« Un shinobi doit prévoir toutes les alternatives qui peuvent intervenir au cours d'une mission. »
Art. I-III

Sans avoir repéré l’oiseau qui volait à des lieues d’altitude de lui, Bakushô Aomine avait par contre posé son regard sur le Dôbutsu dès que ce dernier s’était présenté au lieu du rendez-vous fixé. Il sortit donc du bout de ruelle de laquelle il attendait pour le rejoindre, et le voir de plus près. C’était vraiment quelqu’un qui ne dégageait pas grand-chose, chakratiquement parlant. Il était bel et bien dans son rôle de ninja sensoriel, et fallait avouer que c’était une des raisons principales de sa convocation du jour.

De son côté, Bakushô Aomine avait tout de son inverse. Imposant, l’esprit et le corps d’un grand mâle presque animal, sa prestance contrastait très clairement avec le calme de son invité. Le dévisageant tout en marchant, le Bras droit du Raïkage actuel le salua d’un grand geste de bras.

« Salut, c’est donc toi le petit Dôbutsu Otoke ? »

Petit, était-ce vraiment le mot ? Après tout, il ne paraissait pas réellement hors de la norme, contrairement à son supérieur hiérarchique. Car sa taille était en partie responsable de sa prestance : deux mètres, c’était pas quelque-chose de courant. Et pourtant, Bakushô Aomine n’était pas du tout gêné, il en était même flatté la plupart du temps.

Ce fut donc le regard vers le bas qu’il regarda le Dôbutsu lorsqu’il arriva près de lui. Autour d’eux, le terrain d’entraînement était vide, et c’était tant mieux. Ils avaient à parler, et la présence d’autres civils ou shinobis aurait été quelque peu gênante. Oui, c’était le mieux.

« J’imagine que tu sais qui je suis. Comment ça va ? »

Ouais, fallait bien faire dans l’introduction. Mais Aomine était loin d’avoir les mêmes capacités de parlote que celui qu’il servait. En tout cas, pas dans le temps habituel. Après tout, le Bakushô était un peu le stéréotype inverse de la plupart des shinobis. Enfin…

Il voulut passer rapidement à la suite. Après tout, il n’aimait pas les discussions inutiles ni les pertes de temps futiles, à moins que ce n’eut été l’inverse ? Et puis, ce n’était pas parce qu’Otoke était du genre discret que c’était forcément sa tasse de thé ! Venir à l’essentiel, ou en tout cas commencer, c’était donc un bon début !

« J’t’ai réquisitionné pour la journée. Je suis au courant de la mission de récolte d’informations que t’a donnée le Raïkage, mais bon… Lui et moi on est différents. Ou plutôt, on est complémentaires. Mais avant de parler de tout ça… »

Il croisa les bras.

« T’en es où, de ta recherche ? »

Je n’eus pas à attendre longtemps avant de ressentir une présence venir vers moi. Je ne reconnaissais pas ce chakra, mais lorsque je me retournai vers la personne, je la reconnus aussitôt. Je ne la connaissais pas personnellement, mais comme il s’agissait du bras-droit du Raikage, j’avais bien fini par entendre parler de lui. De plus, sa carrure n’avait rien d’ordinaire, sa taille impressionnante me faisait un peu penser à celle des membres du clan Bannin bien que savais qu’il n’y avait aucun lien de parenté entre eux. Je fus néanmoins surpris par sa présence ici, qui ne pouvait que signifier qu’il était celui qui m’avait convoqué. Je me demandai alors ce qu’il pouvait bien me vouloir, puis je me dis aussitôt qu’il était sûrement là sur ordre de son supérieur.

Il arriva en me dévisageant, ce qui me perturba un peu, même si mon accoutrement l’empêcher de réellement savoir à quoi je ressemblais. Il m’interpella alors, m’appelant le "petit", ce qui provoqua un rictus, qui fut, heureusement, caché par mon masque. Je me demandais s’il m’appelait comme cela par habitude, parce qu’il se trouvait supérieur à moi ou simplement parce qu’il était plus grand et qu’il aimait rabaisser les autres à ce sujet. Dans tous les cas, ce n’était pas comme cela que j’allais l’apprécier, mais comme il se trouvait être l’un des shinobis les plus gradés du village, je ne pouvais pas y faire grand chose.

- Enchanté de vous rencontrer Bakushô Aomine ! Je suis bien Otoke, je vais bien merci. Que puis-je faire pour vous ?

Il m’annonça qu’il m’avait réquisitionné pour la journée, je me demandai aussitôt ce qu’il avait bien pouvoir me demander qui pouvait prendre autant de temps, j’espérais que notre présence aux terrains d’entraînement ne signifiait pas que j’allais devoir me battre avec lui, sinon il risquait d’être fortement déçu. Il me parla ensuite de la mission que m’avait confié le Raikage. Habituellement, je n’aimais pas parler de mes missions avec d’autres individus, mais puisqu’il avait gagné la confiance de celui qui me l’avait confiée, je supposai que je pouvais également lui faire confiance à ce sujet.

- Alors, tout d’abord, j’ai demandé à Enko Shigeru, qui travaille à l’hôpital, de me fournir la liste des personnes ayant rendu visite à Kadoria Sho durant son hospitalisation, puisqu’il s’agit du dernier endroit où il a été vu avant son départ. J’ai ensuite rencontré Kadoria Koüga et Kadoria Akogare, tous les deux connaissaient très bien le fugitif. Le premier refusa de me parler à ce sujet, m’indiquant qu’il avait l’intention d’en parler en personne au Raikage. Le second fut plus coopératif, il confirma lui avoir rendu visite, et que celui-ci l’avait informé qu’il se sentait menacé par Seki Zennosuke. Le reste des informations qu’il m’a donné n’était que spéculation et avis subjectifs sur ses intentions. Le fait est qu’il semblait n’avoir aucune idée de ce qu’il était advenu de lui.

Je marquai ensuite un temps de pause, je savais que je n’avais pas rempli ma mission parfaitement, mais je n’avais pas l’habitude de devoir faire des recherches sur quelqu’un en étant aussi limité géographiquement.

- Concernant Seki Akame, aucune des personnes que j’interrogeai ne possédaient la moindre information intéressante à son sujet, tout ce que je pus obtenir ce trouvait déjà dans son dossier.

« La vie d'un shinobi est ponctuée de combats. »
Art. I-II

Difficile de se faire une idée de l’expression d’un bonhomme quand ce dernier porte un masque sur la moitié inférieure de son visage. Mais Otoke n’avait pas l’air si… méchant que ça. D’un point de vue caractériel, il semblait davantage se rapprocher du calme réglementé d’Hôritsu plutôt que de la sauvagerie de son Bras droit. Et sans être une grosse surprise, Aomine se demandait forcément des choses assez impertinentes, comme « est-ce qu’il dormait avec ? » ou d’autres truc du genre.

Il avait donc déjà interrogé quelques personnes. Des noms qui ne disaient pas tous quelque-chose au Bakushô, mais qui formaient un ensemble cohérent et suffisant pour le moment. Après tout, son enquête n’avait été faite qu’à l’intérieur du village, alors difficile d’espérer trouver de vraies pépites. Mais les informations étaient là, et une seule semblait véritablement inédite : Seki Zennosuke aurait inquiété Kadoria Sho ? Etait-ce là une opinion politique globale, qui rejoindrait beaucoup d’autres sur les actions trop suicidaires de l’ancien Raïkage comme l’action sur Mizu no Kuni ou quelque-chose de plus personnel ? Cette piste devait être creusée.

« Faut avouer que sur la fin de son mandat, Seki Zennosuke ne s’est pas fait que des amis. M’enfin c’est un bon début que t’as là. »

Il regarda le shinobi, puis relâcha ses bras avant de faire volte-face. Tout en marchant, il reprit.

« J’forme une équipe, et je sais que t’es déjà le chef d’une unité, comment qu’il va Eiko ? Bref, ça te surprendra pas de savoir que la discrétion, c’est pas mon fort. Alors j’te propose un deal. »

A une bonne vingtaine de mètres, le Bras droit du Raïkage se retourna. Il avait saisi un kunaï, qu’il planta aussitôt à côté de lui, comme pour marquer sa position. Un sourire s’était dessiné de lui-même sur son visage.

« J’t’ai concocté un entraînement qui te sierra à merveille, putain elle en jetait cette phrase, non ? Si à la fin tu le réussis, et que ça nous a plu à tous les deux, tu rejoins mon équipe. Sinon… bah tu te contenteras de tes petites enquêtes ! »

Loin était l’idée de dénigrer le travail demandé par Hôritsu, bien au contraire ! Mais Aomine était bien évidemment du genre à préférer la baston et les entraînements physiques à tout ce qui était… spirituel. Et pourtant, Dieu savait que le Bakushô avait été quelqu’un de sage à une époque.

Je savais que je n’avais récolté que très peu d’informations pour ma mission compte tenu du temps que j’avais eu. Les difficultés que j’avais traversées n’étaient en réalité que des excuses à mon échec, bien que fondées, celles-ci ne justifiaient pas suffisamment mon erreur. Le fait était qu’au bout de plusieurs semaines sans nouvelles, j’ai tout simplement décidé d’arrêter mes recherches, croyant que cela n’intéressait plus personne, surtout que je n’avais pas vraiment avancer. La remarque que Aomine eut à propos de Zennosuke me rappela la conversation que j’avais eut avec ce dernier. Je ne savais pas ce qu’il était advenu de lui depuis, je me demandais si la proposition qu’il m’avait faite ce jour-là était toujours valable. J’avais attendu un signe de sa part pendant quelques semaines avant de passer à autre chose. Je ne revenais pas sur mes mots, mais je ne pouvais pas l’attendre pendant des mois.

Il parla ensuite de former une équipe, donc avec moi. Il me demanda des nouvelles d’Eiko, cela ne m’étonnait pas qu’il le connaissait, le jeune médecin s’était fait rapidement un nom dans la profession, à tel point qu’il finit par ne plus pouvoir assurer sa présence dans mon équipe. Le Bakushô ne semblait pas au courant de la fin de notre équipe, mais cela ne m’étonna pas vraiment, il n’avait pas l’air du genre à réfléchir beaucoup avant d’agir. Ce n’était pas une critique, même moi, je préférais souvent suivre mon instinct plutôt que de préparer une action.

- Aux dernières nouvelles, Shigeru se portait bien, même si son poste à l'hôpital le force à renoncer de partir sur le terrain.

Il planta alors un kunaï sur le sol avant de me lancer au défi de m’entrainer avec lui. A la clé de ce défi, une place dans son équipe. Je pensai alors à Dentô Raito que je venais tout juste de rencontrer et qui était devenu mon équipier seulement quelques jours plus tôt. Je me demandais alors si les deux éléments étaient liés ou pas. Je n’en parlai pas immédiatement, ce n’était pas vraiment le moment, de plus, je n’avais pas l’impression que Aomine avait très envie de repousser cet affrontement. Il ne me fallut pas longtemps pour me rendre compte que je n’étais pas en position de force face à lui, mais sa position m’interdisait de refuser. Je ne pouvais compter que sur le fait qu’il ne s’agissait que d’un entrainement. Je posai alors ma main sur le manche de mon katana accroché à mon dos. Je n’avais pas l’intention d’attaquer de suite, mais j’étais paré à toute éventualité. Mes sens étaient à l’affut.

- Je crains de ne pouvoir refuser un défi comme celui-là. Comment allons-nous donc nous entrainer aujourd’hui ?

J’avais beaucoup plus de confiance dans la voix que dans mes pensées, le principal était de faire bonne figure. J’aimais les challenges, mais je ne connaissais pas encore celui qui m’attendait.

Spoiler:

« Un shinobi doit prévoir toutes les alternatives qui peuvent intervenir au cours d'une mission. »
Art. I-III

Eiko Shigeru à l’hôpital ? Ah mais oui, il était responsable d’un département de la médecine, ce qui effectivement ne l’aidait pas trop pour partir sur le terrain. De fait, Dôbutsu Otoke ne l’avait plus dans son équipe ? Décidément, la paperasse n’était pas le point fort de celui qui était pourtant le Bras droit d’Hôritsu. Mais il savait déléguer, c’était déjà ça ! Enfin bref.

Il ne pouvait pas refuser le défi qui lui était lancé, et c’était tant mieux. Sous ses airs de combattant sensoriel, un ninja restait un ninja. Aomine ne pouvait qu’aimer ce type de comportement, lui-même qui avait du mal à résister à la moindre tentation combattive. Dernier exemple en date, le suppléent du Kazekage qui n’avait pas arrêté de le toiser du regard, il aurait tellement voulu lui mettre une bonne raclée ! Mais pour aujourd’hui, c’était un entraînement un peu spécial dont il était question… et non pas un vulgaire combat comme semblait le penser le Dôbutsu.

« Eh t’as l’air un peu trop concentré à mon goût, on va pas se battre ! C’est un vrai entraînement qui t’attends, et qui nécessite que tu ne fasses rien d’autre que ce que je vais te dire. »

Il sortit un autre kunaï, qui semblait finalement un peu ridicule dans une aussi grande main que la sienne, et le montra à Otoke. De son autre main, il pointa deux doigts pour appuyer ses explications.

« Tu vas prendre deux kunaïs. Le premier, tu vas le planter à côté de toi comme j’ai fait avant, pour marquer ta position de départ. Le second, tu vas le garder en main. Ce que je vais t’apprendre, c’est une technique d’assassinat. C’est ton domaine, n’est-ce pas ? »

Il esquissa un sourire, avant de faire tourner l’anneau de son arme avec son index. Contrairement à ce qu’on pouvait penser de lui, Aomine était quelqu’un d’intelligent et d’assez perspicace. Mais il perdait vite son sang-froid dans la plupart des situations. C’était pour ça qu’il avait eu le temps de préparer tout ceci, étant d’ailleurs convaincu qu’il n’aurait aucune raison de s’énerver aujourd’hui.

Il prit appui sur ses deux pieds. Sur quoi il décrivit l’entraînement dans son détail.

« Le but de l’exercice est simple. Sans utiliser la moindre technique, puisque le but est justement de t’en apprendre une, nous allons courir l’un vers l’autre. Celui qui réussit à placer le kunaï sous la gorge de l’autre a gagné. Prêt ? C’est quand tu veux. »

Aomine se tenait prêt. Et il était curieux de voir les futurs résultats de cet entraînement un peu particulier.

Spoiler:

La première phrase d’Aomine me calma un peu, il avait raison, j’étais un peu trop concentré pour un entraînement. Je fus un peu rassuré lorsqu’il m’annonça qu’il n’y aurait pas de combat. Relâchant le manche de mon katana, je quittai ma posture de défense pour me tenir à nouveau droit. Je m’étais emballé alors qu’il n’avait parlé que d’un entraînement.. J’écoutai donc la suite des explications sur ce qui m’attendait. Suivant ces instructions, je plantai à Kunaï à mes pieds et en saisit un autre dans ma main droite. Il m’annonça alors qu’il comptait m’apprendre une technique d’assassinat. Je fus un peu rassuré, c’était l’un de mes domaines de prédilection. Sans dénigrer les compétences du Bakushô, je fus quand même surpris que celui-ci s’y connaissait également dans ce domaine, il n’avait pas un physique lui permettant de passer inaperçu.

Je réfléchis alors à l’éventail de possibilités de techniques qu’il allait bien pouvoir m’apprendre. Il n’avait pas l’air d’être un ninja sensoriel, alors que mon style de combat se basait principalement sur cela, la suite risquait donc d’être intéressante. Quoi qu’il en fut, j’avais accepté de relever le défi, je me devais de le réussir.

Il m’annonça alors les règles de l’entraînement, je devais placer le kunaï que je tenais sous sa gorge. Je pensai alors immédiatement à utiliser une technique de camouflage, mais il m’interrompit dans mes pensées en ajoutant que je n’avais pas le droit d’utiliser la moindre technique pour cela. La logique était implacable, il était inutile d’essayer d’apprendre une technique en utilisant une autre, mais cela ne m’arrangeait pas. Je savais qu’il était plus fort que moi, sûrement plus rapide également. Seules deux choses pouvaient m’avantager, mon agilité, qui n’était pas forcément supérieure à la sienne, et ma vision originale du monde. Cela n’était pas un avantage physique, mais comme je ne réfléchissais pas comme les gens normaux, j’avais parfois des réactions totalement imprévisibles.

Il m’attendait, c’était à moi d’engager l’assaut. Je pris quelques secondes pour réfléchir à une stratégie. Je savais qu’il ne m’avait jamais vu combattre, mais il était possible qu’il connaissait quelques éléments à mon sujet. Dans tous les cas, si je voulais y arriver, je me devais de le surprendre.

D’un coup, je me mis à courir dans sa direction. Je fis circuler du chakra dans mes jambes pour accélérer ma course. Je traversai la distance qui nous séparait en à peine une seconde. A quelques mètres seulement de lui, je feintai un mouvement sur son flanc droit avant de me jeter au sol pour glisser jusque derrière lui. J’étais bien plus petit que lui et c’était le seul moyen d’en profiter que j’avais trouvé. Mon objectif était donc de me relever derrière lui pour bloquer son bras qui tenait l’arme avec mon bras gauche et de placer mon arme sous son cou avec mon bras droit.

Dôbutsu Otoke semblait avoir compris les termes du challenge, et ne semblait pas se laisser abattre par le défi. Et c’était primordial, car jamais Aomine n’aurait laissé une mauviette intégrer son équipe et comment appeler autrement quelqu’un qui aurait refuser un entraînement spécial sans même l’avoir essayé ?

Voilà donc le jeune homme qui prend appui. Les textures de son masque varient en fonction de l’inclinaison que son corps prend. Aomine a toujours été un expert en Taijutsu, et cela fait des mois maintenant qu’il ne manque plus aucun détail des postures ou des mouvements banals de ses adversaires tant que ceux-ci restent dans une vitesse d’exécution moyenne.

Et c’était le cas d’Otoke. Prendre une impulsion musculaire au niveau des jambes et s’aider en expulsant du chakra restait un mouvement de base, surtout lorsque l’on considérait qu’on connaissait le but de l’adversaire. C’était d’ailleurs réciproque : le Dôbutsu savait que l’objectif de son supérieur était identique au sien.

Otoke fut donc le premier à bouger pour que les deux hommes soient proches, mais pas seulement... Il fut le seul. En effet, Aomine ne sourcillait pas, à l’instar de son corps qui restait immobile. D’ailleurs, ce dernier croisait les bras, patientant.

Tout se passa ensuite relativement vite : après sa feinte, le Dôbutsu plongea pour se placer sur le flanc arrière du colosse. Mais lorsqu’il releva la tête, il était déjà trop tard : Aomine pointait déjà un kunaï à quelques centimètres de ce dernier.

« Relève-toi... »

En réalité, Aomine avait reculé d’un pas à l’instant où le Chûnin avait plongé. Une fois son pied reculé de quelques centimètres, il pivota d’un tour vers la gauche, pour se retrouver en un instant à un pas derrière, dans la même position.

« ... et reprend place. On recommence. »

L’entraînement ne pouvait pas s’arrêter là. Restait donc à voir ce qu’Otoke allait décider de faire…

J’étais confiant en ma stratégie même si je me doutais que cet exercice allait être plus difficile que cela. Je fus évidement surpris de me rendre compte que ma feinte n’avait pas suffit. Je savais que j’étais face à un adversaire de haut niveau, mais également que s’il me faisait faire cet exercice, c’était parce qu’il avait une idée derrière la tête. Que je fus en mesure de y arriver ou pas, cela ne changeait pas grand chose, dans les deux cas, si je voulais faire bonne impression, je devais me donner à mon maximum. Malheureusement pour moi, je n’étais adepte de ce genre de situation, même si je maitrisais convenablement le Taïjutsu, j’avais plus l’habitude d’utiliser mes techniques de camouflage pour atteindre ma cible en prenant le moins de risque possible. Comme ce n’était pas possible dans cet entraînement, il me fallait trouver un autre moyen. Je n’étais pas du genre à essayer encore et encore sans réfléchir en espérant que cela fonctionne.

J’avais utilisé bien plus d’énergie que lui pour cet assaut, ce qui ne l’empêcha pas de me stopper immédiatement et pratiquement sans effort. Par conséquent, agir sans stratégie était une très mauvaise idée. Malgré cela, j’avais du mal à trouver une autre stratégie. En temps normal, je préférais utiliser mon instinct dans ce genre de situation, cela me permettait de réagir plus vite et mon instinct me trompait rarement. Le problème était que mon instinct était parfaitement inutile dans cette situation puisque j’étais dans un duel face à un adversaire plus fort que moi, la seule chose que mon instinct me disait de faire était d’abandonner pour éviter de se blesser. Mais il ne s’agissait pas d’un simple entraînement, Aomine m’avait donné un défi et je ne pouvais pas abandonner, même si la persévérance n’était pas vraiment une de mes qualités.

Comme j’étais persuadé d’avoir utilisé la meilleure stratégie qui s’offrait à moi et que de toutes façons, je n’en avais pas d’autres de viable. La seule solution qu’il me restait était d’utiliser beaucoup plus de chakra pour le charger plus rapidement. Comme disait le proverbe, si quelque chose te résiste, frappe plus fort. Je ne savais pas si cette stratégie rudimentaire avait la moindre chance de fonctionner, ce dont j’étais sûr néanmoins, c’était que j’allais avoir beaucoup plus de mal à contrôler mon kunaï une fois parti. Je devais le placer sous sa gorge, mais rien ne m’assurait que j’allais réussir à m’arrêter à temps. Mais ce n’était pas ma plus grande préoccupation, à près tout, il était le bras droit du village, résister à mon assaut ne devait pas être difficile pour lui. Je craignais plus qu’avec la vitesse que je pouvais atteindre, sa riposte combinée à mon inertie pouvait être très violente pour moi.

Étant donc au niveau de mon point de départ, je me mis à marcher doucement dans la direction de mon adversaire. Pendant que je marchais, je concentrais mon chakra en grande quantité dans mes jambes. Au bout de quelques secondes, alors que j’avais atteint une quantité suffisante, je me propulsai en avant. Mon objectif n’était pas simplement de parcourir la distance qui nous séparait rapidement, puisqu’il avait déjà montré qu’il possédait des réflexes surhumains. Je devais également le faire douter de ma position d’arrivée, s’il ne pouvait pas savoir où j’allais arriver après ma charge, il allait avoir beaucoup plus de mal à contrer mon attaque.

Mon assaut fut donc beaucoup plus simple, je me contentai d’arriver sur son flanc droit. Lorsque j’arrivai à son niveau, je concentrai immédiatement mon chakra dans mon bras pour l’accélérer également. Mon objectif, ensuite, était d’envoyer mon bras d’attaque par son côté gauche pour atteindre sa gorge par derrière.

Il ne semblait pas vouloir se décourager. Un bon point pour lui, forcément. Mais une chose était claire pour le Bakushô qui était aussi bourrin que strict : jamais il n'accepterait de le prendre dans son équipe si jamais il échouait dans cet entraînement. Certes il était particulier, certes il y avait une réflexion à faire en plus d'efforts à fournir, mais cela était normal, non ? Depuis quand la vie d'un shinobi était facile ? Jamais les choses étaient aisées. Il fallait s'attendre à de la difficulté à chaque moment de chaque journée. N'en déplaise à Otoke.

Il avait repris place. Oui mais voilà, était-ce pour quelque-chose d'utile ? Quels enseignements avait-il tirés de sa précédente et première "défaite" ou plutôt de son échec ? Le Chûnin semblait être quelqu'un de réfléchi, mais réfléchirait-il assez ? Dans tous les cas, le gradé allait en avoir le coeur net très vite.

Lorsqu'il le vit marcher, Aomine se retint de ne pas soupirer. Ce fait suffisait à lui faire savoir que la solution n'était pas trouvée pour son possible future disciple. Réussir cet exercice à la deuxième tentative aurait été très satisfaisant, mais le Bakushô n'était pas de ceux qui appréciaient les bêtes et inutiles "c'est pas mal". Non, pas du tout...

Juste avant qu'il n'entame sa course, le Dôbutsu put voir son supérieur ranger son kunaï dans sa poche. Puis il accéléra, face au Bras droit toujours immobile. La concentration de chakra d'Otoke était plus forte et plus poussée, sa vitesse avait accrue, à défaut de vouloir retenter un quelconque effet de surprise.

Mais le résultat fut le même. En faisant un tour rapide sur lui-même - mais cette fois-ci dans le sans anti-horaire - le second du Raïkage se retrouva gagnant de cette seconde manche. Mais ce n'était pas tout : derrière ce second échec pour le Dôbutsu, il y avait un message fort.

« Tu n'y arriveras pas comme ça, et j'espère qu'avec ça tu comprendras. Je suis plus rapide que toi, et je prédirai chacun de tes mouvements physiques. Ce sont ces deux soucis que tu dois comprendre, et contourner. »

En effet, non seulement Aomine avait à nouveau pris le dessus sur son vis-à-vis, mais il avait également eu le temps de ranger son kunaï puis de le ressortir. Une façon de montrer que question vitesse et anticipation de Taijutsu, il avait un train d'avance.

« Ah et avant que tu ne réessaies, réfléchis à comment utiliser ton chakra. »

La solution était toute autre.

Alors que j’arrivais près de lui à grande vitesse, je vis Aomine se détourner de ma zone d’attaque avant de sortir le kunaï qu’il venait de ranger pour le placer sous ma gorge. Mon assaut avait une nouvelle fois échoué. Je me doutais qu’il anticipait le moindre de mes mouvements, je ne savais pas exactement comment il le faisait, mais j’étais à peu près capable de faire la même chose. D’autant plus qu’il ne daignait pas bouger pour m’attaquer, ce qui lui permettait d’attendre tranquillement mon assaut pour l’esquiver et contre-attaquer.

Je retournai donc à nouveau me mettre en position. J’avais essayé un deuxième assaut pour vérifier ma première hypothèse, mais je me doutais bien que cela n’allait pas suffire. La remarque qu’il me fit après mon deuxième échec me fit alors comprendre qu’il y avait vraiment une solution pour y arriver. Je n’en doutais pas vraiment, mais cela excluait la possibilité qu’il attendait juste de moi de ne pas abandonner. Néanmoins, cela ne m’avançait pas beaucoup, je faisais toujours face à deux problèmes de taille. Le premier était que je n’avais aucune idée sur comment m’y prendre. Il y avait selon mon entraîneur du jour une solution à laquelle je n’avais pas pensée. Le deuxième problème était que même si je venais à trouvais cette fameuse solution, je pouvais être également sûr que le bras-droit la connaissait aussi, ce qui la rendrait immédiatement inefficace.

J’étais face à un paradoxe, je ne pouvais pas compter sur mes capacités physiques pour réussir puisqu’à ce niveau, mon adversaire me surpassait, mais je ne pouvais pas non plus utiliser de technique pour compenser cette différence. J’étais dépassé par la situation alors que mon adversaire me donnait tout le temps nécessaire pour réfléchir, cela me frustrait réellement. Il me demanda de réfléchir à la façon d’utiliser mon chakra avant de recommencer à attaquer. Cela ne fit pas de déclic dans ma tête et ne m’aidait pas vraiment à trouver la solution à ce problème. Je ne maitrisais que deux facettes de la manipulation de chakra, le taijutsu, dont ma maitrise était insuffisante pour prendre le dessus et la sensorialité. Dans un véritable affrontement, c’était très souvent là-dessus que je misais pour prendre l’avantage, mais puisque je ne pouvais pas utiliser de technique, je pouvais faire également une croix dessus. Cela ne me laissait plus beaucoup de solution pour réussir ce test.

Je n’étais pas le genre de personne à abandonner à la première difficulté, mais je n’étais pas stupide. Je préférais m’arrêter là plutôt que continuer à dépenser mon chakra inutilement. Cela m’énervait, mais je ne voyais pas d’autre possibilité. J’étais face à un adversaire qui me surpassait et face à une énigme dont je ne trouvais pas la solution. Si la détermination était une de mes qualités, l’obstination n’en faisait pas partie. Je restai donc à mon point de départ sans bouger pendant de longues secondes avant de ranger mon arme.

- Si vous attendez de moi que je trouve une méthode pour vous atteindre sans technique, je vais vous décevoir. Cela m’embête vraiment d’échouer, mais je suis forcé de constater que je n’ai aucune idée de la façon de m’y prendre. De plus, il ne m’a pas fallut longtemps pour comprendre que m’y prendre sans réelle stratégie n’avait aucun intérêt.

Oui, je m’avouais vaincu.