L’original avait pu récolter toutes les informations reçues par ses clones. Kawaguchi Tsukiko s’était montrée odieuse et ridicule ; Jisetsu Uji était aveuglé par le désir de retrouver son épée et Alpha lui avait donné l’endroit probable où chercher ; Saibogu Kanpeki n’était pas utile pour l’instant et Shinda Michiki était prêt pour la première étape du plan. Au final, sur quatre candidats potentiels, seul un avait rejoint les rangs de la vraie Corporation pour les prochains jours au moins.

Lorsque le Shinda rejoignit l’Autocrate au sud de la ville, il put apercevoir l’homme en question converser avec une silhouette fine mais recouverte d’un large tissu qui cachait tout d’elle. L’ouïe du Nécromancien avait beau être fine, il ne put entendre que l’apparente fin de la conversation.

» … est mort. Donne l’ordre à la Ruche de reprendre sa configuration initiale puis dès que ça sera fait, qu’ils concentrent les recherches de la fille dans tout Kaze no Kuni. Et fais transmettre les instructions suivantes aux Singuliers. Toutes les cibles doivent être capturées, seule une ou deux exceptions seront tolérées. Si certaines sont introuvables, considérez-les dans l’enceinte de Suna.

Alpha remit une enveloppe très fine à la silhouette, qui quitta les lieux immédiatement. Arrivé à sa hauteur, Shinda Michiki semblait prêt pour le voyage. Tête penchée et rictus affiché, l’Autocrate regarda le nécromant de haut en bas. L’heure de partir avait sonné.

» Avez-vous trouvé tout ce dont vous aviez besoin ? Si oui, nous pouvons y aller. Je vous laisse passer devant, car comme vous devez vous en douter, le Daimyô de Mizu no Kuni est en route pour aller assister à l’épreuve finale de l’Examen. Et en tant que Gouverneur du Shûkai pour le Pays de l’Eau ou futur Gouverneur, je suis certain que vous avez une idée de son itinéraire.

Mettre la main sur le seigneur du Pays de l’Eau était important, mais pas crucial. Pourtant, Alpha n’avait pas envie de subir un échec, surtout quand il se savait accompagné d’un expert des terres de Mizu no Kuni et de ses coutumes. Il n’en avait néanmoins pas oublié les politesses et la forme, malgré une hâte qu’il exprimait plutôt peu pour le moment.

» Et naturellement, si vous avez la moindre question, posez-la moi durant le trajet.

Amnésique durant les dernières semaines, Alpha n’avait pas eu le temps de se mettre à la page concernant les liens entre l’Empire et Mizu no Kuni. Tout ce qu’il savait, c’était que Shinda Michiki était un homme plus ou moins lié à Samui Kakeshuou et de fait, l’homme qui était ou allait être le plus important côté shinobi et Shûkai après le Daimyô lui-même. Alors que le Nécromant ait des questions quant à la capture du seigneur de son pays, cela serait justifié.

Spoiler:

Marchant à présent parmi les boutiques de la ville, Michiki promenait son regard sur les étals pour trouver ce qu’il cherchait. Il déposa une main sur un des rouleaux à sa ceinture. Un parchemin vierge qui aurait pu accueillir les corps des tenanciers du bar où l’Autocrate avait conversé avec Michiki. Mais ce dernier s’était ravisé. Il ignorait encore parfaitement à qui il avait affaire. Aussi préférait-il aller dans son sens.

Malgré le fait qu’il était légèrement moins puissant que lui, ce genre d’indications ne signifiait rien. La finalité d’un affrontement ne se résumait pas seulement à la différence de la réserve de chakra initiale. Même si dans le cas présent, aucun conflit n’opposait les deux hommes. Et le Shinda ne tenait pas à ce que ça commence. Il avait donc pris ses précautions en menaçant verbalement le couple de les retrouver dès lors qu’ils oseraient parler de leur visite. Ils ne pourraient rien répéter n’ayant rien entendu. Juste signaler leur présence. Mais ils allaient vite disparaître de toute façon.

Après s’être montré très explicite sur le sort des balances, Michiki avait donc rejoint le centre-ville en se faisant le moins remarquer possible. Paradoxal quand on voyait comment cela avait commencé. Mais il parvint tout de même à récupérer certains outils ici et là pour se reconstituer un arsenal de base. L’essentiel pour qu’un shinobi puisse se débrouiller en somme. Ceci étant donc accompli, il put se rendre au point de rendez-vous. Lorsqu’il y arriva, il repéra une tierce personne présente qui parlait avec son acolyte. Mais de qui s’agissait-il ? Une femme semble-t-il. Elle disparut peu de temps après que le Shinda arrive face à l’Autocrate qui s’adressa normalement à lui.

- Oui je n’ai eu aucun mal à trouver du matériel. Nous pouvons nous mettre en route.

Il lui laissait la main étant plus renseigné sur la topographie de Mizu et sur le Daimyô du pays. En effet, le Shinda était plus ou moins sûr du parcours qu’aurait à prendre le Seigneur du pays de l’Eau. Mais il ne fallait pas traîner. Raison pour laquelle il entama la route. L’Autocrate agrémenta son discours d’une information utile, il laissait le soin au nécromancien de le questionner un peu plus. Il faut dire qu’ils avaient encore de la route à faire avant d’arriver à destination. Et il ne serait pas de refus d’avoir quelques sujets de discussion. A commencer par :

- Qu’est-ce que le Daimyô a à voir avec la Corporation ? Il travaille pour eux ? Je ne le portais déjà pas dans mon cœur alors si c’est pour en rajouter une couche il sera servi.

Cette première principale question étant posée, il laissa le soin à son accompagnateur de lui répondre avant d’en venir à une nouvelle question :

- Et qui était cette femme avec qui vous conversiez ? Comment vous a-t-elle trouvé ?

Elle n’était pas avec eux dans le repaire de la Corporation. Elle ne faisait même pas partie des prisonniers. Alors quel était son rôle dans toute cette histoire et qui était-elle ? Des éléments bons à savoir pour la suite par précaution. La route serait longue, les faisant traverser tout Yu no kuni pour prendre un ferry en direction de l’archipel. Avec un peu de chance, le Daimyô ne serait pas encore parti. Dans le pire des cas, il sera sur les routes de Mizu et il ne devrait pas être trop difficile pour le Shinda de l’y retrouver. La première préoccupation étant de le trouver et la seconde se poserait en temps voulu. Comment le soutirer à sa garde ?

Mudarame Sanajiro
Daimyô de Mizu no Kuni

Aujourd’hui était un jour à marquer d’une pierre blanche. Pour la première fois depuis longtemps, le Daimyo de Mizu no Kuni allait enfin sortir des terres de son pays. Il lui est arrivé plusieurs fois, par le passé, de sortir de son territoire afin de pouvoir assister l’ancien dirigeant dans ses tâches. Mais depuis qu’il a pris ses fonctions en tant que Seigneur du Pays de l’eau, il ne pouvait se soustraire à de tels moments de liberté. La reconstruction du pays suite à la destruction du village de Kiri ne pouvait lui permettre de se déplacer comme il le souhaitait ailleurs, il ne pouvait laisser « sa maison » dans le chaos. Même après son allégeance à l’empire Shinobi, il restait encore beaucoup à faire : des annonces des préparations au renouveau, de l’encadrement des travaux. Bref, peu de temps pour profiter de quelques vacances.

Et pourtant, aujourd’hui, ces « vacances », il allait pouvoir en profiter. Même s’il était contre cette idée, l’empereur et les différents seigneurs féodaux avec qui il eut l’occasion de garder contact lui ont annoncé la tenue des évènements qui allaient se dérouler à Suna, à savoir, l’examen afin de nommer les futurs Chûnin des différentes grandes organisations militaires. Il y aurait donc des représentants de Suna, bien évidemment, de l’Empire, de Konoha et de Kumo. Il fut un temps où lui aussi possédait sa propre force armée. La mélancolie de pouvoir montrer la puissance du pays de l’eau restait au fond de son être, mais voir l’effervescence des jeunes pousses de ceux qui étaient censés le défendre à l’avenir pouvait être tout aussi intéressant.

Le voilà ainsi à Ta no Kuni, son voyage ayant débuté il y a quelques jours, le temps de quitter l’archipel afin de rejoindre le continent. Il n’était point seul, bien évidemment, il était hors de question de le laisser se balader sans protection. Toujours à ses côtés se trouvaient ses deux gardiens, des Shinobis originaires de Kiri, avant sa destruction, qui avaient choisi de jurer fidélité au seigneur du pays. Se déplaçant à côté de lui, ils étaient préparés à toutes sortes d’éventualités, qu’elles soient bonnes ou mauvaises, et n’hésitaient pas la moindre seconde d’utiliser leurs arcanes ninjas afin d’éliminer quiconque attenterait à la vie de leur seigneur.

Gekei Hibiki & Akabane Shunpei
Protecteurs du Daimyô de Mizu no Kuni

Se trouvant ainsi dans une calèche, l’on pouvait voir Hibiki se trouvant assis, sur le toit du véhicule, posté en tant que tourelle de surveillance au cas où quelqu’un approcherait, prêt à intervenir le cas échéant. À l’intérieur cependant, se trouvaient en face-à-face le Daimyo et Shunpei, qui restaient à s’observer en silence afin de déterminer les intentions de l’autre. Pour quelle raison ? Tout simplement parce qu’ils s’affrontaient au Shôgi, afin de faire passer le voyage. Sur la demande de Sanejiro, il devait faire en sorte de se montrer comme un adversaire de taille. Il savait très bien que son maître n’accepterait jamais une victoire facile, et pourrait lui demande de se démembrer un membre pour cause.

« - Et bien, et bien. Toujours aussi offensif à ce que je vois.
- Vous voulez que je change de style de jeu, mon seigneur ?
- Non, non. Contente-toi de me surprendre, Shunpei.
- Ai, Mudarame-dono. »

De son côté, Hibiki mettait ses sens en éveil, et plus particulièrement son odorat. De par une transformation partielle de sa physionomie, ses attributs canins lui donnaient la possibilité de détecter quiconque pénétrerait la zone. Ce n’était qu’une mesure de précaution usuelle, mais bon, on est jamais trop prudent, comme il le disait. Restait à savoir si cela allait leur être utile ou non…

PS:

Ils étaient partis aussitôt, mais il était difficile d’imaginer que le Shinda n’ait pas de question à poser. Depuis qu’il le connaissait personnellement, Alpha avait pu s’en faire le portrait d’un homme qui aimait conserver la meilleure main, sans mauvais jeu de mot. Ainsi, le Nukenin savait que plus il serait mystérieux devant son interlocuteur, moins il pourrait compter sur sa fidélité. C’était donc une corde sensible, sur laquelle il devait faire attention de bouger sans trop jouer, même s’ils avaient désormais un objectif commun.

Shinda Michiki n’avait aucun intérêt à tendre un piège à l’Autocrate. Il ne lui restait qu’un bras et il n’avait strictement aucune raison d’en vouloir à celui qui l’avait en quelque-sorte sauvé. Leurs ennemis étaient communs, et tant qu’Alpha n’attentait pas à la vie du Daimyô de Mizu no Kuni, il se savait en sécurité. Et il n’avait pas réellement envie de prendre le pari, ne connaissant pas exactement les récents liens qui pouvaient unir le probable Gouverner mandaté par le Shûkai et le Seigneur de l’Eau.

» Travailler pour la Corporation ? Non, je ne pense pas. Néanmoins, il a peut-être été au contact de l’un des Huit. Mais vu ce que vous me dites, je préfère préciser quelque-chose : nous n’allons pas nous attaquer à sa diligence, du moins nous essaierons de nous passer de l’utilisation de la force.

Plusieurs raisons à cela : le nombre inconnus de gardes qui pouvait encadrer le Daimyô, une confiance encore partielle envers les capacités de Shinda Michiki et une amnésie de plusieurs mois qui avaient laissé des séquelles au corps d’Alpha. Non, il faudrait utiliser une approche moins radicale. Et pour cela, il avait une petite idée…

Le voyage dura moins longtemps que prévu, puisqu’ils repérèrent le convoi du Daimyô plus vite qu’espéré. Sans être sortis des terres de Ta no Kuni, ils pouvaient passer à l’action. Est-ce qu’ils étaient déjà repérés ?

» La femme que vous avez vue est la seule personne à qui je fais pleinement confiance, et il y a une bonne raison à cela. Elle m’a retrouvée parce qu’elle a reçu un message que je lui ai envoyé pendant mon entrevue avec la Saibogu. Mais passons, si le convoi est bien dans cette direction, il est temps d’y aller. Si vous voulez dissimuler votre apparence, faites-le, cela m’est égal. Mais par pitié, n’attaquez que sur ma demande ou pour nous défendre, c’est primordial.

Un vocabulaire qui nuançait l’aspect de leader qu’avait depuis quelques temps adopté Alpha. Forcément, lorsqu’on avait fondé et été le chef de l’organisation la plus secrète et vaste au monde, on ne pouvait parfois pas se passer de donner des ordres. Mais Michiki comprendrait, il en était convaincu.

Sur quoi l’Autocrate se rapprocha dangereusement du convoi avant de faire un bond qui le fit apparaître à la vue des envoyés de Mizu no Kuni. Un conducteur, deux gardes… et le seigneur. Rien d’impossible si le combat devait s’imposer. Le Nukenin ôta sa capuche, dévoilant un visage balafré mais accompagné d’un rictus amical.

» Seigneur Mudarame Sanajiro, veuillez pardonner d’interrompre votre voyage… Mais ce dernier doit être annulé, pour deux raisons.

Aux côtés de l’Autocrate, le Nécromant devait sans doute se tenir sur ses gardes. Nul doute qu’en ce moment même, c’était ce dernier qui était le plus fort du duo.

» La première est que je souhaiterais m’entretenir avec vous. La seconde est plus grave : la Corporation et le mouvement de la Nation vont attaquer Suna lorsque l’épreuve finale de leur examen aura amenée des milliers de personnes. Bien entendu, si vos gardes veulent vous suivre, je n’y verrais pas d’inconvénients.

Il marqua une très courte pause, pour reprendre immédiatement ensuite afin de conclure sa demande.

» L’enjeu est grave, mais sachez que je n’ai nullement l’intention de vous causer le moindre tort. Et je peux vous promettre de donner une réponse à chacune des questions qui vous taraudent l’esprit en ce moment même.

Alors que le duo entamait sa route, Michiki obtenait à chaque pas les réponses à ses interrogations. Ce qui lui permit à terme de se faire une meilleure idée de leur expédition du jour. L’Autocrate s’était montré un peu plus précis à propos de leur rencontre avec le Daimyô.

Heureusement, ses consignes restaient dans la même lignée que le plan escompté par Michiki. Il ne prévoyait pas d’attaquer immédiatement de front. Cela demanderait une technique de camouflage dans un premier temps et ce serait une dépense de chakra constante qui pouvait coûter cher lors d’un combat. La priorité ne serait donc pas à la violence, quand bien même le Shinda n’était pas un grand ami de la cible.

Son entêtement à vouloir préserver Mizu à l’abri de la convoitise du Shûkai avait bien failli coûter des mois d’efforts au nécromancien. Sans son stratagème de dernière minute lors de leur dernière entrevue, le Daimyô en serait encore à tergiverser sur lequel des partis en présence ce jour-là méritait de poser le pied sur son archipel qui n’avait plus rien d’une de ses propriétés. L’endroit retrouvait peu à peu son calme et sa pérennité d’antan depuis l’installation des troupes du Shûkai menées par le Fossoyeur. Mais pour autant, il n’oubliait pas que cet homme qui leur avait cédé autorité, avait bien failli pactiser avec un ennemi tel que Kumo. Et Michiki pouvait avoir la rancune facile. Il la mettrait de côté aujourd’hui pour pouvoir remplir sa mission.

Mais alors qu’ils progressaient vers leur objectif, une sensation étrange envahit l’ex Kirijin qui se stoppa net en plaçant son bras sur le côté pour arrêter la marche de son compagnon. Une présence sur le chemin. Plusieurs hommes. Et l’aura de celui qu’il recherchait. Il faut croire que la providence leur apportait sur un plateau ce qu’ils souhaitaient. Un sourire aux lèvres, le Shinda se réjouissait de ne pas avoir à mener une enquête alambiquée pour cette opération. Restait donc maintenant à définir leur approche.

L’ancien leader de la Corporation lui distribua les ordres. Rien de bien compliqué : ne pas attaquer. Et éventuellement se cacher. Mais au vu du mouvement du convoi, les deux hommes avaient déjà été repérés. Un senseur devait les accompagner. Une technique de camouflage serait inutile pour le nécromancien. Et lorsqu’il vit la stratégie employée par son accompagnateur, il lui emboita le pas. Une marche à découvert pour bien se présenter face à la cible et exprimer la volonté d’une audience. Ainsi présenté, l’Autocrate avait plus de chances d’être éconduit et embrigadé dans un cachot. C’est pour cela que Michiki se félicita tout seul de sa présence. Il apparut peu de temps après derrière le Nukenin et dévoila son visage au grand jour.

- Seigneur Mudarame, je pense que vous vous souvenez de moi. Shinda Michiki. J’accompagne cet homme car je sais que ce qu’il a à vous annoncer est de la plus haute importance. Croyez bien que je ne prendrais pas de risque pour préserver l’alliance qui existe entre notre pays et les hommes de l’Empire avec qui j’ai personnellement trouvé un accord. Permettez donc que mon allié ici présent vous fasse part de ses préoccupations.

Le Shinda espérait au moins que cette présence marquerait une garantie qui laisserait l’occasion au Daimyô d’accepter l’entretien. Il avait déjà été compliqué de le voir la première fois, alors il espérait que la seconde se passerait mieux.

Mudarame Sanajiro
Daimyô de Mizu no Kuni

La route en direction du pays du sable semblait se dérouler sans problèmes jusque-là. Malgré ce qui semblait être un temps peu propice au voyage, de par le manque de visibilité, ceci n’était pas un problème pour le petit groupuscule. Sanajiro était un homme qui n’aimait pas se faire attendre, et faisait toujours d’être le premier arrivé sur le lieu d’un rendez-vous. Cependant, vu l’heure tardive à laquelle était arrivée son invitation, il n’avait eu guère le choix que d’avancer dans ces conditions, s’il ne voulait pas arriver plus en retard qu’il ne l’était déjà.

Cependant, au cours de son trajet, et donc, de sa partie serrée de Shôgi avec son garde du corps, Hibiki laissa sa tête apparaître, à travers de la fenêtre. Toujours posté sur le toit, il informa le seigneur qu’il avait senti la présence de deux personnes s’approchant d’eux à très grande vitesse, et surtout, qu’il reconnaissait parmi eux l’odeur de Shinda Michiki, qu’il avait pu rencontrer lors de la réunion décidant de l’avenir de Mizu no Kuni. Le Daimyô demanda alors, dans un calme olympien, à ce que l’on arrête la diligence. Il savait très bien que Michiki n’avait aucune raison de l’attaquer, surtout en ne prenant même pas le soin de cacher sa présence ou d’approcher de manière plus subtile.

Presque aussitôt, voilà que les deux poursuivants se placèrent devant le convoi, bloquant ainsi la route. Alors que le Gekei sauta afin de se mettre en face des cheveux, Shunpei ouvrit rapidement la porte pour laisser le seigneur sortir et l’accompagna afin de rejoindre leur collègue. Ainsi, on pouvait voir d’un côté Shinda Michiki, le visage toujours caché, accompagné d’un inconnu, et de l’autre, Mudarame Sanajiro, avec ses deux gardes qui avaient posé genou à terre, en attendant la suite des instructions. Il savait de qui il s’agissait, mais choisi de les laisser se dévoiler d’eux même. La main tenant fermement son sceptre de marche, il prit la parole.

« - J’espère que vous ne m’arrêtez pas pour une broutille. Nous avons encore de la route à faire pour atteindre le village du sable, et je n’aime pas arriver en retard quand j’ai pris un engagement... »

Ce ne fut pas l’homme aux lunettes qui prit la parole en premier, mais l’inconnu encapuchonné, qui pour l’occasion, dévoila son visage balafré. Il annonça ainsi clairement ses intentions, en déclarant que le Daimyô devait arrêter son voyage dès maintenant. Le visage du vieil homme devint plus sévère, mais il resta silencieux à écoutait sagement les paroles de l’homme. Il annonça ainsi qu’en plus de vouloir s’entretenir avec lui, il y avait une menace qui planait sur Suna, le jour de la dernière épreuve. Voilà de quoi attirer l’attention du Daimyo. Finalement, Michiki révéla son visage à son tour, invitant Sanajiro à écouter les dire de celui qui se présentait sous le nom de l’Autocrate. Son visage toujours sévère, son regard allant entre les deux en face de lui, il soupirait en prenant la parole.

« - Je n’aime pas arriver en retard, mais je détesterais encore plus d’arriver avec mes vêtements recouverts de sang. »

Une simple menace ouverte sous la forme d’une boutade afin de clairement annoncer que non seulement, il comptait tout de même aller à Suna, mais qu’en plus, il n’hésiterait pas à employer la manière forte. Les deux gardes derrière lui étaient prêts pour le combat, mais en l’absence du moindre signe de leur maître, ils restèrent à leur position respective. Voyant que Michiki ne semblait être qu’un accompagnateur à cette occasion, il garda son œil valide en direction du balafré, pour entamer la conversation.

« - Aussi, je suis prêt à vous écouter. Mais avant toutes choses, il y a des questions qui mériteraient d’être répondus. Je n’aime pas devoir écouter les ordres ou demandes d’un homme dont je ne connais pas le nom. »

Lui laissant le temps de répondre, il attendit jusqu'à que ce soit fait, avant de continuer.

« - Ensuite, comme toute personne qui a un semblant d’intelligence, je devine que si vous avez accès à une telle information, c'est que vous êtes lié en partie à cela. Et donc, à qui ? La « Nation » ? La « Corporation » ? » »

Après cette phrase, il laissa sa main faire quelques allers-retours dans sa barbe, habitude qu’il avait quand il réfléchissait aux mots qu’il allait sortir. Ne le laissant point le temps de répondre aux questions précédentes, il reprit une dernière fois la parole.

« - Et surtout… Navré, mais je suis loin de croire que « l’altruisme » existe dans ce monde. De ce fait, si vous voulez m’éviter de passer de vie à trépas, c’est que cette entrevue ne s’arrêtera pas là, et que vous aurez besoin de moi à l’avenir. Alors, ne tournez pas autour du pot, et dîtes moi ce que vous voulez que je fasse pour vous, que je puisse vous dire directement oui ou non. »