REMISE EN QUESTION

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« Purée, il n'y a pas pure torture que de se retrouver sur la même table que cette fille ! … Franchement pourquoi on nous l'a collé ? On aurait pu effectuer cette mission sans elle. Ce n'est qu'une mission de rang B après tout.
- Qu'est-ce qu'elle t'a fait pour que tu la détestes à ce point ? … Moi je la trouve un peu bizarre mais pas méchante.
- Justement, elle est trop bizarre … Cette fille n'est pas normale. Elle passe son temps libre à squatter un arbre et elle n'ouvre sa gueule que pour faire chier son monde.
- T'exagère mon pote ! Je ne l'ai jamais entendu dire de mal de toi, ni de personne d'autre d'ailleurs, malgré tous ces gens qui ne sont pas très sympas avec elle.
- T'es du côté de cette diablesse ou quoi ? … Elle t'a charmé c'est ça ?
- Non. C'est juste que je trouve que tu vas un peu loin. Elle n'est pas comme les autres et alors ?
- T'as vu un peu tout ce qu'elle a ingurgité ? Même un ogre ne mangerait pas autant ! C'est à se demander si elle est humaine !
- Elle a juste un fort appétit. Il y a plein des gens comme ça. Regarde Rû par exemple. Il n'arrête pas de manger.
- Rû est un homme.
- Donc selon toi, une fille ne devrait pas avoir un bon appétit ?
- C'est pas un bon appétit qu'elle a mais carrément une maladie. Comment peux-tu manger pour dix, surtout en étant une fille ? Enfin … tu sais que c'est la sœur de Natsumi Haru ?
- Bien sûr ! Tout le monde le sait ! Après tout, ils portent le même nom et possèdent la même couleur des yeux.
- Ouais, des yeux de démon … Je me demande pourquoi on l'a accueilli dans le village après tout ce que son frère a fait ! … Le pire c'est que même Godaime Raïkage-sama protège cette garce !
- Ce que son frère à fait n'a rien à voir avec elle … Tu ne serais pas un peu jaloux mon gars ?
- Moi, jaloux de cette gueuse ? … »

Le sujet de la conversation, une kunoïchi du village caché du Pays de la Foudre, avait délaissé ses coéquipiers, qui terminaient tranquillement leur repas, pour aller s'adosser contre un mur extérieur de l'auberge. Il était vrai que Natsumi Mairu était un personnage fort étrange. Jeune femme dont le j'm'en-foutisme outrancier avait isolé dans une bulle alors que sa soumission totale à ses impulsions avait fait d'elle un être imprévisible et difficile à cerner. Ses comportements qui, bien souvent, laissaient les gens sain d'esprit dans la perplexité, avaient fait d'elle une sorte de détraquée dont il fallait éviter. Seules quelques rares personnes, désirant connaitre la personne qu'elle était, avaient osé l'approcher. Les autres, comme ses camarades attablés à l'intérieur, la fréquentaient juste par devoir. Pourtant, elle était en train de changer et le processus de la métamorphose intérieure la remettait grandement en question

Habituellement, du genre à ne pas faire attention aux sentiments d'autrui, l'amertume d'un de ses compagnons de route à son égard lui faisait pourtant souffrir. Elle qui avait toujours cherché à ne pas s'attacher à quiconque ressentait de plus en plus le désir de se faire aimer des autres. La glace qu'elle avait forgée autour de son cœur semblait avoir fondue, la rendant plus vulnérable plus qu'elle ne l'était déjà. Ce n'est pas ce qu'elle avait souhaité. Non, mais pas du tout. Pour devenir un grand shinobi, il faut savoir brider ses sentiments hors, elle était en train d'emprunter le chemin inverse. Au lieu d'évoluer, elle avait le sentiment de régresser.

Remémorant son parcours plus que lamentable, la jeune Natsumi avait fini par se résoudre à l'idée que jamais elle n'atteindrait le niveau de son défunt grand frère qui avait été un grand shinobi craint, méprisé et respecté. Après des années d'entrainements, elle ne lui arrivait même pas à la cheville. La jeune femme aux yeux sanguins se demanda si elle était simplement faite pour être une simple kunoichi.

Je suis vraiment pathétique ! Pensa la binoclarde intérieurement, refoulant l'envie de rire de sa propre situation. Que dois-je faire grand frère ?

La jeune kunoïchi leva les yeux au ciel, en quête d'un signe quelconque mais rien ne se passa ...

NATSUMI, NOM MAUDIT !

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Ses deux camarades finirent par sortir de l'auberge et la kunoïchi leur emboita les pas dans le silence. Comme durant le trajet déjà effectué, la jeune femme traina en arrière pour ne pas les déranger. Alors qu'ils filèrent à travers les arbres, pour se rendre le plus rapidement possible sur le lieu de leur mission, la Natsumi fixa le dos de celui qui la méprisait. Elle se demanda pourquoi celui-ci la détestait tant alors qu'elle ne lui avait rien fait de mal. Question qu'elle ne se serait jamais posé, il y a encore quelques mois.

Une explosion suivit d'une seconde extirpa de force la kunoichi de ses pensées Elle se posa sur un arbre, les sens aux aguets alors que des arbres devant elle s'effondrèrent. Une main en visière, ses prunelles couleur sang guettèrent ses camarades mais aucune présence en vue. Trois autres explosons retentirent puis le silence régna de nouveau, après les fracas des nouveaux arbres qui tombent.

Une présence se fit ressentir au pied de l'arbre sur lequel elle était perchée mais sans avoir eu le temps de constater le moindre être, celui-ci explosa à son tour. La kunoïchi eut tout juste le temps de bondir sur un arbre voisin mais à peine avait-elle posé le pied sur le nouveau perchoir que celui-ci s'effondra à son tour après une nouvelle exposition. La jeune femme s'intercepta alors sur un nouvel arbre mais qui subit aussitôt le même sort que le précédent. Le jeu dura ainsi quelques secondes avant qu'une silhouette ne bondit d'un arbre se trouvant juste à côté de celui sur lequel elle venait de se poser. L'ombre jeta des parchemins dans sa direction et la kunoïchi eut tout juste le réflexe de protéger ses yeux avec son avant-bras droit avant que ceux-ci n'explosent. Le souffle des explosions simultanées, la propulsa en arrière. Violemment, son dos se fracassa contre le tronc d'un arbre puis son corps tomba. Maladroitement, elle s'intercepta pour retomber sur ses pieds au dernier moment mais à peine s'était-elle posée qu'un violent coup derrière la nuque lui fit perdre connaissance.

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Suspendue à une vieille poutre par les bras, tout doucement la kuoïchi ouvrit les yeux. Sa vision était floue mais peu à peu celle-ci s'éclaircit pour lui révéler un mur bien délabré. Elle n'eut pas le temps de constater sa situation qu'une main vint pincer sans ménagement ses joues avant de la forcer à relever la tête. Les prunelles sanguines fixèrent le visage d'un homme dont elle n'avait jamais vu. Celui-ci affichait un regard d'un déréglé qui la mit aussitôt en alerte. Par instinct, son corps se mit à gigoter pour tenter de se libérer mais en vain. Tout ce qu'elle récolta de sa bien pathétique tentative d'échappatoire fut les doigts de son bourreau qui se fermèrent un peu plus sur ses joues jusqu'à lui faire mal aux gencives. Puis, de son autre main, l'inconnu lui arracha ses lunettes pour les jeter au loin.

« Tu lui ressembles vraiment beaucoup. T'as vraiment les mêmes yeux que ce taré ! Je te les crèverai bien si je n'avais pas un projet qui m'oblige à te laisser intact. L'homme relâcha le visage de la captive. T'es bien la sœur de Natsumi Haru ?
- Tu viens de dire que je lui ressemblais alors pourquoi me poser cette question !? »

Une main vint claquer la joue gauche de l'impertinente. La violence de l'impact était telle que sa tête pivota sur le côté alors que du sang coula de sa narine gauche.

« Je te conseille de ne pas m'énerver ! Tel un prédateur admirant sa prise, l'homme lui tourna autour. Si je m'attendais à tomber sur la sœur de mon ennemi juré ! Quelle ne fut pas ma surprise en entendant tes camarades prononcer ton nom. Pour les remercier, j'ai évité de leur donner le coup de grâce. Prie donc qu'on vienne les secourir avant qu'ils ne se vident de leur sang !
- Que me veux-tu ?
- Simple : te faire souffrir tout comme ton frère m'a fait souffrir.
- Je vois ! La jeune femme releva la tête pour afficher un sourire bien fier. Encore un qui n'a pas pu supporter l'échec face à mon grand frère. »

Un violent coup de poing dans le ventre fit baisser la tête de la kunoïchi, effaçant toute la fierté qu'elle avait osé afficher malgré sa délicate position.

« Il me semble t'avoir dit de ne pas m'énerver !
- Mon frère est mort alors pourquoi s'acharner sur moi ? »

Elle connaissait la réponse à cette question qui se résumait en un seul mot : vengeance. Tant d'ennemis de son frère cherchaient à l'atteindre pour cette raison bien ridicule. Un des motifs qui l'avaient poussé à se terrer à Kumogakure no Satô. En intégrant un village shinobi, elle avait osé espérer pouvoir devenir assez forte pour défendre sa propre vie. Entreprise qui se révélait à présent comme un lamentable échec. Elle s'était faite capturée sans même avoir pu se défendre. Était-ce là le fruit de tous ses efforts et sacrifices ? Pathétique, tant que s'en était risible.

« Tu vas juste récolter le frais des actes de ton frère ma petite. Tu n'as qu'à le maudire là où il est pour ce qui t'arrive !
- Que t'a-t-il donc fait pour que tu lui voues autant de haine ? … Laisse-moi deviner ! Il a tué tes amis ? Ta femme peut-être ? Ou bien ton enf … »

Une nouvelle claque vint clore la bouche de l'insolente. La violence de celle-ci était telle que sa tête bourdonna alors que sa vision se brouilla durant un court instant.

« La ferme ! » Finit par s'emporter l'homme avant de bâillonner la prisonnière.

Décidé à passer aux choses sérieuses, l'homme déboutonna le haut de la captive qui se mit à gesticuler vainement une fois de plus. Sa jupe rejoint rapidement son haut sur le sol. L'homme admira un moment la prisonnière vêtue de ses simples sous-vêtements. Une fois son regard assouvi, il alla chercher un pinceau et de l'encre. Avec dextérité, il dessina un sceau sur le ventre de la kunoïchi. Rapidement il effectua ensuite une succession de signes. Le sceau se mit à mouvoir alors que la jeune femme sentit son énergie se faire aspirer. Elle s'agita dans tous les sens mais rien à faire. Après un dernier signe, le sceau s'estompa pour devenir complètement invisible alors que la prisonnière tomba dans l'inconscience. Lorsqu'elle revint à elle, plus d'une heure plus tard, elle était de nouveau habillée et avait la bouche libérée.

« Réveillée ?
- Qu'est-ce que tu m'as fait ?
- J'ai juste scellé ton chakra. Ma spécialité est le fûinjutsu. Je connais des sorts interdits et j'ai inventé et amélioré quelques sorts afin de les rendre impossibles à défaire. Le sceau que je t'ai apposé s'est imprégné dans ta peau de sorte qu'on en ne puisse le voir et on ne peut tenter de défaire ce qu'on ne peut lire. Et même si quelqu'un trouve un moyen de le faire apparaitre, personne ne réussira à le défaire, pas même moi … À partir de maintenant, tu n'es donc qu'une vulnérable humaine incapable d'utiliser de jutsu … Maintenant je te conseille de dormir car un long chemin t'attend dès l'aube.
- Pour aller où ?
- Dans ta nouvelle maison. Là où tu feras plaisir à beaucoup d'hommes ! »

Après un sourire bien mesquin l'homme s'éclipsa. Était-ce là donc sa destinée : finir dans une maison close ? ...

EN ROUTE VERS L'ENFER !

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À peine le soleil s'était levé que l'homme vint pour apposer un sceau sur le haut de chaque cuisse de la captive qui avait dormi debout toute la nuit. Malgré la position loin d'être confortable pour une nuit apaisante, elle avait été tellement épuisée physiquement et mentalement qu'elle avait réussi à dormir quelques heures. Au réveil, ses poignets, qui avait dû supporter le poids de son corps suspendu, s'étaient engourdis. Plus d'une heure plus tard, l'engourdissement était complètement parti pour laisser place à une douleur lancinante.

Lorsque son bourreau la libéra, le premier réflexe de la prisonnière fut de tenter de soulager ses poignets, en les frottant l'un après l'autre mais la douleur ne semblait pas vouloir se dissiper.

« Si jamais tu tentes de fuir je ferais exploser ces sceaux et interdiction de parler à qui que ce soit ! Si jamais on t'adresse la parole, fais la muette ! Maintenant, Avance ! »

La jeune femme s'exécuta dans le silence mais au lieu de se diriger vers la sortie, elle entreprit d'aller ramasser ses lunettes, qui avaient été jetées la veille, mais alors qu'elle se baissa pour les ramasser, un pied vint les écraser, stoppant son élan.

« Tu n'as pas besoin de ça !
- Je ne vois pas sans !
- Ne te fous pas de moi ! Si tu as su voir où je les avais jeté, c'est que tu peux voir ou mettre tes pieds alors ne me fait pas perdre mon temps et avance ! »

Plus malin que je le pensais le bougre ! Je dois faire plus attention !

Il était vrai que, ne souffrant que d'une légère myopie, elle était capable de voir clairement jusqu'à cinq mètres devant elle.

Une fois à l'extérieur, la jeune femme constata qu'ils étaient en plein milieu d'une forêt. Le lieu d'où ils étaient sortis n'était qu'une vieille ferme dont le trois quarts avait été brulé alors que la partie restée intacte était en bien piteuse état.

La jeune femme se demanda dans quel coin ils se trouvaient. Elle se mit alors en quête des indices quelconques mais elle n'eut pas le temps tout voir aux alentours que l'homme lui donna un violent coup de pied sur le postérieur qui la fit tituber vers l'avant.

« Avance bon sang ! »

Sans un mot, la jeune femme ouvrit les marches.

« Plus vite ! » Ordonna l'homme alors qu'ils n'avaient fait qu'une dizaine de mètres.

La jeune femme accéléra.

Avant de s'endormir la veille, la prisonnière avait réfléchi à des échappatoires possibles pour le lendemain. Le plan A était de fausser compagnie au geôlier à la moindre opportunité mais avec les sceaux explosifs sur les cuisses, elle raya celui-ci de sa liste. Le plan B était de demander de l'aide si jamais ils venaient à croiser des personnes qu'elle trouverait assez fortes pour tenir tête à son bourreau, même durant un court instant, mais elle était certaine que le vipérin n'hésiterait pas à activer les sceaux si elle venait à recourir à cette stratégie. D'autant plus qu'il lui avait averti de n'adresser la parole à quiconque. Il ne lui restait donc plus que le plan C qui était d'attendre d'être "livrée" pour tenter de s'échapper. Sans doute, le plan le plus sûr car son bourreau ne sera plus le même homme et elle espérait profondément que le nouveau sera moins puissant.

L'infortunée avait eu le temps d'analyser son geôlier qui devait être un renégat très puissant. En tout cas, assez pour qu'elle n'ait aucune chance de gagner contre lui, même si elle était encore capable d'exécuter des jutsu. Il émanait du fielleux une puissance qu'elle ne pressentait que chez des grands shinobi. Par précaution, la capturée préféra donc rester sage tout au long du trajet qui n'avait même pas duré une journée. Ils n'avaient fait que passer à la bordure des petits villages avant d'atterrir dans une grande ville dont elle ignorait complètement le nom et par conséquent la position géographique.

Ils traversèrent des rues noires de monde mais personne ne semblait les remarquer. La jeune femme retint l'envie de s'échapper ou de demander secours à maintes reprises à cause des sceaux qui étaient cachées sous sa jupe.

À la vision des gens qui riaient et des enfants qui s'amusaient dans les ruelles, l'ex-kunoïchi se disait que la vie était vraiment cruelle et injuste. Elle était sur le point de perdre sa dignité et ce après avoir perdu sa liberté mais tout le monde s'en fichait complètement. Tout en sachant qu'elle n'avait aucun droit d'en vouloir à ces bien heureux qui n'étaient point au courant de son infortune, la jeune femme eut cependant un pincement au cœur puis des larmes se déversèrent le long de ses joues.

Telle une condamnée amenée vers l'échafaud, la Natsumi pleura en silence tout en continuant d'avancer, suivant la direction que lui dictait le bourreau. La vue embuée par des larmes et la mauvaise volonté d'avancer la faisaient parfois heurter des passants. La plupart lui jetaient un regard noir avant de poursuivre tranquillement leur chemin. Seule une vieille dame la fixa sans rancœur puis s'arrêta face à elle, voyant qu'elle était en pleurs.

« Tout va bien ? Demande une voix marquée par l'âge.
- Ne vous en faites pas Madame, se pressa de répondre le geôlier qui s'était rapidement avancé. Elle vient de perdre un proche.
- Pauvre petite ! … Prenez bien soin d'elle !
- Oui, bien sûr ! »

Une fois l'ancienne assez éloignée, le bourreau se pencha vers la condamnée.

« Je te conseille de cesser ta comédie ! Si tu cherches à me jouer un mauvais tour, sache que je n'hésiterais pas à activer les sceaux même au milieu de la foule … Ce n'est pas comme si c'était la première fois que je créerai la panique dans une ville ! »

La jeune femme renifla pour soulager son nez qui menaçait de couler avant d'essuyer ses yeux du revers de sa main droite.

« Tout droit puis à la prochaine à gauche ! »

L'ex-kunoïchi reprit le chemin vers l'enfer alors que ses pensées allèrent vers Seki Zennosuke, celui qu'elle considérait comme son ange gardien, un grand frère de substitution sans jamais lui avoir délacré. En proie au désespoir, elle lui demanda intérieurement, et bien sûr vainement, de l'aide …

LA CRUAUTÉ DE LA VIE

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Arrivée devant une entrée par l'arrière-cour d'une grande bâtisse à l'ancienne, l'ex-kunoïchi s'arrêta brusquement.

« Qu'est-ce que tu attends ! Avance !
- Je t'en prie, laisse-moi partir ! Implora la Natsumi qui avait fini par ravaler toute sa fierté plutôt dédaigneuse.
- En quel honneur ?
- Si c'est de l'argent que tu veux, je t'en donnerai.
- Parce que t'es riche ?
- Non mais je connais des personnes qui pourraient te payer !
- L'argent n'est pas ma seule motivation. Je veux aussi que tu souffres, que tu sois humiliée. D'une main, l'homme lui empoigna fermement les joues pour l'obliger à le fixer dans les yeux. J'aimerais voir cette fierté dans ton regard, qui me rappelle tant celui de ton maudit frère, s'effacer complètement ! Il la relâcha. Surtout ne t'avise pas de t'enfuir car je ne serai jamais très loin pour te traquer et si je te rattrape, sois certaine que je te réserverai un sort bien pire que celui que je t'offre maintenant. Aller ! Avance ! »

Il la poussa sans ménagement vers l'avant. Des pas lents, la jeune femme avala les quelques mètres qui les séparaient de l'établissement qui allait devenir son lieu d'humiliation.

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« Effectivement, elle est encore intacte !
- Vous voyez ! C'est une perle que je vous ramène là alors je veux un très bon prix ou je l'amène ailleurs !
- Ça change des trainées que tu nous ramènes d'habitude ! … C'est sûr qu'il n'y a pas anguille sous roche ? Tu n'aurais pas kidnappé la fille d'une bonne famille ? On ne veut pas d'emmerdes !
- Soyez rassurée ! Elle n'est qu'une sans famille que j'ai ramassée dans la rue. Personne n'est à sa recherche ! Mentit le méprisable.
- J'espère pour toi ! »

Une discussion qui démontrait que le vipérin n'était pas à sa première livraison humaine. Mercenaire sans scrupules, durant ses missions d'élimination, il n'hésitait pas à se servir parmi les proches de sa cible éliminée afin de les vendre quelque part, en tant qu'esclave ou femme de joie, et à décimer ceux qui ne l'intéressaient pas afin de les réduire définitivement en silence.

Il n'y avait pas que là où la guerre éclatait que les atrocités subsistaient. Dans ce monde en proie à des guerres qui semblaient ne jamais connaitre une fin, les renégats étaient les rois. Pendant que les fidèles soldats s'entretuaient sur les champs de bataille, au nom de la gloire et de l'honneur, ceux qui avaient renié leur patrie se livraient à des entreprises personnelles qui, bien souvent, faisaient d'innombrables victimes innocentes.

Dans ce monde dépravé, il y avait pas de justice. Ici-bas, régnaient les lois du plus fort et du chacun pour soi. La Natsumi était en train d'expérimenter cette dure réalité de la vie qu'elle savait pourtant loin d'être douce. Elle avait vécu bien des misères pour comprendre que ce monde était cruel mais malgré ses efforts pour tenter d'y survivre dignement, elle avait fini par tomber à cause de sa faiblesse.

Pour le Shinobi luciférien, la Natsumi n'était qu'une marchandise tombée du ciel. Une vraie bénédiction car il avait pu la vendre à prix fort parce qu'elle était une joliesse et bien équipée pour satisfaire des hommes qui les appréciaient bien en chair et, de prime, elle était encore chaste. Chose dont il n'était pas certain mais qu'il avait avancé à l'acheteur au cas où et qui s'était révélé bien vite exact. Mais ce qui le réjouissait le plus dans l'infortune de sa victime, c'était qu'elle était liée à son ancien pire ennemi. Le fielleux regrettait juste que le grand frère n'était plus là pour assister à l'humiliation de sa petite sœur. Il s'était promis de revenir dans quelques jours afin de constater l'état de la jeune femme dont il espérait que la lumière du regard s'éteindra à tout jamais.

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Satisfait de sa transaction, le démon s'en va de la maison close, une expression de béatitude sur le faciès alors que la marchandise était en train de verser toutes les larmes de son corps, après avoir été enfermée dans une pièce. Accroupie à même le sol, les jambes ramenées contre sa poitrine qu'elle avait entouré de ses bras, la tête baissée, l'ex-kunoïchi était en train de pleurer pour la énième fois de la journée. Elle qui hier encore, ne se rappelait pas de la dernière fois qu'elle avait versé des larmes, se trouvait à présent être incapable d'arrêter ce liquide de lamentation qui se vidait de son corps éprouvé avant l'heure. Le cœur serré, elle avait le sentiment d'avoir été abandonnée … mais par qui ? Elle savait pertinemment qu'elle n'avait été qu'un outil sans valeur au service de Kumogakure no Satô. Jamais on se lancera à sa recherche. Comme ses camarades disparus avant elle, elle sera vite oubliée; elle, la kunoïchi insignifiante et qui aujourd'hui, privée de son chakra, ne servirait plus à rien au village …

ÊTRE UN SIMPLE HUMAIN : UNE VRAIE CALAMITÉ

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Durant les deux jours suivants, étrangement, l'ex-kunoïchi avait été laissée tranquille et avait même été assez bien entretenue. On la nourrissait convenablement et on ne lui demandait de ne rien faire, si ce n'était que de se s'assoir, de manière distinguée, au milieu de cette pièce qui était devenue sa cellule. Bien coiffée, maquillée et habillée d'un kimono, dont elle ignorait la valeur mais qu'elle devinait de qualité assez médiocre, elle avait l'impression d'être une geisha de pacotille, excepté qu'on ne lui avait pas tient la peau en blanc et que son obi était placé devant, telle chez une prostituée de bas étage, et non pas par-derrière de manière traditionnelle.

La jeune femme aux prunelles sanguines n'était pas assez naïve pour ne pas comprendre ce qui l'attendait. Tout ce calme n'était que le silence avant la tempête. On ne l'avait pas acheté pour qu'elle serve de décor à une pièce. Sa "Maîtresse" était surement en train de préparer quelque chose qui sonnera le glas de son innocence. Les hommes qui défilaient pour la guetter à travers un trou dans un mur était une preuve évidente qu'on ne la laissera pas tranquille bien longtemps. Elle avait été placée dans cette salle afin de servir d'exposition à ses potentiels clients.

L'ancienne kunoïchi avait déjà tenté de s'échapper mais la chambre où elle se trouvait semblait avoir été aménagée de sorte qu'une simple femme sans aucun pouvoir qu'elle était devenue ne pouvait s'y échapper. C'était à ce moment-là qu'elle se rendit réellement compte de son impuissance maintenant qu'elle n'était plus capable d'user de jutsu. Si elle pouvait moduler son chakra, sortir d'ici serait un jeu d'enfant mais réduite à l'état d'une simple humaine normale, elle n'avait même pas réussi à défoncer la porte qui semblait avoir été renforcée. Sans doute que d'autres captives comme elles avaient déjà tenté de s'échapper. On lui avait prévenu que la moindre résistance ou tentative d'évasion, entrainera des punitions qu'elle pourraient regretter amèrement. Ne souhaitant pas donc provoquer le diable ouvertement, elle se montrait sage dès lors qu'elle savait qu'elle était surveillée. Ce soir, elle tentera une nouvelle évasion.

Sauf que le soir venu, elle avait été placée dans une autre pièce qui était bien moins austère. On la fit assoir sur un futon qu'elle trouva fort confortable malgré elle. Le moment temps redouté était donc arrivé.

« Je vous en prie, laissez-moi partir ! Finit par supplier l'ancienne kunoïchi alors que sa main droite s'était fermée sur le poignet de la femme qui avait fini de l'arranger et qui s'apprêtait à partir.
- Accepte donc ton destin. Laisses-toi faire et évite de verser des larmes où tu vas le payer très cher ! » Lâcha une voix bien austère.

La femme tira son bras pour la libérer de force de l'emprise de la nouvelle catin. Sans le moindre regard en arrière, elle quitta ensuite la pièce, délaissant l'ex-kunoïchi à son triste sort.

De nouveau délaissée, la Natsumi examina attentivement la pièce, en quête d'une échappatoire possible. Comme l'autre, celle-ci était pourvue que d'une seule entrée et n'avait aucune fenêtre mais contrairement à la première, la porte était coulissante et non renforcée.

Un homme d'un certain âge, vêtu d'un kimono de grande valeur, qui témoignant de son statut d'aisé, pénétra la pièce. À sa vue, la jeune femme recula instinctivement puis elle se leva pour se mettre à l'autre bout de la pièce. L'homme se dirigea vers elle, un sourire lubrique aux lèvres. La jeune femme s'échappa de l'autre côté et l'homme la poursuivit, l'air amusé. Malgré l'avertissement, son corps refusait de se laisser faire mais le vicieux semblait apprécier le jeu du chat et la souris. Celui-ci dura un moment avant que la jeune femme ne se prend un pied dans son kimono avec lequel elle avait du mal à se mouvoir correctement. C'était la première fois de sa vie qu'elle portait ce genre de vêtement qui la rendait bien maladroite, plus qu'elle ne l'était déjà. À peine s'était-elle affalée sur le tatami que l'homme se jeta sur elle.

« Je te tiens ! Hahaha ! Tu es à moi ! Hahaha !
- Lâche-moi ! Fit la proie qui tenta de ramper.
- Te lâcher ? Tu sais que j'ai payé cher pour t'avoir alors donne-moi mon dû sale catin !
- Je ne suis pas une catin ! »

Déployant toutes ses forces, la jeune femme se retourna puis, sans crier gare, elle enfonça deux doigts dans les yeux de l'homme qui aussitôt la relâcha pour reporter ses mains à ses yeux qui pissaient à présent le sang, tout en poussant des hurlements. Ne se laissant pas perturber par l'état de sa victime, rapidement, la jeune femme se releva puis elle ramassa le bas de son kimono pour le soulever le plus haut possible avant de se précipiter derrière la porte. À peine s'était-elle posée du côté vers où elle s'ouvrait en dernier, que la porte coulissa brusquement pour laisser apparaitre deux femmes. Chacune ramena une main à leur bouche, au vu de la scène plutôt macabre qui s'offraient à elle. À force de gesticuler dans tous les sens, l'homme avait souillé ses vêtements et le tatami de son sang.

« Mon Dieu, cria la propriétaire du lieu alors qu'elles se précipitèrent vers le meurtri. Il faut arrêter l'hémo … »

La femme s'interrompit voyant l'ex-kunoïchi franchir la porte qu'elles avaient laissée ouverte dans la précipitation. Trop préoccupée par l'état de son client, qui était un personnage très important, elle avait complètement oublié la coupable.

« La garce ! … Va prévenir les autres immédiatement ! Il ne faut à aucun cas la laisser sortir ! »

Le devant de son kimono remonté jusqu'au niveau de la cuisse, la Natsumi déambula à travers les couloirs et finit par descendre un escalier pour atterrir au rez-de-chaussée. Du brouhaha lui parvint. Elle prit alors le côté opposé de la direction d'où provenaient les bruits. Elle fut coulissée une porte et tomba sur une pièce occupée par quatre hommes déjà en bonne compagnie. Tous se tournèrent vers elle pour la détailler du regard, se demandant ce qu'elle faisait là mais surtout pourquoi soulevait-elle ses vêtements de la sorte. Ne leur accordant qu'une brève attention, l'importune se précipita à l'intérieur de la pièce alors qu'un groupe de femmes se précipitait vers elle. Celles-ci essayaient de ne pas courir pour ne pas alerter les clients. Chose qui ne serait pas à l'avantage de l'établissement.

La Natsumi courut en direction de l'unique fenêtre de la salle, sous les regards incrédules des occupants du lieu. Violemment elle poussa la fenêtre qui résista. Alors rapidement elle la déverrouilla puis, sans chercher à savoir où elle allait atterrir, la jeune femme se jeta dehors. Son corps s'affala lourdement sur le parterre recouvert de cailloux. Vivement, elle se releva pour traverser la petite cour alors que ses poursuivantes s'accumulaient à la fenêtre qu'elle venait de franchir pour la voir disparaitre dans un angle.

Le bas de ses vêtements toujours relevé, la Natsumi courut, pieds nus, à travers les rues sans savoir où aller. Personne ne semblait la poursuivre mais, animée par le désir de quitter cette ville, elle courait de toutes ses forces, surprenant quelques nocturnes, bien qu'elle évitait les rues animées en cette heure pourtant bien tardive. Ses pas finirent par l'amener dans un quartier bien calme. Après des coups d'œil pour surveiller les alentours, elle finit par s'adosser contre le mur d'une maison plongée dans le silence pour reprendre son souffle et calmer ses esprits. Mais elle n'avait pas réussi à se détendre que des pas qui martelaient le sol bétonné la mit en alerte. Brusquement elle releva la tête, tout en se détachant du mur contre laquelle elle s'était appuyée.

« La voilà ! »

Un groupe d'hommes, qui avait remarqué son passage durant sa fuite effrénée, était sorti d'une bifurcation et se précipitait à présent vers elle. Sans chercher à comprendre qui ils étaient, la jeune femme pivota pour fuir mais, oubliant son kimono qui à présent était à moitié défait, elle se prit un pied dans la partie qui trainait sur le sol et s'affala misérablement sur le ventre. Rapidement, elle ramassa le bas du maudit habit puis tenta de se relever mais il était trop tard : les hommes l'encerclaient déjà. Tel un animal effarouché, la Natsumi recula par réflexe et son dos buta un de ses prédateurs qui en profita pour l'immobiliser par les bras.

« Je la tiens ! Vous avez vu, elle s'est jetée dans mes bras ! Fit un l'air amusé.
- Tiens-la bien ! Ne la laisse surtout pas s'échapper ! Ordonna un second, voyant la captive se débattre. Puis, tout doucement, il s'approcha pour toucher le visage de la prisonnière qui la fusillait de son regard sanguin mais dont l'homme n'avait cure. C'est une très belle prise que nous avons là les gars !
- Elle sort d'où à ton avis ?
- Va savoir ! … Et puis on s'en fiche. Tout ce qui m'intéresse c'est son corps !
- Bien dis chef !
- Aller, amène-la !» Lâcha le meneur tout en commençant à s'éloigner pour ouvrir le chemin.

Deux hommes s'approchèrent pour aider pour le transport. La Natsumi usa des forces de l'homme qui la soutenait au niveau des bras pour soulever le bas de son corps pour intercepter les deux qui s'approchaient par un coup de pied que les fit reculer - Elle ne pouvait plus certes modeler son chakra mais son corps ne semblait pas avoir perdu l'agilité qu'elle avait acquise en tant qu'ancienne maitresse de taïjustu - Sans perdre une seconde, elle pencha rapidement la tête puis la releva brusquement pour aller cogner, avec le sommet de son crâne, le menton de celui qui l'immobilisait qui, malheureusement, était plus grand qu'elle. La cible libéra une de ses mains pour aller soulager son menton tout en gardant l'autre fermée sur le bras de la prisonnière.

« Sale gar … »

Un violent coup de poing arrière, avec sa main libérée, dans le faciès de son geôlier interrompit ce dernier qui, sous le coup, finit par la lâcher. Sans perdre de temps, la jeune femme se mit alors à courir, du côté opposé où s'étaient avancés les autres hommes; sans oublier de soulever le bas de son kimono cette fois-ci. Les hommes se mirent à la poursuivre. Courant de toutes ses forces, la jeune femme maudissait une fois de plus de ne plus pouvoir user de jutsu. Elle se disait qu'être une simple humaine était une vraie calamité …

A peine sorti de l’antre d’Hanzô, Michiki avait déjà repris la route. Il ne comptait pas traîner dans les parages bien longtemps. Ses projets l’avaient rappelé prestement au pays de la Brume. Assurant sa ceinture de parchemins, il la resserra et prit la route par la voie des arbres. Le chemin le plus rapide lorsqu’on est shinobi. Une route sereine qu’il empruntait l’esprit ailleurs mais ses sens en alerte grâce à ses dons de sensorialité. Les ingrédients qu’il avait récupérés chez son fournisseur allaient lui permettre de concocter la plus belle de ses réalisations chimiques.

Alors qu’il survolait rapidement une clairière, il perçut des faibles signatures de chakra à proximité. Ce qui en ces lieux signifiaient généralement brigands de bas étages. Un simple soupir accompagna le silence environnant. En cette belle journée sans brume, pour une fois, il fallait qu’une ribambelle de malandrins estime intelligents de croiser sa route. Ce jour radieux serait entaché du sang des misérables. Il dévia de sa route. Lui qui devait se rendre dans l’Antre, il n’allait pas pouvoir s’en occuper tout de suite. Les signes de vie situaient le groupe à quelques mètres au Nord de sa position. C’était l’affaire de quelques minutes. Une fois sur place, il resta en plein feuillages pour bénéficier d’un camouflage naturel. Un rapide regard sur la scène lui permit de faire une brève analyse concise de ce qu’il allait avoir pour son petit déjeuner. Du menu fretin il fallait s’en douter.

Une bande de bras cassés ayant pris pour cible une pauvre jeune femme vêtue d’un kimono en piteux état. Mais elle devait être combattive pour que plusieurs d’entre eux aient décidés de la saisir pour la faire aller où ils souhaitaient. Michiki sonda une nouvelle fois la zone pour tenter de percevoir quelque chose chez cette femme. Mais rien ne transparaissait. Pas la moindre trace de chakra. Une civile malchanceuse qui avait croisé leur route. Ayant juré de débarrasser les terres de Mizu de la racaille, Michiki saisit ses scalpels de combat. Il n’était pas du genre défenseur des démunis mais ces vauriens représentaient tout ce qui l’éloignait de la reconstruction de sa chère patrie. Dès lors qu’ils avaient eu la même chance que leur otage de croiser la route du Fossoyeur, ils avaient signés leur arrêt de mort. De nouvelles marionnettes à ajouter à sa collection. De la vulgaire chair à canon. Ils n’étaient pas dignes de rejoindre à proprement parler sa collection privée. Armes en main, il se tenait sur la route du petit groupe, tapi en l’air. Il allait leur tomber dessus par surprise.

Immobilisée et les yeux bandés, leur malheureuse proie n’allait pas pouvoir faire grand chose pendant le spectacle. Ce qui était sans doute mieux comme ça. Le stress d’être ainsi enlevée devait être suffisant, il n’était pas mieux de participer à des meurtres violents en prime. Même si vu leur niveau, leur mort serait nette et précise. Une attaque éclair qui ne durerait que quelques secondes et quelques coups pour le Nukenin. Il en estima le nombre à une dizaine. Juste pour le jeu !

Lorsque le premier duo empoignant la donzelle passa en dessous de lui, il se laissa tomber. Atterissant dans leurs dos, il planta simplement ses lames directement dans la nuque. Lâchant prise, ils s’effondrèrent au sol en hurlant à la mort. Le reste du groupe faisant face au Shinda était resté figé lors de son apparition soudaine. Leur temps de réaction ne fut pas suffisant pour éviter une nouvelle perte. Le plus proche du nécromancien fut saisi à la nuque et sa gorge fut joliment décoré d’une belle balafre nette qui l’envoya au tapis avec ses collègues. Un mouvement qui permit enfin aux autres de se bouger. Ils se saisirent de leurs armes grossières pour venir se frotter à leur assaillant. Michiki para une première estocade menée par une lance à la pointe émoussée. S’il venait à être blessé par ça, il risquait plus de périr du tétanos que d’hémorragie. Envoyant son opposant plus loin d’un coup de pied, il en accueillit un nouveau qui sembla se précipiter vers lui à bras ouverts. Un couteau dans chaque main, difficile de dire ce qu’il avait essayé d’entreprendre. Ce qui était certain, c’était son sort : deux coupures bien nettes au niveau des poumons et un face à face avec le sol terreux.

Le reste de la bande voulut alors prendre ses distances. Une précaution qui leur valut un membre de moins dans leurs rangs. Scalpel ensanglanté à la main, le Fossoyeur affichait un sourire démoniaque en marchant paisiblement vers ceux qui restaient. L’un semblait être le meneur. Il se planquait derrière les autres. Comme n’importe quel meneur ventripotent le ferait. S’arrêtant dans sa démarche, Michiki resta immobile avant de disparaître aussi soudainement qu’il était apparu. Il avait repris sa position sur son perchoir pour mieux atterrir derrière celui qu’il suspectait être le chef. En retombant dans son dos, il poignarda dans sa chute un des malfrats qui venait lui chuchoter quelque chose. Il n’avait pu finir ses dernières volontés. Saisissant le leader d’un bras, Michiki se retourna ensuite vers les deux restants. Son regard devait en dire assez long. Ils prirent la fuite en laissant leurs armes au sol. Ce qui laissa l’occasion au nécromancien d’engluer le chef dans une petite mare de boue. Ainsi immobilisé, il pouvait se charger de sa captive.

Il fit quelque pas vers cette dernière qui devait être toute déboussolée. Il se tint devant elle et attendit quelques secondes pour qu’elle réalise qu’une présence se tenait à ses côtés et qu’elle ne réagisse pas trop violemment. Il porta alors sa main sur le bandeau masquant sa vue et lui enleva. Même si elle décrivait un mouvement de peur, il ne s’attarda pas là-dessus, n’oubliant pas sa principale préoccupation. Plutôt que les mots, il préféra se retourner pour lui montrer clairement quelles étaient ses intentions. Les deux fuyards étaient toujours visibles d’ici. Leur course effrénée n’était pas assez rapide. Elle ne l’aurait jamais été de toute façon. Tournant une seconde le dos à la demoiselle, il envoya chaque scalpel d’un geste précis. Les lames se fichèrent dans les deux silhouettes qui s’effondrèrent au sol. Si avec ça, la captive ne comprenait pas dans quel camp était le Shinda, il ne saurait quoi faire. Il lui tint néanmoins ce discours :

- Pardonnez cette scène de violence mademoiselle. J’espère qu’ils n’ont pas eu le temps d’être trop rustres.

Son regard se porta sur le chef tétanisé par la peur et la boue.

- Mais si vous me permettez, il me reste une chose à finir.

Le Shinda s’était approché de son prisonnier qu’il gratifia d’un magistral coup de poing dans la face. Le coup le fit plonger dans l’inconscience, ce qui laissait le soin au nécromancien d’en faire ce que bon lui semblait. Mais il ne le ramassa pas de suite. Il s’attarda sur les cadavres alentour et se prit à un étrange manège. Pointant un doigt sur certains, il entonnait alors un curieux discours :

- …Sept…huit,neuf…dix…onze et douze. Merde !

Plus de dix coups portés. Il avait perdu son jeu ! Un peu déçu, il finit par relever le corps de l'inconscient pour la suite des opérations.

ANGE OU DÉMON ?

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Avec ses habits à moitié défaits en plus d'être loin d'être pratique pour courir, malgré la rage et la volonté qui l'animaient dans sa course, la jeune femme n'évolua pas assez vite. En dépit de quelques trébuchements, par miracle, elle ne s'était pas vautrée, mais, à cause de sa lenteur, ses poursuivants finirent cependant par la rattraper. Un premier assaillant la saisit par la manche de son satané kimono et aussitôt un second se jeta sur elle pour l'immobiliser.

« Attache-la ! Ordonna le meneur.
- Mais avec quoi ? »

Sans ménagement le chef défit le cordon de l'obi du kimono de la captive qui la toisa des regards assassins tout en se débattant dans tous les sens alors que deux hommes la maintenaient chacun par un bras. Il jeta la cordelette à un de ses hommes puis arracha l'obi de la prisonnière.

« Et bande-lui les yeux avec ça ! »

Privé de sa ceinture, le kimono s'était complètement ouvert, laissant apparaitre la fine robe presque transparente qui servait de sous-couche, alors qu'une bonne partie du vêtement principal trainait à présent misérablement par terre. Les hommes ignorèrent totalement la négligence vestimentaire de la jeune femme et se contentèrent de l'amener de force.

Les mains attachées dans le dos, les yeux bandés, la Natsumi tentait de résister, vainement, aux forces de deux hommes qui la poussaient à avancer. Soudain, elle entendit un cri d'agonie puis un second puis elle se trouva libérée. Privée de la vue, elle ne pouvait constater ce qui se passait mais elle supposa qu'on venait à son secours.

« Pouvez-vous me détacher s'il vous plaît !» Réclama-t-elle sans savoir à qui elle s'adressait alors que le silence se faisait.

Un calme qui ne dura pas bien longtemps car en guise de réponse, la jeune femme eut droit à des nouvelles lamentations avant la mort. Ses oreilles aux aguets lui permirent d'entendre ce qui paraissaient être des corps qui tombaient. Leur enchaînement inquiéta soudain la jeune femme. Son sauveur devrait être quelqu'un de très fort, assez pour ne pas accorder à ses cibles le temps de riposter. Et si c'était le renégat qui était à l'origine de son malheur qui était venu la chercher ?

Refoulant la panique qui commençait à la gagner, la Natsumi tenta alors de fuir malgré ses conditions. Initiative qui ne la mena pas bien loin car après s'être mangée, une fois de plus, le sol en trébuchant sur un corps sans vie, elle finit par rentrer dans un buisson. Elle pivota alors vers la gauche mais se figea soudain, sentant une présence plantée devant elle. Alors qu'elle s'attendait à entendre la voix irritée de son bourreau de renégat tout en recevant un violent coup, elle retrouva soudain la vue. Les prunelles sanguines s'écarquillèrent face à un parfait inconnu. Sans lui laisser le temps de lui demander qui il était, l'étranger s'écarta pour la laisser voir deux de ses anciens assaillants qui fuyaient. Puis, avec dextérité, l'homme intercepta les fuyards avec des scalpels dans le dos. La jeune femme comprit que, par ce message bien brutal, l'étranger lui faisait comprendre qu'il n'était pas là pour lui faire du mal. Comme si l'acte ne suffisait pas, son sauveur la rassura par les paroles.

« Je vous remercie » fit la Natsumi tout en lui adressant une légère courbette de reconnaissance sincère.

Alors que l'inconnu lui tourna le dos pour aller faire elle ne savait quoi avec les cadavres qu'il avait récolté, la Natsumi s'éloigna. Elle avait compris que cet homme était un shinobi et un très puissant et, bien qu'il venait de la sauver, elle ne lui faisait pas du tout confiance. Seulement, après avoir fait une dizaine de mètres, la jeune femme finit par faire demi-tour. Elle ne savait pas où aller. Elle ignorait même la ville où elle se trouvait, mais surtout, elle avait toujours les poings liés.

Laissant l'homme terminé son jeu macabre avec les cadavres, elle lui demanda ensuite de la libérer.

« Puis-je savoir le nom de mon sauveur ? » Osa demanda la libérée tout en restant méfiante.

Méfiance qu'elle savait ne pas servir à grand-chose car elle était bien consciente qu'elle ne pourrait rien faire si l'ange qui était tombé du ciel pour la secourir se révélait être le diable venu pour la mener en enfer …

Alors qu’il déplaçait le corps inconscient du tortionnaire, il le ramena auprès d’un tronc assez massif alors que le nécromancien se faisait finalement remercier et gratifier d’une question. La jeune fille voulait connaître son identité. Une question qui lui arrachait toujours une grimace car elle soulevait une certaine méfiance. Même si dans le cas présent, il s’était bien rendu compte que cette simple civile ne serait pas capable de lui faire grand mal. Ou en tout cas elle pouvait essayer, ça promettait d’être drôle !

Finissant son œuvre, il avait sorti un câble d’une de ses sacoches pour ficeler solidement sa proie à l’arbre où il était assis. Ainsi, il pouvait faire son petit ménage sereinement sans avoir à se soucier toutes les deux secondes de la position ou de l’état du chef malandrin. Ce fut à ce moment-là qu’il finit par apporter une réponse à celle qu’il venait de sauver, après une ou deux minutes d’attente :

- Shinda Michiki, mes hommages. Vous pensez avoir besoin de soins ?

A peine avait-il posé sa question qu’il réalisa la tenue légère qu’elle portait. Dans l’adrénaline du combat, il n’y avait pas prêté attention, préférant se concentrer sur sa soif de sang. Maintenant que la tempête avait laissé place au calme, il remarquait ce détail qui ne devait pas arranger la demoiselle. Effectuant quelques mudras très rapidement, une réplique de lui-même apparut à ses côtés. Sans qu’il ne lui dise rien, le clone se détacha du petit groupe et partit plus loin en prenant la direction d’où la délégation était arrivée. L’original se rapprocha alors des cadavres à côté et déposa un genou à terre. Alors qu’il commençait à déballer tout un attirail de parchemins, il s’adressa à son interlocutrice :

- Asseyez-vous peut-être en attendant mon clone. Il est parti au village voisin pour vous trouver une tenue plus décente.

Puis il déplia l’un des rouleaux de papier vierge qu’il déposa bien à plat sur le sol. Aux côtés d’un macchabé, il entreprit d’effectuer quelques signes de main en apposant sa paume sur le carré blanc. Puis un symbole se dessina avant de finalement se compléter lorsque le corps inanimé disparut soudainement dans un nuage de fumée. La procédure de scellement standard que le Shinda faisait mécaniquement depuis le temps. Un exercice rituel et éternel chez les nécromanciens. Alors qu’il passait à sa seconde recrue, il finit par reprendre la parole de nouveau, sans pour autant décoller son regard de sa feuille de papier :

- Sans indiscrétion, qu’est-ce que vous avez fait à ces gars pour qu’ils vous en veuillent comme ça ?

La question était bien sûr incorrecte. Il paraissait évident que l’histoire était toute autre. Mais pour qu’une jeune fille comme elle se retrouve acoquinée avec des lascars comme eux, là ça devenait étrange. Et la curiosité de Michiki l’avait poussé à poser la question.

RÉCLAMATION DÉSESPÉRÉE

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Shinda Michiki. Un nom dont elle n'avait jamais entendu parler. La jeune femme se demanda si elle avait à faire à un shinobi qui se faisait discret car elle trouvait fort étonnant de n'avoir jamais entendu parler de cet homme malgré la puissance qu'elle pressentait en lui. Bien que son chakra avait été bridé, ses sens d'une ex-kunoïchi méfiante semblaient être intacts.

« Non, je ne suis pas blessée … grâce à vous. »

Finalement elle était peut-être tombée sur un ange, du moins c'est ce qu'elle voulait croire mais le fait de voir le shinobi manipuler des cadavres, la mettait en doute. La Natsumi resta donc prudente. Méfiance qu'elle tentait de dissimuler à ce Michiki, tout en sachant pourtant qu'il lui serait assurément très facile de la sonder si il le désirait.

Elle n'avait pas mis bien longtemps pour comprendre que Shinda Michiki était un nécromancien. C'était la première fois qu'elle voyait un manipulateur de macchabées à l'œuvre et bien que ces procédés lui paraissaient plutôt "propres", la jeune femme ne pouvait s'empêcher de les trouver pourtant assez glauques. De nature curieuse, elle le regarda cependant faire, sans détourner une seule fois la tête, alors qu'il l'avait invité à s'assoir après avoir envoyé un clone lui chercher des vêtements plus décents.

Durant sa fuite effrénée, la Natsumi n'avait même pas remarqué que ses pas l'avaient mené en dehors de la ville ; tout comme elle n'avait pas fait attention à la pleine lune. Chose qui lui avait permis de fuir aussi loin sans rentrer dans un obstacle, hormis le moment où on l'avait privé de sa vue. La jeune femme se demanda cependant si une nuit sombre n'aurait pas été plus à son avantage. Dans le noir, il lui aurait été bien plus aisé de se cacher. Enfin, elle était à présent en sécurité, du moins elle l'espérait.

« J'ai fui d'une maison close … Ces voyous ont dû me remarquer dans ma fuite et ont alors décidé de me poursuivre. » Fit-elle sans donner de détails sur la circonstance qui l'avait amené dans cet établissement vicieux.

L'un de ses poursuivants s'était demandé d'où elle sortait alors la Natsumi était certaine que ce n'était pas la maison close qui les avait envoyé. La jeune femme préférait ne pas imaginer ce qu'elle serait advenue si le nécromancien n'était pas venu la secourir.

Après avoir tenté d'arranger son kimono en piteux état, la jeune femme se mit à détailler, discrètement, du regard le nécromancien. Il ne devait pas être beaucoup plus âgé qu'elle. Mis à part qu'il portait des lunettes teintées en pleine nuit et qu'il manipulait en ce moment des cadavres, il paraissait comme un homme ordinaire. Du moins, si on oubliait cette aura qui poussait à la méfiance qu'il dégageait malgré le calme dont il faisait preuve. La jeune femme se demanda si elle peut faire confiance en cet homme. Il se pourrait qu'il avait abattu ses agresseurs juste dans le but de s'accaparer de leurs corps.

« Vous pouvez m'amener avec vous ? Finit-elle par demander après un léger silence. Je ne sais pas où aller. »

Une demande plutôt déplacée mais surtout bien naïve mais la jeune femme ne voyait pas un autre chemin à suivre. Cet homme pourrait très bien devenir son prochain bourreau mais pour l'heure, elle préférait pouvoir lui faire confiance. Après tout, tout être n'était pas entièrement mauvais. Elle espérait que ce Shinda Michiki était un de ceux qui avaient encore en eux une once d'humanité, malgré son amour pour les morts …

Malgré son train-train quotidien assez macabre, il ne passa pourtant pas à côté des dires de celle à ses côtés. Il avait beau entreprendre son petit manège habituel de récolte, il gardait l’oreille attentive à ce qu’elle disait, tout comme ses sens restaient alertes de tout ce qui pouvait se produire autour d’eux. Ils n’étaient jamais à l’abri de renforts ou de badauds passant par là. Et étant donné la population régnant sur ce territoire depuis plusieurs mois, un simple passant pouvait être parfois du même style que ceux qu’il récoltait maintenant à travers ses petits rouleaux.

Ainsi donc cette pauvre demoiselle s’était échappée d’une maison close. Ce qui expliquait en soit la tenue. L’instant avait dû être très court et avait dû demander une vitesse de réaction impressionnante pour s’en sortir. Et fuir dehors à la nuit tombée lorsqu’une bande de petites frappes s’ajoutait à la partie, on pouvait dire que cette femme en avait dans le ventre. Ce qui pouvait expliquer aussi son calme relatif dans la situation actuelle. En y repensant, Michiki se fit la remarque qu’une demoiselle lambda aurait tout aussi bien pu craquer suite à la pression emmagasinée. Elle par contre était restée assez maîtresse d’elle-même. Ses réactions étaient posées et réfléchies. Pas de crise de panique. Peut-être arriveraient-elles plus tard. Il tâcherait de profiter de l’instant dans ce cas !

Alors qu’il continuait sa cueillette, il fut interrompu en percevant une présence approchant de leur position. Un élément qui ne l’alarma pas outre mesure. Il reconnut sa propre trace de chakra qui imprégnait « l’aura » de son clone revenu de la ville à proximité. Il serait là d’ici quelques secondes. Mais avant qu’il ne fasse irruption, la demoiselle lui adressa une demande plutôt inaccoutumée pour le nécromancien. Elle souhaitait l’accompagner, ne sachant où aller. Le Shinda comprenait mieux pourquoi il ne se portait pas toujours défenseur des nobles causes. La demande le laissa perplexe même s’il restait impassible devant sa tâche. L’arrivée de son clone lui sauva quelques secondes de réflexion supplémentaires alors que sa réplique apporta les vêtements en main propre à leur nouvelle propriétaire. La copie du Fossoyeur disparut, laissant le modèle dans l’embarras de la réponse que son interlocutrice devait attendre. Toujours concentré, il lui dit cependant :

- Je vous laisse vous vêtir plus chaudement le temps que je termine ici. Je me charge de sonder les environs pour que vous ne soyez pas importunés.

Il reportait l’instant fatidique certes mais c’était là son seul moyen pour gagner encore un peu de temps. Alors qu’il scellait les derniers corps sans vie, il ouvrit son esprit pour mieux ressentir encore les présences environnantes. Il ressentit la très faible quantité de chakra habitant dans le corps de son prisonnier et celle de la demoiselle qui s’était mis à l’abri des regards vicieux pour se changer. Rien à signaler jusque-là. Ce qui ne l’empêchait pas de penser à la question qui lui avait été posée. Le voilà bien embêté le coup. Puis il eut une idée. De son bras s’orna un aigle aux allures cadavériques. D’un geste, il le laissa prendre son envol et partir haut dans le ciel. Toujours attentif à son entourage, il ferma un œil en attendant que celle qu’il avait délivrée revienne. Lorsque ce fut le cas, il avait enfin trouvé.

Les règles de mondanité voulaient qu’il fasse au moins un compliment sur la tenue de la dame. Mais dépourvu de ce genre de sentiments, il n’y prêta guères attention, préférant aller à l’essentiel :

- Par cette heure, il serait déraisonnable de vous laisser errer dans les parages. Ce genre de voyous traîne en bande pour pallier à leur faiblesse. J’ai repéré un refuge à quelques mètres de là. Sûrement la cabane où il comptait vous emmener. Il semble n’y avoir personne. Ça ferait un coin idéal pour passer la nuit.

Son aigle lui avait servi de radar aérien alors qu’il avait connecté sa pupille à celle du volatile. A quelques mètres de leur position seulement se profilait un cabanon modeste sans prétention totalement désert. L’endroit serait parfait pour passer la nuit. Se dirigeant vers l’arbre au prisonnier, il détacha ce dernier. L’action le tira de sa torpeur brièvement mais il y fut replongé d’un nouveau coup en pleine tête. Le prenant alors par le bras et le passant derrière son cou, il commença à trainer son fardeau. C’est alors qu’il songea à un autre détail. Il pivota la tête vers la demoiselle et lui demanda :

- Vous n’aurez pas de mal à marcher ? Je peux vous trouver une monture sinon.

C’est alors qu’un loup d’assez grande taille apparut à ses côtés. En même temps, il avait utilisé un jutsu de dissimulation pour ôter l’effet zombie cadavre. Un aspect qui répugnait beaucoup de gens. Ainsi, le loup semblait parfaitement en bon état. Très docile cependant. Mais au moins si elle souhaitait y prendre place le temps de la route, elle serait plus à l’aise. Et si elle refusait, ça éviterait au Shinda de se traîner le gros tout le chemin ! Puis l’essentiel frappa Michiki. Il se maudit de sa bêtise. Il n’avait même pas fait preuve de la plus élémentaire des politesses :

- Pardonnez-moi je me suis présenté mais je ne vous ai même pas retourné la question. Comment vous appelez-vous ?

FIERTÉ RAVALÉE

.

Le shinobi ne répondit pas de suite à sa réclamation. Si elle ne le savait être attentif à ce qui se passait aux alentours, dont à ses propres actions, malgré qu'il était occupé, l'ex kunoïchi se serait demandé s'il avait entendu sa question.

Le clone du nécromancien finit par revenir avec un sac qu'il tendit à la Natsumi avant de s'évaporer. L'original l'invita à aller se changer. Chose que la jeune femme prit pour une initiative pour gagner du temps mais elle ne dit mot et alla se mettre derrière un arbre.

Curieuse de savoir quel genre de tenue lui avait été amenée, La Natsumi examina le contenu du sac avant même de se déshabiller. Elle tira sur la plus grande pièce de vêtement qui se révélait être une robe fendue sur un côté et dénuée de manche. Une tenue plutôt inadéquate pour la saison mais heureusement qu'elle n'était pas frileuse. Mis à part les chaussures qui, quant à elles, devraient tenir ses pieds bien au chaud, les restes n'étaient que des accessoires dont la jeune femme avait du mal à savoir sur quelles parties de son corps elle devrait les placer. Elle se demanda si le double de Michiki ne s'était pas fourni dans un magasin de cosplay.

Après avoir ôté sans ménagement le reste du kimono dont elle avait hâte de se débarrasser, comme pour se débarrasser des dernières traces qui la liaient à cet établissement vicieux, l'ex-kunoïchi resta figée un instant voyant le sceau d'invocation qui avait été tatoué en dessous de son poignet gauche. Celui-ci lui permettait d'invoquer des armes sans avoir besoin d'un parchemin. Après avoir jeté un regard discret en direction du nécromancien et constater qu'il ne faisait pas attention à elle, la Natsumi effectua quelques mudras pour tenter d'invoquer son fouet, qui était son arme fétiche, mais rien ne se passa. Résultat qui assombrit le regard de la jeune femme alors que des images de ses entrainements et combats passés défilèrent dans sa tête. Elle se rendit compte que, finalement, elle tenait plus qu'elle le pensait à sa vie de kunoïchi qu'elle ne retrouverait peut-être plus jamais. Elle examina son ventre pour tenter de desceller le sceau qui bridait son chakra mais ne vit rien.

L'esprit calmé, la jeune femme s'attela à s'habiller. Après plusieurs minutes de galère pour savoir où mettre certains accessoires de son nouvel accoutrement, l'ensemble de sa nouvelle tenue lui plaisait pas mal au final. Elle n'était pas une femme qui se souciait de son apparence mais elle aimait porter des vêtements qui la laissaient libre de ses mouvements. Exigence que sa nouvelle tenue remplissait parfaitement.

La nouvelle tenue de la Natsumi:

Après avoir pris le soin de cacher ses anciens vêtements, comme pour effacer ses traces, elle se présenta face à Michiki et comme elle s'y attendait, le jeune homme ne fit aucune remarque sur sa nouvelle tenue. C'était à peine s'il l'avait regardé mais n'étant pas du genre à apprécier des éloges ou autres conneries du genre, le comportement du nécromancien ne dérangea aucunement la Natsumi.

« Je préfèrerais m'éloigner le plus loin possible de cet endroit si cela ne vous dérange pas. Je ne suis pas fatiguée alors je peux marcher toute la nuit. »

La jeune femme avait peur que le renégat qui était à l'origine de son malheur ne parte à sa recherche après avoir appris ce qui s'était passé. Après tout, il lui avait déclaré qu'il la poursuivrait si elle s'échappait de la maison close. Rester dans le parage était donc dangereux mais elle avait besoin du nécromancien pour la guider mais surtout pour la protéger. Étant un être à l'origine très indépendant, la Natsumi n'était pas très fière de se servir de cet homme mais elle reconnaissait sa faiblesse et que sans protecteur, elle n'allait pas pouvoir aller bien loin.

« Vous n'avez qu'à me conduire dans un village assez loin et je me débrouillerai pour la suite … Je ne voudrai pas vous imposer plus longtemps ma présence. »

En vérité, elle préférerait pouvoir rester à ses côtés pour sa sécurité. Un souhait purement égoïste donc et dont elle avait entièrement honte mais l'être bien vulnérable qu'elle était devenue ne pouvait s'empêcher de s'accrocher à un plus fort qu'elle.

« Merci de vous soucier de moi mais je peux marcher. Vous n'avez qu'à utiliser cet animal pour transporter votre … prisonnier … C'est à moi de m'excuser de ne m'être pas présentée, poursuivit la jeune femme accompagnée d'une légère courbette. Je me nomme Mairu … Nastumi Mairu. »

À cause des actes de son défunt grand frère, son nom pouvait lui porter préjudice mais par culpabilité d'exploiter la gentillesse du nécromancien, l'ex-kunoïchi désirait au moins lui dire la vérité sur son identité au risque de se faire rejeter …

La demoiselle s’était exprimée sur sa volonté pour la suite des évènements. Une planification qui n’avait rien à voir avec ce que le nécromancien avait prévu. Lui qui s’était soucié de la condition de son accompagnatrice, il n’aurait jamais deviné qu’elle était aussi pleine de ressources. Plus le temps passait, plus il se faisait une idée du profil de cette dame. Et le moins que l’on pouvait dire c’est qu’elle n’avait pas froid aux yeux. Il en eut un petit sourire à cette idée. C’était chose rare en ce monde. Soit de doux agneaux, soit de vraies tigresses. Même s’il était encore un peu tôt pour statuer sur le sort de celle-ci.

Ne s’éloignant pas pour autant de leur objectif principal, il rappela à lui son volatile qui vint se poser sur son épaule. Dans la pénombre, difficile de discerner qu’il s’agissait en réalité des restes d’un aigle. Il n’était pas très abîmé pour autant mais il portait bien quelques traces d’une vie vécue il y a longtemps. Ils pouvaient donc oublier la petite cabane non loin. Elle préférait un village. Après tout pourquoi pas. Michiki n’était pas un fugitif sur ces terres. Loin de là même. Il en était presque le maître. A la différence près qu’il l’était par intermédiaire pour ne pas surcharger le Kamui. Mais il n’agissait pas comme un seigneur tyrannique. Il était du genre discret. Son heure de célébrité viendrait bien assez vite. Il n’était pas pressé que cela arrive d’ailleurs. Dans le sens où le fait d’être connu dans tout le pays ne l’enchantait pas. La fonction qu’il y occuperait en revanche serait bien plus plaisante. S’il pouvait opérer dans l’ombre, ce serait le rêve absolu. Mais ce n’était qu’une utopie.

Marchant donc côte à côte dans cette forêt, Michiki profita du signal de sa partenaire de route pour laisser le corps pesant sur le loup à ses côtés. S’ils devaient marcher plus longtemps encore, il n’y avait pas de raison qu’il se fatigue inutile à porter ce fardeau. Sans cette monture improvisée, il aurait sûrement réglé la chose par une facilité de transport par parchemin. Comme ses petits camarades. Ce qui l’aurait déçu car il lui réservait un bien meilleur sort. Tout dépendait d’où on se plaçait d’ailleurs pour qualifier cela de « meilleur » sort. Et ce fut sur la route que la demoiselle finit par s’annoncer. Une brève surprise qui n’empêcha pas le nécromancien de continuer. Le nom de la dénommée Mairu ne pouvait être inconnu qu’à ceux ayant vécus dans une grotte pendant un demi-siècle. Dire que cette fille faisait partie de Natsumi Haru. Michiki se souvint qu’il avait franchi les portes de Kiri. Un comité d’accueil très fourni l’avait accueilli à l’occasion ce fameux jour. Le Shinda n’avait pas été appelé sur place vu le dispositif important déjà mis en place.

Un élément le turlupinait pour le coup. S’ils avaient un lien de parenté directe, comment se faisait-il qu’elle semblait n’être qu’une civile ? Est-ce que les shinobis ne se transmettaient pas héréditairement leur talent ? Pour le coup, cette question l’interloquait quelque peu, mais il se garda de la poser. Cela pouvait s’avérer blessant alors inutile d’en venir à ça. La méchanceté gratuite n’était pas dans ses manières. Il avait bien d’autres défauts mais pas celui-là. Du moins pas ce soir.

Pour autant, il ne laissa pas la pauvre sans réponse. Il avait senti dans sa voix l’hésitation de prononcer ce nom que tant haïssaient. Pour sa part, Michiki n’avait pas eu de différents avec ce Nukenin de renom. Il n’avait jamais fait partie de ses préoccupations premières. Ce qui expliquait notamment son ton posé et sa réaction parfaitement neutre quant à cette annonce :

- Je vois. C’est pour cela qu’ils vous avaient capturés ? A la maison close j’entends. Ceux-là n’avaient même pas l’air de savoir qui était votre proche parent. D’ailleurs, pardonnez ma curiosité mais profitons donc de la route pour discuter si ça ne vous ennuie pas, vous étiez une proche de Haru ?

Michiki aurait bien prononcé des condoléances mais il n’avait pas l’habitude de ces mots dans sa bouche. D’autant qu’il y avait prescription depuis. Et ça ne ferait que tourner le couteau dans la plaie. Il aviserait en fonction de la réaction de la Natsumi après tout. Même s’il s’attendait à un minimum d’interactions. De ce qu’il avait vu du ciel, le prochain village serait assez loin. Alors autant rendre ça instructif !

LASSE DE VIVRE

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La Natsumi lâcha discrètement un soupir de soulagement lorsque le nécromancien accéda à sa requête. Sa demande n'était pas top déplacée en sommes mais l'homme aurait pu très bien prendre la décision de la laisser se débrouiller seule parce qu'il avait mieux à faire que de conduire une parfaite inconnue qu'elle était.

« Mon infortune est liée à mon nom en effet … Vous avez connu mon grand frère Haru !? Je m'en doutais un peu … Je suis vraiment navrée de vous imposer ma présence mais ne vous sentez surtout pas obligé de venir à mon aide. Je sais que les shinobi sont assez occupés pour avoir du temps à accorder à une brebis égarée comme moi … En tout cas, je vous remercie encore de m'ai … »

La jeune femme coupa court ses paroles alors qu'elle disparut soudain. Elle venait de glisser dans un précipice qu'elle n'avait pas remarqué alors qu'ils traversaient un sentier entouré des arbres qui ne laissaient pas suffisamment filtrer la lumière de la lune pour éclairer totalement le chemin.

Après une glissade sur une pente, qui heureusement n'était composée que de la terre, des cailloux, des branches mortes et des plantes inoffensives, elle finit par atterrir, avec fracas, sur les fesses dans un gouffre qui laissait filtrer la lumière de la lune par le seul trou par lequel son corps avait traversé.

Une main au bas du dos, pour tenter d'en soulager vainement la douleur, la Natsumi leva la tête pour constater que, réduite à l'état d'une simple humaine qu'elle était, jamais elle ne réussira à se hisser là-haut.

La lueur de son regard s'éteint soudain alors qu'elle s'allongea sans même avoir pris la peine de se relever pour tenter de voir s'il avait une autre issue possible. Elle en avait marre. Elle était lasse de toutes ces mésaventures qui rythmaient dernièrement sa vie. C'était comme si les Dieux avaient décidé de s'acharner sur sa personne sans pourtant lui accorder le coup de grâce. Ils semblaient s'amuser à la mettre dans une situation délicate pour lui en extirper ensuite de justesse avant de la plonger dans une autre.

Allongée, les bras le long de son corps, elle fixa le trou d'où elle était tombée d'un regard dénué d'émotion. Elle ne se sentait ni triste, ni en paix. Sans même se demander si le nécromancien avait décidé de l'abandonner ou venir, une fois de plus, à son secours, la Natsumi ferma tout doucement les yeux, décidée à se laisser dépérir dans cette grotte qui était peut-être destinée à lui servir de tombe. Elle se disait que de toute manière elle n'avait plus de raison de s'accrocher à cette misérable vie qui était la sienne. Elle n'avait pas d'endroit où aller. Elle n'avait plus de rêve à réaliser, maintenant que son souhait de devenir une grande kunoïchi était réduit en néant, alors à quoi bon s'accrocher à ce monde qui la rejetait ? Et puis, elle était fatiguée de se battre …

Alors que la jeune femme répondait à la question du nécromancien, il s’était intéressée à elle, visuellement parlant. Il la fixait, laissant ses dons de senseur le guider dans le noir. Un talent dont la Natsumi semblait dépourvu étant donné qu’elle n’eut pas le temps de finir sa phrase. Elle venait tout juste de lui exprimer sa reconnaissance et à peine avait-elle fini qu’elle disparut sous ses yeux. Il s’arrêta, ne bougeant pas d’un pouce sa tête ou le reste de son corps pour finir par s’exprimer seul face au vide :

- Mais de rien…

Il finit quand même par sonder l’endroit et découvrit du regard que le sol forestier avait dissimulé une sorte de fosse naturelle qui avait piégé la jeune fille à l’intérieur. La cavité n’était pas très large, ce qui rendait toute intervention personnelle compliquée. Il ne pouvait pas se contenter de descendre lui-même. De plus, même s’il avait eu la possibilité de le faire, il n’aurait pas pu aider véritablement la demoiselle en détresse. Sans chakra, elle n’aurait pu le suivre. Il fallait donc qu’il choisisse autre chose.

Le loup à ses côtés se recula sur ordre mental de son maître. Joignant ses mains paume contre paume, il se concentra avant de laisser ses dextres se détacher lentement l’une de l’autre. En même temps, le sol se fissura un peu plus qu’il ne l’était pour élargir la cavité. Ce qui laissait un peu plus de place en bas et en haut de la crevasse. Puis une nouvelle secousse agita le sol qui se creusa naturellement pour former un escalier partant dans les tréfonds du piège de la Natsumi et ramenant au niveau du Shinda. Ceci étant réglé, il laissa le soin à son accompagnatrice de remonter de son traquenard pour refermer la brèche. C’était le genre de structure qui attirait l’attention.

Maintenant qu’il avait retrouvé sa compagnie nocturne, il put reprendre leur discussion interrompue brusquement :

- Donc pour reprendre ! Non je n’ai personnellement pas connu votre frère mais sa réputation n’est plus à faire.

Il laissa un instant avant de continuer. Il hésita un bref instant. Mais n’étant pas du genre très diplomate, sa remarque sortit quand même :

- Mais une chose m’échappe cependant. Vous ne semblez pas shinobi. Ce qui est assez étonnant quand on connaît votre arbre généalogique non ?

LUEUR D'ESPOIR

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Alors que la jeune femme s'apprêtait à se laisser s'éteindre, le terrain se mit soudain à se mouvoir de façon surnaturelle. L'ancienne kunoïchi ne mit pas longtemps pour comprendre que là était le fruit d'une technique de ninjutsu. Surement le travail de ce Shinda Michiki. Au lieu de lui en être reconnaissant, la Natsumi lui en voulait à cet instant de venir une fois de plus à son secours alors que son unique souhait était de mourir.

Pourquoi donc le destin ne voulait-elle pas la libérer de cette vie qui pour elle était devenue si dénuée de sens ?

Alors que des marches se formaient de la surface jusqu'à ses côtés, comme un message à l'inviter à se relever, la jeune femme resta pourtant allongée. Elle ramena un bras par-dessus ses yeux alors que des larmes ruisselèrent de nouveau le long de ses joues. Combien de fois avait-elle donc pleurer depuis sa capture par ce renégat qui était à l'origine de son désespoir ? Elle ne saurait le compter mais elle avait tellement larmoyé depuis que sa réserve de larmes étaient surement en train de se tarir. Était-elle donc devenue une pleurnicheuse ? Elle, la kunoïchi qui était réputée pour son côté imperturbable. Se remémorant de ce qu'elle avait été et de ce qu'elle était devenue, des larmes elle passa aux rires. Tel un être prit d'une folie soudaine, l'infortunée se mit à rigoler comme une déséquilibrée. Elle trouvait son comportement tellement ridicule et pathétique que cela la faisait ricaner. Rire de son propre malheur, voilà ce qu'elle était en train de faire.

Je dois beaucoup te décevoir, n'est-ce pas grand frère ? Tu dois être en train de secouer la tête de déception depuis l'au-delà voyant à quel point je suis pathétique.

En guise de réponse, l'image de Haru en train de lui sourire à cette époque où il avait été encore à ses côtés revint à l'esprit de la désespérée.

« Voilà donc ta réponse grand frère ? Tu es vraiment trop gentil ! » Fit la jeune femme tout en tendant un bras comme pour attraper une main invisible alors qu'un sourire timide se dessina sur ses lèvres.

Tout doucement, la Natsumi se mit ensuite sur son séant avant de se relever pour grimper les marches qui avaient été sculptées avec perfection dans la terre. On voyait que là n'était pas l'œuvre d'un shinobi de pacotille mais d'un qui avait la parfaite maitrise de sa technique.

« Merci. » Lâcha la jeune femme alors que le nécromancien refermait la brèche qu'il avait créée pour la libérer.

Ils reprirent leur chemin et leur discussion comme si de ne rien n'était.

« J'ai été une kunoïchi mais je ne le suis plus. On a scellé mon chakra alors je ne suis plus capable d'utiliser la moindre technique de ninjutsu … Enfin bon, c'est peut-être mieux ainsi ! Le monde des shinobi n'est peut-être pas faite pour moi. Je suis trop faible pour ce monde bien cruel. Je ne dis pas que la vie d'un simple humain est facile mais peut-être que cela me conviendrait mieux. »

Ces derniers mots résonnaient comme un espoir chez la jeune femme qui, il y avait encore quelques minutes, s'apprêtait pourtant à dépérir sans se débattre au fond d'un trou. Décidément elle était vraiment du genre changeant mais là n'était pas normal pour un être déstabilisé qu'elle était ? Sa vie avait changé de courant soudainement, ne lui laissant aucun contrôle possible sur le revirement. Il était donc normal qu'elle se retrouvât ébranlée mais après avoir revu le beau sourire passé de son grand frère décédé, alors qu'elle se morfondait au fond de ce gouffre, elle avait envie de rire de nouveau. Peu à peu, l'envie de vivre, non, le désir de savourer la vie semblait la gagner.

Une fois de plus, la Natsumi scruta l'être, qu'elle considérait à présent comme son ange sauveur, qui évoluait à ses côtés tout en se demandant jusqu'où il irait pour elle qui était une presque inconnue.

« Vous pouvez me porter s'il vous plaît ? Mes jambes sont fatiguées et je n'aime pas chevaucher un cadavre. » Réclama soudain la jeune femme.

Si elle n'aimait pas effectivement toucher un cadavre, humain ou animal, ses jambes pouvaient cependant la porter mais, tel un caprice d'un enfant, une envie soudaine d'embêter le Shinda la gagnait …

Michiki ralentit le pas pendant l’espace d’un instant lorsqu’il entendit la réponse de la jeune fille. S’il avait pu s’arrêter il l’aurait fait face à une telle nouvelle. Mais ça n’aurait fait que rajouter au drame de cette annonce qui devait déjà être assez pesante pour la demoiselle. C’est ce respect qui le poussa à continuer sa marche, regardant droit devant lui après avoir accordé un regard à la demoiselle.

Perdre ses capacités de shinobi. Michiki ne savait comment il supporterait ça. Très très mal sans doute. D’autant que la jeune Mairu s’était faite capturé ensuite comme fille de joie. Une destinée bien cruelle pour la sœur d’un des Nukenins les plus reconnus de ce monde. Mais le Shinda savait pertinemment qu’il ne pouvait rester sans mot face à ce qu’elle venait d’annoncer. Il prit le temps nécessaire pour la laisser un peu. Avouer ce genre de choses devait demander énormément d’efforts et de prendre sur soi un maximum. Quand il jugea le moment opportun, il s’exprima enfin :

- C’est une noble décision dans ce genre de moment. J’ignore qui étaient ces types qui ont essayés de faire de vous une vulgaire catin, et il désigna de la tête le corps à ses côtés, mais ils ne sont rien face à celui qui vous a fait ça. Vous vous estimez faible mais vous êtes toujours là, debout. C’est déjà énorme lorsqu’on sait ce que vous avez perdu.

Michiki parlait sincèrement. Il lui suffisait de se mettre l’espace d’un instant à la place de la Natsumi pour comprendre que dans son cas, il en aurait peut-être été autrement. Certainement même. Il préféra chasser ses pensées moroses. Une telle idée pouvait lui miner le moral. Asse surprenant quand on connaissait le tempérament du nécromancien. Mais il ne serait justement plus grand monde sans ses capacités de shinobi. L’essentiel de son être s’était tourné vers cette carrière. Sans cela, il serait toujours ce petit enfant perdu et apeuré courant à en perdre haleine dans une forêt brumeuse pour fuir le sang qu’il avait fait couler. Vivre chaque jour dans la honte et dans le plus grand secret. S’il avait survécu bien sûr. Que serait-il devenu sans tout cela ? Sans Kiri ? Il lui était inconcevable de penser à lui en ces termes. C’est pour cela qu’une certaine part d’admiration commençait à naître pour la jeune femme à ses côtés. Sachant que dans son cas, il n’aurait certainement eu qu’un seul courage : se planter un scalpel dans le cœur.

Leur marche continua paisiblement sous le clair de lune. Cela faisait déjà quelques minutes qu’ils marchaient à un bon rythme. Ainsi, l’intervention de Mairu ne surprit qu’à moitié le Shinda. La moitié non surprise comprenait qu’après ce qu’elle avait traversé, elle souffrait de quelques douleurs. Mais l’autre partie était prise au dépourvu par la demande. Qu’il la porte ? Il avait vraiment l’air d’un loubard aux gros muscles. Elle ne semblait pas bien lourde mais il se voyait mal se trimballer avec un tel colis sur le dos. Ce genre de contacts ne le mettait pas vraiment à l’aise. Les souvenirs d’une nuit dans Kiri dans le quartier Kaguya rejaillir mais disparurent aussitôt. Ainsi il se trouvait avec un dilemme. Après ce qu’elle lui avait annoncé, il pouvait au moins faire un geste. Mais le fait de la porter.

Son esprit retors avait plus d’un tour dans son sac. Deux doigts s’élevèrent au niveau de sa poitrine. La position de sa dextre et la concentration de chakra lui permirent alors de faire apparaître de nouveau un clone de sa personne. La réplique à peine apparue fut sollicitée par son créateur :

- Il faudrait que « je » porte la dame s’il me plaît.

Le clone lui-même s’étonna de l’ordre et jeta un regard froid à son original. Curieux sentiment que de se retrouver confronté directement et physiquement à sa propre envie de tuer. Mais le clone n’était qu’une pâle copie. Ce n’était donc pas directement lui qui s’en chargerait. Il laissa donc le soin à son duplicata de faire son office alors qu’il pensait à autre chose. Il s’arrêta et reporta son regard sur Mairu :

- Pardonnez-moi de revenir là-dessus mais je songeais à quelque chose. Je suis moi-même fin connaisseur des sceaux et je pourrais peut-être remédier à votre… « problème ». Si vous le désiriez bien sûr.

Car comme elle l’avait dit plus tôt, la vie de civile pouvait s’avérer plus sereine que celle d’un shinobi. Mais il était important aussi de poser la question, juste au cas où.

ÉPUISÉE

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Ne s'attendant pas à ce que le Shinda lui collerait un clone, la jeune femme hésita à monter dans le dos de la copie alors que celle-ci s'accroupit devant elle pour l'inviter à grimper. Après tout, sa demande n'était pas réellement sérieuse mais juste un caprice enfantin, cependant, ne désirant pas éveiller la suspicion du nécromancien la Natsumi finit par se hisser sur l'être éphémère.

« Merci mais je me demande si ce n'est pas mieux ainsi pour moi. Si jamais l'envie de redevenir celle que j'étais me venait, je penserais alors à votre proposition. En tout cas je vous remercie … pour tout. »

Alors qu'ils reprenaient de nouveau leur chemin, la jeune femme se demanda si le Shinda se montrait aussi attentionné envers n'importe qui mais malgré l'envie, elle n'osa pas lui poser la question. Ainsi, elle se contenta de le regarder discrètement avant de reposer sa tête sur l'épaule de son porteur. Quelques minutes seulement s'écoulèrent avant que les yeux de la Natsumi ne se refermèrent pour tomber dans les bras de Morphée. Finalement, son corps était réellement épuisé. Maintenant qu'elle n'était plus active, la fatigue s'était emparé de son être.

Avait-elle donc aussi confiance en ce Shinda pour dormir ainsi avec insouciance ? La kunoïchi qu'elle avait été n'aurait jamais montré une telle faiblesse même face à un allié. Le fait d'être devenue une simple humaine l'avait donc rendu à ce point si imprévoyante ? Questions auxquelles la Natsumi elle-même ne pouvait répondre car elle était incapable de déchiffrer réellement ce qu'elle ressentait présentement.

Le petit groupe finit par pénétrer au plus profond de la Forêt de la brume. Face au l'air bien frais qui la caressait, la jeune femme gigota légèrement pour se coller un peu plus à son porteur, à la rechercher de sa chaleur alors que les mains de l'endormie se serrèrent à son cou.

« Je rêve, elle est vraiment en train de dormir ? … On s'en débarrasse où ? Lâcha le clone qui se faisait presque étrangler par sa marchandise humaine, tant celle-ci s'était accrochée à lui.
- On ne s'en débarrasse pas. Dépose là à la cabane de Ryûku ça ira très bien » répondit l'original.

Le double prit alors la direction du lieu indiqué. L'endroit était en bien piteux état tant il n'avait pas été occupé depuis longtemps. Le clone pénétra la cabane puis déposa son fardeau sur un lit poussiéreux où devraient grouiller bien des cafards. La Natsumi se mit en position fœtale pour se protéger du froid alors qu'elle dormait toujours avec insouciance …

A peine arrivé au cabanon de l’ancêtre que le clone déposa l’ancienne kunoichi sur le lit. Cette dernière s’était effondrée de sommeil à peine sur les épaules de la copie du Shinda. Ce dernier s’était rendu en ce lieu qu’il n’avait pas vu depuis bien longtemps. L’endroit était si familier et si lointain dans son esprit. L’énergie émanant de ce lieu lui rappelait tant de choses. Et surtout l’ancien propriétaire. Tous les mystères l’entourant. Un sourire machiavélique ornait son visage alors qu’il entreprit de fouiller l’endroit.

Il en avait déjà visité le moindre recoin lorsqu’il avait assassiné son ancien senseï. Mais ce dernier était doué pour faire des cachoteries. Quitte à ce que cette fille passe quelques jours ici, il préférait s’assurer lui-même de ce que l’endroit contenait. Histoire qu’elle ne tombe pas par hasard et innocence sur quelque chose qu’il convoiterait réellement.

Heureusement que l’endroit n’était pas grand. Aidé par son clone, Michiki se mit à inspecter à nouveau la chambre où il avait déposé la jeune Mairu. Il faisait tout cela dans le calme le plus absolu pour ne pas la réveiller. Après ce qu’elle venait de traverser, elle avait bien mérité du repos. Elle qui souhaitait maintenant assumer sa condition de civile. Il n’allait pas la forcer après tout. Cette dernière l’avait remercié de son aide et de sa proposition pour tenter de déjouer le sceau qui la retenait prisonnière de sa condition actuelle. Si elle changeait d’avis, elle saurait où trouver le nécromancien. Il repasserait discuter avec elle à un autre moment. Pour l’heure il fouillerait l’endroit et lui laisserait une note avant son départ.

Une bonne heure après, il avait terminé de regarder absolument partout. Senseur qu’il était, il avait profité de ses capacités qu’il n’avait pas autrefois pour sonder la zone, au cas où un autre mystère lui aurait échappé. Rien de notable. Il repartit dans la pièce à vivre principale. La jeune Natsumi était toujours couchée. Il sortit donc de quoi écrire alors que son clone disparaissait à ses côtés.

Spoiler:

La note termina donc sur la table. Il déposa un verre sale dessus pour l’empêcher de bouger avant de prendre la direction de la sortie. Ce fut une fois sur le seuil qu’il s’interrogea. Pourquoi agissait-il ainsi après tout ? A cause de la lignée de la jeune fille ? Non c’était parfaitement idiot. Elle était inoffensive maintenant. Donc pourquoi se soucier d’elle ? Par sollicitude ? C’était assez inhabituel chez le nécromancien qui agissait toujours pas intérêt. Il secoua la tête, chassant ses pensées et interrogations. Puis il disparut dans la nuit, réfléchissant à d’autres choses. Notamment après ce moment de nostalgie dans cette maisonnée. Son travail sur la Nécromancie n’était pas abouti. Un lieu à proximité pouvait lui offrir certaines réponses. Mais surtout certaines compétences pour l’avenir.

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