Le feu des corps (ft. Dobutsu Otoke)

Une semaine s'était écoulée depuis la première rencontre de son équipe. Une semaine pendant laquelle les mystères entourant Dobutsu Otoke n'avaient fait que s'entasser – attisés de surcroît par la confidentialité des informations concernant sa santé. Le soleil ne s'était pas encore lever qu'il était déjà debout, vérifiant scrupuleusement sa cheville. Si un médecin traditionnel lui aurait encore conseillé de la reposer un peu, Shigeru était pleinement conscient que c'était plus de la précaution qu'un réel problème médical – de plus il l'avait soigné à coup de Chakra, rendant le processus entier plus rapide. Aucune séquelle, comme il s'y attendait. Etirant lascivement son corps, il s'habilla et se prépara à prendre le chemin des terrains d'entraînements. Ses récentes nuits avaient été bien meilleures que les précédentes dans sa vie, et ce même sans utiliser de somnifère – sans qu'il ne puisse expliquer rationnellement ce changement.

Il inspira profondément, se délectant de la légère brise estivale qui hérissait son corps. Le soleil ne devait se lever que dans une demi-heure qu'il était déjà présent sur les terrains d'entraînements. Il était soigneusement venu auparavant afin d'en débusquer un isolé où ils ne risquaient pas d'être dérangés par les nombreux shinobis profitant de ces installations : le terrain sur lequel il se trouvait n'avait rien de spécial, sinon sa localisation – proche des montagnes entourant le village, il était entouré de deux imposantes murailles rocheuses particulièrement escarpées. Pour un civil ou un ninja non expérimenté, il était presque impossible de traverser le paysage rocheux et instable qu'elles présentaient.

Shigeru s'était permis de signaler la position du terrain par le biais d'un bref mot adressé à Otoke – combien même il avait l'intime sensation que ce dernier n'aurait aucun problème pour le trouver, malgré l'absence de l'écharpe écarlate à son cou. C'était un petit rituel pour le jeune médecin que de laisser l'énorme amas de laine chez lui lorsqu'il était amené à s'entraîné : il ne voulait pas prendre le risque d'abîmer le seul vestige de son passé avec son présent. D'un bref coup d'œil, il regarda sa montre – l'heure allait bientôt être la bonne, or son chef n'était toujours pas là, contrairement à leur rencontre précédente. Il ne restait plus qu'à espérer qu'il ne serait pas en retard, vu qu'il avait été prévenu que Shigeru aurait ses trente minutes d'avance.

- C’est bientôt l’heure.

- Je le sais, mais tu ne vas pas pouvoir venir, pas à l’intérieur du village.

- Ça finira bien par se savoir un jour, il faut que tu t’y prépare humain ! Bon, je vais aller chasser, j’ai faim.

Sur ces mots, Karyuudo s’envola en direction dans le ciel qui commençait à s’illuminer par l’arrivée prochaine du Soleil. Cela indiquait que l’heure du rendez-vous approchait. J’étais assis sur le bord d’une falaise qui surplombait le village, l’accès à ce lieu n’était pas possible pour le commun des mortels, il n’y avait que deux solutions pour l’atteindre. La première était d’utiliser du chakra pour escalader, mais cela n’était pas simple, la deuxième était de pouvoir voler, ce qui facilitait bien les choses. Évidement, comme Karyuudo était parti, j’allais devoir descendre par mes propres moyens et je savais très bien qu’il en avait eu conscience avant de s’envoler. C’était en quelques sortes sa façon de me faire comprendre qu’il n’appréciait pas être mis à l’écart. Malheureusement, cela arrivait à chaque fois que l’on me demandait de faire équipe avec quelqu’un, mais nous n’avions pas vraiment le choix si nous voulions garder le secret.

Je me laissai alors glisser le long de la paroi de la montagne, utilisant du chakra dans mes mains et mes pieds pour contrôler la vitesse de ma chute. Lorsque mes pieds touchèrent le sol, je me précipitai en direction des terrains d’entraînements. Shigeru m’avait fait porter un mot pour m’indiquer celui qu’il avait choisi, c’était intéressant et prévenant de sa part. Par contre, ce n’était que peu utile compte tenu de mes compétences. Cela me fit au moins économiser un peu de chakra, c’était déjà ça. Je me rendis donc directement vers le terrain qu’il avait choisi. Cette fois-ci, je n’avais pas besoin d’orchestrer mon arrivée, je me contentai donc de ralentir mon rythme de déplacement avant qu’il ne pouvait me voir pour ne pas qu’il pense que j’étais parti en retard. La ponctualité semblait importante pour lui, je ne voulais pas le décevoir surtout après ce qu’il s’était passé lors de la mission au palais du Daimyô. Ce fut donc en marchant tranquillement que j’entrai dans le terrain.

Je n’avais pas le même équipement qu’à notre dernière rencontre, j’avais échangé mes vêtements civils contre mon uniforme shinobi. Shigeru allait comprendre que je n’étais pas venu pour discuter. J’arrêtai alors ma marche à une dizaine de mètre de lui.

- Salut Shigeru, si tu es prêt, je vais te demander de me montrer ce dont tu es capable. Tu as le champ libre, impressionne-moi !

Il y avait un air de défi dans ma voix, il s’agissait plus d’un entraînement que d’un test, mais je devais évaluer ses compétences. J’étais impatient de savoir comment il allait réagir à cela, la seule chose qui était sûre, c’était que je n’avais pas l’intention de retenir mes coups s’il m’attaquait.

Shigeru adressa un simple sourire à Otoke lorsque celui-ci arriva sans aucun retard et le salua. Impressionner le Chuunin n'allait certainement pas être une chose simple – surtout que vu la distance que ce dernier avait gardée en arrivant, il devait s'attendre à se faire attaquer. Sa tenue, loin des habits civils qu'il portait la dernière fois, ne faisait que corroborer cette hypothèse. Le masque de l'autre homme semblait hagard de combat, provoquant par sa seule présence le jeune médecin. C'était une frustration énorme que de ne pas voir le visage de la personne avec qui il serait amené à travailler – même s'il c'était privé de poser une quelconque question à ce sujet lors de leurs précédentes rencontres. Etait-ce bien un combat que sous-entendait Otoke ? Shigeru avait obtenu champ libre ce qui lui permettait très bien de combattre l'air ; cependant il était difficile pour un ninja médecin de soigner du vide. Analysant la situation rapidement, il en arriva finalement à admettre que le plus simple serait d'attaquer son chef, tout en le soignant à la fin s'il venait à le toucher. C'était certainement le meilleur théâtre pour montrer ses aptitudes. Il porta discrètement sa main à sa sacoche afin d'en sortir ses senbons, les chargeant d'un poison constitué de son propre chakra.

"Salut, Otoke."

Tout en prononçant cette phrase, il posa ses deux mains au sol et fit surgir sous les pieds de son chef un amas de petits pics rocheux visant à le ralentir et le blesser légèrement. De plus, profitant du fait que les pics devaient attirer l'attention du Dobutsu, il lança un senbon dans la direction du bassin de ce-dernier. C'était l'une des zones du corps les moins mobiles, nécessitant de déplacer généralement le corps entier pour éviter une attaque – cible préférée du jeune médecin. S'il arrivait à destination, l'autre ninja irait subir des dégâts légers lors de ses déplacements : c'était une trouvaille de Shigeru, un poison métabolique qui provoquait une discrète souffrance cellulaire lors d'une activité musculaire.

"Je n'ai rien trouvé à l'hôpital te concernant – tes dossiers sont bien protégés. Il me faudrait donc savoir… Quel est ton groupe sanguin ? As-tu déjà été blessé sérieusement ?"

Rien de ces questions n'étaient vraiment immersif dans la vie d'une autre personne, tout en l'étant à la fois. De toute façon, il ne faisait que chercher les informations de base qui permettraient de soigner plus efficacement si jamais il était amené à cette éventualité. Restant sur ses gardes, Shigeru riva ses yeux sur son semblant d'adversaire - il était prêt à réagir si ce dernier contre-attaquait.

Je fus assez content de voir que Shigeru n’attendit pas bien longtemps avant de commencer. Je m’attendais à être attaqué directement, alors lorsqu’il se baissa pour poser les mains au sol, il était évident pour moi qu’il s’agissait d’une technique Doton, même si je ne pouvais pas savoir laquelle. Le suspens fut de très courte durée, je sentis que le sol sous mes pieds bougea. Je sautai alors immédiatement en arrière, évitant ainsi de justesse les pics rocheux qui sortirent du sol. Je remarquai alors la présence d’un senbon qui filait dans ma direction. Il était trop tard pour l’esquiver, comme j’étais encore en l’air, je n’étais en mesure de m’écarter. Je saisis alors mon katana accroché dans mon dos. Faisant alors immédiatement circuler du chakra Raiton à l’intérieur pour augmenter la vitesse de mon maniement, je fis un coup précis pour parer le projectile juste à temps, avant de retomber sur le sol un peu plus loin.

- Bien essayé, mais il faudra faire un peu plus que cela pour me mettre en difficulté.

J’avais dépensé plus de chakra pour éviter ses deux attaques qu’il n’en avait utilisé lui-même, par conséquent, son assaut, sans être une réussite, l’avantageait légèrement. C’était un peu mon rôle de lui faire croire que ce n’était pas le cas. Ce n’était pas vraiment mon genre, mais je le provoquai un peu, je voulais vraiment connaître l’étendue de ses capacités. Il me posa alors deux questions assez originales, mais typiques d’un ninja médecin. Je fus néanmoins bien plus étonné du moment choisi pour les poser que de leur contenu. En même temps, s’il avait des questions à me poser et qu’il considérait pouvoir le faire en même temps que l’entraînement, alors je n’allais pas être celui à qui cela posait problème.

- Je suis O négatif et j’ai déjà subi de nombreuses blessures, un peu trop à mon goût d’ailleurs. D’ailleurs, tu as dû t’apercevoir que mon oeil gauche n’était pas au meilleur de sa forme.

Après avoir répondu à sa question, je me mis en garde, tenant toujours mon katana. Je n’avais pas l’intention de l’attaquer, ce n’était pas mon but pour le moment, je voulais juste savoir comment il comptait réagir dans cette situation. J’utilisais mes capacités sensorielles pour essayer d’anticiper ses mouvements et ses futures attaques, cela me demandait beaucoup de concentration, mais cela me permettait de ne pas me faire toucher par ses prochaines attaques. Je m’adressai alors à lui pour lui poser à mon tour une question, puisqu’il voulait parler.

- As-tu déjà participé à un combat où ta vie était mise en jeu ? As-tu déjà ressenti la sensation que tout peut se terminer sur un mauvais mouvement ou une mauvaise décision ?

Si le jeune médecin s'attendait quelque peu à voir bondir le Chuunin en arrière devant son Doton, le voir dégainer son katana et parer le projectile tout en étant dans les airs l'impressionna sincèrement – c'était clairement quelque chose de spectaculaire. Quelque part dans son cerveau, il s'inscrivit la promesse d'essayer à arriver à ce genre de résultats un jour – le travail musculaire qui devait être exercé pour ce genre de mouvements attisait sa curiosité. Il ne cacha pas un léger sourire à la remarque d'Otoke, même s'il savait pleinement que le mettre en difficulté serait compliqué. Shigeru était un ninja-médecin, et il était de loin spécialisé dans un rôle de soutien, préférant rester derrière et soigner les gens – le peu de capacités offensives qu'il avait ne permettait que de ralentir une personne suffisamment pour que des renforts arrivent, ou fuir.

Il enregistra machinalement les réponses qui lui étaient apportées, satisfait d'en apprendre un peu plus sur l'état de santé global du Dobutsu. Il aurait apprécié avoir plus d'informations quant à l'état de l'œil – néanmoins il se contenterait de celles-ci pour le moment. De toute façon, il lui suffirait de mettre ses mains sur le corps du jeune chef pour analyser l'intégralité de son corps avec une technique de diagnostic. Ce combat serait peut-être l'occasion de le faire par ailleurs. Otoke ne rangea pas son Katana – élément qui marqua tout de suite Shigeru, surtout qu'il n'attaqua pas non plus. Cherchait-il seulement à esquiver les attaques du médecin et le laisser montrer seul ce qu'il pouvait faire ?

"Jamais en tant que ninja je n'ai été amené à un tel combat - je restais surtout derrière pour prodiguer des soins. Quand à la sensation dont tu parles… "

Tout en répondant, Shigeru inspira profondément et lança un Senbon de plus dans la direction du Chuunin, non empoisonné cette fois-ci, s'attendant clairement à ce que celui-ci l'évite. Profitant du moment de distraction qu'il espérait créer, il composa quelques mudras et posa ses mains au sol, appelant un mur de roche dans le dos du chef d'équipe. Enfin, il lança deux aiguilles empoisonnées, l'une à droite et l'autre à gauche du Dobutsu.

"J'ai été le garçon à tout faire d'une maison close pendant plusieurs années durant ma jeunesse. J'y ai appris qu'il n'y a pas de mauvaises décisions – seulement des gens incapables d'en assumer les conséquences. Quant à la mort que tu évites si soigneusement de nommer... Je l'attends de pied ferme. Qu'elle m'emporte moi plutôt qu'un autre."

Le souvenir amère de cet élément de son passé provoqua une grimace incomprise, à moitié entre le rire et le dégoût. A chaque moment, on l'y lui répétait qu'il serait tué s'il faisait mal les tâches qu'on lui confiait – une conséquence potentielle qu'il a assumé, forgeant son côté perfectionniste dès son enfance. Etait-ce la réponse qu'Otoke voulait entendre ?

"De quoi as-tu le plus peur ?"

Il ne continua pas sa question – elle portait déjà assez de sens en elle-même. Savoir de quoi avait peur une personne pouvait être une arme potentielle contre celle-ci - bien que ce n'était nullement l'intention du jeune médecin et qu'il espérait que son chef ne la prenne ainsi ; mais cela pouvait également être le meilleur des baumes à appliquer à un esprit en souffrance.

Il n’avait donc jamais participé à un combat à mort, c’était plutôt logique pour un ninja médecin. Cela me décevait un peu, évidement ce n’était pas de sa faute et je ne pouvais pas lui en tenir rigueur. Comme tout médecin, il devait avoir côtoyé la mort à de nombreuses reprises, mais s’il n’avait jamais combattu pour sa vie, je ne pouvais pas être sûr qu’il se comporterait comme il le fallait le jour où cela arriverait. Je ne le connaissais pas encore suffisamment pour avoir confiance en lui et j’étais persuadé qu’il ne me faisait pas encore totalement confiance non plus, mais je me rendais bien compte qu’il n’était pas n’importe qui. J’avais envie de lui faire confiance, mais cela ne pouvait venir qu’avec le temps. Alors qu’il était toujours entrain de parler, il reprit son attaque, me lançant un senbon à nouveau. Il était intelligent, il savait très bien que je pouvais l’éviter avec une grande facilité. J’étais même certain qu’il comptait sur mon esquive pour enchaîner sur une autre technique, je devais donc faire attention à ne pas me laisser distraire par ce genre de coup.

J’attendis alors le dernier moment avant de tourner en pivot autour du projectile. Ce dernier finit sa course beaucoup plus tôt que je ne l’avais imaginé, dans un mur de pierre que Shigeru venait tout juste de faire apparaître. Il m’empêchait ainsi de pouvoir à nouveau m’éloigner de lui en sautant en arrière comme je venais de le faire. Il m’envoya immédiatement deux autres senbons, leur trajectoire était rectiligne, il ne m’était donc pas difficile de la calculer. Comme j’avais en face de moi un shinobi médecin, je savais parfaitement que la précision ne pouvait pas lui faire défaut, j’en conclus donc qu’il avait délibérément choisi de viser mes côtés pour m’atteindre si je tentais d’esquiver. Je me trompais peut-être mais j’eus vraiment l’impression que cette attaque créa une ouverture chez lui sans m’inquiétait particulièrement. Si mon impression s’avérait juste, c’était une erreur de sa part, sûrement provoquée par l’idée que je n’allais pas riposter à ses assauts.

Effectivement, je n’avais pas l’intention de le charger immédiatement, mais je ne pouvais pas laisser passer cela. Je saisis alors de ma main gauche trois shurikens qui étaient dans ma sacoche pour les envoyer dans sa direction. Je n’étais pas un expert en projectile, mais j’avais suffisamment d’entraînement pour leur faire prendre une trajectoire différente à chacun. Ce n’était pas grand chose et je ne m’attendais pas à l’atteindre avec une attaque aussi faible, mais mon but n’était que de lui faire comprendre son erreur. J’étais son professeur à près tout. Tandis que j’effectuais cela, je continuais d’écouter ses paroles et son histoire de maison close me sidéra. J’avais déjà vu et entendu des histoires sordides mais à chaque fois, je comprenais un peu plus Karyuudo lorsqu’il critiquait les vices des humains.

Il me demanda alors ma plus grande peur. Je fus assez surpris de cette question plutôt intime et je pensai tout d’abord à ne pas y répondre puis je me rappelai que c’était moi qui lui avait proposé de me poser n’importe quelle question à mon sujet. Je n’avais pas besoin de réfléchir bien longtemps pour répondre à cela.

- Ma plus grande peur, c’est de perdre Karyuudo, mon ami d’enfance. J’ai passé toute ma vie avec lui et je ne peux pas m’imaginer vivre sans lui à mes côtés.

Je lui parlais de Karyuudo en me demandant s’il pouvait comprendre de qui il s’agissait. Il l’avait déjà vu et il savait que j’entretenais une relation particulière avec lui, mais je doutais qu’il ait pu comprendre le lien qui nous unissait.

- J’ai une question un peu plus technique pour toi. As-tu déjà appris à chasser ?

Si je devais lui enseigner ce que je savais et si on devait agir ensemble lors des missions, il était très important pour moi qu’il connaisse un minimum les rudiments de la chasse, étant donné que la plupart de mes stratégies lors des missions étaient inspirées de celles que j’utilisais pour chasser.

Voir Otoke esquiver le premier senbon avec facilité était à la fois tout aussi impressionnant que son esquive de tout à l'heure que frustrant. Il n'avait même pas à bouger afin d'esquiver les deux autres, rendant la faible dépense en chakra nécessaire pour les empoisonner inutile. Soit, il fallait donc utiliser une autre stratégie – cependant le temps de réflexion pour trouver celle-ci se trouva brusquement limité quand Otoke envoya trois shuriken dans la direction du jeune médecin. L'ouverture modérée laissée par Shigeru était donc châtiée et, s'il hésita un moment à rester sur place pour se faire blesser volontairement par l'un des projectiles, il se rappela qu'il devait montrer ses capacités au chef de son équipe. Ne pas esquiver ce genre d'attaque n'allait certainement pas dans le bon sens, motivant son corps à bouger disgracieusement pour opérer un passage entre deux des projectiles, s'en sortant indemne.

Le fait que le lancé ait été fait de la main gauche n'échappa pas à Shigeru, notifiant dans son esprit les possibilités médicales comme techniques liées à ce geste – cependant le temps n'était pas propice à ce genre de divagation. Entendre Otoke parler de Karyuudo fit revenir une partie de ce chagrin qu'il s'efforçait tant à refouler. Il n'avait jamais eu d'ami d'enfance. Jamais d'ami même, avant de rencontrer Kongoh par le biais du hasard. A vrai dire, il s'étonnait même de voir son quelque peu taciturne chef parler d'un ami, mais d'un bref soupir il coupa court à ses pensées. Malgré tout ce qu'on pouvait dire de la dépression en tant que maladie, Shigeru savait pertinemment qu'en se focalisant pleinement sur le combat il était possible d'en amoindrir les effets. Se morfondre était le loisir des gens qui pouvaient se permettre d'avoir du temps libre – ce qui ne serait certainement pas le cas lors d'un réel combat.

"La chasse ? J'en connais la théorie seulement. Les dépouilles d'animaux sont utilisées pour apprendre la médecine ninja, et j'ai mis un point d'honneur à être capable de dire d'où elles provenaient. Si je sais tout faire ou presque à partir d'un corps animal, je n'ai jamais essayé d'en traquer un."

L'idée de blesser un animal pour le simple amour du sport ne pouvait que dépasser une personne en quête d'alléger la souffrance de ce monde. A moins qu'Otoke ne parle plus d'une chasse bestiale, cherchant à tuer sa cible – rage proche de celle que le jeune médecin avait cru voir en voyant son actuel chef d'équipe briser une vitre dans le palais du Daimyo, ne se souciant de rien d'autre au monde. C'était peut-être ce qu'il faisait, au fond, chasser un bonheur qui n'existait peut-être pas afin de se défaire de sa dépression… Inspirant profondément, Shigeru se décida de courir vers son chef d'équipe, envoyant deux aiguilles vierges de tout poison dans l'exacte même configuration de tout à l'heure – seul son corps remplaçait la première, simulant une tentative de corps à corps et attendant la réaction du Chuunin.

"Si vous me… Tu me poses cette question, c'est certainement que toi-même tu chasses, je suppose. Apprends-moi."

Une détermination à toute épreuve commençait à se réveiller dans l'esprit du brun et les plus courageux pourraient même dire l'avoir ressentie dans ses derniers mots. Il savait qu'il fallait rester aveuglement focalisé sur une cible lorsqu'on chassait – n'enchantant guère sa dépression qui se nourrissait des moments creux de sa vie. Le résultat des chasses, cependant, ne feraient que le pousser à se sentir coupable – créant en une unique activité un hybride entre le chagrin et le vide. De plus, il était incontestable qu'avoir un accès illimité et potentiellement gratuit à des ressources animales ne pouvait être que bénéfique pour ses pilules. Beaucoup des hormones et enzymes étaient communes aux mammifères. Essayer ne pouvait faire de mal, non ?

C’était peu visible, mais je remarquai une légère hésitation de sa part avant d’esquiver mon attaque. Ce fut très léger, mais au vu de la facilité avec laquelle il le fit, je me demandai si cette hésitation n’était pas due au fait que Shigeru n’était pas sûr de vouloir esquiver cette attaque. Si mon hypothèse était correcte, j’allais devoir faire particulièrement attention à ce que son comportement autodestructeur ne provoque pas sa perte en mission, ni la mienne d’ailleurs. Il était parfois stratégique d’accepter une blessure pour créer une ouverture dans la défense de son adversaire, mais cette stratégie était inutile lors d’un entraînement et encore plus face à une attaque aussi faible.

Après cela, il m’expliqua qu’il n’avait chassé. Ce n’était pas étonnant, les personnes qui vivaient en communauté et surtout dans les villages, n’avaient plus besoin de chasser pour se nourrir. Il était même possible que si j’étais arrivé à Kumo dès ma naissance, je n’aurais jamais eu moi-même l’occasion de pratiquer cet art, mais mes conditions de vie étaient totalement différentes. Soudain, Shigeru m’attaqua à nouveau, me sortant de ma réflexion. Il réitéra son lancer de senbons, avec la même trajectoire.Il savait très bien qu’ils n’allaient pas toucher, mais ce n’était pas son objectif. Il souhait uniquement m’empêcher d’esquiver son assaut principal. Il essayait enfin de m’attaquer au corps-à-corps. S’il souhaitait me montrer ce qu’il savait faire à ce niveau-là, je ne pouvais me contenter d’esquiver ses coups.

Comme j’étais moi-même un adepte du Taijutsu, je savais qu’un duel n’avait que peu de chance de me mettre en difficulté. Cependant, j’avais déjà appris à mes dépends lors d’une mission que les ninjas médicaux avaient une tendance à être dévastateur lorsqu’ils utilisaient leur chakra au Taijutsu. Mais même si je n’avais pas la même maitrise de mon chakra, j’étais également de l’utiliser, enfin plus précisant, je me servais du Raiton, qui avait des caractéristiques très intéressantes. J’en fis donc circuler dans la lame de mon katana, attendant de pied ferme l’arrivée du genin. S’il venait à être touché par celle-ci, la zone atteinte allait être paralysée pendant quelques minutes. Je n’avais pas peur de le blesser, puisque je savais qu’il allait pouvoir se soigner. Par contre, je n’allais pas charger à mon tour, je l’attendais seulement, pour voir comment il allait réagir. Mais s’il venait à m’attaquer, je comptais réagir immédiatement.

En plein assaut, il m’annonça qu’il souhaitait apprendre à chasser, cela me rassurait, il n’était réfractaire à l’idée.

- Effectivement, je chasse régulièrement. J’ai passé une grande partie de ma vie à dépendre de celle-ci pour pouvoir me nourrir puisque j’ai vécu pendant des années en dehors de la société humaine. Je t’apprendrai si c’est ce que tu souhaites, mais sache que même si j’en prends un très grand plaisir, ce n’est pas un simple sport. Il ne s’agit pas seulement de tuer, la véritable chasse nécessite de créer un lien entre toi et ta cible, tu te dois donc de respecter l’être auquel tu prends la vie.

Otoke ne bougea même pas devant les deux aiguilles, signant par la même occasion au médecin qu'il avait compris ce que ce dernier cherchait à faire. Exactement comme prévu. La théorie selon laquelle il ne faisait qu'exploiter les ouvertures semblaient se confirmer, et il était temps de la mettre en exergue. Terminant son approche, Shigeru porta à sa main gauche deux nouvelles aiguilles qu'il empoisonna avec son chakra, cependant il ne les lança pas. Le Dobutsu semblait calculer très bien ses mouvements, et n'importe quelle action prévisible ne pouvait qu'échouer – sans compter que ces dernières n'étaient en rien impressionnantes ou surprenantes. Le brun ignorait exactement quand l'entraînement allait finir – devait-il toucher son chef ou juste tourner autour en faisant semblant le temps que ce dernier soit satisfait ?

Inspirant profondément, Shigeru composa les quelques mudras qu'il lui fallait sur la fin de sa charge avant d'écarter ses bras et s'empaler sur le katana du Chuunin. Grâce à ses connaissances médicales, il évita soigneusement le moindre point vital, s'assurant même que la lame ne reste que dans les muscles de son flanc gauche – flanc sur lequel il bascula tout le poids de son torse afin de le contracter et y bloquer l'épée. La sensation de légère décharge électrique, tout comme l'engourdissement progressif qui s'en suivit, montraient bien qu'Otoke n'avait pas passé ses instants à attendre patiemment. Au final, le corps du Dobutsu était développé et le travail de ses muscles signaient très probablement des capacités avancées en Taijutsu, croire qu'il resterait passif aurait été stupide. C'était quelque chose que Shigeru avait pensé, sans pour autant pouvoir prévoir les effets de ce qui avait été fait. Il devait faire vite pour finir son stratagème, ignorant tout de la portée de l'effet. En espérant avoir surpris et bloqué le garçon masqué par son geste, il arrêta les deux aiguilles au niveau de la joue de ce dernier, les tenant toujours dans sa main gauche – tandis que la droite se posait sur le mur de terre qu'il avait préalablement fait apparaître. Sur l'instant même, les mêmes petits pics de terre surgirent du mur, empêchant le Dobutsu de se coller à celui-ci pour esquiver.

"Je suis médecin. Je respecte et respecterai toujours la vie, quelle qu'elle soit. Elle est l'idéal qu'on cherche à préserver après tout."

A part peut-être la sienne, mais il se priva volontairement de le dire à voix haute. Le sourire hybride qu'arborait le visage du ninja devant la blessure à son flanc. Il appréciait la souffrance, il était incapable de le cacher en ce moment précis – l'adrénaline provoquée par l'entraînement l'avait fait agir de façon téméraire, et il anticipa la remarque qu'il s'attendait à avoir.

"Je ne suis qu'un moyen d'atteindre l'objectif. Toute utilisation d'un moyen est justifiée par la fin, du moment qu'il n'y a pas de pertes humaines."

De toute façon, une blessure de ce type ne serait que rapide à soigner – et si le Chuunin n'était pas impressionné par ce qu'il venait de tenter, il se soignerait avant d'attaquer à nouveau.

Je restais planté sur place à attendre l’arrivé de Shigeru, tenant fermement mon arme. Je ne voulais pas lui trancher un bras, mon attitude n’était que purement défensive. Lorsqu’il arriva sur moi, j’hésitai un instant, je me demandais si je devais simplement le menacer avec la pointe de ma lame pour qu’il recule ou si je devais le blesser à la jambe pour le paralyser et l’empêcher de continuer. Je n’eus pas le temps de prendre cette décision, Shigeru le fit à ma place en venant s’empaler volontairement. Il utilisa alors le mur de pierre situé derrière moi pour m’empêcher de reculer ainsi que son propre corps pour bloquer mon arme. Avec sa dernière main de libre, il réussit à approcher deux de ces aiguilles de ma joue. À ce moment précis, je ne réfléchis pas pour savoir s’il comptait me toucher ou simplement me montrer qu’il pouvait le faire. Mon instinct de survie était bien plus fort que n’importe quelle réflexion en combat.

Mon arme était bloqué par ses muscles, mais rien ne m’empêchait de le repousser. C’était assez cruel puisque cela pouvait empirer la blessure qu’il s’était lui-même infligée, mais encore une fois, je n’y réfléchis pas. Il me suffisait que d’une faible de distance entre lui et moi et lorsque ce fut le cas, je le projetai en arrière d’un coup de pied au ventre. Le coup n’était pas très violent, mais il suffisait pour le faire reculer de quelques mètres. J’avais fait ce coup pour l’éloigner et retirer mon arme de son corps, mais je me retins finalement, lâchant mon katana pour ne pas lui provoquer d’hémorragie trop conséquente.

Ce ne fut qu’une fois dégagé que je me rendis vraiment compte de ce qu’il venait de se passer. Ce que je craignais venait d’arriver, Shigeru avait sacrifié son intégrité physique pour mener à bien cet entraînement. J’aimais l’idée qu’il soit prêt à tout pour réussir et celle qu’il prenait cet entraînement au sérieux, mais je ne voulais pas non plus qu’il atteigne de telles extrémités. Je pensai alors qu’il avait également pu choisir de faire cela pour pouvoir ensuite me montrer ses compétences de soin. Cette idée me fit alors rire, ce qui dédramatisa un peu la situation.

- Ahahah, tu vas pouvoir me montrer tes techniques de soin maintenant !

Il ne pouvait pas voir mes expressions faciales, mais mon rire s’arrêta et mon sourire disparut lorsque j’entendis sa dernière phrase.

- Personne d’autre que toi ne peut décider de la façon dont tu utilises ton corps, alors je ne te dirais pas qu’un tel acte est inconscient, surtout que cela t’a permit de m’atteindre. Mais je ne peux pas te laisser te comparer à un outil, même si je peux comprendre les sacrifices personnels, cela ne doit arriver que dans certaines conditions et même si tu apprécies la souffrance que cela te procure, mise à part certaines situations extrême, la survie doit rester ta priorité. Si j’avais été ton ennemi, ta stratégie n’aurait pas fonctionné et tu aurais perdu la vie inutilement.

Même s’il était capable de se soigner pour chaque blessure qu’il recevait, je ne pouvais pas accepter que mon élève soit constamment blessé et donc, en état de convalescence, même léger. Évidement, je m’inquiétais un peu pour lui, il me semblait avoir une logique assez particulière et même si c’était assez fréquent chez les shinobis, cela pouvait s’avérer dangereux en mission. Mon rôle vis à vis de cela n’était pas de le guérir, mais de le comprendre et ainsi de pouvoir anticiper ses réactions faces à différentes situations.

- Bon et bien, je crois que cet entraînement est terminé, on peut dire que tu m’as suffisamment étonné pour aujourd’hui, je vais rester avec toi jusqu’à ce que tu sois guéri pour observer la manière dont tu t’y prends. Si tu as des choses à me demander, tu es encore libre de le faire.

Le coup de pied d'Otoke propulsa le jeune médecin avec plus de conviction que ne l'avaient fait les trois shurikens lancés en sa direction auparavant. Shigeru avait réussi à atteindre son objectif et la douleur – plus superficielle d'autre chose – qu'il ressenti devant le coup n'avait été qu'une confirmation supplémentaire. Malgré la blague adressée, au début, quant à ses pouvoirs de soins, il ne savait que trop bien que son comportement avait été téméraire. Plus qu'il ne l'aurait fallu compte tenu du caractère purement éducatif qu'avait cet entraînement. Pourtant, aucune once de regret n'arriva à traverser l'épais nuage dépressif qui se réinstalla à nouveau en un clin d'œil dans l'esprit du médecin, filtrant soigneusement ce qu'il entendait, voulait entendre, comprenait et enfin voulait comprendre. Il était sur le point de répondre lorsque le Chuunin décréta la fin de l'entraînement, coupant court à ses pensées et le poussant à se relever lascivement, frappant son corps de ses mains pour se débarrasser de la poussière.

Sans spécialement fixer son chef d'équipe dans les yeux, le jeune médecin agrippa et arracha sèchement le katana de son flanc avant d'apposer sa main droite sur la blessure. Comme il l'avait prévu, celle-ci n'était que relativement superficielle – aussi il ne lui fallut pas énormément de temps avant de la refermer entièrement en extérieur et suractivé ses cellules musculaires afin de réparer le muscle endommagé en profondeur. Le regard d'Otoke semblait le transpercer à chaque fois qu'il le croisait – lui faisant clairement comprendre que ce n'était pas des paroles en l'air que le Chuunin avait prononcé à l'instant. Inspirant profondément, Shigeru se décida enfin de répondre afin d'exposer sa logique – le tout dans sa voix inexpressive qui, pour une fois, offrait l'avantage de ne pas faire sonner ses phrases pour des excuses. Elles n'en étaient pas.

"Tu n'avais aucunement l'intention de me blesser, je l'ai remarqué très tôt dans le combat. Des quelques stratégies que j'ai pu établir, t'obliger à faire le contraire de ce que tu voulais était celle qui avait le plus de chance de réussir. Si un ennemi a pour ordre de capturer vivant à l'issu d'un combat, se battre en mettant explicitement sa vie en jeu l'oblige à reconsidérer sa stratégie et à ne pas combattre pleinement afin de réussir sa mission, offrant un avantage potentiel. Je n'ai fait que l'équivalent logique ici. De plus, je suis capable de me soigner - en combat singulier c'est le seul réel atout que j'ai - et ne pas l'exploiter représente partir avec un handicap."

Il s'arrêta un bref instant, puis leva les yeux afin de croiser de façon durable ceux du Chuunin.

"Néanmoins, je comprends ta réflexion également. Tu es le chef de l'équipe et, si c'est un ordre, alors je ne le referai plus sans avoir l'explicite permission de ta part. Ma logique présente des défaut quand la variable de ma propre vie entre en compte."

Il soupira lourdement, prenant progressivement conscience au fil de ses paroles qu'il avait laissé sa dépression prendre le dessus grâce à l'adrénaline – il venait de perdre un combat de plus.

"Je n'ai qu'une seule question sinon – quand se revoit-on ?"

J’observais donc Shigeru se procurait des soins, je fus d’ailleurs très surpris de la vitesse à laquelle la blessure disparaissait. Ses compétences de médecins étaient bien plus grandes que je ne les avais imaginées, cela allait se montrer très utile dans nos missions. Il ne lui fallut pas bien longtemps pour la refermer. Je comprenais alors pourquoi il ne voyait pas le mal à se blesser volontairement. Je devais toutefois absolument mettre les choses au point avec lui à ce sujet, il n’avait pas l’air de comprendre où je voulais en venir.

- Je ne te donnerai pas l’ordre de ne pas le faire, contrairement à ce que tu sembles penser, je n’en ai pas le droit. Bien sûr, dans le cadre de notre équipe, tu me dois obéissance, mais n’oublie jamais que personne n’a le pouvoir de décider ce que tu fais de ton corps. Personne ne peut t’empêcher de te sacrifier et personne ne devrait pouvoir te demander de le faire, c’est une décision qui te revient entièrement. Cependant, je ne peux que te conseiller de réfléchir sur les raisons qui te poussent à le faire. Tu m’as indiqué apprécier la sensation que cela te procurait, tu es bien placé pour savoir l’addiction que cela peut entraîner. Cela pourrait influencer tes choix lors d’une situation critique, où cette addiction pourrait t’entrainer à prendre des risques inutiles voire dangereux.

J’avais bien compris que je ne pouvais pas lui faire comprendre ma vision à ce sujet, ce fut pourquoi j’essayai d’utiliser une pensée beaucoup plus pragmatique qui avait beaucoup plus de chances de fonctionner. Cette particularité qu’il avait était un avantage et un inconvénient, il le savait et semblait savoir l’utiliser correctement, mais c’était également mon rôle de veiller là-dessus.

- Nous nous reverrons lorsque nous serons appelé pour une mission. Cela ne devrait pas attendre longtemps, le village est plutôt occupé et dès lors que j’aurais fait savoir aux autorités que l’équipe est prête, nous allons devoir leur montrer notre travail d’équipe. À ce sujet, maintenant que les choses sérieuses vont commencer, je dois te demander de rester prêt à partir n’importe quel jour. Ce n’est pas la peine d’être constamment sur le qui-vive, mais une mission urgente pourrait arriver à n’importe quel instant et celles de rang B nécessitent bien plus d’implication que celles dont tu dois avoir l’habitude. Sur ce, je te souhaite une bonne journée, ce fut un plaisir !

Disant ces mots, je marchai en direction de l’endroit où j’avais quitté Karyuudo, nous avions une discussion à avoir.

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