Le soleil se faisait de plus en plus pesant et la fatigue commençait à tirailler chacun de ses membres. Pendant deux jours et demi Yaeko marcha sans quasiment jamais discontinuer, elle ne s'était permise qu'un repos d'une paire d'heures pour éviter de chuter avant d'avoir atteint son but : Suna. La jeune femme avait fabriqué un brancard de fortune avec les pièces de l'armure de l'homme qu'elle avait décapité, ses trois Katanas et quelques fils de métal; pour transporter le cadavre d'Anseï qu'elle avait recouvert de son Kimono violet.

C'est exténuée qu'elle arriva à Suna. Sans l'Habashi elle n'aurait jamais trouvé ce village ninja, mais heureusement le rouquin lui avait accordé toute sa confiance comme elle même avait su le faire. Jamais elle n'avait vu une de ces grandes villes militaires, c'était assez différent du château de la province du Kögan ou de la capitale de Kaze mais pas moins intéressant. Jusqu'à ce qu'elle rencontre Anseï, ses préjugés, à priori et autres idées reçues à propos des shinobi brouillaient sa perception de ces derniers; mais depuis leur rencontre, depuis qu'ils avaient tant partagé; sa vision avait changé.

Oui, elle se disait maintenant que, peut-être; tous les shinobi ne se ressemblaient pas. Ce fut d'ailleurs pour cette raison qu'elle était venue ici plutôt qu'ailleurs, parce qu'elle espérait sincèrement que d'autres comme Anseï existaient, enfin; aussi humains. Elle verrait bien, au pire elle pourrait toujours repartir. A une centaine de mètres de qui semblait être l'entrée, un homme apparut devant elle et l'observa. Il posa le regard sur ce que traînait derrière elle la jeune femme aux yeux vairons et s'interloqua. Il leva la main pour appeler quelqu'un d'autre.

"Qui êtes vous, que faites vous ici et que transportez vous ?"

Demanda sur un ton assez dur le garde qui semblait plus que méfiant. Yaeko se pinça l'arrête du nez en fermant les yeux. D'un coup, elle se demandait ce qu'elle pouvait bien faire ici car visiblement... Elle rouvrit les yeux, se tenait maintenant devant elle un autre homme habillé de la même façon, un autre garde sans doute. Alors, elle se dit qu'il valait mieux répondre avant de rebrousser chemin. Ils ne faisaient certainement rien d'autre que leur travail.

"Je m'appelle Yaeko... Et j'ai avec moi le corps d'Habashi Anseï."

Aussitôt elle fut plaquée au sol par l'un des deux gardes, face contre terre, ou contre sable. Yaeko ne l'avait pas vu venir, elle ne s'était pas imaginée qu'on lui réserverait un tel accueil. Il ne faisait aucun doute que cette dernière réponse était à l'origine de cette réaction, ainsi elle se laissa faire pour ne pas provoquer plus de drame qu'elle n'en avait déjà traversé. Puis surtout, elle n' avait plus la force de faire face à quoi que ce soit...

"Qui êtes vous ? que s'est il passé ?!"
"Tsukimi Yaeko, je suis la compagne d'Anseï... Nous avons été attaqués et..."

La joue écrasée dans le sable chaud, la jeune Samouraï se tut; elle ferma les yeux et attendit simplement la suite. A partir de maintenant plus rien pour elle n'avait vraiment d'importance. Son esprit était vide, elle ne pensait plus... Trop fatiguée.

Chronologie:

Une belle journée s'annonçait, le soleil était comme toujours accablant et sublimait le village de Suna. De mon appartement gracieusement offert par ma sœur, je pouvais le contempler avec fierté. Je ne pouvais qu'aimer ma patrie tant j'appréciais mon rôle de Shinobi. Hier soir, j'avais jeté un œil sur le tableau et j'avais pu voir mon affectation pour aujourd’hui, j'étais affecté à la surveillance de la Voie Illusionnée. Une tâche qui à première vu ne collait pas réellement avec mon poste au Kakumeigun mais je devais simplement appliquer les ordres. Je devais rejoindre une équipe à une heure précise, je connaissais la plupart des personnes composant les escouades, de vu seulement. Je n'avais pas le temps de me lier avec quiconque, le travail me submergeait et quand j'étais un peu tranquille, je luttai contre mon Akuma.

Après une bonne douche, je mangeais un petit morceau pour reprendre la direction de ma chambre. Je devais m'habiller de façon à à pouvoir me mouvoir correctement, je ne voulais pas être gêné lors d'une possible intervention. C'était plutôt rare à Suna de voir un étranger nous attaquer de face mais il fallait toujours s'attendre au pire. La dernière personne étant l'homme masqué avec qui j'avais croisé le fer-..

Je choisis alors de porter une veste noir avec un col couvrant les deux côtés opposés de mon cou, mon écharpe fétiche elle, se trouvait être un tissu noir et mon propre corps. Elle ressortait légèrement. Le reste de ma tenue se trouvait être plutôt simple, je n'oubliais cela dit pas mon arme, Azura. Un Katana d'une apparence bien spéciale, une simple lame avec comme garde quelques bandelettes blanches. Je nommais cette longue lame Azura, elle m'avait accompagné tant de fois et m'avait sauvé la vie tout autant de fois. Je repassai alors par la cuisine pour récupérer une petite denrée alimentaire et prendre la porte.

Après quelques minutes de marche, j'arrivai sur le lieu de rendez-vous et je rejoignais mon escouade. Quatre personnes en m'incluant, nous étions tous gradés Chûnin -le minimum pour un membre du Kakumeigun-. Je les saluai avec respect avant de commencer notre surveillance, nous nous déplacions lentement en observant les environs. On faisait bien plus attention à ce qui venait de l'extérieur. Un de mes coéquipiers me tapa sur l'épaule et me montra du doigt une silhouette, je fronçai les sourcils en utilisant ma main droite comme visière. De ma position, je pouvais déceler une certaine fatigue et une irrégularité dans ses pas. De plus, elle traînait quelque chose.

Je prévins alors mes partenaires et rejoignis les deux gardes présents. C'était peut-être des résidents de Kaze no Kuni ou tout simplement des Shinobis de Suna ayant besoin d'aide. Si c'était le cas, il fallait une assistance immédiate. Par chance, tout était prévu, les procédures étaient strictes et si le problème se présentait, nous avions tout pour le résoudre.

J'arrivai finalement devant la silhouette et elle se trouvait être une femme. La situation avait cela dit quelque peu changé, j'avais pu voir lors de ma route qu'elle était mouvementée. La femme était plaquée au sol et l'homme debout était lui, sur ses gardes.

«  Toshiro Ogami, membre du Kakumeigun, que se passe-t-il ? »

L'homme m'expliqua brièvement la situation, la personne plaquée au sol se nommait Tsukimi Yaeko et elle transportait un corps-.. Première chose étrange, la deuxième était l'identité présumée de ce corps. Habashi Anseï ? En même temps que j'entendis ce nom et prénom j'écarquillais les yeux quelques secondes avant de reprendre mon sérieux. Je connaissais cette personne et le lien entre celle-ci et notre défunte Godaime Kazekage. Je m'approchai alors du traîneau improvisé avant de m'accroupir, j'ôtai le Kimono violet pour placer ma main à son cou. Il n'y avait en effet aucun pouls.

«  Vous. » dis-je à l'homme debout « Je vous prie de faire venir les unités médicales, il n'y aucun pouls mais amenez le à l'hôpital pour suivre les procédures habituelles.  »

Je me relevai en voyant mon confrère partir pour rejoindre l'homme qui maintenait la damoiselle, je l'aidai à la lever.

« Nous l'amenons aussi à l'hôpital pour des soins mais malgré ce qu'elle prétend être, nous allons la mettre dans une chambre sécurisée. Elle va devoir répondre à quelques questions.  »

Indiquais-je à mon interlocuteur avant d'amener avec son aide Tsukimi Yaeko. Après une dizaine de minutes, elle était allongée sur un lit d'hôpital dans une pièce fermée et sécurisée. Je l'observai depuis un vitre renforcée, les médecins s'étaient occupés de la maintenir en vie. Un senseur était venu pour l'interrogatoire, il attendait sur une chaise.

«  Je vais pour ma part interroger cette femme, veuillez contacter le Rokudaime Kazekage pour l'identification de Habashi Anseï. »

Yami m'avait parlé d'une relation entre le Godaime et le Rokudaime, je me doutais alors qu'il puisse reconnaître le mort même si j'étais certain de sa réponse. J'entrai pour ma part dans la pièce aux côtés du senseur. Je me plaçai face à son lit et après un bref regard sur ses bras attachés je débutai l'interrogatoire.

«  Je me nomme Toshiro Ogami, je vais vous poser quelques questions. »

Je marquai une pause de quelques secondes en faisant signe au détecteur sur patte.

« Redonnez moi votre identité. »
« D'où venez-vous ? »
« Redonnez moi l'identité de la personne que vous transportiez. »
« Comment est-il mort ? Donnez moi des détails. »
« Vous a-t-il transmis des informations concernant Suna ? Si oui, lesquelles ? »

Ce n'était que le début.

Chronologie:

Il ne fallut qu'un instant, quelques secondes tout au plus; pour qu'un troisième ninja arrive. Il s'appelait Ogami, Toshiro Ogami. Celui-ci devait être plus gradé que les deux premiers ou tout au moins occuper une place plus significative dans cet endroit. Une simple déduction qu'émit la jeune femme lorsque ceux qui l'avaient interceptés obéirent à ses ordres.

Puis, elle sentit qu'on la soulevait par les bras. Elle entrouvrit les yeux et dans un battement de cil entraperçu les hautes murailles qui former la porte de cette ville fortifiée. C'était plus un couloir peu lumineux qu'une simple porte à vrai dire. Et ses paupières qu'elle sentait de plus en plus lourdes se fermèrent à nouveau pour ne se rouvrir qu'une fois arrivée dans ce qui devait être un hôpital.

Autour d'elle des hommes en blouses blanches s'affairaient. Des médecins. Pour elle s'était inutile, ce dont elle avait besoin c'était surtout de repos. Le combat, le soleil et le désert, la marche avaient eu raison de son endurance, et ceux malgré sa condition physique, tous les entraînements qu'elle avait suivi, et le reste. Peut-être aussi était elle déshydratée... Ce qui expliquait la perfusion pendant à côté d'elle. Rapidement elle retrouva un peu d'énergie.

Oui, assez pour avoir conscience des liens qui la contraignaient, ça aussi c'était inutile. Elle n'avait pas la force de se battre, ni ses katanas et encore moins la stupidité. Yaeko resta paisible, elle était comme éteinte; se remettre de tout ça et de la mort de l'homme qu'elle aimait lui prendrait un temps certain. De nombreuses personnes qu'elle aimait, des parents, des amis ou des amants; étaient violemment morts, elle ne s'y ferait jamais.

Puis son moment de calme fut interrompu par l'entrée d'un nouveau personnage, enfin... Toshiro Ogami tout au moins. Ce dernier lui posa une série de questions, quoi de plus logique. Malgré sa triste situation, la jeune avait encore la force de répondre, même si certaines des questions lui étaient plus que douloureuses. Alors, d'une voix ténue et empreinte d'un mélange de fatigue et tristesse; elle répondit, à contre-cœur, le regard rivée sur le drap blanc sur lequel elle était installée.

"Tsukimi Yaeko... La capitale... C'est... C'était... Ses yeux se rougirent et déversèrent de longues larmes, la voix tremblante elle reprit. Anseï... Habashi... Anseï."

Elle prit une courte pause, sa respiration était assez irrégulière, elle repensait à cette attaque dont ils furent les cibles. Elle réalisa qu'elle n'avait pas de détails à fournir si ce n'était sur la blessure qu'avait reçu Anseï. Le reste ne regardait qu'elle, personne n'avait à savoir d'où elle venait, et celui quel avait éliminé pendant cet affrontement. Les informations qu'elle allait fournir seraient donc... partielles. Elle leva les yeux vers le jeune homme face à elle, l'observa et lui répondit.

"Anseï... Il a été blessé... avec du poison... Je ne sais pas comment... Je.. Je n'étais pas là. Ajouta-t-elle en baissant la tête. Il ne m'a dit que... comment trouver ce village."

La jeune femme tira légèrement sur les sangles qui restreignaient ses poignets et donc ses mains et bras et releva la tête. Puis elle adressa quelques mots au Sunajin.

"Je... Vous pouvez... vous pouvez me détacher ? Je.. Je voudrais le voir... une dernière fois..."

Demanda-t-elle à Ogami. Il devait bien se rendre compte qu'elle n'était pas en état de faire quoi que ce soit, puis aussi qu'elle n'était pas comme eux, une utilisatrice de chakra... Enfin, pas à leur niveau.

Elle répondit à mes questions, tandis que je notais petit à petit les informations. Ses premières paroles semblaient vraies, le senseur ne me donnait aucun signe de mensonge. Elle venait donc de la capitale Odaichi, elle était sûrement connue des registres. Peut-être qu'après cette entrevue et après avoir réglé les formalités, je contacterai les administrations de la ville pour en savoir plus. C'était une idée. La moindre information pouvait nous être utile sur cette affaire, plutôt délicate.

J'avais reconnu cet homme, je l'avais déjà vu dans le passé. Ses cheveux, son visage, ils correspondaient. Les médecins s'étaient occupés de son cas désespéré, il était mort, simplement mort. Comme beaucoup de Shinobi, sa vie lui avait été prise. Commun était le mot correct même s'il paraissait fort pour la situation actuelle, oui c'était commun. Ce que je n'aimais pas par contre, c'était voir une femme pleurer. Le décès de son compagnon l'affectait réellement, nul besoin d'être senseur pour le deviner. Je croisai les bras, fermant les yeux quelques secondes. Ce n'était pas de la pitié non, je n'appréciais juste pas voir des larmes sur le visage d'une femme.

Les deux sujets importants à traiter étaient : les circonstances de la mort et l'identité de la personne, le premier sujet pouvant être lié à la damoiselle, j'avais demandé l'aide d'un senseur. Elle ne semblait pas être la meurtrière, la logique aurait voulu qu'en l'amenant elle soit lavée de tout soupçon mais.. ça ne se passait pas comme ça dans le monde Shinobi.

Vint alors la dernière réponse attendue, celle des informations. L'information est bien plus précieux que l'or en ce monde, quelque chose de très sensible qu'il faut au plus préserver. Le défunt Shinobi lui avait donné la position de notre village, souhait-il être enterré avec les honneurs en tant que force armée de Suna ? Son corps avait été ramené, c'était une chance pour lui. De nombreuses fois le cercueil était vide.

J'ouvris les yeux pour noter le reste, je ne pensais pas pouvoir oublier mais ça allait seulement me servir de rappel. Toujours avec une mine triste, la damoiselle bougea légèrement ses mains pour me montrer l'étreinte des sangles. Tsukimi Yaeko me demanda de la détacher pour voir une dernière fois son conjoint ? Quelle histoire, était-ce dans les procédures ? Devais-je accepter sa demande ? À sa place j'aurais aimé avoir un Shinobi conciliant face à moi. Je soupirai en détournant mon regard quelques secondes.

En y réfléchissant bien, elle n'avait présentée aucun signe d'hostilité et avait répondue correctement aux questions. Ajouté à cela, elle était fatiguée et son corps n'était pas eu meilleur, elle ne pouvait pas combattre. Les trois Katana m'avaient cela dit indiqués les capacités de la jeune femme, ce n'était pas la première fois que je rencontrais une Samouraï si toute fois elle en était une. Suivant le protocole, je ne pouvais accéder à sa requête. Je fis signe au senseur de me suivre, je pris alors le direction de la porte.

Une fois devant celle-ci, je repensais à son état et à sa situation. J'avais aussi perdu des proches et j'aurais aimé les voir une dernière fois, chance qui ne m'avait pas été laissé. Si j'acceptais, peut-être que les dieux me le rendraient dans un futur proche. Je fis signe à mon partenaire de m'attendre à l'extérieur tandis que je revenais vers Tsukimi Yaeko.

«  Ne bougez pas.  »

Je détachai ses liens, petit à petit. Elle s'en trouvait finalement libre. De ma main gauche, je rapprochai la perfusion qui tenait sur un support en métal long. Il pouvait être déplacé et pouvait aider à se maintenir de bout.

«  Si vous ne pouvez tenir debout, utilisez ça. Dans le cas contraire, on trouvera une autre solution-.. Allons-y. »

Je la laissais passer devant pour ensuite me mettre à ses côtés, toujours sur mes gardes. Je lui indiquai le chemin en utilisant ma voix, nous avions longé sur quelques mètres un couloir. J'ouvris une porte qui nous mena dans un petit local. Un local contenant de quoi se nettoyer et stériliser la pièce. Nous n'en avions pas besoin pour notre part, nous allions juste observer à travers une vitre le corps de l'Habashi.

« Nous devons rester ici. »

Le docteur ayant l'habitude en nous voyant, retira immédiatement une partie du drap déposé sur le cadavre pour laisser apparaître sa tête.

Je détournai mon regard vers la Samouraï, était-elle satisfaite ?

Yaeko observa par la vitre. Il n'y avait qu'une poignée de mètres qui la séparait de cet homme qu'elle n'avait pu aimer que quelques mois. A la vue de son visage terne elle se remémora les moments qu'ils eurent passé ensemble, elle ne savait pas ce qui était le plus douloureux, qu'il soit mort ou ces souvenirs, cet osmose qui régnait entre eux, leurs chamailleries, leurs discussions. Tout cela lui manquait déjà, et c'était d'ailleurs plus que ça, plus qu'un simple manque, non, plutôt un vide, un fossé incomblable. Elle resta silencieuse quelques minutes et fixant le corps inerte allongé sur la table, elle adressa quelques mots Sunajin qui lui avait permit de voir Anseï une dernière fois.

"Il voulait qu'on vienne à Suna, lorsqu'on a appris que sa sœur avait été assassinée... J'ai essayé de le retenir mais à un moment... Il voulait savoir qui a pu faire ça... Et ces hommes nous sont tombés dessus... Je ne sais pas pourquoi... J'ai pressenti qu'une chose pareille arriverait et maintenant... C'est trop tard."

Même s'ils n'avaient passé que peu de temps ensemble au final, elle savait malgré tout quel genre d'homme il était, calme d'apparence mais bouillonnant, parfois; intérieurement. Yaeko ne se faisait aucun doute quant à l'objectif que voulait atteindre le défunt voyageur : la vengeance. Il était comme ça. Un homme ayant horreur de l'injustice, un homme foncièrement bon mais qu'il ne fallait surtout pas meurtrir en s'attaquant à ses proches. En fait, Anseï n'était pas fait pour être ninja, malgré sa dextérité dans ce métier. Tenant la tige de métal portant la perfusion, elle se tourna vers le ninja aux yeux bleus.

"Vous connaissiez Anseï, vous ? Enfin... Merci pour tout. Je peux retourner me reposer ? Je répondrai à vos questions et quitterai votre village dès qu'il sera enterré... Si c'est possible."

Dit elle en observant Ogami. Elle imaginait bien que lui seul ne pourrait lui donner une telle autorisation et se doutait qu'on souhaiterait son départ le plus tôt possible. Après tout, ils ne la connaissaient pas et elle n'était pas vraiment de leur monde, bien au contraire. A peine ces quelques mots prononcés qu'elle pensait déjà à ce qu'elle ferait par la suite. Où pouvait elle bien aller maintenant ? Si Kuro avait pu la retrouver au beau milieu du désert, il était plus que probable que d'autres ayant la même mission guettent la maison d'Odaichi en espérant la voir apparaître. La Samouraï voulait absolument éviter un autre combat, et éviter de laisser des miettes derrière elle.

Peut-être pourrait elle rejoindre Kumiko, avec cette dernière, elle serait en sécurité puis cela faisait longtemps qu'elle ne l'avait pas vu. Les perspectives étaient toutes aussi maigres les unes que les autres et pas du tout réjouissantes. Kumiko... Cela voulait dire errer dans le Yuukan, faire attention à ses arrières, vivre au jour le jour. Elle ne voulait pas revivre tout ça.

La jeune femme soupira en fixant de nouveau le visage éteint que venait de recouvrir le légiste. Une larme poignit de son œil azuré que la jeune femme s'empressa d'essuyer avant de se frotter les yeux d'un revers de main puis sans attendre son accompagnateur ninja elle reprit lentement, se tenant à la perfusion, le chemin qu'ils avaient emprunté pour venir ici...

Mon regard était posé sur le corps inerte de l'Habashi. Son teint était très pâle, peut-être l'était-ce habituellement mais pour avoir vu quelques cadavres, je savais que ce n'était pas son teint naturel. La mort l'avait emporté, était-ce malheureux ? Oui peut-être mais ce n'était qu'un quotidien parmi nous, les Shinobis qui étaient destinés à mourir. Certains arrivaient à se jouer de la destinée, de temps en temps, le défunt conjoint de Tsukimi Yaeko n'avait lui pas réussi à s'en amuser. Je prendrai peut-être sa place demain, je n'en savais rien mais je m'essayais à retarder cette échéance. Je priais les divinités, au moins une fois par jour pour avoir leur clémence. Je ne pouvais quitter ce monde sans avoir atteint mon but, c'était pour moi impossible-..

Je m'étais en effet posé la question, est-ce que le frère de la Godaime Kazekage détenait des informations son assassinat ? Si tel était le cas, actuellement il ne pouvait répondre à mes interrogations. Il restait cela dit la damoiselle Samouraï, qui elle était accrochée à une tige de fer, tentant de rester debout. La seule force qui lui restait me semblait être l'envie de voir une dernière fois son ami.

«  Je comprends, il voulait obtenir des réponses. Si c'est ce que l'on souhaite en tant que frère, on le souhaite aussi en tant que Shinobi ; Obtenir des réponses pour pouvoir rendre justice, il était donc Shinobi de Suna jusqu'au bout. »

Chacun détenait sa propre définition de la justice, mes mots n'avaient alors que très peu de sens selon moi. La femme à mes côtés en avait peut-être une définition différente de la mienne, on s'appliquait à respecter des règles mais on en était pas obligatoirement content. Pour ma part, cela faisait longtemps que je pensais à éliminer les dirigeants de mon clan. J'y pensais mais je ne voulais pas passer à l'acte, ce n'était pas en corrélation avec mon devoir de Shinobi, avec la justice de Kaze no Kuni. La justice de ma patrie passait donc avant la mienne, c'était un choix et je m'y tenais. Mon Akuma tentait d'utiliser cette haine contre moi, je le sentais. Je me faisais violence pour me contenir et ne pas céder à la facilité.

Je sentis le regard de mon interlocutrice sur moi, l'air toujours sérieux et impassible je me tournai vers elle. Elle me posa quelques questions, elle voulait connaître la suite de son séjour à Suna. Je n'avais malheureusement pas toutes les réponses mais je pouvais lui expliquer les formalités.

«  Non, je ne connaissais pas Habashi Anseï si ce n'est de nom... Je l'ai déjà vu, une fois ou deux à Suna. Si vous avez été sa compagne, vous allez peut-être nous être utile Tsukimi Yaeko. La moindre information concernant son assassinat et celui de sa sœur peut nous être utile. Dans les deux cas, la justice doit être rendue.  »

Nous avions déjà un coupable d'après mes sources, seulement, l'enquête était encore en cours. Nous ne pouvons donner à coup sûr le nom du commendataire. Je marquai une pause de quelques secondes, regardant toujours les pupilles de mon interlocutrice. Ses yeux étaient inhabituels mais très jolis, on appelait ça des « yeux vairons ». Il était difficile de ne pas fixer ce contraste de couleur sans s'en rendre compte. Je repris la parole pour compléter mes précédentes.

«  Pour ce qui est de la suite... Je ne peux vous donner beaucoup de détails. Le Kazekage a été prévenu, il interviendra d'une façon ou d'une autre. Jusqu'à là, vous ne pouvez quitter le village. Pour être honnête, vous êtes à notre disposition tant qu'on ne l'aura pas décidé autrement. Dans un premier temps, vous allez rester à l'hôpital et dans un second, une chambre sécurisée vous sera affectée. »

Je croisai les bras tout en marquant une pause de quelques secondes.

«  On viendra vous interroger à nouveau, deux Shinobis vous surveilleront sans interruption. Je vous conseille d'être calme, non pas que je doute de vous mais je préfère vous prévenir. »

Vous interroger à nouveau ? J'étais plus vague à ce sujet, la vérité était plus fastidieuse. Je savais pertinemment qu'une dizaine d'interrogatoires allaient suivre. Différents Shinobis senseurs, différentes personnes chargées de l'interroger et plusieurs fois les mêmes questions, on voulait s'assurer de la véracité de ses propos.

Tandis que je la fixai du regard, je vis une petite perle couler de son œil de couleur bleu. J'écarquillai légèrement les yeux avant de la voir se diriger vers la porte, je baissai la tête tout en me mettant à ses côtés. Après quelques mètres sans un mot, nous étions revenus à sa chambre. Je lui indiquai de s'installer sur son lit en lui proposant mon aide.

«  Un Shinobi se doit de rendre justice et nous allons la rendre, nous allons faire notre possible pour résoudre cette enquête et amener les responsables devant nos tribunaux compétents. Habashi Anseï sera vengé en tant qu'homme et ancienne force armée de Suna. »

Je croyais à ses paroles, même si la stratégie des dizaines d'interrogatoires n'avait pas encore été appliquée, j'avais la certitude que je pouvais y croire. Dans ce cas, j'essayais de la rassurer ; Ce n'était cela dit pas mon fort, le timbre de ma voix, mon visage ne s'y prêtait que très peu.

Yaeko écouta attentivement tout ce qu'avait à dire le Sunajin. Elle voyait déjà se profiler la suite des événements, lesquels elle n'appréciait d'avance pas. Mais elle se garda bien d'émettre la moindre opposition, d'une part l'instant ne s'y prêtait pas et d'autre part -surtout- son esprit d'ordinaire si combatif s'était volatilisé. La jeune Samouraï se contenta simplement de regagner son lit. Sa tête reposa sur l'oreiller blanc, couchée sur la tranche elle observa la petite fenêtre qui faisait paraître l'endroit plus comme une prison qu'un hôpital. Ceci dit, les derniers mots la marquèrent plus que le reste, plus qu'imaginer devoir répondre à toute une batterie de questions qui seraient toutes plus douloureuses les unes que les autres...

"Le venger... c'est justement la vengeance qui est à la source de tout ça... Puis... Il n'y a plus rien à venger. Dit en continuant de fixer le vide qui séparait son lit du mur. Ils sont tous morts, Anseï... Ces hommes... Il n'y a rien de compliqué dans tout ça, rien à comprendre à part que la vengeance... Fait perdre davantage que ce qu'elle apporte."

Un long silence s'en suivit, la Tsukimi essuya son visage dans le drap. Elle se retourna dans le lit, observa un instant le plafond blanc et se redressa, fixant le Toshiro. Il semblait jeune, peut être lui et elle avaient ils le même âge; la jeune se demandait donc si lui aussi avait connu quelque chose de semblable, si lui aussi avait déjà mis en œuvre une quelconque vengeance, oui elle se demandait en fait s'il pouvait la comprendre.

"Et vous Ogami, avec vous perdu un être proche ? Vous êtes vous déjà vengé un jour ?"

La question était étrange, presque gênante. Yaeko détourna le regard un bref instant, consciente que c'était déplacé de demander ce genre de chose à une personne qu'elle ne connaissait pas. De plus, un shinobi, ce qui rendait ses interrogations encore plus idiotes. Elle se doutait bien que la plupart des ninjas avaient au moins une fois dans leur vie vécu un tel traumatisme, ils ne vivaient que pour se battre... Comment pouvait il en être autrement ? Et leurs capacités, elles étaient idéales pour accomplir toutes sortes de choses, alors la vengeance... N'attendant pas de réponse de la part d'Ogami, elle se rallongea; laissant sa tête s'enfoncer dans l'oreiller, le regard rivé sur le plafond.

"Désolée de vous ennuyer avec mes questions... Je me tiens à votre disposition pour vos autres interrogatoires..."

Ajouta-t-elle en se retournant une nouvelle fois vers le mur, puis elle ferma les yeux...

J'avais à faire à une femme vidée de tout espoir, peut-être avait-elle du même à imaginer un lendemain ? Finalement ce n'était pas supposition, j'en étais intimement convaincu. Même si mes facultés à comprendre les autres n'étaient pas très élevées, je ressentais quelque chose venant de Tsukimi Yaeko. Cette attitude, ce timbre de voix, son visage, je l'avais déjà arboré dans le passé et de maintes fois. Aujourd'hui, je n'avais plus à être comme ça, le temps avait cicatrisé les blessures. Mais le temps ne pouvait tout effacer, je pensais tous les jours à ma famille qui n'était plus, je pensais tous les jours à mon clan dont je fus évincé, je pensais à beaucoup de choses en rapport avec mon passé.

Vivre dans le passé n'est cela dit pas une très bonne chose, je l'avais compris tardivement mais j'avais encore du temps devant moi, j'étais jeune et j'allai de l'avant. Je pouvais mourir demain en tant que Shinobi de Suna mais au moins, j'étais arrivé à faire selon mes souhaits.

La vengeance, elle parlait de vengeance, ses mots résonnèrent dans mon esprit. Avec attention, j'observai mon interlocutrice aux yeux vairons. D'après ce que je pus comprendre, les assaillants étaient morts. Je ne fus pas choqué à l'entente de ses paroles, une enquête allait être de toute façon ouverte. Cette Samouraï devait être bien plus forte dans son état normal seulement elle ne parviendra jamais à retrouver cet état, elle n'était plus la même dorénavant. Quelques perles coulaient à nouveau sur son visage et ce, pendant quelques minutes de silence, c'était toujours embêtant pour moi de voir une femme pleurer, je n'aimais pas ça.

Le silence fut rompu par la damoiselle qui me posa une question. Je fermai les yeux, croisant les bras tout en réfléchissant à son interrogation. J'avais en effet perdu des proches, si mon père était décédé pendant la guerre, ma sœur et ma mère furent emportées par la maladie-.. Concernant la vengeance, j'y pensais de temps en temps et mon sang bouillonnait à chaque fois. Je fus évincé de mon clan comme un malpropre pour des raisons absurdes, j'étais vu selon un prêtre comme une « malédiction ». C'était infondé, absolument infondé. Je priais les divinités et je ne croyais pourtant pas en son présage. Dans ma fierté j'étais en effet blessé, ils avaient aussi sali le nom que m'avait transmis mon père. Combien de fois, j'avais seulement imaginé ôter la tête des dirigeants du clan. Un clan qui petit à petit prospérait à l'aide de commerces, très lucratifs et légaux.

Soudainement, je sentis la température de mon corps s'élever. Mon index tapota nerveusement mon bras et mon Akuma lui était aussi déchaîné. Il profitait de chaque sentiment négatif pour tenter de s'immiscer en moi. J'entendais ses chuchotements, il m'appelait continuellement. Des chuchotements qui furent arrêtés par la voix de la Samouraï. Sa voix me fit revenir à moi, je relevai la tête en ouvrant les yeux. Je mis quelques secondes à reprendre mes esprits mais je l'avais clairement entendu.

« J'en ai perdu quelques uns en effet et encore récemment. Me venger ? Non, ça n'est pas en corrélation avec mon devoir en tant que Shinobi et avec la voie que j'ai choisi. Ai-je pensé à me venger ? De nombreuses fois oui, de nombreuses fois... »

« Récemment » : je pensais à la Saibogu dénommée Lina que je considérais comme une amie. De temps en temps, j'allai porter des fleurs à sa tombe, c'était une gentille fille. Je marquai une pause de quelques secondes avant de reprendre en esquissant un sourire bienveillant.

« Mais la vengeance me ferait perdre beaucoup comme vous l'avez précédemment dit. Il ne faut pas y céder, jamais. Cependant je dois être plus jeune que vous et je n'ai pas l'expérience nécessaire pour répondre à tout. Et... vous n'avez pas à être désolée avec moi. C'est plutôt moi qui suis désolé pour ce qui vous est arrivé. »

Je posai mon dos sur une petite commode placée derrière moi avant de jeter un œil sur le côté. Il n'y avait encore personne pour assurer la surveillance.

«  Reposez-vous, je reste en attendant qu'une autre personne prenne le relais. »

Et aussi vite dit, j'entendis la poignet de la porte, m'obligeant ainsi à détourner mon regard une nouvelle fois.

Le nouvel individu rejoignant sa chambre ne fut autre que le chef du village. Yaeko s'était imaginée un homme différent, plus charismatique, plus impressionnant. Le dénommé Yamada semblait à l'opposé de la description que lui avait fait Anseï de sa sœur jumelle, Zanshi. Elle avait du mal à imaginer que ces deux purent avoir et entretenir une relation comme celle qui avait pu la lier à Anseï. C'était étrange. Ceci dit, avec le temps; la Samouraï avait aussi appris à ne plus juger les personnes sur leur apparence ou encore sur leur appartenance. Cela aurait été si hypocrite de persister dans son idée des shinobi alors qu'elle en avait aimé un...

Elle repensa un instant au combat qu'ils avaient menés face à leurs redoutables assaillants, les trois hommes qui les eurent attaqué venaient de deux pays, Tetsu et Yuki et avaient pour mission d'éliminer le couple. Ils étaient tout trois morts et leurs dépouilles gisaient au milieu du désert. Alors, expliquer qui étaient ces hommes, les décrire n'avait que peu d'importance Yaeko fit simplement l'impasse sur la réponse, enfin, en partie. Voulant éviter tout incident elle voulu quand même apporter un peu d'eau au moulin du kage. Mais ce qu'elle lui servait étancherait il seulement sa soif ? Peu importait dans le fond.

"Toshiro Ogami a déjà du tout noter quelque part... je suppose... Répondit-elle en fixant de son regard vairon l'homme au chapeau."

L'autre question était plus bizarre, même complétement. Pourquoi voulait il savoir où était un anneau ? Elle se remémora un instant et se rappela que l'Habashi disposait de toute une panoplie d'anneau, c'était sans doute aucun son côté féminin qui parlait, un aspect du rouquin que la Tsukimi ne détestait pas, au contraire; elle trouvait cela même plutôt mignon. Enfin, elle doutait de toute façon que cette anecdote intéresse une personne de sa stature, puis c'était personnel de toute façon. En revanche elle savait que le voyageur avait un coffret couvert de symboles indéchiffrables pour elle et que du jour au lendemain il avait disparu.

"Non... Je ne me souviens de rien concernant un anneau... Il en avait tellement.. Ajouta-t-elle d'une voix frêle. Il aurait voulu savoir ce qu'il y a de l'autre côté de l'horizon que l'on voit depuis les plages... Je pensas donc... L'y emmener une fois que vous en aurez fini avec son corps..."

Puis elle pensait aussi à aller s'installer là-bas et quitter tout le tragique de cette vie qui l'attendait si elle continuait sur ce chemin. Même si aimer Anseï lui avait appris à ne pas haïr les Shinobi, elle restait persuadée que leur présence restait le plus grand malheur de ce monde qu'elle connaissait. En fait, elle espérait que cet ailleurs n'était pas atteint par ce mal et que les gens y vivaient simplement. Ce qu'elle recherchait n'était ni un monde idyllique ni une utopie, juste un endroit où les hommes, les femmes disposaient au minimum des mêmes arguments innés.

L'homme que je vis entrer dans la pièce n'était personne d'autre que le Kazekage en personne, le dirigeant du village de Suna. Le Nomade était quelqu'un de bien, j'avais pu apprendre à le connaître à travers un entraînement et un petit séjour qui s'était terminé sur une tête décapitée. Cette histoire d'ailleurs était... confidentielle ? Je n'en avais jamais parlé à personne bien qu'elle était très importante, personne n'en avait eu vent jusqu'à maintenant. Je ne comptais pas délivrer cette petite histoire à quinconce, au Kakumeigun on m'avait appris à être discret et à rester à ma place. N'étant qu'un membre de l'organisation, encore récent, je n'avais aucune raison de me confier. L'homme à la tête du clan des Yamada me salua avec une légère inclinaison. J'abaissai le haut de mon corps de la même façon pour lui rendre sa salutation.

«  Kazekage-sama. »

Dis-je simplement avant d'écouter ce qu'il avait à dire. Il se présenta à la damoiselle qui avait fréquenté le frère de la défunte Godaime Kazekage. Cette femme était une bonne dirigeante, ses exploits étaient loués, on connaissait tous Habashi Zanshi à Kaze no Kuni. Je l'avais vu quelques fois mais une seule fois en tête à tête, c'était pour discuter d'une organisation criminelle dirigée par Sabakyo Seitô. En tant que bon Shinobi, j'avais tout simplement fait mon rapport sur cet homme et elle m'avait donné une leçon, une leçon que j'avais retenu. La paix pouvait s'obtenir autrement qu'en faisant couler le sang. C'était ses mots après tout, venant d'elle je ne pouvais que les écouter.

J'essayais donc de comprendre le manque qu'avait pu causer le décès de la défunte aux cheveux écarlates ; Je n'avais jamais aimé une femme, je voulais dire en être amoureux donc finalement, je ne pouvais le comprendre totalement. La mort de Habashi Anseï avait sûrement ramené de mauvais souvenirs. Le Nomade posa quelques questions à Tsukimi Yaeko, des questions qui furent évitées par la damoiselle. J'avais retenu ses réponses en effet mais je ne la sentais pas réellement à l'aise à ce moment-là. Le Kazekage observait maintenant le ciel cherchant à savoir à quoi allait ressembler le futur de la Samouraï. Elle souhaitait amener le corps à un endroit précis et l'accompagner ? La réponse donnée était encore trop vague, il était peut-être encore tôt.

Je baissai la tête tout en me dirigeant aux côtés du Yamada. Je débutai donc mon rapport à voix basse. Il n'y avait rien à cacher mais en vu de son état, je ne comptais pas une nouvelle fois -pour le moment- lui rappeler les mauvais instants.

« Tsukimi Yaeko est venue à Suna avec l'aide des indications apportées par Habashi Anseï. La damoiselle vient de la capitale et était la compagne de l'Habashi. Elle portait quelques Katanas donc j'en ai déduit qu'elle était sûrement une Samouraï. Elle a transporté le corps sur une sorte de traîneau improvisé. La raison pour laquelle il voulait retourner à Suna n'était qu'autre que la mort de sa sœur. Seulement, ils se sont fait attaqués et Anseï a été empoisonné. Les assaillants sont morts d'après ses dires mais dans tous les cas une enquête va être ouverte très rapidement. Les médecins auscultent déjà le cadavre et procèdent à des analyses poussées. »

Je marquai une pause de quelques secondes, laissant le temps à mon interlocuteur de réfléchir aux informations données.

«  Je lui ai laissé la possibilité de voir Anseï à travers une vitre, je compatis dans un certain sens à sa douleur même si dans le monde Shinobi, ce genre d’événement est devenu banal. Cette femme est détruite et une fois en dehors de nos murs j'ai du mal à imaginer un futur convenable pour elle. »

J'avais transmis à mon supérieur toutes les informations nécessaire, j'avais moi aussi tourné le dos à la damoiselle mais je n'avais pas peur. Son état faisait qu'il était impossible pour elle de réussir à blesser quiconque et je ne pensais pas que ça soit son objectif.

«  Vous avez des questions ? Des ordres ou bien des recommandations ? »

Yaeko observait le dirigeant de ce village et le jeune Ogami qui l'avait guidée dans l'hôpital. Le blond réitéra sa question concernant l'anneau. Aucun souvenir concernant cet objet ne lui revenait, enfin, pas suffisamment précis pour répondre positivement. La seule chose qui lui semblait se rapprocher d'un bijou de famille était cette petite boite ornementée portant des inscriptions qu'elle ne comprenait pas. Mais elle n'avait jamais vu son contenu, alors affirmer qu'il s'agissait bien de cet anneau auquel pensait le Yamada... Puis, elle doutait qu'Anseï soit d'accord pour que quelqu'un d'autre porte ce bijou dont il ne lui avait jamais -directement- parlé. Ceci dit il n'était pas sûr que la kage veuille le récupérer, mais alors pourquoi en parler ? La samouraï se devait de rester méfiante.

"Non, aucune idée... Je n'ai jamais entendu parler de cet objet... Je ne sais ce qu'il aurait préféré, mais s'il avait voulu rejoindre sa sœur, il serait revenu dans votre village après m'avoir accompagné à Odaichi. Je ne le connaissais pas depuis si longtemps, quelques mois, un an tout au plus; je ne sais plus trop. Mais je sais qu'il voulait aller voir ce qu'il y a... ailleurs. Ailleurs qu'ici, que dans le Yuukan. Nous nous ressemblons beaucoup, vous savez... Don... J'imagine que... Mais s'il a explicitement affirmé vouloir être enterré à Kusa... Je n'irai pas contre son choix."

Elle avait aussi compris l'autre question et elle pensait qu'il ne réitérerait pas, mais finalement il reformula. Ce qu'elle, elle voulait faire après ? Elle ne savait toujours pas plus, elle s'imaginait rester quelques jours le temps de se remettre en état physique, le mental finirait par suivre. Que pouvait elle envisager d'autre ? Elle retournerait sans doute à Tetsu pour essayer d'éliminer le seigneur qui lui avait envoyé cet assassin samouraï; elle se ferait sans doute tuer dans sa tentative. Enfin, elle n'y étais pas encore, le temps parlerait le moment voulu. Elle fixa alors le Yamada et lui répondit.

"Je ne sais pas. Le temps me dira ce que je ferai. Si vous pouviez accepter que je reste le temps de me rétablir, je vous en serai reconnaissante. Et, je vous remercie pour mes sabres, mais je préférerai qu'on y touche pas... Je m'en occuperai le moment venu. Ajouta-t-elle en inclinant la tête en signe de respect."