J'avais envoyé le message a mon destinataire il ne me restait plus qu'à attendre une réponse de sa part. Toutefois, il me restait quelques petites choses à organiser avant mon probable départ et si je m'étais renseignée sur l'état des miens après cette bataille sanglante, je devais aussi faire quelques recommandations à mon plus fidèle vassal.

Je ne fus pas surprise de le trouver en parfaite forme, après tout il était aussi énigmatique que robuste et même si je n'éprouvais pas vraiment de confiance en lui il était celui que je considérais être en mesure d'avoir les épaules pour faire ce que j'allais lui demander.

Il était assis sur l'un des canapés en sirotant son thé en toute désinvolture alors que le monde hurlait et pleurait ses morts en dehors du manoir dans un Suna en ruine mais cela non plus ne me faisait pas tiquer puisque je me trouvais dans le même état d'esprit, à peu de choses près concernant celle que je devais rejoindre pour m'enquérir de son état après cet attentat.

« Seishurama, j'ai à vous parler. »

Son canidé étrange était toujours à ses pieds, le suivant comme son ombre alors que Méphisto le toisait depuis le meuble d'en face, ne daignant laisser apparaître que son plus beau sourire et ses yeux ambrés dans toute la transparence de son être.

Je l'entraînais à ma suite dans la bibliothèque pour nous autoriser toute l'intimité possible dans l'obscurité de la pièce sans que personne ne puisse nous y observer et lui glissait le livre jumeau dans les mains tout en écrivant sur un bout de papier au cas où mes surveillants officiaient toujours en cet instant malgré le chaos du village.

Il s'agit d'un livre au sceau jumeau. Si vous y inscrivez quelque chose celui possédant l'autre exemplaire reçoit le message. Je vais m'absenter quelque temps et je voudrais que tu te charges de guider les nôtres durant cette période. Au moindre soucis n'hésite pas a me contacter par ce biais, j'en ferais de même alors assure toi de toujours le garder à tes côtés sans révéler son existence a quiconque.

Je marquais une pause en observant sa réaction en lisant le papier sur lequel je griffonnais avant de poursuivre.

Il est probable que les habitants du manoir puissent avoir l'opportunité de repartir errer dans Kaze comme cela était le cas pour eux avant de me rejoindre depuis mon intronisation ou alors de potentiellement me suivre le moment venu pour offrir une nouvelle chance aux nôtres. Il n'est pas question de vous abandonner mais de suivre un intérêt personnel qui pourrait bien nous profiter à tous et nous gratifier d'une nouvelle puissance.

Il n'était pas question pour moi de devoir choisir entre Oniri et les miens. Il fallait que je parvienne à concilier les deux. Les abandonner n'était pas une option ! Je tenais bien trop à mon héritage pour le conduire aux oubliettes.

Etes-vous avec moi?

Je comptais sur mon félidé qui nous avait suivi dans l'ombre pour me garantir la véracité de ses propos : la trahison n'était pas concevable.

Que dire de plus si ce n'est qu'il appréciait sincèrement son nouveau cadre de vie. Le manoir se révélait des plus confortable. Et les shinobis agglutinés dans ce villages étaient des êtres pour le moins fascinant. Bien entendu il n'avait pas manqué une seule miette de la guerre civile qui avait ravagé Suna. Les explosions se mêlaient aux cris de déchirement tandis que d'innombrables cadavres jonchaient dans les rues. Le sable avait rapidement absorbé tout ce sang, perdant ainsi sa teinte ocre pour devenir pourpre. Aujourd'hui encore l'ensemble de la population demeurait en deuil, comme si un voile sombre s'était posé sur eux. Tout, absolument tout, chaque mur, chaque parcelle de sable, chaque âme qui vivait encore exultait la mort.

Quelle magnificence... Si... délectable...

Décidément Seishurama ne regrettai en rien son choix d'avoir rejoint le village. Sa vie n'avait qu'en de rares occasions été aussi si distrayante. Aussi, ce fut avec une nonchalance parfaitement assumée qu'il méditait dans le salon. Un tasse de thé dans la main, un livre dans l'autre et un cadre des plus somptueux. Que demander de plus ? Parfois il valait mieux se contenter d'apprécier les choses simples de la vies. Où plutôt de la mort dans son cas. Ainsi jugea-t-il la providence fortement avisée lorsqu'il remarqua la venue de sa maîtresse. Levant les yeux vers la comtesse, il ôta ses lunettes aux montures argentées pour les coincer dans la commissures de sa chemises avant de se redresser pour mieux s'incliner devant la comtesse immortelle.

-Mes respects Yami-sama. Que me vaut le plaisir de votre compagnie?

Elle lui adressa la parole d'un ton catégorique. Le Ketsueki penchant légèrement la tête de côté. Il devinait d'avance que ce qui allait suivre promettait d'être intéressant. Aussi ne se fit-il pas prier pour suivre la dame jusque dans la grande bibliothèque. Dohoro, son fidèle canidé, quant-à lui resta au pied du fauteuil dans lequel siégeait son maître un instant plus tôt. Une fois parvenu dans la salle, la comtesse referma les portes derrières elle. Puis à défaut de lui susurrer des paroles sur un ton confidentiel elle prit la peine de lui rédiger tout un paragraphe.

Sans prendre la peine de retoucher à ses lunettes il parcouru la feuille du regard. Sa réaction ne se fit pas attendre. Dans la seconde qui suivit et ce dans le plus grand des silences, il posa une main sur son cœur avant de s'incliner respectueusement. Cette réponse prévalait sur toutes paroles comme tout écrit. Il fit cependant remonter sa main jusqu'à son visage et dans un geste empreint de noblesse plaça son index devant ses lèvres. S'agissait-il d'une promesse silencieuse ? D'une mise en garde ? C'était à la comtesse seule qu'incombait le jugement de cet acte.

Alors elle parti en lui laissant un ouvrage qu'il prit le temps d'étudier soigneusement avant de retourner vaquer à ses occupations quotidiennes.

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Les jours défilèrent et la nuit arriva enfin. Toujours installé dans un fauteuil, même cette fois-ci présent dans la bibliothèque, Seishurama dégustait un nouvel ouvrage avec pour seul éclairage la clameur lunaire qui filtrait au travers de la fenêtre. L'ensemble du manoir était plongé dans la plus grande des torpeurs. Lorsque minuit passa il adressa un regard vers l'ouverture lumineuse en direction du grand rempart. Il était temps...

-Dohoro... Il t'incombe à présent de protéger cette demeure de toute ton âme...

Sur ces mots une brume obscure exulta du familier qui reposait depuis lors à ses pieds. La bête se redressa sans faire le moindre bruit, fit quelque pas jusqu'au centre de la pièce puis disparu en s'enfonçant dans le sol. Dans l'instant qui suivit chaque parcelle du manoir fut secouée par une onde noire qui se propagea jusque dans les profondeurs des combles. Cela fait le Ketsueki alla soigneusement ranger son livre à sa place avant d'emprunter la direction de la sortie. Et sans qu'il n'eut à lever la main la porte se referma d'elle-même derrière-lui.