Les jours passaient et se ressemblaient. À l’époque elle avait bien raison : devenir Hokage avait mis un terme à ses vagabondages et son temps libre. Peut-être en aurait-elle été persuadée à l’époque, qu’elle aurait continué à vivre sa vie d’ermite. Mais faire demi-tour était trop tard, surtout avant d’avoir trouvé et formé un successeur potentiel. Beaucoup de Genins avaient rêvé de devenir Kage, mais au final, combien au fil des années avaient démontré qu’ils avaient les épaules pour ce rôle ? D’ailleurs les épaules, les avait-elle vraiment ? Elle avait certes géré toute cette histoire de Shoraizen, mais n’avait jusqu’à présent pas affronté de véritable crise.

Le monde ninja était calme. Plus de Furyous, plus d’Edo Tensei, rien. Des échos, des rumeurs. Envizib aurait été aperçu de ci de là. Était-il judicieux de le traquer ? Maintenant qu’il n’était plus sous contrôle de son maître, représentait-il véritablement une menace ? Aucun rapport ne spécifiait d’attaques de sa personne sur des civils. Oui. Le monde ninja était calme. Mais la situation évoluait petit à petit au sein des différents villages. Alliances, tensions, Empire. La géopolitique régissant leur monde changeait. L’issue de tout ceci ? Elle n’en savait rien encore et s’avouait même curieuse de connaître l’aboutissement de toutes ces histoires.

Mizuki lui rappelant qu’elle avait un rendez-vous prévu dans cinq minutes, elle s’en remémora l’objet en consultant son agenda. Ah. La Compagnie Johoukokan. Le nom avait plus d’une fois filtré alors qu’elle était membre de la Racine. Une compagnie aux mœurs douteuses qui avait déjà approché Onpu. Des bruits sourds retentissant à travers la porte, signe que quelqu’un toquait, elle signala son accord d’un « Entrez », découvrant le représentant au visage enfantin qu’on introduisait dans la pièce.

Bienvenue à Konoha, j’espère que vous avez fait bon voyage. Mais asseyez-vous voyons. Mizuki ? Café s’il te plait …

S’arrêtant dans son mouvement, elle haussa un sourcil en direction du jeune homme.

À moins que vous ne souhaitiez quelque chose d’autre ? Eau, jus de fruit, chocolat chaud ?

Petite moquerie sur la jeunesse du représentant qu’on lui avait envoyé. Elle avait pensé à une blague au début avant de se raviser. Aussi jeune soit-il, peut-être était-il vif d’esprit et à même de représenter comme il se devait sa société. Ne faisant pas attention à Mizuki qui roulait des yeux comme si elle s’offusquait à servir de bonniche pas seulement pour elle mais aussi pour une tierce personne –surtout un gamin-, Miko reprit quelque peu la conversation.

J’irai droit au but. Il semblerait qu’au cours des dernières années vos affaires aient pris un tournant … nouveau. Plus profitable. Pour vous. Mais qui pouvait être vu comme nuisible par d’autres. En particulier les villages ninjas tels que Konoha. Et j’espérais avoir quelques clarifications sur tout ceci, espérant de tout cœur ne pas avoir à faire à de nouveaux concurrents sur ce marché déjà bien occupé des missions et requêtes en tout genre. Vous avez également semble-t-il contacté mon prédécesseur par le passé. Pourriez-vous me préciser quelle était la teneur de ces échanges ?

Mizuki lui apportant son café, elle ne la chassa pas d’un revers de la main, la laissant se tenir à l’écart, droite et silencieuse afin d’être le témoin de cet échange. Levant la tasse à hauteur de son visage, elle le salua d’un « Santé » silencieux et trempa ses lèvres dans le liquide brûlant, se contentant d’attendre les réponses du garçonnet assis en face d’elle.

Ce que j’en pense ? Je m’avoue profondément déçue. Étant donné que vous faisiez ma propre biographie, je m’attendais à une chute un peu mieux ficelée qui aurait su me convaincre.

Faisant tourner la cuillère dans sa tasse, l’Aburame le regarda quelque peu lassée. Il avait très bien démarré bien que ses propos pouvaient être contestés. Dire que les ordres de mission de Konoha provenaient en grande partie du Daimyo du Feu était une généralisation grotesque. Les missions les plus importantes certes. Mais les missions de rang B et moins étaient tout autant vitales pour la survie économique du pays. Cependant peut-être son organisation ne s’intéressait qu’aux tâches plus difficiles à effectuer. À chacun son secteur du marché donc. Elle était au moins rassurée sur ce point.

Le soutien financier du Temple et les informations quant au débarquement en revanche étaient largement plus intéressants. Mais n’étant en aucun cas affiliés au Pays du Feu, tout laissait à penser qu’ils entretenaient le même genre de relations avec les autres villages. Les laisser vagabonder revenait aussi à se mettre en danger et laisser filtrer les propres informations de Konoha.

Ainsi ce sont donc là les seuls services que vous me proposez ? Financements, informations et spéculations ?

Onpu, contacter cette entité pour demander à Seitô d’enquêter sur elle ? Elle aurait tout entendu. L’esprit des gens était définitivement à même de formuler des spéculations bien étriquées. Certes une poignée de personnes était au courant des relations qu’entretenaient l’actuelle Hokage avec l’ancien, tout comme l’existence de la Racine. Mais bon … Tenter un bluff sur une partie floue du grand public était monnaie courante, mais pas quand celui-ci concernait son interlocuteur.

Je ne vous cache pas que bien que vous ayez aidé Hi no Kuni par le passé, je me doute que vous proposez les mêmes services aux autres pays. Ce qui m’empêche de vous faire pleinement confiance … ou de pouvoir vous confier certaines requêtes.

Buvant une gorgée du café beaucoup trop amère et enfin tiède de son élève, elle arqua un sourcil derrière ses lunettes de vue pour une fois non embuée vu le temps qu’elle avait mis avant de le boire.

Et si je ne bénéficie pas de vos services, je verrai peu d’avantages à vous laisser continuer vos activités sur notre territoire.

Ne cachant pas son soupir, Miko devait s’avouer quelque peu lassée du ton arrogant du garçon et de son apparente confiance en lui. Elle savait qu’il ne représentait qu’un maillon de la chaîne et était sans réelle importance dans toute cette organisation. Un pion facilement remplaçable. Mais ses propos commençaient à l’agacer, comme s’il se sentait protéger par l’instabilité qu’engendrerait une guerre ouverte contre son organisation.

Je ne te cache que je trouve ta verve un peu trop démesurée pour ton jeune âge, garçon. Tes propos faussement polis, qui se veulent inquiétants. L’appui des Daimyos et des villages certes, mais comme tu dis bon gré, mal gré. Nul doute que ton organisation pourrait en pâtir s’il trouvait un adversaire de son niveau. Et ne pense pas que ma nouvelle position rend mes décisions sujettes à restrictions. Konoha reste avant tout un village ninja, et je suis persuadée que si mes hommes avaient toutes les cartes en main ils se montreraient tout sauf bienveillants à votre égard.

Finissant son café d’une traite, l’Aburame remonta ses lunettes de vue, dévisageant le garçonnet.

Mais vos services pourraient en effet avoir certains bons côtés. Cependant il va de soi que ma confiance ne vous est pas encore acquise. Qui me dit que vous ne colporterez pas de fausses rumeurs de la part des autres nations ou ne vendrez pas nos propres requêtes au plus offrant ? Le mercenariat est un milieu auquel j’ai pu me frotter ces dernières années … et l’honneur est une chose assez rare. Pas inexistante certes, mais trop souvent ponctuelle à mon goût.

Elle avait bien sûr en tête l’épisode à Kusa, où elle comme son partenaire avaient fait défaut à leurs commanditaires et avaient pillé leurs réserves à la place.

Que diriez-vous en guise de bonne foi de vous procurer pour moi une vingtaine de bandeaux Kumojins ? Inutile de les récupérer sur des cadavres, de simples dérouillées me suffiront amplement, même si je laisse libre cours à votre imagination. Selon la réussite de vos hommes et votre discrétion sur la provenance de cette demande, je pourrais considérer déléguer plusieurs missions, cette fois rémunérées, à votre Compagnie.

Faisant craquer son petit doigt à l’aide de son pouce en craquement sonore, Miko regarda son jeune interlocuteur.

Ton avis mon garçon ?

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