J'avais tout laissé derrière moi. Amis, famille, racines. Avant, j'aurais considéré ça comme une perte, cela m'aurait déstabilisé; j'aurais certainement replongé dans des ténèbres encore plus profonds qu'auparavant. Mais depuis que j'avais utilisé ce jutsu interdit, j'avais l'impression que tout m'était égal. La mort, la vie... Une fois transcendées, ces deux notions n'avaient plus vraiment de signification. Je pouvais faire à peu tout ce que je voulais, parcourir le monde sans me soucier du temps, éliminer des êtres sans me préoccuper des représailles... Je n'avais pas réalisé à quel point tout ceci allait être grisant.

Mon chemin sans but me mena jusqu'à ces terres. Je les connaissais. C'était Kaminari no Kuni. Le climat, les reliefs et ces bois... Si on sortait du contexte la présence d'un village ninja et de son implication dans de nombreuses affaires plus conflictuelles les unes que les autres, alors cet endroit semblait paisible. Je n'avais passé que peu de temps ici. La dernière fois que j'avais mis les pieds dans ce pays remontait à mon adolescence, soit une éternité, ou presque. Cela n'avait pas beaucoup changé. La brume persistait toujours ici, elle n'avait sûrement jamais dû se lever.

Il ne me restait plus qu'à franchir cette étendue d'arbre et son manteau opaque pour rejoindre la côte et d'admirer les paysages qu'elle pouvait offrir. Cependant, je me doutais que tout ne serait pas aussi simple qu'une marche dans les bois. J'étais sur un territoire contrôlé, et si jusque maintenant je n'avais pas été repérée, même si j'avais soigneusement évité tout contact; cela ne pourrait pas durer. Kaminari n'était pas comme ces petits pays neutres, ou indépendants, loin de là.

Peu à peu, et à chacun de mes pas; la brume qui m'enveloppait depuis maintenant une demie journée, commençait à se dissiper. La couverture, le camouflage qu'elle m'offrait serait bien tôt complétement obsolète, et je risquais une rencontre inopinée à tout moment. Mais, fallait il encore que je croise le chemin d'une de ces pauvres âmes... Ceci dit, un senseur même de bas niveau pouvait facilement repérer mon chakra, et de loin. N'étant pas moi même une experte dans ce domaine... Enfin, la question ne se posait pas. La puissance que j'abritais était vraisemblablement d'une bien meilleure dissuasion que tout autre apparat...

Finalement, le jour perça entre les feuillages clairsemés des quelques derniers arbres. Sous mon masque noir marqué de motifs anthracites, j'observais le ciel qui se dévoilait.

J’étais complétement accaparé par le travail que j’avais à faire. Fallait le dire clairement, la journée qui venait de passé était plus qu’épuisante. J’étais depuis ce matin en mission aux alentours du village. Enfin, par alentour je voulais dire plutôt assez loin puisque j’avais atteri, avec mon sens plus que nul de l’orientation, dans le bois nuageux. Ouais bon, j’étais encore nouveau dans les rangs de Kumo. Fallait pas oublier que j’étais seulement Genin depuis quelques semaines maintenant hein. Fallait pas s’attendre à du top niveau directement, il fallait que je prenne mes marques. Enfin bref, j’étais complétement perdu. En plus, j’avais fini mon service depuis maintenant une demie-heure. Sûrement qu’ils étaient à ma recherche. Ou pas d’ailleurs parce que vu comment j’étais passer inaperçu ce matin à la réunion de briefing, j’étais pas sûr qu’ils savaient que j’étais présent ou non. Normal un peu, d’habitude j’ouvrais ma bouche pour un rien et aujourd’hui j’avais décider de me taire et d’écouter. J’en avais marre de trop parler. Les gens me détestaient après … C’était vraiment de la merde d’avoir une grande gueule, m’enfin, je devais faire avec. Ca faisait trop longtemps maintenant que j’étais comme ça et c’était devenu presque impossible de changer.

Pas du tout au tout comme ça sans aucune raison. Après tout, c’était une habitude maintenant, une façon d’être, une façon de vivre. Et comme on dit, c’était difficile voir impossible de supprimer complétement une habitude. Bref, j’étais complétement perdu dans les bois, pendant que le loup n’y était pas … Mais c’est qu’est-ce que je disais moi ? Je partais en couille sérieusement là. Je chantais la chanson du petit chapéron jaune de Kumo … Je ne voulais vraiment, mais alors vraiment pas grandir. J’avais décidé de rester petit dans ma tête. Que voulez-vous, la jeunesse intérieur c’était ça le plus important. Tsss, comment je pouvais dire de tel merde. Enfin, j’étais dans cette forêt humide … L’endroit faisait presque peur vu l’atmosphère qu’il dégageait. Je n’étais pas du genre a être effrayé facilement, mais là, c’était plus que bizarre. Et ajouter à ça l’apparition soudaine d’une femme masqué sortant du brouillard en face de moi, et ca virait au film d’horreur. En effet, cette femme était apparu en face de moi. Le masque qu’elle portait était de couleur noir avec des motifs assez bizarre dessus. C’était vraiment bizarre comme déguisement, surtout qu’on était pas la saison d’Hallowen.

« Euh, je peux t’aider Chuckette ? Tu t’es perdue ? Puis pourquoi tu portes un masque, c’est pas encore Hallowen ! »

Son gabarit en disait long, mais il ne fallait jamais sous estimer une personne. Elle pouvait, même si elle semblait frèle et sans défense, cacher un pouvoir unique et puissant. Elle était seulement bizarre, car des filles masqué qui rodait seule dans les bois ca ne courait pas les rues. Ou peut-être était-ce une loup garous … Qui sait.

Dans ces bois, j'avais vaguement ressenti une présence. Je ne su dire, jusqu'à cet instant; s'il s'agissait d'un animal ou d'une personne. Avant de me délester de mon ami, peut-être aurais je dû lui demander de m'apprendre à percevoir ce qui m'entourait avec plus de précision. Peut-être. Mais je n'éprouvais aucun regret, aucun chagrin ni même de la joie. C'était dans l'ordre des choses et jamais auparavant je m'étais posée cette : aurais-je été une bonne senseuse ? En étais-je seulement capable ? Peut-être, finalement.

Quoi qu'il en fut, le savoir à l'avance ne m'aurait pas avancé à grand chose. J'aurais fini par rencontrer ce jeune homme à un moment ou un autre, ici ou ailleurs. Je m'étais arrêtée, l'écoutant et l'observant. Étrangement, les mots qui sortaient de sa bouche ne correspondaient pas tout à fait à son apparence. En effet sa tenue laissait penser qu'il était un guerrier, et peut-être même un ninja. Or, ce qu'il racontait me faisait davantage penser à un gamin perdu dans une forêt qu'à un valeureux combattant.

J'avais le souvenir de rapports de mission spécifiant que les Kumojin s'exprimaient souvent si ce n'était constamment, de façon étrange. Halloween ? Je n'avais auparavant jamais entendu parler de cet "Haloween". Une chose de plus que je devais ajouter à la longue liste des mots que je connaissais pas, ou que je n'avais jamais vécu, ou dont je n'avais jamais fait l'expérience... Cela me rappelait Kioshi et son histoire d'anniversaire. Ma culture, celle des Habashi; ne semblait pas être construite autour des mêmes événements que celle du reste du monde...

L'inéquation, donc, entre les mots et l'apparence du garçon; me décida. J'avais eu le choix dès qu'il fut apparu. Tuer ou laisser vivre. Il ne représentait aucun danger immédiat pour le plan. Alors, de derrière mon masque, la voix d'Umi Ji raisonna.

"Je ne sais pas qui est Halloween." Dis-je dans un premier temps.
"Je ne suis pas une chouquette non plus, loin de là." Repris-je sur un ton monotone.
"Et tu sembles davantage perdu que moi. Je sais où je vais." Conclus-je simplement.

Je ne posais aucune énigme au trublion. Aucune question non plus. Je lui fis un signe de la main, comme pour le saluer; et repris ma marche de l'orée du bois vers la côté de Kaminari. La rencontre pouvait se solder ainsi, cela ne me dérangeait pas le moins du monde. Au moins, même si je ne comprenais pas de quoi il parlait, je n'avais pas été vraiment... repérée.

Mais la plupart du temps, ce genre d'espoir se soldait par une désillusion, plus ou moins amer.

Alalala ! Une journée banale ? Mon cul ouais. C’était plutôt une journée de merde qui allait se terminer en apothéose. Pourquoi ? Tout simplement car j’avais rencontré quelqu’un. Oui, bon, j’avais une vie de merde. Fallait l’avouer hein. J’avais rencontré personne ce matin, ni même cette après-midi. J’étais seul toute la journée et rencontré enfin du monde allait faire du bien. Même si, au vu des réponses bizarres qu’elle m’avait sortie, elle était sûrement pas du coin. Enfin bref, c’était moi le ninja des nuages. Elle, elle était … Bizarre. Ouais, en regardant cette femme, je n’avais pas d’autre mots en bouche. Avec son masque de toute manière, elle était bizarre. Puis elle conaissait pas Hallowen … Et elle conaissait pas Chucky. Comment ne pas connaitre Chucky ?! C’était l’histoire de base pour faire peur aux enfants. Et Hallowen … Ouais bon, si c’était pas une Kumojin, elle ne pouvait pas connaitre. Enfin je pense. Car oui, une fois par an, les kumojins enfants sortent le soir et vont sonner aux portes pour demander des bonbons. Et ouais, on savait s’amuser nous les kumojins. Elle ne savait pas ce qu’elle ratait celle la.

Enfin bref, si ce n’était pas une Kumojin, c’était une membre d’un autre village ? J’avais entendu des rumeurs sur une unité Konohajin où les membres portaient des masques. L’Anbu si je ne m’abuse. Etait-elle une membre de l’Anbu ? Si oui, que faisait un membre de Konoha sur les terres de Kumo ? Plein de question m’effleuraient l’esprit, mais je restait de marbre face à elle. Elle était sûrement très forte. Si c’était le cas, c’était une mauvaise nouvelle pour moi. Car ouais, j’étais encore qu’un genin. Ouais, bon c’est pas drôle. De toute manière, je me met toujours dans la merde en ce moment. Enfin bref, je devais rester calme.

« Et où tu vas ? Je te pose la question, car je m’occupe de la surveillance des environs. T’es sûr les terres de Kumo, donc bon c’est pas tout ça, mais j’aimerais bien connaitre ton nom et la raison de ta présence ici. Et me sors pas King ou Kong comme prénom, t’as pas une tête de Kong. »

Resté discret et la jouer finement, c’était pas trop mon truc. Je réfléchissais que très rarement à ce que je pouvais et allait faire. Moi mon truc c’était l’instinct avant tout. Et je devais avouer que j’en avais un plutôt bon. Jusqu'à maintenant, il ne m’avait jamais lâché et il me disait de faire attention à celle-ci. Même si il me disait aussi qu’elle était vachement bonne. Enfin non, c’était pas mon instinct ça. C’était autre chose … Hm. Bref j’attendais sa réponse. Faut le dire, j’allais pas la lâcher avant d’en avoir une.

A peine avais-je repris ma marche, ou plutôt les quelques pas de plus que j'avais fait; que je m'arrêtai. Je fis face au jeune homme qui continuait de me parler et l'observai un instant. Oui, c'était ça. Un Kumojin. Je n'aurais pas pu plus mal tombé. Déjà le plan que je m'étais tracé semblait s'effacer. Bien que... Je n'avais qu'à agir de façon différente, je n'étais pas obligée de montrer mon vrai visage et encore de dire la vérité. Que risquais-je au pire ?

"hm ?" Fis-je en le fixant.
"Je vais par là." Pointais-je du doigt.

La réponse était sommaire. Bien des personnes pouvaient prendre cette information pour du sarcasme, mais en même temps elle ne pouvait être plus claire. Puis, un Kumojin était censé connaître un minimum la géographie de son pays... Si moi même je la connaissais. Enfin, ceci dit comme il y avait dans le Yuukan des ninjas pathétiques, il devait aussi y avoir des personnes au moins aussi mauvaises en géographie.

Mon plan se mit donc en branle. D'un mouvement lent je retirai mon masque noir, dévoilant le visage d'Umi Ji. La jeune femme avait une peau plus claire que la mienne, avait de long cheveux noirs et portait une paire de lunettes. Elle était le type même de la voyageuse lambda, à peu de choses prés. J'imaginais que Suna n'irait pas demander d'information sur une Sunajin à lunettes ayant un temps voyagé sur le territoire des nuages, à Kumo.

Dans mes souvenirs nos deux villages n'étaient exactement en très bon termes. Et Kioshi étant devenu le nouveau Kazekage, je me demandais si cela pouvait aller en s'améliorant. Bref... Avec toutes mes manigances, le mensonge ne m'était plus si inconnu, bien au contraire.

"Je me nomme... Kiribochi Ari. Je suis une artiste, d'où le masque. Je voyage vers les côtes. Je n'en ai pas le droit ?" Dis-je d'une voix fluette.
"Hum... Tu es donc un Kumojin ? Genin, chuunin ? Enfin, peu importe... Partout où je suis allée, j'ai entendu dire que les Kumojin étaient des mauviettes. Je suis donc assez surprise d'en voir un dans ces bois!" Ajoutais-je accompagné d'un sourire moqueur.

Ha.. Mon histoire était... Captivante. Je pouvais apercevoir le résultat de tout ce temps passé à préparer des plans dans l'ombres, à faire en sorte de brouiller les pistes... En tout cas, cette rencontre pouvait devenir, si ce n'était intéressante; marrante au moins. Cela ne tenait qu'au ninja de la foudre!

Elle était plutôt jolie sans son masque. Ses lunettes et son petit corps frêle laissait penser qu’elle était vraiment pas très puissante, mais les apparences sont souvent trompeuses et peut-être était-ce une tueuse en série ? Qui sait ? C’était peut-être ma dernière heure ? Bahahahaha, non pas du tout ! J’avais encore la vie devant moi ! Hm une artiste tu disais hein. Et elle voyageait à travers les cotes. Putain, elle devait bien s’être perdue car des cotes, j’en vois pas trop dans le coin. Fallait lui dire qu’elle était dans une foret quand même et que les cotes il y en a pas. Y’avait que des arbres a perte de vue qu’est-ce qu’elle pouvait bien avoir envie de dessiner celle la encore ?! C’est vrai non, les artistes ça dessine non ? Je sais pas du tout ce qu’elle fou ni comment elle gagne sa vie. Ca doit être bizarre de gagner de l’argent alors qu’on passe notre temps à dessiner. Enfin je le voyais comme ça personnellement car franchement, je ne savais pas du tout dessiner moi. J’étais un piètre artiste, tout ce que je savais faire c’était me battre et foutre la merde partout où je passais.

Enfin bref elle était là devant moi et sans son masque. C’était déjà un bon point pour elle que d’avoir enlevé son masque. Mais la suit de ses dires ne m’avaient pas plus du tout ! Comment ça des mauviettes ? Elle voulait des baffes ? Non, mais sérieusement. On ne frappe pas les femmes, mais franchement celle-ci méritait des coups pour ce qu’elle venait de dire ! Non mais vous y croyez vous ? Une femme qui me traite de mauviette … VIEN TE BATTRE BORDEL ! Non, il fallait que je me calme. C’était une étrangère et c’était surtout une artiste. J’allais sûrement la choquer par la violence de mes propos ou de mes coups. Enfin bref, je devais rester calme. Je devais respecter et faire honneur au village de Kumo devant cette étrangère. Histoire de lui montrer que les Kumojins n’étaient pas tous des assoiffés de violence … Enfin on l’était mais bon, fallait bien faire genre que non.

« Les vrais mauviettes, c’est les gars de Suna. Ils n’ont pas de bois, que du sable et d’après ce que j’ai entendu dire, ils sont plutôt chaud su slip là-bas ! »

Bahahaha, toujours l’humour. J’avais préféré pour une fois jouer la carte de l’humour au lieu de l’embrouiller inutilement. Fallait le dire, sa réflexion m’avait pas plus du tout, mais c’était comme ça et on pouvait pas apprendre le respect aux gens ! Enfin bref, j’avais choisie l’humour et je devais m’y fier. En plus frapper une femme c’était pas très bon. Surtout une étrangère, elle allait balancer à tout le monde que les ninjas de Kumo étaient des grosses brutes et ça c’était pas bon pour les affaires. Enfin bref, j’avais repris la parole.

« Plus sérieusement, c’est surtout toi qui est perdue. Y’a pas de cote ici … T’es en pleine foret. M’enfin pas grave, tu vas pouvoir me dessiner moi, je t’offre ma beauté légendaire l’artiste en herbe. Si t'es vraiment une artiste... »

Ce ninja me fit presque rire, ce qui n'aurait pas été le cas quelques mois auparavant. Je me demandais quelle serait sa réaction s'il savait que devant lui se tenait la Kazekage Habashi Zanshi... Mais heureusement, je n'étais plus l'un et plus tout à fait l'autre! Et pur être franche, ce qu'il disait à propos des Sunajin n'était pas complétement faux. C'était vrai, les ninjas du vent étaient très "sentimentalistes". Je pouvais aussi bien les défendre contre ses propos, qu'aller dans son sens ou... Enfin, quoi qu'il en soit; cela ne retirait rien à son humour involontaire, puisque je doutais qu'il fasse exprès de raconter autant de d'âneries.

Oui nous étions dans une forêt, oui je savais qu'il n'y avait pas de côtes ici mais c'était justement ma destination et ma route fit que je dû passer par ici. Je n'allais pas lui expliquer ça de cette façon. Non, je pouvais être bien plus sarcastique.. ou pas. Puis, artiste... Chez les Kumojins voulait dire dessinateur. Je devais retenir ça! En attendant cette rencontre impromptue me faisait perdre du temps sur mon planning, mais pouvais-je aller contre ? Et ce que ça valait le coût d'éveiller les soupçons sur ma véritable fausse identité ? Non, pas vraiment.

"A Suna ? Je ne sais pas, mais ils ont une réputation qui dépasse leurs frontières en tout cas! Leurs ninjas sont puissants... Enfin, je de dis ça.." Lui répondis-je simplement.

Suna avait gagné plusieurs guerres, ses Kage comptaient parmi les plus puissants mais aussi parmi les plus sombres. Les shinobi du désert n'étaient pas en reste en comparaison. Très unis, coordonnés et suivant les consignes à la règle. Il me semblait qu'on ne pouvait pas en dire autant des Konohajin ou des Kumojin. J'aurais pu le dire, et parler avec expérience qui plus est. Mais nous nous n'en étions pas là...

"Qui fait quoi, qui dit quoi... ça ne m’intéresse pas vraiment au final. Les rumeurs, tu sais.. Sinon, non je ne suis pas vraiment dessinatrice. Mais une comédienne, oui!" Dis-je en le pointant du doigt avec une intonation particulière.

Ce jeu me plaisait finalement. Me faire passer pour quelqu'un d'autre, jouer un rôle... Mentir. C'était dans l'ensemble plutôt sympa.

"Et, je vais vers les côtes de Kaminari. Je sais que je ne suis pas au bon endroit! C'est pour ça que je continue dans cette direction." Ajoutais-je en point du pouce la direction que je lui avais montré juste avant.

« Puissant ? Qu’est-ce que t’en sais ? T’es une Sunajin toi p’tete ? »

Ehe, une petite blague pour encore plus détendre l’atmosphère, ça ne faisait pas de mal. En plus, ce que je venais de dire c’était une sorte de coup de pression en même temps. Même dit sur le ton de l’humour, ca restait une question. Vu ses dires, elle défendait les Sunajins. C’était donc une question comme une autre hein. Elle devrait sûrement être prise sur le ton de l’humour. C’était mon but premier de toute manière. Bref, j’étais en face d’elle. Elle reprit la parole pour me dire qu’elle n’était pas dessinatrice, mais comédienne. Ah ouais quand même, j’avais affaire a une tout autre personne là. Elle se foutait soit de ma gueule, soit elle était vraiment ce qu’elle disait être. Mais bon, personnellement, une comédienne avec un masque comme ça qui se dirige vers les cotes de Kumo, j’en avais jamais vu. De plus, elle ne semblait pas venir d’ici vu qu’elle ne connaissait pas Hallowen.

« Et qu’est-ce qu’une comédienne irait faire sur les falaises de Kumo ? »

Ouais, pour une fois que je faisais marcher ma cervelle et que je paraissais intelligent en posant une question, je n’allais pas m’en priver. En plus, c’était la vérité. Je ne voyais pas pourquoi une comédienne irait vers les falaises de Kumo … Oh, mais oui ! Enfin non ! Ce n’était pas vraiment ce pourquoi j’espérais qu’elle y aille. Bordel de merde, j’allais pas devoir la laisser toute seul celle-ci.

« Dis moi … Tu ne vas quand même pas aller te suicider parce que ta pièce n’a pas marcher ou autre ? »

Ouais bah oui. C’était la seul explication plausible à cette histoire plus que bizarre. Une comédienne qui marche en plein territoire Kumojin et qui porte un masque sur son visage. Bordel de merde, c’était très bizarre comme truc. En plus, une non Kumojin. Elle avait sûrement même jamais grandit dans le pays de la foudre. Bref, je n’allais pas la laisser tranquille. J’allais l’accompagné et je ne la lâcherais pas avant qu’elle ne m’est prouvé qu’elle ne cherchait pas a se suicider. Une si belle femme comme elle … Ca serait vraiment bête de sauter d’une falaise. Surtout pour une pièce putain ! Une pièce ou un mec … Alala les femmes. Elles étaient trop sentimentalistes. Trop guimauve … Il fallait qu’elles s’endurcissent et se forgent le caractère car si je devais passer mon temps à suivre la première femme qui passe avec un masque car elle veut se suicider a cause d’un gars, j’allais jamais de ma vie devenir un ninja renommé dans le village.

« Bon, je te suis. Je viens avec toi. J'ai pas envie d'avoir ta mort sur les bras ! »

En voilà un curieux me dis-je. Et suspicieux en plus de ça! Il était assez maladroit dans sa façon de faire mais je trouvais sa technique d'interrogatoire assez interessante dans le fond. Jouer les idiots et poser des questions anodines pouvaient être bien plus efficace que de se montrer vindicatif, agressif. Cependant je n'allais pas être plus réceptive ou généreuse en réponse. Et plus ça allait plus ses questions ou remarques me semblaient de plus en plus...

Néanmoins, je lui concédai quand même une réponse.

"Ah... Ce que je fais, qui je suis... Cela ne te regarde pas vraiment."

En fait ce n'était pas vraiment une réponse, mais il devrait s'en satisfaire. Je repris donc ma marche jusqu'aux "falaises" qui ressemblaient plus, dans mes souvenirs, à un village portuaire qu'autre chose. Je me demandais pourquoi les gens imaginaient toujours le pire... Ils tombent sur une personne un peu particulière et pensent qu'elle veut en finir. Cela pouvait être amusant si ce n'était d'abord pathétique. Enfin...

"Si je voulais me suicider, il y a des façons plus simples et plus rapides... Dis-je en marchant. Puis je ne suis pas sûre que ça marcherait... ajoutais-je à voix basse."

Je pensais qu'il allait me laisser tranquille maintenant, mais sa dernière phrase me fit comprendre que non. Il voulait me suivre, ou m'accompagner. Je m'arrêtai à nouveau, j'étais de dos.

"Non, le mieux serait que tu restes ici. Je n'ai pas besoin qu'on m'escorte ou m'accompagne. Puis, tu me ralentirais plus qu'autre chose. Lui adressais-je sur un ton plus abrupt."

Je ne savais si cette simple phrase qui raisonnait davantage comme un ordre qu'une demande serait suffisante à ce qu'il change d'avis, mais s'il s'obstinait je n'aurais d'autre chose que de me montrer plus convaincante. Et là, forcément, il devinerait -et c'est peu dire- que je n'étais pas une simple comédienne et que ma connaissance des Sunajin prendrait tout son sens. Mais nous n'en étions pas encore là, et cela ne risquait pas d'arriver ?