en suis désolée. »

Cours toujours petite pute pour que je pense vraiment toutes ces atrocités avec lesquelles je te bassine. Tu n’es qu’un pion ennuyant dans un village qui choisit lui-même de se diriger vers sa perte. Un petit poisson handicapé perdu dans une marre de poissons tout aussi handicapés qui sont tous certains d’être parfaitement normaux. Mes yeux se ferment légèrement et je courbe ma tête, heureuse de jouer à la même petite handicapée que toi. Tu as tellement de la chance que ton dernier coup m’ai mise de bonne humeur… J’inspire calmement.

« Si tu essayais de faire un clone élémentaire ? Qu’il lance une technique en même temps que toi par exemple ? Là, tu n’en es peut-être pas consciente, mais j’ai choisi de me prendre ton attaque. C’est encore insuffisant même si c’est mieux. »

Toujours en gardant mon aire de petite idiote, je m’assois sur le sol, calme. Cette illusion me vidait de mon Chakra à une vitesse faramineuse, j’avais besoin de me reposer quelque peu – surtout que je n’étais qu’une Genin selon mes propres mots, il aurait été triste qu’elle capte tout de suite que la majorité de ce petit jeu est un mensonge.

« Je commence à être à ma limite en terme de Chakra moi. Si l’on parlait de nos stratégies de combat maintenant ? C’est un bon moyen d’avancer selon mon sensei – verbaliser ses idées pour y trouver les failles à plusieurs. »

Mais ne compte pas que je te dise ma vérité.

Son sourire était frappant et perturbant, comment pouvait-elle sourire alors qu’une attaque lui tombée dessus ? L’oiseau s’écrasa en plein dans sa poitrine et Sorolla bondit aussi vite qu’elle était arrivée pour prendre du recul par rapport à la situation. Le feu se propagea à une grande vitesse dans tout son corps, emportant avec lui ses vêtements ce qui rendit la situation plutôt gênante. Voir cette inconnue se tortiller de douleur après l’attaque de Sorolla provoquait une sensation étrange en elle. Elle n’avait jamais fait souffrir personne, c’était tout nouveau et à vrai dire, elle prenait son pied. En temps normal, elle aurait pu ressentir de la peine pour cette personne mais elle repensait aux façons que la jeune fille avait utilisées contre elle pour la tuer avec beaucoup de souffrance. La roue tournait, c’était elle qui souffrait maintenant. Elle pouvait presque considérer ça comme une espèce de vengeance, même si tout ça n’était qu’un entraînement dans le but de s’améliorer. Le problème, c’est que Hak avait l’air d’adorer ça, son sourire ne quittait plus ses lèvres comme si la douleur s’amusait à la faire jouir doucement. De quoi je parle ? Ce n’est pas comme si Sorolla avait pu ressentir la moindre jouissance elle. Etait-ce de la jalousie ? Ouais, surement.

L’illusion se coupa encore une fois, ramenant les deux femmes à la même situation interminable et rhabillant par la même occasion son adversaire. Dommage, elle n’était pas contre l’idée de se rincer l’œil encore un peu, comment la Senritsu pourrait-elle imaginer cela d’une fille aussi douce que Sorolla de toute façon ? Elle ne le pouvait pas, et c’est bien pour ça qu’elle n’aurait pas été contre le fait d’en profiter encore. Il fallait avouer que durant les exécutions de ma Soro, son adversaire n’avait pas fait durer le plaisir et avait coupé ses illusions plutôt rapidement ne laissant pas vraiment le temps à la douleur de prendre racine. Il était donc juste que la situation soit identique dans le cas inverse. Elle prit la parole, dévoilant avoir apprécié l’astuce utilisée pour attaquer cette fois-ci. Sorolla ne connaissait absolument pas sa limite, elle n’avait jamais eu l’occasion de la découvrir. C’était par ailleurs une question très intéressante, comment faisait-on réellement pour savoir ses limites ? Malheureusement elle aura bien le temps de le voir à l’avenir, en espérant ne pas découvrir ça en même temps qu’une mort lente et douloureuse.

« Si tu essayais de faire un clone élémentaire ? Qu’il lance une technique en même temps que toi par exemple ? Là, tu n’en es peut-être pas consciente, mais j’ai choisi de me prendre ton attaque. C’est encore insuffisant même si c’est mieux. »

Mais oui bien sûr, elle a choisi de se prendre l’attaque qui lui était destinée... Personne n’y croit ici, c’est ce que dirait n’importe quel faible pour se croire un tout petit peu plus puissant. Qu’essayait-elle de prouver ? Elles n’étaient que deux ici, deux genins en quête de puissance certainement pour accomplir un futur but personnel. Si elle avait vraiment pu esquiver ou parer son attaque, elle l’aurait fait ou alors elle est complétement stupide. On apprend rien en pensant avoir réussi alors que l’autre en face a simplement décidé de nous laissait gagner comme quelqu’un de pathétique. Sorolla ne la croyait pas tout simplement parce qu’elle ne comprenait pas l’intérêt, cela lui échappait complètement. Dans tous les cas elle ne lui en parlerait pas, si elle était trop fier cul pour assumer de s’être fait touché c’était son problème, elle ne pouvait pas perdre de temps avec de telles choses futiles. Par ailleurs, elle n’avait jamais entendu parler de clone élémentaire mais c’était assez explicite pour imaginer la chose facilement.

« En toute sincérité, je n’ai pas la moindre idée d’où peut bien être située ma limite. Tes illusions m’ont plu, ça permet de s’entraîner réellement sans prendre d’énormes risques. Je n’ai pas l’habitude de ce genre de situation mais je me sens déjà muri de cette expérience, même si ça te paraîtra certainement ridicule. » Dit-elle calmement puis créa une petite pause avant de poursuivre

« Le clone élémentaire est une bonne idée, mais je ne sais pas comment m’y prendre... Comme tu as pu le constater je n’ai pas beaucoup de techniques offensifs... »

La Senritsu s’assit sur le sol avec la claire intention de se reposer et de discuter. Parler de leur stratégie de combat ne semblait pas être une merveilleuse idée. Sorolla méfiante, resta debout et réfléchit rapidement à la situation. Etant au même grade, les deux femmes pouvaient très bien avoir besoin de se battre à l’avenir et dans ce cas elle ne voudrait pas qu’elle connaisse ses intentions à l’avance. En plus de ça, rien ne l’assurait qu’elle lui dira la vérité de son côté ce qui faisait pas mal de raisons de ne pas accepter cette discussion. Tout compte fait, elle se lança en décidant d’être le plus brève possible. En vérité elle n’avait aucune stratégie de combat, tout se jouait à la seconde près dans son cerveau. Cet instant ne faisait pas exception, tout ce qu’elle allait lui dire à présent venait en fait d’être inventé. Elle prit donc la parole en souriant faussement, plus les minutes passaient et moins elle appréciait cette fille. Elle n’avait aucune raison valable, seulement son humeur qui commençait à changer.

« Je préfère largement laisser mon adversaire attaquer en premier étant donné que ma défense est plus au point que le reste. Comme ça je peux étudier sa façon de combattre et répliquer intelligemment par rapport aux failles que je peux analyser. Je pars toujours du principe que l’attaque lancée va toucher son but et faire du mal, bien sûr ce n’est pas souvent le cas et je reste donc sur le moment précis pour recommencer autrement en notant ce qui a échoué. Je ne suis pas sûr d’être très compréhensible, mes idées sont pourtant claires dans ma tête. Et toi, tu as vraiment un niveau exceptionnel pour ton grade, tu dois vraiment avoir un entraînement difficile et bien entouré. En plus de ça, le Genjutsu a l’air difficile à maitriser... »

Oh ? Son visage se crispe légèrement lorsque je parle d’avoir accepté de prendre l’attaque. Petite conne, comme si j’avais une raison quelconque de te mentir – tu penses être si importante et si puissante pour le village qu’on ne puisse se jouer de toi ? Regarde-toi ! A penser comme ça, tu vas finir grosse, seule et moche. Une petite catin que personne ne sera capable d’apprécier uniquement parce qu’elle est trop sûre d’elle. Dire que tu cachais bien ton jeu à faire la petite conne qui ne comprenait pas alors que tu n’en avais rien à faire. Dégoute. Tu me dégoutes. Je te hais. Tu n’es qu’une faible. Une conne. Une faible. Une conne. Une faible. Une ordure. Dire que je pourrais te briser la nuque en dehors de tout Genjutsu… T’éventrer. Te dévorer. Te détruire. Te câliner. Tu es entièrement à ma merci. Comme une vulgaire petite poupée avec laquelle j’accepte de jouer. Juste pour attendre le moment opportun pour lui faire sauter la tête entre les doigts. Dis-moi, as-tu envie d’essayer ? J’inspire calmement pour faire taire mes pensées, me sentant au bord du gouffre et prête à m’emporter. Je dois rester calme. Feignant le fait d’être intéressée, j’écoute ses explications sur sa stratégie et son approche du combat. J’ignore qui est son enseignant, mais ce n’est clairement pas la meilleure des techniques – surtout à son niveau. La capacité des Genin de ce village est vraiment exaspérante.

« Tu cours dans le mur avec cette approche. Si quelqu’un est capable de taper plus fort que tes défenses, tu n’auras pas le privilège d’étudier quoi que ce soit – sinon ta mort. Les capacités offensives sont la base d’un ninja, même s’il ne faut pas se fier qu’à elles. Tuer et s’assurer de ne pas mourir en retour. A partir du moment où l’on sait faire ça, on est efficace sur le terrain. Chacun sa méthode. »

Je lui adresse un petit sourire lorsqu’elle parle de mon Genjutsu, mais je n’ai qu’une envie – attraper ses putains de cheveux et enfoncer son visage contre le sol puis l’écraser avec mes pieds. Petite pute. Tu n’as pas idée de ce que ça m’a couté. Tu ne veux pas avoir cette idée. Connasse. Garce. Crève. Crève. Crève. Crève. Crève. Crève. Papa ? Pourquoi Papa !! NON ! Pitié. Pas encore. Tout sauf… Maman. Maman ! MAMAN ! A l’aide. A l’aide ! SAUVE-MOI ! Non… Je cligne des yeux naturellement pour effacer les douloureux souvenirs qui, une fois de plus, reviennent à la surface. Si… Si je lui attrapais les cheveux de toute façon ? Les couper. Les trancher. Petit bout par petit bout. Juste pour être certaine de la foirer. De la rendre encore plus moche. Je fais claquer ma langue contre mon palais. Oui. Oui. Oui. Je pourrais les lui enfoncer dans sa gueule pour qu’elle la ferme derrière. L’obliger à les avaler. Un par un. Et la frapper ! Oui ! Encore. Encore ! ENCORE ! A chaque fois qu’une quinte de toux la prend. Qu’elle se plaint. Qu’elle crache. Un coup. Ou deux. Ou huit. Ou ma lame. J’inspire profondément et me tourne vers elle, essayant de me calmer – elle n’en vaut pas la peine.

« Que veux-tu être ? Un bouclier impénétrable ? Une lame intransigeante ? L’un comme l’autre sont des erreurs. Oui, nous avons toujours des alliés, mais… Si tu n’es pas capable de vaincre un ennemi seule, tu ne serviras à rien pour ton équipe, sinon les ralentir. En as-tu une seulement ? As-tu déjà réfléchi à comment tu irais combattre avec quelqu’un ? »

Evidemment qu’elle courait dans le mur avec une stratégie qui lui était sorti de la tête une minute auparavant. Mentir n’était-ce pas simplement une façon honteuse d’avouer qu’elle n’avait rien préparée ? Elle ne s’en voulait pas pour autant. Elle n’avait pas pu passer par l’étape académie et donc les bases de tout shinobis étaient encore inconnues pour elle. Elle aurait vraiment apprécié d’y aller comme tous les autres, or elle avait eu droit seulement à l’école pour civil jusqu’à ses quatorze ans à peu près. A vrai dire cela ne la rendait pas plus bête car pendant ses longues années de séjour chez Zaoh, elle avait lu énormément de livres sur différents sujets ce qui lui valait aujourd’hui de nombreuses connaissances intellectuelles sur tout et rien. Malheureusement lors d’un entraînement ou même d’un combat, son savoir ne lui était vraiment pas utile et l’académie aurait été bien plus adaptée. Elle pourrait aujourd’hui par exemple posséder une réelle stratégie de combat ou même des exercices efficaces à faire pour s’entraîner toute seule. En espérant que son sensei puisse prochainement arranger cela...

La mort était de nos jours un sujet bien facile à aborder. A ce moment même, Soro ne savait pas si elle était capable de tuer quelqu’un de sang-froid. Dans ce monde impitoyable où on hôte la vie d’autrui pour n’importe quelle raison plus puérile les unes que les autres, l’hésitation n’avait pas vraiment sa place. Tuer ou être tué, était-ce la seule façon de vivre ? Elle baissa la tête doucement, plongé dans des pensées terrifiantes. Elle avait eu de nombreuses opportunités d’assassiner Zaoh lors de moments de faiblesse ou même d’inattention. Malgré la haine qui régnait dans la maison, il ressentait une espèce de confiance envers elle et ne se méfiait jamais de la nourriture qu’il mangeait, de l’alcool qu’il ingurgitait ou même d’un poignard qui pouvait facilement se trouver sous son oreiller, attendant le moment propice pour exécuter la victime, enfin devrais-je plutôt dire le bourreau. Tuer est difficile. Zaoh abusé d’elle chaque soir et elle faisait tout de même preuve d’une faiblesse absolue en acceptant la situation. Dans cette optique, assassiner un innocent était-il imaginable ?

Elle possédait en effet une équipe mais n’était pas sûre de pouvoir encore l’appeler comme tel. En effet elle avait réussi le test d’entré imposé par Hashiru qui était tout de même bien difficile, mais n’avait pas encore eu de suite et n’avait donc pas rencontré ses coéquipiers. Son sensei avait bien précisé qu’il ne manquait plus qu’une place à remplir pour que l’équipe Jiei soit enfin complète. De nature peu curieuse elle était tout de même intriguée par la composition de ce fameux groupe. Les entraînements qui arriveront certainement dans la foulée risquaient d’être difficile et éprouvant et il était alors nécessaire de pouvoir compter les uns sur les autres. La chance pour que seuls des hommes composent cette équipe était une possibilité à aborder sérieusement. Si c’était le cas, elle risquait d’avoir beaucoup de mal à s’intégrer et à faire confiance. Malgré la rivalité naturelle qui exposait de nombreuses femmes, elle préférait largement y être exposée pour se sentir plus en confiance et en sécurité. Hashiru était déjà un homme qui lui provoquait beaucoup d’angoisse, étant donné sa haine et peur aveuglante concernant tous les hommes de cette planète. Enfin elle ne devait pas se tracasser, peut-être que ses coéquipiers s’avérons être des personnes qu’elle a déjà rencontrée, et à part cette mystérieuse fille dont elle ne savait pas trop quoi en penser, elle avait fait que des bonnes rencontres depuis son arrivée à Kumo. Pour la deuxième question, Sorolla était à nouveau totalement ignorante et décida alors de recommencer comme tout à l’heure.

« J’ai été choisis pour faire partie de l’équipe Jiei, dirigé par Hashiru-sensei. Malheureusement je n’ai toujours pas rencontré mes coéquipiers dont leurs noms me sont toujours inconnus. »

« Sincèrement je n’ai pas encore réfléchi à comment j’irais combattre avec quelqu’un, j’espère que les entraînements avec mon équipe m’aideront à évoluer sur ce point. J’estime que de la confiance soit nécessaire même s’il est difficile de la faire régner complétement. Il sera bien difficile pour ma part d’espérer trop de choses de quelqu’un, je ne veux compter que sur moi-même car nous ne savons pas ce qu’il se cache réellement dans la tête des autres, voire même dans la nôtre mais c’est une autre histoire. »

Elle avait terminé sa phrase en esquissant un sourire en coin dont elle seule savait la raison. En avait-il une d’ailleurs ? Certes nous ne sommes pas toujours fidèle à nous-même, parfois tiraillés, partagés entre deux phases de notre personnalité qui veulent des choses différentes. Dans la vie il faut faire des choix qui ne sont pas souvent agréables. On voudrait par-dessus tout ne pas choisir, mais c’est impossible. Nous sommes obligés pour faire évoluer des situations, ou simplement pour permettre à notre vie d’avancer malgré tout. Mais un humain représente tout de même une seule personne et il est difficile d’imaginer qu’il est lui-même ignorant de ses propres envies. Suis-je en train de faire référence à moi-même actuellement ? Je n’en sais rien. Je suis son amie, et même si je suis dans sa tête je ne suis présente uniquement pour l’aider, pour l’aider à avancer et à prendre ces fameuses décisions difficiles. Ce n’est pas juste d’imaginer une seule seconde qu’elle puisse être folle parce que je suis là pour elle. Les humains ne sont pas tous forts, ils ont parfois besoin d’aide qu’ils ne trouvent nulle part ailleurs et c’est là que j’interviens, je m’en fous de ce qu’ils pensent, je resterai, JE VIVRAI. Je n’avais absolument pas anticipé ce qu’elle allait dire par la suite, cela m’apprendra à penser comme si j’étais moi-même humaine, ah qu’est-ce que j’aimerais ça...

« Je vais bientôt partir, une mission m’attend pour cette après-midi. Notre entraînement était très intéressant et j’ai beaucoup appris, merci beaucoup car je pense que pour toi il n’était pas très utile ni intéressant. Es-tu réellement genin ? Tu ne m’as pas donné cette impression... S’il s’avère que tu es au-dessus de moi hiérarchiquement, je suis réellement désolée de ne pas m’être comportée plus respectueusement... Sinon je pense que ta promotion ne devrait pas tarder à arriver. »

Je m’abstiens de soupirer lourdement alors qu’elle répond à mes questions. Hashiru – elle parle de ce moine non ? Quel comble que de recruter une petite fillette conne dans son équipe. La quantité d’idées tordues qui passe mon esprit m’oblige à sourire délicatement lorsqu’elle mentionne ces informations. Je ne suis même pas étonnée par le fade de ses propos, et ma méditation calme me gagne enfin pour calmer mes pensées. Putain. Ces genins sont plus stupides les uns que les autres, j’espère pour elle que son petit moine de merde va être capable de faire quelque chose de bien. Ne pas vouloir dépendre des autres et ne pas leur faire confiance – elle pense franchement avoir le pouvoir suffisant pour se le permettre ? Je la domine comme je veux, et même à niveau égal j’aurais réussi sans problème avec mes simples illusions. C’est laid. C’est nul. C’est vrai. Quand on est une petite salope incapable de se débrouiller seule, on dépend des autres – elle a tout intérêt à le faire également, parce que sinon… C’est tout bonnement sidérant. On ne leur apprend plus rien d’utile dans la vie dans ce village.

Et pourquoi elle sourit, hein ? Elle se croit intéressante peut-être ? Sale idiote. T’es inutile. Tu comprends ? Inutile. Tu n’es qu’une petite femmelette faible qui ne sert strictement à rien. Trouve-toi un homme et épouse-le. Vis comme ça. C’est la seule chose qui te servira. D’être une assistée. Une pute. Une faible. Une conne. Si tu refuses – progresse. Avance la tête haute. Combat. Ne montre pas de pitié. Développe tes capacités merde. Je hais les gens de son espèce. La question ne se pose même pas. Je les hais. Je les hais. Inspirant calmement et clignant des yeux, je croise son regard alors qu’elle prétexte devoir partir. Bien sûr qu’elle doit partir. J’imagine qu’elle doit avoir une mission de merde où va devoir garder des enfants ou je ne sais quoi. De toute façon – elle ne peut pas faire plus. Déception. Déception. Déception ! Je lui adresse un sourire faussement sincère à sa dernière remarque.

« Ah, tu as remarqué en fin de compte. Je suis déjà une Chûnin oui, mais je n’y attache pas plus d’importance que ça. C’est bien la raison pour laquelle j’ai menti – désolé. Quoi qu’il en soit, je comprends tout à fait que tu sois pressée par le temps ! Je vais filer aussi d’ailleurs, il y a peut-être des choses à faire dans le village. J’espère qu’on se reverra pour s’entraîner encore et que tu me montreras tes progrès alors. Si jamais tu as des doutes ou des questions, n’hésite pas à me contacter non plus – cette petite session m’a permis de voir où tu en étais. Bon courage pour ta mission ! »

Je claque tellement de mensonges en l’espace de quelques phrases que j’en suis fière. Comme si j’avais mon temps à perdre avec cette merdeuse – à moins qu’elle n’arrive à quelque chose de potable. Me relevant d’un coup, je lui adresse un dernier sourire avant de retourner à mes affaires. Une matinée de gâchée.

HRP: