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Affairé dans son bureau, le Trentenaire étudiait le détail de ses factures. La construction du Temple était enfin terminée et les ouvriers réclamaient légitimement leur dû. Un coût assez onéreux au total, mais qui pour le Hoheinheim était indispensable. Bientôt le Temple aurait ses premiers élèves et le travail ne manquerait pas. Le Pays des Cascades comptait bons nombres de communautés indépendantes qui n'hésiteraient pas à faire appel aux étudiants et professeurs du Temple pour leur rendre service. Administrer correctement, le Temple d'Ao s'assurerait avec le temps une économie florissante et couvrirait ainsi largement les frais de constructions sur du long terme...

Van écrivit quelques lettres destinées aux différents chefs de chantiers qui étaient venus travailler avec leur équipe. Une paye à chacun leur serrait versée en main propre dés qu'ils viendraient au Temple. L'affaire de quelques jours durant lesquels Van tâcherait de réunir la somme...

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Lorsqu'il en eut finit avec toute cette paperasse, le Gouverneur décida de sortir un peu se dégourdir les jambes. Il quitta son bureau et descendit les deux étages afin de se rendre au parc d'entrée à l'extérieur de l'école. Joliment décorés, les jardins comptaient différentes variétés de plantes dont la plupart n'avaient besoin que de peu de lumières pour s'épanouir. Puisque le Temple se trouvait derrière une cascade et donc dans une caverne, la luminosité était créée artificiellement à l'aide de lampes solaires disposées un peu partout.

Assit sur un banc, le Lumineux se détendait par le biais de la lecture. Quelques formules alchimiques que lui avait laissé Shinda Michiki, à étudier. C'était d'ailleurs grâce à cela que le Lumineux avait été capable de créer un poison hallucinogène lors des interrogatoires à Mizu...
Immanquablement, l'esprit du Trentenaire restait néanmoins fixés sur les tâches qu'il restait encore à faire. Il devrait envoyer des émissaires aux différentes villes de Taki, et s'assurer diplomatiquement de leur soutien en proposant les services du Temple contre un peu d'argent.

Nozomi pourrait se charger d'Itabei seule. Resterait néanmoins la ville portuaire de Marutagoya tout au Nord et les villes de Reisui et Shiomizu plus au Sud. Van devrait aussi veiller à ce que les rumeurs concernant son implication dans le meurtre du Daimyo ne viennent pas perturber ses plans. Il savait à l'avance qu'il aurait tôt où tard à faire face à ces accusations. Le moment venu il aurait alors à faire preuve de beaucoup de malice pour ne pas perdre le contrôle de Taki...
L'homme soupira tant il avait à faire. Avachi sur le banc, il avait étendu ses bras tout le long du dossier et suspendu sa tête en arrière. C'est alors qu'il distingua deux silhouettes franchir le seuil de la Cascade à l'entrée...

Assis en tailleur sur le sol, le regard dirigé vers l’horizon, Shido observait le soleil qui se levait petit à petit. Un demi-cercle éclatant de lumière s’élevait derrière les montagnes, et une douce brise filait entre ses cheveux. Les mains posées sur les genoux, le jeune garçon inspirait et expirait profondément, profitant de la plénitude qui régnait sur le terrain d’entraînement en cette heure matinale.

Voilà quelques semaines maintenant que ses parents l’avaient laissé ici, au temple Ao’. Celui-ci n’était encore qu’en rénovation, néanmoins les responsables des lieux avaient accepté de l’accueillir et lui enseigner les arts ninjas dès que la construction serait terminée.
Les premières nuits passées entre ses murs ne furent guère reposantes : entre les cauchemars et les sanglots, le jeune garçon n’eut d’autre choix que de s’adapter à son nouveau chez soi. Mais au bout du compte, il s’en était plutôt bien tiré. Et puis, heureusement que Yûka, une des intendantes du temple, veillait sur lui et le soutenait dans cette épreuve.

Néanmoins, Shido n’avait pas de raison de se plaindre. Après tout, si ses parents avaient jugé judicieux de le laisser ici, c’était pour lui permettre de suivre la voie dont il avait toujours rêvé. Finalement, ses entraînements quotidiens du temps où il vivait à Tozawa lui seront sans doute très utiles en ces lieux.

Après avoir pris une grande inspiration, notre héros se redressa et épousseta le derrière de son pantalon, retirant ainsi la poussière qui s’y était déposée. Il plongea la main dans sa poche et repensa alors aux recommandations de l’intendante Yûka. Celle-ci avait en effet pris soin de laisser un mot sur la table de chevet de l’élève, contenant deux choses importantes à faire dans la journée. Aujourd’hui était un grand jour : le temple était désormais terminé et serait bientôt un havre pour les ninjas souhaitant s’améliorer.
Sans perdre une seconde, Shido déplia le papier et relut alors les deux tâches transmises par Yûka. Il devait dans un premier temps gagner la cafétéria et aider les personnes sur place pour ranger un arrivage de caisses et de vivres. Après tout, lorsqu’une horde d’individus afflueront en direction du temple, il faudra bien les nourrir, non ?
La deuxième tâche était en revanche plus intéressante. Maintenant qu’il était possible de suivre les enseignements ninjas, il fallait signaler sa présence auprès du Gouverneur Van Hoheinheim. Celui-ci gérait le temple aux côtés d’Aoni, la directrice des lieux, et devait désormais s’occuper des arrivants et des futurs élèves. Il n’y avait donc pas un instant à perdre !

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De retour sur l’aire d’entraînement, assis au même endroit que ce matin, Shido regardait le ciel et se reposait, tandis que ses bras tremblaient tant les caisses étaient foutrement lourde. Après tout il devait bien s’y attendre : avec sa carrure de crevette, n’importe quelle charge lourde provoquerait des courbatures… Profitant du beau soleil d’été et de l’agréable chaleur, l’adolescent humait l’air frais de la montagne avant d’aller quérir le directeur du temple. Et, tandis que les secondes défilaient, notre jeune garçon essayait d’imaginer à quoi pouvait bien ressembler ce Van. Était-il grand, à la carrure élancée et charismatique ? Ou bien alors était-il le portrait stéréotypé du gros balourd aux cheveux gras qui gérait un établissement scolaire d’une poigne de fer ?
Mais trêve de rêveries : il était temps d’y aller !

En route pour le temple Ao’, Shido croisa le chemin d’une femme plus âgée que lui… enfin, c’est ce qu’il crut au premier abord. En effet, compte tenu de sa longue chevelure noire et du long manteau rouge qui recouvrait la grande majorité de sa frêle silhouette, notre protagoniste avait immédiatement focalisé son esprit sur l’allure efféminée de cette personne. Intrigué, il l’observa discrètement jusqu’à conclure qu’il s’agissait bel et bien d’un homme.
Peu à peu, les deux individus synchronisèrent leurs pas jusqu’à se tenir côte à côte. Curieux, Shido le scrutait du coin de l’œil, tandis qu’ils approchaient de l’entrée du temple.

Une fois l’accès passé, et au moment où le jeune adolescent s’apprêtait à se diriger vers les escaliers pour rejoindre le bureau de Van Hoheinheim, il constata la présence d’un homme avachi sur le banc à quelques mètres de lui. Comme d’habitude, Shido le décrivit mentalement. Plutôt grand, portant un pantalon sombre ainsi qu’un haut noir, recouvert d’un manteau beige qui ne devait pas être tout jeune… Le regard de notre protagoniste glissa alors en direction du banc sur lequel se trouvait l’individu, et plus précisément sur la paire de lunettes posée sur quelques papiers. Avait-il des problèmes de vue ? Utilisait-il ces lunettes pour reposer ses yeux ? Les questions se bousculaient dans sa tête, mais une seule tenait son attention éveillée : qui était-il ? Impossible de le dire. Mais étrangement, il avait le pressentiment que cet homme n’était pas qu’un simple quidam.

"Sale petite garce! Reviens ici tout de suite!"

Bien vu l'ami, mais il était hélas trop tard pour cela. Naoki avait entretenu une grande discussion avec ce marchand de fruit, et ce dernier ne vit que trop tard que quelques pommes manquaient à l'appel. Il avait beau hurler à travers la place publique, notre héros se trouvait déjà à l’abri des regards. Il ne roulait pas sur l'or, et c'était sans doute le dernier marché qu'il rencontrera avant le Temple Ao, aussi n'eut-il aucun remord à subtiliser quelques vivres. D'autant que, posé sur le toit d'une bâtisse, il profitait non sans en rire des fulminations plutôt comiques de ce pauvre marchand. Ce dernier en effet était tiraillé à la fois par la honte d'avoir été si aisément berné, et le manque de cible pour déverser sa colère.
Alors qu'il continuait sa route, préférant la voie des airs à la terre battue, il se laissa prendre par ses pensées. On l'avait encore une fois pris pour une demoiselle! En soit cela ne l'embêtait pas plus que cela, mais le résidu d'homme primitif qui dormait en lui s'insurgeait de pareille méprise. D'accord il était plutôt sec, et son habit pouvait porter à confusion, ceci dit pourquoi une longue chevelure serait forcément un attribut du galant sexe? Tout comme le lion portait fièrement sa crinière, les hommes de son village ne rougissaient point de leurs cheveux, bien au contraire! Une abondance capillaire donnait à son détenteur une certaine élégance, et non une allure d'androgyne!

Cet interlude arrivant à sa fin, notre punk (si seulement) du reprendre le chemin du temple. Bien qu'il fut un soldat du Shukai, il n'estimait pas sa formation terminée, loin de là. Il avait encore tant à apprendre, et plutôt que d'attendre passivement l'arrivée d'un prince charmant, il prit les rennes de son destin. D'ordinaire, les jeunes recrues étaient regroupées en équipe, sous la direction d'un shinobi aguerri. Cependant tous n'avaient pas cette chance, et las d'attendre, notre héros décida de prendre les devants.
Ayant passé la majeur partie de sa jeunesse dans les forêts de Kusa, il avait déjà entendu parler du temple Habashi. Ce tas de ruine nourrissait l'imaginaire de moult aventuriers, et on ne comptait plus ceux engloutis pas le pays de l'herbe. Si notre jeune lion savait que sa terre natale n'était pas la seule à accueillir pareil édifice, il fut bien étonné d'apprendre que, dans d'autres contrées, ces reliques du passé appartenaient encore au monde des hommes. La récente rénovation du temple Ao avait fait un peu de bruit, et on racontait même que l'endroit serait désormais un lieu réservé à l'enseignement. Tout ceci n'était que rumeur, mais il n'en fallait pas plus pour embarquer notre éphèbe et sa chevelure d'ébène dans une aventure.

Il s'était préparé à une recherche longue et désespéré, persuadé que cet endroit se cachait dans les méandres du monde. Foutaises, le temple était très aisément joignable, et la seule difficulté qu'il dut affronté fut les kilomètres à parcourir à pieds. Il y arriva néanmoins, et quelle fut alors sa surprise... Incrustée dans la roche, cette étrangeté semblait provenir d'un autre temps. Nappé de mystère, ce lieu coupa littéralement le souffle de l'aventurier. Bien qu'il ait lui même vécu parmi les arbres, jamais il n'avait vu d’édifice alliant si aisément grandeur et harmonie. Parfaitement en accord avec son environnement, cette merveille incarnait parfaitement l'idéal d'une humanité libérée de son orgueil, qui aurait enfin renoué le contacta avec mère nature.
Lentement, Naoki s'engagea sur l'unique entrée de ce sanctuaire. Le passage était gardé par de fières cascades, et pris comme il était par sa contemplation, le jeune homme ne remarqua point qu'un autre voyageur l'avait rejoint. Une fois n'est pas coutume, il était au moins aussi petit que lui, et c'est sans doute pour cela qu'il passa inaperçu.

"Eh...excusez-moi mais je suis bien au temple Ao?"

En voila une question incongrue! La réponse était pourtant évidente, mais ce trop plein de beauté avait déréglé notre preux voleur. Apparemment, son quotient intellectuel diminuait sous l'émotion, et la tête d'ahurie qu'il affichait alors empirait les choses. Pourtant, la franchise qu'il mis dans sa question, l'émerveillement qu'on pouvait lire dans ses yeux, tout cela contribuait à lui donner le charme de l'innocence. Reste à savoir si ce cher monsieur avait l'instinct paternel...

La tête en bas le Gouverneur aux cheveux verts, resta dans cette même position afin de chercher à reconnaître les deux enfants qui venaient d'entrer. L'un, plus petit, portait des lunettes et ressemblait étrangement à Van lorsqu'il était plus jeune, tandis que l'autre, plus grand, arborait une chevelure longue et soigneusement entretenue. Visiblement les deux enfants se dirigeaient vers le Temple d'un pas décidé. En y réfléchissant peu, le Gouverneur se douta fortement de la raison de leur présence en ces lieux.
Après tout l'établissement était devenu une école aujourd'hui, prête à enseigner et à accueillir de nombreux élèves...

Sans ses lunettes sur le nez, le Trentenaire devait forcer sur ses yeux afin de mieux discerner les formes qu'il pouvait distinguer. En le voyant ainsi froncer les sourcils, beaucoup auraient pu croire que Van était en train de fusiller du regard les deux étudiants qui venaient d'entrer.
Pourtant la réalité était toute autre, car en bon hôte des lieux, le Lumineux se redressa et s'approcha des nouveaux venus avec un grand sourire. Une contradiction plutôt surprenante qui semblait associer deux sentiments complètement opposés.

" Et bien oui jeune fille ! Tu te trouves effectivement au Temple de la Déesse Ao' ! " Même suffisamment proche, Van n'était pas parvenu à se rendre compte que la jeune fille à laquelle il avait répondu était en fait un homme...
Étourdi par la quantité de choses auxquelles il devait pensé en même temps, le Gouverneur avait oublié ses lunettes sur le banc et semblait les chercher de partout dans ses poches. Il lui arrivait parfois de les retirer pour réfléchir. Voir flou l'extérieur, l'aidait à voir plus clair à l'intérieur... Hum voyez !!!

" Où sont-elles... " Apparemment dérangé par l'absence de ses verres de corrections, le Trentenaire se résolu finalement à reprendre la parole sans. " Peu importe... Puis-je vous aidé ? "

D'un bon sentiment, Van attendit la réponse des deux enfants patiemment. Calmé, il s'était dit qu'il chercherait ses lunettes plus tard. Peut être finirait-il par tomber dessus...
En tout cas les deux enfants lui rappelèrent le lien immuable que pouvaient avoir un frère et une sœur ensemble... Allez savoir pourquoi il était allé s'imaginer que les deux appartenaient à la même famille. Peut être la couleur de cheveux. ><
" Ton petit frère ne semble pas très bavard. Bonjour mon garçon ! "
Une main du Trentenaire ébouriffa la tignasse taciturne de l'enfant. Le regard toujours froncé, afin de voir au mieux sans ses lunettes. " Vous semblez avoir fait un long chemin, peut être qu'un bon repas et une bonne boisson fraîche vous ferez plaisir. "

Alors que notre jeune ninja se tenait face à l’inconnu toujours assis sur son banc, l’androgyne prit la parole et posa une question sur un ton légèrement timide. Il voulait en effet savoir s’il se trouvait bel et bien au temple Ao’. Shido haussa les épaules discrètement, se demandant s’il n’y avait pas de panneaux sur la route menant jusqu’ici.
L’homme face aux deux arrivants les scrutait du regard, les sourcils froncés. « Hm… problèmes de vue… » pensa notre protagoniste en jetant un nouveau coup d’œil à la paire de lunettes posée sur le banc.

L’inconnu se leva alors et, tout en s’approchant des jeunots, répondit à la question du jeune adulte. Mais sa réponse était inappropriée à la situation. Comment l’avait-il appelé ? « Jeune fille » ? Shido ne put s’empêcher de sourire, amusé par la méprise que venait de commettre cet homme. Immédiatement après, il plongea ses mains dans ses poches et se mit à les fouiller à la recherche de ses lunettes. Du moins c’est ce qu’en conclut notre héros en focalisant son attention sur ses yeux qui cherchaient dans le vide. Il abandonna très vite ses recherches et reprit alors conversation, demandant aux deux arrivants s’il pouvait leur être d’une quelconque utilité.

Voyant qu’aucun des deux ne se décidait à prendre la parole, l’inconnu poursuivit :

« Ton petit frère ne semble pas très bavard. Bonjour mon garçon ! dit-il tout en ébouriffant la chevelure du jeune Shido. »

Le geste brusque et vif heurta l’une des branches des lunettes de notre héros, qui manquèrent de tomber. Il les remit en place sur son nez et lança un regard noir en direction de l’adulte.

« Tsssss… se limita-t-il à répondre tout en passant une main dans ses cheveux, histoire de les remettre en l’air. »

L’inconnu, qui ne perdait nullement de vue les bonnes manières et les dispositions à prendre vis-à-vis des invités, proposa aux deux arrivants un repas ainsi qu’une boisson fraîche.

« Cela serait avec plaisir, monsieur, mais j’ai rendez-vous avec le Gouverneur Van Hoheinheim afin de discuter avec lui de mon inscription au temple. »

Il passa sous silence le fait d’avoir été considéré comme le frère de l’androgyne, pensant qu’il était inutile de relancer le débat. Sur ces mots, il prit congé des deux individus et se dirigea vers le hall d’accueil du temple. D’ici quelques secondes, il traverserait la porte… à moins que l’on le retienne plus longtemps…

*Jeune fille hein...*

Évidemment qu'il avait relevé l'erreur! C'était la seconde fois aujourd'hui qu'on le prenait pour une donzelle, et il lui fallut faire appel à toute son éducation de hippie je je-m’en-foutiste pour ne pas réagir. Naoki se contenta donc de maintenir son sourire, même si ses lèvres bien trop crispées trahissaient son mécontentement. Il devra mettre les choses au clair avec cet hurluberlu, mais l'heure n'était pas à la confrontation. D'ailleurs, notre chapardeur avait déjà trouvé un moyen de se venger. Son œil avide repéra subitement l'objet négligemment abandonné, et déjà une de ses mèches s'allongeait, longeant le sol en se dirigeant lentement vers la paire de lunettes. Tout entier à son méfait, le Tôhatsu prit un peu de temps pour comprendre que monsieur attendait une réponse.

"Eh, OUI! - sourire gêné - Excusez moi. J'ai entendu dire que ce temple accueillait des étudiants? Me serais-je trompé?"

Il n'eut pas vraiment de réponse adaptée, et il s'en foutait, car déjà sa mèche s'enroulait autour de l'accessoire, et le soulevait légèrement du sol afin de le ramener à ses côtés. Naoki laissa donc à son "petit frère" le soin de faire la conversation. Ce dernier n'était guère prolixe, mais il gagna suffisamment de temps pour que notre coquin accomplisse son forfait. D'ailleurs, s'il réussissait à cacher sa prise dans sa tignasse, même un Hyuga ne pourrait la retrouver.

"Merci pour l'invitation!"

Alors qu'il passait devant cet étrange inconnu, il avait eu le cran de lui offrir un merveilleux sourire. S'inclinant lentement, il fit preuve d'une politesse impeccable, espérant au passage que la lenteur de ses gestes permettent à ce malotru de se rendre compte de son erreur. Seul un Tôhatsu savait passer aussi soudainement de la médiocrité à la noblesse . Quand notre fleur sauvage se retrouva devant l'immense porte d'entrée, toute sa rancœur, toute sa mesquinerie s'évapora, ne laissant place qu'à l'ébahissement.
La paire de lunettes dégringola d'elle-même, glissa de ses très longs cheveux pour s'écraser contre le sol. Était-elle brisée? Naoki n'en avait cure, tout son esprit semblait happer par ces immenses battants. Lentement, il posa ses mains sur ces œuvres d'art, comme si toucher le bois lui permettaient de mieux capter les innombrables gravures qui ornaient ce portique. C'était peut-être du à l'éclairage si particulier que provoquait la rencontre du soleil et de ses rideaux aqueux, mais ces portes dégageaient en cet instant un petit rien de magique, et l'enfant des forêts en fut chamboulé. Ce fut un regard pétillant qu'il lança alors vers celui qui, il y a quelques secondes à peine , alimentait sa perfidie. Le voleur avait laissé place à l'artiste, et l'on ressentait dans sa voix une pureté, une innocence que seuls les enfants possédaient encore.

"C'est magnifique!"

" Et bien. Je suis tout a fait disposé à vous recevoir autour d'une table. " Dit-il alors en s'approchant des deux qui se trouvaient déjà aux portes. Vous êtes en effet au bon endroit.

Il ne fut pas bien difficile de voir le sourire narquois du Lumineux, lorsqu'il apprit que les deux enfants étaient venus là pour le rencontrer. Présentement les mains dans les poches, Van venait subtilement d'indiquer qu'il se trouvait être le fameux Gouverneur. Apparemment les deux étudiants espéraient pouvoir entrer dans le temple afin d'y suivre les cours proposés. Une merveilleuse nouvelle qui vint assurément embellir la journée du Trentenaire...

En chemin jusqu'aux portes, Van tomba sur ses lunettes au bas des quelques marches à l'entrée. Il pensa les avoir faites tombé lorsqu'il était sorti.. Intrigué, il remarqua la présence de quelques cheveux noirs coincés dans la monture, qu'il retira à l'aide de deux de ses doigts. " Étrange... " souligna-t-il... Après tout ses cheveux à lui étaient verts... Finalement le Gouverneur reposa ses lunettes sur ses yeux et pu enfin se rendre compte de sa terrible erreur. La jeune femme était un fait un garçon et les deux ne se ressemblaient pas du tout...
" Pardonnez ma méprise je pensais que... Peu importe ! Allons manger un morceau, nous discuterons pendant ce temps. "

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D'une main assurée le Gouverneur poussa la porte d'entrée qui révéla l'intérieur de l'école aux deux enfants. Un long couloir traversait tout le temple pour donner au fond, sur la salle dédiée à la Déesse Ao'. Il était d'ailleurs possible de distinguer la gigantesque statue représentative de la divinité Scorpion, depuis l'entrée. Aucun doute que les deux enfants ne verrait que ça...
Van ouvrit la marche et passa devant en marchant assez lentement. L'intention étant de permettre aux deux enfants de découvrir les murs de leur nouvelle école. Ils arrivèrent enfin devant la statue après avoir traverser tout le couloir. Le chemin à la droite d'Ao' menait à l'infirmerie et aux boutiques, alors que l'autre sur sa gauche, menait au réfectoire et aux dortoirs. Il était possible de voir où menait à quoi, à l'aide des quelques panneaux d'indications suspendus sur les murs. Certains comportaient la mention " accès interdit ", et étaient réservés uniquement au personnel.

Deux escaliers en colimaçons menaient aux étages supérieurs... Plus haut se trouvaient les bureaux, salles de cours, jardins en terrasse et la bibliothèque. Mais pour l'instant, les trois se contenteraient de se rendre au réfectoire afin de s'y restaurer et de discuter un peu.
Encore une fois le Trentenaire ouvrit les portes battant qui les séparaient de la salle à manger. Une grande pièce qui pouvait à elle seule facilement contenir plus d'une centaine d'élèves. Des tables finement dressées et prêtes à accueillir les premiers étudiants. Beaucoup viendraient une fois l'ouverture officielle du Temple faite. La plupart de la Capitale mais le Trentenaire ne doutait pas que bientôt, toutes les places seraient occupées.

" Installez-vous, je reviens dans quelques instants. "

Puis sans rien ajouter d'autre, Van disparu derrière la porte qui menait aux cuisines...

Shido avait exprimé son souhait de rencontrer le Gouverneur de Taki et se dirigeait à présent vers le hall d’accueil.
Mais alors qu’il s’éloignait petit à petit des deux individus, le plus âgé déclara qu’il était disposé à les inviter à discuter de tout cela autour d’une table, ajoutant par la même occasion qu’il s’agissait bel et bien du temple Ao’. Notre protagoniste s’arrêta net et tourna la tête. Pas de doute à avoir : à en juger cette invitation presque évidente et le sourire qu’arborait cet homme, notre héros était sûr à cent pourcents qu’il avait affaire à Van Hoheinheim, le Gouverneur de Taki no Kuni. Shido fit alors demi-tour, esquissa à son tour un sourire satisfait avant d’accepter l’invitation. Mais inutile de faire des ronds de jambe : pour l’heure, il faisait mine de ne rien savoir de l’identité de son interlocuteur… même si par déduction il savait qui était cet homme à la chevelure verte, il préférait l’entendre de sa bouche.

Le petit groupe se mit alors en route et se dirigea le hall d’accueil du temple Ao’. Arrivé aux portes, un bruit de verre attira l’attention du jeune adolescent. « Les lunettes de Van ? » songea-t-il en observant l’objet en question. Comment étaient-elles arrivées ici ? Il n’en savait rien : ni Van ni lui n’avaient récupéré les lunettes. Il observa alors du coin de l’œil le jeune adulte légèrement devant lui, qui observait les lieux avec ébahissement. Les lunettes se trouvaient non loin de lui, à ses pieds. Les avait-il récupérées discrètement ? Impossible d’en être sûr, si bien qu’il préféra oublier cet élément.
Van baissa la tête, attiré lui aussi par le bruit, et aperçut à son tour sa paire de lunettes. Il se pencha aussitôt vers elle, les scruta quelques secondes et retira alors de la monture quelques cheveux noirs, sous le regard discret et attentif de notre protagoniste. Des cheveux noirs ? De la même couleur que ceux de l’androgyne ? Il y avait anguille sous roche… à creuser donc !

Celui-ci, toujours ébahi face à l’immensité des lieux, dirigea ses mots en direction de leur hôte :

« C’est magnifique ! »

Van, trop occupé par ses lunettes, n’entendit pas le compliment et posa ses verres correcteurs sur son nez, satisfait de les avoir retrouvés. Un léger sentiment de malaise s’empara de lui quand il constata, bien trop tard, que non seulement l’androgyne était un homme et non une femme, mais que lui et Shido ne se ressemblaient pas du tout. Il balbutia quelques mots, souhaitant corriger ses propos passés, mais décida de laisser de côté ce détail avant de prendre la tête du groupe.

Les lieux étaient magnifiques. Shido avait déjà eu l’occasion de les visiter, mais les traverser accompagné cette fois-ci d’un « guide » lui donnait l’impression de les redécouvrir. Le long couloir qui se présentait à eux permettait d’accéder aux multiples salles qui composaient le temple. Au bout de celui-ci s’élevait une immense statue représentant un Scorpion. Pourquoi pas : cela donnait à cet endroit des allures de lieu de pèlerinage… Van s’assurait d’avancer d’un pas lent afin de permettre aux deux invités de prendre leurs marques et de s’approprier les lieux. Après tout, il était très probable qu’ils restent ici durant quelques années.

Au bout d’une dizaine de minutes, le groupe atteignit le réfectoire. Il s’agissait d’une immense salle pouvant contenir au moins une centaine d’élèves. Shido observait les lieux et repensa à un livre qu’il avait lu par le passé… une histoire de magiciens qui, chaque année, se retrouvaient dans un réfectoire quasi semblable à celui-ci pour profiter du banquet d’ouverture, et dont le héros arborait une cicatrice sur le front… mais impossible de s’en souvenir ! Peu importe !
Van s’approcha d’une des tables, désigna deux places disposées côte à côte et invita ses deux hôtes à prendre place. Puis il s’éloigna en direction de ce qui semblait être les cuisines, après avoir rassuré Shido et l’androgyne de son retour prochain.

Seuls à table, les deux futurs élèves observaient le réfectoire sans dire un mot. Mais Shido profitait de cette « diversion » pour observer l’adolescent face à lui. Beaucoup de questions lui venaient à l’esprit, mais il était bien trop timide pour se lancer. Le silence qui régnait en ces lieux finit par avoir raison de lui, si bien préféra briser la glace. Il tourna alors la tête dans sa direction et déclara :

« Je ne me suis pas présenté tout à l’heure. Je me nomme Shido, enchanté de te rencontrer. »

Sur ces mots, il tendit une main amicale, espérant qu’il la saisisse et la serre. Quoi de plus énervant que de se prendre un vent !

Il était tout simplement ébahi. Muet, Naoki avançait lentement, avec la révérence due au lieu sacré. Il inscrivait chaque image dans sa tête, chaque colonne, chaque sculpture, et s'il fut déjà épaté par la porte d'entrée, figurez-vous qu'elle fut l'effet de le représentation gigantesque de ... de quoi au juste? Se rapprochant un peu, le jeune homme put lire sur un écriteau classieux l'appellation "Déesse scorpion". N'ayant jamais été confronté à l'art du Kuchyose, le jeune homme ignorait presque tout à propos des fameuses animaux mystiques, et il n'en fallait pas plus pour nourrir son imagination prolixe à la vue de ce splendide monument.
Alors qu'ils continuaient leur visite, le Tôhatsu avait encore l'esprit projeté sur cette incarnat du divin. Il marcha presque mécaniquement jusqu'à la table, s'asseyant sur la première place qu'il rencontra. Un coude sur la table, il tenait sa tête avec sa main gauche, tendit que son regard tentait vainement d'apercevoir l’œuvre d'art. Il avait complètement oublié son autre compagnon, et il eut presque un petit sursaut quand ce dernier lui adressa la parole.

"Tôhatsu Naoki! Ravi de te rencontrer!"

La surprise avait rapidement laissé place à un franc sourire, et c'est sans hésitation que le sauvageon attrapa cette main offerte. Dans sa tribu, on se faisait un baiser sur la joue pour se saluer, même lorsqu'il s'agissait d'inconnu. Cependant, l'enfant des bois avait vite compris que tout le monde ne partageait pas ce trop plein de proximité. Il fallait, disait-on, respecter l'espace intime de chacun. Il n'avait pas trop saisi le concept, mais il ne désespérait pas de se faire à cette idée.

"Alors Shido d'où viens-tu? Moi je viens de Kusa no Kuni, j'suis un authentique Tôhatsu! Et toi?"

Certain pourrait trouver cela un peu intrusif, mais le naturel avec lequel Naoki posait cette question démontrait sa bonne foi. Il avait totalement changé d'attitude, ayant quitter sa rêverie pour transporter toute son attention sur ce cher Shido. D'ailleurs, il n'avait pas lâché sa main, bien au contraire, il tenait celle-ci avec ses deux mains. N'y voyez rien d'incongru, le contact était pour lui une chose tout à fait normal, et faisait parti intégrante des relations humaines.
Son buste était légèrement penché vers l'avant, et ses grand yeux noirs pétillaient de l'enthousiasme d'une nouvelle rencontre. Il portait bien sa réputation d'androgyne, car non seulement son corps portait à confusion, mais ses attitudes appartenaient souvent à la façon de faire du galant sexe. Et puis il aurait fait une charmante demoiselle non?

C'est à ce moment là que la plupart des autres élèves arrivèrent. Tout comme Shido et Naoki, ils venaient tout juste d'arriver au Temple, à la différence qu'ils étaient tous Takijins. Une quinzaine d'enfants, filles et garçons âgés de treize à seize ans et qui découvraient en même temps les merveilleuses décorations du réfectoire...
" Oi oi ! Matez ça les gars ! Ils se tiennent la main ! " S'écria le blondinet avec un bandeau.
Intrigués la plupart des autres étudiants tournèrent la tête afin de contempler par eux même ce que venait de leur dire le blond. Amusés, ils éclatèrent de rires et se contentèrent niaisement de passer à côté de Shido et Naoki en les snobant.

" Ouah toutes ces tables ! Le Gouverneur ne rigole pas... Qui aurait cru qu'une école comme ça ouvrirait dans ce trou paumé. " La noiraude qui venait de parler semblait faire des tours sur elle même. Celle-ci portait une jupe courte flamboyante ainsi qu'un nœud papillon dans les cheveux. La plupart des autres suivirent bêtement le leader. Un grand brun aux traits durs et endurcis malgré son jeune âge. Celui-ci n'avait même pas sourit lorsqu'il vit Naoki et Shido se tenir la main.

Pendant ce temps deux petites filles, jumelles se rapprochèrent des Shukaijins. A l'unisson elles leurs adressèrent un grand un sourire avant d'ajouter. " Kawaiiii !!!! Ils sont trop choux !! Nous c'est Pily et Mipy ! Ils sont nuls de se moquer, ne leur en voulez pas ils n'ont aucune jugeote ! "
Puis le bruit de porte s'ouvrant à nouveau se fit entendre. Cette fois le Hoheinheim sortait des cuisines avec de nombreux rouleaux à parchemins entassés sur un petit chariot. Lorsqu'il vit tous ces enfants, il en eut presque la larme à l’œil. Il se souvint alors que Itabei et Marutagoya, deux villes du Pays des Cascades lui avaient envoyé une lettre afin de le prévenir de l'arrivée prochaine de nouveaux pensionnaires. Van n'aurait pas cru les voir venir si vite.

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" Bonjour à tous et à toutes ! Prenez place et installez-vous. "

Bien sagement tous les étudiants se rassemblèrent autour d'une table. A l'exception de la noiraude qui elle jugea préférable de se joindre aux deux Shukaijins qu'elle ne connaissait pas en compagnie des jumelles Pily et Mipy. La salle recouvrit bien vite le silence qui avait précédée l'arrivée des autres étudiants. Et sans bruit, tous fixèrent du regard le Trentenaire.

" Bienvenue au Temple de la Déesse Ao' ! Mon nom est Hoheinheim Van, et je suis le Directeur de cette école. Avant de recevoir chacun d'entre vous dans mon bureau, je vous ai fais préparé un repas. " Aussitôt le Lumineux composa une série de mudras qu'il termina en se mordillant le pouce. Ce dernier étendit ses bras par dessus les rouleaux en laissant pendre ses larges manches sombres. De celles-ci se mirent à scintiller des pierres semblables à des rubis, puis peu à peu un bruit grouillant de petites créatures se fit entendre...
Plusieurs dizaines de Scorpions aux yeux rouges vifs, surgirent finalement des bras du Trentenaire. Chacun attrapant au passage un parchemin, qu'il déposa soigneusement devant chaque élève. Personne ne fut oublié.

D'une synchronisation parfaite, tous les Kuchyoses s'étaient rangés sur le côté des étudiants. Et d'un claquement de doigt, Van fit apparaître depuis les parchemins, des assiettes monstrueusement biens garnies. Le cuisinier Sanji senpei, qu'il avait engagé n'attendait en fait plus que les étudiants pour préparer les plats. L'affaire de quelques minutes, qui nécessitèrent l'absence du Gouverneur afin qu'ils scellent ces derniers dans des Fuinjutsus. Plus facile à transportés, ils auraient au moins l'avantage d'être restés chauds.

" Itadakimasu ! " S'écria alors le Trentenaire. Ravi de voir déjà tout ce petit monde, Van s'approcha de la table de Shido et Naoki. Puis ajouta. " Mangez avec les autres et venez me voir après. Rien ne presse je vous attendrais dans mon bureau au deuxième étage. "
Puis encore une fois l'homme disparu sans ne rien ajouter d'autre...

Spoiler:

« Tôhatsu Naoki ! Ravi de te rencontrer ! »

Maintenant que notre héros connaissait l’identité de l’individu face à lui, il associa mentalement ce nom et ce visage. Naoki saisit alors sa main et la serra avec énergie. Shido porta son attention sur les doigts de son interlocuteur. Fins et délicats. Décidément, tout chez cet androgyne le faisait passer pour une jeune demoiselle. Mais alors qu’il allait retirer sa main, gêné par ce contact bien trop long à son goût, Naoki la recouvrit à l’aide de sa deuxième main, et la retint tout en continuant la discussion.

D’un ton amical et enjoué, il souhaitait savoir d’où venait le jeune garçon. Et, préférant le rassurer et lui montrer que tout ceci n’avait rien d’un interrogatoire, il précisa ses origines : un habitant du pays de l’Herbe, Kusa no Kuni. Shido le regardait dans les yeux et prit quelques secondes pour répondre. Devait-il lui parler de son passé ? Lui dire qu’il était natif d’ici mais que le destin l’avait arraché de sa maison ? De sa famille ? Risquerait-il de révéler sa nature de « fugitif », banni et injurié par les habitants de son village ? Une pensée négative lui traversa l’esprit… il songea au jugement durant lequel la communauté dont il faisait partie l’avait pointé du doigt et rejeté. Si la peur ne l’avait pas inhibé ce jour-là, il se serait défendu, quitte à rendre justice à sa manière ! Mais il était trop tôt… tout vient à point à qui sait attendre, non ?

Revenant de son voyage mental, notre protagoniste se rappela qu’il devait fournir une réponse à l’androgyne. Il esquissa un sourire et expliqua :

« Je suis né ici, au Pays de la Cascade, dans un petit village voisin. Mes parents m’ont emmené ici il y a quelques jours afin de suivre les préceptes du ninja. »

Le Tôhatsu se contenterait de cela pour le moment… et puis, il semblerait que d’autres futurs élèves soient conviés au repas !

Une vague de quinze individus firent irruption dans la salle. Des filles et garçons âgés de treize à seize ans qui venaient, sans aucun doute, eux aussi suivre les cours prodigués par les enseignants du temple Ao’. Et alors que notre héros allait parvenir à retirer sa main de celles de son interlocuteur, un blondinet de quinze les pointa du doigt en criant à ses camarades :

« Oi oi ! Matez ça les gars ! Ils se tiennent la main ! »

L’instant d’après, une douzaine de paires d’yeux convergèrent en direction des deux jeunes. Des rires, des moqueries… voilà qui lui rappelait ce funeste jour ! Shido retira immédiatement sa main, se tourna alors face à la table et baissa la tête tout en observant du coin de l’œil les nouveaux arrivants. Ceux-ci continuaient de rire et passèrent à proximité d’eux, sans leur porter une quelconque attention supplémentaire. « Hmpf… sale con… » chuchota notre protagoniste en ciblant discrètement le blondinet. Perdu dans ses pensées, il ne remarqua pas la jeune fille qui, à la façon d’une girouette, tournait sur elle-même et observait la salle, ébahie.
Soudain, un garçon robuste et endurci passa entre les bancs, sans se soucier de Naoki et Shido. Comme s’il les ignorait, tout simplement… il n’avait d’ailleurs pas esquissé le moindre sourire lorsque le comique de tout à l’heure avait dirigé le regard des autres en direction de nos deux héros. De par son allure imposante, il forçait le respect et avait notamment trouvé parmi les jeunes recrues des admirateurs… ou des larbins selon le point de vue.

Alors qu’il venait tout juste de retirer ses lunettes pour les essuyer à l’aide de son sweat blanc, deux petites filles, visiblement jumelles, s’approchèrent de Naoki et lui, avant de dire à l’unisson :

« Kawaiiii !!!! Ils sont trop choux !! Nous c'est Pily et Mipy ! Ils sont nuls de se moquer, ne leur en voulez pas ils n'ont aucune jugeote ! »

Shido ne répondit pas, préférant rester de marbre et ainsi préserver son image. Les jumelles les contournèrent aussitôt avant de prendre place non loin d’eux sur la table.

Les portes s’ouvrirent alors, révélant ainsi Van qui poussait un chariot sur lequel étaient posés de nombreux rouleaux de parchemin. Etonné devant l’attroupement de jeunes garçons et filles, Van ouvrit les bras et annonça la bienvenue à tous les nouveaux arrivants sur un ton enthousiaste. Chacun fut alors prié de choisir un siège et, après quelques secondes, tout le monde avait pris place. Une scission s’était créée d’elle-même : à gauche, la table des nouveaux arrivants, à droite, celle de Naoki et Shido. « Hm… qui donc suivez-vous… ou plutôt qui souhaitez-vous éviter ? » lâcha à voix basse notre héros qui se voyait déjà comme le mouton noir du groupe. Ou peut-être suivait-il cette espèce d’armoire à glaces ? Bonne question.
Mais alors qu’il se voyait déjà tenu à l’écart aux côtés du Tôhatsu, les deux jumelles s’installèrent à leur table, accompagnées d’une jeune fille qui souhaitait sans doute faire de nouvelles rencontres. Notre héros les regarda s’installer, avant de porter à nouveau son attention en direction de Van Hoheinheim.

Une fois le silence revenu dans la salle, celui-ci se présenta avant de composer une série de signes. Shido observait, attentif. L’incantation achevée, une multitude de scintillements vermeils filtrèrent à travers le tissu de ses manches et bientôt une flaupée de scorpions en jaillit. Ceux-ci avaient une tâche bien précise : dérouler les parchemins sur les tables et les placer devant chacune des convives. Notre protagoniste suivait du regard la créature, abasourdi. Était-il en train de rêver ?
Van, satisfait, exécuta un simple claquement de doigt et, dans un nuage de fumée, des assiettes dignes d’un festin royal se matérialisèrent sous les yeux des invités.

« Itadakimasu ! s’exclama le Gouverneur avant de s’approcher de la table où se trouvaient Naoki et Shido. Mangez avec les autres et venez me voir après. Rien ne presse : je vous attendrai dans mon bureau, au deuxième étage. »

Sur ces mots, Van disparut, laissant ainsi les nouveaux élèves profiter du repas.

Shido posa le regard sur son assiette. Elle était garnie de bonnes choses, des mets succulents qui firent saliver le jeune garçon à lunettes. Sans perdre une seconde, il s’empara des baguettes posées à côté de l’assiette et entama son divin repas.
Alors qu’ils commençaient tout juste à manger, le blondinet se hissa sur son siège et, d’une voix moqueuse, s’adressa à la table où se trouvaient nos héros :

« Hey les filles ! Venez manger avec nous au lieu de rester à la table des loosers ! »

Shido serra les poings. Il fulminait de rage et essayait, avec difficulté, de rester maître de ses gestes et mots. L’une des jumelles, Pily, se redressa et rétorqua :

« Laisse les tranquille, Ikemizu !
- Ouais ! poursuivit sa sœur Mipy. On s’assoit où veut d’ailleurs !
- Boarf ! Alors tant pis pour vous, restez avec les deux tourtereaux ! »

Notre héros se retourna alors, lui adressa un regard noir puis déclara :

« Il a un malaise le clown de service ?
- Oh oh oh ! On dirait que je l’ai énervé ! ricana-t-il, soutenu par le rire de la majorité des spectateurs qui observait la scène avec attention.
- Non pas encore. Si c’était le cas, tu aurais déjà la marque de mon poing sur ton visage et une ou deux dents en moins !
- Ahahahahah ! Et alors vas-y, qu’attends-tu ? »

Sur ces paroles, Shido se leva et fit face à l’imbécile qui ne cessait de le narguer. Concentrant du chakra dans ses deux poings, le manieur du Fûton se préparait à lancer une technique de son répertoire. Une bien juste correction à ses yeux ! Mais alors qu’il s’apprêtait à frapper, l’imposant adolescent rappela à l’ordre son bouffon et lui ordonna de se tenir tranquille. Le blondinet se rassit alors sans ajouter quoi que ce soit, sous les yeux de toutes les convives présentes dans la salle. Shido comprit aussitôt pourquoi tout le monde s’était installé à l’autre table : il y avait bel et bien un meneur. Celui-ci se redressa lentement, fixa le jeune garçon à lunettes dans les yeux et lâcha d’une voix grave :

« Toi aussi, tu t’assois. »

Comprenant qu’il n’était pas de taille, notre protagoniste ravala sa fierté et retrouva son siège, tandis que l’armoire à glaces faisait de même. Et, après quelques secondes de silence, tout le monde se mit à manger. Shido réfléchissait les yeux rivés sur son assiette. Cet Ikemizu avait eu de la chance… mais à la prochaine attaque verbale, il lui apprendrait les bonnes manières !
Un léger brouhaha s’installa dans la salle et chacun s’exprimait, souhaitant participer à la conversation à laquelle ils étaient conviés. La noiraude assise aux côtés de nos héros prit alors la parole :

« Je m’appelle Kuriko, je viens du village de Reisui, à la frontière entre Taki et Kusa. »

Le jeune myope leva la tête de son assiette et comprit alors qu’elle s’adressait à eux.

« Moi c’est Shido, et je viens de Taki moi aussi. »

Puis il laissa la parole au Tôhatsu, qui souhaitait sans doute lui aussi en connaître davantage sur ces nouveaux venus.

Le pays de la cascade hein? Notre arboricole n'y était jamais allé, mais déjà il s’imaginait une nature sauvage et mystérieuse parsemée de gigantesques chutes d'eau. Oui, il avait l'imagination féconde, et il vécut comme de la sauvagerie le brouhaha que ces gnomes firent en entrant. Il n'avait déjà que peu apprécié qu'on rompe de la sorte ce doux moment, alors les moqueries... n'en parlons pas.
Toutefois, fourbe, comme toujours, le Tôhatsu contrôla sa rage, préparant déjà une petite vengeance. Cette faune nouvelle fut l'occasion d'un beau défilé d’hurluberlus en tout genre. Bon à vrai dire la plupart n'avait rien d'exceptionnel, et certain était même cliché à souhait. Nous avions de tout, du leader énigmatique à l'emmerdeur de service, en passant par les fan girls et, eh, la fille étrange!
Elle fut d'ailleurs la seule à capter l'attention de Naoki. Étant lui-même un excentrique, il ne pouvait qu'être attiré par celle-ci.

"Bonjour mesdemoiselles!"

Les groupes se formèrent d'eux-même, et sincèrement le fils des forêts ne remarqua point la discrimination dont ils étaient victimes. Il remarqua par-contre que, depuis l'arrivée de tout ce petit monde, l'humeur de son nouveau compagnon s'était assombrie. Il dut toutefois reporter son investigation, le directeur des lieux s'étant décidé à leur faire un accueil dès plus spectaculaires!

"Mais...mais... comment?"

La plupart des ninjas confirmés connaissaient le fonctionnement du Kuchyose, seulement Naoki était loin d'être la fine fleur du mon shinobi. Il ignorait encore moult chose sur leurs arts, et d'ailleurs, ça réaction ne manqua pas de faire sourire les deux jumelles. L'une d'entre elle, Pilly me semble t'il eut cependant la bonne idée d'initier un semblant d'explication. Avant bien sûr que celle-ci soit perturbé par le même blondinet désagréable d'avant.
Naoki n'aurait pas réagit, et il ne s'attendit vraiment pas à voir Shido se mettre dans pareil état. L'apparence était parfois trompeur, et ceci illustra parfaitement ce proverbe. Lui qui semblait si doux réagit au quart de tours, et semblait prêt à en découdre! Nul doute que s'il en arrivait là, le Tôhatsu interviendrait en sa faveur, après tout ils étaient arrivés ici ensembles, et aller savoir pourquoi, cela avait créé comme un lien entre eux. Heureusement le leader du groupe calma le jeux.

Les choses reprirent donc peu à peu un court normal, et après quelques bonnes minutes de silence dignes d'un bon repas, la discussion reprit peu à peu.

"Je m'appelle Tôhatsu Naoki! Mon nom te dis surement quelque chose si tu vis non loin de Kusa. Et vous demoiselles, d'où venez vous?"

Peut-être son regard avait-il été trop insistant, ou peut-être ses filles étaient de celles capables de donner un sens au mouvement le plus insignifiant, mais quoiqu'il en soit les jumelles se mirent à glousser, provoquant l'incompréhension la plus totale en ce qui concernait Naoki. Néanmoins une d'entre elle daigna répondre...

"Nous venons d'Itabei, une ville au Nord d'ici. Naoki-kun, tu es donc le seul étranger! Pourquoi être venu jusqu'ici au fait?"

Et c'est ainsi que ce lança la conversation. Ils parlèrent de leurs origines, de leurs motivations, et le Tôhatsu s'avéra un compagnon de table fort agréable. Il n'hésitait pas à parler de son clan, décrivant ce peuple proche de la nature. Si les jumelles l'écoutaient avec attention, la noiraude fut celle manifestant le plus explicitement son intérêt. Elle semblait fasciner par l'idée d'une ville dans les arbres, et le jeune homme lui était fasciné par elle!
Le moment vint cependant où ils finirent leur repas, et vu si cette compagnie ne lui était pas déplaisante, Naoki n'avait cesse de quitter ce brouhaha incessant. Se levant, il posa sa main sur l'épaule de Shido pour l'inviter à le suivre, se retournant évidemment pour saluer ses plaisantes camarades.

"Excusez-nous, mais nous avons quelques trucs administratifs à régler. De toute façon nous sommes tous résidents ici non? A plus tard!"

Ils s'écartèrent donc de ce capharnaüm, et à son grand soulagement, le regard impérieux du leader empêcha le blondinet de faire quoique ce soit de mauvais goût. Pour ce qui était des autres, le jeune homme ne les voyait même pas. Il aura tout le temps de trouver sa place dans ce micro-monde, et il ne s'offusquait pas du panurgisme idiots d'une bande de gamins. Non, il préférait de loin rejoindre le directeur des lieux, et lui en demander un peu plus sur ses petites bébêtes.
L'impatience du Tôhatsu se lisait dans son allure, tant est qu'ils arrivèrent en quelques minutes devant la porte du mystérieux Hohenheim. Naoki abattit trois fois son poing sur le bois, avant de signaler sa présence d'une voix trépignante.

"Scorpion san!"

Derrière son bureau, le Hoheinheim s'était installé et attendait patiemment la visite des premiers étudiants. Ce dernier comptait en effet leur faire signer quelques documents afin d'officialiser leur inscription au Temple. Il s'était réfugié dans son bureau pendant le repas, dans le but de préparer les papiers et de sortir la charte du règlement intérieur que Aoni la Directrice avait rédigé.
Plus bas au réfectoire, Van laissa volontairement ses Scorpions avec les nouveaux élèves afin que ces derniers veillent à ce qu'aucun débordement n'éclate. Il serait regrettable que dés le premier jour, les esprits s'échauffent et qu'ils en viennent déjà aux mains... Le règlement intérieur stipulait noir sur blanc que tout combat entre les étudiants serait sévèrement puni si il avait lieu dans l'enceinte de l'établissement. Quelques petits malins se rendraient donc bien vite compte que la règle ne s'appliquerait plus une fois dehors. Une nuance implicite qui permettait tout de même une certaine marge de manœuvre afin de régler ses conflits...

Trois coups retentirent de la porte, suivit d'un maladroit " Scorpion- San. " Le Trentenaire cru reconnaître la voix de l'androgyne qu'il avait prit pour une femme quelques instants plus tôt. " Entres ! " S'écria-t-il afin que le garçon puisse tout de même l'entendre depuis l'autre côté. Finalement Naoki apparue dans le bureau et prit soin de refermer la porte derrière lui. Le Hoheinheim indiqua d'une main, l'une des deux chaises mises à la disposition du Heishi afin que celui-ci prenne place en face de lui.

" J'ai ici quelques documents à te faire signer. " Le Gouverneur apposa une main sur la charte du règlement intérieur qu'il fit glisser sur le bureau, dans la direction du garçon. Le document n'était pas bien gros, inutile de s'encombrer l'esprit avec des interdits ridicules. Tout tenait sur une page, et Van n'aurait alors plu qu'à ajouter le feuillet dans le dossier de l'androgyne une fois qu'il aurait signé au bas de la page.

Spoiler:

De son autre main, Van tendit cette fois le formulaire d'inscription sur lequel était demandé des informations d'ordre plus courant. Nom, prénom, âge, origine et les matières qu'aimeraient suivre les étudiants. Parmi la liste proposée, le Taijutsu, Ninjutsu, Fuinjutsu et le Kuchyose pouvait être enseignés. Le Temple ne comptait que trois professeurs ce qui n'offraient en soit que peu de matières différentes. Le but étant bien sûr qu'en venant ici, au Pays des Cascades, les élèves du Temple parviennent à renforcer une où plusieurs de ces quatre matières.

~ ~
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Dehors, Shido attendait que Naoki finisse son entretien pour entrer à son tour quand des bruits de pas retentirent depuis les escaliers. D'un rythme soutenu, la personne qui montait devait être très pressée et ne s'excusa même pas de passer devant Shido pour entrer sans même frapper dans le bureau du Gouverneur. L'homme passa la porte qu'il tint entre ouverte. De sa position le garçon aux lunettes pourrait sans doute tout entendre.

" Hoheinheim Sama ! Voici une missive envoyée de la Capitale ! "

Apparemment contraint de voir de quoi il en retournait, le Trentenaire fit signe au Shinobi de lui porter la lettre. Le sceau de l'Empereur y était apposé, ce qui expliquait le fait qu'un ninja et non pas un oiseau ait été envoyer pour livrer le document. Van en prit connaissance et porta son regard sur le Tohatsu qui était bien sagement en train de remplir ses papiers.

" Naoki kun ! Accompagnes cet homme jusqu'à Tori no Kuni je vais te chargé de ta première mission... "

~ ~
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Au terme de la conversation Naoki et le messager quittèrent ensemble le bureau du Gouverneur. A Tori se trouvait Yuki Samui, la sensei du Lumineux en personne. Celle-ci tâchait de former une équipe afin de porter secours au Pays du Bois qui venait de subir une terrible catastrophe naturelle...
En pensant aux risques, Van imagina que Naoki conviendrait parfaitement et nul doute qu'il reviendrait en vie en étant sous les ordres de la Samui.
Depuis tout ce temps la porte était resté ouverte, et lorsque Van posa les yeux sur le garçon à lunettes, le Gouverneur comprit que Shido venait de tout entendre. L'idée ne dérangeait pas tellement le Hoheinheim qui lui fit signe d'entrer à son tour. Tout comme son camarade, le formulaire d'inscription ainsi que la charte du règlement intérieur étaient déjà prêtes.

" Assieds-toi mon garçon. J'ai besoin que tu remplisses ces papiers et que tu apposes ta signature au bas du règlement. "

Le repas allait bon train, de même que les conversations. Et tandis que Naoki questionnait les deux jumelles sur leurs origines, Shido ruminait, pensif. Écoutant son voisin de table d’une oreille peu attentive, le jeune garçon mangeait le contenu de son assiette et restait silencieux. Pourquoi diable le visage de ce blondinet insolent restait gravé dans son esprit ? Certes il l’avait énervé, voire même humilié, mais pourquoi ne pas le chasser de sa tête ?
Les souvenirs de son enfance lui revinrent peu à peu. Le regard inquisiteur des autres habitants du village, leurs moqueries, leur… attitude désagréable ! Décidément, mis à part quelques rares exceptions, l’Homme ne cherchait qu’une chose : écraser ses semblables pour se hisser au sommet.

Mais alors qu’il était perdu dans ses pensées, Shido sentit une main se poser sur son épaule. Il releva la tête aussitôt comme tiré brutalement d’un profond sommeil. Et avant même de demander ce qu’il se passait, le Tôhatsu expliqua la raison de leur départ. Le jeune garçon à lunettes avait oublié ce détail : rejoindre Van dans son bureau une fois le repas terminé. Il se leva donc à son tour, salua les deux jumelles, Pily et Mipy, ainsi que Kuriko, et quitta donc la grande salle, tout en prenant garde de ne pas croiser le regard du clown rieur.

Marchant légèrement en retrait de Naoki, Shido avait les mains dans les poches et regardait le sol qui défilait sous ses pieds. Son compagnon, quant à lui, paraissait impatient à l’idée de retrouver le Gouverneur. Visiblement : cet endroit lui convenait de plus en plus.
Arrivés devant la porte du bureau, Naoki toqua – ou plutôt cogna ! – à la porte tout en appelant Van à l’aide d’un sobriquet tout à fait indiqué : Scorpion-san. Shido esquissa un semblant de sourire, avant d’entendre la voix du trentenaire de l’autre côté de la porte. Naoki pénétra en premier dans la pièce, avant de refermer la porte derrière lui. Notre héros, quant à lui, attendait patiemment son tour, assis par terre contre le mur.

Les mains face à face, les doigts croisés entre eux, Shido fixait ses pouces, immobile. De nombreuses informations se bousculaient dans son esprit, si bien qu’il peinait à y voir clair. Et, souhaitant trier un peu tout ce joyeux désordre, il se mit à lister mentalement les éléments importants de cette journée. Tout d’abord, Ikemizu… ce garçon hilare et provocateur ne lui revenait décidément pas ! Lui qui avait pris pour habitude de se placer au-dessus de toutes ces âneries, voilà qu’il était à présent en train de ruminer des futilités. Venait ensuite cette armoire à glaces, ce caïd qui avait semble-t-il imposé sa loi et sa supériorité auprès des autres nouvelles recrues. Taciturne au premier abord, il paraissait très sûr de lui et surtout : réfléchi… ce qui différait totalement des stéréotypes habituels : la grande brute dotée d’une intelligence équivalente à celle d’une huître. Et, pour finir, ces trois jeunes filles : les jumelles Pily et Mipy d’une part et Kurito d’autre part. Toutes les trois étaient enjouées, amicales et surtout loquaces. Surtout les deux jumelles d’Itabei. Mais notre héros n’avait pas encore pris le temps de les observer précisément, si bien qu’il devrait attendre leur prochaine rencontre pour en apprendre davantage.

Soudain, des bruits de pas venant des escaliers résonnèrent dans les couloirs. L’individu, pressé apparemment, marchait d’un pas rapide et se dirigeait vers le bureau du Gouverneur. Sans porter une quelconque attention au jeune garçon assis à côté de la porte, l’homme pénétra dans la pièce où se trouvaient Van et Naoki, en pleine conversation privée.

« Hoheinheim-sama ! Voici une missive envoyée de la Capitale ! »

Shido tourna furtivement la tête en direction du bureau et observa la scène. Naoki remplissait quelques papiers, tandis que l’inconnu déposa le rouleau de parchemin face à Van, avant de s’immobiliser. Le trentenaire récupéra le document et lut rapidement son contenu. Relevant les yeux en direction du Tôhatsu, il lui ordonna d’accompagner le messager jusqu’au Pays des Oiseaux, lui confiant par la même occasion sa première mission.

Le Pays du Bois semblait être en mauvaise posture. Une catastrophe naturelle avait ravagé le pays, causant d’importants dégâts. Une première mission très prometteuse ! Shido dévisagea Naoki qui semblait encore plus enthousiaste que tout à l’heure. Il l’enviait, même. Mais peut-être que lui aussi se verrait confier une tâche importante !

Après plusieurs minutes d’explications, le messager et Naoki quittèrent le bureau du Gouverneur, laissant ainsi la place au jeune garçon. Celui-ci se redressa, fit face à l’antre de Van et, une fois invité à entrer, s’installa face à lui.

« J’ai besoin que tu remplisses ces papiers et que tu apposes ta signature au bas du règlement. »

Shido hocha la tête de haut en bas et approcha de lui les documents avant de se saisir de quoi de noter. Ses yeux glissèrent aussitôt sur la feuille : règlement intérieur, droits et devoirs… les règles de base qui permettaient au temple de fonctionner correctement. Notre protagoniste se focalisa sur une des règles : « Aucun conflit en interne ne sera toléré. ». Voilà qui gênait bien ses affaires, lui qui avait la ferme intention de corriger le blondinet de tout à l’heure… Si celui-ci décidait par le plus grand des hasards de se calmer, les choses iraient pour le mieux. Sinon, il faudrait soit l’éviter et passer outre ses moqueries, soit s’arranger pour lui faire passer le message… « subtilement ». Voilà qu’il se mettait à manigancer ! Cela ne lui ressemblait pas et pourtant… il y prenait goût petit à petit.

Il finit enfin de lire le document, apposa sa signature et le rendit à son interlocuteur.

Shido était désormais un élève du temple Ao’. Les choses sérieuses allaient pouvoir commencer !