Il est des mystères que l’on ne saurait éclaircir. Cela est particulièrement dur dans des zones d’ombre. Des zones où personne ne doit avoir accès. Des zones dont l’Ombre n’est que le prolongement de la Lumière … .

Alors que l’entraînement devait se prolonger, Kibô avait été envoyé à l’hôpital suite aux blessures reçues par son précédent entraînement avec le nouveau Maître du Shukaï. Ayant déjà testé sa capacité de réflexion, sa logique et soin endurance et vivacité d’esprit lors d’un échange armé pour le moins particulier, on pouvait dire que la plupart des compétences et des capacités du Sunajin avaient été soumises à une évaluation des plus incertaines. Tout cela lui servait-il seulement à quelque chose ? Était-il toujours capable d’évoluer ? Cet entraînement lui était-il seulement utile ?

Quoi qu’il en soit, il était temps d’avancer vers la dernière étape de sa formation. On était venu le chercher tôt, ce même matin, à l’hôpital. Le soleil n’avait même pas montré le bout de son nez, et pourtant les trois personnes qui avaient pénétré sa chambre sans même frapper à la porte ou voir s’ils dormaient encore n’avaient pas pris ce détail en compte. Les yeux rapidement bandé, délesté de ses affaires et de ses techniques éventuelles, notre homme était placé sous garde étroite, pendant que le Kamui face à lui, regardait ses hommes s’affairer à le préparer. En peu de temps, voilà l’étrange quatuor qui partait d’un pas militaire à travers les rues de la ville, à une heure où personne ne serait venu déranger ou observer ces étranges mouvements.

Le jeune Kibô parviendrait-il à repérer où il se trouvait dans cette grande ville ? Tournant un coup à droite, un coup à gauche, parfois même tournant sur lui-même, il paraissait évident que l’on faisait tout ce qui était possible pour l’empêcher de se repérer dans l’espace. Cela lui aurait-il vraiment servi ? Le lieu où on emmenait l’élève particulier était si méconnu et si étrange … . Une fois qu’il en verrait le contenu, sans doute ne souhaiterait-il pas en savoir davantage … .
Le changement de direction fut plus soudain sous la tonalité d’un grondement sourd de ceux audibles au fin fond d’une grotte. Un mouvement lourd de pierre, alors que la température baissait à en attraper la chair de poule instantannément ! Était-on en train de le traîner au fin fond des Enfers ?! Où pouvait-on bien le mener pour qu’il puisse craindre à ce point cet anonymat qui devenait de plus en plus pesant ?

Ce n’était pas un mystère que le quatuor descendait dans les étages inférieurs. Outre la fraîcheur des lieux et les escaliers empruntés qui dirigeaient l’équipée vers le bas, c’était également cette sensation sourde au niveau des oreilles qui indiquait que l’altitude baissait rapidement. Où pouvait donc bien se rendre cette étrange équipe ?!

Ce fut encore quelques kilomètres plus tard que le badeau fut enfin retiré, et que le jeune Sunajin put recouvrir de ses capacités. Sans pour autant avoir droit à un spectacle des plus éloquents, les deux gardes présents laissaient ainsi le Maître et l’élève entre ces murs sombres et s’éloignaient dans les ténèbres.
Face au duo, une lourde porte en métal, qui semblait davantage encastré dans le mur que comme un point d’accès d’un côté à un autre. Le regard toujours aussi sombre et mystérieux, le Kamui Manchot toisait presque le jeune homme du regard.

~ Nous avons pu attester jusqu’à présent de ta valeur sur le plan tactique et intellectuel ; puis sur tes capacités à résister et à lutter pour ta mission. Il est temps de savoir si tu peux obéir à tout ordre qui te sera donné à l’avenir.

L’homme poussait la porte, gardant le décor pour l’instant caché par sa silhouette.

~ Il faut parfois exécuter des ordres bien cruels et sombres, sans se poser plus de questions. En choisissant cette vie de Ninja, nous avons accepté de laisser nos sentiments de côté pour accomplir un travail de l’Ombre. Assassiner des représentants ou des dirigeants, trahir nos amis, agir contre notre ancien camp : ces missions sont notre quotidien, et il ne faut pas rechigner sur les moyens.

En entrant dans la pièce et en effectuant un pas sur le côté, la figure massive de l’Empereur se décalait pour laisser Kibô admirer un spectacle sordide.
Trois chaises dans le noir. Trois ombres. Trois prisonniers tous vêtus de cette immonde tunique couleur gris de prison. La tête encapuchonnée, impossible de reconnaître de qui il s’agissait. Leur respiration forte et haletante montrait bien assez leur angoisse. Être dans ce genre de situation, avec les membres liés, ne pouvait signifier qu’une seule chose. Soit ils ne s’étaient pas attirés les bonnes grâces de l’Empereur, soit ils avaient commis des crimes passibles de la plus terrible condamnation. Quand on connaît le passé du Samui, et son ancienne fonction en tant que membre de l’Ôdâ – la Section Justie & Ordre au sein de l’Alliance, on se doute de ce qui se trame ici.

~ Chacun de ces hommes a été reconnu coupable pour des crimes extrêmements graves à l’égard de l’Empire. Qu’il s’agisse d’attaques personnelles ou d’ambitions impures, toutes méritent la peine capitale. Et ce sera à toi de leur accorder cette dernière sentence. Prends ce katana qui est là. J’espère que tu auras les nerfs assez solides et le cœur assez déterminé pour savoir qu’il ne s’agit pas d’un procès : mais bien d’un exécution dont notre Devoir est de le mener à terme.

Prenant le premier rouleau, Kakeshuou Samui s’adossait contre le mur et lisait la première condamnation, laissant à Kibô le soin de s’emparer de l’arme et de s’approcher de la première victime encapuchonnée.

~ Prisonnier 382. Responsable d’insubordination en échouant dans sa mission lors de la surveillance des environs du Shozaichi lors de la proclamation de l’Empire ; menant à la désertion d’un ancien Capitaine aujourd’hui ennemi d’État pour ses crimes, et d’un criminel auparavant captuté et retenu dans nos geôles. Pour manquement au règlement, abandon de poste et tentative de désertion, le Tribunal Impérial a condamné à mort par transpercement du cœur à l’aide d’un sabre.

Un seul regard, et un signe de tête. Il est temps d’exécuter la sentence. Un seul coup, net, précis, dans le cœur. Sans avoir à regarder le visage. Sans avoir à affronter le personnage. Rien de plus qu’une exécution morbide, comme le veut le plus cruel des Devoirs du Ninja.

Spoiler:

Le jeune homme avait tremblé. Ce n’était pas surprenant. Cet ordre qui lui avait été donné, c’était plus qu’une mission. C’était admettre une nature qui était celle de chaque homme – sans vraiment l’être. C’était un sentiment tellement dur à expliquer. Tellement troublant, tellement déstabilisant. Rares étaient les hommes qui pouvaient franchir cette étape aussi ardue. Tuer pour le plaisir était possible et facilement réalisé, d’ailleurs ! Tuer par accident était souvent expéditif et ne dégageait qu’un sentiment de terreur, d’effroi. Ces deux cas étaient très fréquents, et revêtaient une identité différente à chaque fois. La Passion, la Douleur, la Vengeance.

Mais derrière l’acte que vient de commettre Kibô, et qu’il s’apprête à commettre de nouveau, se tapit une Chose qui ne porte pas de nom. Une action qui n’est réalisable que par un nombre infime de personnes. Car cet acte n’est ni vengeance, ni passion, ni douleur. C’est un moment de vide, de néant : un instant où l’homme décide d’ôter une vie sans aucune volonté, sans aucune raison. Il n’accomplit que son Devoir, et dans ce sens n’a pas de nom à mettre sur cette sensation. Il coupe, il tranche, il ôte, il extirpe. Rien de personnel, rien de démonstratif. Un simple geste pour accomplir une Mission.

Car c’est cela, la Voie du Ninja. Celle que beaucoup prétendent avoir, et que personne ne connaît vraiment. Ils sont nombreux à se prétendre Ninjas, combattants de l’Ombre, au service d’une cause inconnue, souvent perdue d’avance. La vérité est que la plupart des jeunes combattants aujourd’hui ne voient que leur avenir, leur petite personne, sans s’interroger sur de plus grands projets, sur de plus grandes volontés. On s’oppose à une hiérarchie, on dit faire part de son « opinion personnelle », et pour cela, on est prêt à retourner le monde et à détruire ses détracteurs, en les accusant de tous les noms ! Mais en vérité, le Ninja n’a pas à se poser ce genre de dilemme. Il est, donc il exécute son Contrat.
Kakeshuou avait 13ans lorsqu’il avait effectué son premier Devoir. Il ne l’oublierait pas ; car ce dernier avait guidé sa vie jusqu’à ce jour. Et rien ne saurait le faire changer sa voie.

S’approchant du corps, le Kamui retirait violemment la capuche. Un homme assez âgé, dans la quarantaine, qui avait quelques balaffres à son visage, preuve de son expérience passée comme guerrier vertueux. Ses crimes étaient-ils vraiment ceux qu’on lui avait attribué ? Peu importe, la sentence était donnée. Plaçant deux doigts sur son cou, le sextagénaire attendait quelques secondes … aucun battement. La sentence avait été exécutée correctement. Le vieux briscard effectuait quelques pas en arrière, avant de reprendre sa liste.

~ Prisonnier 723. Coupable d’une tentative d’infiltration dans les locaux administratifs de l’Empereur, afin de dérober des documents secrets. S’est échappé après avoir neutralisé un garde sur place. Identifié grâce à des empreintes laissées sur place, intercepté après une poursuite en milieu montagneux qui a conduit à la mort de l’un de nos combattants et aux blessures de nombreux autres. Pour trahison, désertion et offensive sur nos effectifs et notre Ordre, le Tribunal Impérial a condamné à mort par transpercement du cœur à l’aide d’un sabre.

Passons au second de ce maccabre trio. Car la soirée s’annonce sombre, et les deux hommes se lient ici à un destin tragique.

Celui d’être de vrais Ninjas.

La fin de cet entraînement approche à grands pas. En acceptant de se salir les mains, de mettre de côté son âme et ses sentiments, Kibô a accepté de rejoindre un cercle extrêmement restreint et inconnu, même dans ce monde de l’Ombre. C’est un passage très dur, dont le franchissement de la porte est très mince ! Il faut savoir se faufiler, se glisser, infiltrer les lieux … et imposer sa présence afin que l’aura et l’animosité déterminée s’inscrivent dans les gênes, et donnent naissance à un nouveau Guerrier. Un Guerrier sacré.

Mais cela demande un sacrifice rare ; que l’on n’atteind pas toujours. Et ceux qui parviennent à ce stade ultime deviennent une arme invincible détestée par ses pairs pour être ce qu’elle est : un tranchant sans faille, et dont rien n’arrête le mouvement. En acceptant de se livrer à cette épreuve, le jeune Kibô prenait certes un risque. Et sans doute ne comprenait-il pas pourquoi il était important de passer par là. Un sermon supplémentaire était donc sans doute nécessaire pour s’assurer de la conviction de l’élève exceptionnel.

~ Tu n’as pas à hésiter, Kibô. L’homme est fait pour vivre, le Ninja est fait pour ôter la vie. Ils sont nombreux, à la Surface, à vivre leur petite vie tranquille sans se soucier de quoi que ce soit ! Cela vient même à certains Shinobis d’être pris d’insouciance et d’avancer sans prendre conscience du danger ! Ceux-là sont les mêmes qui nous mettent en danger, et qui piétinent innocemment nos espoirs et notre survie. Pour éviter le pire, il faut des êtres capables de dresser ces murs invisibles et indestructibles, pouvant passer de la bonté et de l’attention aux créatures les plus bestiales et les plus viles qui soient ! Des hommes comme toi et moi pourront sauver ce monde en perdition ! Car ce qui guide nos pas avant tout, ce n’est pas notre orgueil, ni notre puissance … . C’est notre Foi envers notre Idéal, et notre Détermination à toute épreuve !

Le ton était sévère et vengeur ! On eut cru que noter Kamui faisait face à des troupes sur un champ de bataille ! L’homme qui se livre à ce genre d’entraînement ne devient pas un simple monstre. Il devient Le monstre dont le monde a besoin pour trouver un équilibre. Celui à qui seront confiées les tâches les plus sales, afin que les autres gardent les mains propres. Celui qui saura faire rempart de son corps, pour contrer toute velléité ou forme de résistance. Le seul sur qui on puisse compter en toute cicronstance. Ils n’étaient pas nombreux de l’autre côté de la Porte Sacrée : ne tenait qu’au Sunajin de franchir cette porte pour rejoindre une élite haïe et suprême.

L’Empereur se saisissait du dernier dossier, et entonnait la dernière condamnation à voix haute.

~ Prisonnier 2461. Coupable d’avoir infiltré le Shukaï, d’avoir menacé ses intérêts avec les autres Nations et la Paix entre les Villages et les Pays Majeurs. Après avoir tenté de rompre les relations diplomatiques entre Nations, s’est rendu coupable de tentative d’assassinat envers l’Empereur, résultant dans sa neutralisation et son arrestation. Pour corruption, apologie de la Guerre et agression sur le plus haut représentant de l’Empire, le Tribunal Impérial a condamné à mort par transpercement du cœur à l’aide d’un sabre.

Il est temps, Kibô. Il est temps d’effectuer cette dernière tâche qui doit te libérer et te faire connaître un nouvel Univers. Alors, comme tu l’as demandé, tu deviendras – un Ninja.

La lâme faisait son office, et le tranchant pénétrait la chaire, sans autre forme de procès, afin de couper toute vie dans l’hôte. Désormais neutralisé, le troisième larron semblait trembler sur place … avant que sa tête ne bascule en avant et ne tombe comme inerte. Observant pendant un instant le corps larvement échoué, Kakeshuou Samui se décidait à replier le rouleau qu’il tenait et à le faire disparaître dans les plis de ses vêtements.


La Porte. Cette Porte Sacrée que peu parvenaient à ouvrir. Elle grinçait, couinait. On tentait clairement de la forcer. Qui était celui qui essayait de s’octroyer ces nouveaux pouvoirs ? Qui voulait à ce point voir ces nouveaux horizons, noyés entre Lumière et Ténèbre ? Les Titans gardent la Porte du Tartare. Mais celui qui la force, veut-il observer le monde et voir son évolution ; ou compte-t-il vaincre ces Monstres ? Veut-il les exterminer pour effacer tout danger, ou les remplacer afin de se hisser au sommet des plus hauts monts ? Celui qui force la Porte peut espérer imposer une volonté Idéale, qui formera un nouveau courant sur le Monde Ninja. Mais il peut également le plonger dans les ténèbres, et donner naissance à des désastres plus terrifiants que ceux précédant la création des Grands Villages Ninjas.

L’Empereur laisse le Sunajin un instant dans ses pensées. Il se rapprochait de la porte, et en ouvrait l’accès pour laisser deux hommes pénétrer. Porteurs de masques Tengu, ils étaient apparemment au service du Kamui. Saisissant les corps les uns après les autres, ils les trainaient dans des salles adjacentes, certainement afin d’en disposer. Au Shukaï, par tradition et afin de ne pas faire apostolat d’un cadavre, la coutume judiciaire voulait qu’on les brûlat afin que rien ne puisse rester de cette engeance et de ses trahisons passés. Les corps seraient donc réduits à néant par les flammes, hors de la vue de quiconque. Le deuxième corps était déjà parti, et le Dirigeant de l’Empire des Pays Neutres s’était adossé contre la table, afin d’observer la réaction à venir de son élève temporaire.

Les deux gardes revenaient, sans vraiment prêter attention aux deux personnages présents. Se contentant d’accomplir leur mission, ils plaçaient leurs bras sur le corps du dernier cadavre. Le masque tombait, et malgré la pâleur de la peau, le Sunajin reconnaissait certainement celle qui avait été une proche, une compatriote. Le visage de la regrettée Suzuka Saibogu passait juste sous ses yeux, si rapidement que la chose eut presque pu être un cauchemar, un mauvais rêve. La porte se claquait, et le corps disparaissait sans laisser de traces. Un léger silence remplissait l’espace sonore dépourvu de voix.

~ Elle m’a apporté un message et a proposé de rallier le Shukaï. Cela allait à l’encontre de l’accord International que les Villages ont établi afin de lutter contre les désertions en hausse ces derniers mois. Suite à mon refus, se sentant menacée, elle a directement tenté de m’éliminer. La Justice ne peut souffrir de pareilles actions sans qu’elles soient durement réprimées. Et pour avoir porté le coup final de la Justice, j’espère bien évidemment que tu comprends et que tu acceptes ce geste qui était le tien.

Voici la marque de fabrique des entraînements de Kakeshuou Samui. L’Homme de Glace, le Dernier des Kirijin, celui qui ne recule ni devant les solutions les plus cruelles ni devant les moyens les plus ravageurs pour atteindre un objectif Supérieur. Sa vision serait-elle aussi facilement acceptée ? Malgré ses progrès surhumains, Kibô pourrait-il dépasser cette ultime étape, et se dire qu’il devait procéder ainsi afin de progresser dans la voie du Ninja ?

~ Si tu comprends cette décision et que tu ne la regrettes pas, tu auras certainement entrevu ce cap que tu viens de dépasser. Et si tel est le cas, ton avenir ne repose plus qu’entre tes mains. Tu n’appartiens plus à un Seigneur, ni à un Kage. Tu ne t’appartiens plus désormais. Ton corps, ton esprit et ton âme appartiendront à une cause juste, que tu servirais même au-delà de la Mort. Afin que cette Voie soit préservée, tu formeras des élèves, tu deviendras un pilier de ton Village et tu feras barrière de ton corps afin de défendre ces principes. Car c’est bien cela, être Ninja !

Bien qu’un léger sursaut à la découverte du visage froid et inexpressif de Suzuka Saibogu – dernièrement capturée pour acte de trahison envers l’Empire et son dirigeant – Kibô restait pour l’heure de marbre et ne réagissait pas à cette sombre découverte.

Voilà où pouvait conduire un entraînement aussi sévère et impitoyable que celui mené par l’Empereur en personne. Si on vient à lui afin de devenir un Ninja à part entière, cela revient à lui confier votre vie, vos actes et votre conscience. Et accepter ce genre de conditions revient également à accepter les conséquences de ses actes. Les faits étaient face à lui, même si ce n’était que l’espace d’une seconde ou deux : cet homme avait éliminé celle qu’il avait formé et chéri. Mais pas pour rien. Non, pour un intérêt plus grand. Cette femme, qu’il avait certainement connu de façon intime, qui partageait à une époque ses enseignements et sa fidélité pour la même patrie, avait finalement trahi ses idéaux et sa morale. En agissant comme il venait de le faire, même à l’aveugle, le Sunajin avait réparé une faute grave, se séparant de toute forme de protestation et de retenue. S’il avait vu son visage, aurait-il agi autrement ?

Naturellement, le fait de découvrir ce visage avait été fait de façon tout à fait intentionnelle. C’était un ultime test. Une évaluation pour voir si ces dernières épreuves n’avaient servis à rien, ou si elles s’étaient avérées très rentables. Un homme dont le cœur et le libre arbitre seraient restés les mêmes aurait déchainé sa rage sur le « responsable », ruinant ainsi tout espoir de grandir et d’aller au-delà de ses limites. Mais ce n’était pas le cas du Chasseur de Chimères. S’il avait hésité pendant un bref instant, il avait retenu ses poings et sa colère. Ses excuses montraient même qu’il comprenait parfaitement cette situation. Il passait donc l’épreuve.

Désormais, ce serait les actions et la Détermination de Kibô, le Chasseur de Chimères, qui ferait de lui le Ninja redouté de Suna. Une nouvelle Arme venait de prendre racine.

Quelques heures plus tard, toujours yeux et mains bandés, l’étrange duo referait son apparition au cœur de la ville, alors que les premières boutiques venaient se marier aux rayons timides d’un soleil levant. Rendu à la liberté, le Sunajin avait fini sa formation auprès du vieux guerrier de la Brume. Lui serait-il reconnaissant ? Qu’avait finalement ce vieux Samui à y gagner ? Ne venait-il pas de mettre en danger la sécurité du Shukaï et de la Paix en donnant à cet homme si jeune et rebelle les clés d’un Monde Interdit ?

Kakeshuou Samui n’agit jamais sans discernement, ni sans arrière pensée. A tout investissement, il y a un gain.

Spoiler: