Il fallait penser à autre chose. Mais à quoi ? Ce fut le cœur lourd que le Colosse se releva. Il avait scellé le corps de son maître dans un parchemin, se doutant néanmoins que jamais ils ne pourraient en tirer quelque-chose. Mais c’est sans doute ce qu’il aurait fait, lui. Quant à savoir ce qu’il aurait décidé en des temps aussi troubles, c’était moins simple. Courir à en perdre haleine pour essayer de rattraper les trois jeunes ninjas de Konoha et de Suna qui l’avaient assassiné ? Non… Aomine savait que sa colère n’arrangerait rien. Pourtant, il était incapable de s’en défaire.

Une chose était sûre, en l’absence d’Hôritsu, c’était lui qui devenait – en tout cas provisoirement – le leader des Kumojins. Et pour les siens, le Bras droit ne voyait pas d’autre issue que celle de la survie. Pourquoi rester davantage ici dans une guerre qui frappait tout le monde mais qui n’avait en aucun cas été causée par le village caché des Nuages ? Pourquoi continuer de perdre des hommes ? Pourquoi se battre contre la Nation avec des shinobis qui peuvent secrètement en faire partie ? Pourquoi bataille aux côtés de ceux qui peuvent vous trahir ?

Il l’avait pourtant entendu. « Le Raïkage est parti suivre l’Inconnu ! ». Et c’était donc comme ça qu’on le récompensait, par la mort ? Que ces trois ninjas eurent été de l’Ordre ou de la Nation, qu’importe ! Suna avait été incapable de se protéger de l’intrusion de tout un groupe et comptait dans ses rangs des assassins du Rokudaime Raïkage. Konoha avait également dans ses ninjas ceux qui avaient assassiné Kadoria Tsuhiro. Et le Shûkai était un Empire totalitaire qui était à deux doigts de faire la guerre à Kumo.

L’Ordre n’était qu’un mensonge. Et si aussi bien l’Ordre que la Nation pouvait faire du mal au village caché des Nuages, alors il n’y avait plus lieu de rester au cœur d’une bataille qui les engageait. Et ça, Aomine l’avait compris avant de retrouver la personne idéale pour ce qu’il avait en tête.

« Shinji, je vais y aller sans détour : le Raïkage a été tué par des Konohajins et des Sunajins. J’ai scellé son corps carbonisé dans un parchemin mais… On verra ça plus tard. »

Etrangement, le Bakushô s’était donc montré bien plus neutre et rapide que lorsqu’il avait été face au cadavre de son maître. Peu à peu, il retrouvait son rôle de colosse qui fonçait. Sauf que pour une fois, il était persuadé que sa décision était la meilleure. Et pas besoin de se calmer pour le savoir.

« Je sais pas ce qui se passe, mais on peut pas rester ici et regarder les nôtres se faire massacrer par ceux qu’on pensait être nos alliés. Même le Bras droit du Kazekage est dans le coup, ses parents font partie de cette élite de Kaihô truc à la con ! »

Même si ça semblait évident, l’idée qui ressemblerait d’ailleurs plus à un ordre devait être énoncée à l’oral. Du haut de ses deux mètres, le Bras droit s’adressa au Bras gauche.

« Faut ordonner le repli de nos troupes à Kumo, t’es pas d’accord ? »

La bataille faisait rage. Que ce soit dans mon combat ou dans les alentours, on entendait des explosions, des cris. Au loin, de la fumée pour être perçus, tout comme certains bâtiments de Suna tombant, peu à peu, en ruines. L'odeur nauséabonde de cadavres venait s'introduire dans mon nez pour me dégoûter, encore un peu plus de cette grotesque guerre. Même si je m'abritais dans mon armure de fils, je pouvais ressentir l'atmosphère pesante engourdir mes épaules. Qui aurait bien pu imaginer ce scénario en arrivant il y a quelques semaines à Suna pour un simple examen Chûnin ? Personne, évidemment, puisque nous n'étions pas prêts. Les forces du Kaihô-sha ont introduit nos rangs pour avoir la surprise de leur côté. Nous avons tous, je l'espère, tentait de repousser ces ennemis ainsi que protéger nos camarades. Malgré nos origines différentes, nous nous étions tous alliés afin de terrasser les hommes qui se dressaient devant nous avec ce projet diabolique. Sunajins et Kumojins avaient avait combattu main dans la main pour défaire le monstre avec le symbole « III » dessinait sur le front.

Mes fils s'entrouvrirent légèrement au niveau de ma tête pour me permettre d'observer la situation. Celle-ci se profilait bien, puisque nos assauts avaient abouties. « III » avait fracassé sa main sur mon armure piégée d'une aura tranchante. Mon clone avait saisi cette opportunité pour attaquer le flanc du monstre. De l'autre côté, Yami s'était chargé de l'autre flanc en immobilisant notre ennemi commun et en lui envoyant des pics de sangs. Néanmoins, une surprise vint s'ajouter à tout ceci. Une technique du répertoire Hyôton affligea le coup de grâce au membre de la révolution, le projetant ainsi. D'étonnement, j'annulai mon armure afin de me donner un meilleur angle de vision et ma surprise fut grande. Le Shodaime en personne se tenait non loin de moi. Un être appartenant au passé et à l'histoire était de nouveau sur ses deux pieds. La seule raison logique était qu'un nécromancien tirait les ficelles dans l'ombre. Mais l'heure n'était pas aux suppositions. Samui Mahan demanda que les experts en Fuinjutsu l'accompagnent. Naturellement, le genin de Suna descendit de son perchoir pour accompagner le manipulateur de la glace. Cependant, notre affrontement n'était pas terminé. En effet, notre adversaire était encore vie et l'indiquait en expliquant que cela faisait longtemps qu'on ne l'avait pas tué. Il se releva lentement en remémorant un combat avec le Shodaime Mizukage. Peu à peu, le symbole sur sa tête se transforma en « II » puis il lutta pour dire que s'il n'était pas invoqué par son maître Jiseyama, il allait nous étriper. Puis il disparut. Tout semblait terminé.

Du moins, c'est ce que je pensais. Le marionnettiste fit une halte vers mon clone. Mon regard se tourna instantanément vers lui, puisque je le croyais partis. J'observai le visage de ma copie et je compris instantanément que si mon clone était encore là, c'est parce qu'il était déjà trop tard. Le jeune genin Mizu Hariken était officiellement mort. Le genin scella son corps et me tendis le parchemin en m'indiquant que ses proches serait ravi de savoir le corps à Kumo et non dans ce champ de bataille. J'acceptai l'offrande du Sunajin en le remerciant et en lui souhaitant bon courage. Toute la troupe partie et il ne restait plus que Yami et moi-même. N'ayant pas de temps à perdre, je lui adressai mes adieux.

« Notre combat ici est terminé. Je dois chercher mes homologues Kumojins pour m’assurer que tout va bien de leurs côtés. J’espère que nous nous reverrons dans de meilleures circonstances. Bon courage, Yami-san. »

Sans perdre de temps, je partis de cette zone qui n’avait connu que mort et désolation. Mes cinq clones m’accompagnèrent et notre objectif était de trouver un point culminant pour analyser la situation. Le palais du Kazekage semblait être un bon endroit, vu qu’il surplombait le village. Mes copies et moi-même, nous mettions alors en route. Les petites rues de Suna allaient être notre salut, puisque nous voulions éviter d’attirer l’attention en passant par les toits.

Au bout de quelques minutes, je croisai un Kumojin et pour le coup, je ne m'attendais pas à le voir ici. Bakushô Aomine, le bras droit d'Hôritsu. Je pensais qu'il était à Kumo, mais apparemment non. Il m'interpella très vite pour m'annoncer, sans détours, une nouvelle des plus affreuses. Le Raïkage est mort. Cul sec, c'est la façon dont j'avale ma salive lorsqu'il précise qu'il a été tué par des Konohajins et des Sunajins. La nouvelle résonne dans ma tête comme un coup de marteau. C'était impensable… Mais au vu du visage déchiré du Bakushô, ce n'était pas des mensonges. Je restais silencieux écoutant alors la réaction d'Aomine. Il m'expliqua qu'on ne pouvait pas rester ici alors que notre peuple se fait massacrer par ceux que nous considérions comme nos alliés. Il ajouta que même Kibô, était dans le coup ! Tout cela me semblait suspect. Par deux fois, j'ai rencontré Kibô et il ne semblait pas être un ennemi des villages. Enfin, tout est possible depuis aujourd'hui après tout… Dans une ultime parole, mon supérieur me demanda conseille. Devions-nous ordonner le repli des troupes Kumojins. Pour moi, la réponse était claire.

« Ce sont de bien tristes nouvelles que vous m’apportez Aomine-sama. Nous ne pouvons laisser nos homologues Kumojins dans ce bain de sang ! Si tout ce que vous dites est vrai, alors nous n’avons plus rien à faire à Suna. Ordonnons le repli des troupes à Kumo et nous nous occuperons de la suite lorsque tous les Kumojins présent à Suna seront en lieu sûr ! »

Je ne perdis pas de temps avant d’exécuter un mudra bien connu. Même si le combat contre « III » m’avait bien épuisé, j’avais encore assez de chakra pour faire quelques techniques. Sans attendre, quinze copies de ma personne apparurent près de moi. Je m’adressai alors à mes vingt clones.

« Votre objectif est de localiser tous les Kumojins présents au sein de Suna ! Vous devez leur indiquer notre position ou les guider jusqu’ici. Néanmoins, si la situation est délicate, transmettez-leur l’ordre de se replier au plus vite vers Kumo ! Dispersez-vous ! »

Mes clones partirent chacun dans une direction en quête de Kumojin.

Résumé:

Shinji n’avait pas hésité très longtemps avant de donner sa réponse. Pour lui c’était aussi la bonne décision : il s’assura donc de commencer à fonder les bases d’un repli militaire conséquent. Il s’était cloné en une bonne dizaine d’exemplaires et avait ordonné oralement à ses copies les conditions des recherches. Quelque-part, Aomine avait voulu se rassurer d’avoir le soutien de son homologue et ce même s’il était intimement convaincu de la véracité de sa proposition. Mais comment ne pas être satisfait d’un appui au milieu de cette crise ?

Il regarda les clones s’en aller. Tout autour d’eux, les combats se faisaient de moins en moins nombreux. Est-ce que l’Ordre ou la Nation avait décidé de battre en retraite ? Cela fit penser au Bakushô qu’il ne savait pas ce qui avait pu se passer du côté de Shinji. Il se tourna naturellement vers lui, à nouveau.

« Il s’est passé quoi de ton côté ? On dirait que les choses commencent à se tasser, mais c’est p’tet qu’une impression. »

Pourrait-on parler de bonne nouvelle si la bataille était terminée ? Sans doute car il ne semblait pas qu’un camp en ait écrasé un autre. Pourtant, au-delà même des morts et des blessés, c’était la dure réalité qui était la plus douloureuse. La Nation était réelle et l’Ordre s’était montré plus divisé et assassin que jamais.

Inutile de dire que pour Aomine qui avait choisi l’Ordre par respect pour son maître Hôritsu mais uniquement parce qu’il savait qu’il pourrait changer Kumo et peut-être même la politique mondiale, les choses n’étaient plus pareilles. Devait-il continuer de soutenir un Ordre qui avait assassiné son maître et qui était incapable de protéger les siens, ou devait-il s’en remettre à un mouvement de la Nation qui était à l’origine même de cette bataille et qui semblait vouloir se surélever dans le sang ?

« Et s’il te plaît, arrête de me parler comme si j’étais ton supérieur. Plus que jamais, nous devons nous considérer comme des compagnons d’armes, des frères de patrie… »

Si le Bras droit ne pensait pas un instant à la succession du Rokudaime, il savait déjà que l’unité Kumojine devrait être le principe fondamental pour leur futur à tous.

Le plan semblait bien ficelé. Mes clones s'occupaient de chercher les Kumojins qui ont survécu à cette atrocité pendant qu'Aomine et moi-même restions ici, créant ainsi un point de rassemblement idéal que nous pouvions défendre si besoin. Les shinobis du village de la foudre n'auront qu'à venir ici et lorsque que nous serons au complet, nous pourrons commencer notre retraite de ce Suna ravagé et impuissante face à ce Kaihô-sha. Fuir ainsi n'était pas vraiment dans mon habitude, moi qui suis un fin diplomate en temps de paix, mais un redoutable combattant dans des temps comme celui-ci. D'ailleurs, en y pensant quelques secondes, connaissant un peu Aomine, ce n'était pas son genre d'agir ainsi. Cependant, la mort d'Hôritsu a dû l'affecter, tout comme moi. Nous pensions différemment. Nous ne pensions pas juste à combattre et terrasser nos ennemis, mais notre attention était focalisée sur nos homologues et leur survie. Avec ceci en tête, rester ici et se battre relèverait d'une décision plus qu'irrationnelle. Nous étions donc d'accord sur le fait qu'évacuer le champ de bataille d'un conflit que nous n'avons ni lancé, ni mérité, était la bonne décision.

Grâce à l'attribut particulier du multi-clonage, si une de mes copies venaient à mourir, toutes ses informations arriveraient directement à moi et je pourrais envoyer un nouveau clone qui serait, cette fois-ci, prêt à tenter de résoudre une zone sensible. Bien entendu, mon chakra en souffrirait, mais si c'est pour protéger mes compatriotes, alors ce n'est qu'un vulgaire détail. Néanmoins, Aomine et moi-même devions rester prudents. Même si notre rencontre fortuite était de bons augures, nous restions au cœur même des conflits. Un seul mouvement d'inattention pourrait causer notre perte et soyons francs, ce serait regrettable de perdre, dans la même journée, les trois têtes de Kumo. Cependant, je voyais mal ce scénario se dessiner. Même si j'étais déjà esquinté, j'avais à mes côtés le colosse de Kumo. Un homme dont la réputation n'est plus à faire lorsqu'il s'agit de combattre. Je regrettais même d'avance l'ennemi qui tenterait de nous attaquer.

Le Bakushô me demanda ce qu’il s’était passé de mon côté. Il ajouta qu’il trouvait que la bataille commençait doucement à se calmer. Je ne perdis pas une seconde avant de lui répondre.

« Juste après les propos du leader, se nommant Jiseyama, j'ai retrouvé un Kumojin se nommant Mizu Hariken qui été face à un homme portant un « III » gravé sur son front. Un combat s'est donc entamé alors que nous étions aidés par Ketsueki Yami et un genin de Suna. L'affrontement a très vite mal tourné, puisque l'homme en question a tué le jeune genin de Kumo. J'ai tout tenté pour le sauver, mais en vain. Après de nombreux assauts et l'aide du Shodaime Mizukage, revenu d'entre les morts, nous avons tués ce « III », mais il semble que cet homme soit immortel, puisqu'il s'est instantanément relevé et ses blessures se soignaient toutes seules. Peu à peu, sa marque se transformer en un « II » puis il a demandé à Jiseyama de l'invoquer et c'est ce qu'il a fait. Dès lors, le combat était terminé. Le genin de Suna a scellé le corps de ce pauvre genin et a rejoint le Shodaime pour une autre bataille. Je suis tout de suite parti pour chercher d'autre Kumojin et je suis directement tombé sur vous… Qui sait encore combien des nôtres sont tombés au combat… »

J’avalai difficilement ma salive alors qu’Aomine reprit la parole pour me dire d’arrêter de le considérer comme un supérieur.

« Désolé, Aomine, mes habitudes de diplomates prennent le dessus. Ensemble, nous mettrons un terme à la souffrance de nos compatriotes en les ramenant chez eux. Si nous restons soudés, nous sauverons nos camarades, j’en ai la certitude ! »

Néanmoins, ma curiosité me démangeait. Je devais demander au Bakushô de me décrire les hommes responsables de la mort du Rokudaime.

« As-tu réussi à identifier les meurtriers d’Hôritsu-sama ? Si ce sont des Sunajins et des Konohajins, je serais peut-être en mesure de savoir qui ils sont, sachant que je suis à Suna depuis l’arrivée de la délégation. »