- Dis, Kirtash ?

- Hmm ..?

- T'y crois toi, au destin ?

- Non, ô Reine. Le destin n'est qu'un concept imaginé par les mortels pour leur donner l'illusion que leurs vies misérables s'arrangeront, en vain.

- Ah. Ça a le mérite d'être clair.

- Il ne sert à rien de tergiverser, Reine. Les choses sont noires ou blanches, et très rarement grises.

Je ne pouvais qu'opiner du chef, lentement.

Pourtant, je ne sais pas. Il y avait quelque chose d'étranger dans l'air. C'était pourtant une nuit d'été douce comme une autre. Mais il y avait un goût de ... Destinée. Comme si à la nuit des temps, il avait décidé que je me retrouverai ici pour accomplir tel dessein. Comme si cela s'était déjà produit, auparavant. J'avais fermé les yeux, pensive.

- Il approche, ô Reine.

- Je sais. Tu peux me laisser, je saurai gérer ça.

Kirtash s'était contenté d'émettre un infime sifflement, avant de disparaître dans un petit nuage de fumée. Le serpent était un sage conseiller, mais ce genre de personnes n'avaient rien à faire pour les choses que je m'apprêtais à commettre. Un grand sourire s'étirait sur mes lèvres, alors que de ma démarche féline, je m'avançais d'un unique pas. Me stopper, alors que je humais l'air. Envie de sang. Envie de meurtre.

C'était une belle nuit pour tuer, en effet.

Je me croquais les pouces à l'aide de mes canines. J'apposais mes paumes sur le sol, alors que les runes se dessinaient d'un noir d'encre, occultée par la pénombre. Et voilà que sortait l'immense couleuvre blanche Sasuke, le Premier Garde de sa Majesté. Il siffla, peu discret. Mais il n'y avait plus besoin de l'être. Après tout, il savait déjà que j'étais là. Et je savais qu'il était là.

Et maintenant ? On attend. Après tout, ce serait malpoli pour mon invité.

Je pouffais de rire, ma silhouette découpée au clair de lune.

Spoiler:

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Il était là, le déserteur. Arrogant. Inconscient de la condamnation prochaine.

J'étais assez heureuse, au fond. Après tout, n'avons-nous pas une célébration à fêter ? Celle de la mort d'une écharde au pied de la belle et grande Kiri ? Je pouffais de rire, toute seule. D'un rire assez désagréable. Je me dégoutais un peu au fond. Je méprisais autant Kiri que ce déchet qui était devant moi. J'avais pu le suivre, et à aucun moment il ne l'avait remarqué. Ou si il l'avait remarqué, alors, il n'avait rien fait pour le montrer. Il devait être si confiant dans sa force ... Oh oui. C'est si confiant à cet âge là. Cela dit, j'dois pas être si vieille en fait. Mais j'étais carrément plus parano.

Une demoiselle qui t'attend dans un endroit paumé où personne peut te venir en aide. Avec un immense serpent. Avec un sourire de psychopathe. Ça faisait quand même beaucoup trop de trucs qu'il faudrait éviter d'ignorer si on tient un tant soit peu à sa vie. Vie à la quelle il ne tenait pas, définitivement. Quelqu'un est assez sûr de sa force pour venir te rencontrer, avec des intentions clairement belliqueuse.

Tu fais quoi ? Tu ris un bon coup. T'attends qu'elle attaque en premier. Après tout, si ça se trouve, c'est complétement par hasard qu'elle est ici ! Avec son immense serpent ! Bah oui bien sûr ! Et si ça se trouve même, on pourrait même devenir bons amis ! Ah ! Ah !

Ah.

Je ne souriais plus. J'avais juste envie de le démolir pour sa stupidité pathologique. Puis, il faut avouer qu'il avait une prime pas dégueu' sur sa tête, ça valait le coup de l'abattre. Joindre l'utile à l'agréable, voilà la clé pour se sentir bien dans le travail qu'on occupe ! C'est pour ça que je me suis penchée vers Sasuke, mon regard doré toujours dardé sur celui de l'ancien Kirijin, alors que je disais d'une voix audible.

- Sasuke, vise la gorge. On est là pour tuer.

- A vos ordres, Reine.

Le démon ne pouvait plus se tromper sur mes intentions, elles étaient bien trop claires. Et voilà qu'à peine redressée, en compagnie de mon familier, je chargeais. On avançait rapidement, mais on prenait soin à rester l'un à coté de l'autre. Notre survie en dépendait. Car même si notre cible n'était pas d'un intellect très développé, sa puissance était d'une certaine mesure. Vivons heureux, vivons prudemment. C'est ce qu'aurait dit Motoko-chan. Mais on s'en moque de ce qu'elle dit. Visons la gorge, visons le cœur. Tuons-le. Nous étions à portée de corps à corps en à peine quelques secondes, et nos assauts désormais s'abattaient sur lui. Sasuke abattait ses longs crochets par deux fois sur l'inconscient, alors que moi, dans un rugissement féral, abattait ma queue féline avec une rare sauvagerie.

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