Mission rang c - les charmes de l'illusion [ketsuen-Seito] (Terminé)

ordre de mission:

Comme il était bon d'enfin avoir un but et de pouvoir, peut-être, mettre à profit toutes ces années d'entraînements et de discipline martiale. Cela faisait déjà quelques jours que j'avais quitté les frontières de Yuki no kuni pour me rendre dans un pays et un village, qui m'étaient totalement inconnu et pour une mission au cours de laquelle je serais jumelé avec un shinobi d'une autre nation du shukai. Il ne s'était passé que quelques jours depuis le départ imprévu de Yuki et bien que j'eus pensé faire ma première mission au sein de l'équipe Tsukimi, je ne me plains pas du changement de programme. Les choses semblaient prendre formes plus rapidement que je ne le pensais, ce qui était plus que temps après deux ans de présence dans les terres claniques sans aucunes nouvelles de ce que l'on attendaient de moi.

C'est donc avec la hâte au ventre que je tentai de me rendre à Tori no kuni, là où l'on avait décidé de m'envoyer, afin d'y rencontrer la personne avec laquelle je ferai cause commune. Pour des raisons que j'ignorais, l'on décida de ne pas mentionner aucun de nos noms, de répondre par le nom de code "Croc blanc" dans mon cas et de me présenter au salon de thé du village en demandant à y rejoindre la table de "rouge griffe". Là, j'y ferai la connaissance de mon homologue et nous pourrions débuter notre recherche.

En arrivant donc au pays des oiseaux, ce qui me surpris d'abord fut le calme qui semblait y régner, autant dans la nature que de par sa simple géographie. Habitué des pays aux fortes précipitations de neige ou de pluie de par mes expériences à Kiri ou dans Yuki no kuni, je ne pu que m'émerveiller en posant les pieds sur ces énormes plaines à l'herbe longues et aux arbres solitaires qu'était doté cette partie du monde. Le printemps arrivés, je fus impressionné par l'arrivée migratoire de centaines d'espèces d'oiseaux qui semblaient danser dans les cieux au rythmes des vents tempérés, mais doux qu'apportaient les brises venant du sud. Je pris donc mes aises en rangeant mon manteau dans le sac que je traînai avec moi, ne gardant que mes pantalons et ces immenses gants renforcés que je gardais en permanence sur mes bras, gants sur lesquels j'enlaçais la chaîne qui était relié au pommeau de mon épée.

Je déambulai donc quelques heures dans les plaines herbeuses de Tori avant de finalement atteindre le
Village de Suzume, là où la rencontre avait lieu. Avant de n'entrer dans le village, je m'assurai que Akuma Kudaku était solidement accrochée à son support et que mon cache-oeil recouvrait bien toute la surface de mon orbite droit. Il n'était pas question de rendre ces villageois plus mal à l'aise qu'ils ne le seraient déjà en ma présence. La vue de cette immonde cicatrice et de cet oeil manquant risquant se provoquer le dédain pour certains et la crainte pour d'autres.

Sur mon chemin, je croisai plusieurs fermiers qui travaillaient les champs avec ardeur. Pendant un instant, je me revis hache à la main, sueur au front et épuisé d'un travail répétitif et demandant au même titre qu'eux. L'on pouvait être Shinobi et entraîné à la guerre, il fallait néanmoins avouer que cette vie que le peuple menait était tout sauf facile. Le travail y était difficile et les temps encore plus car bien misérable était le revenu de ces gens qui pourtant en faisaient bien plus que bien d'autres plus aisés. J'étais content de ne plus faire partie de cette vie, et d'enfin être là où je pensais devoir être.

C'est donc suite à cette longue réflexion que j'entrai dans le village sans trop me faire poser de question par la milice locale. Une fois, aux limites du pays, les Shinobis à la charge du secteur me demandèrent les raisons de ma présence, mais aussitôt leur avoir prouver mon appartenance aux forces du Shukai, l'on me laissa tranquille.

Un pied devant l'autre, je me dirigeai vers le lieu de la rencontre en demandant parfois mon chemin aux natifs du coin. Cela ne pris que quelques minutes avant que je puisse apercevoir, au loin, une grande cabane qui siégeait au dessus d'une petite colline. Devant celle-ci, une affiche qui battait tranquillement de l'avant à l'arrière, poussée par les quelques bourrasques irrégulières qui animaient aussi les feuilles des trois arbres qui s'élevaient le long du chemin qui passait sous mes pieds et qui terminait sa course au pied de la porte du bâtiment en bois et en pierre. Sur ce panneau, l'on pouvait y voir une théière fumante gravée à même le bois, et quelques feuilles de menthes à ses côtés. Il était difficile de manquer le point de rendez-vous.

Je gravis donc le chemin de terre tapée et je poussai la porte pour y trouver une ambiance chaleureuse et agréable à l'intérieur. Chaque tables basses étaient séparées par paravent de bambous, offrant une intimité entre les différents groupes qui venaient savourer un thé chaud en toute tranquillité. D'ailleurs, il ne fallu que quelques secondes pour que l'un des employés ne vienne me voir et me fasse mention de la règle maison sur les bruits et dérangement. J'étais déjà étiqueté comme étant un nouveau venu, un étranger dans le coin et cela se ressentait par les innombrables paire de yeux qui me fixaient du regard. Aussi, l'on me demanda de laisser mon arme derrière le comptoir, ce que je fis à contre-coeur. Même les guerriers à la solde de l'empire devait déposer leur arsenal s'il voulait bénéficier de la quiétude des lieux. Je regardai donc l'homme qui m'accueillit et m'adressai à lui en prenant bien soin d'être aussi silencieux que possible.

"Je suis attendu à la table de Rouge Griffe. Pouvez-vous lui dire que Croc blanc attend son invitation"

"Inutile de lui annoncer votre arrivée. Venez."

Je suivis donc le serveur de près jusqu'à la troisième section de tables où, plus loin, mon partenaire semblait déjà m'attendre. Plus j'approchai, plus j'essayai d'entrevoir la personne qui patientait, assise, derrière les paravents de bambou. Mon regard glissa ensuite sur le plancher qui se transformait enfin en tapis puis lorsque je fus enfin de l'autre coté des petits murs, mon oeil s'agrandit en observant le jeune homme qui m'y attendait. Sourire en coin, je ne pu m'empêcher une remarque suite à cette surprise.

"Eh bien...qui avons nous ici!"

Assis en position de méditation, Seito était plongé dans ses pensées. Il se repassait le fil de son voyage dans son esprit. Il avait bien vite quitté Taki no Kuni, son nouveau lieu de résidence, et avait longé la frontière Sud de Tsuchi no Kuni jusqu'à arriver en bordure de Tori no Kuni, lieu où il devrait accomplir sa mission en compagnie de celui qu'il ne connaissait que sous le pseudonyme de "Croc blanc". C'était la première fois qu'il se voyait affublé lui-même d'un nom de code pour une mission. D'autant plus qu'elle n'était pas d'une ampleur particulière. Peut être s'agissait-il simplement d'une façon de protéger leur identité, à lui et à son acolyte encore anonyme.
De la protection d'identité, ils allaient en avoir besoin. Ils s'attaquaient à un problème tout à fait inédit pour Seito. Il s'agissait d'une affaire de moeurs, qu'il fallait résorber par l'infiltration et l'enquête minutieuse. L'enquête, Seito avait déjà donné dedans. Avec Mamoru Setsuko, il avait arrêté un mari fou de vengeance envers sa femme qui le trompait avec un forgeron du Shozaichi. Une histoire assez sordide, mais qui aurait pu se finir encore plus mal si Seito et Setsuko n'étaient pas parvenus à retrouver l'époux jaloux dans les temps. Enfin bref, tout ça pour dire qu'en matière d'enquête, Seito avait une très légère expérience.
Ces souvenirs affluaient dans sa mémoire, quand il fut interrompu dans cet exercice par un bruit de pas. C'était un son tout à fait décelable dans cet établissement, le silence quasi-parfait qui y régnait amplifiant le moindre bruissement. Seito trouvait d'ailleurs un tel calme parfaitement reposant. Pour lui, un voyageur fraîchement arrivé, il n'y avait rien de mieux qu'une ambiance propice au recueillement. Il garda les yeux fermés, et ne changea guère de position. Il avait deviné à la voix du nouveau-venu de qui il s'agissait. Un léger sourire passa sur ses lèvres. Il ouvrit cette fois-ci les yeux, découvrant sans surprise Samui Ketsuen. D'un signe de la main, il lui indiqua le coussin qui lui faisait face, de l'autre côté d'une table basse sur laquelle était déjà posé tout le nécessaire à la préparation du thé.
"Alors, Croc-blanc ? J'espère que le voyage s'est bien passé."
Il saisit la théière, et, plus par habitude, commença à servir le thé à la manière traditionnelle des Yôgan, c'est à dire avec des mouvements assez amples, et en essuyant régulièrement le bec de la théière. Malgré son éloignement avec ceux de son clan, il n'avait pas perdu les us des siens. La force des habitudes est, à ce qu'il paraît, plus résistante que n'importe quoi.
"Avant qu'on commence à parler sérieusement, laisse-moi te prévenir: les gens de cet établissement sont très à cheval sur le silence. Tout à l'heure, un client s'est fait chasser à coups de pieds. Littéralement ... Alors, essayons d'être discrets, hum ? Ensuite, il vaut mieux qu'on utilise les noms de code qu'on nous a donnés. La discrétion, ça devra être le maître mot de cette mission."
Il ponctua ses recommandations en buvant une gorgée de thé.
"Bon, on va pas languir en retrouvailles, c'est pas mon genre. Le travail passe avant tout. Alors, on a affaire à une illusionniste, non ? Personnellement, je n'y connais rien en Genjutsu. Mieux vaut éviter de se frotter à elle, ou je risquerais bien de me faire avoir ... Mais, peut être que si tu as de quoi te libérer d'une illusion on pourrait s'en tirer."
Il jeta un regard vers Ketsuen. Il lui semblait avoir été bien froid, pour des retrouvailles aussi inattendues que longues. Mais, comme il l'avait dit, ils étaient là pour accomplir une mission, pas pour papoter tranquillement autour d'une tasse de thé.

Répondant d'abord à mon collègue que le voyage s'était passé en toute quiétude, je pris le temps de bien m'installer à la table. Posant mon arme sur mes genoux alors que l'on me versait tranquillement le thé, j'eux l'occasion de voir une facette de Seito que je ne connaissais pas. Ses mouvements ample et la délicatesse avec laquelle il servait le thé ne pouvait être autre chose qu'un rite traditionnel qui lui avait probablement été enseigné parmi les siens. Aussi, je pris la peine de m'incliner légèrement vers l'avant, selon la coutume plus générale, pour accepter et prendre le breuvage chaud.

Vint par la suite un avertissement ferme sur les règles maisons en ce qui concernait le silence de l'établissement. Il valait de soi qu'une maison de thé se devait être reposante et je n'eus que respect pour cette attente envers les clients. Je fus néanmoins surpris d'apprendre le traitement que l'on réservait aux traitres à la langue agitée, me laissant un sourire en coin, un tantinet moqueur, à la bouche. Mes intentions, heureusement, avaient toujours été d'agir en toute discrétion. Bien que cette mission allait être ma première à vie, je comprenais l'importance d'un ordre d'enquête et ce que l'on attendait de ceux qui étaient sensé veiller au bien de son accomplissement. j'abaissai néanmoins le volume de ma voix en poursuivant la conversation.

"Il n'y a là aucun problème. Disons que rien de cela va à l'encontre de ma nature de toute manière."

Hormis lors de mes entraînements ou lors d'un véritable combats, le bruit n'était pas pour moi un ami ou encore quelque chose que j'affectionnais, préférant largement le calme et l'ordre au chaos et à la cacophonie irritante qui l'accompagnait généralement.

Rapidement, la discussion tourna dans le sens de la quête que nous devions accomplir. Bien qu'il s'agissait d'un heureux hasard de me retrouver à cet endroit avec "Rouge griffe" à la demande des services de l'empire, il restait néanmoins véridique que nous étions là en tant que soldats et pour une enquête ayant comme objectif le profilage d'une illusionniste et comme mon partenaire de l'heure, je ne disposais que très peu de connaissance et de compréhension de cet art subtil et trompeur. Ainsi, je ne pu qu'hausser les épaules tout en tentant de voir les options qui s'offraient à nous. Options qui étaient peu nombreuses.L'idée que j'avais en tête étant loin d'être géniale, mais aussi tellement simple qu'elle pourrait s'avérer être potable dans l'optique où notre cible pourrait se laisser avoir naïvement, je décidai de la partager.

"Eh bien, l'on pourrait tout simplement rester près l'un de l'autre sans pour autant communiquer ouvertement. L'un de nous deux pourrait poser des questions, effectuer une recherche active et pas très discrète afin d'attirer l'attention de cette manipulatrice. Si elle décide alors de mettre l'appât hors d'état de nuire, l'autre s'en mêle et on a notre preuve.

Mais bon, ça reste relativement simple et limite bourin. Si t'as une meilleure idée, hésite pas. Je ne suis formé qu'au combat rapproché de mon coté, mes talents sont assez limités."

Je pris alors une seconde gorgée du thé qui avait tranquillement refroidis au poit où il était, pour ma propre personne, parfait. Je ne savais pas si c'était relié aux endroits où j'avais jusqici vécu, mais la nourriture et les boissons trop chaude n'avaient jamais réussis à me faire, comme si ma langue et mes lèvres ne pouvaient supporter une température aussi élevée. Sur bien des points, je pouvais me vanter d'être très résistant pour une personne de mon âge et de mon gabaris, mais sur ce point je donnais l'impression d'être une lavette. Néanmoins, le thé était délicieux.

Comme il l'avait déjà dit, Seito pensait que le maître-mot de cette mission devrait être la discrétion. A celui-ci, il pensait maintenant en ajouter un autre: la prévention. En effet, leur tâche principale était certes de localiser la suspecte, mais avant tout de protéger les populations. Même si ce n'était pas mentionné explicitement dans l'ordre de mission qu'on leur avait délivré, c'était bien le but de l'opération. Ils agissaient dans l'intérêt des habitants du village. Aussi, Seito pensait maintenant, il s'en voulait d'avoir omis ce détail auparavant, qu'il fallait en premier lieu prévenir les locaux du danger qu'ils couraient, et en particuliers les agriculteurs, qui devaient, selon leurs sources, constituer la cible privilégiée de l'illusionniste.
"Ton idée est bonne, murmura-t-il. Rester près l'un de l'autre, ça semble être une mesure de sécurité indispensable. Si jamais on en vient à tomber sur cette femme, il faudra qu'on soit sous bonne garde: si elle s'aperçoit qu'on est des soldats de l'Empire, elle pourrait paniquer. Et je préfère ne pas imaginer ce qu'elle pourrait en venir à faire ..."
Seito grimaça. Vers quelles extrémités un criminel en danger pouvait-il être poussé ? Quel était le poids des menaces quand il se rendait compte des conséquences de ses crimes ? Comme réagissait-il face aux exactions qu'il devait assumer ? Evidemment, Seito n'en n'avait pas la moindre idée. Il s'était toujours efforcé, avec succès, d'être le plus droit possible. Mais il s'efforçait de se mettre à la place des criminels, quand il s'agissait de les arrêter. Après tout, la connaissance passait par la compréhension, et par celle-ci on pouvait également limiter les crimes. Comprendre les criminels, c'était une façon de prévenir les crimes à venir.
"Ce qu'on peut faire, donc, c'est aller interroger des gens directement dans la rue. Elle doit bien être connue, au moins par la rumeur, dans un si petit patelin. Même s'ils ont peur, les habitants pourront nous renseigner, quand ils sauront qu'on vient justement pour mettre fin à ses agissements. Et puis, comme ça, on pourra aussi les mettre en garde. Même si, j'imagine, ils doivent déjà suffisamment se méfier les uns des autres ..."
Oui, dans les petits bourgs, comme celui-là, où les habitants se retrouvaient cernés par la nature, la rumeur devait bien circuler. Les occupations étant limitées, ils devaient trouver toute la satisfaction qu'ils voulaient dans le plaisir de faire courir des ragots. Mais en l'occurrence, Seito comptait bien utiliser ces rumeurs pour protéger les habitants.
Les deux acolytes se mirent vite d'accord, et dès que les tasses furent vides, ils sortirent, sans le moindre bruit, de l'établissement de thés. A l'extérieur, le vent continuait de souffler, pareil à lui-même. La bourgade était bien calme, et on n'aurait pas pu dire, en y jetant un simple regard, que des agissements sordides y avaient lieu.
"Excusez-moi, est-ce que vous savez quoi que ce soit à propos d'une jeune femme qui pratiquerait l'illusion, dans le coin ?
-Certainement pas. Des gens comme ça, on en n'a pas, ici.
-Vous savez, vous pouvez parler sans crainte, je suis ...
-J'men fiche ! Laissez-moi passer, jeune homme."
Seito libéra à contre-coeur le passage à une vieille dame suffisamment épaisse pour le forcer à se pousser. Il ne s'attendait certes pas à une collaboration directe des habitants, mais commencer sur un échec aussi cuisant était assez démoralisant pour la suite. Il jeta un regard à Ketsuen, en pleins pourparlers avec un paysans à l'air tout aussi bourru que la vieille dame de Seito. Soutirer des informations à ces gens-là n'allait pas être facile. Si seulement ils savaient que les deux soldats agissaient dans leur intérêt ...
Une porte s'ouvrit discrètement à la droite de Seito. Il ne la remarqua que par le grincement léger qu'elle produisit. Dans l'embrasure, un visage fripé, enveloppé d'un mouchoir de soie à carreaux, semblait lui intimer l'ordre de rentrer dans la maison. Intrigué, Seito s'exécuta, non sans jeter un nouveau regard à son compagnon, afin de le mettre au courant de sa position. Simple précaution. Même s'il doutait qu'il avait affaire à la suspecte.
En effet, une fois qu'il fut entré dans la bâtisse, il put se rendre compte que celle qui l'avait fait rentrer chez elle n'avait rien de la jeune femme décrite dans l'ordre de mission. Repliée sur elle-même, presque pliée en deux, semblable à un tas de peau plissée. Elle tira une chaise, et s'assis dessus. Puis, elle jeta un regard admiratif sur Seito, comme s'il était une denrée rare que l'on voit peu dans ces villages reculés. Mal à l'aise, le jeune soldat n'osait pas parler. Une odeur forte de souffre lui chatouillait les narines, et ne lui donnait qu'une seule envie: sortir de cette maison.
"Excusez-moi, mais est-ce que vous savez quoi que ce soit à propos d'une femme pratiquant l'illusion dans le coin ?"
La vieille se leva avec difficulté, et se mit sur la pointe de ses petits pieds chaussés de laine pour venir murmurer quelques mots à l'oreille de Seito:
"On dit que c'est une sorcière ..."
Elle se rassit lentement, fixant toujours Seito, l'air entendu.
"Une ... sorcière ? Pourquoi, parce qu'elle hypnotise les gens ?
-Si ce n'était que ça ! Mais certains racontent l'avoir déjà vue pêcher des grenouilles dans les marais, la nuit tombée, pour les manger toutes crues, d'un claquement de dents ! CLAC !"
Le dernier cri de la vieille fit sursauter Seito. Il se demandait bien dans quelle histoire il s'était fourré.
"Mais vous, vous la connaissez ?
-Je l'ai vue, une fois. Elle rôde dans les rues, pendant la journée. Ooooooh, elle est belle, c'est certain. Vous pourriez tomber dans ses filets. Mais elle est dangereuse, et plus venimeuse que le serpent ! Prenez garde, mon garçon ! Vous et votre compagnon, prenez garde !"
L'odeur de souffre devenait insupportable. Seito estima qu'il était temps pour lui de sortir de cette enfer olfactif.
"Eh bien ... Merci, pour votre collaboration. On va faire attention."
Il ouvrit la porte, et respira aussitôt une bouffée d'air frais et pur. Il ne savait pas trop quoi penser de ce qu'il avait entendu. Etait-ce seulement un ramassis de commérages, ou y'avait-il une vérité sous ces élucubrations ? Ca, il ne tenait qu'à lui de le découvrir en enquêtant plus en profondeur.
Il chercha Ketsuen du regard. Il ne le vit pas, d'abord. Puis, il remarqua son épée, qui dansait entre les doigts d'une jeune femme. Lui, il la regardait d'un air des plus imbéciles, comme s'il n'était plus maître de lui-même.

Les règles avaient donc été décidée et il ne nous manquait plus qu'à jeter les dés pour enfin jouer à la partie. Notre premier résultat, chacun de notre côté, s'était soldé à une manche assez faible, au point où mon collègue semblait abasourdis de s'être fait malmené la peau par une vieille cataracte dans la soixantaine. Je ne pu m'empêcher d'esquisser un sourire en coin et un rire moqueur de mon côté, rire qui s'effaça en moins de quelques secondes alors qu'une autre de ces terreurs de l'âge d'or ne me clou le bec en me demandant carrément s'il était dans mes habitudes de rire seul comme un malade. J'en vins à me dire que ai c'était elles qui dirigeait les fermes et les terres dans ce village, cette illusionniste aurait probablement rebroussée chemin dans ses démarches tellement ces vieilles prunes étaient aigries.

Je laissai néanmoins la chance au coureur et je repris mes recherches des plus belles alors que je pouvais voir, du coin de l'oeil, que le jeune Yôgan en faisait de même alors qu'on l'amenait à l'écart des yeux trop curieux. Avait-il donc déjà trouvé une source s'information? Il semblait que oui.

C'est alors que, sur ma gauche, j'entendis un bruit de pas qui sortis littéralement de nul part. Me retournant à la vitesse de mes réflexes, la seule chose que j'eus le temps de voir était le visage d'une magnifique jeune femme au cheveux couleur d'ébène. Je sentis ensuite une chaleur sur mes lèvres, puis le magnifique visage de la jeune femme m'apparut alors flou, comme un mirage. Je sentis mon corps faiblir et avant que je n'échappe Akuma Kudaku au sol, une main délicate se posa sur la mienne, mais surprise par le poid de l'épée, celle qui m'avait offert un baisé envoûtant ne pouvait faire autre chose que d'apporter ses deux mains au pommeau de l'arme. Malheureusement, je ne pouvais plus rien faire car pour des raisons que j'ignorai, je sentis mes muscles m'abandonnés. Mais que se passait-il?

"Que...Seito?!?!!! Je...je ne peux plus bouger!"

C'est ce qui aurait voulu sortir de ma bouche , mais même mes lèvres me semblaient alors être un poids. Je soupirai lourdement en m'apercevant aussi qu'aucun son ne sortait de ma bouche. Mais que diable se passait-il? Était-ce elle, l'ensorceleuse, la traitresse que nous devions retrouver? J'en aurais mis la main au feu car plus je soutenais son regard, plus l'envie de m'y plonger devenait difficile à résister. Mon coeur se mettait à battre la chamade, je commençai à avoir le vertige.

"Seito! Vite, aide moi!"

Ce furent aussi les dernières paroles que je réussis à prononcer. Durant un instant, j'eus l'impression que tout devint noir, obscure. Je tentai de tourner la tête vers la droite, mais je ne pouvais rien voir. Je tournai ensuite la tête de l'autre sens, vers mon partenaire, mais encore une fois je ne le vis pas...mais lorsque je revins vers l'avant, là où se trouvait la traîtresse, la vue me revint. J'étais subjuguer par sa beauté, incapable d'une simple pensée mauvaise à son égard. Elle me sembla être tout ce que je devais avoir, tout ce que j'avais de besoin pour être heureux, mais lorsque je tentai d'avancer vers elle, c'est comme si le paysage s’étirait, l'éloignait de moi. Je tentai de courir, mais je ne faisais que reculer. Que diable se passait-il donc? Pourquoi est-ce que je ne pouvais atteindre le fruit de mon désire? Bien sur, tout ceci n'était que machination, mais je ne le comprenais plus. Seito n'existait plus non plus. Il n'y avait qu'elle et moi...et ce paysage interminable entre nous.

"Ne pars pas! Restes! Je...je ne cours pas assez vite!!!"

De son côté, le jeune shinobi originaire du pays du bois pouvait être témoin du ridicule de la chose. Mon corps, totalement déconnecté de mon esprit, se mit à courir sur place en tendant les bras vers la jeune femme, tentant de l'agripper alors que mes doigts ne pouvaient l'atteindre de quelques centimètres seulement. Le sourire qu'elle avait au lèvres était hypocrite, trop sûre d'elle même. Elle n'en était pas à sa première manipulation de la sorte, et ne s'en cachait pas vraiment.

"Elle est belle ton épée, mon grand ... On pourrait facilement se blesser avec ...Ce serait dommage de la salir, non ?
-Ecartez-vous, s'il vous plait."
Seito était arrivé auprès de Ketsuen et de la jeune femme. Celle-ci caressait de ses doigts baladeurs la surface lisse et étincelante de la lame, tout en susurrant quelques paroles incompréhensibles, mais certainement pas des plus chastes, à l'oreille du jeune soldat. Lorsque Seito la coupa dans ses murmures, elle tourna les yeux vers lui, un sourire malicieux plaqué sur son visage qui, il fallait bien le dire, n'était pas des plus désagréables. Une lueur de fourberie brillait dans ses pupilles, et tout ce qu'elle inspirait à Seito, c'était du mépris, et une certaine peur.
"Eh bien, eh bien. Voilà un deuxième valeureux chevalier pour me faire la cour ? Vous êtes venus nombreux, j'espère.
-Qui êtes-vous ?
-Ne sois pas si froid, mon chou. Je m'amusais simplement avec ton copain."
Il était évident qu'elle mentait. Il suffisait de regarder la tête d'ahuri que faisait Ketsuen, et de remarquer le léger filet de bave qui commençait à couler le long de son menton, pour s'en apercevoir.
"Ecartez-vous de lui. Vous êtes la responsable des problèmes qu'on a rapportés dans le coin, j'imagine ? Votre réputation vous précède, malheureusement.
-C'est bien, tu n'es pas idiot, petit soldat. Dis-moi, que comptez-vous faire de moi quand vous m'aurez attrapée ? Tu sais, je déteste les menottes ...
-Vous serez jugée selon les lois de l'Empire, comme n'importe quel criminel.
-Oh, vraiment ... Ca c'est embêtant, tu vois, parce que ..."
Elle laissa tomber la lame de Ketsuen, et fit un pas en arrière.
"... Je ne me considère pas vraiment comme une criminelle.
-Aux yeux de la justice, c'est ce que vous êtes. Vous avez abusé de gens innocents dans le seul but de vos intérêts personnels.
-Oh, vraiment ? Et tu penses pouvoir m'arrêter, toi ?
-Je l'espère, plus que je ne le pense. Je suis persuadé que mes efforts conjugués à ceux de ce jeune homme pourraient venir à bout de vos machinations.
-Ah bon ..."
Elle avait pris un ton sarcastique, qui ne manqua pas d'irriter Seito. Cependant, il garda sa colère cachée. Il savait qu'elle souhaitait qu'il craque, et lui ne voulait pas lui donner cette satisfaction.
"Dans ce cas, je vais vous donner une chance, à tous les deux. Retrouvez-moi cette nuit à minuit au bord de l'étang en bas du village. Venez seuls, et vous aurez votre chance de m'arrêter, si c'est ce que vous voulez.
-Je pourrais très bien vous arrêtez maintenant.
-Ne sois pas stupide, je t'hypnotiserais aussi facilement que je l'ai fait pour l'autre -elle désigna Ketsuen du doigt. De toute façon, tu n'as pas le choix. C'est ça, ou vous restez un moment plantés dans la rue, avec ton copain qui bave."
Seito serra les dents. C'était vrai, il n'avait pas le choix.
"Bon, très bien.
-A ce soir, choupinou !"
Sur ces mots, elle sauta sur un toit avoisinant dans un bond spectaculaire, et disparut au loin. Quelques instant plus tard, Ketsuen sortait de son état d'hébétude. Seito rongeait son frein. Il résuma les derniers événements à son camarade.
"Voilà où on en est rendu. Maintenant, on a le choix: soit on respecte l'ordre de mission, et on s'arrête là, soit on va essayer de l'attraper. Qu'est-ce que tu en penses ?"

Je ne pouvais oublier la douce sensation des lèvres de cette femme, comme si elles restaient continuellement sur les miennes et ce, même si je ne parvenais à la rejoindre. J'avais tellement couru que je m'étais finalement effondré au sol de tout mon poids, à bout de souffle. Ce n'est qu'après quelques longues et interminables minutes que je repris tranquillement conscience, comme si tous ceci ne fut en fait qu'un rêve éveillé. Debout devant moi, les bras croisé, mon collègue de mission semblait attendre que je sorte de mes rêveries. Il me regardait d'un air critique, mais aussi très pensif. Je me sentis alors honteux. Honteux d'avoir tombé si facilement dans les filets tendus de cette manipulatrice.

J'hochai lentement la tête en un signe de négation tout en reprenant mes esprits. Bien que j'étais sortis de cette fausse image mentale que l'on m'avait imposée, j'en ressentais encore quelques effets étourdissants. Je regardai autour de moi pour finalement me rendre compte qu'elle n'y était simplement plus. Je regardai ensuite mon partenaire et à en voir la mine qu'il avait, je me doutai bien qu'elle avait réussi à prendre la poudre d'escampette. Je me relevai donc pour prendre mon sabre qui reposait un peu plus loin au sol tout en écoutant l'histoire abrégée que Seito me dévoilait. Décidément, les illusions de cette sorcière pouvaient mettre quelqu'un hors d'état de nuire en un rien de temps.

Je pris donc un instant de réflexion, mon arme toujours à la main, tentant de m'efforcer à faire un choix. D'une part, nous avions vu ce que nous avions à voir sur cette criminelle, mais d'une autre rien ne la retenait maintenant de garder la pédale douce sur ses actions si nous partions. Le temps d'en informer l'empire, qu'ils envoient d'autres shinobis sur place pour terminer le travail...les dégâts qu'elle pouvait causer durant ce temps prendraient de l'ampleur. Au bout du compte, nous étions des soldats et notre devoir premier était de protéger les nôtres.

"Partir d'ici en reviendrait à laisser ces fermiers à la mercis de cette folle dingue. Maintenant qu'elle sait pour nous, le stresse entre dans la balance pour elle. Elle pourrait faire des actions beaucoup plus dangereuses qu'elle ne le souhaitait au départ. On devrait donc..."

"Lui faire regretter son affront. Cette peste ingrate devrait faire attention à qui elle touche. Jeune homme, ne t'avise plus jamais de me perdre de la sorte. Je n'ai pas choisis un misérable humain pour que l'on joue à la chaise musicale avec moi. T'as encore du chemin à faire, j'en suis conscient, mais reste au milieu de la route si t'as pas envie de te perdre. Pigé?"

Je restai stupéfait à ce moment d'entendre la voix d'Akuma Kudaku se prononcer en présence d'autre individus. Avant de lui répondre, je pris le temps d'observer le jeune Yôgan pour voir sa réaction. Lui qui avait été très curieux à propos des sabres de Kiri durant notre première rencontre, il avait maintenant une démonstration nette et précise du don de la parole et donc de la conscience que certaines de ces lames avaient.

"Compris chef. Dis-je pour répondre à l'objet.

Akuma Kudaku a terminée pour moi. Je crois qu'aller à cette rencontre serait la meilleure option. Cependant, je suggère d'analyser le terrain avant la rencontre. Je ne veux pas tomber dans un piège. Je me suis déjà fais berner par cette catin, je préfère que nous prenions certaines précautions.

Je ne sais pas si ses charmes ne marchent que lorsqu'elle nous embrasses, mais c'est à ce moment que j'ai commencé à me sentir étrange. Si jamais les choses devaient tourner au vinaigre, ne la laisse pas te toucher. C'est la seule chose que j'ai pu en tirer jusqu'à présent."

Je raccrochai finalement le monstre d'acier dans son support dorsal tout en m'ébouriffant les cheveux par la suite, tentant de chasser les vestiges des pensées impures qui m'étaient restés à l'esprit après cette rencontre frustrante, mais à quelque part agréable malgré tout. Il fallait l'avouer, cette kunoichi restait d'un physique plus qu'attirant. Elle savait user de ses charmes, ce qui la rendait terrible et expliquait grandement son succès jusqu'ici flagrant.

Seito était sur le point de répondre à son jeune camarade lorsqu'il fut interrompu par une voix venue d'outre-tombe. une sorte de râle, un grognement rauque. Il regarda d'un oeil étonné l'épée bâtarde attachée dans le dos de Ketsuen. La voix semblait provenir de là, de la lame même. Seito n'avait jamais rien vu de tel, mais il en avait entendu parler. Il se souvenait très bien avoir parlé des épées dotées d'une âme avec le jeune Samui lors de leur première rencontre, à Yuki no Kuni. Il savait, d'ailleurs, que Ketsuen possédait une de ces fameuses épées, dont il n'avait pu qu'entendre parler à nouveau par la suite. Elle était difficile à ignorer, d'ailleurs, de par sa taille des plus imposantes. C'était cependant la première fois qu'il l'entendait "parler" -il était difficile de distinguer une bouche sur la surface de l'arme.
Il observa le duo dialoguer, Ketsuen se faire réprimander puis répondre à l'arme, avant de se tourner à nouveau vers lui. Seito mit un instant avant de réagir, encore perdu dans ses pensées. Le fait de pouvoir communiquer avec son arme était très étrange, mais devait présenter une pléthore d'avantages en combat comme dans la vie courante. L'arme appréciait-elle sa condition d'objet fait pour tuer, ou l'idée de donner la mort n'était-elle qu'une étrangeté de l'être humain ? Un monde nouveau s'ouvrait, avec ces épées pensantes, un monde qui ne demandait qu'à être exploré. Comment fonctionnaient-elles, quel processus leur insufflait la conscience ? Autant de questions que d'autres avaient déjà du se poser avant lui, mais dont il brûlait de connaître les réponses.
"Euh, oui, pardon ... Je pense aussi que partir maintenant ne pourrait être que dangereux. Elle est sur les nerfs, c'est logique. Même si elle a cherché à le cacher, elle ne peut que s'inquiéter. Elle a l'Empire à ses trousses. Si elle voit qu'on ne répond pas à son défi, elle risque de prendre ça comme un trop grand laxisme des autorités. Il ne faut pas qu'elle se croit tout permis, sans quoi on court à la catastrophe. Mieux vaut rester dans le coin, au moins. Ca, c'est si on écoute notre raison."
Cependant, devaient-ils écouter leur esprit ? Les sentiments n'avaient-ils pas leur rôle à jouer, dans ce cas-là ?
"Mais je suis d'avis qu'on aille au rendez-vous. Avec un plan en tête, certes, mais qu'on y aille."
D'un commun accord, les deux soldats se dirigèrent donc vers les marais du village. Situés en contrebas des habitations, les marécages étaient somme toute tout à fait normaux. Une terre tourbeuse s'étendait en cercle autour d'un étang vaseux. Au centre de celui-ci, un monticule de boue plutôt solide formait une sorte d'îlot de fortune. En proposant un tel lieu pour combattre, l'hypnotiseuse avait été maligne. Avec un terrain comme celui-ci, mou, les déplacements des deux Shûkaijins seraient gênés. En cas de combat, qui était un cas tout à fait probable, mais encore à vérifier, il faudrait faire attention à ce détail. Après avoir fait part de ses observations à Ketsuen, Seito évoqua un plan qu'il avait imaginé sur le chemin. Il murmura son idée à son camarade, attendant son approbation.
"Je pense que l'idée est bonne, et qu'elle peut nous donner un bon avantage. Mais il faut que tu acceptes, sans quoi je préfère ne pas prendre de risques."

La réaction qu'eut Seito après avoir entendu la voix de Akuma Kudaku n'eut d'autres réponses qu'un sourire en coin sur mon visage, d'autant plus que le démon lui-même devait rire dans sa barbe, lui qui appréciait tant la confusion des mortels. Malheureusement, le genre de questions que se posaient intérieurement le jeune shinobi du pays du bois étaient sans réponses, même pour moi. Le sujet, je l'avais déjà abordé avec l'objet dont il était question et jamais je ne su la vérité profonde de sa provenance. Souvent, je me contentais de réponses vagues, nébuleuses. Après tout, si elle avait une conscience comme n'importe quel être vivant, ne pouvait-elle simplement pas avoir de secrets elle aussi? L'important pour moi, et pour Kudaku aussi semblait-il, était ce qui se passait dans l'instant présent et les événements à venir. Et dans les deux options, nous restions côtes à côtes, évoluant dans la même direction car l'un sans l'autre, nous étions qu'un simple garçon ou une simple épée.

J'écoutai donc et participai à établir un plan pour que l'on puisse non seulement se préparer à le rencontre avec cette sorcière, mais aussi que l'on puisse l'embobiner à notre tour dans les mailles de notre filet. L'idée que proposa le Yôgan était bonne. Bien qu'elle fut simple, elle constituait probablement la meilleure solution à adopter. Seulement, je préférai y ajouter plus de contenu, prévoyant les réactions que ne devrions avoir selon deux scénarios.

"Je crois qu'on a là une base solide. Cependant j'aimerais pousser plus loin. Ton clone restant limité dans ses interactions directes et risquant de se faire détruire si on le prend pour cible, je resterai en première lignes si elle devient hostile. J'encaisserai ou tenterai de parer les attaques physiques s'il y en a, pour ne pas que ton clone disparaisse tout de suite..." dis-je avant de prendre une pause de quelques secondes, laissant le reste du plan se former dans ma tête alors que je m'imaginais le déroulement d'un tel scénario
"...ensuite, tu pourra à ton tour agir en toute discrétion. Si tu as remarqué, j'ai une chaîne entourée à mon poignet droit qui est scellée au bout du pommeau de Kudaku. Je pourrais la détacher et te la laisser. On envoie ton clone se faire prendre dans les illusions de notre amie, je l'assomme un bon coup avec l'une de mes techniques pendant qu'elle est confuse. Avec cette technique, je peux facilement la projeter contre un arbre ou une autre surface où tu pourrais ensuite l'enchaîner. Suffit juste d'être synchro.

Dans le cas contraire, si les choses ne se déroulent pas selon le plan, ce qui risque d'arriver selon moi, on bénéficie toujours de ta ruse. J'suis pas du genre à abandonner et dans le coeur de l'action, j'suis pas du genre à continuer de réfléchir. Je risque de devenir impulsif et de simplement mettre le paquet si ça tourne mal alors...sauve ta peau avant de sauver la mienne"

Je savais néanmoins reconnaître mes défauts, et je me dis qu'il valait probablement mieux l'avertir. Je me tournai donc en direction de ces marais, calculant mentalement le temps qu'il nous restait avant de s'y rendre.

Notre mission n'était pas si compliquée après tout. On avait déjà tous ce qu'il fallait savoir sur cette demoiselle...c'est à dire la vérité. Cependant, nous ne pouvions nous résoudre à seulement en rester là. Il en allait de la crédibilité des forces impériales, oui, mais aussi de la sécurité des villageois et fermiers de cette région qui eux, attendaient de nous une protection. Certains d'entre eux avaient une confiance aveugle envers les forces militaires.

Je pris donc soin de m'assurer que mon épée était bien ancrée dans mon dos, je détachai la partie de la chaine qui y était scellé et je commençai à la dérouler de mon bras. Si jamais Seito n'en voulait pas, je n'aurais qu'à la rouler autour de ma taille et l'utiliser moi-même le moment venu. Je pris alors les devants.

"Allons...ne lui laissons pas le temps de préparer le terrain à son avantage."

A l'image de la lune dans le ciel, le duo était en place autour du marais. Seito avait créé un clone quelques heures auparavant, et l'avait placé sur l'îlot central, aux côtés de Ketsuen. A son propre poignet était enroulée la chaîne de Kudaku, qu'il avait acceptée. Le plan de Ketsuen était bon, même s'il semblait être assez violent. dans la mesure du possible, Seito préférait éviter d'utiliser la force. Il se forçait lui-même à se convaincre que les mots pouvaient avoir raison du danger que représentait cette envoûteuse de paysans. Il avait eu l'impression pendant leur premier échange, que ce qu'elle faisait ne lui plaisait pas, que quelque part elle éprouvait du remord. Après tout, pourquoi leur avoir donné une chance de l'attraper si elle ne le souhaitait pas un peu elle-même ?
Caché dans un bosquet, hors de l'îlot au centre du marais, Seito vit la femme s'approcher. Il avait donné des instructions très claires à son clone. Il voulait à tout prix éviter le combat,et cela passait par le dialogue avant tout.
"Ah, vous êtes venus ! Vous êtes plus courageux que vous en avez l'air. Mais vous vous doutez bien que je vais chèrement vendre ma peau, n'est-ce pas ?
-Oui, on s'en doute. Nous sommes prêts à vous combattre, si il y a besoin. Mais je suis sûr qu'on peut parvenir à un arrangement beaucoup plus amiable.
-Vraiment ? Qu'est-ce qui pourrait m'intéresser, d'après toi ? Eviter la prison ?
-Non. Enfin, ça pourrait surement vous intéresser, mais il est hors de question de vous éviter la peine que vous méritez. Ce que nous sommes en mesure de vous proposer, c'est une pension de l'Empire."
La femme resta immobile, muette. Ses traits étaient cependant contractés, comme si elle était soudain perturbée.
"Pourquoi ... Pourquoi ça m'intéresserait ?
-Vous ne volez pas sans raison. Soyons logique: si vous prenez aux paysans ce qui leur appartient, c'est bien pour vous nourrir, non ?
-Oui ! Mais je n'accepterai pas pour autant une pension de la part d'un Empire qui délaisse les plus faibles ! On ne m'a pas aidée jusque-là, pourquoi vous le feriez maintenant ? Tout ça, ça fait partie de votre plan pour m'attraper, hein ? Vous voulez détourner mon attention, c'est ça ? Allez vous faire voir !"
La jeune femme fit volte-face, et sembla vouloir s'enfuir. Le clone de Seito avait cependant anticipé une série de mudras. Il plaque ses mains sur le sol boueux, duquel surgit un mur de pierre juste devant la fuyarde. Le clone se jeta ensuite sur elle, non dans l'espoir de l'attraper, mais bel et bien pour être plongé dans ses illusions. Ca ne rata pas. Dès qu'il fut à sa portée, la jeune femme agrippa la tête du clone et déposa un machiavélique baiser sur ses lèvres. Il y eut un instant de flottement, avant que le corps ne disparaisse dans un écran de fumée.
*Maintenant, à toi de jouer, Ketsuen.*
Seito se tint prêt, dans son bosquet. Ils en arrivaient à une extrémité qu'il aurait préféré éviter. Tant pis, la mission passait avant tout.

Nous préparâmes notre stratèges quelques heures avant l'arrivée de notre cible. À quelques reprises je me remémorai le scénario que l'on avait établis, tout en laissant le soin à Seito d'apporter une touche plus diplomatique à celle-ci. Bien que je n'étais pas du genre à faire dans la dentelle, je laissai mon homologue s'affirmer sur son point, la force n'étant qu'une option secondaire dans les ordres que nous avions eut des bureau de l'empire. Son clone parlerait donc en premier, tentant de convaincre la manipulatrice de se rendre d'elle même au lieu d'aggraver les choses. Peut-être allait-il réussir, peut-être n'était-elle qu'une pauvre femme dans le besoin. Si elle volait, ce ne devait pas être sans raison.

C'est donc trente minute avant l'heure précise du rendez-vous que nous primes place là où l'on devait se présenter. Je me tint à la droite du faux-semblant de Seito, mon arme toujours à mon dos. Je be la dégainai pas de suite, de peur que l'illusionniste soit craintive de la voir prête à frapper. Après tout, j'avais été sa cible première et elle devait se douter qu'un sentiment de vengeance assaillait mon esprit depuis. Néanmoins, ma raison étant plus forte que mon instinct, je restai de marbre lors de son approche. Elle et le Yôgan se mirent à échanger presque aussitôt fut-elle arriver.

En toute honnêteté, je n'écoutai pas réellement la conversation. J'étais surtout rivé sur le langage corporel de la femme. D'abord, elle garda une jambe devant l'autre à son arrivée, prête à prendre la course si nous décidions de charger. Ensuite, son jeu de pied changea lorsque mon partenaire lui parla de l'empire et de l'aide dont elle pourrait bénéficier. Plus la conversation s'enchaînait plus sa position, d'abord défensive, changea. Elle était offusquée, elle se préparait à attaquer. C'est donc dans une charge qu'elle se décida d'engager le combat, mais son action allait lui coûter cher. Il fallait être stupide pour engager un tel combat au corps à corps...à deux contre un.

Je dégainai donc Akuma Kudaku rapidement, me servant du ballant de son poids pour lui faire gagner en vitesse. J'attendai qu'elle finisse par mettre ses lèvres avant de lancer mon coup sur elle, pivotant un tour complet sur moi-même tout en retournant le plat de mon monstre d'acier vers la demoiselle. Lorsqu'enfin elle eut utiliser ses charmes sur le clone et que je pu lire la confusion dans son regard, j'abattis ma plaque d'acier sur son flanc gauche. Le coup était puissant, mais non léthal, ainsi n'eut-elle que des dégâts contondant et mineur, mais là n'était pas le but de cette technique de corps à corps.

L'énergie dégager, la force utiliser et le poids même du sabre s'additionnèrent pour créer une force de propulsion suffisante pour l'envoyer valser contre l'arbre qui poussait tout juste derrière la véritable position de Seito, qui lui attendait sagement dans le buisson posé aux pieds de ce chêne. J'entendis alors la chaîne que je lui avais donné claquer. Avait-il réussit à l'attraper?

Je me précipitai donc vers sa position pour m'en assurer. Depuis qu'elle eut le souffle coupé par le stratagème,l'illusionniste n'avait pas encore réagit ai ce n'était que du petit gémissement de douleur qu'elle laissa échapper lorsque L'épée l'atteignit.

"Tu l'as Seito? Ca a marché?"

"C'est bon, je l'ai !"
C'était en effet le cas. Dès que la jeune femme fut projetée dans sa direction, Seito l'avait entourée avec vitesse et précision de la chaîne fournie par Ketsuen. Dès lors, elle se retrouva ficelée aussi bien qu'elle pouvait l'être contre l'écorce. Seito, dans ses deux mains, tenait les bouts de la chaîne fermement, empêchant toute tentative d'évasion de la prisonnière. Il fit un nœud solide, quoiqu'un peu lâche, et se plaça face à la jeune femme. Celle-ci semblait avoir perdu connaissances suite aux différents chocs qu'elle avait subi dans ce moment d'action: d'abord la disparition du clone de Seito, puis le coup d'épée, et enfin l'atterrissage brutal contre l'arbre. Elle avait probablement été éprouvée plus que de raison, tant physiquement que mentalement.
Ketsuen ne tarda pas à rejoindre Seito sur la terre ferme.
"On dirait qu'on a fait du bon travail. Bien joué."
Il aurait voulu se réjouir plus que ça, mais la perspective d'en être arrivé à une extrémité violente ternissait sa joie du devoir accompli. L'attitude de la jeune femme, quand il lui avait proposé une aide appropriée, en disait plus long que les mots sur sa situation. Elle était de toute évidence dans un grand besoin, et n'avait trouvé que le vol pour parvenir à se nourrir. Sans doute mettait-elle un point d'honneur à ne pas être soutenue par qui que ce soit, y compris l'Empire lui-même. Bien évidemment, Seito était conscient qu'il fallait la punir pour les crimes qu'elle avait commis. Les paysans exigeaient une réparation tout à fait légitime, et ils accéderaient à cette demande. Cependant, la justice ne devait-elle pas être une justice observatrice, rigoureuse ? En observant les motifs qui avaient poussé cette femme à enfreindre la loi, ne pouvait-on pas mieux résoudre ces problèmes ?
Seito recueillit un peu d'eau de l'étang dans le creux de ses mains, et la versa sur le visage de la prisonnière. Elle se réveilla sous l'effet du liquide. En quelques secondes, elle comprit sa situation. Elle essaya tout naturellement de se débattre, mais comprit vite que les chaînes qui la retenaient étaient plus fortes qu'elle. Elle finit par lancer un regard de haine vers les deux soldats. Dans une attitude dédaigneuse, elle cracha par terre, de dépit.
"Calmons-nous, calmons-nous ... Ca ne sert à rien de nous cracher dessus.
-Pourtant c'est tout ce que vous méritez ! Chiens de l'Empire !
-Ah bon ? Nous n'avons fait que nous plier aux règles que vous aviez dictées. Notre mission en tant que soldats est déjà finie depuis un certain temps, à vrai dire."
Le femme resta muette.
"Toujours est-il qu'il est toujours temps de vous repentir. Si jamais vous admettez que vos actes étaient délibérés, et qu'il s'agissait simplement d'un moyen de survie, je suis sûr que les autorités compétentes sauront alléger leur jugement. Et puis ..."
Elle était de nouveau mal à l'aise. Ses yeux, au clair de lune, brillaient d'une lueur toute nouvelle. Etait-ce une larme qui pointait au creux des paupières ?
"L'Empire est disposé à aider ceux de ses sujet qui savent se conformer aux lois. Vos talents d'illusionniste sont précieux. Je suis certain que vous auriez votre place dans les rangs de l'armée du Shûkai. Ou alors comptez-vous utiliser toute votre vie ce potentiel pour voler ? Repentez-vous dans les rangs de nos soldats, et vous serez pardonnée. Payez votre dette en rejoignant l'armée. C'est la proposition que je vous fais, en mon nom seul, certes, mais je pense qu'elle devrait flatter les magistrats qui s'occuperont de vous."
Seito se tourna vers Ketsuen.
"Qu'en penses-tu ? Je ne veux pas prendre de décision tout seul, pas comme celle-ci, en tous cas."

Lorsque je tassai d'une main les branchages feuillus des buissons qui me séparaient de notre cible et de Seito, je m'aperçu alors qu'il avait bel et bien réussit à attraper notre petite illusioniste. Ma chaîne, bien enroulée autour de celle qui nous avait défiée et donnée un peu de fil à retorde durant notre recherche...ou à moi plus précisément, la gardait maintenant hors d'état de nuire. Je rangeai donc mon sabre dans son support et je regardai plus attentivement celle qui allait bientôt être livrée aux forces de détentions de l'empire. La rouquine se débattit sans ménager ses efforts, jusqu'à ce qu'elle réalise qu'il était futile de forcer contre du fer bien forgé.

Je pris donc le temps de regarder un peu autour de nous, afin de bien m'assurer que plus aucun danger ne nous guettait. Une femme de la sorte pouvait autant se faire biens des ennemis, que biens des alliés. Heureusement pour nous, ce n'était pas le cas aujourd'hui. J'écoutai attentivement ce que Seito avait à proposer aussi à la jeune femme après que celle-ci eut l'audace de nous traiter de chiens de l'empire. S'il en avait tenu qu'à moi, je ne lui aurais probablement jamais laissé le temps de nous insulter de la sorte, mais mon homologue m'apparaissait moins expéditif dans ses méthodes et la suite des événements me le prouva.

Tentant de marchander un arrangement avec la demoiselle, il lui proposa de...peut-être...rejoindre l'empire. Je regardai la scène, les bras croisés et le sourcil levé. Je ne savais trop quoi en penser personnellement. Il était vrai qu'elle avait certaines capacités...de là à en faire une soldat de l'empire, je ne pouvais le dire. Néanmoins, il demanda mon avis sur la question.

"Euh...je sais pas. Il est vrai que le Shukai n'a jamais assez de soldats. Les combats contre Kumo sont toujours d'actualité et avec ce qui se passe à Suna je ne crois pas que les choses aillent en s'arrangeant. Si elle décide d'arrêter de cracher sur la terre sur laquelle elle vit, qui supporte le poids des notre et qui garde l'esprit de nos ancêtres, peut-être. Ce sera au conseil d'en décider."

J'haussai les épaules suite à ces énoncés, ne sachant tout simplement quoi répondre réellement. C'était ma première mission et de mes propres connaissances, les prisonniers étaient...emprisonnés. Je repris donc la chaîne en tendant la main vers Seito, lui laissant voir que j'allais m'occuper d'elle jusqu'à ce qu'on la livre aux autorités locales, ce qui ne saurait tarder après tout. Nous n'étions pas bien loin du village et il devait probablement y avoir un établissement pour y accueillir la manipulatrice.

"D'une manière ou d'une autre, il nous faut te ramener aux personnes en charge de la sécurité de Tori no kuni. Rendu là, on fera tout simplement notre rapport en conséquence de ce que nous avons observés et de ton comportement face aux accusations dont tu fais face. On pourra toujours mettre une note dans le dossier que, effectivement, tes talents pourraient servir l'empire si il y a possibilité de coopération."

Seito écouta ce que Ketsuen dit avec une pointe de regret. Apparemment, ils étaient tous les deux d'accord sur le fait que la jeune femme pourrait se révéler être un atout intéressant pour l'armée du Shûkai. Cependant, il resterait difficile d'oublier les crimes qu'elle avait commis.
"Oui, l'heure est avant tout au jugement. Ce n'est pas à nous de décider de ce genre de chose. Et puis, si j'ai pu avoir cette idée, d'autres personnes plus qualifiées que moi l'auront sans doute aussi."
Seito releva la femme, et le trio repartit en direction du village. Ils s'installèrent pour ce qui restait de la nuit dans une auberge. Ils se relayèrent: l'un gardant un oeil sur la prisonnière, l'autre prenant un repos bien mérité, après avoir accompli le devoir du soldat. Cependant, Seito eut du mal à trouver le sommeil quand il en eut l'occasion. Trop de pensées se chamboulaient dans son esprit pour qu'il puisse trouver la paix nécessaire à l'assoupissement.
Comment des crimes comme ceux qui avaient été perpétrés par cette femme seule pouvaient-ils rester si longtemps impunis ? Au Shozaichi, ce genre de situation ne se serait jamais prolongée très longtemps. Il y aurait forcément eu un soldat, un agent, pour venir en aide aux victimes. Mais là, dans ce coin relativement reculé de l'Empire, c'était comme si le village était sans protection, abandonné à lui-même. Etait-ce une simple négligence, ou une volonté délibérée de concentrer les forces armées dans les grandes villes ? Il est vrai que le contexte des -encore- récents attentats du Shozaichi pouvaient avoir installé un climat de prudence, poussant les soldats à se retrancher dans les lieux qui avaient le plus de valeur. Mais alors, une partie de la population du Shûkai était-elle destinée à rester sans protection ? Il y avait là une faille dans un système un peu trop centralisé au goût de Seito.
Et puis, il restait le sort de cette femme. Il ne pouvait décemment pas se résoudre à la laisser disparaître dans la nature une fois sa peine purgée. Ce serait gaspiller un trop grand potentiel, faire fi d'une trop belle opportunité. Quel soldat digne de ce nom pouvait se permettre de passer à côté d'une si formidable occasion de faire une nouvelle recrue ? Pas lui, en tous cas. Il ne manquerait pas, comme l'avait suggéré si justement Ketsuen, de laisser dans son rapport de mission une note quant à cette éventualité -qui pour lui n'en n'était pas une.
Il fut interrompu dans ses pensées par une quinte de toux violente. Il n'en n'avait pas eu depuis longtemps, il pensait qu'elles s'étaient dissipées. De toute évidence non. Il se masqua la bouche d'un mouchoir alors qu'il s'étouffait. Instinctivement, il porta les doigts à son nez. Il avait pris ces malheureux réflexes afin de constater l'étendue des dégâts que provoquait chaque crise. Il put cette fois-ci constater qu'il saignait du nez. Il essuya le léger filet écarlate d'un revers de main, et essaya de se calmer. Sa respiration était devenue plus difficile, plus saccadée. Au bout de quelques instants, il parvint à retrouver la sérénité. Il chassa de son esprit toutes les pensées qui pouvaient nuire à son sommeil, et se résolut à dormir, une bonne fois pour toute.
Le lendemain, Ketsuen et Seito se rendirent dans la ville la plus proche. Ils laissèrent là la jeune femme, en présentant la nature de ses crimes aux autorités locales. Là, elle serait jugée et sans doute mise en prison pour quelques temps. Un, deux, trois ans ? C'était difficile à déterminer. Elle n'avait pas seulement volé, après tout. Elle avait également causé du tort à des innocents. Ca risquait d'alourdir sa peine, et pas qu'un peu.
"Bon, on te laisse là. Au fait, on ne t'a même pas demandé comment tu t'appelles ?
-Amaya. Pourquoi ça vous intéresse, si soudainement ?
-Oh, on pourrait être amené à se revoir. Qui sait ..."
Bientôt, l'heure des séparations entre lui et Ketsuen arrivèrent également. Ils se quittèrent aux portes de la ville dans laquelle ils avaient laissé leur prisonnière.
"Ca a été un plaisir de faire cette mission avec toi. Je n'suis peut être pas le mieux placé pour le dire, mais je pense que tu as un bon avenir en perspective, au Shûkai. En tous cas, on se recroisera surement ! Espérons seulement que ce sera dans un meilleur contexte, hum ?"
Et il reprit le chemin de Taki no Kuni. Il rentrait chez lui, dans ce nouveau "chez lui". Qu'allait-il trouver de nouveau à son retour ? Sans doute de quoi le faire cogiter suffisamment.

Amaya, jeune femme au tempérament fougueux et aux capacités illusoires, allait maintenant été remise aux autorités qui allaient s'occuper de son jugement. Cette nuit là avait été pour moi, au contraire de mon homologue, reposante. Aussitôt arrivé à ma chambre temporaire, je m'étais couché sur le lit, à plat ventre, laissant le poid de mon épée m'écraser contre le matelas. Il dû se passer quelques minutes, peut-être une dizaine, avant que mon souffle ne ralentisse au point de devenir lent et doux. Perdus entre mes pensées et le sentiment du travail bien accomplis, je me tournai vers le royaume des songes sans même m'en rendre compte. Je ne me réveillai qu'une fois durant la nuit, simplement le temps de retirer mon arme de mon dos et de l'appuyer au pied du lit.
••••••••••••••••••

Le lendemain, après s'être réveillés aux petites heures du matin, mon partenaire et moi-même prirent le chemin de la prison locale. Je le laissai accompagner la demoiselle jusqu'à sa cellule, m'accotant à quelques mètres de là, pied contre le mur. Observant la scène d'un air neutre, sans trop exprimé de quelconque émotions, je fus néanmoins curieux par les paroles qui s'échangèrent entre les deux individus. Ce Yôgan avait quelque chose derrière la tête...mais quoi je ne le savais pas. Leur discussion ne me permis pas plus de le deviner d'ailleurs puisqu'elle fut très courte...mais c'était clairement un rendez-vous reporté que lui offrait mon coéquipier de mission.

Néanmoins, là s'arrêtait ma curiosité, car je n'étais pas le genre d'homme à se mêler de ce qui ne me regardait pas. Je laissai mon ami prendre les devant et je fis un léger signe de tête, d'abord vers la jeune femme, puis vers les gardes avant de suivre celui qui se dirigeait maintenant en dehors de l'établissement. Il était temps de se dire au revoir, je le sentais. Je m'avançai donc vers celui qui m'avait accompagné dans ce périple et lui tendit une poignée de main digne de mes habitudes: fraternelle et guerrière. Je lui serrai l'avant bras d'une poigne ferme et sincère et le regardai droit dans les yeux.

"Au revoir Seito. Ce fut un plaisir de servir à tes côtés et tes paroles m'encouragent. Tu es un homme de bien, plus que je ne le suis...et c'est un honneur d'avoir travaillé à tes côtés. Puisse nos chemins se recroiser, encore!"

Je le saluai alors en m'inclinant vers l'avant, les bras le long du corps comme le voulait la coutume. Je tournai alors les talons, mais pas en direction de Yuki no kuni. Cette fois-ci, mon chemin allait me mener au Shozaichi...il était temps pour moi de voir la capitale impériale, mais aussi d'assister à une réunion de la plus haute importance.

**Contenu sponsorisé** Informations

» Entre deux bûches (Ketsuen, Seito) [terminé]
» [Mission versus rang B] Le parchemin de la jungle [Pv:Yusuke-Seito-Matawa]
» ( Mission de rang C ) Dernier moment ! ( TERMINE )
» Mission rang C: La contrebande des Contrebandiers! [Terminé]
» [Mission de rang C] Escorte d'un bourgeois (terminé)

Mission rang c - les charmes de l'illusion [ketsuen-Seito] (Terminé)

Mission rang c - les charmes de l'illusion [ketsuen-Seito] (Terminé)

Sujets similaires

Sujets similaires