Kisen avait prévu son départ depuis quelques jours, il savait qu’il ne pouvait pas se permettre de partir trop longtemps. C’est pourquoi lorsqu’il était venu à la conclusion qu’il devait partir pour une dizaine de jours, il avait tenu absolument à se que son absence ne compromette pas la sécurité du village. Une fois prêt, il avait prévenu les autorités ainsi que ses parents. Son père avait été très surpris de la demande un peu particulière qu’il avait formulé. Cela faisait plusieurs années que les Bannin étaient venus à Kumo et rares furent ceux qui retournèrent dans leur ancien village. C’était l’objectif de Kisen, il voulait retourner dans ce lieu pour trouver des réponses à ses questions. Le chef du clan avait bien fait savoir à tous les membres que Kumo était devenu leur foyer et qu’ils n’avaient plus rien pour eux dans leur ancien village. Kisen ne reniait en aucun cas sa terre d’accueil mais il savait qu’un retour aux sources pouvait lui être bénéfique.

Kisen avait demandé à son père une des dernières cartes où se trouvaient la localisation précise du village, car ce dernier était ancré dans la montagne, et il était impossible à trouver sans savoir où chercher. Et ce fut ainsi qu’il partit dans l’objectif de retrouver un lieu abandonné depuis plusieurs années. Contrairement à son habitude, il n’avait emporté son équipement pour le voyage, ce fut donc sans arme et avec des habits légers qu’il se rendit dans les montagnes. Il souhaitait absolument que son retour au village ne soit pas qu’un simple voyage. Le village dans la montagne avait une météo très clémente mais le trajet pour s’y rendre n’était pas aussi sympathique.

Ce n’était pas la première fois que Kisen démontrait aux forces de la nature qu’il ne craignait pas le climat montagnard et il savait, par conséquent, comment se comporter dans les situations dangereuses. Ce fut donc assez rapidement mais non sans mal qu’il finit par se retrouver devant les portes du village qu’il recherchait. Sans hésitation, il poussa la grande porte d’entrée et commença à se balader dans le village. L’émotion fut grande lorsque ses souvenirs d’enfance se mêlèrent à ce qu’il voyait. Le lieu était sans surprise dans un état qui laissait à désirer. Et comme ci l’esprit de la montagne avait voulu reprendre ses terres, certains endroits avaient subi d’importants dégâts suite à des effondrements. Tout le village avait été construit depuis fort longtemps en creusant dans la montagne et comme toute structure est éphémère, le plafond qui n’avait pas été renforcé avait fini par céder. Kisen se rendit alors compte qu’il n’avait pas était suffisamment mature pour anticiper que le village ne pouvait être comme ils l’avaient laissé. L’état général du lieu n’allait pourtant pas le décourager à remplir la raison de sa venue.

S’il était venu dans un lieu aussi symbolique, ce n’était pas pour un simple entrainement. Kisen voulait se redécouvrir, il savait que la façon qu’il avait de combattre n’était pas suffisante s’il voulait protéger les siens efficacement. Il devait se perfectionner, et il s’était promis de ne pas sortir de ce village sous la montagne tant qu’il n’aurait pas fini.

Il était venu en espérant pouvoir s’entraîner dans l’ancienne arène du village, qu’il appréciait tant, mais elle fit partie des dégâts que le temps avait entrainés. Il fut tout d’abord triste de voir cet endroit dans cet état, mais il se mit ensuite à sourire. Il comprit qu’il n’était pas là pour revivre le passé, mais pour construire le futur.

Personne n’était revenu ici et personne ne se souciait plus du destin de ce lieu qui tombait en ruine. Kisen comprit qu’il avait les capacités d’en faire ce qu’il en voulait. Il prit la décision de reconstruire tout d’abord une salle d’entraînement, où il pourrait faire ce pourquoi il était venu. Le village avait beau être construit sous la montagne, il n’était pas composé de roche mais uniquement de métal. Sans lumière ni décoration, tout le lieu semblait être mort depuis bien longtemps, mais Kisen allait le faire revivre. Mais plus il s’enfonçait dans la montagne, moins la lumière qui provenait de l’extérieur suffisait pour voir devant soi. Il ne pouvait aller plus loin sans trouver une solution.

Il posa alors ses mains sur le sol métallique qui se trouvait sous ses pieds. Kisen savait comment manipuler le métal pour lui faire prendre une forme souhaitée mais il n’avait jamais véritablement essayé dans des proportions aussi grandes. Il se concentra donc, faisant circuler son chakra dans le métal tout autour de lui à travers ses mains. Il commença alors à déplacer le métal qui l’entourait pour créer une salle. La tâche fut assez longue et éprouvante pour Kisen, qui améliorait sa technique en même temps qu’il travaillait, étant de plus en plus efficace. Lorsqu’il eut enfin fini, il s’allongea sur le sol pour se reposer. Il avait consommé plus de chakra que prévu et la fatigue eut raison de lui, ce fut donc dans une salle d’entraînement neuve et plongée dans l’obscurité qu’il s’endormit.

Ainsi plongé dans l’obscurité, il n’était pas possible pour Kisen de savoir l’heure qu’il était ni combien de temps il avait dormi. Ce n’était pas vraiment un problème pour lui puisqu’il ne comptait pas partir avant d’en avoir fini, et ce, peu importe le temps que ça prendrait. Au moins, la salle était terminée et Kisen avait pu reprendre des forces. Il en avait fini pour le moment avec la reconstruction du village, il devait passer à la raison de sa venue ici, l’entraînement. Il ne voyait absolument rien, mais ce n’était pas cela qui allait le déranger. De toutes façons, il avait un briquet sur lui, et il savait où il pouvait trouver des torches dans le village.

Il voulait néanmoins profiter de l’obscurité pour s’entraîner différemment de ses habitudes. Il concentra donc son chakra et utilisa sa technique de clonage métallique. Deux clones de métal sortirent alors du sol non loin de lui et se mirent en position de combat. L’entraînement pouvait commencer.

Kisen et ses clones pouvaient se repérer grâce aux bruits métalliques qui retentissaient à chaque coup et chaque pas sur le sol. Il n’avait pas l’habitude d’être privé de sa vue lors d’un combat et c’était la raison principale de se choix de combattre ainsi. Malheureusement, il ne pouvait pas porter ses coups trop forts, pour ne pas détruire les clones, qui eux ne se gênaient pas pour frapper de toutes leurs forces. Ceux-ci possédaient néanmoins une résistance suffisante pour s’entraîner grâce au chakra Kinton qui circulait dans leur corps. À deux contre un, dans le noir total, Kisen ressentait une grande difficulté. C’était cette difficulté qu’il recherchait, et il sentait au fur et à mesure du combat, qu’il devenait de plus en plus à l’aise. Il progressait rapidement dans sa maîtrise du Taijutsu, en se refusant toute utilisation de technique de Ninjutsu lors du combat. Un combat qui allait continuer pendant des heures…

Comme il s’entrainait exclusivement au Taijutsu, sa consommation de chakra était plus faible que lorsqu’il utilisait du Ninjutsu, cela lui permettait de s’entraîner bien plus longtemps. Les limites en chakra d’un corps étaient bien plus réelles que les limites physiques. Kisen pouvait combattre sa fatigue pour continuer, mais dès qu’il se trouvait à court de chakra, il ne pouvait plus rien faire. Au fil des heures, il se rendait compte qu’un changement s’opérait en lui. Il ne voyait pas ses deux adversaires, mais il les ressentait, ne faisant attention qu’aux bruits qu’ils émettaient et en prédisant leurs mouvements. Évidement comme il s’agissait de clones, c’était beaucoup plus simple pour lui d’anticiper leurs coups, mais les clones s’amélioraient également à bon rythme.

Le changement qu’il ressentait n’était pas uniquement fondé sur la perception du combat mais également sur chaque coup qu’il portait. Il prenait de l’assurance, n’hésitant plus comme avant à offrir son corps au combat. Il ne pouvait plus combattre au corps à corps en évitant d’être blessé. Kisen n’avait jamais craint les blessures ou même la mort, mais lors d’un combat, il essayait de garder son intégrité physique pour pouvoir continuer. Ce fut dans cet ancien village, dans cette salle qu’il venait de construire, qu’il se rendit compte qu’il avait eu tord toutes ces années. Pour pouvoir blesser, il faut accepter d’être blessé, pour pouvoir tuer, il faut risquer sa vie.

Kisen continua comme cela pendant longtemps. Il se reposait lorsque ses muscles devenaient incapable de continuer à soutenir son corps et il reprenait l’entraînement dès son réveil. Il devint alors très difficile pour lui de savoir combien de temps il avait passé à s’entraîner. Au bout d’un moment, il comprit qu’il ne pouvait pas continuer à s’entrainer comme cela sans que son corps ne finisse par lâcher. Il commença donc à faire des pauses dans ses combats, pour se consacrer à la visite et la reconstruction du village. Il s’agissait d’une lourde tâche, mais cette tâche avait de l’importance pour Kisen. Il considérait Kumo comme étant son foyer, mais il ne pouvait renier l’importance qu’avait eut ce lieu dans sa vie. Reconstruire cet endroit était pour lui comme un remerciement de ce que ce lieu avait apporté à son clan.

Il ne reconstruisit pas le lieu comme l’était son ancien village. Un village dans la montagne n’avait plus aucun intérêt en temps de paix. Kisen avait une meilleure idée pour cet endroit. Il reconstruisait en souvenir de ce lieu, il en fit donc un lieu d’entrainement. Les traditions claniques des Bannin tournaient souvent autour des combats et de la force de chacun. Transformer l’ancien village en un lieu d’entraînement semblait être la meilleure façon de rendre hommage au clan. De plus, l’endroit se trouvait dans la montagne, par conséquent, il pouvait se battre à pleine puissance sans craindre de blesser des passants. Cela lui permettait également de s’entrainer à l’abri des regards indiscrets, ce qui pouvait toujours se révéler pratique.

Kisen ne s’arrêtait que pour dormir, vivant seul avec pour seul compagnie, des clones de lui-même pour s’entrainer. Il ne mit pas longtemps à perdre la notion du temps, le cycle de la journée n’ayant pas lieu dans cet endroit. Il était constamment pris dans une frénésie le poussant à continuer de s’entrainer.

Kisen fit d’énorme progrès lors de ces journées passées à se battre et également lorsqu’il reconstruisait ce lieu et voyant cela, il ne voulait pas s’arrêter, mais la nourriture qu’il avait emmenée commençait à manquer. Il finit donc par rentrer au village exténué. Il devait reprendre ses fonctions au Kazai puisque le chef n’était toujours pas revenu. Le village ne pouvait pas se séparer de lui trop longtemps, ou était-ce l’inverse ?

Il mit néanmoins quelques jours avant de récupérer un rythme de vie normal après tout cela. Il avait bien l’intention de retourner dans ce lieu pour le terminer, même si l’essentiel était déjà là. Il se disait même qu’il pouvait y emmener du monde pour s’entrainer.