J’avais vécu toute mon enfance dans la nature, ne traversant que rarement les grandes villes. Par conséquent, je n’avais jamais eu d’admiration pour les grandes infrastructures ou pour les monuments, mais là, face à la grandeur que j’aperçus en traversant ces portes, je ne pus qu’admirer la beauté des lieux. Enfin, ce n’était pas vraiment beau, mais c’était majestueux, une quantité de métal telle que je n’avais jamais vu, et ce, au milieu des montagnes de Kaminari. Je ne pus me décider sur ce qui était le plus impressionnant entre la construction de ce lieu et le secret de son existence et de son emplacement. Il n’y avait rien d’artistique dans sa construction, mais cela n’enlevait en rien le respect qu’il imposait envers ses fondateurs.

Récupérant une nouvelle torche alors que la mienne était sur le point de s’éteindre, je me mis ensuite en quête de visiter ce lieu qui m’intriguait au plus haut point. En examinant un peu, je me rendis compte que personne n’était venu ici depuis de nombreux mois. Malgré cela, on pouvait tout de même voir que quelqu’un avait rénové le village pour le transformer en zone d’entraînement. Je ne pouvais en être sûr, mais je ne connaissais qu’une seule personne disposée à faire cela et il s’agissait de Kisen. Sa mort pouvait également expliquer la raison de l’abandon de ce lieu malgré les travaux engagés. Suite à celle-ci, son clan avait connu quelques problèmes dont je n’avais pas eu connaissance, mais il était évident que le comportement exemplaire du jeune Bannin avait fini par jouer un lien entre le village et le clan, qui s’était brisé avec lui. Il avait été le seul membre à réellement participer à la vie du village et après son départ, beaucoup de ses congénères décidèrent de bouger dans le nord de Kaminari.

Un petit cours d’histoire pour expliquer ce que me faisait penser que ce lieu à l’abandon ne risquait plus d’intéressait beaucoup de monde parmi les rares capables de se rappeler son emplacement. Alors, bien sûr, ce lieu dans la montagne ne reflétait plus vraiment sa splendeur d’antan, mais les travaux de rénovation suffisaient pour le rendre habitable. Le confort était rudimentaire et la lumière faisait vraiment défaut, mais le terrain d’entrainement était immense et le secret autour de ce lieu en faisait un véritable perle. Je n’en voyais pas immédiatement l’intérêt, mais je savais que celui-ci allait bien finir par se faire sentir un jour.

Je n’avais pas vraiment le temps de m’occuper d’un lieu tel que celui-ci, mais cela pouvait toujours être pratique en cas de besoin. Il était évident par contre, qu’avec une maitrise du Doton, voire du Kinton, j’aurais été bien plus en mesure de faire cet endroit un abri parfait si je venais à devoir quitter Kumo à nouveau. Il pouvait également m’être utile si j’avais besoin de me cacher ou même si je voulais me créer une base secrète pour des plans machiavéliques, impliquant ou non, la destruction de l’espèce humaine.

Si je réfléchissais autant aux possibilités de ce lieu, c’était surtout qu’après les heures interminables nécessaires pour l’atteindre, j’avais espéré un peu trouver quelque chose d’utile. Et malgré l’intérêt que je lui portais, je ne pouvais pas en faire grand chose pour le moment. Donc, lorsque j’eus fini de tout visiter, je retournai voir Karyuudo qui devait encore s’impatienter à cause de moi. Le chemin de retour fut beaucoup plus simple que l’aller puisqu’il me suffisait de suivre mes propres traces pour trouver la sortie. Je tombai celle-ci face à un chamois à moitié mangé. Karyuudo était rentré au village, c’était normal, il n’avait pas à m’endurer ainsi. Saisissant alors une patte de l’animal, je rentrai également au village en trainant le corps, ce n’était pas beau à voir, mais je n’avais pas l’intention de gâcher la moindre parcelle de viande.