Une douche. C'était tout ce qu'avait besoin Kanpeki pour le moment. Les muscles crispés, sa peau en porcelaine tâchée de son propre sang, la Saibogu venait tout juste de rentrer d'une mission classique. Engourdie, exténuée par sa tâche et le voyage, les gouttes d'eau chaude qui coulaient le long de son épiderme lui firent le plus grand bien. Prenant tout son temps, elle ressortie de la source de son plaisir avec un soupir de satisfaction.

S'étant habillée avec des vêtements propres et épongeant sa chevelure avec une serviette tout en marchant, la rebelle se dirigea vers sa tanière : l'Atelier. Ouvrant la porte d'un geste machinal, elle se retrouva nez à nez avec son armure de combat. Inanimée et posée sur la table au centre la pièce, elle était en piteux état. Posant le morceau de tissue sur la chaise de son bureau, la Mécanicienne commença à tourner autour de la Metal Gear d'un oeil inquisiteur. Caressant de son index les parties abîmées de la bête, elle savait que de nombreuses retouches seraient nécessaires avant de pouvoir redécoller de nouveau. Cependant de nombreuses pièces devaient être, aussi, entièrement changées et se les procurer n'allait pas être de la tarte. Cependant, elle connaissait quelqu'un qui pourrait les lui fournir. Un vieil ami.

Mettant ses mains dans les poches de son short, Kan' fit volte face et quitta la maison familiale pour se diriger vers les quartiers des Marionnettistes. Sans réellement faire attention à ce qui l'entourait, elle tentait juste de se repérer par rapport aux nombreux bâtiments quasi-identiques qui parsemaient les deux côtés de la rue. Finalement, elle n'eut aucun mal à trouver la maison de l'homme qu'elle cherchait. Passant à côté des présentoirs qui marquèrent leur première rencontre il y a de ça dix ans, la Saibogu toqua à la porte de la maison. Les secondes passèrent quand la porte s'ouvrit.

— Yo Aki.

Lui tapotant l'épaule, la rebelle passa à côté de lui et se dirigea vers la salon de la bâtisse. S'asseyant sur le premier support qui se présentait à elle, la brune s'assit. Voyant que l'intérieur n'avait pas changé depuis la dernière fois qu'elle était venue, elle se tourna vers ce rouquin qu'elle ne connaissait que trop bien.

— Désolée de taper l'incruste comme ça. Mais j'ai encore besoin de pièces pour mon Armure de combat. La dernière mission l'a bien amochée. Evidemment, j'ai direct' pensée à toi. Il t'en reste ?

Silencieuse et toujours un peu fatiguée, la Saibogu attendit la réponse du Fujimi.

Roulant des yeux lorsqu'elle entendit la réponse d'Aki, Kanpeki ne put s'empêcher de pousser un soupir agacé face à une phrase que la Saibogu avait l'impression d'entendre beaucoup trop souvent... Pensait-il réellement, que Ted était réellement vivant. Plus les années passaient et plus la rebelle s'inquiétait pour la santé mentale de son ami. Ils étaient tous deux des Shinobis de Suna, plus des enfants ! Il fallait que le Marionnettiste se réveille et devienne lucide. Quittant la pièce quelques instant, il revint avec un bac remplit de diverses pièces métallique, comme à son habitude.

Se levant, la Saibogu se pencha vers le conteneur et commença à analyser la marchandise. Faisant en sorte de faire la sourde oreille, elle resta cependant attentive aux paroles schizophrène de son compagnon. Finalement ce dernier lui posa lors une question qui eut le don de la faire vaciller. Sourcils froncés, elle releva la tête vers son interlocuteur. De toute évidence, elle ne souhaitait pas répondre à cette interrogation. Aki était un homme qui avait de nombreuses ressources : Il était attirant, c'était un génie dans son domaine, cependant, il ne trouverait jamais une personne qui partagerait son coeur avec son comportement actuel. Sans compter que la rebelle voyait le Fujimi comme son seul ami. Personne ne la connaissait mieux que lui. Ses secrets, ses confessions, la majorité étaient en sa possession. Mais ça s'arrêtait là. Kan', n'était vraiment pas le genre de femme qui souhaitait se caser avec une personne et vivre une vie de femelle au foyer. Elle vivait au coeur de l'action et un amant ne ferait que la retarder.

Se relevant, elle posa ses pupilles en Or sur lui. Sans parler, elle continua à le toiser. Des cernes épais étaient visibles et son teint était plus pâle que jamais. A croire qu'Aki s'essayait au cosplay de Zombie... Finalement, le grondement d'un estomac se fit entendre. Confondant ce son avec le rugissement inexistant de son Ours-pantin, le Fujimi commença à réprimander ce dernier. Soupirant face à la folie de son ami, Kanpeki se décida à agir.

— Il serait temps que tu te prennes en main. J'vais pas te répéter pour la 78425ème fois que ton Ours n'est pas vivant. Non. J'vais juste te dire pour la 85421ème fois que t'es plus UN GOSSE ! Qu'est-ce que tes parents penseraient de toi... Merde Aki ! C'est fini l'époque où tes délires de gamin passaient encore. Il serait grand temps que tu te décides à agir en Shinobi.

Fatiguée de sermonner le roux, elle soupira. Finalement, elle reprit :

— On va donc ajouter une nouvelle règle...

Son regard sévère ne changea pas d'un pouce, au contraire il se durcit davantage :

— Je ne veux plus que tu parles où que tu écoutes ta peluche. Et t'inquiète, j'ferai en sorte que tu la respectes celle là... J'vais emménager chez toi.

Des rougeurs apparurent sur ses joues montrant sa gêne. Le roux allait s'imaginer des choses avec cette révélation. Cependant, la Saibogu voulait couper court à toutes les idées qui traversaient la tête de son schizophrène d'ami. L'attrapant par le col d'une prise forte, elle le rapprocha de son visage, le regardant dans le blanc des yeux.

— Et t'emballe pas ou j'te fous un poing. J'le fais pas de gaieté de coeur. Ca m'emmerde plus qu'autre chose. Mais faut bien que quelqu'un garde un oeil sur toi.

Le lâchant, elle remit ses mains dans ses poches. Regardant tout autour d'elle, Kanpeki se décida à se faire entendre à nouveau.

— J'vais voir si j'peux nous cuisiner un truc.

Connaissant le chemin, la brune se dirigea vers la cuisine de la bâtisse du Marionnettiste.

Sans un mot de plus la jeune femme se dirigea vers la cuisine. La pièce était propre, on avait l'impression que personne ne l'avait côtoyée depuis des lustres. Ouvrant le frigo, elle se rendit compte que les dires de son ami étaient avérés. Poussant un soupir, elle remarqua que les seules denrées présentes étaient périmées. Elle avait vraiment l'impression de s'occuper d'un malade.

Sans même parler ou regarder Aki, elle prit le bac de pièce et marcha d'une démarche déterminée vers la porte de sortie. Sans même se retourner, elle annonça très simplement :

— J'reviens. Tu ne bouges pas d'ici.

Quittant la maison du Marionnettiste, elle retourna à sa propre maison. Préparant ses affaires, elle emporta rapidement quelques habits pour tenir deux ou trois jours. De toutes manière, seules quelques minutes séparaient sa bâtisse de celle du Fujimi. Elle pouvait faire des aller-retours, ça ne la dérangerait pas. Expliquant la situation à son Père, ce dernier n'exprima aucune objection au désir de sa seule fille. Il connaissait lui même l'ami de sa cadette, et comprenait son envie de l'aider. Lui caressant le sommet du crâne il était fier de sa petite.

Quittant l'habitation avec un sac, la rebelle se dirigea vers la rue marchande. S'arrêtant à la première épicerie, elle acheta de la viande, ainsi que quelques carottes. Passant dans le rayon des ramens instantanés, elle en prit une bonne poche. Ses achats faits, elle retourna chez le roux. Poussant la porte qui était ouverte, elle rejoignit le salon et posa ses effets personnels, le reste des courses furent déposés en cuisine.

S'attachant les cheveux en une queue de cheval, elle prépara son plan de travail. Une fois cette étape passée, elle attrapa un couteau, et commença à trancher la viande. Elle n'avait pas prononcée un mot depuis qu'elle était revenue et bizarrement, elle était triste. Triste pour Aki. Vivre tout seul et être abandonné par ses parents devait faire un trou béant dans votre coeur. Il n'avait pas eu une enfance facile lorsqu'il vivait dans son village et voilà qu'il subissait le même traitement de la part de sa propre famille... Il n'avait plus qu'elle. Kanpeki se fit la promesse de ne pas le lâcher. C'est alors que son visage se posa sur la vitre qui lui faisait face. Voyant son reflet, elle avait l'impression de ressembler à sa mère avec cette coupe. Seul son piercing lui donnait une légère différence. Finalement, alors que son travail avançait petit à petit, elle jeta un regard par dessus son épaule vers le Fujimi.

— Tu ferais mieux d'aller pioncer. J't'appellerai quand j'aurai fini.

Ne réagissant pas au compliment que son ami prononça à son égard, Kanpeki se sentit touchée intérieurement par ce dernier. Elle avait beau trouver ce genre d'attitude plutôt vieux jeu, elle ne pouvait s'empêcher, sans le montrer à la surface, que ça la satisfaisait. Peut-être qu'au fond, ça lui faisait plaisir d'être vue comme une femme, alors que son caractère se dirigeait plus vers celui de l'homme. Grimaçant à cette idée, elle se trouva bizarre sur le coup.

Sentant qu'elle commençait à faire divaguer ses idées, la Saibogu se recentra sur sa tâche. Cuisiner était une chose que la jeune femme n'avait pas vraiment expérimentée. Sa Mère essaya de nombreuses fois de la former aux tâches dites féminine : La cuisine, le ménage, etc. Un tas de boulot ingrat que la brune n'avait jamais réellement adoré. Elle était comme ses frères, une bourrine, qui aimait l'action et les missions. Elle était loin du portrait de jeune mère au foyer que sa Génitrice avait dressé rien que pour elle, son unique fille. A son plus grand regret d'ailleurs...

Finalement, la Mécanicienne termina de mettre sa pièce de chair en filet, ces dernières s'étalant de façon les plus égales possibles sur le plan de travail. Enveloppant le tout dans du papier cellophane, elle mit les morceaux de viande dans le frigo, puis s'attaqua à l'épluchure des carottes. Souhaitant en faire de petits cubes, le résultat fut plutôt l'équivalent de mini cailloux aux formes acérées. Grimaçant face à ce rendu plutôt inattendu. Kanpeki mit le tout dans une bouilloire préalablement remplit avec de l'eau bouillante. Laissant les légumes cuire, elle prit une poêle qu'elle huila et posa les filets. Les minutes passèrent quand finalement tout fut fin prêt.

Mettant le tout dans deux assiettes, elle les posa sur une table sommairement préparée. S'étirant de tout son long afin de marquer la fin de son travail de pseudo cuisinière, elle enleva l'élastique qui retenait sa chevelure. Se sentant à nouveau elle même, elle frotta énergiquement ses yeux fatiguée. Baillant à s'en décrocher la mâchoire, elle se dirigea vers la chambre de son ami. Ouvrant la porte doucement, elle observa le Fujimi qui dormait paisiblement. Hésitant à le réveiller, elle se décida finalement à le secouer tranquillement.

— Hey.

Quand il ouvrit enfin les yeux, la rebelle continua :

— La bouffe est prête.

Le menant dans la salle à manger, la Mécanicienne s'assit sur la plus lointaine des chaises. Tout était là : Les filets fumant et les carottes bouillis. Se grattant l'arrière de son crâne, symbole de sa gêne, Kanpeki espérait que ses plats seraient, au moins, comestibles.

— Bon j't'avoue que mes talents en cuisine sont nul à chier. J'espère au moins que ça sera mangeable...

D'un geste de pure bonne volonté, elle se décida à prendre la première bouchée. Amenant les carottes à sa bouche à l'aide de ses baguettes, elle mâcha longuement les aliments, s'attendant à chaque contraction de la mâchoîre à sentir un goût horrible. Le résultat fut convaincant, même si les légumes étaient encore plutôt dur à croquer, ils restaient bon pour la santé. Finalement, après avoir avalé sa bouchée, elle posa ses pupilles dorée sur son ami. Allait-il aimer ?

Le repas se passa dans le calme le plus total. Chacune des deux personnes présentes étaient encore sous le coup de la fatigue. Kanpeki était crevée, elle n'avait pas encore eu l'occasion de récupérer depuis son excursion en dehors de la Cité. Même si elle souhaitait ne rien laisser paraître, elle ne put empêcher le bâillement qui émergea de sa personne. Décidément, un bon petit somme lui ferait le plus grand bien... Jetant un coup d'oeil à sa montre cette dernière affichait tout juste le début de l'Après-midi. Maudissant cette avancement lent de la journée, Kanpeki s'enfonça dans sa chaise posant ses mains derrière son crâne, prenant ainsi une pose destinée à la détente. Fermant les yeux un instant, elle entendit le Fujimi se lever de sa chaise. Ses pas sur la moquette étaient parfaitement audible aux oreilles de la Saibogu, qui en plus, se rapprochaient de sa position. C'est alors qu'elle sentit un contact humide sur le sommet de sa tête. Un remerciement. Acceptant cette forme de gratitude, la rebelle ne protesta pas.

Finalement, Aki la complimenta à nouveau par rapport à sa performance culinaire. Ne sachant pas pas trop si c'était un mensonge ou non, la Mécanicienne leva ses pupilles vers le Marionnettiste, boudeuse :

— C'était comestible. Tant qu'on en crève pas...

Sur ses mots, la brune continua à avaler les derniers aliments qui traînaient dans son assiette. Quand tout fut enfin ingurgité, elle vit son ami d'enfance se diriger vers la cuisine. Intriguée, elle pivota sur sa chaise, le suivant ainsi du regard. Un sourcil se haussa lorsqu'elle remarqua que ce dernier semblait motivé pour faire la vaisselle. N'étant pas vraiment emballée pour s'occuper de ce genre de tâche, elle était contente que le rouquin se décide à accomplir ce travail. Empilant les assiettes, les verres et les couverts, Kan' emmena le tout auprès du jeune homme.

Alors qu'elle mettait l'ensemble de la porcelaine dans l'évier, la Saibogu se tourna vers son interlocuteur.

— Et sinon, voilà un moment que t'as reçu ton bandeau de Sunajin. Qu'est-ce que t'attends pour passer à la vitesse supérieure ?

S'adossant sur le rebord du meuble de la cuisine, elle croisa les bras, son visage fixé sur le Genin. Comptait-il rester un Aspirant pour le restant de ses jours ? La rebelle savait qu'il était timide et qu'il avait du mal à côtoyer des inconnus. Pourtant, si elle voulait le changer, il allait falloir changer ses habitudes.

— Il serait temps que tu te trouves un Senseï. Une personne qui pourrait t'entraîner, améliorer ton maniement de Ted. Et puis tu ferais peut-être partie d'une équipe. Avec un peu de chance, tes équipiers te motiveront par leurs actes et te pousseront à t'améliorer. En tout cas...

Soupirant, elle se décida à continuer :

— Tu ferais autre chose que rester planté dans cette baraque à faire le ménage non-stop.

Se tournant complément dans la direction de son ami, elle pencha la tête sur le côté, essayant de croiser le regard du Fujimi. Il fallait qu'elle lui fasse ouvrir les yeux. S'il trouvait une équipe toute sa vie changerait. Et Kan' espérait que ça ne soit qu'en bien.

— 'Sérieux Aki. Trouve toi une team. T'es un Marionnettiste talentueux, alors montre le...

Finalement, la jeune femme quitta son support et retourna vers le salon. Cependant, elle ajouta quelques mots avant de quitter la pièce.

— J't'aurais bien pris dans la mienne, mais tu sais très bien que je ne peux pas en prendre plus de 3.

Quittant la cuisine, elle se dirigea vers le canapé du salon. Sans hésitation, elle s'affala de tout son long sur le support moelleux. Recommençant à bailler, Kanpeki attrapa un oreiller et le plaça sous sa tête.

S'étirant, elle se mit dans un position confortable afin de faire une petite sieste. Elle ne pouvait pas tenir plus longtemps, il fallait qu'elle ferme les yeux quelques heures. S'exécutant, la Saibogu entendit les pas de son ami de façon croissante. De toute évidence, il avait fini la vaisselle. Rejoignant sa colocataire, il se décida à montrer son accord avec les paroles prononcées plus tôt par la brune. Rouvrant à demi ses paupières, la concernée toisa le Marionnettiste d'un œil fatigué.

— Tant mieux.

Se calant plus confortablement dans sa pseudo-couche, elle s'apprêtait à tomber dans les bras de Morphée.

— Bon, tu me pardonnes, mais j'suis un poil crevée. J'vais piquer un p'tit somme.

S'humectant les lèvres et enfonçant sa tête davantage dans son oreiller, la rebelle rebaîlla. Finalement, elle reprit, clignant lentement des yeux. Elle luttait comme elle pouvait pour garder ses globes oculaires ouvert.

— Hmmm, pendant que t'y es, pourquoi t'irais pas jeter un coup d'oeil à l'administration ? J'suis sûre qu'ils sauront te renseigner sur des Senseïs en recherche d'élèves.

Ce furent ses dernières paroles. Des ronflements bruyants se firent alors entendre de sa propre bouche. La Mécanicienne avait finalement rejoint le monde des songes.

Mais pourquoi s'était-elle effondrée sur le canapé, alors qu'elle aurait pu squatter la chambre, désormais vide, des parents d'Aki ? Et bien la réponse était très simple : Par pur respect.

Kanpeki avait beau avoir son caractère, elle savait où s'arrêter lorsqu'il le fallait. Dormir dans une pièce qui avait appartenu aux géniteurs du Fujimi, lui aurait semblé un acte extrêmement déplacé. Ca ne se faisait pas, point. Sous ses apparences d'enfant terrible, la Saibogu avait reçue une éducation et parmi tous les préceptes qu'elle avait assimilée, c'était le seul avis qu'elle put se faire : Elle ne mettrait jamais les pieds dans cette pièce dans le but de se l'accaparer.