Le soleil ne se lève que pour celui qui va à sa rencontre | Riba Yell

Le soleil ne se lève que pour celui qui va à sa rencontre.

« - KIHRAN ! »

C’était une voix grave et autoritaire qui résonna dans la pièce. Le genre de voix qui faisait figer instantanément un enfant. Ce dernier se mit d’ailleurs à baisser le regard, prêt à recevoir un nouveau sermon. Il en avait l’habitude d’une certaine manière. Ici, les adultes étaient strictes. Il n’y avait pas la place aux bêtises enfantines, il fallait se tenir droit, être sage, sérieux et compétent. A tel point, que le jeune rouquin ressentait un point dans sa poitrine. Le domaine pourtant si ravissant, ressemblait de plus en plus à une prison.

« - COMBIEN DE FOIS T’AI-JE DIT DE NE PAS TOUCHER A MES PLANTES ?! »

« - Mais… elles semblaient avoir soif… »

« - JE NE VEUX RIEN ENTENDRE ! ET QU’EN EST-IL DE TON ENTRAINEMENT ?! »

« - Ahran-senpai est absent. »

« - … et donc ? Ce n’est pas une raison Kihran ! Sors, va donc t’entraîner seul ! »

« - Très bien mon oncle… »

Cela ne servait à rien d’insister. Les adultes du clan haïssaient que les jeunes leur répondent. A l’époque, Kihran n’avait alors que huit ans. Introverti, il ne parlait que très peu afin d’éviter de se faire gronder d’avantage et de se faire remarquer par la même occasion. Les Hayashi avait toujours été un clan noble et fier. L’éducation se faisait dans la discipline, parfois à l’ancienne et à la dure. M’enfin, ils n’étaient pas d’épouvantables sanguinaires qui maltraitaient leurs enfants non plus, rassurez-vous. Il n’était simplement pas dans leur genre de se montrer indulgent envers les enfants. Et puis, tout le monde était stressé. La guerre venait de prendre fin et tout le monde travaillait dur à la construction du village. Sans oublier que les Hayashi étaient alors extrêmement influent avec la première Hokage dans leur rang, il fallait se montrer digne.

Heureusement, le petit Kihran arrivait à s’en sortir autant bien que mal. Il ne ratait jamais une occasion pour s’évader du domaine des Hayashi et donc de sortir de cette espace disciplinaire pour prendre une grande bouffée d’air et enfin pouvoir agir comme un garçon de son âge. Ce jour-là, il en fit de même.

Après avoir écouté le sermon quotidien de son oncle. Il décida de sortir se promener. Enfin, dans la version officielle, c’était pour aller aider l'une de ses tantes. D’habitude, il s’empressait d’aller à la rencontre de ses quelques amis, néanmoins, aucun ne semblaient être libre ce jour-là. Ainsi, le jeune Hayashi se retrouvait à errer seul dans le village. Pour le coup, il décida d’en visiter chaque recoin accessible. Au point-même où il termina dans un joli petit parc isolé.

L’endroit était paisible et rassurant. Kihran ne voyait personne à l’horizon, tout était silencieux. Oui, le jeune s’y sentait bien, si bien qu’il ne finit pas s’installer aux racines d’un arbre pour se détendre et s’y reposer. La brise était agréable et faisait chanter les feuillages des arbres dans une douce berceuse, qui finit par l’emporter dans un monde de rêves.

Il ne se réveilla qu’une vingtaine de minute plus tard par un bruit étrange. Encore à peine conscient, ses lourdes paupières s’ouvrirent pour le laisser voir une chose à laquelle il ne s’y attendait pas.

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Music ♫:

La vie était bien trop dure et injuste ! Papa et maman ne faisaient que me demander de jouer dehors pour me faire des amis mais... Ce n'était quand même pas ma faute si les autres avaient peur de moi si ? Bon d'accord j'étais différente … et alors ?

Je soupirais dans le parc du village, assise au bord d'un étang, trempant mes pieds dans l'eau fraîche tout en les faisant battre pour sentir la légèreté du liquide sur ma peau. C'était l'eau ma seule amie. Elle était calme, et douce, comme moi, alors cela me suffisait. Pour une fois je n'avais pas emmené mon violon, je voulais essayer de découvrir autre chose que de m'enfermer dans ma musique pour oublier ma solitude.

« Mais oui ! »

Puisque mon instrument favori n'était pas avec moi, je pouvais encore m'amuser à me liquéfier ! C'était amusant ! Même si personne ne devait me voir ou ce serait la panique... Comme me rappelaient mes parents... A cause de moi nous avions dû quitter le pays des rivières à plusieurs reprises jusqu'à atterrir à Konoha, un village assez nouveau où personne ne nous connaissait. C'était cela l'important : que personne sache ce que j'étais ou bien papa et maman auraient encore des problèmes...

Je soupirais, observant mon reflet dans l'eau, mes cheveux bleus et mes yeux de même couleur me rappelait mon élément... Il parait que j'étais plus élémentaire qu'humaine... Moi je ne savais pas vraiment... Je vivais avec les humains alors je devais en être une non ?

Observant ma main, je la fis prendre une forme aqueuse en concentrant mon chakra. Je disposais désormais d'un bras entièrement constitué d'eau, et un autre, fait de chair. Je m'amusais à regarder les poissons de l'étang à travers mon bras élémentaire, cela me donnait l'impression qu'ils y nageaient. Tout le monde trouvait cela effrayant mais moi j'aimais pourtant bien celle que j'étais... Je soupirais une nouvelle fois me laisser retomber en arrière, les pieds toujours dans l'étendue d'eau. Mes cheveux reposaient sur l'herbe tandis que j'observais le soleil : la nature était belle. Je l'aimais. Au moins elle, elle ne me jugeait pas. Les animaux non plus ne cherchaient pas à me fuir : cela me donnait l'impression d'avoir un peu de compagnie.

Je me redressais subitement, observant la surface et y posais un pied en concentrant mon chakra. En principe il n'y avait que les genin au moins qui parvenait à tenir sur les surfaces de la sorte mais l'eau était une partie de moi même, j'étais donc en mesure de tenir debout dessus. Marchant jusqu'au centre de l'étang, peu rassurée tout de même, et gardant mes bras tendus sur les côtés pour trouver un certain équilibre, je fus toute fière d'y être parvenue ! Je dématérialisais alors mes deux bras sous formes élémentaires et agitais ces semblants de tentacules en poussant un semblant de rire diabolique. Puis soudain... à force de vouloir faire la maline, je tombais dans l'eau, mes pieds n'étaient plus parfaitement ancrés sur le sol puisque je m'étais concentrée sur autre chose. Un bruit sourd se fit entendre. Une fois dans l'eau c'était tout mon corps qui était devenue une forme aqueuse, je pestais contre moi même et m'approchais du bord pour en ressortir. Une fois les pieds sur la terre ferme, je retrouvais ma forme première.

« Stupide étang ! »

Oui j'étais de mauvaise foi et avais tendance à rejeter la faute sur les autres, n'aimant pas vraiment l'échec. C'est alors que mon regard se porta sur un garçon d'environ mon âge qui était adossé à un arbre et qui m'observait l'air vaguement ahuri. Mes yeux s'écarquillèrent : mince ! Il m'avait sûrement vu ! Qu'est-ce que je devais faire ? Papa et maman allaient me disputer c'était sûr !

L'air de rien, je m'approchais de lui, les mains dans le dos, affichant mon plus beau sourire puis j'agitais les mains devant lui :

« Tout ce que tu n'as vu n'était qu'un rêve... Une illusion... Réveille toi à présent pour constater de la vérité ! »

Lui disais-je avec le ton d'un hypnotiseur.
J'espérais qu'il allait croire à mon mensonge...

La scène semblait d’abord magique, irréelle et fantastique. Il voyait cette fille aux cheveux bleus marcher sur l’eau qui scintillait sous les rayons du soleil. Vous me direz, ce n’est pas si rare de voir une personne marcher sur l’eau, tout shinobi pouvait le faire ! Cependant, l’âge de l’inconnue jouait un grand rôle à cet effet. Silencieux, il l’observait s’avancer pas à pas jusque vers le centre du point d’eau. Lorsqu’elle réussit aussi bien que mal à atteindre son but, le petit rouquin se mit à sourire, content qu’elle soit arrivé.

Mais voilà, la magie s’écroula brusquement lorsqu’il remarqua une chose étrange concernant ses bras. Au début, il pensait que c’était un effet optique et donc se frotta les yeux à plusieurs reprises. Mais plus il regardait, plus il comprenait que là était bien la réalité. SES BRAS ! Ils…. Ils n’étaient plus là ? Disparus ?! Non ?! A cette idée et à cette image, le jeune Hayashi devint soudainement très pâle. Il ne comprenait pas très bien ce qu’il voyait, mais de là où il était, la vue d’une enfant de son âge à qui il manquait des bras était assez horrifique. D’autant plus que le jeune garçon tentait désespérément d’oublier cette image atroce de la guerre rompue depuis peu.

Il fut donc, légèrement rassuré de voir qu’il s’était trompé. Ses bras n’avaient pas disparus, ils s’étaient…transformés ? En eau ? En… tentacules ? Il ne savait plus trop. Il n’avait entendu parlé de ce genre de… dons ? Phénomènes ? Bref, aucun mot ne lui venait à l’esprit. Il se contentait de voir ça d’un air très sceptique et presque inquiet. Imaginez donc sa tête quand la fille se liquéfia totalement sous ses yeux ? Une statue, immobile, la bouche grande ouverte et la peau pâle, il s’était totalement immobilisé sous la surprise, ou devrais-je dire le choc ?

Il ne put d’ailleurs s’empêcher de sursauter lorsque l’inconnue tourna son regard directement sur lui. Elle l’avait remarqué ! Pour le coup, Kihran aurait voulu fuir, loin, courir, partir…. Il était effrayé, mais son corps ne lui obéissait déjà plus. Ainsi, il la regarda s’avancer petit à petit vers lui tel un prédateur sur sa proie !

Heureusement, lorsqu’on est enfant, on récupère facilement de nos peurs et donc… la simple phrase, ou tentative de la jeune fille de l’hypnotiser cassa totalement l’effet effrayant qu’elle avait eu à ses yeux. Ses yeux se firent d’abord ronds, par la surprise, puis après un moment de silence, le jeune garçon éclata de rire. A noter qu’il tentait de se contenir en plaquant sa main sur ses lèvres.

« - Bpfpfp ! C’était quoi ça ?! »

Fit-il en retenant autant que possible son rire. Il jeta un œil à la fille qui venait reprendre forme humaine. Ainsi, elle avait l’air normale, heureusement ! Au fond, il restait encore très inquiet de ce qui venait de se passer, mais son air sérieux lorsqu’elle avait voulu en vain l’hypnotiser restait un moment assez hilarant.

« - "Tout ce que tu n’as vu n’était qu’un rêve ? " … sérieusement ?! »

Fit-il en l’imitant avant de rire de plus belle. Il mit un petit moment à se reprendre et lorsqu’il le fit, il reprit sa respiration avant de détailler l’inconnue. Il se redressa un peu avant de pencher la tête à la recherche d’une chose inhabituelle avant de la regarder enfin dans les yeux et de demander en fronçant les sourcils.

« - Un démon ? Tu as l’air pourtant normale comme ça… »

Kihran n’ayant jamais entendu parler de ce genre de don au sein des shinobs, il ne voyait que cette explication… qui a bien y repenser n’était pas très bonne pour lui. Peut-être devrait-il fuir ? Mais… maintenant qu’elle était en face d’elle, c’était l’échec assurée… et puis… pour le moment, elle ne semblait pas être si démoniaque… ? Enfin, Kihran restait encore sur ses gardes, méfiant.

-

Il avait ce regard qu'avait tous les autres qui m'avaient vu ainsi avant de s'enfuir... La peur vrillait ses yeux au point tel que je crus qu'il allait tomber dans les pommes ! Heureusement il n'en fit rien et parut même se calmer avant d'éclater de rire à mon mensonge raté. Pour le coup c'était moi qui inclinait la tête et l'observait d'un regard ronds. Il... ne … s'enfuyait pas ?

Finalement il n'était pas comme les autres. Plus courageux ou plus stupide : telle était la question mais puisque j'avais potentiellement la chance de me faire un ami je décidais de mettre toute les chances de mon côté tout en paraissant naturelle : papa et maman seraient fières ! Cette simple idée me suffisait à me motiver.

Il m'imitait et poursuivait son ricanement alors que je restais là, souriante. Au fond il se moquait de moi mais je m'en fichais, au moins il n'était pas parti en criant au monstre même s'il s'interrogeait que la question. Je me grattais derrière la tête, gênée avant de lui répondre :

« Tu est sûr que ce n'était pas un rêve ? Ça n'avait pourtant pas l'air réel... C'était si... surréaliste. »

Après tout c'était la première fois que je parvenais à aller jusqu'au milieu du lac : pourquoi avait-il fallut que je fasse ma maline... J'étais tombée à cause de mon insouciance...

Il m'observa de la tête aux pieds, comme s'il allait voir une queue ou des oreilles étranges sur ma personne. Si cela pouvait le rassurer, je le laissais faire sans broncher, bien que je n'appréciais pas vraiment que l'on me détail comme un monstre de foire.

« Un démon ? Tu as déjà vu des démons aussi jolis toi ?! »

Lui demandais-je en le pointant d'un doigt accusateur avant de soupirer.

« Je m'appelle Yell. Je suis une Gogyou d'eau. Tu sais ces personnes qui naissent plus élémentaires qu'humains. Et toi ? Comment tu t'appelles ? »

Les mains jointes dans le dos, je me penchais en avant vers lui en souriant, le toisant dans ses yeux émeraudes.

« Allez ! Je t'ai avoué mon secret ! A toi de me dire comment tu t'appelles ! Tu fais partie de quel clan ? »

Lui demandais-je, admirative. Je ne faisais pas partie d'un clan, je ne vivais qu'avec mes parents sans contacts avec le reste de ma famille vivant dans mon pays natal qu'était le Pays de la Rivière. Mes parents n'étaient pas des shinobis non plus alors je ne pouvais pas parler de la maîtrise du chakra avec eux ou ce genre de choses et puis de toute façon je n'osais pas parce qu'ils avaient suffisamment de problèmes à cause de moi... C'était mieux pour tout le monde si en leur présence je jouais les petites filles normales... Les petites filles modèles... Non ! Il ne fallait pas pousser le bouchon trop loin non plus !

Il n'avait pas de yeux bizarres ni rien qui pouvait m'indiquer son clan comme c'était le cas pour certains ici. Peut-être ne se destinait-il pas a être shinobi... Moi... Eh bien je n'allais pas non plus à l'académie à cause de ma particularité.

« Qu'est-ce que tu sais faire ? »

Le questionnais-je, curieuse à l'idée d'en savoir plus.

Gogyou ? Kihran n’en avait alors encore jamais entendu parler. Mais ce que lui révéla la jeune inconnue l’aida à comprendre, très vaguement, ce qu’il venait de voir. Plus élémentaire qu’humain ? Le garçon était encore trop jeune pour vraiment comprendre ce que cela pouvait bien signifier. Encore innocent et/ou ignorant, il ne voyait pas en quoi cette dernière était moins humaine que lui. Pour le coup, il ne savait trop quoi penser d’elle, mais si elle était reliée à l’eau, alors ce qu’il avait vu n’aurait été qu’une technique parmi tant d’autre, non ?

Il fut assez surpris lorsque cette fameuse Yell, commença à la questionner. Il cligna des yeux avant d’hausser un sourcil. Un secret ? Pour le coup, il se fit la réflexion qu’elle n’était pas très douée pour garder ses secrets… après tout, ce n’était pas en jouant comme ça sur un étang que ça marcherait, mais bon.

« - Hayashi Kihran... du clan Hayashi. »

Chose assez logique pour le coup. Il ne pensait pas non plus avoir besoin de présenter son clan, ce dernier assez célèbre. Et puis ça ne servait à rien d’en dire plus, Kihran avait beau en faire partie, il n’avait pas encore les compétences nécessaires pour être approuvé par son clan.

« - Yell-chan…c’est ça ? Euh… je ne t’ai jamais vu à l’académie ? »

Fit-il un peu curieux. Pourtant elle semblait avoir de très bonnes capacités. Peut-être était-elle dans une classe avancée ? Cela expliquerait pourquoi il n’avait pas de souvenir d’elle malgré le fait qu’elle semblait avoir le même âge que lui. Concernant sa question, il prit un air gêné et se gratta alors nerveusement la joue.

« - Oh, euhm… rien d’aussi impressionnant que toi... »

Il sourit doucement, embarrassé. A vrai dire, il n’était pas forcément très doué. Pas dernier de la classe, mais il n’avait rien de particuliers, selon lui. Pour le moment, il savait faire quelques petites choses encore tout à fait inutile en combat. M’enfin, il devait continuer de s’entraîner durement pour pouvoir devenir shinobi et être accepté comme tel par les Hayashi.

Hayashi Kihran... Au moins, moi aussi je connaissais à présent son identité. Son clan était assez populaire à Konoha. Il fallait dire que la maîtrise de la nature ce n'était pas rien ! J'en restais bouche bée :

« Wahouuuu ! »

Mes yeux pétillaient d'admirations à cette annonce. J'étais moi même une amoureuse de la nature : il fallait dire que mon élément en était souvent entouré.

Toutefois, mon admiration redescendait subitement lorsqu'il disait ne m'avoir jamais vu à l'Académie. Changeant radicalement de tête, j'affichais un sourire gênée tout en me grattant à l'arrière de la tête :

« Euh... C'est à dire que... je n'y ai jamais mis les pieds. »

Finissais-je par avouer.
Mon regard fixait le sol tandis que j'entrechoquais mes deux index.

« Tu sais... Je ne parviens pas vraiment à maîtriser parfaitement ce que je suis alors... ça serait trop dangereux. »

Terminais-je en souriant de nouveau. Et pour sûr ! Ce n'était pas des mensonges ! Après tout très souvent les Gogyou causait la mort d'une personne lors de sa naissance... pour ma part j'étais née sous forme aqueuse et avait fait perdre la vie au médecin accoucheur... Je ressemblais bien plus à une méduse qu'à un bébé parait-il mais je n'y pouvais pas grand chose ! Toutefois je me gardais bien de raconter cette histoire horrible à Kihran : je venais presque de me faire mon premier ami, je n'allais quand même pas tout gâcher !

Lui aussi semblait gêné lorsque je lui demandais ce qu'il savait faire.

« Oh allez ! Ne fais pas le modeste ! Montre moi ! Tu sais fabriquer un arbre ? »

Je trépignais d'impatience, surexcitée comme ci j'allais assister à la découverte du siècle ! J'étais réellement émerveillée, des étoiles presque dans les yeux.

« C'est chouette comme pouvoir ! Il y a combien de personnes dans un clan ? Beaucoup ? Moi je n'ai que mes parents... »

Constatais-je presque avec déception.

« Vous pouvez vous entraîner ensembles alors ?! TROP GENIAL ! »

Je souriais d'extase.

« Quelle chance ! Moi je dois me débrouiller seule ! Il n'y a pas d'autres Gogyou d'eau ici... Peut-être qu'il n'y a pas d'autres Gogyou tout court... En tout cas je n'en ai jamais vu ! Alors je dois me débrouiller pour contrôler ce que je suis mais... ce n'est pas vraiment facile... »

Terminais-je en haussant les épaules.

« Je suis sûre que toi par contre tu sais parfaitement maîtriser ton pouvoir ! Allez montre ! »

On peut dire que je savais me montrer insistante...

Le jeune rouquin était assez surpris. Ainsi donc, elle n’allait pas à l’académie… Pourtant, elle semblait bien se débrouiller, non ? Kihran était bien trop jeune pour comprendre les dangers que pouvaient représenter le manque de maîtrise d’un Gogyou… Il restait donc assez sceptique sur tout cela, mais celle-ci ne lui laissa pas le temps de développer la question.

En effet, très vite cette dernière finit par accumuler les questions à une vitesse incroyable. Un peu plus, et cette dernière pourrait entrer dans un long monologue… Dans tous les cas, elle semblait assez énergie, contrairement à Kihran qui lui, encore assis, l’observant et tentait de suivre tout ce qu’elle disait. Il n’avait d’ailleurs pas l’habitude de ce genre de comportement, dans le clan, tout le monde devait se montrer discipliner, calme… et donc ce genre d’accumulation, d’excitation était à proscrire. Heureusement que Yell finit tout de même par s’arrêter, Kihran commençait à avoir un peu le tournis. De plus, elle avait évoqué plusieurs sujets sensibles sans se rendre compte, mettant alors le jeune garçon mal à l’aise.

« - EUhm.. »

Il détourna baissa son regard. Elle avait dit tellement de chose qu’il ne savait plus trop où commencer et puis… Il ne savait ni trop quoi dire, ni trop quoi faire. Faire un arbre, lui avait-elle demandé ! Impossible pour lui cependant, et il en avait honte. Il se frotta la tête nerveusement avant de soupirer puis de répondre.

« - Mh… d’accord… »

Fit-il lui-même pas convaincu de ce qu’il allait faire. Faire un arbre… ce n’était pas assez simple qu’il n’y paraissait du moins, pas pour le jeune Hayashi. Il n’était d’ailleurs pas encore réellement capable d’utiliser le mokuton…. Pour le moment, il se contentait du Hana, chose plus simple pour lui. Il se gratta la joue avant de faire de petits mudras puis de poser ses mains sur le sol. Il se concentra avant de fermer les yeux puis tenta donc de faire cet arbre demandé. Bien entendu, ce ne fut pas un arbre qui poussa ses mains du jeune Hayashi, loin de là. Pour le coup, la chose qui sorti de terre ressemblait plutôt à une racine morte d’un légume qu’autre chose. Les joues de Kihran se mirent donc à rosir d’embarras lorsqu’il rouvrit les yeux et constata son « œuvre ». On peut dire que ce n’était pas gagné pour le mokuton.

« - Je… ne suis pas très doué… »

Finit-il par avoué d’une petite voix avant de soupirer à nouveau. Peut-être était-il né dans le mauvais clan ? Plus le temps passait, plus il se le demandait. Cependant, Kihran n’avait jamais été du genre à se montrer trop déprimer, du moins pas publiquement. De ce fait, lorsqu’il réalisa que l’ambiance était devenue légèrement plus déprimante, il tenta de se rattraper.

« - Ha mais…mh »

Ses mains se remirent à faire quelques signes avant qu’ils ne les posent à nouveau sur le sol afin de faire pousser cette fois un tournesol. Chose faite, il souria à la jeune fille avant d’ajouter.

« - Je peux tout de même faire ça. »

Il faut dire que faire pousser des fleurs était le premier exercice demandé aux Hayashi lorsqu’ils étaient encore jeunes. Il n’y avait donc rien d’étonnant à ce qu’il puisse le faire… encore heureux qu’il le puisse même ! Sinon, il aurait dû sérieusement voir s’il faisait vraiment parti des Hayashi.

Je m'étais calmée. Attendant que Kihran veuille bien répondre au flot de questions que je lui avais posé. J'avouais avoir un peu trop fait ma curieuse pour le coup ! Mais bon... C'était la première fois que je parlais avec un enfant de mon âge alors j'étais assez survoltée.

Il semblait décontenancé et gêné si bien que je l'observais, ne comprenant pas vraiment ce qui pouvait clocher mais finalement il accepta de concocter l'arbre que je lui avais demandé. Il composa des mudras et utilisa son chakra pour commencer a faire sortir une racine du sol. Ebahie, je regardais avec attention, m'attendant à ce qu'elle grandisse encore et encore pour atteindre la taille d'un arbre mais finalement... non. La racine se replia sur elle même comme gravement malade et prête à mourir alors même qu'elle venait juste de naître.

J'observais la pousse défraîchie avec des yeux interloqués, croyant un brusque soubresaut avant qu'elle ne reprenne sa croissance mais il n'en fut rien. Je faillis lui demander ce qu'était ce légume pourri mais me ravisait au dernier moment alors qu'il clamait ne pas être très doué : mes propos aurait pu le blesser et je n'avais pas envie de faire du mal à celui qui devenait peut-être mon ami...

« Euh... Tu manques un peu d'entraînement voilà tout ! »

Lui répondais-je avec un sourire.
Il s'en suivi un instant de silence gênant pendant lequel je continuais d'observer la pauvre plante, avant que Kihran ne reprenne confiance et recommence pour faire apparaître un joli tournesol cette fois, fleur qui se tourna directement vers la direction du soleil.

« Wahou ! Tu vois que tu es doué ! »

Clamais-je, moi aussi impressionnée par sa performance. Peut-être qu'il était plus facile de faire des fleurs que des arbres...

« Tu t’entraîneras pour l'arbre ! Et quand tu réussiras à le faire : tu me montreras ! »

Lui disais-je, pleine d'espoir et enjouée à l'idée.
Je posais à mon tour ma main sur la racine flétri et laissais s'écouler de l'eau de mes doigts, eux même apparaissant sous une forme aqueuse quelques instants pour raviver l'éclat de la plante qui se mourrait. D'un teint grisâtre, elle reprenait des couleurs pour apparaître un peu plus en forme.

J'observais mon nouvel ami dans les yeux juste après avoir retiré ma main, redevenue normale, de la racine.

« L'eau permet la vie. Sans eau les plantes mourraient et les humains ne pourraient pas vivre non plus. »

C'était ainsi que mes parents m'avaient appris la chose. En cela ils estimaient que sans moi ils ne pourraient pas vivre. C'était ainsi qu'il me réconfortait lorsque ma différence me pesait sur les épaules.

« Sans eau, tout ce que ton clan peut fabriquer, finirait forcément pas faner et se flétrir. L'un ne va pas sans l'autre. »

Je me montrais beaucoup plus calme et posée qu'au préalable, poursuivant ma tirade pour arriver finalement où je voulais en venir :

« Alors, Kihran. Acceptes-tu d'être mon ami ? »

Je ne savais pas vraiment si c'était ainsi qu'il fallait s'y prendre... Ni même si cela se demandait où si c'était quelque chose d'établi sans avoir besoin de le dire.

« D'ailleurs... Tu ne t'es pas enfuis. Pourquoi ? Tu as eu peur pourtant non ? »

C'était le premier à être resté en remarquant ma vraie nature.

« Tu t’entraîneras pour l'arbre ! Et quand tu réussiras à le faire : tu me montreras ! »

Il ne s’était pas tout à fait attendu à ça. Surpris, Kihran se mit à écarquiller les yeux. Avait-elle conscience que cela allait demander encore pas mal de temps avant qu’il y arrive ? L’idée même le décourageait néanmoins, Yell était motivée pour deux. Kihran finit donc par sourire, heureux, avant de hocher vivement la tête.

« - Promis. »

Pour accompagner cette promesse, le jeune garçon pointa son petit doigt et amena sa main vers elle. Ainsi, la promesse était scellée par ses petits doigts croisés. Il regarda ensuite son amie s’occuper de cette pauvre racine. Il l’écouta parler. Ce qu’elle disait n’était pas faux. Néanmoins, il avait du mal à comprendre où elle voulait en venir par son discours. Au final, avec sa demande d’amitié, il avait eu l’impression d’entendre quelque chose du genre : « Tu ne peux pas vivre sans moi, donc soyons amis ! ». Ce qui était un peu surprenant pour le petit roux.

Heureusement, cela n’affecta pas sa décision. Même si cette dernière semblait être un peu maladroite, agitée comme une tornade, elle était également gentille. Sans aucune hésitation donc, il répondit à sa question.

« - Oui, bien sûr ! »

Il la regarda ensuite un peu étonné par sa dernière question. Il pencha la tête sur le côté tout en l’observant et réfléchissant à ce qu’il pouvait bien lui répondre. Il n’était pas toujours facile d’expliquer les choses par des mots… encore moins lorsqu’on était un enfant.

« - Euhm …. Mh… Oui… au début… mais en fait t’es pas un monstre alors… pas besoin d’avoir peur si ? »

Dit-il pas sûr de s’être bien exprimé. Il était vrai qu’au début il avait vraiment eu peur… Mais au final, son apparence aqueuse reste un don héréditaire comme lui avec le mokuton. Ce n’est pas si surprenant et puis, il connait bien des membres du clan qu’il arrive à changer leur bras en bois alors… ce n’est pas si différent, du moins pour lui à cet âge-là.

Soudain, un vent frais vint frapper le village, faisant ainsi réaliser que le temps avait passé plus vite que prévu pour le jeune Hayashi. Il releva ses yeux vers le ciel. Le soleil commençait à se coucher. Un peu déçu, il était temps qu’il dise au revoir à sa nouvelle amie. Il la regarda un moment avant de baisser les yeux puis de lui sourire.

« - On se revoit demain ? »

Lui proposa-t-il alors tout en se relevant enfin.

Finalement il me promettait de s'entraîner pour parvenir un jour à me montrer un arbre. Lorsqu'il pointa son doigt vers moi je ne compris pas où il voulait en venir, n'ayant jamais fait ça mais j'imaginais que c'était un moyen de s'assurer qu'il tiendrait parole alors je joignais le mien au sien pour accepter le pacte.

Il acceptait même ma proposition d'amitié ! Ce qui me ravissait ! Je souriais, béate de joie par cette grande nouvelle ! Papa et maman seraient tellement fières de l'apprendre !

Finalement il m'avisait de nouveau de haut en bas, comme au début de notre rencontre, pour me détailler, clamant que je n'avais pas l'air d'un monstre et que donc il n'avait pas de raison de s'en faire donc il n'avait pas peur...

« ça dépend... Je peux me faire pousser des oreilles de chat si l'envie m'en prend... »

J'utilisais mon suiton pour modéliser des petites oreilles aqueuses sur ma tête.

« Et même rajouter une queue... »

Je la créais aussi, la faisant se balancer de sa forme aqueuse et quelque peu transparente, comme celle d'un animal.

« Mais à part ça … Non je ne suis pas un monstre et tu n'as rien à craindre ! Je ne mange pas mes amis ! »

Terminais-je sur un immense sourire.

Finalement, nous remarquâmes que l'heure tournait et qu'il était temps de rentrer pour ne pas que nos familles s'inquiètent... Je soupirais, un brin déçue, m'apprêtant à lui demander si je pourrais le revoir alors qu'il me devança en me proposant de nous revoir demain.

J’acquiesçais vivement.

« Oui ! »

Chacun s'en alla ensuite de son côté après un dernier signe de la main. Je repartais le cœur léger et heureuse : je m'étais fait un ami...

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